Décryptualité du 23 octobre 2017

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Titre : Décryptualité du 23 octobre 2017

Intervenants : Mag - Manu - Nico

Lieu : Studio d'enregistrement April

Date : Octobre 2017

Durée : 14 min 44

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Revue de presse de l'April pour la semaine 38 de l'année 2017

Licence de la transcription : Verbatim

Statut : Transcrit MO


Transcription

Voix de Luc : Décryptualité.

Nico : Le podcast qui décrypte l’actualité des libertés numériques.

Mag : Revue de presse de l’April de la semaine 42 de l’année 2017. Salut Manu.

Manu : Salut Nico.

Nico : Salut Mag.

Mag : Il n’y a pas de Luc aujourd’hui. On va attaquer directement avec le sommaire de la revue de presse de l’April.

Manu : Une revue de presse sympathique, six articles principaux. Le premier.

Mag : LeMagIT [prononcé à la française, NdT], « Transformation : les grands comptes sont convertis à l’open source », par Yann Serra.

Manu : C’est souvent LeMagIT[prononcé à l’anglaise, NdT], Information Technology, mais ce n’est pas grave, et effectivement ça parle des grands comptes, c’est-à-dire les grosses entreprises qui font de l’open source et qui adorent faire de l’open source, donc du logiciel libre. On aime bien que ces grosses entreprises aiment bien l’open source.

Mag : Numerama, « Bruxelles est contre les backdoors… mais invite les États à partager leur savoir-faire en déchiffrement », par Julien Lausson.

Manu : Les backdoors, c’est le fait de rentrer par la porte de derrière et effectivement il y a des États qui proposent d’en installer un peu partout. Mais pour le coup, l’Union européenne a l’air de dire que non, il ne faut pas installer des backdoors, pas de manière consciente, mais il faut quand même se battre et essayer de déchiffrer en mettant en commun les ressources des différents États de l’Union européenne, c’est juste qu’il ne faut pas le faire de manière obligatoire.

Mag : ZDNet France, « Microsoft/Défense : vers une commission d’enquête ? », par Louis Adam,

Manu : Donc là c’est une des grosses news de la semaine. Il y une sénatrice qui s’est révélée intéressante, Joëlle Garriaud-Maylan, qui a déposé une proposition pour faire la lumière un petit peu sur ce qui s’est passé entre le ministère de la Défense et Microsoft. L’April suit de manière très forte ce sujet-là, c’est très important et ça a eu pas mal de répercussions dans les médias, pas mal d’articles qui parlent de sujet-là.

Mag : L’Orient-Le Jour, « Le droit de propriété intellectuelle au 21e siècle, par Joseph E. Stiglitz, Dean Baker et Arjun Jayadev. Hou là !

Manu : Oui, moi non plus je ne vois pas comment on peut prononcer ce nom-là. En tout cas ce sont des gens importants : un prix Nobel d’économie, c’est quelqu’un d’intéressant Stiglitz, et là ce sont des gens intéressants qui parlent de la propriété intellectuelle, une sorte d’escroquerie, on pourrait dire, sur les termes. Mais ça n’empêche, cette escroquerie-là bloque certains États, notamment au niveau des médicaments et de l’innovation des médicaments. Il y en a un de l’Afrique du Sud qui se bat contre les conglomérats qui défendent leurs droits de propriété intellectuelle.

Mag : Ou leurs rentes.

Manu : Et leurs rentes, carrément, et il y a des médicaments qui ont besoin d’avoir des coûts faibles et c’est là qu’il faut se battre et que ces États se battent, pas toujours de manière facile.

Mag : Libération, « Judith Rochfeld: « La raréfaction des ressources naturelles a obligé à les envisager comme des biens communs », par Amaelle Guiton. Amaelle Guiton on la connaît !

Manu : Eh oui ! Elle apparaît régulièrement dans la revue de presse. Elle dit des choses super intéressantes. Et là ça parle des biens communs et de l’économie, mais aussi d’histoire, sociologie. C’est assez général. C’est complet. C’est vraiment intéressant, allez jeter un œil. Les biens communs c’est un des grands sujets de notre époque.

Mag : Et on retrouve de nouveau ZDNet France, « L’open innovation, la DSI c’est son dada », par Christophe Auffray.

Manu : Tout à l’heure c’étaient les grandes boîtes. Eh bien là c’est plus général encore, ce sont les directions de services informatiques qui adorent l’innovation ouverte, le logiciel libre et toutes ces choses-là, l’agilité et les savoirs, tous les mots-clefs qui vont bien. C’est intéressant parce que ça montre à quel point les entreprises s’emparent de nos sujets et elles les aiment.

Mag : Du coup on va parler de quoi aujourd’hui Nico ?

Nico : De logiciel libre, il me semble.

Manu : Eh bien oui, c’est un petit le thème de notre rencontre hebdomadaires.

Mag : Donc on retourne sur nos basiques ?

Manu : La base de la base ce serait quoi, en logiciel libre ?

Nico : Les quatre libertés.

Manu : les quatre libertés qui définissent ce que c’est qu’un logiciel libre.

Nico : Oui. Ce sont les fondements qui ont été publiés par Richard Stallman au tout début des années 80, de mémoire, où il définissait ce que devait être un logiciel pour être bénéfique pour son utilisateur et pour ne pas pouvoir enfermer, ou faire des crasses dans le dos de son utilisateur.

Mag : Donc en gros ce sont les libertés des utilisateurs ?

Nico : C’est ça.

Mag : Si je me souviens bien, la liberté 0, parce qu’on commence à 0 quand on est informaticien, c’est celle d’utiliser.

Nico : Voilà. Déjà on a le droit d’utiliser le logiciel, parce que c’est vrai que si on n’a pas le droit de s’en servir, ça va être un peu inutile !

Manu : On ne se sent pas très libre en tout cas !

Nico : Effectivement. On a le droit de l’utiliser, il n’y a pas de restrictions à l’utilisation, vous avez le droit de vous en servir dans n’importe quelle condition.

Mag : Quel que soit le matériel, quel que soit le pays, quel que soit le logiciel.

Nico : Quel que soit le matériel, quel que soit le pays.

Manu : La destination, parce qu’il y a des logiciels qui bloquent. Je connais des environnements Java, par exemple, qui disent : « Non, non, vous n’avez pas le droit de m’utiliser quand vous faites du nucléaire. Vous faites de l’énergie nucléaire, vous n’avez pas le droit de m’utiliser. » Ce sont des restrictions qui sont assez fortes, eh bien ce ne sont pas des restrictions acceptables dans le logiciel libre.

Mag : Il me semblait même qu’il y a avait des logiciels qui ne marchaient pas si on était en Iran !

Nico : Normalement le logiciel doit pouvoir être utilisé par n’importe qui, n’importe où, n’importe quand, et sans restrictions du tout, sinon ce n’est pas un logiciel libre.

Manu : C’est la liberté 0, la liberté de base, dont on doit pouvoir tous bénéficier. Pas même besoin de payer pour utiliser une fois qu’on a le logiciel.

Mag : la liberté 1, c’est la liberté d’étudier, mais étudier quoi ?

Nico : Étudier, le logiciel, comment il fonctionne, donc ça nécessite d’avoir accès au code source. Comment est fait le logiciel, qu’est-ce qui tourne exactement sur la machine. Tout doit être public ; en fait on ne peut pas avoir de brique cachée. Les fabricants aiment beaucoup ça, en disant « non, ça c’est à nous, on ne vous dit pas comment ça marche, vous allez l’utiliser comme ça et puis c’est tout ; vous n’avez pas le droit de regarder comment ça marche dedans ou avec des contrats de non divulgation ou autres. » Mais là, du coup, vous avez le droit à tout et sans restrictions encore une fois.

Manu : Donc le liberté 1 c’est la liberté la plus appréciée de tous les profs et de tous les élèves du monde.

Nico : Ça devrait ! Malheureusement ce n’est pas trop le cas. Ils utilisent beaucoup d’outils sans savoir ce qui se passe dedans.

Manu : Pour le coup, attends, tu es en train d’éduquer de jeunes hommes, de jeunes êtres humains, tu as besoin de leur montrer comment ça marche, d’étudier le code source.

Mag : Des jeunes femmes aussi !

Manu : Des jeunes femmes. Malheureusement, en informatique, ça en manque, il faut toujours le rappeler, il faut plus d’équilibre sur les genres. Mais donc étudier, pouvoir creuser comment ça fonctionne, analyser, c’est une liberté fondamentale, donc c’est la liberté 1 et il y a plein de cas où ça manque ; ce n’est pas facile parce que, notamment, il faut avoir le code source.

Nico : C’est un peu la brique fondamentale. C’est vrai que des fois certains logiciels on pourrait savoir comment ils fonctionnent en regardant comment ils se comportent.

Manu : C’est de la rétro-ingénierie.

Nico : De la rétro-ingénierie ou juste de l’observation. On regarde, en gros, ce qu’on appelle les boites noires, on regarde comment ça va marcher : si on met en entrée, ça qu’est-ce qu’on a en sortie, et puis en essayent de deviner les comportements au milieu. Normalement ça c’est interdit par la plupart des logiciels propriétaires, on n’a pas le droit d’aller regarder, d’essayer de comprendre comment ça fonctionne. L’accès au code source permet d’éviter d’avoir à deviner comment ça fonctionne et d’être surtout sûr et certain qu’il n’y a pas d’autres choses dedans qu’on n’a pas pu observer. Par exemple sur les cartes graphiques, actuellement c’est comme ça que fonctionne la communauté du Libre. On envoie des images en entrée, on regarde comment ça s’affiche sur l’écran et on essaye de comprendre comment ça marche au milieu.

Manu : Ça n’a pas l’air simple !

Nico : Ça n’est pas simple et surtout, on n’a jamais la certitude. On ne peut pas tester toutes les images et toutes les combinaisons possibles et imaginables et donc on n’a jamais la certitude d’avoir réellement compris comment fonctionne le système. Alors que l’accès au code source c’est la vraie recette de cuisine de ce qui se passe dedans et donc du coup, on n’a pas de surprises et c’est si c’est écrit c’est comme ça que ça marche.

7’ 20

Manu : Le code source, n’empêche, c’est un truc un peu compliqué.