Émission Libre à vous ! sur Cause Commune du 23 janvier 2024

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Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 23 janvier 2024 sur radio Cause Commune

Intervenant·e·s : Xavier Berne - Magali Garnero - Pierre Beyssac - Vincent Calame - Étienne Gonnu - Élise à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 23 janvier 2024

Durée : 1 h 30 min

Podcast PROVISOIRE

Page de présentation de l'émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration : Déjà prévue

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
C'est le moment que vous avez choisi pour vous offrir une heure trente d'informations et d'échanges sur les libertés informatiques et également de la musique libre.
Ce mardi, nous vous convions Au café libre pour débattre autour de l’actualité du logiciel libre et des libertés informatiques, ce sera le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme, en début d’émission, la chronique de Xavier Berne sur les logiciels utilisés par les administrations et, en fin d’émission, la chronique de Vincent Calame sur le libre Une histoire des libertés associatives de Jean-Baptiste Jobard.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.

Le site web de l’émission est libreavous.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou à nous poser toute question.

Nous sommes mardi 23 janvier 2024, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

À la réalisation de l’émission du jour, Élise. Bonjour Élise.

Élise : Bonjour tout le monde. Bonne émission.

Frédéric Couchet : Merci. Nous vous souhaitons une excellente écoute.

[Jingle]

Chronique « Ma Dada » de Xavier Berne - « Les logiciels utilisés par les administrations »

Frédéric Couchet : Nous allons commencer avec la chronique








Au café libre 16’14

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre par notre sujet principal et nous vous souhaitons la bienvenue, ce mardi, à la quatrième édition Au café libre où on vient papoter sur l'actualité du logiciel libre dans un moment convivial. Un temps de débats avec notre équipe de libristes de choc, issus d'une rigoureuse sélection, pour discuter entre elle et eux et débattre des sujets d'actualité autour du logiciel libre et des libertés informatiques.
Autour de la table. Magali Garnero, libraire, présidente de l'April. Bonjour Magali.

Magali Garnero : Salut Fred.

Frédéric Couchet : Vincent Calame, informaticien, bénévole à l'April et chroniqueur dans Libre à vous!. Salut Vincent.

Vincent Calame : Salut. Je précise que je suis un joker.

Frédéric Couchet : Je vais expliquer après la préparation de l'émission.
Et enfin, Pierre Beyssac, informaticien libriste de longue date. Tout ça pour dire qu'il est, peut-être, un peu plus vieux que les deux autres personnes précédentes, mais, surtout, c'est un historique de l'Internet français et actuellement fondateur d’eriomem.net, un service de stockage de fichiers. Bonjour Pierre.

Pierre Beyssac : J'ai les cheveux blancs qui poussent. Bonjour à tous.

Frédéric Couchet : C’est notamment l'un des cofondateurs de deux de Gandi. Il a fait plein de choses et on a déjà eu l'occasion de l’avoir plusieurs fois dans l'émission du jour.
N'hésitez pas à participer à notre conversation, parce que c'est un débat, effectivement, entre les personnes présentes, mais aussi les personnes qui nous écoutent, soit par téléphone au 09 72 51 55 46, sur le salon web dédié à l'émission, sur le site causecommune.fm, bouton de « chat », salon #libreavous ou directement sur le site libreavous.org, la zone de chat est affichée.

Effectivement, comme il le disait en introduction, Vincent est un joker parce que Vincent est là pour faire sa chronique, normalement, après ce sujet principal. Vincent remplace Isabelle Carrère qui devait intervenir, mais qui a un contretemps Moi-même, je suis aussi un joker parce que je remplace Étienne Gonnu, qui avait préparé le sujet avec vous, et qui a un contretemps ce matin. Donc voilà, c'est une émission avec deux jokers.

Magali Garnero : Et puis deux Batman !

Frédéric Couchet : Et deux titulaires, Pierre et Magali.
Je présente mes excuses, j'ai repris la préparation de l’émission tout à l'heure je vais peut-être être un petit peu flou. On va évoquer un certain nombre de sujets plus ou moins longuement, en fonction de ce que vous avez à dire et de l'intérêt du sujet.

Anniversaire de Blender

Frédéric Couchet : On va commencer par un anniversaire. Premier sujet : Blender a eu 30 ans le 2 janvier 2024. D’abord qu'est-ce que c'est que Blender ? Qui veut commencer ? Magali.

Magali Garnero : Je vais commencer, je n'y ai jamais touché, donc je suis la mieux placée pour en parler.
Blender est un logiciel de modélisation et d'animation 3D, c'est-à-dire que ça fait plein d'animations, de dessins animés et ainsi de suite. Ils sont connus depuis belle lurette. Ils utilisent ce logiciel-là depuis le 8 janvier 1994, ça fait 30 ans ! Ils sont plus vieux que l'April. C'est amusant.
On en est à la version 4.0.2. Ce n'est pas parce que du temps passe qu'il y a beaucoup de versions, on est vraiment en mode qualité. Je me suis renseignée, c'est fait en langage C, C++ et Python et ils utilisent une licence publique générale, la GNU 3, la GNU version 3.
C’est donc un beau logiciel, qui demande un coût d'entrée assez important et qui a fait de très belles choses.

Frédéric Couchet : Peut-être préciser, ce n'est pas la GNU 3, c’est la GNU GPL 3, pour GNU General Public License, donc licence publique générale GNU, effectivement.
À quoi sert Blender, en fait, Pierre ?

Pierre Beyssac : Ça sert à faire des modélisations d'objets 3D. C’est fait pour des créateurs, c'est plutôt orienté jeux vidéos artistiques, ce n’est pas fait pour des objets industriels. C'est reparti de tout petit dans les années 90. Ce qui est intéressant, avec Blender, c'est qu’aujourd'hui c'est un logiciel libre qui est au niveau des meilleurs logiciels du marché, il a rattrapé les logiciels commerciaux.

Frédéric Couchet : Les logiciels propriétaires, parce qu’un logiciel libre peut être commercial.

Pierre Beyssac : Il y a 30 ans, il est parti d'une petite bande de développeurs qui vendaient des prestations par-dessus, mais le logiciel lui-même n'était pas libre, il était donné gratuitement, par contre, il fonctionnait sur des systèmes libres. C’est parti de tout petit. C'était loin derrière des logiciels extrêmement cher, par exemple quelque chose qui s'appelle Maya, un logiciel professionnel utilisé par des graphistes, et, petit à petit, il a fait son bonhomme de chemin.
En fait, au bout d'une dizaine d'années, les investisseurs de la boîte ont dit au développeur principal « ton truc ne rapporte pas grand-chose, on voudrait se retirer ». En gros, la boîte était mise en faillite et le développeur, en 2002, s'est dit « c'est quand même dommage de plier tout ça, on va racheter le code source du logiciel et on va continuer à bosser dessus. On va le diffuser en libre. » Il a donc fait une collecte, il a réuni 100 000 euros en 2002, il a créé une fondation à but non lucratif pour gérer le logiciel. À partir de là, le logiciel est devenu libre et contributif, il s'est donc développé, il a fait son petit bonhomme de chemin, il est devenu ce qu'il est aujourd'hui : un logiciel assez compétitif face à ce qui existe en beaucoup plus cher par ailleurs.
On peut faire des animations, on peut faire des effets spéciaux, on peut faire des incrustations, on peut même faire un peu de montage vidéo. On peut, par exemple, faire du tracking, c'est-à-dire prendre une vidéo classique, réelle, puis donner des points de tracking au logiciel pour lui dire « tu vas me faire tourner par-dessus l’objet 3D que j'ai simulé et incrusté ». On peut donc mettre un robot ou une soucoupe volante dans une scène. Il y a plein de plein de choses géniales dans ce logiciel, ça sert pour des concepteurs de jeux vidéo, maintenant, ça sert pour plein de choses et il y a une communauté très forte derrière.

Frédéric Couchet : À l'origine, le développeur est Ton Roosendaal.
Si vous voulez en savoir un peu plus sur Blender, je vous renvoie à l’émission 108 de Libre à vous !, donc sur libreavous.org/108, on avait parlé d'outils libres pour le graphisme et la vidéo dont Blender. C'était effectivement, à l'origine, un logiciel privateur, propriétaire. La boîte, entre guillemets, « fait faillite », en tout cas les investisseurs ont voulu arrêter. Ton Roosendaal a négocié le rachat des droits d'auteur pour le transformer en logiciel libre. À l'époque, il lui est demandé 100 000 euros et la somme a été réunie assez rapidement, ce qui fait que depuis maintenant 21 ans, c'est un logiciel libre qui produit des dessins animés, en termes de démonstration, qui sont très sympas à voir. Je n'ai plus les noms des dessins animés en tête.

Magali Garnero : Je les ai tous.

Frédéric Couchet : Tu les as tous.

Magali Garnero : Je ne vais pas tous les citer ; en tout cas les plus connus : Big Buck Bunny, parce que c’était très drôle.

Frédéric Couchet : Qu’est-ce que raconte Big Buck Bunny ?

Magali Garnero : Big Buck Bunny, c’est l’histoire d'un énorme lapin qui se fait embêter par – je ne sais pas si ce sont des rats, des écureuils.

Vincent Calame : Des écureuils. Je l’avais vu.

Frédéric Couchet : Vincent, tu nous diras ce que tu en penses.
Magali, continue.

Magali Garnero : Ça date de 2007, c'est donc assez âgé. C'est vraiment super drôle et assez court. Je conseille vraiment aux gens d'aller le voir.
Je vais aussi vous parler de Sintel, une jeune fille qui part à la recherche de son animal de compagnie, mais je sais plus si c'est un dragon, bref, quelque chose, et ça va lui prendre toute sa vie. C'est hyper-émouvant, donc je conseille vraiment le mouchoir, et ça avait été fait par une équipe sous la direction de David Revoy, dont on a souvent parlé dans cette émission.

Frédéric Couchet : On a souvent parlé de David Revoy. Rappelle qui c’est.

Magali Garnero : David Revoy est un homme formidable, que j'adore, qui a fait la bande dessinée Pepper&Carrot. Pepper est une petite sorcière ??? [23 min 37] , qui est consolée de toutes ses bêtises par son chat qui s'appelle Carrot, un petit chat roux. David travaille énormément sous un logiciel libre et il publie cette série-là sur son blog.

Frédéric Couchet : Et il fait beaucoup d'illustrations libres pour Framasoft.

Magali Garnero : Voilà, toutes les campagnes de Framasoft, c'est lui.
Et je vais vous parler du dernier, Sprite Fright. Je vous en parle parce que je n'ai pas encore eu l'occasion de le voir, donc, si quelqu'un qui nous écoute l'a vu, qu'il n'hésite pas à nous en parler, que ça nous donne envie d'aller le voir.

Frédéric Couchet : D'accord. En attendant que quelqu'un nous appelle, nous fasse un retour sur le salon web, Vincent, tu avais donc vu le premier qu’a cité Magali.

Vincent Calame : Oui, c'était l'exemple, Bon, un logiciel libre ne va pas remplacer un bon scénario. C’est d'abord une œuvre artistique, mais effectivement, maintenant, toute œuvre artistique a derrière elle tout un arrière-plan technique gigantesque, donc, heureusement que c’est en libre.
Il me semble que c’est utilisé dans l'industrie-même du dessin animé.

Frédéric Couchet : Je crois me souvenir, comme l'a dit Pierre tout à l'heure, que c’est effectivement très utilisé, que c'est à un niveau professionnel. Aujourd'hui, c'est donc géré par une fondation, la Fondation Blender. Est-ce que vous avez une idée des sommes que la fondation récolte en termes de don ou autre, même vague ? Pierre.

Pierre Beyssac : En détail, je ne sais pas, mais je sais qu'ils ont eu un méga-don de la part de Epic Games, qui est un énorme, un des plus grands éditeurs de jeux vidéo de la planète, en fait. Ils ont donc un soutien majeur de la part de l'industrie.

Frédéric Couchet : D’accord.

Magali Garnero : Il me semble qu'ils sont même utilisés par Ubisoft, un autre éditeur de jeux vidéo assez connu, même français il me semble.

Frédéric Couchet : Ubisoft est français.

Magali Garnero : Plein de jeux sont faits par Ubisoft, derrière lesquels, donc, il y a Blender.

Frédéric Couchet : Donc un outil libre qui, à l'origine, était privateur, qui existe depuis 30 ans, dont le développement continue, qui est soutenu par l'industrie parce que, effectivement, celle-ci a besoin d'un outil : plutôt que de développer chacun dans son coin ses propres outils ou de mettre des millions dans un outil privateur, dont Pierre a cité le nom tout à l'heure, mais que j'ai oublié ! C’est de la coopération.

Pierre Beyssac : Il y en a d’autres, c’est l’un des plus connus, mais il y a plusieurs autres ténors de l'industrie.

Frédéric Couchet : D’accord. En tout cas on constate que des logiciels sont développés sur la durée.
Vincent.

Vincent Calame : Ça permet aussi de se libérer d'un matériel privateur, parce que, dans ce monde-là, du graphisme, c'est Mac qui dominait énormément. Par contre, Blender fonctionne n'importe où. Ça a aussi permis de se libérer du matériel qui était pratiquement obligatoire en plus des logiciels.

Pierre Beyssac : Ça fonctionne même sur le système que j'utilise, qui est un peu plus confidentiel, qui est FreeBSD. Donc, je ne peux qu’aimer Blender en tant qu’outil libre.

Frédéric Couchet : Pierre et moi, nous nous connaissons depuis quelques années. J'allais justement lui faire la blague que ça tournait même sur FreeBSD, qui est un autre système d'exploitation libre, qu'on cite moins souvent que GNU/Linux ici, tout simplement parce qu’il est beaucoup moins connu, il y a moins de communautés d'entraide, on va dire, pour le grand public. Par contre, tout l’heure, j'ai pensé et je pense qu'il faudrait qu'on fasse une émission Libre à vous ! justement sur FreeBSD et sur les autres types de systèmes d'exploitation de type Unix, libres, en dehors de GNU/Linux, FreeBSD, NetBSD et d’autres. Tu en es effectivement un spécialiste et ça me fait penser que Blender tourne sur de nombreuses plateformes, y compris des plateformes comme Windows. Pour Mac je ne sais pas.

Pierre Beyssac : Mac, Windows, ça tourne à peu près sur tout maintenant.

Frédéric Couchet : À peu près sur tout. C'est vraiment quelque chose qui peut être utilisé par tout le monde, qui vient de fêter ses 30 ans, qui est, effectivement, un poil plus vieux que l'April, vu qu’elle a été fondée en 1996.

Magali Garnero : Légalement en 1996.

Frédéric Couchet : La création de l’association date de quelques mois, quelques semaines avant cette date. Si vous êtes en région parisienne, je crois que c'est chaque premier samedi du mois, dans le cadre des Premier Samedi du Libre, à la Cité des sciences et de l'industrie, il y a des réunions du groupe d'utilisateurs et d'utilisatrices d’Île-de-France de Blender. Je vérifierai, on mettra la référence. En tout cas, il y a un groupe d’utilisateurs et d’utilisatrices de Blender en région parisienne et je pense qu'il y en a sans doute d'autres ailleurs. Je vérifierai, je mettrai la référence sur le site de l'émission, à moins que vous confirmiez.

Vincent Calame : Oui, ils participaient souvent au Premier Samedi du Libre.

Frédéric Couchet : Tu ne sais pas si ça continue.

Vincent Calame : Non. Le confinement a tellement changé de choses.

Frédéric Couchet : Je note de vérifier. Je crois que ça s'appelle le BUG, Blender User Group, le bug étant aussi une erreur de programmation, un problème en informatique.

Magali Garnero : Oui, c'est ça. C'est très drôle.

Frédéric Couchet : OK, c'était une petite introduction sur un logiciel, donc Blender, avec plus d'informations sur blender.org.
On va changer.

[Sonnette]

Publication d’un nouveau noyau Linux

Frédéric Couchet : Changement de sujet. Là c’est un peu plus technique. On va demander à Pierre d'intervenir le premier sur ce sujet-là, vu qu'il vient de descendre.

Pierre Beyssac : Je sais de ce dont tu vas parler !

Frédéric Couchet : Écoutez, je suis le joker. On m'a donné une liste de sujets qu'il faut que je lance, et puis voilà!
Une nouvelle version du noyau Linux a été publiée et, selon ZDNet, on va balancer, il s'agit d'un très gros bébé dans le sens où, visiblement, c'est une version dans laquelle il y a beaucoup de lignes de code, avec rajout d’un certain nombre de fonctionnalités. Avant, peut-être, de rentrer dans le détail, mais très rapidement, parce que finalement, on a l'article, mais c'est quand même très technique, c'est peut-être l'occasion de rappeler ce qu'est un noyau de système d'exploitation. Je pense, Pierre, que tu sais à peu près de quoi je parle.

Pierre Beyssac : J'ai révisé un peu avant !

Frédéric Couchet : Est-ce que tu peux expliquer ce qu’est, vraiment, le noyau Linux ?

Pierre Beyssac : Le noyau d'un système d'exploitation, c'est la partie centrale du système qui démarre quand on allume l'ordinateur et qui fait un peu l'intermédiaire entre les programmes qu’on utilise et le fonctionnement du matériel. Il contient tous les pilotes du matériel, ce qui permet d'avoir des logiciels qui ne sont pas trop au courant du type de souris qu'on utilise, du type d'écran qu'on utilise, donc ça isole ; en fait, ça permet d'avoir des logiciels qui fonctionnent, sans trop se casser la tête, sur n'importe quelle machine, et ça gère le réseau, ça gère la sécurité, ça gère toutes les choses centrales du système et ça protège également les programmes les uns des autres.
À une époque, quand on avait des systèmes, comment dire, plus spartiates, on avait moins de protection. Depuis qu'il y a des systèmes comme Linux ou tous les systèmes professionnels, on a des protections entre processus pour éviter que tel programme malveillant puisse attaquer. Donc, ça permet de la protection antivirus, ça permet tout un tas de choses. On fait évoluer ça, évidemment, au fil du temps, pour intégrer de nouveaux périphériques, de nouvelles cartes réseau, de nouvelles cartes graphiques et de nouveaux protocoles réseau, etc.

Frédéric Couchet : Donc aujourd'hui, quand on installe une distribution GNU/Linux, sur la distribution il y a le noyau Linux, il y a un certain nombre de logiciels et tout s'installe tranquillement, sans trop de soucis. Je précise cela, car, il y a quelques années, il fallait quasiment compiler son noyau si on voulait rajouter, par exemple, un pilote pour un périphérique. Aujourd'hui c'est utilisable par toutes les personnes.

Pierre Beyssac : Oui, je peux même dire que récemment, pour des raisons bassement, comment dire, de maladie ferroviaire, je me suis installé un Windows et je me suis aperçu que GNU/Linux est plus facile à installer que Windows. Quand on n’achète une machine toute installée, finalement les distributions Linux d'aujourd'hui sont ultra-faciles à installer. C'est impressionnant. Ça démarre. D'ailleurs, si on ne veut pas l'installer, si on ne veut pas risquer d'abîmer ce qu'on a déjà installé sur l'ordi, on peut la tester avec une simple clé USB, un truc qui vaut dix euros. C'est assez marrant à voir. En fait, on a des systèmes qui se démarrent facilement, qui sont très faciles à configurer et qui sont très accessibles.
Le noyau démarre, effectivement, et, derrière, il y a tous les outils, votre navigateur, votre traitement texte, si ça vous plaît, la gestion des casques, des haut-parleurs, des écrans, tout cela fonctionne sans souci. Ça fait 30 ans qu’on attendait d'y être et là on y est !

Frédéric Couchet : Justement, j'allais dire que la première version du noyau Linux c’est 1991. Les familles BSD, les noyaux BSD, c'est quelle époque, à peu près, en libre ?

Pierre Beyssac : Les versions en libre, sur PC, c'est 1991/1993. Un gars qui s'appelait Bill Jolitz et sa femme, Lynne Jolitz, ont pris ce qui existait sous forme de noyau libre à l'époque, qui venait de l'université de Berkeley, d'où le « B » dans BSD, ils ont fait marcher ça sur PC et, après, ça a été récupéré en mode contributif pour en faire différentes souches de logiciel libre.

Frédéric Couchet : D'accord. On fera clairement une émission sur la famille des BSD, BSD voulant dire Berkeley Software Distribution, distribution de logiciels par l'université de Berkeley.
Pour cette nouvelle version du noyau Linux, je vous renvoie vers l'article qu'on a mis en ligne sur le site de l'émission, libreavous.org/197, qui détaille, justement, quelques nouvelles fonctionnalités, comme le système de fichiers dont tu as parlé, il y a de nouveaux systèmes de fichiers, des modifications au niveau des cartes graphiques, au niveau du CPU. Vincent, Magali, voulez-vous dire quelque chose là-dessus ?

Magali Garnero : Moi, c’est une question. J’ai vu qu’il y a une émulation en 32 bits. 64 bits je vois, mais, du coup, 32 je ne sais pas.

Frédéric Couchet : Pierre ou Vincent, qui veut répondre?

Pierre Beyssac : 32 bits, ce sont les anciennes machines ; jusqu'à, à peu près, 15/20 ans, tout était en 32 bits. Et puis les processeurs devenant plus puissants et plus rapides, avec plus de mémoire, on a créé les processeurs sous 64 bits qui permettent d'exploiter le matériel. Du coup, ce n'était plus compatible, il fallait réécrire les logiciels. Il y a eu toute une période – on arrive un peu à son terme ; maintenant, pratiquement, tout est en 64 bits directement – durant laquelle il fallait quand même continuer à faire tourner les logiciels anciens, qui avaient été écrits à l'époque du 32bits. Il y avait eu d'autres périodes avant, quand on est passé du 16 au 32, du 8 au 16, c'est encore plus loin.

Frédéric Couchet : Donc, dans ce nouveau noyau, il y a une option qui permet d'activer ou de désactiver l’émulation 32 bits, qui permet donc de désactiver ou d'activer le démarrage d'applications en 32 bits sur les systèmes d’exploitation en 64 bits.
J’avais dit que ce serait un peu plus technique que d'habitude. En tout cas c’est une des options et, de toute façon, ça sera intégré dans le noyau de votre distribution favorite ; en fonction de la distribution, c'est plus ou moins rapide. Actuellement, je pense qu’on doit être à la version 6.5 ou 6.6 de la distribution, je ne sais plus exactement.

Magali Garnero : 6.7.

Frédéric Couchet : Vincent, tu voulais rajouter quelque chose ?

Vincent Calame : Je voulais juste réagir. À un moment, tu as dit « il y a quelques années, il fallait compiler le noyau ». Ça fait quand même très longtemps qu'il fallait compiler le noyau. Ça fait quand même un certain temps que le noyau est compilé et disponible dans les distributions. Et Pierre, à un moment, tu as parlé d'un casque, ça donne l'impression que c'est uniquement dans le nouveau noyau qu'on sait gérer les casques audio ! Je vous rassure !

Pierre Beyssac : Tu plaisantes, mais, dans FreeBSD, il n’est pas possible de brancher un casque en Bluetooth, il n'y a pas la fonction, parce que c'est plutôt un système qui est destiné aux serveurs et pas tellement aux machines de bureau.

Magali Garnero : Il n’y a pas encore la fonction !

Pierre Beyssac : Oui, pas encore ! D’ici 2040, peut-être, je ne sais pas 1

Magali Garnero : Méchant !

Frédéric Couchet : Ce sont des systèmes qui ont des objectifs différents et, sans doute, des publics cibles différents. On consacrera vraiment une émission à cette famille de logiciels libres.
Vincent :

Vincent Calame : Quand on parle du noyau Linux, c'est le seul moment on peut parler de Linux tout seul, alors que quand on parle de distribution Linux, on fait une erreur, parce que c'est une distribution GNU/Linux.

Frédéric Couchet : Exactement.
On va faire une petite pause musicale parce que, finalement, on avance quand même plutôt pas mal dans l'émission, et puis le sujet d'après un petit peu lourd. On va faire une petite pause musicale en attendant.
Nous allons écouter Balcarabic Chicken par Quantum Jazz. On se retrouve dans trois minutes. Belle journée à l'écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Balcarabic Chicken par Quantum Jazz.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Balcarabic Chicken par Quantum Jazz, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA 3.0.

[Jingle]

Deuxième partie 40’ 00

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre