Cookies or not cookies par Maïtané Lenoir

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Titre : Cookies or not cookies par Maïtané Lenoir

Intervenante : Maïtané Lenoir

Lieu : Entrée Libre #2 - Centre des Abeilles - Quimper

Date : 28 juillet 2021

Durée : 39 min 41

Podcast

Page de présentation du podcast

Diaporama support de la conférence

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Description

Accepter ou non les cookies ? Maïtané Lenoir, UI/UX Designer (conceptrice des interfaces utilisateur), dans cette conférence nous présente les règles concernant les cookies, plus ou moins respectées par les concepteurs de pages web et comment éviter de se faire piéger par leurs beaux discours.

Transcription

Maïtané Lenoir : Bonjour tout le monde.

Public : Bonjour.

Maïtané : Il y en a que j’ai déjà vu ce matin et qui me disent bonjour !
Merci d’être venus à cette conférence « Libre et sereins sur Internet ». C’est ma deuxième conférence à Entrée libre, vous m’avez peut-être déjà vue.

Public, Stéphane Bortzmeyer : C’est toujours les mêmes !

Maïtané Lenoir : Tu sais bien, Stéphane, que ce sont toujours les mêmes qui sont en conférence. Il faut laisser la place à la jeune génération.
Libre et serein sur Internet.
Enchantée. Moi, c’est Maïtané. J’utilise le pseudo Maiwan sur les réseaux sociaux. Je suis designer UX/UI, les lettres ce n’est pas très important, je n’aurais pas dû les mettre. Designer, ça veut dire que je discute avec les gens pour qui je fais des logiciels pour comprendre quels sont les problèmes qu’ils rencontrent. On fait des améliorations aux logiciels, ensuite on teste pour voir si ça résout des problèmes ou si jamais ça en apporte des nouveaux. C’est comme une espèce de jeu d’enquête infini, c’est super.
Je suis membre d’une association qui s’appelle Framasoft. Framasoft est une association d’éducation populaire aux enjeux du numérique et de la culture libre, qui fait des trucs super, vous pouvez aller sur framasoft.org pour voir ce qu’on fait si vous ne nous connaissez pas. Vous pouvez m’en reparler plus tard si vous en avez envie, ce n’est pas complètement le sujet de la conférence, mais je pourrais en parler pendant beaucoup trop longtemps, donc on va passer dessus.

Aujourd’hui on va parler de surveillance. C’est super ! Il y a une partie plus positive à la fin.

J’ai mis : « Attention souriez ! Vous êtes surveillé·es ! »

Surveillé·s pourquoi ? Parce qu’avec un peu tout ce qu’on utilise de numérique, en tout cas je vais me concentrer sur le numérique, il y a des avantages pour un certain nombre de personnes, je reviendrai sur qui est-ce que ça intéresse de nous surveiller. Ça les intéresse d’avoir des informations soit parce qu’ils veulent nous vendre des trucs, soit parce qu’ils veulent savoir si on est vraiment sage ou si on risque de leur poser des petits problèmes.
Une des façons de nous surveiller ce sont par exemple les bandeaux de cookies. Donc les cookies. Est-ce que quelqu’un sait ce qu’est un cookie ?

Public : Un gâteau. On en a eu à midi.

Maïtané : Un gâteau. On en a eu à midi.

Public : Tu voulais une vraie réponse !

Maïtané : Je voulais une vraie réponse.

Public : C’est un fichier temporaire qui est mis dans ton ordinateur lorsque tu navigues sur Internet.

Maïtané : C’est un fichier temporaire mis sur ton ordinateur quand tu navigues sur Internet. Vas-y.

Public : Je ne suis pas d’accord avec l’aspect temporaire, mais oui.

Maïtané : Ce n’est pas forcément temporaire ?

Public : Et c’est techniquement normalisé dans le RFC 62/65.

[Rires]

Maïtané : C’est techniquement normalisé dans le RFC 62/65.

Public : Et ça stocke des informations diverses et c’est renvoyé au serveur qui reçoit l’information chaque fois qu’on retourne sur ce même site.

Maïtané : Ça stocke des informations. J’essaie de me souvenir à chaque fois de ce que les personnes ont dit. Ça stocke des informations diverses et ça renvoie les infos à chaque fois qu’on retourne sur le site qui a créé le cookie.
Tout ça, ça marche. Je vous ai mis des petits exemples de superbes bandeaux de cookies qui nous demandent, parfois gentiment, en nous disant « c’est vraiment très important de nous permettre de déposer des cookies. Ça va améliorer votre expérience ! » Je n’ai pas réussi à trouver de bandeaux de cookies où il faisait en sorte d’être vraiment très sympa en disant « eh !, on est super, vous êtes super, laissez-nous déposer des cookies, ils ne se mangent pas, mais ils sont chouettes quand même ! »
Petite indication quand même, il y a des bandeaux cookies qui sont un peu comme ça, un peu austères, mais plus discrets que d’autres qui prennent un peu toute la page.
Il y a une mise à jour, je crois que c’est la CNIL qui a dit que c’était bien sympa ces bandeaux de cookies, on a le choix entre « Paramétrer » ou « Tout accepter » avec évidemment le bouton « Tout accepter » qui est bien mis en valeur. Peut-être que c’est un peu bas pour ceux qui sont tout au fond. Moi je suis designer, autant vous dire qu’on appelle ça de la manipulation, en gros, mettre beaucoup en avant ce qu’on a très envie que les gens acceptent notamment à des fins publicitaires. C’est un peu biaisé. Vous pouvez accéder, paramétrer les cookies, on clique sur « Paramétrer les cookies » ça nous emmène ailleurs, il faut tout décocher, c’est chiant. Laisse-moi finir, je n’ai pas fini. Donc récemment la CNIL a dit « vous êtes bien gentils, mais ce serait quand même bien sympa de permettre aux gens, au même niveau, de refuser comme on peut accepter ». Comme ils sont sympas, ils mettent des boutons « Refuser », mais évidemment qu’est-ce qu’on voit ?

Public : On ne les voit pas !

Maïtané : Sachez que normalement, si le site respecte la loi – en général les gros sites sont un peu obligés de respecter de la loi – il devrait y avoir un bouton « Continuer sans accepter », mais il est moins mis en valeur. C’est moche mais c’est encore un truc assez clean, des fois c’est encore plus caché. Bref ! , ce n’est pas top. Du coup, ils font ce qu’ils peuvent parce que c’est vraiment très important de paramétrer l’expérience au mieux possible pour notre confort, bien sûr !

Petit point quand même. Je dis « on est surveillé·es, blablabla », mais ce n’est pas nouveau, il y a toujours eu un intérêt pour tout le monde. Peut-être que vous vous voyez vos voisins et des fois vous regardez un peu plus par la fenêtre pour savoir « avec qui est-il en train de discuter, ça fait beaucoup de fois qu’il discute avec cette personne ». Les États ont toujours eu intérêt à savoir quel type de personne avait envie d’être un peu pénible ou était plutôt de leur côté pour les soutenir, des choses comme ça. Ce n’est pas nouveau la surveillance. Le problème c’est que plus ça va, moins c’est coûteux de surveiller les gens parce que le numérique ça facilite quand même beaucoup le fait de pouvoir surveiller beaucoup de personnes en même temps, tandis que moi, si jamais je regarde mon voisin, je ne peux pas être en même temps à la boulangerie en train de surveiller une autre personne, ça ne marche pas, pas encore.

Qu’est-ce qui existe qui permet d’être surveillé·es ? Il y a donc les cookies dont on vient de parler qui permettent de faire de la publicité ciblée À quoi ça sert de nous surveiller ?, c’est de nous proposer de la super publicité ciblée, parce que vous ne le saviez pas encore, mais ce robot de cuisine que vous hésitez franchement à acheter, nous on sait que c’est ça qui va vous plaire. Donc la publicité ciblée c’est super !
Les recommandations personnalisées, c’est pareil. On sait que vous allez préférer plutôt tel film que tel autre film et c’est tellement important de pouvoir vous recommander des choses qui correspondent à vos goûts ! Du coup, c’est pour ça qu’on a besoin d’avoir un peu de données sur vous, sur qui vous êtes, ce que vous aimez.
Il y a aussi des choses qui nous permettent d’être conformes avec la législation d’autres pays, par exemple dire tel site vous y a accès, tel site vous n’y avez pas accès. Par exemple là si vous cherchez un site qui s’appelle j’imagine que c’est sci-hub.com, il y en a qui savent ? Il y a un tiret entre les deux ?

Public : Il y a un tiret entre les deux. Le domaine de ??? change tout le temps.

Maïtané : Ouais. OK. En tout cas, il y a un site qui s’appelle sci-hub.com. C’est une personne qui a mis en accès libre des documents de recherche. Ces documents de recherche sont faits avec l’argent public et ensuite l’accès est payant parce que ce sont des revues qui les mettent à disposition. Il y a plusieurs personnes, mais cette personne-là s’est dit « ce n’est quand même pas top, je vais faire un site qui regroupe tout et qui permet l’accès facilité à ces documents à tous les gens qui font des recherches dans le monde ». Sauf que ça ne plaît pas trop aux gens des revues pour qui c’est le modèle économique. Alors que ce site existe, selon les paramètres de votre fournisseur d’accès à Internet, enfin selon les paramètres que vous avez dans votre navigateur – c’est un peu compliqué, je ne rentrerai pas trop dans les détails – vous pouvez accéder ou pas accéder au site. Il existe, mais des fois vous allez taper l’adresse et on va vous dire « ce site n’existe pas ». On ne comprend pas mais c’est parce qu’en France on le bloque, beaucoup de fournisseurs d’accès français le bloquent parce qu’on leur dit qu’il faut le bloquer, c’est illégal et ils ont dit OK.

On est surveillé·es, OK, mais par qui ? Là c’est le moment où je vous parle du modèle de menace.

Le Modèle de Menace

On est surveillé·es, OK, mais ce n’est pas la même chose selon à qui on veut cacher des informations.

Il y a les GAFAM, Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft – peu importe, ce sont les grosses entreprises du numérique. Peut-être qu’on n’est pas trop content qu’eux captent nos données parce qu’ils revendent nos données à des publicitaires. Je les mets dans la même gamme, parce que les GAFAM, en fait, ce sont des espaces publicitaires, du coup il y a des publicitaires qui peuvent y mettre leur publicité pour que vous voyiez les publicités et que vous puissiez acheter ou avoir très envie d’utiliser tel ou tel type de matériel, de marque. Bref !
Peut-être que ça vous embête qu’eux soient au courant de certaines choses, mais peut-être que ça vous embête que l’État soit au courant de certaines choses. Qu’est-ce que je pourrais donner comme exemple ? Bientôt on va sans doute tous utiliser des QR Code pour pouvoir faire une certaine quantité de choses. J’imagine qu’il y a des personnes qui n’auront peut-être pas de QR Code et qui auront quand même envie de faire les choses – je vais expliquer après ce qu’est un QR Code. Peut-être qu’on aura envie de prendre celui de quelqu’un d’autre. C’est illégal de prendre celui de quelqu’un d’autre, donc on n’aura pas envie que l’État soit au courant qu’on joue un peu avec la légalité. Je vais avoir envie de prendre celui de ma petite sœur pour pouvoir quand même prendre mon train pour rentrer chez moi, des choses comme ça. Ce n’est pas grave. Le truc qui n’a rien à voir par exemple, à un moment quand il y a eu la COP 19 ou la COP 21 en France, les militants écologistes ont été un peu assignés à résidence parce que les politiques avaient un peu peur qu’ils fassent du bazar. Du coup on leur a dit gentiment « en fait, vous ne pouvez sortir de chez vous », donc beaucoup de gens n’ont pas pu aller manifester parce que l’État savait qu’ils étaient des militants écologistes et que peut-être ils avaient envie de manifester plus bruyamment ou pas, en tout cas ils avaient décidé que c’était un problème.

Enfin il y a vos proches. Dans quels cas aurait-on envie de se protéger de ses proches ?

Public : L’agression contre les femmes, par exemple, c’est souvent en famille.

Maïtané : Agression contre les femmes, ça pourrait être les violences conjugales.

Public : Quand tu es dans le placard ???

Maïtané : Quand tu es dans le placard, quand tu es gay, bi, queer, trans et que, du coup, tu n’es pas à l’aise pour le dire à tes proches pour des raisons qui sont personnelles ou des raisons de danger plus impressionnantes, parce que l’on sait que ça va être mal reçu.

Public : Dans l’entreprise aussi.

Maïtané : Dans l’entreprise. Oui.

Public : Tu as des ennuis de santé ou tu es enceinte, tu n’as pas envie de le faire savoir à tes proches.

Maïtané : Je répète à chaque fois parce qu’il y a un enregistrement. Les soucis de santé, on est enceinte, on n’a pas envie que tout le monde le sache, des choses comme ça.
Tu en as une autre ?

Public : Quand tu es représentant syndical ou quand tu es même juste syndiqué.

Maïtané : Quand tu es représentant syndical ou syndiqué. Oui.

Public : Vis-à-vis des enfants, aussi.

Maïtané : Vis-à-vis des enfants.
Vous voyez, ça n’a rien à voir si je dois me protéger de ma maman ou si je dois me protéger des entreprises américaines, ça commence à être des stratégies qui n’ont absolument rien à voir pour protéger mes informations.
Donc on peut se dire « mais bon, moi je n’ai rien à cacher ».

Mais bon moi… Je n’ai rien à cacher

13’00

Maïtané : Je pense qu’on a parlé un peu là de ce qu’on pourrait avoir à cacher. Je pense que j’ai d’autres slides sur le sujet. C’est quoi le souci ? Non seulement on veut pouvoir se cacher de certaines personnes, mais en plus, si jamais on capte des données personnelles ça peut avoir plusieurs incidences sur notre vie.
J’ai plusieurs explications.
La première, c’est l’aspect panoptique. Le fonctionnement de la panoptique, en gros, là ça serait une prison, tout ça ce serait des cellules et au milieu il y aurait un surveillant. On ne peut pas se rendre compte à quel moment le surveillant nous regarde ou ne nous regarde pas, du coup ça donne l’impression qu’on est surveillé tout le temps. On ne sait pas si on est surveillé, si on n’est pas surveillé, donc on modifie son comportement comme si on était surveillé tout le temps, alors qu’il n’y a peut-être personne dans la tour, on ne peut pas savoir.
Il y a les prédictions. Notamment les GAFAM, à force d’agréger beaucoup de données sur plein de monde, ils nous placent dans des petites cases et à force, toutes les personnes qui ont, je n’en sais rien, un an de plus que vous, qui cochent les mêmes cases que vous, ont eu tel enchaînement d’actions dans leur vie ou tel enchaînement de situations, on peut supposer qu’il n’y a pas de raison que vous, vous ne fassiez pas comme les autres. Du coup ils vont prédire que vous, je n’en sais rien ! Ils vont savoir que dans trois ans je serai enceinte, ensuite j’aurai des gosses, j’achèterai une maison et que ce soit ce que j’envisage ou ce que je n’envisage pas, en fait peut-être que c’est juste que ça arrive à 98 % des personnes dans mon cas, du coup c’est une prédiction est valable 98 % du temps et moi je ne le sais même pas. Je ne suis pas là en mode « est-ce qu’un jour j’aurai des enfants ou pas, je ne sais pas ! » Eux sont en mode « oui, elle aura des enfants dans trois ans, bien sûr ! » On ne sait pas. Voilà ! Des choses comme ça.
J’ai déjà parlé parler du passe sanitaire, ça c’est un QR Code. Je ne sais pas s’il y a des gens qui veulent le flasher. Il y a un lecteur de QR Code sur Firefox, il y a des gens qui ont Firefox sur leur téléphone ?

Public : Inaudible.

Maïtané : Merci. C’est la blague. Il faut que je vous propose de le faire parce qu’on ne dégaine pas assez vite le lecteur de QR Code.

Protéger ses proches comme on l’a dit tout à l’heure.
Moi je peux avoir des choses à cacher ou je peux me dire mon existence est plan-plan, au pire ce n’est pas grave. Mais si jamais demain ma petite sœur me dit « j’ai un cancer » ou « en fait je suis trans », du coup c’est chaud, dans le sens « je n’aimerais pas que tout le monde le sache, j’ai peur pour ma vie parce qu’il y a des gens qui sont hostiles près de moi », du coup je vais avoir l’impression qu’elle a beaucoup plus de choses à cacher, j’ai vachement envie de la protéger. Sauf qu’en fait, ne serait-ce que si je change son prénom dans mon téléphone, l’information va remonter et ça va dire des choses. Si jamais il y a une personne qui a un jour un prénom féminin et le lendemain un prénom masculin alors qu’elle a le même numéro de téléphone, soit la personne a donné son téléphone avec le numéro, soit elle a changé de prénom et ça peut indiquer des choses, ou pas.

Se faire influencer Algo YouTube

Là c’est le moment où j’ai oublié de mettre une image, c’est super ! En plus j’avais mis une superbe image…, ce n’est pas grave.
Il y a aussi l’histoire de se faire influencer donc il y a les histoires d’algorithme YouTube où on a beau regarder une vidéo qui peut paraître pas sujette à discussion ou à débat, en fait l’algorithme de YouTube va nous entraîner de plus en plus vite, enfin assez rapidement vers des vidéos sur des sujets qui portent plus ou moins à discussion. Là on est plus sur ce qu’on appelle du dilemme de l’attention, en fait plus il y a des choses qui nous émeuvent, qui nous énervent, plus on va avoir envie de consommer du contenu pour continuer à se renseigner sur ce sujet qui nous énerve vraiment très fort et, du coup, à consommer des vidéos, par exemple.

Ou encore se faire influencer comme avec le scandale de Cambridge Analytica. Est-ce qu’il y a des gens qui voient de quoi ça parle Cambridge Analytica ?
La façon dont je vais le résumer : Cambridge Analytica était une entreprise qui bossait notamment avec Facebook, avec des partis politiques, je pourrais le résumer comme ça [Image d’un réseau coiffé à la manière de Donald Trump, NdT]. Notamment les proches de Trump, le parti politique de Trump a fait en sorte de passer des contrats avec Cambridge Analytica. La société a diffusé de la publicité à certains sites de personnes, par exemple qui gens qui hésitaient entre aller voter ou ne pas aller voter. Si, quand ils allaient aller voter on estimait qu’ils allaient plutôt voter Hillary, du coup on leur mettait des publicités qui incitaient plutôt à ne pas aller voter. Si jamais les gens hésitaient entre voter entre Hillary et Trump, on leur mettait des choses pour dédouaner Hillary, pour donner l’impression qu’elle était inintéressante, qu’elle était agressive, des choses comme ça. On n’est pas sur des gens qui sont sûrs qu’ils vont voter Clinton, on va les faire changer d’avis. On est toujours un peu sur les ???, les hésitants, qui sont « est-ce que je vais voter, est-ce que je ne vais pas voter ? ». Si jamais on démotive une grande quantité de personnes d’aller voter et que cette grande quantité de personnes est du côté de l’adversaire, c’est plus intéressant pour soi. Du coup ça peut influencer. Apparemment il y a ça, il y a Trump, il y a aussi le Brexit qui a été pas mal influencé par les histoires de publicité sur Facebook.

Maintenant le truc qui motive, qui met dans l’ambiance, tout sympa.

OK. Alors du coup on fait quoi ?

C’est bien sympa tout ça, mais du coup on fait quoi face au fait qu’il y a plein de monde qui essaye de récupérer nos données pour faire plein de trucs cool, nous proposer de la pub, nous influencer, tout ça ?

Je dirais que notre objectif c’est de laisser le moins de traces possible. Franchement, moi j’ai complètement laissé tomber l’idée. Il y a souvent des journalistes qui disaient : « Alors comment on fait pour se passer totalement des GAFAM ? » En fait on ne peut pas ! En tout cas complètement ça semble vraiment très difficile parce que si vous, vous n’avez rien qui appartient aux géants publicitaires, ma petite sœur, par exemple, aura un téléphone Google, elle aura mon nom, mon prénom dedans, mon adresse, peut-être ma date de naissance, mon numéro de téléphone. Du coup ça me semble difficile dans le monde dans lequel on est actuellement de se dire qu’on va réussir à passer complètement inaperçu, voire ce serait un peu louche que d’un coup on disparaisse pour des choses comme ça.
L’idée c’est plus de commencer à avoir une meilleure hygiène numérique, de mieux faire les choses petit à petit et puis, à côté, de militer autour de soi en dispatchant, en disant « tu sais, si jamais il y avait un problème un jour. Les données sont récupérées, il y a des choses comme ça ». Je suis tombée malade récemment, je suis allée dans beaucoup de pharmacies différentes, j’ai vu beaucoup de médecins différents et quand j’avais l’énergie et que les médecins me disaient : « Je vous envoie vos résultats d’analyses. — Avec une adresse Gmail, vous savez c’est embêtant parce que Google récupère les informations, j’aimerais bien une autre adresse si c’est possible. » Je dis ça en mode moi je ne suis pas parfaite, personne ne l’est. L’idée ce n’est pas se dire « mon dieu il faut absolument passer inaperçu » mais prendre le truc tranquillement, y aller ensemble et emmener le maximum de monde avec nous.

Du coup je partage mes trucs et astuces au niveau que j’ai trouvé le plus bas possible pour que ce soit une montée tranquille.

Un navigateur qui ne vous piste pas.

Pour commencer ce qui est cool c’est utiliser un navigateur qui ne vous piste pas. Il y a Firefox qui existe et qui est chouette par rapport à ça. Il y a des gens qui n’utilisent pas Firefox ?

Public : Ils n’osent pas le dire. !

Maïtané : Je n’aurais pas dû poser la question. Il y a des gens qui utilisent Firefox ?

Public : Ouais !

Maïtané : OK.
Ensuite je parle des extensions qui vous protègent. J’ai choisi ces extensions-là pour que vous ayez à les installer et normalement vous n’aurez plus trop à vous prendre la tête. Il y a uBlock Origin qui est le truc super top. uBlock Origin est un bloqueur de publicité, de trackers et de blablabla. L’idée c’est que vous l’installiez et qu’il vous rende la vie déjà plus tranquille. Si vous n’avez pas de bloqueurs de publicité, une vie sans pub ce sera quand même vraiment très sympa. Il y a d’autres bloqueurs de publicité qui existent mais qui ont des modèles économiques un peu discutables, genre ils disent : « OK, pas certaines publicités mais d’autres avec qui on a passé un contrat ça passe, parce qu’on estime que c’est de la publicité clean. »

Public : C’est important uBlock Origin parce que uBlock tout seul c’est un peu…

Maïtané : C’est ça, uBlock Origin parce que uBlock tout seul est dans ces trucs un peu... Adblock c’est pareil. Donc c’est cool d’avoir un bloqueur de publicité et on peut recommander celui-là.
Ensuite il y en a deux autres que je peux vous recommander.
Il y a Decentraleyes, je me suis refait trois fois l’explication hier et je n’y arrive pas.

Public : Des morceaux de code identique…

Maïtané : Des fois il y a des sites qui veulent envoyer des bouts de code sur votre ordinateur et à chaque fois que vous revenez sur le site c’est renvoyé à nouveau et là il les garde à l’intérieur, quand Decentraleyes est installé. Ça évite que la troisième fois que vous vous connectez sur le site, le site puisse dire « ah ! là, là, c’est la troisième fois que cette personne s’est connectée », parce que dès la première fois vous ne renverrez plus les informations. En tout cas, il ne ??? plus le truc. Désolée, ce n’est pas très clair. En gros, ça permet que quand un site envoie l’information en disant « cette personne n’a pas l’info », la première fois vous ne l’avez pas c’est normal, mais la deuxième fois vous l’avez, du coup ça vous évite de refaire signe au site internet, qui est l’information que vous êtes revenue une deuxième fois, des choses comme ça. C’est Decentraleyes

I don’t Care about cookies c’est pour nos amis des bandeaux de cookies, pour dire systématiquement « non merci, vous êtes gentil, mais je ne veux pas de vos cookies ».

Public : C’est très efficace.

Public : Mais comment tu fais si c’est obligatoire et que tu es déconnectée à chaque page ?

Maïtané : Ça ne m’est pas arrivé d’être déconnectée à chaque page. Après j’imagine que tu peux faire une liste des sites pour lesquels que tu ne veux pas que ça arrive.

Public, Stéphane Bortzmeyer : En fait tu ne refuses pas les cookies, mais tu cliques sur le bandeau pour dire « Continuer sans accepter ». « Refuser complètement tous les cookies », le navigateur le permet déjà, mais effectivement, beaucoup de choses ne marchent plus.

Maïtané : C’est ce que je voulais dire. Ce que Stéphane dit c’est que I don’t Care about cookies ce n’est pas qu’il refuse tout, il fait comme si vous cliquiez sur « Tout refuser » sur les bandeaux. Effectivement, dans les bandeaux il y a souvent trois ou quatre sous-catégories où ils disent « Cookies obligatoires », « Cookies à des fins de personnalisation », « Cookies à des fins publicitaires ». Dans ces cas-là il décoche les deux derniers par exemple.

Public, Stéphane Bortzmeyer : Sachant que ces bandeaux, de toute façon c’est toujours du grand n’importe quoi. Par exemple les directives de la CNIL sur les cookies et du RPGD ??? fait que les cookies d’authentification ne sont pas concernés. De toute façon ce n’est même pas la peine de les mentionner. Le vrai but des gens qui font ces bandeaux de cookies c’est de rendre les choses désagréables pour les utilisateurs pour qu’on clique vite sur « Accepter » pour en être débarrassé.

Maïtané : OK. Stéphane dit que dans la loi il est dit que ce n’est pas la peine de mentionner les cookies d’authentification, comme ils sont quand même mentionnés dans les bandeaux de cookies, le but c’est peut-être plutôt de surcharger l’information de l’utilisateur pour qu’il dise très vite « très bien, je continue, j’accepte tout comme ça tout fonctionnera ». Je ne sais pas si tout le monde l’a fait, en tout cas moi je l’ai beaucoup fait. En fait on clique sur « Tout accepter » parce qu’on n’a pas envie de se faire chier une dixième de fois avec un bandeau de cookies très agréable, on a juste envie de passer à la suite, parce qu’on ne vient pas pour ça ! On ne vient pas sur le site pour se battre avec les bandeaux de cookies, on vient pour avoir une information rapide.

Public, Stéphane Bortzmeyer : Il y a aussi un but politique derrière ces bandeaux, c’est faire croire aux gens que le problème c’est le bandeau alors que le problème c’est le cookie. On voit régulièrement des gens comme Jérôme Colombain, des gens comme ça, qui expliquent la CNIL c’est une dictature communiste qui nous emmerde avec les bandeaux de cookies.

27’01

Public : C’est dommage que vous disiez publiquement