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<b>Mag : </b>Salut Luc.
 
<b>Mag : </b>Salut Luc.
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<b>Luc : </b>La semaine dernière on a trouvé, Mag, que tu étais vraiment trop bien à faire les titres, donc on a décidé que c’était ta partie, alors même que je suis guéri.
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<b>Manu : </b>Les titres de la revue de presse.
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<b>Mag : </b>Vous n’êtes que des gros fainéants, en fait. <em>ZDNet France</em>, « Non, Linux n’est pas soudain devenu populaire sur PC », par Steven J. Vaughan-Nichols.
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<b>Manu : </b>On dit ???
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<b>Mag : </b>Parle-moi de l’article plutôt !
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<b>Manu : </b>Effectivement, on en avait parlé il y a longtemps, comme quoi les statistiques d’utilisation de GNU/Linux grâce aux sites Internet, étaient montées de manière féroce. Je crois que c’était 5% ou 6 % d’utilisation sur les sites web.
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<b>Luc : </b>C’était énorme.
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<b>Manu : </b>C’était énorme parce qu’ils se sont rendus que ce n’était pas le cas. Vraisemblablement une erreur de mesure ; ce serait plutôt le classique de 2 %, qui n’est pas si mal mais qui n’est pas non plus gigantesque.
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<b>Mag : </b><em>Le Monde.fr</em>, « Le pouvoir judiciaire devient le parent pauvre de l’antiterrorisme », par Camille Bordenet.
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<b>Manu : </b>L’était d’urgence qui est en train d’évoluer. Il y a beaucoup de discussions qui sont en train de se faire sur les conséquences pour l’informatique, Internet. Le fait que, par exemple, on devra tous donner nos identifiants de connexion à l’État.
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<b>Luc : </b>Non, pas tous !
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<b>Manu : </b>Va savoir ! Va savoir ! Ça pourrait aller assez vite, parce qu’on ne sait pas exactement quand est-ce qua ça va s’arrêter ces différents textes.
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<b>Mag : </b>Et si on n’a pas de compte sur ces sites ?
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<b>Manu : </b>Il faudra en faire un ; tu seras obligée pour qu’ils puissent te suivre. Voilà !
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<b>Mag : </b><em>Rue89Lyon</em>, « François Aubriot : Le logiciel libre redonne de la valeur à l’individu », par Bertrand Enjalbal.
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<b>Manu : </b>Ça parle d’une association Ploss RA, Rhone-Alpes.
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<b>Mag : </b>On les connaît.
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<b>Manu : </b>Oui. Des gens intéressants et donc effectivement, ils sont en train de se battre auprès des administrations et il faut aller les aider.
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<b>Mag : </b><em>Numerama</em>, « VideoLAN a refusé des dizaines de millions de dollars pour placer de la pub dans VLC », par Julien Lausson.
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<b>Manu : </b>Alors là je suis dégoûté ! J’aurais dû faire VLC avant, je suis sûr que je serais hyper riche maintenant. Ça me dégoûte. VLC c’est un outil de lecture de vidéo et c’est le logiciel français, oui madame, oui monsieur, qui est le plus utilisé dans le monde !
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<b>Mag : </b>C’est le logiciel avec le petit cône orange.
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<b>Manu : </b>Exactement !
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<b>Mag : </b>On devrait peut-être essayer de les inviter prochainement, Manu !
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<b>Luc : </b>Ce serait bien !
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<b>Mag : </b><em>ZDNet France</em>, « Contrat open bar Microsoft-Défense : l’April pointe l’armée “victime du syndrome de Stockholm” », par Thierry Noisette,
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<b>Manu : </b>C’est moche parce que je ne sais jamais ce que c’est que le syndrome de Stockholm. C’est quoi ! Avec l’armée quoi ! L’armée est trop forte pour avoir un syndrome comme ça !
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<b>Mag : </b>Ce n’est pas quand on tombe amoureux de son kidnappeur ?
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<b>Luc : </b>De son ravisseur !
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<b>Nico : </b>De son ravisseur, c’est ça.
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<b>Manu : </b>Et là son ravisseur c’est Microsoft et ça fait mal au cœur !
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<b>Luc : </b>C’est bon on a fait le tour ? Excusez-moi parce que j’étais en train de dormir. Bon, je me réveille. Le sujet qu’on voulait aborder aujourd’hui n’est absolument pas celui-là. C’est un sujet dont on parle depuis au moins deux semaines, qui est un film. On vous a dit on va aller le voir et nous sommes allés le voir. C’est <em>Nothing To Hide</em>, le nom du film est en anglais, qui veut dire « je n’ai rien à cacher » et qui est donc un documentaire sur cette idée de « je n’ai rien à cacher », donc sur la surveillance, etc. Et donc <em>Nothing To Hide</em>, le réalisateur, on peut peut-être le nommer.
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<b>Mag : </b>Marc Meillassoux.
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<b>Luc : </b>C’est un documentaire qui est sorti l’année dernière, qui est sous licence Creative Commons, alors ce n’est pas une super Creative Commons, c’est la NC ND.
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<b>Mag : </b>NC ND.
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<b>Luc : </b>C’est-à-dire qu’on a juste le droit de le diffuser, sans le modifier et uniquement dans des contextes où on ne fait pas d’argent avec.
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<b>Manu : </b>Ceci dit, ce n’est déjà pas si mal de pouvoir le diffuser !
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<b>Luc : </b>Effectivement.
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<b>Manu : </b>Ça va permettre à plein de petits cinémas de reprendre le documentaire et de le mettre un peu partout.
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<b>Luc : </b>Et on peut le voir sur Internet.
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<b>Mag : </b>Alors je ne suis pas sûre que les cinémas s’en sont vraiment emparés.
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<b>Manu : </b>Je crois que c’est Utopia, le réseau Utopia des cinémas.
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<b>Mag : </b>En tout cas sur Paris il n’y avait que le cinéma Saint-Germain et il y avait une autre salle à Orléans.
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<b>Luc : </b>Une séance par jour.
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<b>Mag : </b>Et une séance par jour. En plus il a été libéré, si on peut dire, puisque maintenant on peut le trouver sur Vimeo<ref>[https://vimeo.com/193515863 Vimeo]</ref> et sur le site du réalisateur.
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<b>Nico: </b>Et aussi sur Torrent.
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<b>Luc : </b>Et YouTube, mais je ne suis pas sûr que ce soient eux qui l’aient mis là.
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<b>Nico: </b>Sinon il est à disposition aussi en Torrent, si vous voulez économiser le réseau, ce sera bien plus respectueux !
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<b>Luc : </b>Télécharger un truc sur Torrent qui soit totalement légal, juste pour énerver la HADOPI !
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<b>Manu : </b>Bref, qu’est-ce que vous en avez pensé ?
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<b>Luc : </b>Moi je l’ai trouvé bien. C’est un documentaire qui est clairement à destination du grand public. Donc on n’a pas appris grand-chose.
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<b>Manu : </b>Parce que nous on connaît tout par cœur !
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<b>Mag : </b>Un peu comme <em>Les Nouveaux Loups du Web</em>, qu’on avait eu, qui avait tourné. C’était très grand public mais du moins c’est super accessible.
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<b>Luc : </b>Le film n’est pas trop long, il fait un moins d’une heure trente, donc une durée raisonnable.
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<b>Mag : </b>Une heure vingt-six.
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<b>Luc : </b>Une heure vingt-six. Très exactement 96 minutes.
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<b>Manu : </b>Non !
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<b>Mag : </b>86. Reprends-toi Luc !
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<b>Manu : </b>C’est taillé pour être un documentaire tel, qu’il se diffuse partout dans le monde
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<b>Luc : </b>Quoi d’autre ? Qu’est-ce qu’on peut dire d’autre ? Il y a tout une partie avec des interviews de gens qui ont des choses à dire sur la surveillance et ce comédien allemand, puisque ça se passe entre la France et l’Allemagne et un peu les États-Unis mais qui, en gros, dit n’avoir rien à cacher, qui est un type qui mène sa vie et deux hackers vont se pencher sur ses métadonnées et uniquement les métadonnées.
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<b>Mag : </b>Ce ne sont pas des hackers. Ce sont des analystes professionnels.
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<b>Luc : </b>D’accord.
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<b>Nico : </b>En gros son PC et son téléphone portable et autres vont être mis ur écoute ; donc ça va récupérer…
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<b>Luc : </b>Et il est d’accord !
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<b>Nico : </b>Et il est d’accord, bien sûr ! On lui a demandé son avis avant.
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<b>Mag : </b>Et il est mort de rire d’ailleurs. Il pense vraiment qu’il n’a rien à cacher ! Il rigole !
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<b>Nico : </b>Oui. Il pense qu’il n’a rien à cacher et, en fait, ça va remonter toutes les données qui sont remontées habituellement quand vous utilisez votre téléphone mobile. Ce n’est pas le bon vieux mouchard de la DGSI ou autre ce sont vraiment les applications que vous allez utiliser, WhatsApp, Facebook ou autres. À la fin du film ils font l’analyse de toutes ces données et ils essaient de deviner où est-ce qu’il habite, qui il fréquente.
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<b>Luc : </b>Quel genre de vie il a.
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<b>Nico : </b>Quel genre de vie il a. Ils arrivent à Avoir des données qui sont assez intéressantes.
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<b>Mag : </b>Ses moyens.
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<b>Manu : </b>D’où vient sa famille, quel emploi il a, dans quel contexte il s’amuse, où est-ce qu’il passe ses soirées, les voyages qu’il a faits partout en Allemagne et au Luxembourg.
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<b>Nico : </b>Ils arrivent même à trouver dans quels films il a joué, puisque c’est un comédien, donc ils arrivent à trouver le film, la salle de théâtre où il s’est produit à l’avant-première, et tout ça à partir de données de géolocalisation ou d’appels.
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<b>Luc : </b>Et ce sont des métadonnées : c’est-à-dire qu’en gros ils n’ont pas accès aux contenus mais simplement aux données de description des fichiers du genre : telle date, telle heure, tu as contacté tel numéro pendant tant de temps. Typiquement le genre de données. Ce n’est pas extrêmement spectaculaire dans ce qu’ils trouvent, c’est-à-dire qu’on n’apprend pas qu’il a changé de sexe ou des machins incroyables.
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<b>Mag : </b>D’un autre côté il y a des choses qu’on n’a pas vues concernant tout ce qui est ses amis.
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<b>Nico : </b>Oui, parce qu’il a refusé que ses amis fassent partie de l’expérience.
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<b>Luc : </b>Effectivement. Il y a plein d’infos sur ses amis.
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<b>Mag : </b>Je pense qu’il y a des choses spectaculaires qu’on n’a pas vues.
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<b>Manu : </b>C’est probable oui. La conclusion, vous en avez déjà parlé, mais la conclusion c’est que oui, il avait des choses à cacher. C’étaient toutes les métadonnées qui concernaient ses amis, justement il a refusé qu’elles soient diffusées parce qu’il s’est rendu compte que ça avait impact sur plus que lui. Il a accepté qu’on sache qu’il regardait du porno par exemple, ça m’avait fait bizarre quand ils disent « voilà, tu as passé tant de temps à regarder du porno sur ??? »
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<b>Mag : </b>Ils ne s’étendent pas sur le sujet pour connaître ses goûts, etc., mais ils auraient pu.
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<b>Manu : </b>Effectivement, ils auraient pu. Mais pour le coup, quand ils commencent à dire bon a aussi des données qu’on a pu déduire qui concernent les amis et là il a bloqué et donc il avait bien quelque chose, et c’est logique, c’est légitime, il avait bien quelque chose à cacher.
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<b>Luc : </b>L’autre truc qui l’impressionne beaucoup et ça c’est assez intéressant à voir, c’est quand il voit sur la carto tous ses déplacements, parce qu’il est géolocalisé, et donc il y a des cartes de valeur, on voit là où il est le plus souvent, etc. Et c’est ce côté de retracer tout le parcours qui vraiment le frappe et c’est un des moments où il dit : « OK je vais changer, alors pas nécessairement radicalement, mais je vais me calmer sur ces trucs-là. »
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<b>Mag : </b>Typiquement on voit où il habite, on voit où il travaille, on voit où il a passé ses week-ends, on voit où sont ses meilleurs amis.
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<b>Nico : </b>Ses soirées.
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<b>Mag : </b>Ses soirées.
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<b>Nico : </b>Sa famille.
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<b>Mag : </b>On voit beaucoup de choses.
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<b>Nico : </b>On le voit aller au bar en face de chez lui.
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<b>Mag : </b>Souvent !
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<b>Nico : </b>Souvent.
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<b>Manu : </b>Faire du jogging.
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<b>Nico : </b>Faire du jogging. On voit exactement où est-ce qu’il passe.
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<b>Mag : </b>Ses parcours de jogging, ses parcours différents
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<b>Luc : </b>Et je crois que c’est quelque chose qu’on peut voir assez facilement soi-même quand on est sur Google, etc. Il y a une page, je ne sais pas comment ça marche parce que je n’y suis pas.
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<b>Nico : </b>Dans Google historique, effectivement il va garder l’intégralité de toutes vos positions qu’il va pouvoir trouver. Vous allez pouvoir savoir comme ça où vous étiez il y a cinq ans. C’est assez précis d’ailleurs.
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<b>Luc : </b>J’ai un copain qui avait fait ça il y a quelques années, qui lui est à fond dans tous ces trucs-là, et qui avait été assez effrayé de voir à quel point sa vie était extrêmement régulière. Et du coup ça avait été une sorte de renvoi où il se disait « mais en fait ma vie est super banale ; je suis toujours au même endroit au même moment et donc je suis totalement prévisible dans mes actions, dans mes déplacements. » C’est une expérience que vous pouvez faire et voir votre vie et effectivement remonter sur des années et des années.

Version du 10 octobre 2017 à 16:13

Titre : Décryptualité du 25 septembre 2017

Intervenants : Luc - Manu - Nico - Mag

Lieu : Studio d'enregistrement April

Date : Octobre 2017

Durée : 15 min 13

Écouter ou télécharger le podcast

Revue de presse de l'April pour la semaine 40 de l'année 2017

Licence de la transcription : Verbatim

Statut : Transcrit MO

Transcription

Luc : Décryptualité.

Nico : Le podcast qui décrypte l’actualité des libertés numériques.

Luc : Semaine 40. Salut Manu.

Manu : Salut Nico.

Nico : Salut Mag.

Mag : Salut Luc.

Luc : La semaine dernière on a trouvé, Mag, que tu étais vraiment trop bien à faire les titres, donc on a décidé que c’était ta partie, alors même que je suis guéri.

Manu : Les titres de la revue de presse.

Mag : Vous n’êtes que des gros fainéants, en fait. ZDNet France, « Non, Linux n’est pas soudain devenu populaire sur PC », par Steven J. Vaughan-Nichols.

Manu : On dit ???

Mag : Parle-moi de l’article plutôt !

Manu : Effectivement, on en avait parlé il y a longtemps, comme quoi les statistiques d’utilisation de GNU/Linux grâce aux sites Internet, étaient montées de manière féroce. Je crois que c’était 5% ou 6 % d’utilisation sur les sites web.

Luc : C’était énorme.

Manu : C’était énorme parce qu’ils se sont rendus que ce n’était pas le cas. Vraisemblablement une erreur de mesure ; ce serait plutôt le classique de 2 %, qui n’est pas si mal mais qui n’est pas non plus gigantesque.

Mag : Le Monde.fr, « Le pouvoir judiciaire devient le parent pauvre de l’antiterrorisme », par Camille Bordenet.

Manu : L’était d’urgence qui est en train d’évoluer. Il y a beaucoup de discussions qui sont en train de se faire sur les conséquences pour l’informatique, Internet. Le fait que, par exemple, on devra tous donner nos identifiants de connexion à l’État.

Luc : Non, pas tous !

Manu : Va savoir ! Va savoir ! Ça pourrait aller assez vite, parce qu’on ne sait pas exactement quand est-ce qua ça va s’arrêter ces différents textes.

Mag : Et si on n’a pas de compte sur ces sites ?

Manu : Il faudra en faire un ; tu seras obligée pour qu’ils puissent te suivre. Voilà !

Mag : Rue89Lyon, « François Aubriot : Le logiciel libre redonne de la valeur à l’individu », par Bertrand Enjalbal.

Manu : Ça parle d’une association Ploss RA, Rhone-Alpes.

Mag : On les connaît.

Manu : Oui. Des gens intéressants et donc effectivement, ils sont en train de se battre auprès des administrations et il faut aller les aider.

Mag : Numerama, « VideoLAN a refusé des dizaines de millions de dollars pour placer de la pub dans VLC », par Julien Lausson.

Manu : Alors là je suis dégoûté ! J’aurais dû faire VLC avant, je suis sûr que je serais hyper riche maintenant. Ça me dégoûte. VLC c’est un outil de lecture de vidéo et c’est le logiciel français, oui madame, oui monsieur, qui est le plus utilisé dans le monde !

Mag : C’est le logiciel avec le petit cône orange.

Manu : Exactement !

Mag : On devrait peut-être essayer de les inviter prochainement, Manu !

Luc : Ce serait bien !

Mag : ZDNet France, « Contrat open bar Microsoft-Défense : l’April pointe l’armée “victime du syndrome de Stockholm” », par Thierry Noisette,

Manu : C’est moche parce que je ne sais jamais ce que c’est que le syndrome de Stockholm. C’est quoi ! Avec l’armée quoi ! L’armée est trop forte pour avoir un syndrome comme ça !

Mag : Ce n’est pas quand on tombe amoureux de son kidnappeur ?

Luc : De son ravisseur !

Nico : De son ravisseur, c’est ça.

Manu : Et là son ravisseur c’est Microsoft et ça fait mal au cœur !

Luc : C’est bon on a fait le tour ? Excusez-moi parce que j’étais en train de dormir. Bon, je me réveille. Le sujet qu’on voulait aborder aujourd’hui n’est absolument pas celui-là. C’est un sujet dont on parle depuis au moins deux semaines, qui est un film. On vous a dit on va aller le voir et nous sommes allés le voir. C’est Nothing To Hide, le nom du film est en anglais, qui veut dire « je n’ai rien à cacher » et qui est donc un documentaire sur cette idée de « je n’ai rien à cacher », donc sur la surveillance, etc. Et donc Nothing To Hide, le réalisateur, on peut peut-être le nommer.

Mag : Marc Meillassoux.

Luc : C’est un documentaire qui est sorti l’année dernière, qui est sous licence Creative Commons, alors ce n’est pas une super Creative Commons, c’est la NC ND.

Mag : NC ND.

Luc : C’est-à-dire qu’on a juste le droit de le diffuser, sans le modifier et uniquement dans des contextes où on ne fait pas d’argent avec.

Manu : Ceci dit, ce n’est déjà pas si mal de pouvoir le diffuser !

Luc : Effectivement.

Manu : Ça va permettre à plein de petits cinémas de reprendre le documentaire et de le mettre un peu partout.

Luc : Et on peut le voir sur Internet.

Mag : Alors je ne suis pas sûre que les cinémas s’en sont vraiment emparés.

Manu : Je crois que c’est Utopia, le réseau Utopia des cinémas.

Mag : En tout cas sur Paris il n’y avait que le cinéma Saint-Germain et il y avait une autre salle à Orléans.

Luc : Une séance par jour.

Mag : Et une séance par jour. En plus il a été libéré, si on peut dire, puisque maintenant on peut le trouver sur Vimeo[1] et sur le site du réalisateur.

Nico: Et aussi sur Torrent.

Luc : Et YouTube, mais je ne suis pas sûr que ce soient eux qui l’aient mis là.

Nico: Sinon il est à disposition aussi en Torrent, si vous voulez économiser le réseau, ce sera bien plus respectueux !

Luc : Télécharger un truc sur Torrent qui soit totalement légal, juste pour énerver la HADOPI !

Manu : Bref, qu’est-ce que vous en avez pensé ?

Luc : Moi je l’ai trouvé bien. C’est un documentaire qui est clairement à destination du grand public. Donc on n’a pas appris grand-chose.

Manu : Parce que nous on connaît tout par cœur !

Mag : Un peu comme Les Nouveaux Loups du Web, qu’on avait eu, qui avait tourné. C’était très grand public mais du moins c’est super accessible.

Luc : Le film n’est pas trop long, il fait un moins d’une heure trente, donc une durée raisonnable.

Mag : Une heure vingt-six.

Luc : Une heure vingt-six. Très exactement 96 minutes.

Manu : Non !

Mag : 86. Reprends-toi Luc !

Manu : C’est taillé pour être un documentaire tel, qu’il se diffuse partout dans le monde

Luc : Quoi d’autre ? Qu’est-ce qu’on peut dire d’autre ? Il y a tout une partie avec des interviews de gens qui ont des choses à dire sur la surveillance et ce comédien allemand, puisque ça se passe entre la France et l’Allemagne et un peu les États-Unis mais qui, en gros, dit n’avoir rien à cacher, qui est un type qui mène sa vie et deux hackers vont se pencher sur ses métadonnées et uniquement les métadonnées.

Mag : Ce ne sont pas des hackers. Ce sont des analystes professionnels.

Luc : D’accord.

Nico : En gros son PC et son téléphone portable et autres vont être mis ur écoute ; donc ça va récupérer…

Luc : Et il est d’accord !

Nico : Et il est d’accord, bien sûr ! On lui a demandé son avis avant.

Mag : Et il est mort de rire d’ailleurs. Il pense vraiment qu’il n’a rien à cacher ! Il rigole !

Nico : Oui. Il pense qu’il n’a rien à cacher et, en fait, ça va remonter toutes les données qui sont remontées habituellement quand vous utilisez votre téléphone mobile. Ce n’est pas le bon vieux mouchard de la DGSI ou autre ce sont vraiment les applications que vous allez utiliser, WhatsApp, Facebook ou autres. À la fin du film ils font l’analyse de toutes ces données et ils essaient de deviner où est-ce qu’il habite, qui il fréquente.

Luc : Quel genre de vie il a.

Nico : Quel genre de vie il a. Ils arrivent à Avoir des données qui sont assez intéressantes.

Mag : Ses moyens.

Manu : D’où vient sa famille, quel emploi il a, dans quel contexte il s’amuse, où est-ce qu’il passe ses soirées, les voyages qu’il a faits partout en Allemagne et au Luxembourg.

Nico : Ils arrivent même à trouver dans quels films il a joué, puisque c’est un comédien, donc ils arrivent à trouver le film, la salle de théâtre où il s’est produit à l’avant-première, et tout ça à partir de données de géolocalisation ou d’appels.

Luc : Et ce sont des métadonnées : c’est-à-dire qu’en gros ils n’ont pas accès aux contenus mais simplement aux données de description des fichiers du genre : telle date, telle heure, tu as contacté tel numéro pendant tant de temps. Typiquement le genre de données. Ce n’est pas extrêmement spectaculaire dans ce qu’ils trouvent, c’est-à-dire qu’on n’apprend pas qu’il a changé de sexe ou des machins incroyables.

Mag : D’un autre côté il y a des choses qu’on n’a pas vues concernant tout ce qui est ses amis.

Nico : Oui, parce qu’il a refusé que ses amis fassent partie de l’expérience.

Luc : Effectivement. Il y a plein d’infos sur ses amis.

Mag : Je pense qu’il y a des choses spectaculaires qu’on n’a pas vues.

Manu : C’est probable oui. La conclusion, vous en avez déjà parlé, mais la conclusion c’est que oui, il avait des choses à cacher. C’étaient toutes les métadonnées qui concernaient ses amis, justement il a refusé qu’elles soient diffusées parce qu’il s’est rendu compte que ça avait impact sur plus que lui. Il a accepté qu’on sache qu’il regardait du porno par exemple, ça m’avait fait bizarre quand ils disent « voilà, tu as passé tant de temps à regarder du porno sur ??? »

Mag : Ils ne s’étendent pas sur le sujet pour connaître ses goûts, etc., mais ils auraient pu.

Manu : Effectivement, ils auraient pu. Mais pour le coup, quand ils commencent à dire bon a aussi des données qu’on a pu déduire qui concernent les amis et là il a bloqué et donc il avait bien quelque chose, et c’est logique, c’est légitime, il avait bien quelque chose à cacher.

Luc : L’autre truc qui l’impressionne beaucoup et ça c’est assez intéressant à voir, c’est quand il voit sur la carto tous ses déplacements, parce qu’il est géolocalisé, et donc il y a des cartes de valeur, on voit là où il est le plus souvent, etc. Et c’est ce côté de retracer tout le parcours qui vraiment le frappe et c’est un des moments où il dit : « OK je vais changer, alors pas nécessairement radicalement, mais je vais me calmer sur ces trucs-là. »

Mag : Typiquement on voit où il habite, on voit où il travaille, on voit où il a passé ses week-ends, on voit où sont ses meilleurs amis.

Nico : Ses soirées.

Mag : Ses soirées.

Nico : Sa famille.

Mag : On voit beaucoup de choses.

Nico : On le voit aller au bar en face de chez lui.

Mag : Souvent !

Nico : Souvent.

Manu : Faire du jogging.

Nico : Faire du jogging. On voit exactement où est-ce qu’il passe.

Mag : Ses parcours de jogging, ses parcours différents

Luc : Et je crois que c’est quelque chose qu’on peut voir assez facilement soi-même quand on est sur Google, etc. Il y a une page, je ne sais pas comment ça marche parce que je n’y suis pas.

Nico : Dans Google historique, effectivement il va garder l’intégralité de toutes vos positions qu’il va pouvoir trouver. Vous allez pouvoir savoir comme ça où vous étiez il y a cinq ans. C’est assez précis d’ailleurs.

Luc : J’ai un copain qui avait fait ça il y a quelques années, qui lui est à fond dans tous ces trucs-là, et qui avait été assez effrayé de voir à quel point sa vie était extrêmement régulière. Et du coup ça avait été une sorte de renvoi où il se disait « mais en fait ma vie est super banale ; je suis toujours au même endroit au même moment et donc je suis totalement prévisible dans mes actions, dans mes déplacements. » C’est une expérience que vous pouvez faire et voir votre vie et effectivement remonter sur des années et des années.