Émission Libre à vous ! sur Cause Commune du 17 octobre 2023

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Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 17 octobre 2023 sur radio Cause Commune

Intervenant·e·s : Xavier Berne -

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 17 octobre 2023

Durée : 1 h 30 min

Podcast PROVISOIRE

Page de présentation de l'émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration : Déjà prévue

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Étienne Gonnu : Bonjour à toutes, bonjour à tous.
« Graine de libriste », la parole aux jeunes qui œuvrent pour le logiciel libre et les libertés informatiques. Aujourd’hui nous aurons le plaisir d’entendre une étudiante et un ancien étudiant fraîchement diplômé de l’ISTIC, la faculté informatique de Rennes. C’est le sujet principal de l’émission du jour. Également au programme « Les fracturés du numérique » et une nouvelle chronique de Xavier Berne pour découvrir le droit d’accès aux documents administratifs, aujourd’hui « Comment rendre transparents les marchés publics ». Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Étienne Gonnu de l’April.

Le site web de l’émission est libreavous.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou à nous poser toute question.

Nous sommes mardi 17 octobre 2023, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

À la réalisation de l’émission Thierry Holleville. Salut Thierry.

Thierry HollevilleBonjour à tous.

Étienne Gonnu : Nous vous souhaitons une excellente écoute.

[Jingle]

Chronique de Xavier Berne, « Découvrez le droit d’accès aux documents administratifs », sur la transparence des marchés publics

Étienne Gonnu :







 « Graine de libriste », préparé et animé par Rémi Robilliard. Échange avec Charlotte Thomas, étudiante en licence 3 à l’ISTIC de Rennes

Étienne Gonnu : Nous allons poursuivre par notre sujet principal, une émission « Graine de libriste » où on laisse la parole à des jeunes personnes qui s'engagent pour le logiciel libre et les libertés informatiques. À cette occasion, je vais avoir le plaisir à laisser la parole à Rémi Robilliard, avec moi en studio, développeur fraîchement diplômé de l’ISTIC la faculté d'informatique de Rennes, également contributeur à des projets libres, notamment OpenStreetMap. Rémi Robilliard, échangera avec Charlotte Thomas, étudiante en licence 3 à l’ISTIC.
N'hésitez pas à participer à notre conversation au zéro 09 72 51 55 46 ou sur le salon web dédié à l'émission sur le site causecomme.fm, bouton « chat ».
Bonjour Rémi.

Rémi Robilliard : Bonjour Étienne.

Étienne Gonnu : Tu as accepté d'animer cet échange, dans cette thématique « Graine de libriste ». On te remercie de nous avoir rejoints en studio pour cela et je te laisse la parole.

Rémi Robilliard : Merci beaucoup.
J'aimerais en premier remercier l'April de m'avoir donné l’occasion de venir faire cette émission pour parler du Libre au sein de l'université qui n’est pas forcément quelque chose auquel on peut penser tout de suite quand on pense au Libre, vu qu’on va parfois plutôt penser à des vieux barbus, dans leur cave, à utiliser leur ordinateur comme ça. Mais, avant d'être un vieux barbu, il faut planter la graine du Libre et, avant d’avoir les cheveux grisonnants et une barbe d'environ 27 mètres, cela se fait souvent à l'université. Excusez-moi, je me perds dans mes notes.

Étienne Gonnu : Relaxe. C’est déjà une très belle intro déjà, tu nous as vraiment mis l'eau à la bouche pour cet échange.

Rémi Robilliard : Le Libre est en effet né à l'université, notamment avec le projet GNU. Cette philosophie du partage est d'ailleurs quelque chose qu’on ne va pas forcément retrouver dans l'entreprise ou c'est même plutôt la concurrence qui va primer, on va essayer de cacher son code là où, à l’université on partage son savoir et ses compétences. D'ailleurs, si on regarde les plus gros acteurs du monde libre, comme je l'ai dit GNU, ils viennent souvent des bancs de l'école. GNU a été créé par Stallman, dans les années 80, qui est enseignant au MIT. On peut aussi penser à Linux qui a été développé par un jeune étudiant finlandais, qui avait fait un projet sans prétention, qui devenu le monstre que l'on connaît aujourd'hui. Et si on veut être un peu chauvin, on peut citer Framasoft qui a été créé par des professeurs de mathématiques et de français, ou encore l'association qui anime cette émission, l'April qui a été créée en 96, à Paris 8, par des étudiants en informatique. On peut aussi parler des chatons, des pléthores de chatons faits par des étudiants. Rapidement, que sont les chatons ? Ce sont des fournisseurs de services comme du cloud, de l'édition de documents en ligne. Je peux citer La Contre-Voie qui a été créée par des étudiants de 42, Kaz par des enseignants de l’IUT de vannes ou encore Exarius [16 min 57] qui a été créé par plusieurs étudiants de différentes écoles.
Bref, le milieu étudiant est intimement lié au Libre et, dans ses études en informatique, qui n'a jamais effleuré cette notion ? D'ailleurs cette notion peut devenir une passion dévorante, comme pour cet étudiant polonais qui a réussi à avoir son diplôme en 2021 sans toucher à un seul logiciel propriétaire, comme Teams, en pleine pandémie. Il a bien réussi son coup.
D'autres fois on veut juste partager ce qu'on a appris sous licence libre pour que tout le monde puisse avoir ces connaissances, un peu comme a fait Charlotte qui est avec moi pour cette émission.
Bonjour Charlotte.

Charlotte Thomas : Bonjour Rémi.

Rémi Robilliard : Étienne t’a présentée rapidement en début d’émission. Est-ce que tu veux rajouter quelque chose ou pas ?

Charlotte Thomas : Je suis étudiante à l’ISTIC, c'est tout ce que je fais, présidente d’association maintenant mais c'est tout.

Rémi Robilliard : Très bien. Je vais commencer par te poser quelques petites questions de base, par exemple comment as-tu connu le logiciel libre, en quelque sorte comment cette graine a-t-elle été plantée au début ?

Charlotte Thomas : Elle a été plantée beaucoup plus tôt qu’à l'université. C'est mon père qui a planté la graine du Libre depuis que je suis toute petite. En effet, j'avais un ordinateur avant même de pouvoir marcher. Il était programmé pour que quand j'appuie sur une touche du clavier ça fasse un son, j'avais littéralement un clavier. À cette époque-là, tous mes ordinateurs ont tourné sur Ubuntu ou sur d'autres distributions Linux.
C'est donc mon père qui m'a donné goût au logiciel libre au fil du temps, en m’apprenant comment développer au début, même si j'ai commencé à apprendre d'autres langages que lui, en m’apprenant ce qu’est l'administration système, ce qu'il faisait aux impôts avant, il était administrateur système. C'est lui qui m'a appris comment on utilise un Linux, comment on administre un Linux, comment on administre les différentes applications, genre MySQL, genre PHP ou Apache, tous ces logiciels. Dont oui, c’est mon père que a planté la graine du Libre en moi et, depuis, je trouve qu'elle a bien grandi !

Rémi Robilliard : D'accord. Très bien. Du coup, tu as continué aussi, toi-même, à alimenter cette graine même jusqu'à continuer, lors de tes études, à faire du logiciel libre. Pourquoi aimes-tu ça ? Pourquoi veux-tu continuer à l'utiliser, à le promouvoir ?

Charlotte Thomas : Pour moi le logiciel libre c’est important, c'est rentré dans le cœur de mes valeurs. Je suis très pour le logiciel libre parce que je crois en la liberté d'information : tout le monde a un droit fondamental à l’information, c'est important pour moi. Donc je partage tous mes logiciels , tout ce que je fais en licence GPLv3, donc tout le code que je fais est en licence libre, la GNU GPL, la GNU General Public License.

Rémi Robilliard : Nous allons reparler juste après de cette licence.

Charlotte Thomas : Je ne fais pas beaucoup d'art, donc je n'utilise pas beaucoup de Creative Commons, mais je fais beaucoup de code et tous mes codes sont en GPL parce que j'aime les informations et, pour moi, elles doivent être publiques, c’est pour cela que tout est open source, tout est libre.

Rémi Robilliard : Très bien. On va revenir rapidement cette notion de GPL. Une licence c'est un contrat qui va définir comment utiliser le logiciel. La GPL va demander à tous les utilisateurs du logiciel de redistribuer ce programme avec cette licence-là. Certaines licences ne demandent pas ça par, exemple à la licence BSD, entre autres, dit juste qu’on peut utiliser le logiciel et, si jamais on souhaite fermer le code derrière, c'est possible. Je préfère préciser un petit peu, pour ceux qui ne sont pas forcément au courant ou initiés dans ce milieu-là.
As-tu un projet en particulier à présenter, un projet qui te tient vraiment à cœur, que tu as mis sous licence libre et que t'as envie de partager comme ça ?

Charlotte Thomas : Bien sûr. Mon projet qui me tient le plus à cœur c’est Baguette Sharp. Qu'est-ce que c'est Baguette Sharp ? C'est un langage de programmation ésotérique, ça fait très peur. En fait c'est juste un langage de programmation qui est fait exprès pour être horrible. Il est développé et c'est un langage qui n’utilise que des pâtisseries françaises et un peu de pâtisseries alsaciennes/germaniques. En fait, tout se code avec des pâtisseries : « Print » c’est « Croissant » pour afficher quelque chose.
C'est le projet qui me tient le plus à cœur, il est en GPLv3 disponible sur GitHub et bientôt sur mon git forge quand j'aurai un serveur pour l'héberger. C’est un projet qui m'a ouvert beaucoup de portes. Il m'a ouvert les portes d'un stage, l’année dernière, à l'Inria de Rennes. Il m’a ouvert les portes de Pas Sage en Seine où j'ai fait une présentation de 30 minutes dessus. Il m’a ouvert les portes de la Journée du Libre Éducatif, grâce à Alexis Kauffmann, où j'ai fait une petite présentation flash dessus.

Rémi Robilliard : Pour venir rapidement l'Inria est un laboratoire d'informatique basé en Bretagne.

Charlotte Thomas : L’Inria c’est national.

Rémi Robilliard : Je confonds toujours, c’est Irisa qui est en Bretagne.

Charlotte Thomas : Irisa c’est en Bretagne.???[22 min 40]

Rémi Robilliard : Les noms sont assez voisins, donc je confonds toujours ; Pas Sage en Seine, ce sont trois jours de conférences, et ça a lieu à Choisy-le-Roi tous les ans en juillet ; Alexis Kauffmann est un des cofondateurs de Framasoft et il travaille maintenant au ministère de l'Éducation, il essaye de pousser un petit peu cette philosophie du Libre. Vous pouvez d’ailleurs retrouver une super conférence de sa part à Pas Sage en Seine où il explique un peu les actions qu'ils entreprennent au sein du ministère pour mettre en avant le Libre.

Étienne Gonnu : Je vais me permettre. Il est même intervenu dans une émission de septembre dernier dans Libre à vous !, une autre occasion de l'entendre. C’est effectivement quelqu'un de très intéressant à écouter.

Rémi Robilliard : Merci Étienne pour cette petite précision toujours bonne à prendre.
Parmi toutes ces portes qui t’ont été ouvertes, est-ce qu'il y en a une qui t'a permis d'avoir des échanges en plus, par exemple ton stage au sein du laboratoire de recherche ? Est-ce que tu as pu voir des personnes qui connaissent un petit peu, on va dire, ce milieu du développement un peu plus poussé ? Est-ce que tu as pu avoir des échanges intéressants ?

Charlotte Thomas : Effectivement. Quand je suis rentrée au laboratoire, donc à l'équipe PACAP à Rennes, s’ils m’écoutent un jour, ils sont dans mon cœur, voilà ! J'ai connu plein de gens qui m'ont appris beaucoup de logiciels libres, par exemple Gnuplot pour faire des graphiques au lieu d'utiliser Matplotlib sur Python ou d’utiliser, surtout pas, un truc sur un tableur, non c'est Gnuplot qu'on utilise. C'est un logiciel qui se fait par ligne de commande pour afficher des graphiques et c'est, bien sûr, sous licence GPL, puisque c'est un logiciel de GNU.
J'ai donc découvert ça, j'ai découvert plein d'outils qu'on a fait à Inria, qui sont ouverts pour tout le monde, quelques outils. Par exemple j'ai appris à l’Inria de Rennes que André Seznec a inventé la prédiction de branchement sur les processeurs. J'ai donc appris beaucoup de choses quand j'étais à Inria, beaucoup de choses en libre. J'ai fait du code qui n’est pas encore libre puisque c'est du code qui attend d’être publié. En tout cas, j'ai appris beaucoup de logiciels libres pour pouvoir coder. Par exemple, mon rapport est fait en LaTeX, un logiciel construit sur une technologie qui a 40 ans pour faire des documents et qui est sous licence libre. J'ai utilisé Gnuplot qui est sous licence libre. J’ai utilisé aussi LibreOffice qui est sous licence libre. Donc j'utilisais beaucoup de logiciels libres.

Rémi Robilliard : Très bien. On va on va sortir un petit peu de ce cadre de recherche. Est-ce qu’il y a encore d'autres logiciels libres que tu utilises au sein de tes études, par exemple des éditeurs de code libre ou autre chose ?

Charlotte Thomas : On ne le dira jamais assez mais Gimp m'a sauvé la vie. Merci à Gimp ou « jimp », je ne sais pas comment on dit.

Rémi Robilliard : Je crois que c’est un petit débat dans la communauté.

Étienne Gonnu : Personne ne sait !

Charlotte Thomas : Ça m'a sauvé la vie plusieurs fois, ça édite tous les PDF, au cas où, Ça ma beaucoup aidée.
Je commence à me mettre à utiliser Emacs, c’est un peu long, je sors de VSCodium pour utiliser Emacs, petit à petit

Rémi Robilliard : Pour nos auditeurs qui ne sont pas développeurs, Emacs et VSCodium sont des outils pour pouvoir écrire du code.

Charlotte Thomas : Emacs c'est celui de GNU donc sous licence GPL et libre ; VSCodium est fait par Microsoft.

Rémi Robilliard : Aussi sous licence libre, il faut le préciser. Les grands GAFAM ont parfois une petite bonté et font du logiciel libre.

Charlotte Thomas : C'est la version privatisée de VSCode en fait.
J’utilise LibreOffice tous les jours.
Pour prendre des notes Typist, de plus en plus, au lieu de LaTeX. C'est un logiciel un peu comme du Markdown pour prendre des notes, c'est rapide pour faire plein de choses, c'est très puissant, c’est un peu comme du Python niveau programmation, c’est fait en Rust, un langage programmation libre aussi et  Typist est un logiciel libre.

Rémi Robilliard : Donc beaucoup de logiciels libres qui font vraiment un écosystème qui permet d'étudier librement, un peu comme nous l'étudiant polonais que j'ai pu citer un peu plus tôt.
Je vais aussi raconter un petit peu, rapidement, ce que j'ai pu lors de mes études pour le Libre. J’ai tout de suite utilisé, comme a dit Charlotte, VSCodium et VSCode qui sont des éditeurs de code libre. J'ai aussi utilisé Linux, Firefox, tous ces outils-là, qui sont des outils que vous utilisez sans savoir qu’ils sont libres comme LibreOffice, Gimp et tant d'autres, et c’est caché à vos yeux.

Charlotte Thomas : GeoGebra.

Rémi Robilliard : GeoGebra aussi pour les collégiens qui nous écoutent peut-être, un logiciel pour faire de la géométrie, entre autres, et des maths, qui est aussi sous licence libre et qui français, si je ne dis pas de bêtises.

Étienne Gonnu : Je précise. Vous citez énormément de logiciels libres, de ressources libres, je les note au fur et à mesure et on mettra à jour rapidement les références sur la page de l'émission pour les personnes qui souhaitent effectivement aller y jeter un œil.

Charlotte Thomas : Comme ça tout le monde peut utiliser ces logiciels libres.

Rémi Robilliard : C'est toujours intéressant de rajouter un nouveau logiciel qui peut parfois être un peu plus performant que le précédent dans son flux de travail.

Charlotte Thomas : Et il ne faut pas oublier le côté sécurité des logiciels libres

Rémi Robilliard : Oui. Les logiciels propriétaires, qui ont fermé leur code, vont mettre en avant la sécurité par l'obscurité. Ça veut dire que si personne ne peut voir le code ça ne peut pas être cassé. On a eu plusieurs démonstrations que si, en effet, il y a des petites failles à droite à gauche, là où avec le logiciel libre, comme tout le monde peut lire le code, tout le monde peut trouver des failles, donc tout le monde peut les remonter beaucoup plus rapidement.

Charlotte Thomas : C'est comme cela que plusieurs failles ont été sécurisées dans Linux, très rapidement.

Rémi Robilliard : Je vais reprendre un peu mon fil des questions parce qu'on a un peu dévié.
Pour revenir sur ton projet que tu as mis sous licence GPL. Pourquoi utiliser cette licence précisément ? Est-ce que c'est parce que, comme je l'ai expliqué un peu plus tôt, si jamais quelqu'un veut modifier le code, il est obligé de garder cette licence pour garder le savoir ou c’est pour une autre raison particulière ?

Charlotte Thomas : C'est effectivement bien pour le fait que ça reste dans le Libre. Je ne voudrais pas, comme pour les logiciels qui sont sous licence MIT, une autre licence qui, elle, permet de fermer le code plus tard. La GPL est une licence qui permet que ça reste dans le domaine ouvert. Même s’il y a des modifications sur mon logiciel – ce que j'attends, si quelqu'un veut modifier mon logiciel pour faire d’autres choses à la place des pâtisseries qu'il le fasse ! J'attends juste que ça arrive ! Donc si quelqu'un veut modifier mon logiciel ça doit rester dans le domaine public. C'est donc ce côté copyleft, à l'opposé de copyright, qui m'intéressait beaucoup dans la GPL, c'est pour cela que j'ai finalement passé tous mes projets en GPL.

Rémi Robilliard : D’accord. Je vais aussi reprendre. Le copyleft c'est juste pour dire qu’on est obligé de redistribuer sous la même licence. Le MIT n'a pas de copyleft, c'est pour cela qu'on peut changer la licence en cours de route.
On a vu un petit peu le Libre dans le milieu des études avec les logiciels qu'on utilise pour travailler, les logiciels qu'on utilise aussi pour communiquer, Matrix par exemple.

Charlotte Thomas : Mattermost.

Rémi Robilliard : Mattermost qui est utilisé au sein de l’Irisa et de l'Inria, si je ne dis pas de bêtises.

Charlotte Thomas : C’est le cas.

Rémi Robilliard : On peut maintenant sortir de ce cadre scolaire et voir un petit peu le Libre dans le monde du travail, en tant qu'étudiant on finit toujours par sortir de l'école pour aller travailler. Comment vois-tu le Libre dans ton métier après les études ?

Charlotte Thomas : C'est une très bonne question parce qu’après mes études, même pendant, parce que le concours est dans un mois, je compte passer le concours d’inspectrice des finances publiques, ils appellent ça « en qualité de programmeur système d'exploitation », PSE, c'est pour dire que c'est admin-system, donc je vais administrer des systèmes en Linux. Ce sera donc très important dans mon travail parce que tous les logiciels qu'on utilise à la DGFiP, et à l'État en plus général, sont des logiciels libres. C’est même très important et ce n’est pas une question : on utilise des logiciels libres obligatoirement, il faut une dérogation spéciale pour utiliser genre Microsoft Office, sinon tout le monde utilise LibreOffice et tous les serveurs sont sous Linux. On peut citer, par exemple, le cloud interministériel qu’a fait la DGFiP, qui permet de garder les données en France ; au moins toutes les données de la DGFiP sont stockées en France par la DGFiP, c’est elle qui a la souveraineté des données et en licence libre parce que ce cloud utilise des logiciels libres pour se construire.
En tout cas, à la DGFiP, là où j'ai travaillé, là où je vais travailler plus tard, le logiciel libre occupe une place très importante puisque tout est en logiciel libre, obligatoirement, sauf dérogation spéciale.

Rémi Robilliard : On peut peut-être regretter le fait que ce soient les impôts qui utilisent beaucoup le logiciel libre et pas le ministère de l'Éducation avec notamment les licences Oracle ou encore Office.

Charlotte Thomas : Oui. Malheureusement c'est plus difficile de faire bouger l'Éducation que les impôts là-dessus, bizarrement, mais j’espère bien que l'Éducation va passer du côté libre de la force un jour.

Étienne Gonnu : Tu parlais d'Alexis Kauffmann qui est donc au ministère de l'Éducation nationale, plus spécifiquement à la Direction du numérique. C’est la difficulté : ces ministères sont tellement grands, il y a de super initiatives libristes qui se développent au sein du ministère l'Éducation nationale, mais de manière systémique et c'est là où réside le problème. D'ailleurs, même le ministère des Finances n'est pas exempt, malheureusement, de défauts. Heureusement on voit des initiatives, il y a des libristes au sein de ces administrations qui font vivre le Libre, qui, projet après projet, permettent son développement. Mais c'est sûr qu'il y a du chemin à faire côté Éducation nationale.

Rémi Robilliard : En effet, « la route est longue mais la voie est libre ».

Charlotte Thomas : J'ai deux choses à dire sur ça.
Un. En fait, aux impôts on a en tout 100 000 agents. À l'Éducation nationale plus Supérieur c'est un million, ce n’est donc pas la même masse à bouger. Oui, on essaye de bouger aux impôts, on essaye de bouger vers le Libre. C'est pour cela que la Journée du Libre Éducatif a été instaurée par Alexis Kauffman, c'est pour présenter tous ces projets faits des profs ou des étudiants, 'ai présenté mon projet en tant qu’étudiant, mais il n’y en avait pas beaucoup. Ce sont des projets faits par des profs libristes et, du coup, c'est un moment pour montrer ces projets en Libre, par exemple montrer qu'on a participé à OpenStreetMap, montrer ce qu'on a créé. Je me souviens d'une application qui permettait de s'entraîner sur des oraux en français par exemple, pour les premières qui passent leur examen, le bac.

Rémi Robilliard : Si tu retrouves le nom, ça peut peut-être intéresser certains auditeurs.[Mon-oral.net]

Charlotte Thomas : Oui, si je retrouve le nom. J’essaye de retrouver le nom et je te l'enverrai par mail au pire.

Étienne Gonnu : On fait comme ça. On rajoutera à la liste des nombreuses ressources que vous avez déjà partagées.

Charlotte Thomas : Ce logiciel était très intéressant, il m'a marquée pendant ces journées.

Rémi Robilliard : Comme quoi, encore une fois, le Libre c'est vraiment le partage de connaissances afin d'apprendre et de mieux comprendre, que ce soit le monde ou les études, que ce soit dans cette journée où on peut présenter les différents projets. Encore une fois, c'est vraiment donc le corps enseignant ou le corps étudiant qui va travailler là-dessus.

Charlotte Thomas : On ne s'en rend pas compte mais, surtout la fac, il y a énormément d'initiatives étudiantes, spontanées, sur créer un nouveau logiciel. C'est très commun. Dans ma promo il y a aussi deux autres projets, des petits projets, je ne les connais pas, je ne sais pas ce qu’ils font. Par exemple, une de mes amies a développé, pour s'entraîner, un solveur d'équations logiques et il est entièrement libre, disponible sur son git et selfhost aussi.
Donc le Libre ce ne sont pas que certaines personnes dans les facs, ça touche vraiment tout le monde. Les étudiants font leur projet, le mettent à disposition de tout le monde, par exemple pour s'entraîner à utiliser du Haskell - Haskellest un langage de programmation fonctionnel, désolée – pour s'entraîner à utiliser un langage, ils font un projet et après ils le mettent en libre. Il y a, comme ça, énormément de projets libres disponibles, faits par les étudiants et par le corps en enseignant aussi, il ne faut pas oublier.

Rémi Robilliard : Comme j'ai pu citer un peu plus tôt, comme Linus Torvalds qui a fait, pour s'entraîner, le système d'exploitation Linux, qui l'a mis en ligne comme ça, sans trop savoir, en disant juste « c’est un petit projet, un petit hobby » qui, au final, est devenu un des OS les plus utilisés sur les serveurs. Quand vous connectez à votre site internet peut-être que vous êtes sur un noyau Linux.

Charlotte Thomas : C’est un des noyaux les plus utilisés.

Rémi Robilliard : On va éviter de faire des trucs trop pointus dans cette émission.

Étienne Gonnu : Peut-être préciser ce qu'est un noyau. Souvent nous disons GNU/Linux pour rappeler, effectivement qu’il y a ce noyau et tout le système, aussi, qui se construit autour. C'est peut-être intéressant aussi de savoir ce qu'est un noyau informatique, puisqu'on parle de graine de libriste, c'est aussi une forme de graine à l’intérieur du système. C’est quoi le noyau ?

Charlotte Thomas : Le système c'est toi qui connais.

Rémi Robilliard : Je vais simplifier, les puristes, ne me tapez pas, s'il vous plaît !
Le noyau c'est le tout premier programme qui va se lancer au démarrage de l'ordinateur et qui va permettre de faire communiquer votre matériel, votre souris avec votre écran. Quand vous allez bouger la souris, donc le curseur, il va passer par le noyau qui va interpréter les signaux et qui va les renvoyer pour l'écran. Ça c’est Linux et la surcouche GNU c'est un ensemble d'outils développés par, encore une fois, le projet GNU, toujours eux, qui, en fait, contient plein d'outils qui permettent d'utiliser le noyau Linux plus facilement.

Charlotte Thomas : Il existe des OS qui sont Linux mais sans la surcouche GNU. Par exemple Android tourne sur Linux comme noyau, une vieille version de Linux je crois.

Rémi Robilliard : J'ai un petit doute là-dessus. Je sais par contre que Alpine Linux, par exemple, utilise un autre système que GNU, mais majoritairement c’est la surcouche GNU qui est encore utilisée actuellement.

Charlotte Thomas : Elle est utilisée quasiment sur tous les OS qu'on appelle Linux ; quand on fait un gros amalgame « Linux », la majorité sont des noyaux Linux avec une surcouche GNU.

Rémi Robilliard : Les noyaux c'est aussi quelque chose qu'on va étudier à l’université, je pense notamment à un projet que j'ai pu avoir lors de mon master où on a dû manipuler un noyau, là aussi libre, ??? [ 39 min 33] qui est sous BSD ou Apache, je ne sais plus, encore des licences ; ce sont des précisions pour ceux qui aiment bien ça, il y en a beaucoup, il y a énormément de licences. On a donc pu modifier ce noyau, ???, grâce à ces licences libres, on a pu étudier son comportement, donc le porter sur une nouvelle base de code beaucoup plus récente, là aussi sous licence libre. Encore une fois, le Libre permet d'apprendre et de partager des connaissances comme ça.

Charlotte Thomas : Tu peux dire le nom, c'est assez drôle !

Rémi Robilliard : On a essayé de rester dans le thème de la cuisine mexicaine avec notamment Burritos.

Étienne Gonnu : Je vais me permettre une question avant de faire une pause musicale, si ça te va, Rémi. Tu as dit que tu étais aussi étudiant à l’ISTIC, c'est le cas de Charlotte encore en ce moment. Charlotte, tu disais que tu avais des camarades de promo qui avaient des projets libres, toi tu disais que tu avais étudié sur un OS libre. Est-ce qu’une place importante est donnée au Libre dans cette faculté ? Ça peut être intéressant. Est-ce que vous pensez que c'est une exception par rapport à d'autres facultés informatiques ? Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion d'échanger avec des étudiants et étudiantes d'autres facultés en France. À quel point est-ce une exception ou plutôt une norme ? Quel est votre ressenti là-dessus ?

Rémi Robilliard : Tu veux commencer Charlotte.

Charlotte Thomas : Avant d'être en licence j'ai fait une prépa à Bordeaux, donc j'étais effectivement inscrite à l'université de Bordeaux. De ce que j'ai vu sur le guide de la faculté d'informatique de Bordeaux, UF Informatique, il y avait beaucoup moins de projets étudiants. Par contre, je n'ai pas beaucoup parlé à des étudiants et, en prépa, même avec l'option informatique, on ne faisait que deux heures de vraie info, du coup j'étais la seule avec des projets assez gros.

Rémi Robilliard : Je vais parler un peu plus de la faculté parce que j'ai fait ma licence et mon master là-bas ; j’ai aussi fait un IUT avant, je pourrai peut-être revenir sur l'aspect libre de cet IUT un peu plus tard. À l’ISTIC ce n'est pas vraiment poussé, mais si on veut utiliser du Libre, on peut utiliser du Libre, mais il y a toujours des solutions un peu propriétaires comme Teams, même si j'aurais préféré Mattermost, qui est utilisé laboratoire auquel est rattaché l’ISTIC, ce qui est un peu paradoxal parfois. On utilise aussi Moodle, une plateforme libre aussi, pour gérer les devoirs, un peu comme Pronote. Souvent nos enseignants ne vont pas forcément promouvoir ce logiciel libre. Par contre, à mon unité de Vannes, on avait un enseignant qui a cofondé Kaz, le chaton que j’ai cité un peu plus tôt, donc monsieur Merciol, si vous nous écoutez, je vous salue. Il nous expliquait ce qu’est le Libre, il essayait de nous donner cette petite graine qui n’a pas forcément germé chez tout le monde, en tout cas chez moi elle a bien grandi. Je pense qu'on fait partie quand même des universités qui sont assez ouvertes là-dessus. Si on peut utiliser du Libre, ça ne leur pose pas de souci. Je connais notamment certaines écoles d'ingénieurs où c'est beaucoup plus fermé.

Charlotte Thomas : Pour avoir été en prépa, je connais beaucoup de gens en école d'ingénieur actuellement et le Libre ce n'est vraiment pas un truc qu’ils connaissent. Ils sont tous sur Windows, ils sont tous à utiliser Microsoft Office. Voilà !

Rémi Robilliard : Bien sûr, ça varie selon les écoles d'ingénieurs, on ne vise pas tout le monde, il y a les bonnes et les mauvaises écoles d'ingénieurs.

Étienne Gonnu : On laissera chacun méditer sur la différence entre les deux. Je vous propose de faire une pause musicale avant de continuer cet échange. Je vous propose d'écouter Nigth par Cloudkicker. On se retrouve dans environ deux minutes. Belle journée à l'écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Nigth par Cloudkicker.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Étienne Gonnu : Nous venons d’écouter Nigth par Cloudkicker, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By.

[Jingle]

Deuxième partie 46’

Étienne Gonnu : Nous avons le plaisir, aujourd'hui, de vous proposer une émission « Graine de libriste » où on laisse la parole à des jeunes personnes qui s'engagent pour le logiciel libre et les libertés informatiques. Je vais donc rendre de ce pas la parole à Rémi Robilliard, développeur fraîchement diplômé de l’ISTIC, faculté d'informatique de Rennes, qui échange avec Charlotte Thomas, étudiante en licence 3 à l’ISTIC.
N'hésitez pas à participer à la conversation sur le salon web dédié à l'émission, sur le site causecommune.fm, bouton « chat ».

Rémi Robilliard : Merci Étienne. Nous sommes de retour, nous allons continuer ce petit échange avec Charlotte.
Charlotte, en début d'émission, tu nous as dit que tu as beaucoup de projets que tu mets sous licence GPL. Est-ce que tu veux parler un petit peu de ses projets ou d'autres projets libres auxquels tu participes comme OpenStreetMap, une alternative libre à Google Maps où tout le monde peut venir contribuer : si la route qui est devant chez vous n'est pas dans Google Maps vous pouvez rajouter dans OpenStreetMap si elle n'y est pas déjà.
Charlotte, est-ce que tu as d'autres d'autres projets libres ou est-ce que tu contribues à d'autres projets sur ton temps libre ?

Charlotte Thomas : Je vais vous parler de quelques projets, dont un qui me tient parfaitement à cœur.
En ce moment je me suis mise à Typist. Si vous n'avez pas suivi la première partie, c'est un peu un logiciel qui est voué à remplacer LaTeX, c'est un peu compliqué, c'est, en gros, un logiciel pour faire des PDF, pour écrire des PDF. En fait j'ai fait beaucoup de templates ; ce sont des documents pré-remplis pour qu'il soit plus simple de faire des documents en informatique Par exemple j'ai fait un template qui permet d'écrire des statuts d'association, parce que, pour des associations c’est un peu spécial, il ne faut pas écrire « Grand 1 », il faut écrire « Titre 1 » et il ne faut pas écrire « Petit 1, Petit 2, Petit 3 », il faut écrire « Article 1, Article 2, Article 3 ». J'ai donc fait un template pour que ça puisse être fait. J'ai un peu contribué à la communauté Typist en faisant ce truc associatif, c’est très français, c’est du template pour les associations françaises.

Rémi Robilliard : Il faut bien que tout le monde puisse utiliser le logiciel libre que ce soit spécifiquement les Français, que ce soit spécifiquement les Allemands. Ce qui est bien avec le logiciel libre c’est que tout le monde peut venir mettre un peu sa patte pour avoir un logiciel qui permet de remplir beaucoup de cas d'utilisation, où chacun vient compléter le projet, le modifier, le mettre à jour.

Charlotte Thomas : J'ai fait la version pour les Français et peut-être que ça incitera des personnes à faire un template pour les associations en Alsace-Moselle puisque c'est un peu différent, ce n'est pas la même loi, en 1901, l’Alsace-Moselle n’était pas en France, c’est la loi de 1908, si je me souviens bien. Ou par exemple pour une association en Angleterre ou, j’allais dire en Bretagne, ou en Allemagne par exemple.

Rémi Robilliard : C'est donc le principal projet auquel tu as pu contribuer récemment ou tu as fait d'autres choses, d'autres projets encore ?

Charlotte Thomas : C’est le principal projet. En ce moment je suis plus centrée sur mes études et sur mon association étudiante.
Le plus gros projet auquel j'ai participé dans ma vie, c'est Omega.

Rémi Robilliard : Tu vas pouvoir nous raconter un petit peu l'histoire d’Omega, en expliquant quand même d’où ça vient.

Charlotte Thomas : Omega fait partie de la calculatrice qui s’appelait NumWorks. Une calculatrice française, construite en Chine mais française, designée en France. Ils avaient dit qu’ils allaient la faire en logiciel libre. Il se trouve que leur code était en CC By NC ND, je ne vais pas tout vous détailler, mais, en gros, ça veut dire qu'on ne peut pas récupérer le code.
Au bout d’un moment ils ont changé en SA, Share Alike, qui veut dire qu'on doit partager avec la même licence, donc c'était un peu plus ouvert.
Donc, avec des amis, on a pu faire une modification du firmware de la calculatrice. Comme il s'appelait Epsilon on a décidé de l'appeler Omega. Dans Omega, des gens faisaient des choses magnifiques, des gens qui jouaient avec du code très bas niveau, donc très proche du processeur pour faire des CAS, ce sont des logiciels qui savent faire des maths tout seuls, ce sont des logiciels pour faire des maths difficiles, pour des limites et tout. En fait, j’ai juste ajouté les unités et les constantes, j'étais la constante. J’ai ajouté 230 constantes, ce qui faisait que c'était la calculatrice avec le plus de constantes de l'histoire des calculatrices graphiques lycéennes.
C'est une entreprise que j'ai bien aimée, j'ai eu beaucoup de fun avec tous les développeurs d'Omega je leur parle toujours, très active sur leur serveur toujours. Malheureusement depuis la version 16 d’Epsilon, NumWorks a fait un retour et a mis complètement la licence en copyright, donc on ne peut plus la modifier et partager des données, on ne peut plus modifier et partager de nouvelles versions parce que, maintenant, tout est en logiciel propriétaire. Ils ont fait ce déplacement à cause du mode examen, parce que c'était théoriquement possible de modifier le code pour faire un by-pass, aller autour, contourner le mode examen. Comme c'était théoriquement possible, ils ont fermé le code pour que les autorités, pas françaises, portugaises, soient gentilles.
C'était mon projet qui me tenait le plus à cœur. Malheureusement, maintenant c'est fermé, on ne peut plus participer et c'est vraiment dommage. Et du jour au lendemain, sans nous prévenir, même Texas Instruments prévenait les gens.

Rémi Robilliard : Ça montre bien que le logiciel libre permet de faire de magnifiques choses, comme la calculatrice avec le plus de constantes, comme tu viens de dire, mais à côté les entreprises peuvent toujours fermer le code, donc on va avoir une calculatrice qui va être « moins performante », entre guillemets, et on n’aura pas de nouvelles contributions de ce style vu que le code est fermé.

Charlotte Thomas : En fait, c'est plus une question de fonctionnalités, on apportait le système. Comme je l’ai dit, c’est un logiciel pour faire des maths et les calculatrices qui savent faire ça coûtent 150 euros et c'est parfaitement légal en France, avec le mode examen, d'avoir un CAS. Ça veut dire que les gens qui peuvent payer une calculatrice à 150 euros ont droit à quelque chose de plus fort que les gars qui payent les calculatrices à 80 euros. Omega permettait d'égaliser les chances entre les personnes, pour que les gens qui achetent une calculatrice à 80 euros, ce qui est quand même déjà un gros prix, on ne va pas va mentir – pour trois ans d'études c’est assez gros comme prix – pour leur permettre d'avoir un CAS, pour pouvoir être plus à égalité avec les gens qui peuvent acheter une HP Prime ou une TI-Nspire CX [ 53 min 53], ou etc. C'était pour vraiment mettre à égalité les gens. Maintenant ce n’est plus possible.

Rémi Robilliard : Est-ce que tu as eu des retours de lycéens qui ont pu utiliser cette fonctionnalité pour être sur le même pied d’égalité avec une personne qui avait un plus gros portefeuille ?

Charlotte Thomas : Plusieurs lycéens, dans notre serveur, ont fait des retours.
On utilisait le logiciel Giac, fait par le professeur Bernard Parissse à l'Institut Fourier à Grenoble. Giac est un logiciel français, sous AGPL, le moteur de calcul formel derrière est libre, il est fait par un Français. On a eu des retours de gens qui étaient très intéressés. En fait, plus que calculer la réponse, ça permet de vérifier son résultat ou de s'amuser avec les maths. On pouvait s'amuser avec : par exemple qu’est-ce qu’une dérivée partielle ou comment on résout des équations différentielles. Ça permettait de s'amuser avec les maths, donc d'ouvrir les maths à plus de gens, parce que, à mon sens, il faut rendre les maths plus ludiques qu'elles ne le sont actuellement.
Donc, au lieu de devoir payer 150 euros le logiciel, puisque le matériel ne vaut plus rien, c’est le même que depuis 30 ans, on pouvait avoir cette même fonctionnalité sur des calculatrices bien moins chères, ce qui rendait la NumWorks très compétitive. Beaucoup de gens étaient très déçus par ce changement, surtout, comme moi, des gens à qui on a vendu, dès le départ, que c’était une calculatrice ouverte. J'ai acheté les deux modèles de la NumWorks, parce que c'était une calculatrice ouverte et que je voulais supporter dans le modèle français. La fermeture du logiciel a donc été prise un peu comme une trahison de ce qu'ils ont dit au début. On va dire qu’ils ont changé de ligne éditoriale.

Rémi Robilliard : Encore une fois l'aspect compétitif qu’on retrouve dans les entreprises et l'aspect libre de partage de connaissances se cristallisent bien dans ce genre de combat. On a une calculatrice, comme tu as dit, qui est je ne dirais pas pas chère, mais moins chère que la concurrence, avec plus de fonctionnalités, qui permettait à tout un chacun de découvrir un petit peu, de s'amuser avec les mathématiques, et d'un coup, crac, on n’a plus rien, ce n'est plus possible, pour pouvoir conquérir d'autres marchés.

Charlotte Thomas : C'est ça, c'est pour pouvoir conquérir le marché portugais. À la fin, le monde de la compétition a gagné, sur cette bataille, par rapport au Libre.

Rémi Robilliard : Espérons qu'on aura d'autres projets libres dans ce sens, qui vont gagner cette fois les batailles.

Charlotte Thomas : Il y a un autre projet de calculatrice libre qui a été fait par d'anciens ??? [57 min 20].

Étienne Gonnu : Ça me paraît très intéressant, comme illustration, de rappeler que le logiciel libre est une lutte, on lutte pour les libertés informatiques. Il y a parfois des intérêts contraires aux nôtres, d’où l'importance de lutter. Ça nous fait chaud au cœur quand des étudiants, des étudiantes, des personnes plus jeunes relèvent cette lutte, on va dire, continuent à apporter leur graine, leur brique à l'édifice. Comme tu l'as déjà dit « la voie est longue, mais la route est libre », donc on reste optimiste et combatif.

Charlotte Thomas : Si je peux me permettre, le projet s'appelle Symbolibre et c'est un projet de l'ENS, l’École normale supérieure de Lyon des étudiants en master informatique fondamentale. Ils développent un logiciel complet, avec un CAS complet, du départ, logiciel d'exploitation avec le firmware open source, avec le hardware open source donc le physique, tout est open source, tout peut être imprimé en 3D, tout peut être acheté, tout peut être construit. On peut construire sa propre calculatrice ; ça s’appelle Symbolibre avec un « y ».

Rémi Robilliard : Ça permet aussi de baisser les coûts de fabrication et d'amener la connaissance dans des mains qui n'auraient pas forcément pu le faire à cause de problèmes d'argent. C'est aussi pour cela, en tant qu'étudiant, que j'aime beaucoup le Libre : ça amène la connaissance à n'importe qui, vu que le Libre ne demande pas vraiment d'argent. Bien sûr, le Libre n'est pas forcément gratuit. On peut citer des exemples, notamment un jeu vidéo dont j'ai oublié le nom, où le code est libre, mais il faut pouvoir payer pour accéder au serveur, sinon tu montes le tien à côté, il n'y a pas de souci pour ça, le code accessible.

Charlotte Thomas : On paye l'utilisation du serveur, ce qui est compréhensible vu qu’un serveur ça coûte cher.

Rémi Robilliard : Exactement. En fait, le Libre permet de donner à tout le monde les mêmes armes et parfois le Libre, comme tu as pu le montrer avec ta calculette, je reprends cet exemple qui est très parlant, permet d’avoir un gros point contre la concurrence, d’être mieux que ce que pourraient proposer des solutions propriétaires comme Texas Instruments entre autres.

Charlotte Thomas : C'était mon projet, que j'ai le plus aimé. Je suis toujours contente d'y avoir participé, ça a été un très bon usage de mon temps, même si je n’ai fait que rajouter des constantes à la fin, j’ai failli ajouter « Constance » dans mon prénom pour ça.

Rémi Robilliard : Je voulais aborder un autre passage aussi, les contributions. Comme tu l'as expliqué, on peut contribuer à des projets, à des gros projets, quand on est étudiant.
Je vais aussi raconter un petit peu mon histoire, parce que c'est quelque chose qui m'a beaucoup bloqué au début : je voulais contribuer au Libre, mais je n'avais pas forcément les compétences que ce soit donc en développement ou en mathématiques comme toi. J’étais un petit peu bloqué, pieds et poings liés, je ne savais pas trop comment faire pour contribuer au Libre. C’est au fur et à mesure, dans les études, où on va commencer à comprendre comment marchent certaines choses, quand on utilise certains outils libres on se dit « il manque ça », donc on va commencer à se renseigner, voir comment c'est fait, et ainsi rajouter sa petite brique, donc avoir des logiciels plus étoffés. Je pense notamment à des frameworks visuels ; un framework visuel c’est ce qui va permettre de créer une interface de site web.
J'aime bien coder des petits sites web personnels, pour m'amuser, et mon framework personnel ne pouvait pas afficher de calendrier. Qu'à cela ne tienne, j'ai regardé le code et j'ai rajouté un calendrier. C'est comme ça qu’on se dit que le Libre ce n'est pas si compliqué, il faut juste avoir une seule petite fonctionnalité à rajouter et c'est possible.
Même en tant qu'utilisateur qui ne sait pas coder, il suffit de remonter ça aux développeurs qui, sur leur temps libre, vont rajouter cette fonctionnalité.
Même si vous ne savez pas coder il ne faut pas avoir peur. Si vous apprenez, vous allez finir par la rajouter, par voir comment ça marche.
Si vous ne savez pas coder tout court parce que ce n'est pas votre métier, utilisez-les, cassez-les, renvoyez les bugs, renvoyez les problèmes, indiquez les fonctions qui manquent aux développeurs pour qu'ils puissent compléter tout ça.
Je me souviens de très bons sites qui expliquent justement « je ne sais pas coder, comment contribuer à la culture libre ? », la culture libre en prenant en compte aussi, comme on a dit, les dessins, les musiques, OpenStreetMap aussi. Il y a plein de façons de contribuer quand on aime cette culture. Par exemple pour OSM, vous pouvez utiliser StreetComplete sur Android, une application qui permet de rajouter des points sur OpenStreetMap. Par exemple vous avez une route, vous pouvez dire « la route a trois voies », ce qui va permettre au GPS d’être un peu plus précis et de pouvoir mieux guider les utilisateurs.

Charlotte Thomas : Je rebondis sur cela. C'est vrai que c'est très important de savoir qu’on peut participer à un logiciel libre, comme tu l'as dit, rien qu'en l'utilisant.
Il faut pas oublier que pour la très grande majorité des logiciels libres, les développeurs sont bénévoles ou ils ont quelques dons de la part des utilisateurs, mais, sauf quelques exceptions rares, on peut citer par exemple Linux, ils ne sont pas payés à plein temps pour faire ça, donc ça prend un peu de temps. Il faut accepter que ça prennne un peu de temps pour qu'un bug soit corrigé, mais on sait que dans le logiciel libre le bug sera corrigé soit par le développeur lui-même soit par quelqu'un qui aura décidé de le faire, qui dira « je pense savoir comment corriger ce bug. Du coup je vais proposer aux développeurs ma version du code avec le code corrigé. »

Rémi Robilliard : En effet, c’est une autre façon de contribuer. C’est pour ouvrir les horizons à tous ceux qui ne savent pas coder, qui peuvent nous écouter. Il n'y a pas que le code dans le logiciel libre, on parle souvent de logiciel libre, mais il ne faut pas oublier la culture libre qui regroupe beaucoup plus de choses comme Wikipédia aussi. Je n'ai pas cité Wikipédia, c'est une ressource libre, vous pouvez contribuer, c'est sous une licence particulière, je ne sais plus laquelle. [Creative Commons Paternité et partage à l'identique CC-BY-SA et GFDL, GNU Free Documentation License, NDT]

Étienne Gonnu : Je vais rajouter qu’on peut contribuer également à la documentation, notamment au guide utilisateur, après tout, les utilisateurs et les utilisatrices sont les plus experts de leur utilisation et c'est aussi des manières de contribuer, il y a de beaux exemples de contributions comme ça.

Charlotte Thomas : Il n'y a pas que le code. Rien qu’en utilisant un logiciel libre, vous pouvez remonter des bugs aux développeurs, vous pouvez remonter des idées pour quelque chose de plus, vous pouvez remonter plein de choses. Le logiciel libre ouvre à plein de choses. En l'utilisant vous pouvez aider : « j’aimerais bien faire ça », si vous le dites au développeur le développeur dira « c’est intéressant » et il le fera, peut-être.

Rémi Robilliard : Sinon vous pouvez demander à votre ami développeur de faire une fonctionnalité pour vous et de la proposer. Vous pouvez déléguer les tâches.
Je trouvais important de parler de ça, parce que, en tant qu'étudiant, ancien étudiant maintenant, qui aimait beaucoup cet aspect-là, c’est quelque chose qui m'a beaucoup frustré au début : je n'arrivais pas à contribuer alors qu'en fait on a énormément de possibilités pour ça.

Charlotte Thomas : Il ne faut pas oublier aussi que le Libre ce n’est pas que des d'applications. Beaucoup de personnes font de l’art, par exemple des images gratuites pour être utilisées dans des logiciels sous licence libre, en général c‘est une dérivée de la Creative Commons.

Rémi Robilliard : Ces fameux CC By, dont on parle pour des musiques. Comme Étienne l'explique très bien à chaque pause, ça permet de redistribuer sous certaines conditions : il faut citer l'artiste, mettre un lien vers la musique, préciser s’il y a eu des modifications pas.

Charlotte Thomas : Préciser si on peut faire de l'argent avec ou pas.

Rémi Robilliard : Souvent, c'est un peu à part dans le Libre. Je vais éviter d’aller sur cette notion parce que c’est une notion qui peut être un peu complexe à prendre en main.

Étienne Gonnu : Le logiciel libre permet toute réutilisation, y compris commerciale, je pense qu'on peut résumer de cette manière.

Rémi Robilliard : Dans les licences CC, il y a une licence qui va interdire la commercialisation, c'était plutôt pour ça ; certains considèrent que c'est du Libre, d’autres non.

Étienne Gonnu : On va dire que l'école classique considère que les CC By et les CC By SA, donc ce SA qui parle de copyleft, de partage à l’identique que vous avez un peu développé tout à l'heure, c'est ce qu'on va considérer comme celles qui respectent les quatre libertés du logiciel libre, si on veut être rigoureux, pointilleux.

Charlotte Thomas : Le Libre c'est aussi l’art, c’est aussi la musique, c'est aussi tout un tas de choses. Il y a des BD qui sont qui sont dans le domaine public.

Rémi Robilliard : Je pense notamment à David Revoy, qui fait, entre autres, les dessins pour Framasoft, qui a notamment une bande dessinée qui s'appelle Pepper&Carrot qui est sous licence libre.

Charlotte Thomas : Celle qui a été distribuée aux Journées du Libre Éducatif, je pense.

Rémi Robilliard : Il y a de fortes chances

Charlotte Thomas : Qui a été traduite depuis l‘allemand.

Rémi Robilliard : Là tu m'as perdu !

Charlotte Thomas : Bref ! Il y a plein de projets.Je sais qu'il y a un projet, on en a parlé au Libre Éducatif, où des étudiants ont traduit en français un livre qui était en allemand, un livre qui était sous licence libre, qu’ils ont publié en français sous licence libre.

Rémi Robilliard : Encore une fois le Libre partage la culture, là on passe de l'allemand au français. Je pense notamment à un livre, récemment, qui raconte l'histoire d'une petite fille avec son grand-père qui découvrent le logiciel libre, qui est aussi sous licence libre, qui a été traduit dans pléthore de langues. Encore une fois, c'est comme David et ses bandes dessinées qui sont traduites dans énormément de langues grâce à cette licence, puisque n'importe qui peut venir, modifier les cases pour rajouter une autre langue et ce n'est pas illégal. Grâce à cette licence c'est complètement légal et ça permet d'ouvrir l'horizon des bandes dessinées et de faire participer la communauté.

Charlotte Thomas : Par exemple, moi je j'écris un roman, pas très bon parce que je ne suis pas très bonne romancière, qui est en CC By NC SA, donc non-commercial et Share Alike.

Rémi Robilliard : Pour ma part j'écris parfois certains petits articles de blogs où je parle un peu technique et ils sont tous sous CC By SA.
Même les étudiants peuvent faire du Libre, même les étudiants produisent des choses, ce n'est pas réservé aux grands artistes, n'importe qui peut produire un petit quelque chose et le partager au monde facilement sous ces licences, donc permettre à n'importe qui de le reprendre, de le modifier, de le remixer, de voir un petit peu ce que ça donne. Donc, en quelque sorte, de faire vivre l'œuvre aussi. Je pense que le plus important, avec le Libre de manière générale, c'est de faire vivre les œuvres. Il ne faut pas avoir peur que l’œuvre nous dépasse, qu'on perde le contrôle, parce que le Libre c'est ça, c'est le partage à tout le monde.

Charlotte Thomas : On en revient à ce que je disais au début, ce que j'aimais c'était la liberté d'information comme étant une liberté « naturelle », entre guillemets, une liberté fondatrice des humains, la liberté d'information.

Rémi Robilliard : Exactement. Je vais conclure rapidement juste avant de rendre l'antenne à Étienne. Comme vous avez pu voir, le Libre c'est quelque chose que n'importe qui peut faire, que vous soyez un étudiant, un collégien, une personne âgée, tout le monde peut le faire. Ça permet aussi d’ouvrir beaucoup d'opportunités et de faire de belles rencontres, comme a pu expliquer Charlotte au sein du laboratoire. Peut-être que d'ici d'ici 30 ans on fêtera l'anniversaire de votre projet qui était juste un petit hobby, qui ne sera pas aussi grand et professionnel que Linux, on verra bien.

Étienne Gonnu : Il vous reste deux/trois minutes. Peut-être que Charlotte veut nous redire, en deux minutes, ce qui est, pour elle, l'essentiel qu'elle souhaiterait que les gens qui nous écoutent retiennent de ses propos. Il nous reste à peu près deux minutes.

Charlotte Thomas : Je vais dire que l'essentiel c'est la liberté d'information comme étant une liberté fondamentale de l'homme et la femme, tout le monde, et les enfants.
Pour moi c'est la liberté d'information, pour moi c'est la culture du Libre qui est très importante, partager. Je ne l'ai pas dit, mais quand j'ai créé donc Baguette Sharp, dont on a parlé tout à l’heure, j'ai eu des retours de développeurs de plein de laboratoires dans le monde, de Tokyo, qui m’en ont parlé.

Étienne Gonnu : C'est super. Il reste deux minutes, j’ai une dernière question parce qu'elle est vraiment dans l'air du temps et pour avoir votre perspective d'ancien étudiant fraîchement diplômé et d’une personne qui étudie encore : dans votre rapport à l'informatique et à l'informatique libre, est-ce que vous avez le souci d'une informatique durable, d'une informatique qui s'inscrit dans le contexte de dérèglement climatique actuel ? Est-ce que ça occupe aussi une part de vos réflexions dans votre rapport au logiciel libre ? C'est une question hyper-vaste et je vous laisse très peu de temps pour répondre.

Rémi Robilliard : On va se dépêcher. Tout d'abord moi je n'utilise quasiment que du reconditionné, des PC de seconde main, mes PC principaux ont maintenant 12 ans, ils datent de 2011/2012, ils marchent toujours très bien. Je suis une personne qui aime beaucoup ouvrir des onglets dans Firefox, j'en ai facilement une bonne centaine d’ouverts et aucun souci, je peux aussi regarder des vidéos, il n’y a aucun problème. Je pense aussi que logiciel libre permet de conserver et d'éviter de jeter. Encore une fois mon PC à dix ans, il fonctionne très bien, il n’y a pas de souci. Je pense aussi aux applications. J'avais un téléphone avec très peu de place dessus et il n'y avait que des logiciels libres tout petits, qui faisaient 40 mégaoctets, là où les grosses applications en faisaient 500 et je n'avais pas la place de les installer. Ça m'a permis de conserver mon téléphone pendant cinq ans au lieu de le jeter après deux ans parce qu’il aurait été inutilisable à cause du manque de place.

Étienne Gonnu : Super.

Étienne Gonnu : Pour moi c'est dans l'air du temps, j'en discute aussi beaucoup avec mon asso. On a des réunions pour la réduction des déchets. Personnellement j’essaye de réduire mon empreinte carbone en allant en train, je ne prends pas trop l'avion, de toute façon je n’ai pas l’argent ; je prends le train quand je peux, je fais attention à mon électricité. Dans le logiciel, je fais tourner des sites web, par exemple, qui sont très basse consommation, ce ne sont pas des sites web très lourds, ce sont des sites web qui sont de simples pages, ça prend moins de puissance de calcul, donc moins de consommation de serveur après. J'essaye de faire attention.

Étienne Gonnu : OK. Ce sont de bons exemples de gestes qu'on peut faire, d'actions qu'on peut mener aussi dans des cadres collectifs comme les associations. Je pense que ce sont les actions dans les cadres collectifs qui sont sans doute les plus importantes.
En tout cas merci d’avoir répondu de manière aussi concise à une question hyper-large qui aurait pu faire toute une émission.
C'était un vrai plaisir de vous écouter tous les deux. Je vous souhaite bon vent dans vos aventures libristes à venir.
Nous allons à présent faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Étienne Gonnu : Nous allons écouter Nomad par MELA. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Nomad par MELA.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Étienne Gonnu : De retour sur Libre à vous !, sur radio Cause Commune Nous venons d’écouter Nomad par MELA, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA.

[Jingle]

Étienne Gonnu : Je suis toujours Étienne Gonnu pour l’April et nous allons passer au dernier sujet.

[Virgule musicale]

Chronique de Gee