Décryptualité du 18 septembre 2017

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Titre : Décryptualité du 18 septembre 2017

Intervenants : Luc - Magali - Manu - Nico

Lieu : Studio d'enregistrement April

Date : Septembre 2017

Durée : 15 min 44

Écouter ou télécharger le podcast

Revue de presse de l'April pour la semaine 37 de l'année 2017

Licence de la transcription : Verbatim

Statut : Transcrit MO

Description

Cette semaine, à la suite de la fête de l’Humanité où l’April, Framasoft et Parinux étaient présentes, Décryptualité s’interroge sur la dimension politique de l’informatique libre.

Transcription

Luc : Décryptualité.

Nico : Le podcast qui décrypte l’actualité des libertés numériques.

Luc : Décryptualité. Bonjour Manu.

Manu : Salut Nico.

Luc : Salut Mag.

Magali : Salut Luc.

Luc : Manu, qu’est-ce que tu as retenu au niveau de la revue de presse cette semaine 37 ?

Manu : On a sept articles majeurs, sept sujets qui sont sortis et des choses intéressantes dans le lot, assez usuelles, mais ça démarre bien, une bonne année en perspective.

Nico : ZednetFrance,Charly Berthet du CNNum, « Quand Google vous recommande la mauvaise table basse, c’est pas très grave. Si la DGSI se trompe, ça a plus d’incidences ». C’est une interview, je suppose, menée par Guillaume Serries.

Manu : Ça parle des algorithmes. C’est très à la mode. On parle des algorithmes pour rentrer, après le lycée, dans les universités. Des algorithmes pour tout ; des algorithmes pour ci, pour ça. C’est vrai que quand c’est Google c’est une chose, mais si c’est le gouvernement, ça va devenir plus important.

Luc : The Conversation, « Les plates-formes d’innovation : des communautés porteuses de nouvelles relations de travail », un article de David W. Versailles.

Manu : Eh oui ! L’économie et l’innovation, eh bien le Libre, on a de l’importance là-dedans, ça se joue notamment dans les fab labs.

Luc : Radio-Canada, « Les appareils libres, pas si compliqués que ça », un article de la rédaction.

Manu : C’est une discussion hyper intéressante. Je vous recommande à tous d’aller jeter un œil. Ces Canadiens, en plus, c’est trop sympa d’entendre leur accent !

Manu : C’est moche de se moquer !

Luc : Il ne se moque pas. Si ? Non ? Bon !Numerama, « Une campagne veut rendre public le code source des logiciels financés par le contribuable », un article de Julien Lausson.

Manu : Oui. Je crois que c’est « Argent public ? Code public ! »

Nico : C’est ça.

Manu : Les Américains le font. On doit pouvoir le faire en France aussi, il n’y a pas de raison !

Luc : Alors pas qu’en France. C’est une initiative internationale. L’April en fait partie[1] et donc c’est très bien ! Developpez.com « Mozilla et la Free Software Foundation condamnent la réforme de l’UE sur le droit d’auteur », un article de Michael Guilloux.

Manu : Effectivement, il y a pas mal de choses qui sont en train de bouger. Au niveau du droit d’auteur, c’est le bordel ! Il faut s’y intéresser et il faut rentrer dans des associations pour venir se battre du bon côté de la loi.

Luc : Numerama, « Un singe photographe peut-il prétendre au droit d’auteur ? La justice ne tranchera pas », un article de Julien Lausson.

Manu : Ça, franchement, c’est une des meilleures photographies du millénaire et elle est prise par un singe ! Donc c’est encore mieux !

Luc : Et encore le millénaire ne fait que commencer ! On rappelle vite fait. En gros, il y a un type qui pose son appareil photo, un photographe, dans la nature et il y a un singe qui appuie sur le bouton et qui fait un autoportrait.

Manu : Qui vole l’appareil ! Il vole l’appareil, il se met en scène et il prend plusieurs photos de lui-même. Et les photos ont bien marché. Il les a rediffusées ; il les a vendues, le gars, et il y a des gens qui ont dit : « Eh bien non, ce ne sont pas tes photos à toi ! Ce n’est pas toi qui les as prises ! » Et donc, tribunal, tribunal, tribunal !

Magali : C’est un peu con ! Pour une fois qu’un singe fait un selfie !

Manu : Et un beau selfie ! Allez jeter un œil, honnêtement, ça vaut le coup !

Luc : La photo est très bien. ZDNet France, «  Oracle : vers une spin off de Java EE à la fondation Eclipse », un article de Steven J. Vaughan-Nichols.

Manu : C’est un sujet important pour les informaticiens et notamment ceux qui font du Java, comme moi, mais c’est la partie entreprise de Java. Donc Java, langage de programmation, c’est quelque chose d’assez majeur dans nos environnements. Et ça veut dire que Oracle, qui n’est pourtant pas une entreprise très cool, se débarrasse d’une brique assez importante.

Luc : Cette semaine notre sujet, encore une fois, ne sera pas vraiment lié à la revue de presse ou pas directement, un petit peu. Magali tu as eu un week-end bien rempli.

Magali : Oui. J’ai passé trois jours à tenir les stands de Framasoft[2], Parinux[3] et April à la fête de l’Huma. Donc fête de l’Huma, grosse fête, avec des concerts, des stands, de la nourriture, un Village du livre, des éditeurs, des touristes.

Luc : On sent que tu as la voix un peu fatiguée, quoi !

Magali : Mais pas du tout ! Je ne vois pas ce qui te fait dire ça ! Bref ! On y était et on s’est bien amusés.

Luc : Du coup, l’informatique libre c’est un truc de communistes quoi ! Vous avez le couteau entre les dents ?

Magali : On n’a pas de couteau entre les dents, on a des claviers au bout des doigts, et je ne suis pas sûre qu’on puisse vraiment dire que le logiciel libre c’est communiste, puisque pour moi, le logiciel libre ça ne devrait pas avoir de parti politique puisque ça concerne tout le monde.

Manu : C’est vrai que c’est un vieux sujet. C’est le troll par excellence. Dans les associations on le voit venir. Il y a des gens qui sont dans des partis, régulièrement, et qui défendent des ambitions, vraiment des visions. Moi, régulièrement, je vois des gens je me dis, lui c’est un trotskiste, c’est un cryptocommuniste qui se cache et qui essaye de faire avancer son parti. Et je me pose toujours la question, effectivement, est-ce que le logiciel libre c’est partisan ?

Luc : Oui. La question c’est quel lien avec la politique ? Surtout qu’on en parle quand même pas mal dans notre podcast et l’April, notamment, fait du travail institutionnel.

Magali : Oui. Mais si on revient à la base du terme politique, politique c’était la vie de la cité ; ce ne sont pas les partis politiques comme on entend parler maintenant.

Manu : Politique, c’est aussi choisir ce que l’on veut devenir. Et le logiciel libre c’est un choix parmi d’autres. C’est juste que ce choix-là, nous on le défend et on est assez derrière. Mais ça n’empêche que les partis politiques ont une importance et ils jouent un jeu.

Nico : Surtout qu’on a besoin d’eux pour faire passer des amendements, des lois ou autres. Aujourd’hui on ne peut pas prendre une décision, comme ça, sans passer par l’Assemblée nationale ou le Sénat. On a quand même besoin d'aller faire ce qu’on appelle de l’advocacy ou du plaidoyer auprès des différents partis qui existent.

Manu : Parce que lobbying ce n’est pas beau, c’est ça ? C’est ça ?

Nico : Lobbying, c’est un peu connoté ; on n’aime pas trop ce terme-là parce que ça rappelle un peu les lobbies pharmaceutiques ou de l’industrie du tabac, ou des trucs comme ça, qui œuvrent plutôt pour les biens, enfin pour le bien personnel ou des entreprises.

Luc : Des intérêts privés.

Nico : Ou Des intérêts privés. Alors que le logiciel libre, ce sont des choix de société, ce sont vraiment des intérêts communs.

Luc : Intérêt général.

Nico : Et l’intérêt général.

Manu : Intérêt commun, tu es communiste mon gars ! Fais gaffe !

Nico : C’est vrai que ça se rapproche beaucoup du communisme ou de tout partager ou autre.

Manu : Le mot et la définition, mais il y a plein de gens qui sont des pontes du logiciel libre, qui défendent le fait que non, ils ne sont pas communistes. Ils le sont parfois !

Nico : De toutes façons, il y en a, ils détestent les communistes. Et puis on a des partis politiques de tous bords. On a eu, effectivement, la gauche qui va plutôt être intéressée par les idées parce que c’est beaucoup plus proche de ce qu’eux défendent généralement. On a aussi des partis de droite, ou même, aujourd’hui maintenant, la République en marche qui s’intéresse à ces sujets-là, pour différentes causes, différentes raisons.

Luc : Je ne sais pas si le parti s’y intéresse ; en tout cas des gens du parti s’y intéressent.

Nico : Des gens du parti. Voilà !

Luc : C’est effectivement quelque chose ! Sur les partis, on a des gens d’horizons très différents. Donc les communistes, très clairement et on sait que ce Village numérique – ce n’est pas que le Libre, mais le Libre a une très grosse place dessus – il y a des gens qui se battent vraiment parce que, pendant plusieurs années, il n’a pu se faire, il n’y avait pas les budgets. On a, à l’opposé, peut-être pas si à l’opposé que ça, mais du côté des nationalistes, le logiciel libre c’est aussi une manière de s’assurer qu’on ait la maîtrise de notre outil ; il y a une idée d’autonomie, d’indépendance.

Manu : Les souverainistes apprécient énormément le logiciel libre parce que c’est le moyen de récupérer chez soi quelque chose, de l’utiliser. Et ce n’est pas quelque chose qui nous renferme parce que ça vient de partout. Et je sais, notamment Nicolas Dupont-Aignan était venu à des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre, notamment à une table ronde.

Luc : On ne dit pas « Dupont Taignan » ?

Manu : C’est possible !

Luc : Non, je ne sais pas !

Manu : Il faudrait que tu lui demandes, mais le gars c’est un souverainiste, un pur, un dur, et il défend aussi ce genre d’idée-là, en tout cas c’est ce qu’il prêche.

Luc : On a vu un certain nombre de libéraux, mais des vrais libéraux purs et durs, qui n’ont pas une force politique très forte en France, mais qui disent que le logiciel libre c’est le libéralisme en marche et donc, du coup, c’est assez rigolo de voir qu’on a ça.

Magali : Moi, je me souviens de candidats qui avaient signé le Pacte du logiciel libre[4] de l’April, qui venaient de tous bords ; des gauchistes, des centristes des...

Manu : Le FN avait voté.

Magali : Le FN. Des gens de droite et compagnie. On ne peut pas dire que le logiciel libre appartient à un parti.

Manu : Après, il y a des partis qui sont quand même en pointe. On pourrait dire que les Verts, clairement, ils avancent énormément en faveur du logiciel libre.

Luc : Il y a les Anars aussi qui, évidemment, ne se présentent pas aux élections.

Manu : Voilà ! Oui, mais qu’est-ce que tu veux !

Luc : Je connais un certain nombre d’anarchistes qui disent : « Le logiciel libre c’est l’anarchie mise en application ». Et donc c’est rigolo de voir comment des gens très différents...

Magali : Si tu vas par là, Manu, il y a aussi tout le Parti Pirate. Aux dernières campagnes, campagne.fr, ils ont tous signé !

Manu : Mais le Parti Pirate. C’est quoi le Parti Pirate ? Allez, vas-y ! C’est quoi le Parti Pirate ?

Luc : Avant de parler du Parti Pirate, je voudrais quand même remarquer qu’on a des personnalités dans les partis politiques qui s’intéressent au Libre. Les Verts ont plus ou moins pris effectivement, essayé de prendre un tournant pro-libre, mais vraiment au niveau du parti ; ça n’a pas jamais vraiment fonctionné et aujourd’hui il n’y a aucun parti sauf le Parti Pirate, mais qui est extrêmement minoritaire, qui ait un vrai engagement structurel, réfléchi, collectif vers le logiciel libre.

Magali : Il y a Nouvelle Donne aussi qui a cette réflexion-là.

Luc : Nouvelle Donne à l’heure actuelle. Ouais !

Manu : Le Parti Pirate, ils ont quelques représentants au Parlement européen. Je crois qu’en Islande ils ont des gens qui sont assez bien situés. En Allemagne ils sont bien situés.

Nico : Islande et Allemagne, c’est surtout parti de là-bas.

Manu : À la base, les Scandinaves aussi avaient pas mal de gars importants qui étaient au Parlement. Donc le Parti Pirate ce n’est pas rien en Europe ; mais effectivement, en France, ils ont toujours été un peu figure étrange.

8’ 13

Luc : En France on a souvent parlé, dans notre podcast, des soutiens qu’on avait à l’Assemblée nationale. Notre dernier soutien en date c’était Isabelle Attard, qu’on a encensée, dont on a dit énormément de bien.

[Lamentations]

Nico : Mais elle est partie, malheureusement !

Luc : Elle est partie, ou en tout cas elle n’a pas été réélue. Il y en avait d’autres.

Nico : Lionel Tardy ou Laure de la Raudière.

Luc : Tardy, il était PS ?

Magali : Tardy était républicain.

Nico : Tardy était républicain et la Raudière UMP aussi, à l’époque.

Luc : ° l'époque. Donc ça montre bien qu’on a des gens qui peuvent être pro-libres et qui connaissent le sujet.

Manu : Et qui maîtrisaient super bien. Ils avançaient vraiment de manière intelligente.

Luc : Ces trois-là ont dégagé, donc ils ne sont plus élus [Laure de la Raudière est encore députée LC, NdT]. Avant ça on avait également Martine Billard qui était une verte et qui s’était battue férocement contre la loi DADVSI [HADOPI, NdT] avec le soutien de la communauté ; c’était vraiment un super exemple de démocratie directe. Aujourd’hui on a une nouvelle députée.

Manu : Paula Forteza.

Magali : C’est une députée des départements d’outre-mer ou de territoires d’outre-mer [Paula Forteza est députée des Français établis hors de France, NdT]. Enfin bref ! Une des deux députées. Malheureusement elle est très occupée en ce moment à cause de Irma qui a dévasté Saint Barthélémy et Saint Martin, mais elle, elle s’y connaît en logiciel libre. Elle vient d’Etalab[5], donc ce service du gouvernement qui met en place des logiciels et des services informatiques et donc elle est bien conseillée et elle s’y connaît.

Luc : Ce sera probablement la personne dont on parlera régulièrement. Elle fait des miracles, puisqu’elle vient d’outre-mer à pied, puisque c’est une députée En Marche ! Donc elle marche sur l’eau !

Manu : Ça, ça va être beau, il faudra lui mettre ça sur un site quelque part, elle pourrait apprécier ! On a dû la voir parce qu’elle est venue à des soirées de contribution au logiciel libre à Paris ; donc nécessairement on a dû la croiser, mais à l’époque elle n’était pas députée.

Luc : On se rappelle qu’il y a eu dans la législation précédente des gens, même au gouvernement, qui ont essayé de se bouger. Fleur Pellerin a essayé de faire des choses. Axelle Lemaire a essayé de faire des trucs.

Manu : Rappelons Ayrault. Ayrault, Premier ministre, avait fait quelque chose de génial. Il avait fait toute une directive, énorme.

Luc : Qui disait juste qu’il fallait le considérer à égalité avec le propriétaire.

Nico : Il y a eu aussi des amendements pour le Libre dans l’Éducation nationale qui avaient été aussi passés.

Magali : On n’a pas chopé la priorité, on a chopé l’encouragement ! Youhou [ironique] !

Luc : Mais alors de fait, pour avoir discuté avec un des adhérents April que je connais bien et qui travaille dans l’Éducation nationale sur la partie informatique, il disait que la circulaire Ayrault[6], aussi neutre soit-elle, elle dit simplement « il faut les considérer à égalité », lui avait permis, lui, de pousser du Libre dans son boulot en se justifiant auprès de sa hiérarchie qui s’est dit bon, je ne me ferai pas taper sur les doigts parce qu’il y a la circulaire Ayrault. Même des petits trucs comme ça font la différence pour tous les soutiens du logiciel libre qui sont un peu partout.

Nico : C’est sûr que c’est toujours mieux que rien, mais on aimerait quand même avoir des avis et des positions plus tranchés et vraiment avoir des coups de collier sur le sujet plutôt que d’avoir des offres Open Bar Microsoft/Défense ou Open Bar/Éducation nationale.

Magali : Tu es déprimant quand tu parles !

Manu : Et la Culture. Je crois qu’ils en parlaient aussi pour la Culture.

Nico : Et la Culture aussi. Il y avait aussi les Hôpitaux de Paris, enfin il y a pas mal de trucs comme ça qui sont dans domaine de la santé et on aimerait bien, plutôt que d’avoir juste des encouragements ou des choses comme ça, d’avoir des vraies actions en pratique.

Luc : Au registre des mauvaises nouvelles et dans les trucs un peu plus récents, il y a nos amis de Regards citoyens[7], on rappelle ils ont fait NosDéputés.fr[8] qui est un site où on peut voir en graphique l’activité des députés. Ils ont été reçus par les questeurs de l’Assemblée nationale, donc ce sont des députés à qui on a donné la mission, en gros, de gérer le tout-venant et voilà. Et en gros, les questeurs leur ont dit : « Fermez votre site, en disant, il ne rend pas fidèlement compte de l’activité de nos députés, il y a plein de choses qui n’apparaissent pas sur le site. » Et du coup, il y a des députés qui se font taper sur les doigts parce que les gens vont sur NosDéputés.fr et disent : « Vous ne faites rien », mais ils font des trucs qui ne sont pas visibles dessus.

Magali : Après, effectivement, si les députés ne sont pas dans l’hémicycle en train de voter des lois, l’excuse c’est parce qu’ils sont en commission. Moi, j’aurais tendance à leur dire, plutôt que de fermer le site, quand les députés sont en commission, quand ils sont actifs, eh bien montrez-le, dites-le !

Luc : Plus de transparence.

Magali : Faites de l’open data.

Magali : Soyez plus transparents à ce niveau-là. Et comme ça, Regards citoyens, eh bien ils feront leur taf et ils mettront ce genre d’informations-là. Le souci c’est est-ce qu’ils sont vraiment en commission ces députés ? Moi, tant que je n’ai pas la preuve, je n’y crois pas !

Manu : Tu as raison, il faut vérifier pour avoir confiance. À un moment donné, il faut vérifier. Et l’open data, la France est en pointe dans le monde. Eh bien il faut utiliser ce genre de choses, les distribuer, les transmettre. Etalab a fait des choses magnifiques là-dessus. La France, on a dirigé des commissions internationales sur l’open data ; il y a des choses à mettre en avant.

Magali : Et puisque tu parles d’open data et d’Etalab, ça me fait penser à cette association qui a ouvert il y a quelques mois, qui s’appelle Ouvre-boite[9] ; elle a décidé d’ouvrir le code et les données. C’est-à-dire que quand tu tombes sur une administration qui se vante d’avoir des données pas ouvertes, eh bien ils leur demandent de les ouvrir ! Et si l’administration ne répond pas, eh bien ils font des demandes CADA. Et c’est comme ça que là, ils ont récupéré tout le cadastre français.

Manu : CADA, cadastre non ? Ça veut dire quoi CADA ?

Nico : CADA c’est la Commission d’Accès aux Documents Administratifs et, en gros, normalement tous les documents publics doivent être publics. Et donc, on doit d’abord aller demander à l’administration en question « donne-moi tes données » et si elle ne répond pas, on peut saisir la CADA qui forcera, qui déjà rendra un avis pour forcer l’administration en question à publier les données.

Manu : Ils doivent être détestés par les administrations, mais ça peut être pratique pour les citoyens.

Nico : C’est comme ça qu’on avait eu le code source des impôts et d’autres, accès sur l’Open Bar Microsoft/Défense. On arrive à récupérer des infos comme ça, parce que sinon !

Magali : Le bac aussi.

Nico : Le bac.

Luc : Question pour revenir à la politique politicienne : pourquoi il n’y a pas de candidats du logiciel libre ? Une association comme l’April, qui fait du travail institutionnel, pourrait dire : « Nous on présente un candidat et c’est le candidat du logiciel libre. »

Nico : Il y a eu peut-être un peu ça avec le Parti pirate, il y a quelques années, parce que ça s’était fondé un peu comme ça, de dire on va tout libérer, on va utiliser des outils libres et autres.

Manu : Ils étaient beaucoup sur le droit d’auteur.

Nico : Sur le droit d’auteur, mais ils avaient une politique très libre. Ça a surtout pris en Finlande, Suède et Allemagne. Mais malheureusement pas en France !

Luc : Et encore, j’ai lu que ça avait tendance à reculer même en Allemagne !

Nico : Maintenant ça recule, mais voilà !

Magali : Attendez ! C’est ridicule ! On ne va pas voter pour quelqu’un qui a juste, dans son programme politique, des logiciels libres. C’est un peu léger comme programme !

Nico : Ils avaient plus que ça ; ils avaient tout un programme autour et une manière de gérer la démocratie, mais aujourd’hui ça ne plaît pas trop aux autres partis parce que ça les gêne !

Luc : Aussi par rapport à ce qu’on a dit. On a dit que le logiciel libre a cet avantage de rameuter énormément de gens qui ont des convictions radicalement opposées, mais qui se retrouvent quand même autour du logiciel libre.

Manu : Oui. Ça va des souverainistes aux communistes !

Luc : Du coup, je pense que soit, effectivement, on a un candidat dont le programme est microscopique par rapport à l’ensemble des enjeux, ou, effectivement, on a un Parti Pirate qui a toute une série de valeurs, mais du coup, eh bien tous les gens qui sont plutôt à droite, plutôt à gauche, etc., ne veulent pas se retrouver dans ce parti-là.

Manu : J’avais entendu dire, il y avait un seul mouvement politique, on pourrait dire, qui n’aimait pas le logiciel libre, au final.

Luc : Les conservateurs ; enfin ce sont les seuls qui n’ont jamais vraiment roulé et encore on a des gens de droite, Tardy, etc.

Manu : Il faut croire que ce n’étaient pas des conservateurs, c’étaient des progressistes, peut-être à leur manière !

[Rires]

Luc : Passer au Libre ça demande du boulot ; ça demande de la volonté ; ça demande de se faire du mal parce qu’on n’est pas dans une démarche de consommation en se disant « je vais prendre une solution pour régler mon problème ». On est dans une démarche de maîtriser son outil et aujourd’hui le grand public est complètement là-dedans avec les téléphones portables, toutes nos vies sont là-dessus. Et moi, j’ai l’impression que de la même façon que l’État et l’administration auraient besoin de faire des efforts et d’investir et de se faire violence pour progresser, les particuliers sont dans cette même démarche.

Nico : Et après, il y a aussi les ennemis en face, on va dire, Microsoft, Google, Amazon, qui ont des gros moyens, des gros pouvoirs et autres, qui font du chantage à l’emploi, qui arrosent de pots-de-vin partout, et c’est très difficile d’aller contre eux.

Magali : J’ai une chiffre, une enquête statistique[10] qui a été faite et donc sur trois ans, Microsoft et Google ont dépensé 4,5 millions d’euros [Budget annuel consacré aux activités de lobbying, NdT] pour faire du lobbying auprès des députés européens !

Luc : Et donc ça prouve bien qu’il y a des vrais antagonismes là-dessus et c’est pour ça que ce qu’on fait c’est, oui, de la politique.

Nico : Dans le sens noble du terme, en tout cas.

Luc : De la bonne politique, je trouve. Non ? Si ? Bon ! Vous êtes d’accord avec moi ! On se retrouve la semaine prochaine.

Manu : À la semaine prochaine !

Magali : Salut !

Nico : Bonne semaine à tous.