Différences entre les versions de « Émission Libre à vous ! sur Cause Commune du 19 décembre 2023 »

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==Framasoft, un an de coin coin. Bilan, et perspectives, un an après le début de sa campagne « Collectivisons Internet, Convivialisons Internet »==
 
==Framasoft, un an de coin coin. Bilan, et perspectives, un an après le début de sa campagne « Collectivisons Internet, Convivialisons Internet »==
  
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons poursuivre
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<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons poursuivre par notre sujet principal, « Framasoft un an de coin coin », avec Gee qui est resté avec nous et qui a donc enfilé sa casquette de membre de Framasoft et Pouhiou, codirecteur de l'association. Nous allons discuter avec eux de leur bilan et des perspectives, un an après le début de leur campagne « Collectivisons Internet Convivialisons Internet » ou coin coin. Je précise que Pouhiou, qui suit de beaucoup plus près cette campagne, interviendra principalement, mais Gee n’hésitera pas à partager son point de vue, soyez rassurés.<br/>
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N'hésitez pas à participer à notre conversation au 09 72 51 55 46 ou sur le salon dédié à l'émission, sur le site causecommune.fm bouton « chat ».<br/>
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Pouhiou, Gee, je vous propose de commencer par la base, est-ce que vous pourriez chacun vous présenter de manière assez sommaire et en profiter pour présenter, peut-être, Framasoft en quelques mots.
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<b>Pouhiou : </b>Je suis Pouhiou, je ne suis pas du tout développeur ou informaticien à la base. Je suis arrivé dans le Libre en écrivant des pièces de théâtre et des romans que j'ai mis sous licence libre pour les partager librement. Ces romans ont été édités par une maison d'édition qui s'appelle Framabook, de l'association Framasoft, et c'est comme cela que je suis rentrée dans cette association il y a quelques années maintenant et, aujourd'hui, je suis donc codirecteur de l'association Framasoft.<br/>
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Le principe de Framasoft c’est, je peux faire le truc « Association d'éducation populaire aux enjeux du numérique et des communs culturels », très bien, mais le principe c'est de faire un peu une espèce de chaînon manquant entre ce monde parfois très spécialisé du numérique libre et les gens, quelque forme que puisse prendre les gens, parce que les gens n'existent pas, ce sont des humains et nous sommes tous et toutes très différents, donc donner des trucs très concrets, des outils très concrets pour améliorer les libertés numériques dans sa vie. Ça peut être une fois un MOOC, ça peut être une fois développer un logiciel alternatif et, une autre fois, mettre sur des serveurs un outil en ligne pour remplacer Google Docs ou Google Forms.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Tu peux peut-être nous préciser, pour les personnes qui ne connaissent, pas ce qu'est un MOOC.
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<b>Pouhiou : </b>Un MOCC, c'est un cours massivement ouvert et en ligne, on vient d'en sortir un ce matin sur le milieu associatif et comment proposer des outils pour se libérer. Une première partie, un premier module de ce MOOC était « Internet, pourquoi et comment reprendre le contrôle ». D’ores et déjà on peut aller suivre ce cours et se former sur toutes ces questions-là. C'est un cours en ligne.
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<b>Étienne Gonnu : </b>J'ajouterai le lien et je rappelle que toutes les références qui seront citées seront sur la page de l'émission, je rajouterai ce lien-là. Gee.
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<b>Gee : </b>C'est rigolo parce que moi, pour le coup, je viens bien du milieu de l'informatique, j'ai fait des études, j'ai une thèse de géométrie algorithmique, un truc un peu voilà, quoi ! Pourtant, je suis rentré à Framasoft un peu comme Pouhiou pour le côté artistique, parce que je faisais des petites BD sur Internet, un truc qui s'appelait le <em>Geektionnaire</em> à l'époque, et j'avais été invité à en poster sur le Framablog, le blog de Framasoft. Ça fait un petit moment maintenant, c’était même juste avant que Pouhiou n'arrive, c’était en 2011, je crois.
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<b>Pouhiou : </b>Je suis arrivé en 2012, je crois.
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<b>Gee : </b>C'est ça. Et je suis resté, j'ai fait pas mal de postes différents, j'ai été secrétaire, j'ai même été coprésident à un moment, ça je l'assume moins ! Pour moi, c'est effectivement une des spécificités de Framasoft. Déjà, quand tu vois que nous sommes arrivés par la BD, par le roman, c'est un truc qui peut surprendre. Je pense que dans le milieu numérique/logiciel il n’y a pas énormément d'assos dans lesquelles tu peux arriver par ce biais. En général, c'est le petit geek qui aime bien développer, « qui aime bien les ordinateurs Windows 98 », du coup non, pas à Windows 98. Je pense d'ailleurs que l’asso a plutôt évolué en poussant encore plus dans ce sens, plus qu’il y a dix ans.
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Nous y sommes restés tous les deux et nous y sommes bien.<br/>
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<b>Pouhiou : </b>Framasoft a bientôt 20 ans.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Je précise d'ailleurs que, Pouhiou, tu es salarié de l'association et toi, Gee, tu en es un membre bénévole.<br/>
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On a à peine commencé, mais j'ai immédiatement envie d'ouvrir une parenthèse avec vous, je pense que c'est complètement lié à notre sujet, qui est donc Framasoft, puisque ça concerne nos valeurs, plutôt notre éthique partagée. Pour préparer cette émission, je tiens à signaler qu’avec Pouhiou nous avions échangé directement, comme c'est notre habitude à chaque émission, pour préciser notre attachement à la question de la représentativité de la diversité de genre, de la parité plus précisément : on demande à chaque structure, dans la mesure du possible, de privilégier la participation d'une femme. Une parenthèse dans la parenthèse, on a fait une conférence à ce sujet lors du salon Open Source Expérience et les diapos et références sont à retrouver sur notre site. Bref ! Vous avez parfaitement accueilli cette demande, pour des raisons de disponibilité c'est Pouhiou et Gee qui représentent aujourd'hui Framasoft.
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<b>Gee : </b>C'était surtout Pouhiou à la base. Il se trouve que je faisais ma chronique avant, donc nous nous sommes dit autant que je sois là, mais, de base, je n'étais pas spécialement prévu.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Tout à fait, merci de le préciser.<br/>
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J’évoque cette question parce que, quand on a signalé notre attachement à la diversité, Pouhiou, en plus d'accepter, de le comprendre, tu as partagé avec nous tes réflexions à ce sujet et je trouve intéressant de profiter de ce temps d'échange, donc entre deux structures qui partagent une éthique commune sur les libertés informatiques, pour mettre en lumière ces réflexions communes dans nos pratiques.
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<b>Pouhiou : </b>C’est vrai que c'est rare de pouvoir parler de ces questions-là qui ne sont pas le cœur de notre militance, mais qui, pourtant, nous tiennent à cœur. Nous sommes d'accord sur l'importance de la représentativité, de la représentation et de l'inclusivité, mais, du coup, comment être à la hauteur du sujet et comment être à la hauteur du sujet en sortant de la bête comptabilité : combien il y a de vagins, combien il y a de pénis ? De toute façon, on ne regarde pas dans la culotte des gens qui viennent à la radio !
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<b>Étienne Gonnu : </b>Parce que c'est cela qui distingue homme et femme.
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<b>Pouhiou : </b>Bien sûr ! Le sexe, le genre, et tout ça, et je trouve cela très important. J'ai des collègues identifiées socialement comme femmes qui me disent « j'en ai un peu marre de me demander, à chaque fois qu'on m'invite, si on m'invite parce que je suis perçue comme une femme ou si on m'invite parce que j’ai une expertise, parce que je bosse, parce que je fais des trucs bien. De même, d'autres vont me dire « tout le temps qu'on va passer à faire du <em>tutoring</em> d'autres femmes, à faire de la représentation, etc., on ne le passe pas à bosser, à faire avancer notre expertise, notre carrière, donc c'est une double charge ». Il y a déjà cette première partie-là.<br/>
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La question homme-femme est intéressante, mais elle continue de souscrire à la question de la binarité. Personnellement je suis en train de ne plus du tout me définir comme homme cis, cette définition ne me va plus du tout. Du coup, il faudrait inviter plutôt des femmes que des hommes ! OK, du coup, je suis où moi, là-dedans ? Bien sûr, tout cela n'est pas un reproche, mais il y a tellement de questions ! Comment le faire bien ? C'est important de le faire, ce n'est même pas à remettre en question, mais comment faire les choses bien, en sortant du bête prétexte de « je compte un, une », etc., on fait des tokens et c'est nul !
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<b>Étienne Gonnu : </b>Un token, un jeton de présence, en gros, pour participer. C'est vrai que j’ai trouvé ça très intéressant quand tu l’as soulevé parce que, de fait, je pense, d'ailleurs je pense que c’est aussi ton propos, me semble-t-il, que mener cette action reste pertinent et nécessaire, ne serait-ce que pour avoir à peu près la parité. Mais forcément, de fait, on s'appuie sur des stéréotypes de genre : sur la nature de la voix, sur le patronyme, là nous sommes à la radio, mais sur certaines caractéristiques physiques.
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<b>Pouhiou : </b>Ce qu'on appelle l'expression de genre, qui est différente encore du genre et qui est différente du sexe. Je trouve que tout cela est extrêmement intéressant à travailler, parce que, en plus, on hérite d'une culture patriarcale qui est installée et on est dans un milieu où le patriarcat ayant fait son effet il y a statistiquement moins de personnes s'identifiant comme femme. Ça veut donc dire que si on veut réussir une parité et imposer du 50/50, il va falloir qu'elles bossent plus dans la représentation. On est dans une période de transition et on essaie de faire avancer les choses pour qu'on ne soit plus, demain et après-demain, dans un milieu où il y a une surreprésentation des personnes identifiées comme hommes et une sous-représentation des personnes identifiées comme femmes. Comment fait-on, dans cette période de transition, pour ne pas créer des problèmes en voulant en résoudre d'autres ?
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<b>Étienne Gonnu : </b>D'où la nécessité, aussi, d'en discuter ouvertement.
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<b>Pouhiou : </b>Je n’ai pas de réponse, par contre j’ai plein de questions et parlons-en.
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<b>Étienne Gonnu : </b>En fait, la réponse vient ??? [24 min 20]<br/>
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Tu voulais evenir sur ce sujet ou on ferme la parenthèse ?
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<b>Gee : </b>On va fermer la parenthèse, je ne suis pas sûr d'avoir quelque chose de plus intéressant à dire que ce que Pouhiou vient de faire !
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<b>Étienne Gonnu : </b>Fermons cette parenthèse, revenons à nos moutons ou, plutôt, à nos canards, puisque, comme je le disais, ça fait un an de Framasoft fait coin-coin. Qu’est-ce que ça veut dire ? Est-ce que Framasoft s'est lancé dans l'élevage aviaire ? Je précise qu'il y a un an on vous avait reçu tous les deux d'ailleurs, le 6 décembre 2022, dans <em>Libre à vous !</em> 161, si vous voulez retrouver la référence, pour, justement, parler de cette campagne, ça fait donc un an.
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<b>Pouhiou : </b>L'idée de « Collectivisons Internet, Convivialisons Internet », ça semble hyper-sérieux comme ça, du coup on dit « coin coin », au passage parce que ça nous fait marrer, qu'on peut faire des blagues.
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<b>Gee : </b>C’est super long à dire, même Étienne a galéré tout à l'heure !
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<b>Étienne Gonnu : </b>Je me suis entraîné.
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<b>Gee : </b>Coin coin, c'est quand même mieux !
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<b>Pouhiou : </b>On est d'accord ! L'idée c'est de se dire OK, il y a un coup à jouer. Il y a eu pas mal de travail dans le milieu du logiciel libre, Framasoft ayant fait sa part, pour essayer de convaincre des plus grosses structures, des assez grosses structures, de faire en sorte que les communautés s'émancipent et fassent des transitions vers du numérique éthique ; il y a eu aussi un travail vers les individus, mais, du coup, il y a une espèce de public entre les deux, des petits collectifs pour lesquels, finalement, il y a très peu de possibilités d'offres. Donc, qu'est-ce qu'on peut faire pour améliorer ça ? La plupart des projets qu’on porte au sein de cette campagne, qui s'ajoutent à tout ce que continue de faire Framasoft, parce qu'on ne va pas s'arrêter pour autant, la plupart des nouveaux projets de cette feuille de route, c'est vraiment de se dire qu’on va essayer de compter sur ces petits collectifs, parce que, en plus, au sein de ces petits collectifs, il y a une vraie capacité à s'entraider et, du coup, à se former. Et s’il y a une volonté de se dire on va avoir des outils numériques à la hauteur de nos valeurs et qui correspondent vraiment à nos valeurs et pas à celles de Google et de Microsoft, du coup il y a moyen qu’il y ait de l'entraide et que ces personnes-là se forment entre elles, si on leur donne des outils et des clés, C'est à peu près ça le principe de base.
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<b>Étienne Gonnu : </b>On va échanger, on va pouvoir rentrer dans le détail. Je vais en profiter pour dire que Framasoft a déjà fait un gros travail d'explication sur le Framablog où un premier billet a été publié début novembre, de mémoire, qui précise un petit peu cette feuille de route et qui évoque ses bilans et ses perspectives. Il y a plusieurs articles tout au long de ces deux mois, novembre et décembre, sur les différents projets. On va rentrer dans certains détails, en particulier sur PeerTube. Si vous voulez creuser et relire ça à tête reposée, je vous invite vraiment à aller lire sur le Famablog, c'est très agréable à lire et très joliment illustré. On va profiter : est-ce qu'on peut quand même dire un mot sur l'esthétique magnifique autour de cette campagne avec les illustrations réalisées par David Revoy ?
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<b>Pouhiou : </b>Tout à fait. C’est un boulot de dingue fait par David sur cette campagne et, du coup, sur le site soutenir.framasoft.org où vous avez accès à toutes les thématiques et à tous les articles, etc. Depuis 2017, maintenant, on bosse avec lui, c'est un bonheur de bosser avec lui et, en effet, toute l'idée c'est de montrer à la fois le combat parfaitement inégal de petites assos et de petites communautés du Libre face aux plus grandes puissances économiques, culturelles et politiques aujourd'hui, les géants du Web c'est à peu près ça ! Donc montrer ce combat inégal et montrer qu'on va quand même le faire et montrer que ce n'est pas pour faire mal, pour dominer ou pour machin, mais juste pour regagner l'espace, pour repousser l'espace. David a mis ça parfaitement en illustration. Je vous invite vraiment à aller sur « Soutenir » pour voir les petites mascottes, les monstres représentant les GAFAM, les géants du Web, qui représentent très bien leur manière de nous attaquer, nous, citoyennes et citoyens. C'est magique, j'adore bosser avec cette personne !
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<b>Gee : </b>Un truc que j'aime aussi beaucoup avec cette esthétique, qui rejoint ce que je disais dans ma chronique sur le fait qu’on essaye de faire des bilans assez positifs, par exemple, c’est que quand on lutte comme ça pour des causes, que ce soit les libertés informatiques, ça pourrait être d'autres choses – le féminisme, l'antiracisme –, on lutte contre des trucs qui ne sont quand même pas jojos, contre un monde qui est quand même assez pourri et souvent ce sont des choses qui t’atteignent, en fait, d'une manière ou d'une autre. C'est éprouvant de lutter contre des trucs assez violents et assez forts. Quand on a la grosse machine des GAFAM, par exemple, qui est toute puissante, et que toi tu es tout petit, avoir cet imaginaire extrêmement positif – je n'irais pas jusqu'à dire que les GAFAM sont mignons –, mais les monstres que nous a faits David c'est une manière de les voir, on peut s'en moquer et c'est moins anxiogène. IL y a vraiment un côté « on va y aller en mode OK, c'est très manichéen, nous sommes les gentils, eux sont les méchants, et on va le faire d'une manière optimiste. »
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<b>Étienne Gonnu : </b>On va mettre de la joie dans la lutte !
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<b>Gee : </b>C’est ça, totalement.
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<b>Étienne Gonnu : </b>On sait combien a conquête des imaginaires est importante. D'ailleurs, en face, ils ont très bien compris aussi l'importance de créer un imaginaire où l'informatique c'est Google, où l'informatique c'est Microsoft et c'est aussi cela qu'il faut déconstruire.
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<b>Pouhiou : </b>Et proposer une autre esthétique, parce que, finalement, on n'a pas les mêmes valeurs. Et si on faisait une esthétique à la Apple, lisse, épurée, avec de la photo, du machin, etc., ça parle à une certaine communauté, je vais prendre mon clichet du cadre sup avec son SUV et son abonnement à Canal, maintenant ce n’est plus Canal, et ses multiples abonnements à ??? [30 min 14], c'est cool, mais ce ne sont pas les personnes à qui on s'adresse en premier. Nous nous adressons à des personnes qui, justement, cherchent une certaine éthique une certaine valeur dans leur pratique et dans leur pratique numérique. Finalement, quel est l’imaginaire de ces personnes ? Quel est le visuel qu'on peut proposer à ces personnes pour leur dire que c'est plus à toi, c'est plus ton monde à toi que le monde qu'on voit déjà partout dès qu'on ouvre un média de Bolloré ?
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<b>Gee : </b>Je pense que le côté fun est aussi important. La barre de dons, en gros, ce sont des personnages choupy de notre côté, qui poussent contre un mur et, derrière, il y a les monstres des GAFAM qui essayent de le retenir. Je me souviens même d’une discussion qu'on avait eue, il y a quelques années, avant que David fasse ce truc, c'était la campagne « Dégooglisons Internet » avec une parodie d’Astérix, faite par un autre dessinateur talentueux, dont le nom m'échappe aujourd'hui !
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<b>Pouhiou : </b>Gee peut-être !
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<b>Gee : </b>Bref ! C’était moi qui avais fait cette carte et je me souviens qu’à l'époque à l'époque on avait eu pas mal de discussions sur la façon de mettre en forme ce truc de « Dégooglisons Internet », sur la façon dont on résiste aux GAFAM, tout ça. Je me souviens qu’on avait eu deux idées : l’idée sur laquelle on est partis, donc faire cette parodie d'Astérix, et une autre idée, quelque part, qui était assez évidente aussi, finalement, c'était le côté résistance contre les nazis par exemple, la résistance contre l'envahisseur. En fait, on s'était dit que ce n'était pas un bon plan. Ça marchait très bien parce qu’on peut voir les GAFAM comme une entité totalitaire, tout ce qu’on veut !
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<b>Pouhiou : </b>Colonisante.
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<b>Gee : </b>Même si on met de côté le point Godwin, allons-y, juste autre chose, mais, ce qui est bien avec Astérix, c'était le côté ridiculisant en fait, c'est-à-dire les méchants romains. Je pense que là c'est pareil pour les monstres, ce sont des méchants, ils sont clairement identifiés comme tels, mais ça fait référence à des trucs rigolos : le méchant romain, on lui met un pain dans son menton il gicle à 200 mètres et on rigole. Faire ça avec des résistants et des nazis, c'est moins fun, même si l'image était bien aussi. Avec ce David a fait, je trouve qu’on reste toujours dans cet effet : ramener du fun et de la joie dans la lutte !
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<b>Pouhiou : </b>Et, toujours dans le langage graphique, à chaque fois, avec David, on se pose la question : comment représenter les outils, les valeurs, les choses numériques sans mettre un clavier, un écran, du vert Matrix et du terminal noir ; ce n’est pas qu'on n'aime pas cette esthétique, je la vis quand même tous les jours, il n’y a pas de problème, mais c’est bien de sortir de ça, de sortir de cette bulle-là.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Ça fait écho à l’idée qu’on peut défendre : le logiciel libre n’est pas juste un combat d'informaticiens et d’informaticiennes, il concerne tout le monde ! Comment on fait collectivité, comment nous collectivisons et comment convivialiser Internet. Je trouve ça très intéressant et je trouve que souvent, quand on lit Framasoft et vos actions, il y a cette idée de remettre l'humain au centre et c'est extrêmement important. On sait pourquoi on fait les choses.<br/>
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Peut-être juste mentionner que « Dégooglisons » c’était la campagne d'avant. Je pense que coin coin est la continuité. Je pense important de redire qu’à Framasoft vous avez lancé quelque chose, vous avez commencé à proposer des outils alternatifs à ceux des GAFAM, mais votre propos, et tu pourras justement le définir, c'est que vous ne vouliez pas devenir un nouveau Google, on en est à des kilomètres et des kilomètres dans ce qu’est Framasoft. Vous ne vouliez pas être un nouveau nœud sur le réseau. En fait, on défend des systèmes a-centrés, des systèmes collectifs, justement.
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<b>Pouhiou : </b>Tout à fait. Le principe c'est vraiment de dire comment on abaisse la marche d'entrée, comment on ouvre un peu plus grand la porte à plus de monde. En 2014, on disait « tu veux une alternative à Google docs ? Pas de soucis ! Tu loues ton serveur, tu prends ton nom de domaine, tu fais « sudo apt get install etherpad » et là j'ai perdu 99,99999 % des gens dont moi ! 'ai dû apprendre par cœur cette phrase ! Je ne comprends rien à ce que je dis. Ce n’est plus vrai, mais bon !, je vais faire semblant, on est la radio !
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Tout ça pour dire que l'idée c’était de dire « on va le mettre en place », mais il y a plein de monde qui vient chez nous ! En fait, vous n'êtes pas obligés de venir chez nous, c’est la première étape, c’est pour commencer, voir si ça vous va, si ça ne vous va pas et c'est OK que l'outil ne corresponde pas encore à vos besoins et que vous ne puissiez pas encore vous libérer. Cest hyper OK ! C'est une porte d'entrée et, une fois que vous êtes là, vous pouvez continuer à avancer et aller chez d'autres ou vous auto-héberger ou mettre en commun les besoins et créer un hébergement pour votre communauté, etc.<br/>
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De toute façon, ce qu'on propose à chaque fois c'est ça, c'est vraiment essayer d’abaisser techniquement et pratiquement la marche d'entrée pour faciliter l'adoption d'outils numériques éthiques
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<b>Gee : </b>Après, ça reste quand même un choix. Tu disais qu’on était loin de devenir un nouveau Google, qu’on ne voulais pas grossir plus. On était effectivement loin de devenir nouveau Google, mais on a fait quand même un choix : on aurait pu partir dans le truc, pas mal de gens attendaient de nous de continuer de grossir, de mettre, par exemple, une identification unique sur tous nos services pour qu'on ait une espèce de truc unifié comme Google peut avoir et, pourquoi pas, faire un peu payer les comptes, même pas cher, deux/trois euros, pour que les gens puissent avoir leur truc éthique et tout, et ça aurait peut-être très bien marché, par ailleurs ! Mais en fait non ! C'était vraiment une volonté de dire que ce n'est pas le modèle qu’on veut ; on ne veut pas faire des champions, des licornes, les termes qu'on utilise dans la <em>Startup Nation</em> française, cocorico, youpi, on a réussi, même si c'est éthique. On défend le modèle des petits trucs décentralisés ! On comparait souvent les chatons, les hébergeurs alternatifs comme Framasoft avait commencé à faire, aux AMAP, les AMAP du numérique, par opposition aux gros supermarchés et c'est exactement ça en fait. On peut dire qu’on va faire une ligne de supermarchés éthique, qui va bien payer ses gens – il y en a qui le font, qui essaient de faire des trucs comme ça, je ne vais pas citer de marque – mais non ! Notre modèle c'était plutôt le modèle AMAP !
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C'est aussi un choix et, de fait, entre « Dégooglisons » et coin coin, parce que c'est trop long, il y a eu aussi « Contributopia » qui était un peu une phase de transition, après il y a eu le Covid, on va pas faire tout l'historique mais voilà !
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<b>Étienne Gonnu : </b>Coin coin, effectivement et Contributopia, je repense aux superbes dessins qu’il y avait à l'époque. Bref ! Avançons.<br/>
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Campagne coin coin lancée il y a un an, avant qu'on rentre dans les exemples précis, peut-être faire un bilan général, une année après, qu'est-ce que vous en avez tiré ?
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<b>Pouhiou : </b>D'une part, que le besoin est juste. En tout cas, les retours qu'on a eus, c'est qu'il y avait vraiment, clairement, besoin de s'adresser encore plus aux petits collectifs, qu’il y a tellement de petits collectifs qui disent « on est chauds, on est prêts, on veut se sortir de Google , de Microsoft 365 et de tout ça, mais on ne sait pas comment, on a besoin de chaleur humaine, on a besoin d'aide, on a besoin d'outils, on a besoin de choses comme ça ». C'est quand même hyper-rassurant. Ça a été vraiment compris comme le numérique qui sert d'action politique, politique parce qu'on essaie d'améliorer et de changer la façon dont la société fonctionne à notre tout petit niveau, mais on essaie. C'est du boulot, mais on avance, mine de rien.<br/>
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Framaspace, par exemple, est un des services. On dit à un petit collectif de moins de 50 membres : on peut vous offrir un espace de 40 gigas en ligne, de <em>cloud</em> avec de l'agenda, de la prise de notes collaborative, de l'espace de stockage, etc. Il y a déjà plus de 700 espaces, on doit même être peut-être 800, on était à 750 au moins. Ça marche, un forum commence à se mettre en place, il y a énormément besoin de « comment est-ce qu'on fait ci, j'aimerais bien un tutoriel pour ça, etc. ». On voit bien que le besoin est là, que ça commence à marcher, qu’il va falloir continuer à avancer pour accompagner et offrir encore plus d'outils et passer à la vitesse supérieure.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Parfait ! Je vous propose de faire une pause musicale avant de rentrer dans les détails et montrer effectivement, quand on lit ce bilan, qu’on voit clairement que ça a beaucoup avancé en un an. On a du mal à se dire que ça ne fait qu’un an que tout ceci a déjà été fait. Bref !<br/>
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Je vous propose d'écouter <em>On reviendra</em> par Chicken’s Call. On se retrouve juste après. Belle journée à l'écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
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<b>Pause musicale : </b><em>On reviendra</em> par Chicken’s Call.
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<b>Voix off : </b>Cause Commune, 93.1.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Nous venons d’écouter <em>On reviendra</em> par Chicken’s Call, disponible sous licence libre Creative Commons Atttribution, CC By.
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==41’ 27==
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<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons poursuivre notre discussion

Version du 20 décembre 2023 à 17:23


Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 19 décembre 2023 sur radio Cause Commune

Intervenant·e·s : Gee - Pouhiou - Luk - Étienne Gonnu - Élise à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 19 décembre 2023

Durée : 1 h 30 min

Podcast PROVISOIRE

Page de présentation de l'émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration : Déjà prévue

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Étienne Gonnu : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
Voilà un an que l’association Framasoft s’est mise à faire coin coin pour collectiviser et convivialiser Internet. On en parlera avec elle dans notre sujet principal. Avec également au programme les campagnes et Firefox, navigateur en voire d’extinction. Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Étienne Gonnu, chargé de mission affaires publiques pour l’April.

Le site web de l’émission est libreavous.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou à nous poser toute question.

Nous sommes mardi 19 décembre 2023, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

À la réalisation de l’émission du jour, Élise, accompagnée de Fred. Salut à vous deux.

Élise : Salut !

Frédéric Couchet : Bonne émission.

Étienne Gonnu : Nous vous souhaitons une excellente écoute.

[Jingle]

Chronique « Humeur de Gee » - « Les campagnes de don

Étienne Gonnu : Nous allons commencer cette dernière émission de l’année 2023 par une nouvelle humeur de Gee, aujourd’hui sur les campagnes de don. Je n’ai pas lu la chronique, je ne l’ai pas entendue, je vais donc la découvrir en direct, comme tout le monde, mais je ne peux m’empêcher de me demander si, cette fois-ci encore, à quel moment ta chronique va prendre un virage anticapitaliste. Suspense ! On va voir.
Salut Gee, désolé si je divulgâche, malgré moi, ta chronique et je te laisse la parole.

Gee : Il n’y a pas de souci.









Étienne Gonnu : Merci beaucoup Gee. Tu vas rester avec nous pour le sujet principal. Comme tu l’as dit, tu es membre de Framasoft et, puisque nous allons parler de Framasoft, on va en profiter pour en discuter ensemble.
En t’écoutant, ça m’a rappelé les propos tenus par Philippe Aigrain qui a été un activiste infatigable, un défenseur des libertés informatiques, qui nous a malheureusement en 2021. Lors d’une audition devant l’Assemblée nationale, je ne sais plus à quel sujet, il disait que Framasoft avait fait plus pour les libertés informatiques que l’ensemble des pouvoirs publics, il disait cela il y a quelques années, par rapport à tes réflexions sur l’impôt, l’usage de l’argent et comment on s’organise collectivement par rapport à tout ça.
En tout cas, merci beaucoup pour cette chronique.
Je vous propose de faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Étienne Gonnu : Après la pause musicale, comme je le disais, nous échangerons avec Framasoft pour discuter de ses bilans et de ses perspectives après une année de sa campagne coin coin.
Avant cela , nous allons écouter Riverside II par Le Chaos Entre Deux Chaises. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles. Pause musicale : Riverside II par Le Chaos Entre Deux Chaises.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Étienne Gonnu : Nous venons d’écouter Riverside II par Le Chaos Entre Deux Chaises, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By. Je ne peux que saluer le super nom de ce groupe. Vous trouverez une présentation de ce groupe, Le Chaos Entre Deux Chaises, sur le site auboutdufil.com.

[Jingle]

Étienne Gonnu : Passons maintenant à notre sujet suivant.

[Virgule musicale]

Framasoft, un an de coin coin. Bilan, et perspectives, un an après le début de sa campagne « Collectivisons Internet, Convivialisons Internet »

Étienne Gonnu : Nous allons poursuivre par notre sujet principal, « Framasoft un an de coin coin », avec Gee qui est resté avec nous et qui a donc enfilé sa casquette de membre de Framasoft et Pouhiou, codirecteur de l'association. Nous allons discuter avec eux de leur bilan et des perspectives, un an après le début de leur campagne « Collectivisons Internet Convivialisons Internet » ou coin coin. Je précise que Pouhiou, qui suit de beaucoup plus près cette campagne, interviendra principalement, mais Gee n’hésitera pas à partager son point de vue, soyez rassurés.
N'hésitez pas à participer à notre conversation au 09 72 51 55 46 ou sur le salon dédié à l'émission, sur le site causecommune.fm bouton « chat ».
Pouhiou, Gee, je vous propose de commencer par la base, est-ce que vous pourriez chacun vous présenter de manière assez sommaire et en profiter pour présenter, peut-être, Framasoft en quelques mots.

Pouhiou : Je suis Pouhiou, je ne suis pas du tout développeur ou informaticien à la base. Je suis arrivé dans le Libre en écrivant des pièces de théâtre et des romans que j'ai mis sous licence libre pour les partager librement. Ces romans ont été édités par une maison d'édition qui s'appelle Framabook, de l'association Framasoft, et c'est comme cela que je suis rentrée dans cette association il y a quelques années maintenant et, aujourd'hui, je suis donc codirecteur de l'association Framasoft.
Le principe de Framasoft c’est, je peux faire le truc « Association d'éducation populaire aux enjeux du numérique et des communs culturels », très bien, mais le principe c'est de faire un peu une espèce de chaînon manquant entre ce monde parfois très spécialisé du numérique libre et les gens, quelque forme que puisse prendre les gens, parce que les gens n'existent pas, ce sont des humains et nous sommes tous et toutes très différents, donc donner des trucs très concrets, des outils très concrets pour améliorer les libertés numériques dans sa vie. Ça peut être une fois un MOOC, ça peut être une fois développer un logiciel alternatif et, une autre fois, mettre sur des serveurs un outil en ligne pour remplacer Google Docs ou Google Forms.

Étienne Gonnu : Tu peux peut-être nous préciser, pour les personnes qui ne connaissent, pas ce qu'est un MOOC.

Pouhiou : Un MOCC, c'est un cours massivement ouvert et en ligne, on vient d'en sortir un ce matin sur le milieu associatif et comment proposer des outils pour se libérer. Une première partie, un premier module de ce MOOC était « Internet, pourquoi et comment reprendre le contrôle ». D’ores et déjà on peut aller suivre ce cours et se former sur toutes ces questions-là. C'est un cours en ligne.

Étienne Gonnu : J'ajouterai le lien et je rappelle que toutes les références qui seront citées seront sur la page de l'émission, je rajouterai ce lien-là. Gee.

Gee : C'est rigolo parce que moi, pour le coup, je viens bien du milieu de l'informatique, j'ai fait des études, j'ai une thèse de géométrie algorithmique, un truc un peu voilà, quoi ! Pourtant, je suis rentré à Framasoft un peu comme Pouhiou pour le côté artistique, parce que je faisais des petites BD sur Internet, un truc qui s'appelait le Geektionnaire à l'époque, et j'avais été invité à en poster sur le Framablog, le blog de Framasoft. Ça fait un petit moment maintenant, c’était même juste avant que Pouhiou n'arrive, c’était en 2011, je crois.

Pouhiou : Je suis arrivé en 2012, je crois.

Gee : C'est ça. Et je suis resté, j'ai fait pas mal de postes différents, j'ai été secrétaire, j'ai même été coprésident à un moment, ça je l'assume moins ! Pour moi, c'est effectivement une des spécificités de Framasoft. Déjà, quand tu vois que nous sommes arrivés par la BD, par le roman, c'est un truc qui peut surprendre. Je pense que dans le milieu numérique/logiciel il n’y a pas énormément d'assos dans lesquelles tu peux arriver par ce biais. En général, c'est le petit geek qui aime bien développer, « qui aime bien les ordinateurs Windows 98 », du coup non, pas à Windows 98. Je pense d'ailleurs que l’asso a plutôt évolué en poussant encore plus dans ce sens, plus qu’il y a dix ans. Nous y sommes restés tous les deux et nous y sommes bien.

Pouhiou : Framasoft a bientôt 20 ans.

Étienne Gonnu : Je précise d'ailleurs que, Pouhiou, tu es salarié de l'association et toi, Gee, tu en es un membre bénévole.
On a à peine commencé, mais j'ai immédiatement envie d'ouvrir une parenthèse avec vous, je pense que c'est complètement lié à notre sujet, qui est donc Framasoft, puisque ça concerne nos valeurs, plutôt notre éthique partagée. Pour préparer cette émission, je tiens à signaler qu’avec Pouhiou nous avions échangé directement, comme c'est notre habitude à chaque émission, pour préciser notre attachement à la question de la représentativité de la diversité de genre, de la parité plus précisément : on demande à chaque structure, dans la mesure du possible, de privilégier la participation d'une femme. Une parenthèse dans la parenthèse, on a fait une conférence à ce sujet lors du salon Open Source Expérience et les diapos et références sont à retrouver sur notre site. Bref ! Vous avez parfaitement accueilli cette demande, pour des raisons de disponibilité c'est Pouhiou et Gee qui représentent aujourd'hui Framasoft.

Gee : C'était surtout Pouhiou à la base. Il se trouve que je faisais ma chronique avant, donc nous nous sommes dit autant que je sois là, mais, de base, je n'étais pas spécialement prévu.

Étienne Gonnu : Tout à fait, merci de le préciser.
J’évoque cette question parce que, quand on a signalé notre attachement à la diversité, Pouhiou, en plus d'accepter, de le comprendre, tu as partagé avec nous tes réflexions à ce sujet et je trouve intéressant de profiter de ce temps d'échange, donc entre deux structures qui partagent une éthique commune sur les libertés informatiques, pour mettre en lumière ces réflexions communes dans nos pratiques.

Pouhiou : C’est vrai que c'est rare de pouvoir parler de ces questions-là qui ne sont pas le cœur de notre militance, mais qui, pourtant, nous tiennent à cœur. Nous sommes d'accord sur l'importance de la représentativité, de la représentation et de l'inclusivité, mais, du coup, comment être à la hauteur du sujet et comment être à la hauteur du sujet en sortant de la bête comptabilité : combien il y a de vagins, combien il y a de pénis ? De toute façon, on ne regarde pas dans la culotte des gens qui viennent à la radio !

Étienne Gonnu : Parce que c'est cela qui distingue homme et femme.

Pouhiou : Bien sûr ! Le sexe, le genre, et tout ça, et je trouve cela très important. J'ai des collègues identifiées socialement comme femmes qui me disent « j'en ai un peu marre de me demander, à chaque fois qu'on m'invite, si on m'invite parce que je suis perçue comme une femme ou si on m'invite parce que j’ai une expertise, parce que je bosse, parce que je fais des trucs bien. De même, d'autres vont me dire « tout le temps qu'on va passer à faire du tutoring d'autres femmes, à faire de la représentation, etc., on ne le passe pas à bosser, à faire avancer notre expertise, notre carrière, donc c'est une double charge ». Il y a déjà cette première partie-là.
La question homme-femme est intéressante, mais elle continue de souscrire à la question de la binarité. Personnellement je suis en train de ne plus du tout me définir comme homme cis, cette définition ne me va plus du tout. Du coup, il faudrait inviter plutôt des femmes que des hommes ! OK, du coup, je suis où moi, là-dedans ? Bien sûr, tout cela n'est pas un reproche, mais il y a tellement de questions ! Comment le faire bien ? C'est important de le faire, ce n'est même pas à remettre en question, mais comment faire les choses bien, en sortant du bête prétexte de « je compte un, une », etc., on fait des tokens et c'est nul !

Étienne Gonnu : Un token, un jeton de présence, en gros, pour participer. C'est vrai que j’ai trouvé ça très intéressant quand tu l’as soulevé parce que, de fait, je pense, d'ailleurs je pense que c’est aussi ton propos, me semble-t-il, que mener cette action reste pertinent et nécessaire, ne serait-ce que pour avoir à peu près la parité. Mais forcément, de fait, on s'appuie sur des stéréotypes de genre : sur la nature de la voix, sur le patronyme, là nous sommes à la radio, mais sur certaines caractéristiques physiques.

Pouhiou : Ce qu'on appelle l'expression de genre, qui est différente encore du genre et qui est différente du sexe. Je trouve que tout cela est extrêmement intéressant à travailler, parce que, en plus, on hérite d'une culture patriarcale qui est installée et on est dans un milieu où le patriarcat ayant fait son effet il y a statistiquement moins de personnes s'identifiant comme femme. Ça veut donc dire que si on veut réussir une parité et imposer du 50/50, il va falloir qu'elles bossent plus dans la représentation. On est dans une période de transition et on essaie de faire avancer les choses pour qu'on ne soit plus, demain et après-demain, dans un milieu où il y a une surreprésentation des personnes identifiées comme hommes et une sous-représentation des personnes identifiées comme femmes. Comment fait-on, dans cette période de transition, pour ne pas créer des problèmes en voulant en résoudre d'autres ?

Étienne Gonnu : D'où la nécessité, aussi, d'en discuter ouvertement.

Pouhiou : Je n’ai pas de réponse, par contre j’ai plein de questions et parlons-en.

Étienne Gonnu : En fait, la réponse vient ??? [24 min 20]
Tu voulais evenir sur ce sujet ou on ferme la parenthèse ?

Gee : On va fermer la parenthèse, je ne suis pas sûr d'avoir quelque chose de plus intéressant à dire que ce que Pouhiou vient de faire !

Étienne Gonnu : Fermons cette parenthèse, revenons à nos moutons ou, plutôt, à nos canards, puisque, comme je le disais, ça fait un an de Framasoft fait coin-coin. Qu’est-ce que ça veut dire ? Est-ce que Framasoft s'est lancé dans l'élevage aviaire ? Je précise qu'il y a un an on vous avait reçu tous les deux d'ailleurs, le 6 décembre 2022, dans Libre à vous ! 161, si vous voulez retrouver la référence, pour, justement, parler de cette campagne, ça fait donc un an.

Pouhiou : L'idée de « Collectivisons Internet, Convivialisons Internet », ça semble hyper-sérieux comme ça, du coup on dit « coin coin », au passage parce que ça nous fait marrer, qu'on peut faire des blagues.

Gee : C’est super long à dire, même Étienne a galéré tout à l'heure !

Étienne Gonnu : Je me suis entraîné.

Gee : Coin coin, c'est quand même mieux !

Pouhiou : On est d'accord ! L'idée c'est de se dire OK, il y a un coup à jouer. Il y a eu pas mal de travail dans le milieu du logiciel libre, Framasoft ayant fait sa part, pour essayer de convaincre des plus grosses structures, des assez grosses structures, de faire en sorte que les communautés s'émancipent et fassent des transitions vers du numérique éthique ; il y a eu aussi un travail vers les individus, mais, du coup, il y a une espèce de public entre les deux, des petits collectifs pour lesquels, finalement, il y a très peu de possibilités d'offres. Donc, qu'est-ce qu'on peut faire pour améliorer ça ? La plupart des projets qu’on porte au sein de cette campagne, qui s'ajoutent à tout ce que continue de faire Framasoft, parce qu'on ne va pas s'arrêter pour autant, la plupart des nouveaux projets de cette feuille de route, c'est vraiment de se dire qu’on va essayer de compter sur ces petits collectifs, parce que, en plus, au sein de ces petits collectifs, il y a une vraie capacité à s'entraider et, du coup, à se former. Et s’il y a une volonté de se dire on va avoir des outils numériques à la hauteur de nos valeurs et qui correspondent vraiment à nos valeurs et pas à celles de Google et de Microsoft, du coup il y a moyen qu’il y ait de l'entraide et que ces personnes-là se forment entre elles, si on leur donne des outils et des clés, C'est à peu près ça le principe de base.

Étienne Gonnu : On va échanger, on va pouvoir rentrer dans le détail. Je vais en profiter pour dire que Framasoft a déjà fait un gros travail d'explication sur le Framablog où un premier billet a été publié début novembre, de mémoire, qui précise un petit peu cette feuille de route et qui évoque ses bilans et ses perspectives. Il y a plusieurs articles tout au long de ces deux mois, novembre et décembre, sur les différents projets. On va rentrer dans certains détails, en particulier sur PeerTube. Si vous voulez creuser et relire ça à tête reposée, je vous invite vraiment à aller lire sur le Famablog, c'est très agréable à lire et très joliment illustré. On va profiter : est-ce qu'on peut quand même dire un mot sur l'esthétique magnifique autour de cette campagne avec les illustrations réalisées par David Revoy ?

Pouhiou : Tout à fait. C’est un boulot de dingue fait par David sur cette campagne et, du coup, sur le site soutenir.framasoft.org où vous avez accès à toutes les thématiques et à tous les articles, etc. Depuis 2017, maintenant, on bosse avec lui, c'est un bonheur de bosser avec lui et, en effet, toute l'idée c'est de montrer à la fois le combat parfaitement inégal de petites assos et de petites communautés du Libre face aux plus grandes puissances économiques, culturelles et politiques aujourd'hui, les géants du Web c'est à peu près ça ! Donc montrer ce combat inégal et montrer qu'on va quand même le faire et montrer que ce n'est pas pour faire mal, pour dominer ou pour machin, mais juste pour regagner l'espace, pour repousser l'espace. David a mis ça parfaitement en illustration. Je vous invite vraiment à aller sur « Soutenir » pour voir les petites mascottes, les monstres représentant les GAFAM, les géants du Web, qui représentent très bien leur manière de nous attaquer, nous, citoyennes et citoyens. C'est magique, j'adore bosser avec cette personne !

Gee : Un truc que j'aime aussi beaucoup avec cette esthétique, qui rejoint ce que je disais dans ma chronique sur le fait qu’on essaye de faire des bilans assez positifs, par exemple, c’est que quand on lutte comme ça pour des causes, que ce soit les libertés informatiques, ça pourrait être d'autres choses – le féminisme, l'antiracisme –, on lutte contre des trucs qui ne sont quand même pas jojos, contre un monde qui est quand même assez pourri et souvent ce sont des choses qui t’atteignent, en fait, d'une manière ou d'une autre. C'est éprouvant de lutter contre des trucs assez violents et assez forts. Quand on a la grosse machine des GAFAM, par exemple, qui est toute puissante, et que toi tu es tout petit, avoir cet imaginaire extrêmement positif – je n'irais pas jusqu'à dire que les GAFAM sont mignons –, mais les monstres que nous a faits David c'est une manière de les voir, on peut s'en moquer et c'est moins anxiogène. IL y a vraiment un côté « on va y aller en mode OK, c'est très manichéen, nous sommes les gentils, eux sont les méchants, et on va le faire d'une manière optimiste. »

Étienne Gonnu : On va mettre de la joie dans la lutte !

Gee : C’est ça, totalement.

Étienne Gonnu : On sait combien a conquête des imaginaires est importante. D'ailleurs, en face, ils ont très bien compris aussi l'importance de créer un imaginaire où l'informatique c'est Google, où l'informatique c'est Microsoft et c'est aussi cela qu'il faut déconstruire.

Pouhiou : Et proposer une autre esthétique, parce que, finalement, on n'a pas les mêmes valeurs. Et si on faisait une esthétique à la Apple, lisse, épurée, avec de la photo, du machin, etc., ça parle à une certaine communauté, je vais prendre mon clichet du cadre sup avec son SUV et son abonnement à Canal, maintenant ce n’est plus Canal, et ses multiples abonnements à ??? [30 min 14], c'est cool, mais ce ne sont pas les personnes à qui on s'adresse en premier. Nous nous adressons à des personnes qui, justement, cherchent une certaine éthique une certaine valeur dans leur pratique et dans leur pratique numérique. Finalement, quel est l’imaginaire de ces personnes ? Quel est le visuel qu'on peut proposer à ces personnes pour leur dire que c'est plus à toi, c'est plus ton monde à toi que le monde qu'on voit déjà partout dès qu'on ouvre un média de Bolloré ?

Gee : Je pense que le côté fun est aussi important. La barre de dons, en gros, ce sont des personnages choupy de notre côté, qui poussent contre un mur et, derrière, il y a les monstres des GAFAM qui essayent de le retenir. Je me souviens même d’une discussion qu'on avait eue, il y a quelques années, avant que David fasse ce truc, c'était la campagne « Dégooglisons Internet » avec une parodie d’Astérix, faite par un autre dessinateur talentueux, dont le nom m'échappe aujourd'hui !

Pouhiou : Gee peut-être !

Gee : Bref ! C’était moi qui avais fait cette carte et je me souviens qu’à l'époque à l'époque on avait eu pas mal de discussions sur la façon de mettre en forme ce truc de « Dégooglisons Internet », sur la façon dont on résiste aux GAFAM, tout ça. Je me souviens qu’on avait eu deux idées : l’idée sur laquelle on est partis, donc faire cette parodie d'Astérix, et une autre idée, quelque part, qui était assez évidente aussi, finalement, c'était le côté résistance contre les nazis par exemple, la résistance contre l'envahisseur. En fait, on s'était dit que ce n'était pas un bon plan. Ça marchait très bien parce qu’on peut voir les GAFAM comme une entité totalitaire, tout ce qu’on veut !

Pouhiou : Colonisante.

Gee : Même si on met de côté le point Godwin, allons-y, juste autre chose, mais, ce qui est bien avec Astérix, c'était le côté ridiculisant en fait, c'est-à-dire les méchants romains. Je pense que là c'est pareil pour les monstres, ce sont des méchants, ils sont clairement identifiés comme tels, mais ça fait référence à des trucs rigolos : le méchant romain, on lui met un pain dans son menton il gicle à 200 mètres et on rigole. Faire ça avec des résistants et des nazis, c'est moins fun, même si l'image était bien aussi. Avec ce David a fait, je trouve qu’on reste toujours dans cet effet : ramener du fun et de la joie dans la lutte !

Pouhiou : Et, toujours dans le langage graphique, à chaque fois, avec David, on se pose la question : comment représenter les outils, les valeurs, les choses numériques sans mettre un clavier, un écran, du vert Matrix et du terminal noir ; ce n’est pas qu'on n'aime pas cette esthétique, je la vis quand même tous les jours, il n’y a pas de problème, mais c’est bien de sortir de ça, de sortir de cette bulle-là.

Étienne Gonnu : Ça fait écho à l’idée qu’on peut défendre : le logiciel libre n’est pas juste un combat d'informaticiens et d’informaticiennes, il concerne tout le monde ! Comment on fait collectivité, comment nous collectivisons et comment convivialiser Internet. Je trouve ça très intéressant et je trouve que souvent, quand on lit Framasoft et vos actions, il y a cette idée de remettre l'humain au centre et c'est extrêmement important. On sait pourquoi on fait les choses.
Peut-être juste mentionner que « Dégooglisons » c’était la campagne d'avant. Je pense que coin coin est la continuité. Je pense important de redire qu’à Framasoft vous avez lancé quelque chose, vous avez commencé à proposer des outils alternatifs à ceux des GAFAM, mais votre propos, et tu pourras justement le définir, c'est que vous ne vouliez pas devenir un nouveau Google, on en est à des kilomètres et des kilomètres dans ce qu’est Framasoft. Vous ne vouliez pas être un nouveau nœud sur le réseau. En fait, on défend des systèmes a-centrés, des systèmes collectifs, justement.

Pouhiou : Tout à fait. Le principe c'est vraiment de dire comment on abaisse la marche d'entrée, comment on ouvre un peu plus grand la porte à plus de monde. En 2014, on disait « tu veux une alternative à Google docs ? Pas de soucis ! Tu loues ton serveur, tu prends ton nom de domaine, tu fais « sudo apt get install etherpad » et là j'ai perdu 99,99999 % des gens dont moi ! 'ai dû apprendre par cœur cette phrase ! Je ne comprends rien à ce que je dis. Ce n’est plus vrai, mais bon !, je vais faire semblant, on est la radio ! Tout ça pour dire que l'idée c’était de dire « on va le mettre en place », mais il y a plein de monde qui vient chez nous ! En fait, vous n'êtes pas obligés de venir chez nous, c’est la première étape, c’est pour commencer, voir si ça vous va, si ça ne vous va pas et c'est OK que l'outil ne corresponde pas encore à vos besoins et que vous ne puissiez pas encore vous libérer. Cest hyper OK ! C'est une porte d'entrée et, une fois que vous êtes là, vous pouvez continuer à avancer et aller chez d'autres ou vous auto-héberger ou mettre en commun les besoins et créer un hébergement pour votre communauté, etc.
De toute façon, ce qu'on propose à chaque fois c'est ça, c'est vraiment essayer d’abaisser techniquement et pratiquement la marche d'entrée pour faciliter l'adoption d'outils numériques éthiques

Gee : Après, ça reste quand même un choix. Tu disais qu’on était loin de devenir un nouveau Google, qu’on ne voulais pas grossir plus. On était effectivement loin de devenir nouveau Google, mais on a fait quand même un choix : on aurait pu partir dans le truc, pas mal de gens attendaient de nous de continuer de grossir, de mettre, par exemple, une identification unique sur tous nos services pour qu'on ait une espèce de truc unifié comme Google peut avoir et, pourquoi pas, faire un peu payer les comptes, même pas cher, deux/trois euros, pour que les gens puissent avoir leur truc éthique et tout, et ça aurait peut-être très bien marché, par ailleurs ! Mais en fait non ! C'était vraiment une volonté de dire que ce n'est pas le modèle qu’on veut ; on ne veut pas faire des champions, des licornes, les termes qu'on utilise dans la Startup Nation française, cocorico, youpi, on a réussi, même si c'est éthique. On défend le modèle des petits trucs décentralisés ! On comparait souvent les chatons, les hébergeurs alternatifs comme Framasoft avait commencé à faire, aux AMAP, les AMAP du numérique, par opposition aux gros supermarchés et c'est exactement ça en fait. On peut dire qu’on va faire une ligne de supermarchés éthique, qui va bien payer ses gens – il y en a qui le font, qui essaient de faire des trucs comme ça, je ne vais pas citer de marque – mais non ! Notre modèle c'était plutôt le modèle AMAP ! C'est aussi un choix et, de fait, entre « Dégooglisons » et coin coin, parce que c'est trop long, il y a eu aussi « Contributopia » qui était un peu une phase de transition, après il y a eu le Covid, on va pas faire tout l'historique mais voilà !

Étienne Gonnu : Coin coin, effectivement et Contributopia, je repense aux superbes dessins qu’il y avait à l'époque. Bref ! Avançons.
Campagne coin coin lancée il y a un an, avant qu'on rentre dans les exemples précis, peut-être faire un bilan général, une année après, qu'est-ce que vous en avez tiré ?

Pouhiou : D'une part, que le besoin est juste. En tout cas, les retours qu'on a eus, c'est qu'il y avait vraiment, clairement, besoin de s'adresser encore plus aux petits collectifs, qu’il y a tellement de petits collectifs qui disent « on est chauds, on est prêts, on veut se sortir de Google , de Microsoft 365 et de tout ça, mais on ne sait pas comment, on a besoin de chaleur humaine, on a besoin d'aide, on a besoin d'outils, on a besoin de choses comme ça ». C'est quand même hyper-rassurant. Ça a été vraiment compris comme le numérique qui sert d'action politique, politique parce qu'on essaie d'améliorer et de changer la façon dont la société fonctionne à notre tout petit niveau, mais on essaie. C'est du boulot, mais on avance, mine de rien.
Framaspace, par exemple, est un des services. On dit à un petit collectif de moins de 50 membres : on peut vous offrir un espace de 40 gigas en ligne, de cloud avec de l'agenda, de la prise de notes collaborative, de l'espace de stockage, etc. Il y a déjà plus de 700 espaces, on doit même être peut-être 800, on était à 750 au moins. Ça marche, un forum commence à se mettre en place, il y a énormément besoin de « comment est-ce qu'on fait ci, j'aimerais bien un tutoriel pour ça, etc. ». On voit bien que le besoin est là, que ça commence à marcher, qu’il va falloir continuer à avancer pour accompagner et offrir encore plus d'outils et passer à la vitesse supérieure.

Étienne Gonnu : Parfait ! Je vous propose de faire une pause musicale avant de rentrer dans les détails et montrer effectivement, quand on lit ce bilan, qu’on voit clairement que ça a beaucoup avancé en un an. On a du mal à se dire que ça ne fait qu’un an que tout ceci a déjà été fait. Bref !
Je vous propose d'écouter On reviendra par Chicken’s Call. On se retrouve juste après. Belle journée à l'écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : On reviendra par Chicken’s Call.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Étienne Gonnu : Nous venons d’écouter On reviendra par Chicken’s Call, disponible sous licence libre Creative Commons Atttribution, CC By.

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Étienne Gonnu : Nous allons poursuivre notre discussion