Différences entre les versions de « Dégooglisons internet : 3 ans de campagne - Pierre-Yves Gosset »

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'''Titre :''' Dégooglisons internet : 3 ans de campagne ou 3 ans ⅔ de « Dégooglisation » : bilan, impact et perspectives.
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Publié [https://www.april.org/3-ans-de-degooglisation-bilan-impact-et-perspectives-pierre-yves-gosset ici] - Octobre 2018
 
 
'''Intervenant :''' Pierre-Yves Gosset
 
 
 
'''Lieu :''' Rencontres mondiales du logiciel libre 2018 - Strasbourg
 
 
 
'''Date :''' juillet 2018
 
 
 
'''Durée :''' 1 h 01 min 12
 
 
 
'''[http://www.canalc2.tv/video/15196 Visualiser la vidéo]'''
 
 
 
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]
 
 
 
'''NB :''' <em>transcription réalisée par nos soins. Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas forcément celles de l'April.</em>
 
 
 
'''Statut :''' Transcrit MO
 
 
 
==Description==
 
 
 
On fait le bilan, calmement.<br />
 
Aux RMLL 2014, Framasoft annonçait sa volonté de vouloir agir contre les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft). D'octobre 2014 à octobre 2017, l'association a donc menée la campagne "Dégooglisons Internet". Cela s'est traduit par une sorte d'escalade de l'Himalaya, mais en tongs. Quels étaient les enjeux essentiels ? Comment s'y prendre ? Quelle(s) route(s) suivre ? Comment sortir 10 services grands publics par an ? Comment financer une telle expédition ? Avec quels moyens humains ? Et si on atteignait le sommet... comment redescendre ?<br />
 
Cette conférence, qui prendra le temps de rappeler les enjeux, s'attachera à lever un coin de voile sur une campagne plutôt réussie, mais menée de façon très empirique. Enfin, nous essaierons, ensemble, d'en faire le bilan.
 
 
 
==Transcription==
 
 
 
Bonjour à tous et à toutes. Je m’appelle Pierre-Yves Gosset, je suis directeur et délégué général d’une association qui s’appelle Framasoft.<br />
 
Cette conférence est la première partie d’une conférence qui, en fait, tient en deux heures. Donc je l’ai coupée en deux, un petit peu au milieu, puisqu’à 17 heures je commence ici même la deuxième conférence qui, elle, sera beaucoup plus politique et sur le bilan post-dégooglisons. Mais puisqu’on avait une campagne qui s’appelait, mais qui s’appelle toujours « Dégooglisons Internet », on voulait au moins marquer le coup de finir cette campagne et de célébrer cette petite victoire avec vous et puis, peut-être, interroger ce que vous vous en pensez, quelles ont été les ratés, etc. Ensuite à 17 heures on fera une deuxième partie un petit peu plus complexe, un petit peu plus politique derrière.
 
 
 
===Titre chiant (mais qui fait sérieux;-) )===
 
 
 
Je ne savais comment l’appeler donc j’ai pris un titre un peu chiant qui s’appelle 3 ans ⅔ de « Dégooglisation » : bilan, impact et perspectives.
 
 
 
===C’est quoi « Dégooglisons Internet » ?===
 
 
 
Je vais essayer peut-être de rappeler avant tout c’est quoi « Dégooglisons Internet ». Donc là vous m’avez moi en photo, c’était aux RMLL 2014, avec probablement une trentaine de kilos de moins et qui présentais le projet qui n’existait pas encore vu qu’on l’a sorti en octobre 2014. Un projet qui allait s’appeler « Dégooglisons Internet ». Et c’est quoi « Dégooglisons Internet » ? L’objectif était triple :
 
<ul>
 
<li>il était de sensibiliser le public à la centralisation du web ;</li>
 
<li>il était de démontrer que le logiciel libre était une solution ;</li>
 
<li>et il était, dès le départ, on ne l’a pas rajouté en cours de route même si ça nous aurait beaucoup ressemblé, on avait dès le départ dans l’idée d’essaimer notre démarche.</li>
 
</ul>
 
Donc pour un petit peu mieux comprendre ce à quoi visait « Dégooglisons Internet », on avait fait une petite carte inspirée de la carte d’Astérix avec le petit village gaulois qui résiste en face à tous les camps romains qui sont Google docs, Trello, Slack, Facebook, Google Books, etc.
 
 
 
Je vais aller assez vite sur ce qui nous a motivés à lancer ça. Le facteur déclenchant c’était très probablement les révélations d’Edward Snowden, lanceur d’alerte américain, qui annonce et montre la collusion entre les États et non seulement les GAFAM, enfin neuf entreprises : les services de renseignement américain d’un côté, donc la NSA et d’autres, et neuf entreprises du numérique américaines à savoir Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, Cisco, Yahoo et quelques autres. Ça nous met une certaine claque et on se dit qu’effectivement il faut trouver une parade à cette problématique-là.
 
 
 
À côté de ça on voyait bien qu’il y avait un véritable problème avec la centralisation d’Internet, ce qu’on a plus ou moins résumé dans ce qu’on appelle la tripe domination :
 
<ul>
 
<li>une domination technique avec ces GAFAM, donc Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft ; la domination technique ne s’exerce pas uniquement sur Internet, elle s’exerce aussi dans l’intelligence artificielle, dans les voitures autonomes, dans les objets connectés, dans vos téléphones, etc. Donc ça c’était quelque chose d’assez évident. Ce sur quoi on voulait mettre la lumière c’était deux autres types de domination ;</li>
 
<li>une domination économique que les gens ne percevaient pas forcément en 2014 et ensuite encore plus en 2016. Là vous avez un graphique qui représente les cinq plus grosses capitalisations boursières mondiales. On voit bien – vous ne voyez peut-être pas forcément l’écran –, mais en 2001 il n’y avait que Microsoft qui faisait partie du Top 5 ; en 2016, les cinq plus grosses capitalisations boursières mondiales sont Apple, Alphabet donc Google, Microsoft, Amazon et Facebook ;</li>
 
<li>l’autre type de domination sur lequel on est intervenus un petit peu plus tard, là aussi on a un petit peu creusé les argumentaires, c’était la domination culturelle et politique ; c’est, en gros, comment ces entreprises ont réinventé un post-capitalisme qui s’appelle le capitalisme de surveillance, qui est assez bien décrit par une économiste germano-américaine qui s’appelle Shoshana Zuboff. Ce capitalisme de surveillance joue sur différentes choses. Il joue évidemment sur le fait qu’on est surveillés en permanence, que l’extraction des données se fait en permanence, mais aussi sur des changements, des disruptions nous dirait notre président ! Typiquement Uber qui arrive donc la désintermédiation, mais c’est aussi le fait qu’aujourd’hui, en travaillant notamment ce qu’on appelle l’économie de l’attention, le fait que vous scrolliez pendant une demi-heure avant de vous coucher sur des vidéos de chats plutôt que de lire un bon bouquin, c’est quelque chose qui est pensé, c’est quelque chose qui est souhaité, c’est quelque chose qui est voulu et c’est quelque chose qui veut être entretenu. Et donc qu’est-ce que ça pose comme problématiques à moyen et à long terme ?</li>
 
</ul>
 
 
 
===Bilan « Démonstration »===
 
 
 
Donc je ne reviens pas parce que j’ai fait cette conférence sur la triple domination des dizaines et des dizaines de fois ; l’objectif, là, c’était plutôt de faire un bilan sur ce qu’on a fait, finalement, ces dernières années.
 
 
 
Donc le bilan de cet aspect démonstration c’est que, d’abord, on a sorti une trentaine de services qui sont libres, éthiques, décentralisés et solidaires, je pourrai revenir dessus si vous voulez. Là je vais les passer rapidement en revue, mais j’ai voulu tous les mettre tout simplement parce que je voulais qu’on prenne conscience du travail qui avait été effectué. Donc c’est un peu du frottage de ventre, mais il faut quand même célébrer un petit peu ça. Et donc c’est parti. Vous retrouverez la liste évidemment sur degooglisons-internet.org/fr/list/ :
 
<ul>
 
<li>Framapad alternative à Google docs ;</li>
 
<li>Framacalc alternative toute pourrie mais malgré tout existante à Google Spreadsheet ;</li>
 
<li>Farmabag alternative à Pocket, Pocket racheté par Mozilla aujourd’hui mais le fait est que là on a un produit qui est 100 % libre alors que Pocket ne l’est toujours pas ;</li>
 
<li>Framadate alternative à Doodle, plus d’un million de sondages aujourd’hui ;</li>
 
<li>Framindmap alternative à Mindmaps ;</li>
 
<li>Framanews alternative au défunt Google Reader ;</li>
 
<li>Framasphère alternative, là encore plutôt à la ramasse, mais on fait ce qu’on peut à Facebook et Twitter. Quand je dis « on » ce sont les communautés du Libre, ce n’est pas nous Framasoft ;</li>
 
<li>Framabin alternative à Pastebin ;</li>
 
<li>Huit.re ou Frama.link alternative à bit.ly au futur défunt Goo.gl, eh oui ! </li>
 
<li>Framapic alternative img.ur ;</li>
 
<li>git.framasoft.org ou Framagit alternative à Github ou au défunt Google Code. Vous noterez le nombre de défunts quand même en quelques années ;</li>
 
<li>Framabee alternative, là encore un peu pourrie, alias Tonton Roger pour ceux qui préfèrent, alternative à Google Search ;</li>
 
<li>Framabookin alternative, là aussi à la ramasse, mais il y a plein d’idées à travailler dessus, alternative à Google Books ;</li>
 
<li>Framagames, pas vraiment d’alternative, mais il faut bien rigoler de temps en temps ;</li>
 
<li>Framadrive alternative à Dropbox ;</li>
 
<li>Mypads qui a été un logiciel qu’on a développé pour améliorer Etherpad donc on va dire alternative, là encore une fois, plutôt côté Google Docs ;</li>
 
<li>Framaboard alternative un peu pourrie mais plus puissante mais moins jolie à Trello ;</li>
 
<li>Framadrop alternative à WeTransfer ;</li>
 
<li>Framacarte alternative à Google Maps on va dire au fait de mettre des points sur Google Maps, l’alternative à Google Maps, en tant que telle, c’est plutôt OpenStreeMap. Framacarte est basé sur uMap qui est une surcouche à OpenStreetMap qui permet de faire des tracés et autres ;</li>
 
<li>Framateam alternative au groupe Facebook ou à Slack ;</li>
 
<li>Framavox prise de décision ;</li>
 
<li>Framinetest alternative à Minecraft Edu là aussi c’était plutôt pour rigoler mais ça marche plutôt bien ;</li>
 
<li>Framalistes alternative à Google Groups, qui envoie plus de 100 000 mails par jour ;</li>
 
<li>Framanotes alternative à Evernotes, là aussi pourrie, mais les communautés du Libre travaillent autant qu’elles le peuvent et  aussi vite qu’elles le peuvent ;</li>
 
<li>Framagenda alternative à Google Agenda ;</li>
 
<li>Framaform alternative à Google Forms ;</li>
 
<li>Framatalk alternative à Skype ;</li>
 
<li>MyFrama alternative à del.icio.us ;</li>
 
<li>Framaestro alternative à rien du tout puisque ça n’existait pas et ça reste bien trop méconnu à mon goût ;</li>
 
<li>Framaslides alternative à Google Slides ;</li>
 
<li>et, en 2018, on a sorti aussi Frama.site et Framatube qui va arriver au mois d’octobre.</li>
 
</ul>
 
Voilà ! Hou ! Je peux reprendre ma respiration.
 
 
 
Donc on a commencé en octobre 2014 et si je reprends la carte de tout à l’heure, eh bien on peut dire qu’on est arrivés quasiment au bout. Là la carte d’octobre 2016 mais depuis on a fait Google Slides enfin alternative à Google Slides, alternative à Blogger et alternative à YouTube qui est en cours ; des alternatives à Change, à ??? et Meetup sont aussi en cours pour les années ou les mois, même, à venir.
 
 
 
On l’avait mis sur la Corse ; il n’y aurait pas d’alternative à Gmail chez Framasoft. Je reviendrai dessus tout à l’heure.
 
 
 
===Évaluation===
 
 
 
Donc l’évaluation finalement qu’on peut faire de tout ça. Qu’est-ce qu’on peut dire ?<br />
 
Déjà que le Libre ça marche. Aujourd’hui même la DINSIC, je m’en suis aperçu relativement récemment, donc la direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’État recommande, par exemple, l’utilisation de Framagit ce qui fait qu’on se retrouve avec Parcoursup hébergé chez nous. Évidemment projet dont on ne partage pas les valeurs et les objectifs mais au moins voilà une forme de reconnaissance. Donc le Libre ça marche.
 
 
 
On peut dire, ce qui n’était pas du tout notre cas avant qu’on lance cette initiative « Dégooglisons Internet » que Framasoft est devenu un petit peu éditeur et mainteneur de logiciels sachant que sur les 34 existants, il y en avait 12 sans réelle alternative libre donc qu’on a développés en interne et il y en a 7 qui ne sont pas des logiciels Framasoft mais sur lesquels Framasoft est devenu quasiment mainteneur principal ou, en tout cas, un des plus gros contributeurs, je pense notamment à Ethercalc. Vous allez rire parce que forcément Ethercalc est un peu pourri. Pour ceux qui ne voient pas, Framacalc, notre alternative à Google Spreadsheet, le fait est que la développeuse initiale a complètement lâché l’affaire et, du coup, c’est Luc, qui intervenait juste avant dans cette même salle, qui se retrouve mainteneur, enfin admin sur le dépôt de Ethercalc aujourd’hui.
 
 
 
Donc on a des logiciels comme ça sur lesquels on se retrouve à faire du développement <em>upstream</em> c’est-à-dire à faire du développement sur le logiciel qu’on avait juste copié au départ mais, en fait, on y apporte des améliorations et du coup, on se retrouve un petit peu en interaction forte avec ces logiciels-là.
 
Je rebois un coup.<br />
 
 
 
==12’ 05==
 
 
 
Dommage, il n’y a pas de ???. Du coup on est devenus plus ou moins sans le vouloir, enfin surtout sans le vouloir, pas plus ou moins, jusqu’à preuve du contraire, jusqu’à ce que vous me disiez qu’il y en ait d’autres qui fassent plus, la plus grosse offre mondiale de services libres, éthiques, décentralisés, et solidaires, accessibles en tout cas gratuitement. Il y a probablement des entreprises qui en proposent plus, mais, du coup, ce n’était pas du coup notre objectif de devenir le plus gros en tout cas pas en trois ans.
 
 
 
Aujourd’hui ça c’est sur l’ensemble de Framasoft, ce n’est pas uniquement sur « Dégooglisons Internet », mais ce sont 103 noms de domaines, 28 serveurs physiques et, en gros, une cinquantaine, soixantaine de VM, donc de machines virtuelles qui font tourner l’ensemble de ces services.<br />
 
Le tout géré par une équipe ridiculement restreinte. Encore une fois je crois que Luc est parti vendre sa bière, mais il est le seul adminsys salarié de Framasoft épaulé par entre deux et trois développeurs qui viennent lui prêter main forte quand, par exemple, il est en train de vendre de la bière aux RMLL pour s’assurer que les serveurs continuent de tourner chez nous. <br />
 
Mais globalement on l’a fait avec trois fois rien comme moyens.
 
 
 
Le résultat aujourd’hui c’est une évaluation entre 300 et 500 000 personnes par mois qui viennent utiliser les services Framasoft. Là aussi on n’avait pas du tout prévu autant. Je suis assez flou sur ce chiffre-là parce que, tout simplement, on ne garde pas les adresses IP ; on « stat » qui vient : à chaque fois qu’il y a quelqu’un qui vient sur nos sites on sait – on utilise Matomo, anciennement Piwik, je crois qu’il y a des gens de Piwik qui sont aux Rencontres mondiales –, donc on utilise Matomo pour faire nos statistiques et par contre on l’utilise en mode anonymat maximum ; ça veut dire qu’on ne garde pas les adresses IP de chaque personne qui vient sur notre site ce qui fait que c’est compliqué pour nous de savoir, de faire la différence entre qui est une personne, est-ce qu’une personne elle vient elle fait une visite ou est-ce qu’elle en fait dix ou est-ce qu’elle en fait cent ? Pour nous, très concrètement, on ne le sait pas, à la limite on s’en fout, mais en appliquant une bonne vieille règle de trois par rapport aux chiffres qu’on avait quand on utilisait Google Analytics – parce qu’on a utilisé Google Analytics chez Framasoft jusqu’en 2013 –, en appliquant les mêmes ratios, du coup j’estime à la louche entre 300 et 500 000 personnes le nombre de personnes qui viennent chaque mois utiliser nos services.<br />
 
Évidemment il faut maintenir tout le bordel.
 
 
 
===Vous validez ?===
 
 
 
Donc je ne sais pas si vous vous validez, mais pour nous le contrat et l’engagement sont remplis.
 
 
 
===Bilan « Sensibilisation »===
 
 
 
Le côté maintenant sensibilisation.
 
 
 
===Framapartout===
 
 
 
Donc on a vu du Frama partout : Next Inpact, l’<em>Humanité</em>, <em>Le Figaro</em>, Next INpact, <em>Le Monde</em>, Next INpact, <em>Les Échos</em>, Next INpact, non je déconne, TV5 Monde, France 3, tout ça ; je dis ça pour David ! Mais du coup, effectivement, on est passé sur à peu près tous les grands canaux possibles et imaginables sauf on avait refusé je crois, on a refusé quelques télés, ce n’est pas hyper simple parce qu’on n’a pas fait de média training ; ce n’est pas hyper simple de se dire « tiens je vais passer pendant 45 secondes sur TF1 » et de ne pas passer pour un rigolo, etc. Sachant que ça ne soutient pas forcément le modèle que nous on défend, on ne court pas du tout après les aspects télévision grand public, mais on pourra discuter parce que le point de ce bilan c’est comment Framasoft se positionne un petit peu. Est-ce qu’on doit convaincre tout le monde ? Est-ce qu’on est une figure de proue du Libre ou est-ce qu’on est plutôt une bande de copains et j’ai peur que la réponse vous déçoive.
 
 
 
===Éducation populaire===
 
 
 
Côté toujours sensibilisation on a fait beaucoup d’éducation populaire de différentes façons, notamment 300 conférences, ateliers, stands, etc., sur ces quatre dernières années. Framasoft, je n’ai pas précisé, mais on est plutôt une bande de copains, donc c’est 35 adhérents, 25 bénévoles et quelques salariés. C’est beaucoup 300 conférences. Ça veut dire beaucoup de déplacements, etc., sachant qu’on intervient dans tous types de lieux qui vont de la MJC à la Commission européenne, au Parlement européen pour être plus exact.
 
 
 
On a fait beaucoup d’éducation populaire sur la question des argumentaires. C’est-à-dire qu’il fallait simplifier ce que je vous ai présenté en quelques secondes au départ, cette histoire de la triple domination de Google, cette partie sur le capitalisme de surveillance qu’on est encore en train de travailler. Pour moi le cœur de métier de Framasoft, il est là : sur comment est-ce qu’on sensibilise à ces questions qui sont un petit peu complexes ?
 
 
 
Donc on a beaucoup travaillé ces argumentaires et on a réussi à gagner un certain nombre de batailles sémantiques par exemple sur la bonne idée de Frédéric Couchet qui, je crois, est aux RMLL cette année aussi, donc délégué général de l’April, je ne sais pas s’il est là ; il n’est pas là ; tant pis pour lui ! Il a tort, il fait tellement bon dans ces amphis ! qui, dès le départ, m’avait conseillé en disant il ne faut pas parler de GAFA il faut bien parler de GAFAM en rajoutant Microsoft. Et je pense du coup, en toute prétention, que Framasoft n’est pas pour rien dans le fait qu’on parle des GAFAM et non pas uniquement des GAFA et qu’on inclut Microsoft dans cette dénomination d’entreprises qui exercent cette triple domination, là où les journalistes, pour la plupart, préfèrent voir les GAFA c’est-à-dire des entreprises plutôt récentes, en tout cas pour Google et Facebook sont arrivées beaucoup plus tardivement et ont des pratiques beaucoup plus disruptives que celles que ne paraissent l’être Microsoft.
 
 
 
Le terme « Dégoogliser ». Alors ça a été rigolo la première année, chaque fois qu’on intervenait à la radio le journaliste butait sur le mot parce que voilà, tant que vous n’avez pas essayé de prononcer le mot « dégoogliser » vous avez le cerveau qui bute, c’est normal. Du coup aujourd’hui on voit des articles qui paraissent dans la presse, etc. où on parle de « Dégooglisation », terme qu’on a inventé un soir de beuverie.
 
 
 
<b>Public : </b>Ça c’est la ???
 
 
 
===Vous validez ?===
 
 
 
<b>Pierre-Yves : </b>Ouais. Je n’ai pas dit ce qu’on avait bu. Notez bien, pas forcément de l’alcool ! Du coup côté sensibilisation, vu la taille de l’asso je ne sais pas si vous validez mais moi je checke. Je peux dire qu’on a bossé correctement.
 
 
 
===Bilan « Essaimage »===
 
 
 
Sur le côté essaimage.
 
 
 
===« CHATONS »===
 
 
 
Assez rapidement, dès la fin de la première année de « Dégoooglisons Internet », on savait qu’il fallait monter quelque chose. On souhaitait monter un collectif. On a regardé comment est-ce qu’on pouvait activer un réseau de personnes qui partageaient nos valeurs, etc., sachant que dans toutes ces associations préexistantes il y en avait qui étaient là depuis bien longtemps avant nous. Je pense à Infini, j’étais à Brest toute la semaine dernière, je pense à Marsnet, je pense à lautre.net, qui étaient là souvent depuis 10 ans ou 20 ans, par exemple pour Infini, et qui faisaient ce travail-là un petit peu de sensibilisation au logiciel libre.<br />
 
On a souhaité proposer de monter un collectif de façon à rassembler et à donner une visibilité et quelque part une forme de labellisation à toutes les structures qui souhaitaient participer à la « Dégooglisation ». C’est donc le collectif CHATONS – collectif des hébergeurs alternatifs, transparents, ouverts, neutres et solidaires – là aussi terme trouvé un soir de beuverie. Aujourd’hui ce collectif regroupe en gros une soixantaine de structures qui peuvent être des particuliers, des associations, des entreprises, des SCOP, etc., essentiellement en France mais aussi au Québec, au Portugal, en Belgique et puis ça arrive en Suisse et dans d’autres pays. Le collectif est relativement récent : il a 18 mois ce n’est quand même pas très vieux. Un collectif de 18 mois qui a soixante structures, on peut trouver que ça ne va pas assez vite mais là aussi on peut se dire que c’est quand même assez rapide.
 
 
 
===Internationalisation===
 
 
 
Sur les aspects internalisation et essaimage des processus qu’a mis en route Framasoft, sur les traductions notamment en anglais, allemand, espagnol, etc., des différentes pages d’accueil des différents services, c’est en cours. Après on freine un peu des quatre fers parce qu’on a déjà largement assez de monde et on se dit si demain on doit récupérer les Allemands, les Anglais, les Italiens, etc., on va juste s’effondrer, nous, sous la masse de travail. Pourtant on fait ce travail de façon à ce que si jamais nos services sont traduits et les pages d’accueil sont traduites dans un maximum de langues, le fait de diffuser ces services-là et de les remettre en place sera évidemment beaucoup plus simple.
 
 
 
Côté essaimage mondial donc hors CHATONS, il y a aussi beaucoup de pays qui s’inspirent, finalement, de la démarche qu’on a eue avec « Dégooglisons Internet » et on commence à voir, alors ça frémit, mais ça se met en place petit à petit, par exemple X-net en Espagne, X-net on va dire c’est assez proche en termes d’objectifs et de modèle d’action de ce que fait La Quadrature du Net en France. Autistici et d’autres, il y a d’autres collectifs et associations italiennes qui commencent à monter leurs propres structures de « Dégooglisation ». Weho.st et disroot aux Pays-bas qui sont déjà plutôt efficaces. Allende.io en Allemagne, etc.
 
 
 
===Presque « Check ! »
 
 
 
Donc là, là-dessus, on y est…presque ! Raté ! Ouais, bon ! Ce n’est pas tout à fait ça. Moi je pense qu’on a péché honnêtement sur le côté essaimage, on se rate un petit peu. On retombe, comme on est des vrais chatons, on retombe sur nos pattes au final, mais voilà ! Ça a plutôt bien fonctionné.
 
 
 
===Impacts sur l’association===
 
 
 
Les impacts sur l’association en tant que telle.
 
 
 
===Modèle éco===
 
 
 
Au niveau des recettes de l’association, le modèle économique reste basé exclusivement sur le don ; on est passé de 158 000 euros de recettes en 2013 à 415 000 en 2017. Vous allez me dire mais qu’est-ce qu’ils font de tout ce pognon ! Encore une fois ce n’est quasiment que du don. Sur le 6 %, ils viennent d’où les 6 % ? J’adore la confiance des gens des fois ! Ils viennent d’où les 6 % qui manquent ? C’est essentiellement de la vente de goodies donc de tee-shirts, etc., ou de bière, allez donc acheter de la bière à Luc ; enfin je pense qu’il a quasi tout vendu ! Et puis un tout petit peu de prestation ; par exemple on met à disposition des instances privées d’Etherpad à Wikimedia France ou à Sésamath et on se fait rémunérer pour ça. Mais globalement ce sont des dons, essentiellement d’ailleurs des dons de particuliers : 5000 donateurs et donatrices dont, en gros, 1000 nous font des dons chaque mois.
 
 
 
Ce modèle, par contre, et on s’en rend bien compte, nous sommes à Framasoft des privilégiés, il n’est pas facilement reproductible. On ne peut pas dire « eh bien laissez tomber les subventions, demandez des dons ! » C’est beaucoup plus compliqué que ça ! Ne serait-ce que parce que pour demander des dons il faut réussir à faire une certaine forme de communication très active, etc., qui nécessite beaucoup de temps et, à moins que vous ayez des bénévoles qui soient bons en com’, malheureusement il faut payer des gens pour faire ça et, du coup, ce n’est pas quelque chose sur lequel moi je pourrais dire « c’est simple ! Laisse tomber tes subventions, laisser tomber tes partenariats avec les collectivités ; tu n’as qu’à faire un page de dons. » Le modèle est quand même beaucoup plus difficilement reproductible que ça.
 
 
 
==25’ 05==
 
 
 
Du coup, pour ne pas rester enfermés sur ce modèle-là et expérimenter pour les autres, on est en train de mener aujourd’hui des expérimentations sur des modèles économiques un petit peu différents, qui sortiraient du don, alors pas tant pour Framasoft, Framasoft va rester une association, son modèle économique va rester basé sur le don, mais puisqu’on a aujourd’hui de l’argent on va essayer d’expérimenter d’autres modèles qui sont beaucoup plus difficiles à impulser quand on n’a pas un petit peu de trésorerie en en amont.<br />
 
On en discutait avec David à l’instant, il y a plein de gens qui souhaiteraient donner de l’argent à Framasoft pour des services payants ; ça n’est toujours pas à l’ordre du jour, je pense que ça fera partie des questions.
 
 
 
===Développement de l’asso===
 
 
 
Pour les adhérents, sur l’ensemble de la campagne pendant ces quatre dernières années, on est resté à peu près à effectif constant, c’est-à-dire 35 adhérents ; il y a un tiers de l’asso qui s’est renouvelé ; globalement ça n’a pas beaucoup changé, les profils se sont diversifiés. 30 % de renouvellement en quatre ans sur une petite asso pour nous c’est le renouvellement qu’on avait déjà avant à peu de choses près, je ne pense pas que la campagne ait beaucoup joué là-dessus.
 
 
 
Principal changement, notamment pour moi qui suis directeur de l’asso, on est passé de deux à huit à salariés, concrètement je suis passé d’un collègue à sept, bientôt huit. Forcément ça change et là-dessus, si jamais vous vous retrouvez dans cette situation-là, vous pouvez venir en discuter avec nous parce que ça change les rapports entre salariés et bénévoles ; ça change les rapports entre salariés ; ça change les rapports structurels. Qu’est-ce qu’on fait ? Tiens, est-ce qu’on ne demanderait pas des tickets restaurants, etc. ? Je ne vous cache pas qu’en 2014 il restait 2000 euros sur le compte, fin 2014, donc on ne se posait pas du tout ce type de questions. Donc si jamais vous êtes dans une association à forte croissance on peut en discuter. J’en profite, le petit cœur c’est évidemment pour remercier tous mes collègues sans qui je pense que Framasoft, aujourd’hui, n’existerait plus.
 
 
 
On a transformé tous nos processus comptables puisque, évidemment, on fait beaucoup plus de collecte de dons qu’auparavant ; concrètement ça veut qu’à partir de 153 000 euros de collecte de dons votre association est obligée de prendre un commissaire aux comptes ; ce commissaire aux comptes va regarder dans le détail, quasiment à l’euro près, ce que vous faites de cet argent ; est-ce que vous l’utilisez bien ou pas ? Est-ce que vous en abusez ou pas ? Donc nos comptes sont certifiés par un commissaire aux comptes indépendant mais, pour arriver là, je ne vous cache que l’état de la compta en 2013 on n’était pas sur du tableur calc mais pas loin et donc ça veut dire qu’il faut complètement transformer tous ses processus comptables.<br />
 
 
 
On a embauché une personne qui, aujourd’hui, fait essentiellement de la saisie parce que 5000 donateurs plus 1000 donateurs récurrents, on n’est pas loin des 10 000 entrées, évidemment ça s’automatise mais ça fait quand même beaucoup d’entrées et d’écritures comptables.<br />
 
En plus on embauche, enfin on embauche, on a en prestataire quelqu’un qui est expert comptable qui vient nous aider, du coup, à mettre nos comptes au propre et qui, ensuite, transmet ces comptes au commissaire aux comptes. Concrètement ça veut dire qu’en quatre ans à la fois la professionnalisation et, j’allais dire, presque l’industrialisation même si, évidemment, je n’assume pas tout à fait le mot, l’industrialisation de nos processus, comptable et financier, a été totalement transformée.
 
 
 
On a aussi adapté nos statuts. Moi j’ai monté un certain nombre d’assos avant Framasoft et pendant Framasoft, ça fait dix ans maintenant que je suis salarié de l’association et j’étais bénévole auparavant dans cette asso, donc j’ai monté un certain nombre d’associations et moi je suis toujours partisan, au départ, des statuts les plus courts possibles : en gros, si ça tient sur une page A4, de préférence sur un recto, c’est très bien et après on adapte. Là on s’est retrouvés à un moment donné où il fallait adapter nos statuts. Aujourd’hui ils doivent être sur trois quatre pages.
 
Tout est public nos comptes, nos statuts, etc., tout est en ligne sur soutenez.framsoft.org et, notamment, on a revu nos statuts sous la forme d’une gouvernance collégiale.
 
Concrètement on travaille avec des comités qui sont, en quelque sorte, des groupes de travail et des groupes de responsabilité. On n’a plus de bureau en tant que tel ; on a toujours des coprésidents et des coprésidentes. Il y a deux coprésidents, deux coprésidentes à Framasoft qui ont essentiellement un rôle de représentation légale, mais qui n’ont strictement aucun pouvoir. Donc quand vous voyez quelqu’un qui dit « je suis coprésident de Framasoft », vous pouvez lui serrer la main parce que c’est lui qui prend les risques, lui ou elle, qui prend les risques légaux d’aller en taule si jamais moi demain je me casse aux Bahamas avec le pognon et, d’un autre côté, il ou elle n’a strictement aucun pouvoir supplémentaire.
 
 
 
On a aussi transformé nos statuts pour obtenir un agrément Jeunesse et Éducation populaire. On pourra en discuter si vous voulez.
 
 
 
===Les évolutions internes===
 
 
 
Enfin du coup non ce n’est pas interne, si interne. J’ai fini les conférences, celle-là à 14 heures 39 tout à l’heure, donc ça sent encore le frais.<br />
 
On s’est beaucoup ouvert sur les milieux notamment de l’éducation populaire, de l’économie sociale, solidaire et écologique, etc., ça, ça fera plutôt l’objet de la deuxième conférence qui va suivre tout à l’heure. On leur a donné à voir. Quand je dis donné à voir ça veut dire qu’on a fait un gros travail en dehors même des 300 interventions dont je parlais tout à l’heure, moi notamment, certains de mes collègues et des bénévoles aussi, mais enfin ça a été essentiellement mon travail de prendre des rendez-vous auprès des structures et des réseaux d’éducation populaire existants pour leur expliquer ce que c’était que le Libre si jamais ils avaient des doutes ou des mécompréhensions mais aussi pour leur dire comment est-ce qu’on travaillait, pourquoi on faisait « Dégooglisons Internet », etc. Et concrètement ça a été, je pense, le changement le plus radical et cette ouverture qu’on a eue a été probablement le plus gros impact qu’a causé sur la structure la campagne « Dégooglisons Internet ». C’est le fait que Framasoft s’est déplacée d’une structure – Frama c’était français mathématiques, on venait plutôt du milieu de l’Éducation, mais on était quand même très libristes ; ça ne veut pas dire qu’on l’est moins aujourd’hui, mais on est beaucoup plus à la frontière de ce que j’appellerai tout à l’heure la société de contribution – donc on a beaucoup discuté avec eux pour voir comment on pouvait essayer de travailler ensemble et non pas les libristes d’un côté, l’éducation populaire de l’autre, etc.
 
 
 
On a aussi fermé quelques portes, notamment celles des institutions publiques, ministères ou entreprises qui n’avaient pas d’engagement clair envers le Libre. C’est-à-dire que concrètement on a écrit un billet qui avait fait un peu de bruit qui s’appelle « Pourquoi Framasoft n’ira plus boire le thé au ministère de l’Éducation nationale ». Moi j’ai fait ça pendant des années, aller à des réunions, etc. ; on vous invite, c’est très chouette le ministère de l’Éducation nationale à Paris, la moquette est épaisse, le café et le thé y sont fort bons, mais on perdait du temps et comme on est une toute petite structure, on a décidé d’arrêter de perdre notre temps et de se concentrer, finalement, sur des actions concrètes et surtout à travailler avec des gens qui nous appellent aujourd’hui.<br />
 
Je vais prendre le cas d’un candidat à la présidentielle France insoumise, je vous laisse imaginer qui c’est, qui nous envoie gentiment un courrier disant il faudrait qu’on discute du Libre ; OK, pas de problème lui ou un autre, pourquoi pas ! « Vous êtes convoqué tel jour par monsieur X candidat à la présidentielle France insoumise, à Paris, machin, à 10 heures. » Non ! En fait on a répondu non ! On ne répond pas à des convocations ; on répond à des gens qui veulent prendre un engagement clair. Enfin très honnêtement, on a répondu si vous venez nous voir on discute. Mais je ne vois pas pourquoi je quitterais – j’habite à Lyon – pourquoi je me taperais les trois heures de trajet porte à porte pour aller à tel endroit pour discuter avec qui que ce soit pour, ensuite, repartir, alors que cette personne-là à aucun moment n’a exprimé le désir de venir réellement discuter avec nous. Ça ne veut pas dire qu’on ne discute pas avec les gens de cette représentation-là, de ces institutions-là. Par contre on le fait sur un niveau d’égalité : vous voulez discuter, vous passez un coup de fil, on discute, on peut aller boire un coup ensemble, etc.,mais on n’est pas convoqués.
 
 
 
Si le ministère de l’Éducation nationale nous dit « mais alors là on voudrait monter un observatoire du Libre dans l’Éducation nationale », un observatoire, nous ça ne nous intéresse pas. Ce qu’on veut c’est que l’Éducation nationale puisse dire OK, suivant les résultats de cet observatoire pourront être mises en place telle et telle action en faveur du logiciel libre, mais discuter pour discuter ! Et ça nous a fait gagner un temps fou. Si vous vous sentez débordé parce que vous rencontrez des élus, des machins, etc., je ne dis pas qu’il faut arrêter de les rencontrer, mais posez-leur la question avant. OK ! Très bien, mais moi je vais pas venir pour boire le thé. Qu’est-ce que vous proposez ?
 
 
 
<b>Public : </b>Est-ce que le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche c’est mieux ?
 
 
 
==35’ 28==
 
 
 
<b>Pierre-Yves Gosset : </b>J’ai bossé dix ans pour les universités,
 

Dernière version du 9 octobre 2018 à 10:45


Publié ici - Octobre 2018