Du logiciel libre aux communs - Simon Sarazin

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Titre : Du logiciel libre aux communs

Intervenant : Simon Sarazin

Lieu : Capitole du libre - Toulouse

Date : Novembre 2016

Durée : 50 min 50

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Licence de la transcription : Verbatim

Statut : Transcrit MO


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Présentateur : Deuxième séquence de la thématique des communs, après une introduction générale ce matin. Beaucoup de monde était là ce matin ? Il y en a qui nous rejoignent cet après-midi. On va parler aujourd’hui avec Simon Sarazin des communs au niveau du logiciel libre. Il va vous présenter ça mieux que je ne puis le faire, là, maintenant. Je vais simplement présenter Simon en deux mots. Simon qui arrive de Lille, Lille où il anime, entre autres choses, un tiers lieu qui s’appelle La Coroutine et qui fonctionne vraiment comme un commun, à tous les niveaux, avec une gouvernance très originale. Simon est vraiment ce qu'on appelle un communeur, donc quelqu’un qui contribue, le plus clair de son temps, aux communs, par sa réflexion, par ses propositions, par son action quotidienne aussi où il expérimente au quotidien notamment la question de l'enjeu de la rétribution des communeurs. C’est un sujet qu'il abordera demain après midi ici même. Aujourd’hui il va nous parler de logiciel libre et des communs. Voilà. À toi Simon.

Simon Sarazin : Bonjour à tous. Le micro, je ne sais pas s’il enregistre. C’est bon ? Parfait. Juste pour démarrer un petit peu de méthodologie : il y a un framapad pour prendre des notes si vous le souhaitez. Le raccourci c’est : frama.link/librecommuns. Je mettrai aussi le lien vers la présentation que je fais actuellement. Si vous-même vous avez des notes ou des questions pendant la présentation, n’hésitez pas à les mettre dessus. Pour la petite présentation je vais montrer quelques sites internet et puis un schéma global qu’on va découvrir petit à petit, qui est un schéma que j'utilise de plus en plus pour essayer de comprendre les enjeux autour des communs.

La thématique, en fait que je n’avais pas vraiment choisie, mais que je trouvais vraiment intéressante – c’est Manuel qui avait mis ça comme intitulé, finalement je l’ai gardé : du logiciel libre aux communs – vise, un petit peu, à réfléchir à ce qu’apporte le logiciel libre dans la culture des communs, puisque les communs ont un historique bien antécédent au logiciel libre. Qui était là, à la présentation ce matin, de Bernard, sur les communs ? Ouais, trois/quatre personnes. Qui connaît la notion de communs, qui est à l'aise avec cette notion-là ? Ou plutôt qui n'est pas du tout à l’aise avec la notion de communs ? D’accord, Et qui est à l’aise avec la notion du logiciel libre ? Et qui ne connaît rien du tout au logiciel libre ? Il n’y en a qui ne connaissent pas du tout ? Si, si, tout monde. OK ! Bon, eh bien ça va être plus simple !


La notion de communs, très rapidement, ce serait l'extension du logiciel libre, de l'approche du logiciel libre à tous les domaines sauf que ce n'est peut-être pas bon de dire ça, parce que les communs ont un historique bien plus ancien que le logiciel libre. Et puis le logiciel libre se contente à un commun immatériel donc qui peut être facilement diffusé, là où la création de communs de type des lieux ou des champs ou des terrains, ou la nature comme l'air ou l'eau sont des communs qui sont beaucoup plus difficiles à gérer puisque c'est physique, donc ça nécessite des gouvernances un peu différentes.

On résume les communs très rapidement, mais je ne vais pas refaire une présentation de manière générale sur les communs, mais par une ressource qui va être partagée, avec une communauté qui arrive à la gérer et des règles qui vont être mises en place par cette communauté-là. Dans le logiciel libre, la ressource c’est le logiciel et vous avez une communauté qui apprend à la gérer, à mettre en place de règles, une gouvernance. Mais bon, voilà !

Le domaine des communs s’étend très largement à plein d’autres espaces. Quasiment tous les éléments de la société peuvent être pensés comme des communs. Vous avez les communs historiques, tout là-haut. Si vous avez besoin d'exemples, je peux m’amuser à résumer, mais il y a à chaque fois quelques exemples. Je pense que pour les communs historiques c'est assez intéressant : les fours à pain, les pêcheries, les bois communaux, les prés communaux. Ça existe encore : les bois communaux ou les prés communaux, il y a encore des villages qui utilisent le pré communal pour aller trouver du foin ou pour récupérer du bois. Les ???, il y en a 12 000 en France, ce sont des regroupements d’agriculteurs qui mutualisent les machines agricoles. Les AMAP, il y en a plus de 1200, en 2012 ça s'est accéléré. Les habitats partagés, c'est pareil. Les cinémas associatifs, on en trouve encore énormément, je crois qu'en Bretagne il y en a au moins une vingtaine, une trentaine. Menuiseries associatives : par exemple à Grenoble, il y en a une dizaine de menuiseries associatives. Mais chaque ville, en général, compte une menuiserie associative qu'il faut aller dénicher parce qu'elles sont souvent pas très visibles, mais ça va être des passionnés de menuiserie qui vont, en général, gérer ça et vous allez avoir plein de matos à disposition pour faire des choses.

Les nombreuses associations sportives, culturelles, même si beaucoup se sont professionnalisées et du coup eh bien la notion d’une communauté qui gère la ressource ça s’est un peu amenuisé, parce que c'est plus un salarié qui gère ou un conseil d'administration qui va décider et des fois rentrer dans l’association ; ça met du temps. Pouvoir faire des choses, ça met du temps. Mais il y a encore beaucoup d'associations qui fonctionnent vraiment comme des communs au sens où c’est vraiment une communauté qui met en place des règles.

Les chemins, les systèmes dirrigation, les épiceries participatives. Ça c'est, on va dire historique, parce que ce sont des communs qui existent depuis des dizaines voire des centaines d'années ou des milliers d'années.

Les ressources naturelles donc l'air, l'eau, tout ce qui nous environne dans la nature et qui a besoin d’être géré en logique de communs si on ne veut pas un épuisement de ces ressources.

Et puis, plus récemment, énormément, on va dire, de nouveaux enjeux autour des communs puisqu'il y a des places de marché qui commencent à être très bien gérées en logique commune, comme les places de marché du village qui sont gérées, certes, par la mairie, mais il est assez simple de pouvoir prendre une place de marché dans la place du village. Sauf qu’aujourd’hui on a des places de marché qui sont en train de complètement se bouleverser avec, en particulier, le numérique qui sert de mise en lien bien plus puissante que celle d'aller sur la place de marché de la ville ou du village puisque là on est en lien avec le mode entier. Là vous avez des places de marché comme la place de marché de Amazon, Airbnb, toutes ces plateformes-là, mais qui sont aujourd'hui pas du tout pensées comme des communs. C'est plutôt une société qui prend le marché, avec d'ailleurs des choses assez amusantes. On se rend compte que le terme covoiturage est en train de disparaître et qu'il y a de plus en plus une grande utilisation du terme blablacar. En fait, c'est même une culture qui, petit à petit, se fait accaparer. Peut-être que demain on appellera plus des librairies, on appellera des boutiques Amazon, parce qu'il y a Amazon qui est en train, maintenant, de mettre en place des magasins de vente de livres. Donc il y a un enjeu autour d'appendre à gérer ensemble les places de marché.

Le matériel libre est en pleine explosion. Vous avez de plus en plus de gens qui créent des ressources communes matérielles. Ce sont quand même beaucoup plus les plans, la connaissance autour du matériel, donc ça va être des plans, mais ça va être aussi des gens qui aident des agriculteurs, comme l’Atelier Paysan, à produire leur propre matériel, donc à fabriquer leur propre matériel et qui, derrière, diffusent tous leurs plans pour que les autres agriculteurs puissent aussi s’inspirer du matériel qui a été construit par un autre. Donc il y a énormément de communs dans le monde du matériel.

Dans le monde de la santé, par exemple, vous avez des projets assez hallucinants d’échographies open source qui vont avoir des coûts de 10 à 100 fois moins cher que le système échographique classique et que, en plus, on peut presque fabriquer soi-même.

Projets spatiaux. Voitures open source. Dans le monde du matériel il y a de plus en plus de ressources qui sont mises en partage, qui sont gérées par des communautés. Il y a des lieux, le développement des tiers-lieux, des coworking, même si beaucoup ne sont peut-être pas vraiment pensés communs, parce que peut-être très entrepreneuriaux ou très institutionnels. Il y en a aussi une intéressante partie des espaces qui sont en train de se créer, je parle des fab labs, du coworking, des makerspaces, enfin tous ces espaces un peu hybrides qui sont en train de se développer un peu partout. Les ateliers d’artisans, d'artistes. Même des brasseries collectives qui sont en train de se monter. Tous ces espaces-là, il y en a une bonne partie qui est pensée comme des communs, c’est-à-dire que ça va être des logiques associatives mais très inclusives, où il est très simple de prendre parti et de contribuer au fonctionnement de l'espace.

Moi je suis à Lille, à La Coropoutine, qui est un tout petit espace de travail partagé. On essaie vraiment de le gérer dans une culture collaborative. Par exemple on a neutralisé le CA. Il n'y a pas un CA, mais c'est une démocratie directe : tous les membres actifs ont le pouvoir.

L’enjeu des monnaies aussi. Il commence à y avoir des communs autour de la création monétaire puisque, aujourd'hui, la création monétaire n'est pas du tout un commun, c'est un modèle qui date de, je ne sais pas combien de centaines ou de milliers d'années, de création monétaire par la dette. Il y a plein d'autres mécanismes. Il y a des protocoles de monnaie. Et puis les protocoles de l'Internet sont vraiment des ressources qui ont été mises en partage, donc là qui sont plus proches de la culture du logiciel libre.

Et les communautés apprenantes ; vous avez énormément de communautés apprenantes. Je pense au monde des enseignants, le monde des bibliothécaires, par exemple, qui sont des communautés qui ont une forte capacité à partager. Et puis tous les réseaux, les collectifs qu’on retrouve sur le Web ou maintenant dans les groupes Facebook, qui ensemble apprennent et développent des connaissances. Ce sont finalement des communs, ce sont des communautés. Leur commun, on va dire, c’est leur capacité à apprendre ensemble et c’est tout ce qu’ils diffusent comme connaissances.

Ça c'est juste une petite présentation très large sur ce que sont les communs avant de repartir sur cet enjeu qui nous intéresse cet après-midi qui est qu'est-ce que la culture libre ? Qu'est-ce que le logiciel libre apporte dans tous ces communs ? Et pourquoi c'est intéressant de se creuser un peu la question sur ça ?


10'17

Donc je vais passer à une slide un peu plus compliquée