Décryptualité - Fablab : quand la maîtrise de la technologie alimente notre créativité et nous donne du pouvoir sur nos vies

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Titre : Décryptualité - Fablab : quand la maîtrise de la technologie alimente notre créativité et nous donne du pouvoir sur nos vies

Intervenant :

Lieu :

Date : 8 octobre 2018

Durée : xxmnxxs

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00'00" transcription HlnBo

"Décryptualité, le podcast qui décrypte l'actualité des libertés numériques"

LUC – Semaine 40 ! Salut Manu... MANU – Salut Mag ! MAGALI – Salut Téo ! TÉO – Salut Luc !


LUC? – Bon eh bien ce soir, on est nombreux... Donc Téo, tu es de passage... Donc sois le bienvenu. TÉO — Merci, bonjour. LUC? – Tu as fait plein de choses. Tu es... ah ! Surprise ! ... dans l'informatique (léger rire) et tu étais notamment actif à April. Et Magali, qu'on n'a pas eu depuis un petit moment aussi donc... MAGALI – Vous me manquez ! LUC? – Voilà... Donc, qu'a-t-on au sommaire ? Petite revue de presse : 4 articles principaux ? MAGALI – Oui mais des beaux articles. Alors ! La Gazette.fr, Open Data, le Mouvement qui s'enclenche et [??????] par Romain Mazon.

LUC? – Donc l'open data, c'est le fait que les administrations, notamment, ouvrent les données qu'elles ont en interne pour les citoyens, la France et les entreprises notamment et en ressortir plein de services et d'outils qui peuvent être utiles par dessus. Donc c'est un mouvement qui est en place et qui est favorisé, qui est encouragé par les gens qui sont au Gouvernement. Xxx – Il y a quelques personnes qui en parlent notamment dans l'article. TÉO? - Axelle Lemaire, elle n'est plus au Gouvernement ? LUC? – Exactement, elle était au Gouvernement et c'est vrai qu'elle était assez importante dans ce mouvement d'Open Data, donc des choses assez positives et assez sympathiques puisque Open Data c'est très proche du monde [du logiciel??]. TÉO? - C'est elle qui avait poussé la loi sur le numérique et donc c'est à ce titre-là qu'elle s'exprime, je pense.

MAGALI – Alors... Techniques de l'ingénieur : "L'État explique comment se passer des GAFAM", par Philippe Richard... LUC? – Donc les GAFAM ! C'est : MAGALI – Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft. LUC? – Et donc là, l'État eh bien... se rend compte en quelques sortes (léger rire) qu'il y a un souci à juste discuter et juste travailler avec ces grosses entreprises multinationales, elles sont parfois tellement grosses qu'elles dominent les institutions. Et donc là, malgré tout ce qu'on voit qui se passe dans les ministères ... TÉO? - ... avec les accords open bar Microsoft - Défense... LUC? – Exactement ! TÉO? - ... Les accords Microsoft - Éducation Nationale... LUC? – Donc des trucs qui nous dégoûtent bien... En fait l'État est déjà bien trempé avec les GAFAM, bien mouillé dans les GAFAM, mais il discute du fait [d']en ressortir, il voit bien qu'il y a un gros problème avec tout ça. MAGALI – Et dans cet article, il nous donne même une liste de solutions alternatives donc c'est pas mal !


MAGALI – Article suivant : lemonde.fr : "La Californie réinstaure la neutralité du net, l'État fédéral l'attaque en justice" LUC? – Alors la neutralité du net, c'est un sujet difficile ? MANU (?) – Sémantiquement, c'est assez difficile de défendre la neutralité du net parce que la neutralité c'est quelque chose quand même d'assez mou, alors que tu dis : "Je vais défendre (je sais pas...) quelque chose de positif, je vais défendre les opprimés dans la rue, ça, ça parle, mais dire "Je défends la neutralité, je défends un truc..." (Son de bouche pour "ne sais pas") ça parle très peu au grand public. LUC? – Oui, c'est hyper technique hein... MANU (?) – On est beaucoup partis là-dessus dès le début et maintenant c'est un peu dur de faire demi-tour, mais c'est vrai que c'est peut-être pas le terme le plus adéquat. Beaucoup font la remarque mais c'est pas facile non plus de changer de bord... LUC? – Alors c'est un truc que certains défendent quand même parce que c'est attaqué aux États-Unis, notamment l'administration de Trump a annulé tous les décrets, les lois, les règlements qui permettaient d'avoir une neutralité du net, donc en gros, le facteur ne pouvait pas lire vos lettres : c'est ce qui se passait d'un point de vue technique. Eh bien l'État de Californie, lui, veut réinstaurer ça et il a du mal parce que l'État fédéral n'est pas d'accord, donc là, ils vont aller au tribunal.

03'16" transcription HlnBo

MAGALI – Le dernier article : Les frontaliers : "Fablab : qu'est-ce que c'est ?" par la rédaction LUC? – Alors c'est un bon sujet ! Et je propose qu'on parle de cela et de contribution mais de manière plus générale parce que les fablabs, c'est pas la première fois qu'on a le sujet sous la dent, mais la contribution d'une manière générale c'est quelque chose qu'on peut croquer parce que c'est quelque chose de bon. TÉO? - Oui, alors si on parle des fablabs, les fablabs c'est les "Fabrication Laboratories"... LUC? – T'es sûr que c'est pas "Fabulous" !? C'était p'têt' fabulous à l'origine... (Rires) C'est fabuleux !!! TÉO? - C'est fabuleux mais c'est d'abord la question de fabrication et donc l'idée c'est un truc qui vient des États-Unis, du MIT. Et donc c'était de mettre en place des lieux, dans lesquels les gens, grand public ou autres, puissent venir bricoler et avec du matériel moderne et notamment des imprimantes 3D, de la découpe numérique, de l'électronique avec des cartes programmables, des petits ordinateurs, pour faire tout ce qu'ils veulent. Donc ce sont des lieux d'auto-apprentissage où on va débarquer, il y a des gens qui peuvent nous donner des billes, on peut partager, mais l'idée c'est de se faire les dents soi-même et de se dépatouiller, de trouver des solutions et d'apprendre. MAGALI – Après, les fablabs ça a pas mal évolué parce que moi j'en ai testés plusieurs où on travaillait aussi avec du tissu, on apprenait aux gens à coudre, à réparer les affaires... TÉO? - On peut faire tout ce qu'on veut, il y a des gens qui font de l'électronique, il y a des gens qui vont construire des objets et la couture en fait partie. Il peut également y avoir des machines à faire de la broderie par exemple, on va rejoindre le domaine du numérique mais dans la couture. MANU (?) – Donc c'est pas forcément limité à un univers geek, à faire des impressions en 3D de matériel ou du hacking de microprocesseur ou des trucs comme ça... TÉO? - Non et de fait on trouve des gens qui vont être dans la technique, on va trouver des gens qui sont dans le design ou dans les arts, on trouve des gens qui sont dans les problématiques de réparation par exemple, qui ont un côté plutôt bricolo, il y a des notions de repair café [---mot ?] LUC? – Oui qui marchent assez bien, il y a des étudiants et des entrepreneurs ? TÉO? - Oui, il y a des gens qui sont là pour faire leurs protos, il y a des étudiants qui sont là pour leur projet d'étude, il y a un peu de tout et c'est un monde assez riche, chacun vient avec ses envies, ses projets et voilà. LUC? – Alors, il y avait pas une petite discussion entre fablabs et hacker-spaces ? Parce que les hacker-spaces, c'est aussi des endroits qui sont parfois un peu moins bien agencés on va dire, qui ont un peu moins de matos mais qui sont bourrés de créativité, parce qu'il y a des gens qui se réunissent et qui viennent, eh ben, hacker donc travailler sur de l'existant ou construire de nouvelles choses, mais ils ont pas forcément tout ce matos. TÉO? - Oui alors un fablab, ça répond à un cahier des charges précis, c'est à dire que si tu veux mettre l'étiquette fablab, tu dois avoir certains matériels, notamment une découpeuse laser qui coûte très cher... LUC? – ... et que t'adores... TÉO? - ... qui est géniale, mais de fait il y a une définition très claire de ce que c'est un fablab. Il y a plein de gens qui se disent fablabs mais qui n'en sont pas réellement. MANU ? – Alors que hackerspace, ça a l'air d'être plus un truc qu'on peut faire dans une cave, avec du matériel de récup', on en a rencontrés, on en a fréquentés, c'était un peu plus mouvant comme désignation. LUC? – Oui y avait ce côté un peu créatif que j'aime, ... j'apprécie ! TÉO? - Alors moi je maîtrise pas vraiment les hackerspaces, j'en ai fréquentés quelques uns mais c'est un terme un peu liquide, un peu malléable que je maîtrise pas, mais pour avoir fait quelques CCC tout ça... LUC? – Donc c'est le "Chaos Computer Club" en Allemagne... TÉO? - Oui pardon, le plus grand rassemblement de hackers – au sens 1er du terme hacker – d'Europe. C'est très concentré d'informaticiens et de gens plutôt techniques mais l'accent a quand même été mis sur une diversité de bidouilleurs, pas forcément dans l'informatique, tu parlais de broderie, moi j'ai vu des gens qui hackaient des machines à faire du tricot, on pouvait leur filer une image png, la machine elle te sortait une écharpe ou n'importe quoi avec ce logo... LUC? – Les machines à tricoter, c'étaient les premières machines programmées en Europe. TÉO? - Ouais ben voilà, bon là c'était un peu re-hacké par derrière et ça donne des trucs incroyables et c'est pas forcément de l'informatique premièrement. Évidemment il y en a un petit peu. Il y a toutes sortes de trucs : y avait des mecs avec des délires sur des répartitions de poids physiques et tout ça, enfin c'est très très amusant ! C'est beaucoup moins informatique que ce que je pensais avant d'y aller.

06'53" transcription HlnBo

LUC? – Dans tous les cas – tu me corrigeras par rapport au CCC peut-être – j'ai l'impression qu'il y a ce travail de réappropriation, de reprendre des choses auxquelles on n'avait pas accès. On n'avait pas accès en tant que citoyens à des machines industrielles qui permettent de faire des découpes hyper pointues, ou à des imprimantes 3D ; on n'avait pas accès à de la programmation de couture ; des outils qui sont d'habitude inaccessibles et cachés, et aujourd'hui, maintenant, ça s'ouvre et on encourage les gens à venir avec leur matos à réparer, avec leurs idées à construire. Si vous voulez faire du prototypage, eh bien on peut le faire en informatique, mais on peut aussi le faire dans le monde physique, dans le monde réel avec tous ces nouveaux outils qui se mettent en place. TÉO? - Dans le sens de la réappropriation, se réapproprier aussi les choses qui sont à nous. Il y a eu une grosse levée de boucliers quand il y a eu le premier iPhone, et puis maintenant les autres s'y mettent aussi, c'était... le slogan, je l'ai oublié... c'était : "Si c'est des vis, c'est pas de la colle". Le téléphone ne doit pas être collé, il doit être vissé, on doit pouvoir l'ouvrir, on doit pouvoir regarder ce qu'il y a dedans. Maintenant, tous les téléphones prennent la logique inverse, c'est à dire que tu mets une SIM très difficilement avec une aiguille ou chais pas quoi et la batterie, si elle est morte, tu changes de téléphone. Pareil, si l'appareil photo frontal est mort, ton téléphone, soit tu le changes, soit tu l'as à moitié de capacité. Faut regarder aussi le nombre de [personnes] qui ont un écran cassé qui le changent pas, parce que soit ils ont pas la connaissance, soit c'est trop compliqué, soit c'est trop cher, soit faut tout changer... alors qu'en fait, il existe des produits sur le marché qui vendent des pièces détachées très faciles qui sont modifiables facilement, soit soi-même, soit on peut trouver quelqu'un qui le fait pour pas cher vu que c'est ouvert par design, et les pièces sont facilement trouvables. MAGALI – Alors petite anecdote : j'ai cassé mon téléphone dernièrement justement... LUC? – Bouh... TÉO? - Moi aussi. MAGALI – ... le fameux écran et c'est vrai que... ben... première réflexion que je me suis dite, c'est : "Je vais m'en acheter un autre..." Et puis là je me suis dit : "Non non, soyons écolo ! Je vais aller le faire réparer." Et donc je suis allée le faire réparer et chuis allée dans plusieurs magasins parce que j'aime bien comparer, et chuis passée de la réparation à 150, 120, 100, 70... finalement 50. Donc j'étais toute contente hein ! J'ai commandé mon nouvel écran, et puis quand le bon matériel est enfin arrivé, eh ben le gars il a réparé ça, il a fait ça en 25 minutes et donc j'ai payé mes 50 euros. Mais c'est vrai que le premier prix qu'on m'avait donné, c'était 150 euros, pour 150 euros, il y a plein d'autres téléphones tout neufs. Et des fois on se dit : "C'est peut-être moins cher d'en acheter un neuf que de le faire réparer." Alors je suis allée voir sur internet les tutoriels, je me suis rendue compte, en fait pour quelqu'un de compétent et de bricoleur... LUC? – ... et de motivé ! MAGALI – ... c'est à dire tout sauf moi, ben là c'était facile à réparer, et j'ai pris la décision d'aller faire réparer mon téléphone qui est extraordinaire.

09'15" transcription HlnBo

LUC? – C'est vrai que ce problème-là existe de la même manière [mais] avec des ... tracteurs ! (Rires) Aux États-Unis... (Oui ça paraît étrange...) Aux États-Unis, les constructeurs, les fabricants, essaient d'empêcher les gens d'ouvrir et de réparer eux-mêmes. C'est interdit et c'est dans les lois. Il y a des gens qui se battent pour le droit de la réparation. TÉO? - Oui et puis y'a des contrats de maintenance et y'a du matériel qui est justement fait pour ne pas être réparé. Ou alors pour être réparé – on a le même truc dans l'automobile hein – avec des clés spéciales avec des malettes. Voilà, ça, ça fait partie de ce business où on va enfermer les utilisateurs, c'est pas un truc qui est lié à l'informatique. Effectivement, avec toute cette logique qu'on a dans les Fablabs y'a cette idée de pouvoir être maître... si vous voulez... ça donne aussi accès à des outils qui sont des outils modernes. Donc la découpe numérique, l'impression 3D, c'est des outils qui existaient pas avant et on peut faire plein de choses et du coup on se retrouve à être dans des logiques très différentes de celle qu'on connaît habituellement, qui est de sortir du produit standardisé. C'est à dire qu'aujourd'hui, on navigue dans un univers où tout est avec des formes standardisées, où on achète le produit de base. L'iPhone, ça marche là-dessus mais... LUC? – On peut personnaliser un peu, mais il y a des limites. TÉO? - Voilà, Apple c'était "Think different – Pensez différemment" mais achetez tous le même produit et comme c'est cher, on est dans l'élite qui a le meilleur téléphone. Tout ça reste quand même dans le système standardisé où tout le monde a le même produit et tout le monde est censé l'utiliser de la même façon. Et dans la façon dont ces vendeurs de matériel fonctionnent, c'est qu'ils veulent un usage unique, ils vendent un logiciel, ils vendent un produit quelconque, et ils te limitent, ils te disent : "C'est comme ça que les gens sont censés l'utiliser." Et dès qu'on/que les gens l'utilisent d'une autre façon, ils vont les bloquer, ils ont pas le droit de faire ceci, ils ont pas le droit de faire cela... LUC? – Ils transforment en brique hein, tu te rappelles ? TÉO? - Voilà. Tout ça, quand on commence à bricoler avec ses outils pour soi-même, on se met à faire des choses qui sont pile poil par rapport à notre besoin. Et du coup on commence à se sortir de cette logique standardisée. Je fais un truc, mon espace il est grand comme ça, j'ai 24 cm dans ma cuisine pour faire un truc dans lequel je voudrais mettre mes couverts... Ben mon truc à couverts, que je peux acheter dans mon magasin, il fait pas 24 cm : soit il en fait 12 et c'est trop petit, soit il en fait 26 et c'est trop gros. Eh bien je peux remplir pile poil mon petit espace dans ma cuisine par exemple, un exemple tout bête. Et ça c'est un premier pas qui permet de vraiment changer sa vision des choses ! Et que je trouve assez intéressant, et qui peut être vraiment un changement de perspective intéressant pour l'avenir. Et ce que je trouve intéressant par rapport à ce truc-là, c'est que quand on travaille sur son projet, qu'on a un truc personnalisé, ça prend du temps, éventuellement on le partage avec des gens et c'est finalement une expérience très très riche, beaucoup plus enrichissante que d'aller s'acheter le dernier téléphone à la mode qui coûte une fortune. Et du coup, on consomme moins. MAGALI – En fait, c'est une autre manière de consommer. On fait le choix de soit réparer, soit fabriquer soi-même.

11'41" transcription HlnBo

MAGALI – J'ai une autre alternative du consommer autrement qu'en achetant du neuf, c'est d'aller chez Emmaüs. Alors moi j'ai une petite librairie, chuis en association avec une entité qui s'appelle Amistocks qui fait de la réinsertion professionnelle. C'est à dire que les gens amènent des objets chez moi, Amistocks fait travailler des gens à venir chercher ces objets-là, les ramènent dans un local, les réparent, les nettoient et ensuite les donnent à Emmaüs pour qu'Emmaüs les vende. Et nous, en tant qu'acheteurs, on peut aller chez Emmaüs pour aller récupérer ces objets-là et leur donner une 2e voire une 3e vie pour certains objets. Ce qui est amusant, c'est que certains objets qu'on récupère desfois sont quasiment neufs, quasiment pas abîmés et donc c'est dommage de s'en débarrasser, de les mettre à la poubelle. Cette alternative-là de les donner pour être consommés par d'autres personnes, je trouve que c'est très écologique en fait. TÉO? - Oui et puis c'est aussi une vision de la consommation différente. Il y a des gens qui continueront à consommer vite et à vouloir le dernier produit à la mode... LUC? – ... et à jeter hein ! TÉO? - ... et à jeter, mais on peut avoir une vie pour ces trucs-là derrière et effectivement, c'est pas parce que certaines personnes fonctionnent comme ça que derrière on peut pas [??expl--?]... MANU? – Après c'est pas forcément jeter. Il y a le pendant compulsif du "Je consomme et après je stocke, j'en ai plein dans le grenier, plein dans la cave et tout ça !" (Rires) LUC? – Y'a un nom pour ça je crois oui... MANU? – Oui... "Parce que, on sait jamais, ça peut toujours servir" et du coup, au bout de 20 ans, ça n'a jamais servi mais "On sait jamais". LUC? – Ça c'est la peur de manquer. C'est la rareté qui fait qu'on a peur de manquer donc on stocke au cas où on en aurait besoin un jour. MANU? - Oui et puis on l'a acheté donc on se dit "Ah c'est quand même...". Mais c'est vrai que déstocker c'est quand même un bon truc à faire. LUC? – Exactement, retrouver de la place, jeter des choses dont on n'a pas besoin, mais non ! [pas] les jeter : les retransformer, les donner à d'autres, et faire en sorte que ça re-rentre dans le circuit. C'est super intéressant, et soi-même, on se libère de cette possession et de la peur de la rareté quoi.

MANU? - Et aussi il y a un autre facteur qui entre en jeu, c'est la version perte, un truc très bien documenté dans les sciences sociales, enfin plutôt en psychologie : c'est que, quelque chose que tu as acquis à un certain prix, tu te l'appropries et tu seras prêt à le vendre à un prix plus cher, à qualité égale évidemment s'il s'est pas dégradé entre temps. À partir du moment où tu te mets dans l'état d'esprit que c'est un truc à toi, tu veux plus t'en séparer puisque le cerveau ne se contredit pas et si tu l'as acheté à une certaine valeur, c'est que tu estimes qu'il te rapporte quelque chose et tu te dis pas : "J'ai été bête d'acheter ça." ... On peut le dire mais c'est pas naturel. LUC? – Pas initialement peut-être. MANU? - Pas initialement. On se dit pas : "Ah, j'ai été bête, je vais le revendre moins cher." Sauf si c'est une erreur, si tu veux pas le reprendre, si ça correspond pas du tout à ton besoin, mais de manière générale, [y'a une ---???] c'est qu'on valorise plus un truc qui est en notre possession que quelque chose qui n'est pas en notre possession. Ça, il y a plein d'études en double aveugle : "Combien vaut cette tasse qui t'appartient ? Et combien vaut cette tasse que tu vois sur le sol ?" La même tasse, deux groupes complètement distincts vont pas le vendre au même prix. À combien tu le vends ou à combien tu l'achètes, c'est pas du tout le même prix. Pareil pour les maisons évidemment, on achète moins cher qu'on veut le vendre, etc. MAGALI – Surtout pour les maisons ! (rires) MANU? - Pour tout hein ! C'est là que c'est le plus flagrant mais pour tout.

LUC? – Bon, c'est un grand sujet qui peut aller vraiment très loin. Je pense qu'on en reparlera, notamment d'écologie, je pense qu'il y a plein de choses à dire. Et le logiciel libre et la réutilisation c'est vraiment pertinent, ça correspond à des choses qui nous intéressent, n'est-ce pas ? ... mais ben il faudra en reparler une prochaine fois, donc je vous dis à la semaine prochaine !? Salut tout le monde ! TOUT LE MONDE – Salut !