Conférence de présentation du rapport sur l’état de l’internet en France - le débat (25 juin 2020)

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Titre : Conférence de présentation du rapport sur l’état de l’internet en France - le débat (25 juin 2020)

Intervenants : Sébastien Soriano, président de l’Arcep et Benjamin Bayart, co-président de la FFDN

Lieu : en visio

Date : 25 juin 2020

Durée : 38 min

Liens :

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

Statut : en cours de transcription par Cpm

Présentation

Extrait de https://www.dailymotion.com/video/x7unovm :

  • L’Arcep a publié le 25 juin l’édition 2020 de son rapport sur l’état d’internet en France, remis au Parlement et présenté lors d’une conférence de presse en ligne suivie d’un débat entre Sébastien Soriano, président de l’Arcep, et Benjamin Bayart, co-fondateur de la Quadrature du Net, et co-président de la fédération des fournisseurs d'accès à internet associatifs, sur le thème : « Les réseaux dans la crise sanitaire : quelles leçons en tirer ? »


Transcription

00' transcrit par Cpm

Sébastien Soriano : Re-bonjour et bienvenue à notre présentation annuelle du rapport sur l'état d'Internet. Et donc maintenant, nous passons à la phase de débat. Donc je suis ravi d'accueillir Benjamin Bayart, co-fondateur de LaQuadratureDuNet et vice-président de l'association Fédération FDN. Donc je suis très heureux qu'on puisse avoir cette discussion. L'idée, c'est un petit peu, en gros, de refaire le match, par rapport à cette séquence particulière du confinement, sur laquelle, voilà, on est conscient que cela a amené les pouvoirs publics à une posture un peu particulière pour accompagner cette gestion des réseaux. Et naturellement, c'est bien qu'on en parle. Premier sujet, la question de la gestion des réseaux pendant la crise. Qu'est-ce que cela interroge aussi sur la neutralité du net, de manière générale. Est-ce qu'il faut aller plus loin dans cette neutralité et ouvrir vers les terminaux, vers les plateformes structurantes. Il y a un débat, vous savez, au niveau européen sur cette question. Et puis, si on peut aussi se dire un mot sur l'environnement. Je pense que ça serait utile. Notamment, on voit parfois une tentation et une opposition entre la générosité d'Internet et l’exigence environnementale. Et on peut avoir, parfois, dans certaines élaborations autour de l'environnement, on peut avoir un peu une idée de restriction. C'est à dire il faut arrêter les forfaits illimités, il faut arrêter tels types d'usage. Quelque part cela interroge aussi la neutralité. Je propose qu'on commence. Honneur aux invités donc Benjamin Bayart, à vous la parole.

Benjamin Bayart : Merci Sébastien. Alors, pour moi, la particularité de l'usage d'Internet pendant le confinement et pendant la crise sanitaire, il y a trois éléments clés qui me paraissent très structurants.

Le premier, c'est que ça fait partie des moments où l'on voit bien que le déploiement des réseaux doit être pensé comme un aménagement du territoire. Et que partout où ce n'est pas assez le cas, ça donne des résultats discutables. Typiquement, on se rend compte que toutes les zones blanches ou gris clair où il y a soit de l'ADSL pas très rapide soit carrément rien, ce sont des zones dans lesquelles on ne peut pas télétravailler, ce sont des zones dans lesquelles on est obligé d'aller au bureau pour avoir un peu d'accès réseau et pouvoir bosser avec l'ordinateur. Ça c'est un problème.

Il y a un deuxième élément, qui est celui dont tout le monde parlait au tout début du confinement, ça a duré peut-être une petite semaine, qui pour moi se résume à la résilience par la capacité. Et pour le coup, ça c'est un gain immense qu'on a en France et en Europe sur la neutralité du net. Le fait que le réseau soit à peu prêt neutre oblige à gérer sa résilience par la surcapacité, donc à avoir plus d'accès disponible que ce qu'on utilise à un moment donné, pour rester neutre en cas de pic d'utilisation. C'est ça qui permet que sur un réseau Internet neutre, les usages changent du tout au tout pendant deux mois et que le réseau ne s'effondre pas.

Et puis le troisième élément, c'est le retard dans l'usage du numérique d'un certain nombre de TPE et PME, qui lui se traduit mécaniquement par le fait que dans ces entreprises là, le télétravail a été fait un peu en mode panique, avec pas les bons outils, avec pas les bons équipements, pas habitués à le faire, etc. Ça, pour moi, ça fait partie des éléments qui posent questions.

Sébastien Soriano : Très bien, merci d'avoir lancé le débat. Je dois dire que je rejoins assez largement ce que vous avez indiqué. Sur le fait que les réseaux doivent être déployés dans une logique d'intérêt général, je dirais que c'est ce qu'on essaie de faire mais en s'appuyant sur les forces du marché. Voilà, c'est là où c'est forcément une équation qui a ses limites. C'est d'utiliser la puissance d'investissement du marché et la prise de risque que peut prendre un investisseur privé mais en même temps d'éviter les mauvais côtés qui sont l'écrémage, le fait qu'on va dans les zones prioritaires, que les foyers les moins solvables peuvent être oubliés. C'est dans cette logique là que s'inscrit le plan « France très haut débit », on pourra en reparler. C'est dans cette logique là que s'inscrit aussi le « New deal mobile » pour apporter la 4G le plus loin possible dans les campagnes.

Sur la résilience par la capacité, je pense qu'il y a un vrai sujet, j'aimerais bien vous interroger là-dessus Benjamin Bayart. Dans le débat sur la neutralité du net, cela se cristallise souvent autour du « zéro rating ». Typiquement, une offre de « zéro rating », c'est vous avez 20 Go par mois dans votre abonnement mobile, plus Whatsapp illimité par exemple. Quand vous voyez ce genre d'offre, vous vous dites c'est génial parce que on peut continuer à avoir Whatsapp qui est un service de communication sur lequel beaucoup de gens ont fondé beaucoup de leurs communications, sans avoir à compter, et puis par ailleurs quand on va faire une vidéo ou autre il faut faire un petit peu plus attention. Et là, vous avez un débat, un arbitrage court terme/long terme. C'est à dire que nous, en tant que régulateur et gardien de la neutralité du net, on a tendance à dire que ok, c'est vrai que c'est bien à court terme pour le consommateur. Mais en fait, à long terme, le problème c'est que si on peut spécialiser les usages, on n'a plus intérêt comme vous le dite, Benjamin, à bien dimensionner les offres, et à faire des offres très riches quelques soient les usages, et on n'a pas intérêt à dimensionner son réseau pour supporter des usages neutres.

Maintenant, la question que j'aimerais vous poser. Je souscris complètement à cette histoire en longue période. Maintenant, dans le confinement, je trouve la question que la question est un peu différente. On peut avoir tout d'un coup, un accroissement des usages, qui n'était pas forcément anticipables car on ne peut pas forcément demander aux opérateurs d'avoir anticipé le fait que les réseaux puissent tout d'un coup supporter un pays qui s'est confiné. Et on a pas la capacité à répondre rapidement en accroissant les capacités, parce qu'on ne va pas se mettre à déployer un réseau en fibres optiques dans tout le pays en deux semaines. Donc, dans ces situations particulières dans lesquelles cette courbe de rétroaction qu'on veut créer entre la demande et l'offre, qui est une courbe de rétroaction de moyen terme, quand on est dans des situations d'urgence comme ça de court terme, comment on peut les concilier ?

07'16 transcrit par Cpm

Benjamin Bayart : En fait, pour moi, il y a une bonne façon de le décrire qui est d'expliquer que la neutralité du net, c'est le contraire de l'optimisation. L'optimisation des réseaux rend les réseaux inaptes. Je m'explique. Si on fait des réseaux très optimisés, on dit les professionnels ont tels et tels exigences, il leur faut du débit garantie, des garanties de temps de rétablissement, etc. Et donc l'accès Internet de l'entreprise va être vachement plus mieux parce qu'il y aura tel ou tel bidule dessus. En fait, sitôt qu'on se retrouve à rester confiner, ou que, en fait sitôt que l'usage change, quelque soit le motif du changement, le réseau est inadapté. Puisqu'il a été optimisé pour un usage et que dès que l'usage bouge, le réseau n'est pas optimisé comme il faut et donc il va être moins résilient.

Et pour moi, c'est parce qu'on a fait le travail de long terme de non adaptation et de non optimisation des réseaux, de dire on a besoin que les réseaux soient en capacité, pas pour qu'ils soient pour un usage optimal, il ne faut pas qu'ils s'effondre dès qu'on s'éloigne de cet usage optimal, c'est ça qui fait que ça continue à fonctionner quand les usages bougent beaucoup.

Sur le comment on fait pour s'adapter en temps de crise, en fait ça dépend de quoi ? Effectivement, ce n'est pas en deux semaines qu'on va déployer un réseau fibre optique, mais je trouve que pendant ces deux semaines là, on voit bien que la façon dont on a déployé le réseau de fibre optique est à mon sens fait à l'envers. C'est à dire que le parisien moyen qui doit télétravailler, il peut utiliser de l'ADSL et du VDSL haut débit, il peut utiliser du câble qui patate à mort, il peut utiliser de la 4G qui dépote, il peut utiliser de la fibre. Et l'habitant d'un village de la Creuse, bah non, il a peut-être un de ces réseaux mais pas tous les choix en même temps. Ça, pour le coup, c'est du choix de long terme, ça ne peut pas … c'est trop tard quand la crise arrive, c'est avant qu'il faut le voir. C'est pour ça que pour moi, typiquement, le new deal mobile est plus intéressant que l'urgence à amener la 4G dans le 1er arrondissement de Paris, ou la 5G. C'est à dire que déployer la 5G à Paris, en tout cas en terme de capacité réseau, ça ne sert à rien. Si on me dit que dans les zones blanches, dans la Creuse, quitte à poser une antenne, elle sera immédiatement compatible 5G, c'est formidable. Mais c'est bien dans ce sens là que je le réfléchis.

Et après, sur la façon de s'adapter quand la crise survient, ça ne peut pas se faire en changeant la boucle locale, ça peut se faire en changeant des interconnexions, parce que pour le coup, monter certaines interconnexions, ça peut se faire dans des délais très courts, et d'ailleurs y en a eu pas mal de monter pendant le confinement où les opérateurs ont constaté que tel ou tel point d'interconnexion qui étaient très peu sollicités en temps normal, se retrouvaient hyper-sursollicités parce que que sais-je, tout le monde s'est mis à utiliser Zoom alors que presque personne ne s'en servait, parce que les réseaux sollicités étaient les réseaux grand-public au lieu d'être les réseaux d'entreprises. Ce n'est pas très compliqué de redimensionner une interconnexion.

Et puis on a trouve des solutions beaucoup plus efficaces précisément parce qu'il y avait ce verrou très fort de la neutralité du net. En fait, comme on a dit aux opérateurs « ce n'est pas bien de prioriser », ils ont cherché d'autres solutions pour faire de la contention sur les deux énormes gouffres de trafic que sont Youtube et Netflix, et on a trouvé des solutions intelligentes qui étaient de dire à Netflix « ok, pendant la période, si vous pouvez mettre de la haute définition plutôt que de la 4K, ce n'est pas mal, ça va diviser par deux le trafic, tout le monde pourra regarder sa série ». En fait, on a trouvé en discutant avec les fournisseurs de contenus, des solutions beaucoup plus intelligentes pour gérer la congestion que juste en le traitant par la non neutralité des réseaux.

La non neutralité des réseaux qui revenait à dire parce que Jean-Paul Durant, il est en télétravail alors sa box coupe tous les flux vidéos de type Youtube, Netflix and co, ça apportait une réponse mais qui n'était pas la bonne. C'était beaucoup plus intelligent de voir avec les plateformes comment on peut dans certaines zones et sous certaines conditions, typiquement dans les pays d'Europe où il n'y a pas assez de très haut débit ou dans les zones où il n'y a que l'ADSL ou etc., réduire un peu le débit sans filtrer le service. Et c'est beaucoup plus intéressant et beaucoup plus intelligent de jouer sur la capacité des utilisateurs à modérer leurs usages, et des plateformes à piloter ce qu'elles produisent comme contenu, que de faire faire l'intervention par le réseau qui va amener des effets de bord beaucoup plus néfastes. Soit à très court terme, typiquement si on avait dit on coupe Netflix, cela amenait des effets beaucoup plus néfastes que de simplement dire à Netflix « si vous pouvez diminuer un petit peu la qualité des vidéos, ça devrait fonctionner ».

Donc je trouve qu'on a trouvé des solutions extrêmement intelligentes et qu'en fait on les a trouvé parce que la neutralité du net était une contrainte. Si on n'avait pas eu cette contrainte, l'approche qui consistait à dire « les opérateurs peuvent prioriser comment ils veulent » aurait donné très rapidement n'importe quoi.

Typiquement, si je prends un parallèle de marché, on a un peu oublié mais au début du mois de mars, la réponse des opérateurs a été de dire « ok, on va déplafonner certains forfaits mobiles, des gens qui avait typiquement des tous petits forfaits à quelques euros et donc très peu de volume de data, vous pouvez utiliser des grands volumes, etc., on déplafonne, etc., on ouvre… ». Donc les opérateurs ont pris cette approche qui est relativement positive, je trouve. Alors que d'autres opérateurs commerciaux, par exemple les honorables corporations des pharmaciens est arrivé à la conclusion que le litre de gèle hydro-alcoolique était plus cher que le château Iquem, juste parce qu'il y avait une très forte demande et très peu de disponibilité, et qu'il y avait moyen de faire des sous. Je trouve qu'on a deux comportements du marché face à une crise et face à une potentielle pénurie. J'aime mieux la méthode où le marché cherche s'adapter en rendant service aux gens de manière intelligente plutôt que juste à chercher une source de profit immédiate.

Moi, je suis très agréablement satisfait de ce qu'on fait mes confères opérateurs grand public, à s'adapter intelligemment alors qu'ils auraient pu s'adapter bêtement. Et je pense que ce qui les a tordu un peu pour les amener dans cette forme d'intelligence, c'est le fait qu'il y ait le règlement européen sur la neutralité des réseaux.

14'08 transcrit par Cpm

Sébastien Soriano : Ok, ok. Merci, effectivement, c'est intéressant comme analyse. Ce sont les architectes qui disent toujours que quand ils n'ont pas de contraintes, ils ne savent pas créer. Voilà, sans doute que la contrainte de la neutralité a été un élément de créativité.

Alors, nous, à l'ARCEP, on n'a pas réussi encore à ce jour, à avoir une vision claire de l'impact qu'on eut les efforts sur la qualité de service. C'est un élément sur lequel on a du mal à vraiment voir, on n'a pas vu en fait des baisses de trafic du jour au lendemain chez les grands OTT. Quand les mesures de changement de qualité ont été prises, ça a été difficile pour nous de vraiment mesurer ce qu'il s'est passé. En tout cas on a vu que cela tenait. Mais effectivement, quel est l'impact précis de ces mesures de qualité, ça n'a pas été évident à mesurer.

Un autre élément qui est apparu aussi pendant cette période, avec l'épisode de Disney+, c'est la question de la manière dont les grands OTT. On vient de se parler du dimensionnement des flux notamment par rapport à la qualité vidéo, il y a un autre sujet qui comment est-ce que les grands OTT acheminer leurs trafics. Notamment, autour de Disney+, ce qui est apparu, c'est que visiblement cet acteur avait fait un choix pour acheminer son trafic, qui était un choix de passer par plusieurs canaux, des transitaires et des CDN, ce qui n'aidait pas forcément à anticiper le dimensionnement des interconnexion des opérateurs vis à vis de ces différents intermédiaires pour faire face le cas échéant à des afflux de trafics. Au delà de Disney+, on a eu quelques retours d'opérateurs sur des mises à jour logiciel, notamment de grands acteurs du jeu, qui poussaient des mises à jour sans prévenir en fait les grands FAI. Et là-dessus, la question que je me posais, c'est est-ce que selon vous on peut aller encore plus loin dans ce dialogue entre les opérateurs et les grands OTT. Si oui, faut-il le faire en se disant ce sont de grandes personnes, elles vont trouver leurs numéros de téléphones respectifs et se parler ? Est-ce que les pouvoirs publics peuvent jouer un rôle pour les accompagner ? Est-ce qu'il faut envisager, je pose la question de manière un peu bourrine, faudrait-il envisager une obligation de dialogue notamment pour les grands OTT d'aller discuter de leurs interconnexion avec les opérateurs.

Benjamin Bayart : Je comprends que l'idée est séduisante. Ça ne sert à rien de faire discuter les éléphants avec les souris. Ça ne marchera pas, je n'y crois pas. La seule chose, enfin c'est dit d'une manière assez crue… En fait, pour moi le principe de la neutralité du net, c'est ce que je disais au début, il ne faut pas optimiser les réseaux, c'est une connerie, quand on les optimise, on les rend fragile. Et en fait, exactement en symétrique de ça, parce qu'il ne faut pas optimiser les réseaux, il faut optimiser les applications. Et pour le coup, on a des décennies de sottise législative qu'on est train de payer.

Diffuser une très grosse mise à jour sur une plateforme logicielle sans effondrer les réseaux, on a les technos pour, elles ont 20 ans, ça s'appelle BitTorrent. BitTorrent ça permet de diffuser une quantité colossale d'application en créant à peu prêt aucune congestion dans le réseau parce qu'il n'y a pas de point central. Ça utilise le réseau, ça occupe le réseau mais ça ne créé pas cette hyper congestion de je veux diffuser un fichier de 50 millions d'exemplaires d'un fichier qui fait 1 Go depuis mon serveur en Californie.

Simplement, il se trouve que BitTorrent est plus ou moins diabolisé et considéré comme une techno de malfaiteurs qui veulent écouter de la musique en assassinant les musiciens. Et comme le travail réglementaire a toujours été fait pour empêcher le déploiement de cette techno et non pas pour la favoriser. Pour le coup, on a l'effet inverse de ce que l'on a fait sur la neutralité du net. C'est à dire qu'on a créé une contrainte qui est de dire « le peer-to-peer, ce n'est pas bien, BitTorrent c'est une techno de pirate », et donc il y a plein d'opérateurs qui font du traitement de limitation de débit sur BitTorrent, qui font du traitement de filtrage. Typiquement, BitTorrent en entreprise est très souvent filtré donc on ne peut pas diffuser les mises à jour des suites bureautiques par du BitTorrent, ça ne marcherait pas. Et pourtant, c'est l'outil technique qu'on connait le plus efficace pour diffuser des gros volumes de contenus de manières infiniment rapide en temps nul. Puisque pour le coup, plus il y a de gens qui veulent le contenu et plus le contenu se diffuse bien. Plus il y a de gens qui le veulent et plus la capacité à diffuser augmente. C'est un truc de fou BitTorrent. Donc ça pour moi, c'est une des questions clés. Il faut qu'on arrive à autoriser les grands diffuseurs de contenus à diffuser de manière intelligente.

Pour moi, il y a deux grands volets, il y a la partie technique, il faut arrêter de diaboliser les technos qui marchent, et puis il y a la partie réglementaire où il va falloir à un moment s'intéresser à la gestion des monopoles. Est-il raisonnable que Netflix ait cette taille là, pour moi la réponse est non. Mais d'un autre côté, on a tout fait en France au ministère de la culture, pour qu'il n'y ait que Netflix et que seul le modèle Netflix se développe. D'ailleurs, une fois que le modèle Netflix s'est développé, les ayant droits en France commencent à vouloir créer des plateformes alternatives à leur main, donc à morceler le marché, donc pour avoir accès à de la vidéo il faudrait payer 72 abonnements, ce que personne ne fera et donc soit on reviendra à du pirate, soit les plateformes nationales vont mourir et ne restera que Netflix. Là, il y a une erreur de régulation, il y a une non régulation, on a laissé le marché faire tout seul et le marché fait n'importe quoi, parce qu'en plus on lui a mis des contraintes et des incitatifs qui ne vont dans le bon sens.

Et sinon sur le traitement pendant la crise, à un moment je veux qu'on parle de Mayotte, mais ce n'est pas absolument pas lié, ce n'est pas Netflix.

21'09 transcrit par Cpm

Sébastien Soriano :

Benjamin Bayart :

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