Émission Libre à vous ! du 9 novembre 2021 sur radio Cause Commune

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Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 9 novembre 2021 sur radio Cause Commune

Intervenant·e·s : Vincent Calame - Philippe Montargès - Catherine Nuel - Son Nguyen Kim - Amel Charleux - Gaël Blondelle - Magali Garnero - Isabella Vanni - Nathalie Soetaert - Frédéric Couchet - Étienne Gonnu à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 9 novembre 2021

Durée : 1 h 30 min

Podcast PROVISOIRE de l'émission

Page des références utiles concernant l'émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration : Déjà prévue

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à tous. Bonjour à toutes.
Nous avons le plaisir d’être en direct du Palais des Congrès à Paris pour une émission diffusée depuis le salon Open Source Experience. Nous vous proposerons plusieurs interviews et en début d’émission, dans sa chronique, Vincent Calame expliquera l’importance de privilégier peut-être le terme « logiciel libre » plutôt que le terme open source. C’est ce que j’ai compris de sa chronique, mais nous verrons bien.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.

Le site web de l’April c’est april.org, vous pouvez y trouver une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours et nous poser toute question.

Nous sommes mardi 9 novembre 2021, nous diffusons en direct et EN PUBLIC, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

À la réalisation de l’émission aujourd’hui mon collègue Étienne Gonnu. Bonjour Étienne.
Il me fait coucou parce qu’il n’a pas de micro.

Cette émission en public est aussi l’occasion d’annoncer officiellement l’ouverture d’un site web dédié aux émissions Libre à vous !. L’adresse du site ? libreavous.org, tout simplement. J’y reviendrai plus en détail à la fin de l’émission. Nous vous souhaitons une excellente écoute.

[Jingle]

Frédéric Couchet : Nous allons d’abord vous proposer un petit quiz. Je vous donnerai la réponse en cours d’émission. Vous pouvez venir sur le salon, sur le stand B03 ou sur le salon web de la radio causecommune.fm, bouton « chat », salon #libreavous pour proposer des réponses.
Première question : deux entreprises du Libre fêtent respectivement leurs 15 et 10 ans en cette fin d’année. Quelles sont-elles ?
Seconde question : quelle association francophone libriste va fêter ses 25 ans en cette fin d’année ? Venez pour proposer vos réponses et sinon, les réponses bientôt.

Chronique « Jouons collectif » de Vincent Calame, bénévole à l'April : « Comment j'explique la différence open source/logiciel libre par la différence agriculture raisonnée/agriculture biologique »

Frédéric Couchet : Vincent Calame, informaticien libriste et bénévole à l’April, nous fait partager son témoignage d’un informaticien embarqué au sein de groupes de néophytes. Choses vues, entendues et vécues autour de l’usage des logiciels libres au sein de collectifs, associations, mouvements et équipes en tout genre, c’est la chronique « Jouons Collectif ».
Bonjour Vincent.

Vincent Calame : Bonjour Frédéric.

Frédéric Couchet : Ce sera la première chronique en direct et en public depuis le salon Open Source Experience. Le hème du jour c’est comment Vincent explique la différence entre open source/logiciel libre par la différence agriculture raisonnée/agriculture biologique 

Vincent Calame : Oui, tout à fait. Quand l’équipe de Libre à vous ! m’a envoyé la proposition de faire ma chronique en direct du salon Open source Experience, j’ai eu, je l’avoue, le réflexe conditionné du militant de base de l’April : « Open source ? Vous vous voulez plutôt dire « logiciel libre », non ? ». Après ce premier mouvement spontané, je me suis dit que ça ferait peut-être un peu mesquin d’aborder le sujet. Après des mois de confinement et de restrictions sanitaires, nous sommes tous au plaisir de nous retrouver, de discuter en face à face, de flâner dans les travées ; l’heure n’est pas aux querelles de chapelle. Et puis, exerçant une activité professionnelle moi-même dans le logiciel libre, je ne peux que me réjouir de la tenue d’un tel salon montrant le dynamisme économique et social du monde du logiciel libre. Et puis les organisateurs de ce salon ont le droit de l’appeler comme ils veulent. Comme dit le dicton : Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse.
Cependant, je tenais tout de même mon sujet de chronique, car il m’est arrivé plusieurs fois qu’on me demande la différence entre open source et « logiciel libre ». Donc je me propose de partager avec vous ma réponse qui est aussi mon interprétation personnelle de la question.
En effet, quand celle-ci est posée dans un milieu plutôt militant – pour faire court, altermondialiste –, je réponds par analogie en comparant cette différence avec celle entre agriculture biologique et agriculture raisonnée.

Frédéric Couchet : Là, Vincent, il va falloir expliquer les deux concepts.

Vincent Calame : Je pense que tout le monde voit ce qu’est l’agriculture biologique, les produits sont maintenant présents un peu partout. Ce qui est important à rappeler pour expliquer mon analogie, c’est que c’est un mouvement ancien : en France, le premier cahier des charges est celui élaboré par l’association Nature & Progrès et date de 1972. À l’origine, ce cahier des charges avait une approche mutualiste, la certification se faisait par les pairs. Le label officiel, le plus répandu, n’a été mis en place par le ministère de l’Agriculture qu’au début des années 90, avec, au passage, la perte du caractère mutualiste puisque maintenant la certification se fait par un tiers à un coût parfois non négligeable pour les petits producteurs. Dès le début de l’agriculture biologique, il y avait une corrélation forte entre techniques agronomiques pointues et valeurs éthiques et humaines.
L’agriculture raisonnée, quant à elle, est un concept promu au début des années 2000 par des grands syndicats agricoles et le ministère de l’Agriculture. Il consiste surtout à donner des règles de bonne conduite en matière d’usage de produits phytosanitaires – engrais et pesticides. Disons les choses crûment et totalement subjectivement, il a été promu comme contre-feu face à la progression continue de l’agriculture biologique. Le terme a d’ailleurs connu un succès variable, on peut encore l’entendre dans quelques publicités ou le voir sur quelques étiquettes. Mais le ministère de l’Agriculture privilégie depuis une dizaine d’années le concept de « Haute Valeur Environnementale », objet de débats houleux notamment dans le cadre de la nouvelle Politique Agricole Commune.

Frédéric Couchet : Revenons peut-être à « logiciel libre » et open source.

Vincent Calame : Oui, revenons à nos moutons, c’est le cas de le dire.
Je dois commencer par reconnaître une première limite à mon analogie : agriculture biologique et agriculture raisonnée sont en concurrence alors que « logiciel libre » et open source ne le sont pas. Dans la très grande majorité des cas, les logiciels libres sont open source et vice-versa.
Ce qui m’intéresse dans l’analogie, c’est de montrer que d’un côté nous avons des concepts où techniques et valeurs sont imbriquées : agriculture biologique avec l’aspect mutualiste dès le départ et logiciel libre avec les quatre libertés qui mettent les utilisatrices et utilisateurs au centre et, de l’autre côté, des concepts centrés sur le geste technique : agriculture raisonnée avec son usage moindre des produits phytosanitaires, les dix points de définition de l’open source de l’Open Source Initiative qui concernent majoritairement la licence. Dans les deux cas – et c’est mon interprétation personnelle – nous avons la création de concepts ultérieurs qui édulcorent le propos des concepts qui les précèdent. Open source supprime la charge idéologique du logiciel libre.
Cela dit, on peut comprendre qu’une entreprise qui a traité le logiciel libre de cancer ou pire, de communisme, avait besoin d’un terme plus neutre quand elle finit par se convertir. Après tout, si un changement de nom permet de mieux diffuser dans certains milieux, notamment économiques, on pourrait dire pourquoi pas ? Moi-même, si j’étais l’organisateur d’un évènement comme ce salon, je sais bien que le choix entre open source et « logiciel libre » dans son titre ne serait pas neutre et poserait la question du public visé.
Pour revenir à mon analogie, il faut surtout être vigilant à ce que le terme open source n’entraîne pas une dilution des exigences portées par le logiciel libre, de la même manière que la certification Haute Valeur Environnementale constitue, de fait, une régression par rapport au cahier des charges de l’agriculture biologique.
C’est pourquoi je conserverai mon réflexe conditionné de militant de l’April tout en vous promettant de le réfréner en de telles occasions. Après tout, il faut peut-être cacher aux promoteurs de l’open source que leur projet est, en fait, très politique.

Frédéric Couchet : Merci Vincent pour cette chronique. Je vais peut-être préciser que l’entreprise qui a traité le logiciel libre de cancer c’est Microsoft, tu ne voulais sans doute pas la citer, qui est d’ailleurs présente sur ce salon.
C’était la première chronique en direct de Vincent Calame « Jouons collectif ». Bravo Vincent.

Vincent Calame : Toutes mes chroniques étaient en direct.

Frédéric Couchet : Oui, en direct, excuse.moi, et en public.
Il y a beaucoup de bruit autour de nous, j’espère que le son, l’ambiance, ne passe pas trop. En tout cas il t a beaucoup de gens c’est un beau succès.
Merci Vincent et je te dis à la prochaine fois, de retour au studio dans les 18e à Paris.


On va faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : Pas de souci Étienne. On va faire une pause musicale, mais une pause musicale un peu particulière. Nous avons le plaisir d’avoir un artiste qui fait de la musique libre et qui, par ailleurs, est informaticien libriste pour la société Wortez. C’est KPTN, Clément Oudot, qui va nous faire le plaisir de nous interpréter en direct un morceau. Quel est ce titre, Clément ?

KPTN : Bonjour et déjà merci à la radio et à Libre à vous ! de m’accueillir pour cette pause musicale. La chanson que nous allons chanter c’est Le musée d'air contemporain, un petit peu engagé. Greta Thunberg, si tu nous écoutes, c’est pour toi.

Pause musicale : Le musée d'air contemporain par KTPN.






Frédéric Couchet : Merci KPTN. À bientôt.

KPTN : Merci beaucoup.

[Jingle]

Diverses interviews en direct depuis le salon

Interview de Philippe Montargès, trésorier du CNLL

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre par notre sujet principal avec des interviews en public depuis le salon Open Source Experience. Je crois que c’est l’émission de l’April dans laquelle je vais dire le plus souvent le terme open source. Heureusement on m’a promis une petite bière après pour faire passer ça.
Première interview de Philippe Montargès. Bonjour Philippe.

Philippe Montargès : Bonjour Frédéric.

Frédéric Couchet : Tout à l’heure, Philippe, j’avais question quiz, je vais te la poser, peut-être que tu as une réponse possible : deux entreprises du Libre fêtent respectivement leurs 15 ans et leurs 10 ans en cette fin année. Quelles sont-elles ?

Philippe Montargès : Attends je cherche, 15 ans c’est Alterway et Smile 30 ans. Effectivement on a annoncé juste avant l’évènement l’Open Source Experience notre rapprochement. Comme j’ai dit ce matin au député Philippe Latombe, je considère que c’est une consolidation positive du secteur. Le mot consolidation fait peur.

Frédéric Couchet : On ne va pas rentrer dans les détails.

Philippe Montargès : Mais le mot positif est important. Positif pourquoi ? Parce que c’est un rapprochement vraiment avec un sens industriel des deux premiers acteurs pour les ESN [Entreprises de services du numérique] purement open source du secteur et surtout qui vont mettre leurs points forts en commun, mutualiser leurs points forts de façon à ce que sur chacun de ces points forts, notamment les activités digitales, IoT embarqué, business ??? de Smile soient plus fortes et que activités infrastructures, service cloud de Alterway soient plus fortes.

Frédéric Couchet : Je ne vais pas te lancer là-dessus, tu avais le droit, mais juste dire que Alterway a fêté ses 15 ans et que c’était la première réponse au quiz. Pour les 10 ans je donnerai la réponse tout à l’heure en fin d’émission, c’est une autre entreprise du Libre.
Philippe, tu es trésorier du CNLL que tu vas présenter juste après, président du Hub open source du pôle de compétitivité Systematic qui est organisateur du salon, président d’Alterway. Je t’ai d’ailleurs convié sous toutes ces casquettes. Déjà je voudrais que tu nous présentes un petit peu rapidement ce qu’est le CNLL et ce qu’est le hub open source.

Philippe Montargès : Le CNLL est une organisation professionnelle qui regroupe une fédération d’entreprises, de clusters d’entreprises régionaux. En France l’écosystème est organisé autour de clusters régionaux, vous avez Solibre dans la région de Toulouse, en Occitanie ; on a le PLOSS Rhône-Alpes pour la Région Rhône-Alpes ; on a le hub open source pour la région parisienne et ainsi de suite.
Le CNLL est la confédération qui réunit l’ensemble de ces clusters et représente l’ensemble de l’écosystème en France, c’est-à-dire plus de 350 entreprises dont la majorité de l’activité s’opère à base de composants open source.

Frédéric Couchet : D’accord. Et ton autre casquette, encore plus en lien avec le salon, c’est président du Hub open source du pôle de compétitivité Systematic. Est-ce que tu peux nous le présenter aussi ?

Philippe Montargès : Le pôle de compétitivité Systematic., je ne vais pas en faire une présentation très large. C’est effectivement une association qui est tuyautée par la DGE [Direction générale des entreprises] et la région. Le pôle de compétitivité Systematic est organisé, dans sa feuille de route jusqu’à 2022, autour des six hubs importants. Il y a des hubs qu’on appelle des deep tech, des technologies profondes, c’est-à-dire des technologies qui structures l’innovation à venir. Il y a notamment un hub qui est plutôt dédié à l’Intelligence artificielle, un autre qui est dédié par exemple à l’embarqué, à l’IoT, un autre qui est dédié au HPC [High Performance Computing, un autre qui est dédié à la cybersécurité.
Il se trouve que dans la stratégie, le plan de stratégie de Systematic, Jean-Luc Beylat son président a souhaité que le hub open source soit le 6e hub, en transverse des autres hubs, avec une vocation, à terme, de pouvoir monter des projets d’innovation. Le hub est un endroit où se réunissent à la fois des membres des entreprises purement open source, des grands académiques, des laboratoires, des grands industriels. Par exemple dans notre hub open source, au sein du hub open source qui regroupe 150 membres, on a aussi bien des gens de l’Inria que des gens de Thales ou Orange, que des gens comme Microsoft, Christophe Amouroux, ou des acteurs comme Atos, et puis des acteurs comme nous, Alterway, Smile, des éditeurs en pagaille, XWiki par exemple, BlueMind et ainsi de suite.
C’est un écosystème francilien qui est, entre guillemets, « le hub open source de la région Hauts-de-France, francilienne ». L’objectif du hub open source c’est effectivement d’accompagner ces entreprises dans leur développement, de les aider à passer à l’échelle au-dessus. C’est un peu ça l’objectif de ce hub. Il contribue aussi, effectivement, à l’émergence de nos projets, notamment actuellement la priorité, notamment une des fonctions du hub, c’est de faire en sorte que ces acteurs industriels, qui sont regroupés en son sein, puissent accéder à des marchés auxquels ils ne pourraient pas accéder tout seuls. Je prends un cas très concret actuellement où il y a un enjeu énorme pour les données, pour ce qu’on appelle le code souverain, qui est GAIA-X. Il se trouve que GAIA-X est un projet franco-allemand piloté depuis deux ans, avec un enjeu fort autour de la donnée, avec des grands industriels qui pilotent cette organisation. On fait tout via Systematic et le hub open source pour pousser effectivement une approche open source dans la motorisation du framework qui va être mis en place pour piloter ces réseaux de données.
Ce sont ces actions concrètes qu’on essaye de porter au niveau de l’open source.

Frédéric Couchet : OK. Je pense qu’on aura l’occasion, un jour dans une émission, de rentrer plus en détail sur ces sujets-là. On va revenir sur le sujet pour lequel je t’ai principalement invité, je précise qu’on va faire de courtes interviews sur le salon. Le CNLL a publié, en juin 2021, une étude sur le marché économique du logiciel libre en France. Ce qui m’intéressait et ce qui intéresserait sans doute les personnes qui écoutent c’est quels sont les principaux chiffres, en tout cas les principaux éléments de cette étude.

Philippe Montargès : En 2021 cette étude était surtout, on va dire qualitative, pour voir un petit peu plus comment l’écosystème des entreprises de l’open source et du logiciel libre en France avaient réagi durant cette crise sanitaire et post-Covid, comment elles se projetaient.
Il y avait déjà une première partie qui concernait vraiment un état des lieux, j’allais dire un état de santé, pour le coup, des entreprises qui constituent l’écosystème.
Si on fait une analyse assez claire de ça, ce qu’il en ressort c’est que, d’une part, cet écosystème est constitué à plus de 75 % de PME, de TPE, a contrario le reste ce sont des startups ou vraiment des ETI [Entreprises de taille intermédiaire].
Avec aussi un âge médian, une ancienneté médiane des entreprises de cet écosystème qui est autour de 11 années. C’est-à-dire que la moyenne d’âge des entreprises de l’écosystème est de 11 ans. C'est un élément qui est assez intéressant. Par contre, quand on a interrogé, via cette étude, les patrons de ces entreprises-là, ils étaient à 60 % très confiants pour la suite, post-Covid, pour leur activité propre en interne et plus de 80 % pensaient recruter dans les années qui viennent. C’était un premier engagement au niveau des entreprises.
Un deuxième sujet c’est que 80 %, même 85 % de ces entreprises, des répondants – et c’est plutôt un bon signe et je dirais que c’est inhérent à l’ADN même de ces entreprises qui sont open source et logiciel libre – considèrent que les sujets de souveraineté numérique, d’indépendance technologique, sont des sujets qui sont importants pour eux pour leur devenir.

Frédéric Couchet : Est-ce que, selon ces entreprises, ils sont bien pris en compte par l’État ?

Philippe Montargès : 80 % sont conscientes de ça, par contre je n’ai plus le chiffre exact en termes de répondants, 50 %, même pas la moitié, considèrent que l’État fait suffisamment pour garantir ou pour mettre en œuvre une politique qui fait qu’effectivement cette recherche d’une plus forte souveraineté économique, d’une indépendance technologique est garantie par la politique de l’État, notamment en matière de cloud. Il y a eu pas mal de débats sur la politique du cloud centre, du cloud de confiance et même actuellement la dernière annonce du gouvernement sur le plan de relance, le plan d’investissement d’avenir de 1,8 milliards autour du cloud dans les services. C’est bien, mais est-ce que cet investissement qui va être fait va bien profiter aux entreprises françaises, franciliennes, qui travaillent dans le cloud, qui travaillent dans l’édition de solutions, qui travaillent dans le cloud ?

Frédéric Couchet : Et pas profiter à des entreprises étrangères, américaines, du logiciel propriétaire.

Philippe Montargès : C’est un peu le sujet. C’était très bien que notamment OVH, par exemple, soit mise en avant au moment de cette annonce. C’est très bien que le gouvernement dise que les données doivent être stockées chez des cloud providers français, OVH, Scaleway, Outscale. C’était un peu embêtant de dire – est-ce que c’était une erreur de communication, je ne le pense pas – que les algorithmes qui servent à exploiter ces données, qui sont stockées dans des serveurs français, soient d’origine de type GAFAM ou autre. Ça c’est la deuxième conclusion.
La troisième conclusion de cette étude c’était effectivement une prise en compte de la réalité, du rôle éthique, responsable et de l’investissement dans une approche on va dire numérique responsable, numérique décarbonée de la filière open source. Pareil, là vous avez 85/88 % des répondants qui se disent OK, on y va, on est conformes, on va se mettre aux normes, on va être éthiques.

Frédéric Couchet : Éthiques, dans quel sens ?

Philippe Montargès : Éthiques à la fois dans le sens accessibilité, éthiques à la fois que chez nous on applique les principes auxquels on croit, c’est-à-dire avoir une politique de formation avec des logiciels libres, avoir des recrutements qui sont conformes à ça. Éthiques ça veut dire aussi être capables de proposer des solutions j’allais dire concrètes. Le seul sujet c’est que là il y a 85 % des gens, des entreprises, qui se déclarent favorables à ça, mais le constat aussi c’est quand on a interrogé ces mêmes personnes sur leurs clients, les clients de ces entreprises-là, 25 %, 30 % pensent qu’elles auront des contrats parce qu’elles ont ce positionnement-là. Si tu veux ça montre un déphasage entre la prise de conscience de ces entreprises qu’il faut effectivement avoir une démarche éthique, une démarche responsable, une démarche de souveraineté, et la réalité du client ; les clients c’est le secteur public qui a une certaine prise de conscience, mais beaucoup de clients du privé ne sont pas encore matures ou ne le sont pas. Ce qui m’amène à dire, et là je reprends des propos peut-être un peu pas polémiques, mais entre guillemets, « malheureusement ça va marcher, l’éthique, le responsable vont marcher le jour où il y aura du business à faire ». Tant que les clients ne vont pas basculer dans cette logique-là, ça ne va pas suivre. C’est un peu le cas aussi, je pense, pour certaines approches écologiques où on sent bien que quand il y a du business à faire finalement ça force un peu les gens à basculer.

Frédéric Couchet : D’accord. Avant-dernière question : quel est principal défi, selon toi, pour les entreprises actuellement ? Est-ce que ça reste le recrutement ou est-ce qu’il y a un autre défi ?

Philippe Montargès : Tu as mis le doigt sur le point clef, c’est le recrutement. Plus que le recrutement c’est la capacité, pour les entreprises du Libre, de l’open source, à recruter. J’ai fait l’analogie ce matin et hier au sein de GAIA-X. On parle beaucoup de la croissance de l’économie européenne qui reprend. Beaucoup d’économistes s’inquiètent de la pénurie de semi-conducteurs. Beaucoup d’économistes s’inquiètent de l’augmentation du prix des matières premières. Mais pour notre secteur, la principale menace et le risque de décroissance, en tout cas de croissance moins forte ou qui fasse en sorte que les entreprises n’aillent pas plus vite que ce qu’elles peuvent faire, c’est effectivement le manque de ressources en termes de compétences formées à ces technologies-là.
Par là même c'est un cercle, vraiment pour le coup, pas vertueux, la nécessité de faire appel à des compétences qui se situent en dehors d’Europe. Quand on voit que les Chinois sont capables de produire 300 000 développeurs par an – produire en termes de formation, ce n’est pas un mot très joli –, on n’est pas à ce niveau-là, on est très loin au niveau européen de produire ça. Il y a là vraiment un phénomène qui va générer, je pense, un auto-blocage de la propre croissance de l’économie numérique européenne, notamment open source.

Frédéric Couchet : D’accord. Ça reste toujours le recrutement.

Philippe Montargès : Effectivement. La compétence, la formation, j’allais dire la sensibilisation à la technologie en France dans les études, au niveau scolaire et encore plus que d’habitude, plus encore qu’il y a dix ans quand on en parlait déjà, c’est vital.

Frédéric Couchet : D’accord. Dernière question, réponse courte. Demain la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques vient au salon pour visiter, faire des annonces. Même si tu es peut-être plus concerné par les annonces potentielles de Cédric O, ministre de l’économie numérique [Secrétaire d’État chargé de la Transition numérique], est-ce que tu attends quelle chose de concret ? Qu’est-ce que tu attends des annonces de Amélie de Montchalin ?

Philippe Montargès : On attend qu’elle confirme un petit peu les propos qu’elle avait tenus dans une lettre qu’elle avait produite je ne sais plus quand, il y a un mois ou deux, comme quoi elle souhaitait effectivement que le logiciel libre soit le choix numéro 1 et que ça soit vraiment par exception qu’un autre choix soit fait. C’est un premier point.
Deuxième engagement, on pense que, dans la transformation du secteur public, il faut qu’elle accélère sur ce sujet qui a été mis en place au niveau de l’Europe et qui est mis en place au niveau français au niveau des OSPO [Open Source Program Offices].

Frédéric Couchet : OSPO, centres de compétence logiciel libre dans les administrations.

Philippe Montargès : J’espère qu’elle va vraiment lancer des choses très concrètes par rapport à ça.

Frédéric Couchet : D’accord On sera à l’écoute des annonces de Amélie de Montchalin demain mercredi au salon.
Merci Philippe.

Philippe Montargès : Merci Frédéric.

Frédéric Couchet : On va enchaîner pas les très loin du CNLL d’ailleurs. On va demander à Son Nguyen Kim de s’installer.
C’était Philippe Montargès qui nous a parlé à la fois du CNLL, du salon et de l’étude économique qu’ils ont faite. Toutes les références sont sur le site libreavous.org. Vous retrouverez le lien vers l’étude du CNLL, sur les aspects économiques.
On va enchaîner sans transition, comme on dit chez les grandes personnes, sur le sujet suivant. Je précise d’ailleurs aux auditeurs et auditrices qui nous écoutent en direct, qui sont pas sur le salon, qu’ils peuvent nous rejoindre sur causecommune.fm, bouton « chat », salon #libreavous. S’ils ont des des questions, je les relaierai, mon ordinateur est allumé.

Interview de Catherine Nuel, chargée de mission, CNLL, et de Son Nguyen Kim, SimpleLogin

Frédéric Couchet : Maintenant nous allons parler un petit peu du concours des Acteurs du Libre qui a été remis tout à l’heure en début de salon.
J’ai avec moi Catherine Nuel et Son Nguyen Kim, j’ai mis ton nom en raccourci comme tu avais fait dans tes courriels, qui vont nous présenter ça.
On va commencer par Catherine. Tu es permanente au CNLL dont Philippe a parlé juste à l’instant.
Déjà première question toute simple, c’est quoi le prix des Acteurs du Libre ou le concours des Acteurs du Libre.

Catherine Nuel : Bonjour. Une présentation rapide, une petite présentation du concours des Acteurs du Libre. On organise ce concours depuis maintenant cinq ans. On a eu une coupure, bien évidemment, à cause du Covid l’année dernière. Ce concours a pour objectif de mettre en lumière certains acteurs de notre milieu open source. Ce qu’on cherche à faire, on veut que ce soit un concours ouvert qui s’adresse à tous les acteurs de l’écosystème quel que soit leur profil, c’est-à-dire éditeur, intégrateur, utilisateur, quelle que soit leur taille, on a des petites structures, des startups, des grands groupes qui candidatent.
Notre idée c’est vraiment que tout l’écosystème soit impliqué. On obtient ça notamment en proposant chaque année au gagnant de faire partie du jury de l’année d’après. Ça nous permet d’avoir de la diversité dans ce jury et d’avoir des points de vue très variés et intéressants.
Si vous le voulez bien je peux vous annoncer les gagnants de cette édition.

Frédéric Couchet : Vas-y en exclusivité.

Catherine Nuel : Ils ont été révélés lors de la cérémonie, à 13 heures, à de l’Open Source Experience, maintenant on peut les mentionner :
le meilleur projet est revenu à SimpleLogin qui est à côté de moi, qui s’exprimera dans quelques minutes ;
la meilleure stratégie est revenue à Arawa ;
le prix du numérique ouvert et éthique a été décerné à Dalibo ;
le prix du développement commercial à Smile ;
et enfin le prix spécial du jury a été gagné par la DINUM [Direction interministérielle du numérique] pour son projet Démarches Simplifiées.
Juste pour terminer là-dessus, ce qu’on souhaite faire : on adapte chaque année le concours en fonction des commentaires qu’on reçoit, des propositions d’amélioration. On a notamment reçu des demandes de la part d’acteurs qui ne sont pas basés en France pour pouvoir candidater. Donc on envisage d’élargir le concours et d’offrir un accès aux acteurs non français mais européens. D’autre part, on envisage aussi pour l’année prochaine une catégorie dédiée aux administrations, pas les collectivités puisque les collectivités ont leur concours, Territoire Numérique Libre, de l’ADULLACT.

Frédéric Couchet : Qui sera remis à 17 heures sur le salon.

Catherine Nuel : Exactement. On aurait une autre catégorie dédiée aux administrations, hors collectivités.
Voilà. Je pense que j’ai fait le tour de la présentation du concours. Un dernier mot pour proposer à tous les acteurs de candidater l’année prochaine. Rendez-vous en 2022.

Frédéric Couchet : J’ai une petite question : est-ce que ce sont uniquement des structures professionnelles ou est-ce que des associations peuvent candidater ?

Catherine Nuel : Les associations peuvent candidater, tout à fait. Associations, entreprises.

Frédéric Couchet : D’accord. Donc un appel à candidatures publiques, je suppose et ensuite, par rapport aux candidatures qui sont reçues, il y a un jury qui sélectionne les différents projets.

Catherine Nuel : Tout à fait. On a un jury composé de six à dix personnes selon les années. Chaque personne examine une partie des dossiers. Cette année on en a reçu beaucoup donc on avait réparti les dossiers.

Frédéric Couchet : Combien avez-vous reçu de candidatures d’ailleurs ?

Catherine Nuel : Cette année on en avait 20.

Frédéric Couchet : OK. Très bien. Donc on a le plaisir d’avoir l’un des vainqueurs, prix du meilleur projet, si je me souviens bien, pour SimpleLogin, Son Nguyen Kim.
Là tu as un défi, tu vas devoir nous expliquer un petit peu l’intérêt de ce projet. Au-delà du fait qu’il ait gagné un prix, forcément il est bien.
Déjà quel problème souhaites-tu résoudre avec ton projet ? Et qu’est-ce que ton projet propose concrètement ?

Son Nguyen Kim : D’accord. Bonjour à tous.
Pour présenter rapidement le projet, je vais peut-être vous raconter une petite histoire. Il y a deux ans j’ai essayé de faire le nettoyage à fond de ma boite mail et je me suis rendu compte qu’il y a beaucoup de mails que j’avais reçus sans savoir pourquoi.

Frédéric Couchet : On va faire une petite pause pour laisser les annonces du salon, je pense qu’elles passent en direct, ce n’est pas très grave, c’est surtout qu’on ne t’entendrait plus parler. L’annonce a été faite. Non, ça recommence, c’est la fin, c’est comme à la SNCF. Vas-y, poursuis, excuse-moi, raconte ton histoire de ménage de boîte mail.

Son Nguyen Kim : Il y a deux ans j’ai essayé de faire un grand ménage de ma boîte mail. J’ai vu que j’ai reçus beaucoup de mails sans savoir pourquoi. En fait, je n’avais jamais donné l’autorisation de m’envoyer des mails à ces entreprises-là et pourtant elles m’ont envoyé des mails. Vu que j’ai travaillé pendant plusieurs années dans une entreprise de publicité, je sais que c’est très fréquent que nos données s’achètent en ligne. En fait, c'est une industrie qui fait plusieurs centaines de milliards d’euros ; ce n’est pas une petite industrie. Donc j’ai créé SimpleLogin pour résoudre ce problème. La solution qu’on propose est très simple, c’est de créer une adresse mail différente pour chaque site web, donc une adresse mail pour Le Bon Coin, une adresse mail pour Facebook, etc. Si un jour je reçois un mail d’Amazon sur mon adresse mail pour Facebook, je sais que Facebook a vendu mes données à Amazon et dans ce cas je peux simplement désactiver l’adresse mail qui est associée à Facebook.

Frédéric Couchet : Si je comprends bien l’idée, c’est finalement, pour chaque service que la personne va utiliser, un site web ou autre, d’avoir une adresse mail spécifique dédiée à ce service, ce qui permet après, effectivement, de tracer l’utilisation de ces données-là, éventuellement de mettre un terme à cette adresse mail. Les gens vont-ils devoir créer manuellement ces adresses mails ? Comment vont-ils faire concrètement en fait ?

Son Nguyen Kim : C’est exactement ça. En ayant des adresses mails différentes pour chaque service on peut tracer l’utilisation de nos données en ligne et, en fait, c’est très simple de créer ces adresses mails. SimpleLogin est disponible sur toutes les plateformes, sur mobile – iOS, Android – dans le navigateur et c’est même plus facile de créer une adresse mail temporaire que de taper son adresse mail personnelle. Il faut juste cliquer sur un bouton et on aura tout de suite une adresse mail que l’on pourra utiliser.

Frédéric Couchet : Si je comprends bien SimpleLogin ce sont des applications pour téléphone mobile, des extensions pour navigateur web et pour messagerie qui permettent de créer à la volée, à la demande, une adresse mail, ce qu’on appelle un alias d’adresse mail, c’est-à-dire une adresse mail spécifique pour un service. C’est bien ça ?

Son Nguyen Kim : C’est ça. Par exemple quand vous voulez recevoir une newsletter, dans la partie adresse mail, vous avez une petite icône de SimpleLogin, vous cliquez dessus et ça va générer, ça va créer un alias que vous pourrez utiliser immédiatement.

Frédéric Couchet : Je crois qu’aujourd’hui on a beaucoup d’annonces. On va laisser faire les annonces. Tu peux continuer.

Son Nguyen Kim : Tous les mails qui sont envoyés en alias arrivent dans notre boite mail habituelle, que ce soit un Gmail, Yahoo, etc. Il n’y a rien qui change dans nos habitudes. On peut aussi envoyer des mails depuis un alias et du coup, au final, un alias est juste comme une adresse mail normale.

Frédéric Couchet : D’accord. C’est-à-dire que la personne n’a pas besoin de rechercher son alias quand elle va vouloir envoyer à nouveau un courriel à ce même service.

Son Nguyen Kim : C’est ça. Oui.

Frédéric Couchet : J’ai un commentaire sur le salon web de la radio, qui dit « une adresse mail pour chaque service ça va être compliqué pour les gens ». Combien de personnes utilisent ton service actuellement ?

Son Nguyen Kim : Le concept peut sembler compliqué au début, mais, une fois qu’on l’utilise, en fait c’est très simple. Ce qui est bien avec SimpleLogin c’est qu’on a réussi, finalement, à rendre une technologie qui était réservée aux développeurs, aux technophiles à l’époque – ce n’est pas une nouvelle technologie, c’est une technologie qui existe depuis une vingtaine d’années en fait, mais il n’y a que les développeurs qui l’utilisaient : maintenant il y a de plus en plus de grand public qui commence à l’utiliser parce que c’est très facile à utiliser et c’est accessible.

Frédéric Couchet : D’accord. Donc SimpleLogin est développé en logiciel libre. Est-ce que c’est quelque chose que tu développes comme ça, sur ton temps libre, par intérêt, ou est-ce que derrière tu as un modèle économique, peut-être d’abonnement ou autre ? Comment ça marche ?

Son Nguyen Kim : Oui, on a un modèle économique derrière. Le but c’est que SimpleLogin vive avec le temps, donc on a deux abonnements. On a un abonnement gratuit que tout le monde peut utiliser et on peut créer jusqu’à 15 alias. On a aussi un modèle premium qui coûte 30 dollars par an et qui permet de créer autant d’alias qu’on veut.

Frédéric Couchet : D’accord. Il y a plusieurs modèles d’abonnements. Est-ce qu’il y a une limitation dans le nombre de courriels qui sont envoyés ou dans la bande passante utilisée c’est-à-dire le transfert de données ? Ou est-ce qu’il n’y a pas de limitation de ce genre ?

Son Nguyen Kim : Il n’y a aucune limite en termes de bande passante ou en termes du nombre de mails. D’ailleurs, si vous avez votre propre nom de domaine, vous pouvez aussi ajouter SimpleLogin pour créer les alias basés sur votre nom de domaine.

Frédéric Couchet : D’accord. Au niveau de SimpleLogin il y a des serveurs. Est-ce que ces serveurs conservent des données, par exemple les courriels échangés ou autres ? Est-ce qu’il y a des données qui sont conservées ?

Son Nguyen Kim : En fait nous recevons les mails et ensuite nous les redirigeons dans vos boites mails habituelles, mais on ne stocke pas les e-mails. Un e-mail est supprimé immédiatement après qu’on l’a reçu. Donc en termes de données privées on ne stocke que très peu de données.

Frédéric Couchet : D’accord. Pourquoi avoir candidaté au prix des Acteurs du Libre ? Qu’est-ce que tu attends de ce prix? De la visibilité ou autre chose ?

Son Nguyen Kim : Pour être honnêtes ça a été une belle surprise pour nous de recevoir le prix. On avait reçu un mail pour candidater, on s’est dit pourquoi pas. On a candidaté. Nous sommes très contents de recevoir le prix parce que ça montre que la solution a été reconnue par le monde open source. C’est une petite récompense pour nous qui nous fait très plaisir.

Frédéric Couchet : D’accord. Catherine tu veux ajouter quelque chose ?

Catherine Nuel : Juste un petit commentaire pour dire que j’ai suivi, pas forcément de très près, les commentaires, mais je sais que le prix a été remis notamment parce que ce qui a été noté chez vous c’est la forte croissance de la communauté derrière qui participe à ce projet.

Frédéric Couchet : De personnes qui utilisent ?

Catherine Nuel : De contributeurs.

Frédéric Couchet : De contributeurs, d’accord.

Catherine Nuel : Il me semble.

Frédéric Couchet : C’est-à-dire que tu n’es pas seul à développer. Tu as des contributeurs et des contributrices externes.

Son Nguyen Kim : C’est ça. On a une équipe de quatre personnes qui travaillent sur SimpleLogin. Vu que le compte est open source du coup il y a beaucoup de contributeurs, il y a beaucoup de développeurs qui ont contribué à SimpleLogin, c’est ce qui fait la force du projet.

Frédéric Couchet : J’invite tous les gens qui nous écoutent à aller sur le site simplelogin.io ; il est à la fois en français et en anglais. Il y a notamment des explications par rapport aux alternatives qui existent. C’est un site très complet. Donc outil à tester.
Est-ce que tu veux ajouter quelque chose Son ?

Son Nguyen Kim : Je veux juste ajouter qu’avant on pensait que les solutions open source étaient réservées aux développeurs ou aux entreprises. En fait il y a beaucoup de solutions open source qui sont très accessibles, qui sont faciles à utiliser par le grand public. Je pense que c’est important que les gens comprennent l’importance d’avoir des logiciels open source parce que c'est la transparence. Quand on utilise un logiciel open source on est sûr que ses données privées ne seront pas volées, ne seront pas utilisées à d’autres fins. C’est important que les projets open source soient supportés par le public.

Frédéric Couchet : En tout cas merci. Félicitations pour ce prix.
C’était Catherine Nuel et Son Nguyen Kim.

Catherine Nuel : Merci.

Son Nguyen Kim : Merci beaucoup.

Frédéric Couchet : On va faire une petite pause musicale.

[Virgule musicale]

Frédéric Couchet : Nous allons danser un petit peu. Nous allons écouter Sin Papeles par Dieumba/Bass Culture Players. On se retrouve environ dans 3 minutes 30. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Sin Papeles par Dieumba / Bass Culture Players.

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Sin Papeles par Dieumba/Bass Culture Players je crois, j’ai perdu mes notes donc je ne sais plus. En tout cas c’est sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions. Vous retrouverez les références sur le site de l’April et sur le site libreavous.org.

[Jingle]

Interview de Amel Charleux, maître de conférences et Gaël Blondelle, vice-président de la Fondation Eclipse Europe

Frédéric Couchet : Nous allons continuer nos interviewsFrédéric Couchet : Nous allons continuer nos interviews au salon Open Source Experience avec Amel Charleux qui est maître de conférences à l’université de Montpellier et Gaël Blondelle qui est vice-président de la Fondation Eclipse Europe, une fondation du logiciel libre, on ne va pas rentrer dans les détails aujourd’hui, mais on en parlera sans doute un jour dans l’émission. Vous êtes tous les deux membres du comité de programme. J’ai le président et une membre du comité de programme. On va plutôt parler du programme.
Première question : comment s’organise un [coupure du son] programme pour cet évènement qui a, je crois, 200 ???.

Gaël Blondelle : En fait on a beaucoup misé sur faire un vrai CFP.

Frédéric Couchet : CFP ? On est en France.

Gaël Blondelle : Un vrai Call for papers, appel à propositions, pardon. On avait ce site web sur lequel on a reçu plus de 300, voire 400 propositions. On avait le comité de programme avec une vingtaine de personnes qui ont évalué toutes ces propositions, moi je les ai toutes revues. C’était vraiment un investissement personnel important pour chacun des membres du comité de programme, donc je tiens à les remercier. Au final, on a réussi à sélectionner 150 propositions, ce qui est quelque chose d’un peu plus compliqué parce qu’on avait moins de slots que dans les précédentes conférences, mais on obtient un programme qui me semble, du coup, de très bonne qualité, en tout cas je suis hyper-content.

Frédéric Couchet : Donc comité de programme d’une vingtaine de personnes ?

Amel Charleux : Oui, à peu près.

Frédéric Couchet : Chaque personne a la charge d’étudier toutes les propositions ou est-ce qu’il y a des thématiques ? Est-ce que vous vous êtes répartis dans des thématiques ? Amel.

Amel Charleux : C’est réparti effectivement en fonction de nos spécialités, de nos expertises personnelles et individuelles. Par exemple, moi c’est plutôt business, stratégie, écosystème. Donc je pouvais revoir, en tout cas évaluer les propositions, mettre des commentaires, et après il y a eu une réunion globale, générale, où on a fait tout un travail collectif de sélection, commun. On a sélectionné.

Gaël Blondelle : Un élément intéressant c’est qu’on avait une partie très technique, comme d’habitude et, par contre, une partie gouvernance, stratégie open source. Quelque part une des surprises c’est que dans l’appel à propositions on a reçu près de 50 % de propositions qui étaient justement sur ces sujets gouvernance, stratégie, qui, du coup, sont vraiment des sujets importants pour notre écosystème.

Frédéric Couchet : Qui prennent de plus en plus d’ampleur.

Gaël Blondelle : Oui. Ça a toujours été présent mais là, vraiment ! Avoir 50 % des propositions autour de ces sujets gouvernance, stratégie, open science, tout ça, c’est quand même une tendance.

Frédéric Couchet : D’accord. Quelles sont les grandes thématiques des conférences ?

Gaël Blondelle : Je vais regarder mes notes.

Frédéric Couchet : Les notes de Gaël, en fait, c’est un ordinateur il faut le signaler, je ne dirais pas quelle marque !Vas-y Gaël !

Gaël Blondelle : Je suis désolé ! On a bien sûr tout ce qui est cloud, logiciel d’infrastructure, on a la cybersécurité, on a l’embarqué, l’IoT le edge computing.

Frédéric Couchet : L’IOT, c’est l’Internet des Objets.

Gaël Blondelle : Internet des objets, l’intelligence artificielle, le edge computing. On a le droit de dire edge computing. ?

Frédéric Couchet : Je ne sais même pas comment ça se traduit !

Gaël Blondelle : Ça ne se traduit pas vraiment.

Frédéric Couchet : C’est ça, d’accord. OK ! Tu m’as piégé.

Gaël Blondelle : La robotique. Des trucs vraiment un peu techniques, du géospatial, des choses comme ça. Après il y a effectivement toute la partie plus gouvernance.

Amel Charleux : Tout à fait. Donc la partie plus écosystème, gouvernance, où on va avoir des thématiques sur les business modèles. C’est quelque chose qui revient finalement tous les ans.

Frédéric Couchet : Tu travailles beaucoup là-dessus si je me souviens bien.

Amel Charleux : Je travaille énormément sur les business modèles, je vais animer certaines sessions justement autour des business modèles, de la stratégie aussi, des choses un peu plus globales, comment amener une stratégie open source dans les grands groupes. Et puis il y a quand même tout un volet retour d’expérience où on a essayé cette année d’avoir vraiment des témoignages.

Frédéric Couchet : D’entreprises clientes, d’administrations ?

Amel Charleux : D’administrations, d’entreprises, de grands groupes qui implémentent de l’open source, qui installent de l’open source. L’Open Source Experience tient son nom et on a vraiment essayé d’avoir du retour d’expérience pour pouvoir inspirer et pouvoir répliquer, créer du mimétisme, créer de l’intérêt et potentiellement intégrer davantage de personnes.

Frédéric Couchet : J’ai une question. Sur le salon web je vois que Marie-Odile est là, qu’elle fait beaucoup de transcriptions : est-ce que les conférences sont enregistrées, en vidéo ou en audio ?

Gaël Blondelle : Une partie des salles est enregistrée en vidéo et l’autre partie est enregistrée en audio.

Frédéric Couchet : D’accord. Ce sera diffusé après, probablement.

Gaël Blondelle : Il y en qui sont streamées directement. C’est aussi streamé.

Frédéric Couchet : C’est aussi diffusé en direct ? Je ne savais pas.

Gaël Blondelle : Oui, sur la plateforme de l’évènement.

Frédéric Couchet : D’accord. Actuellement personne n’écoute votre direct tout le monde est ici, sur notre direct !
Aujourd’hui on est mardi 9, il est 16 heures 20. On va supposer que les gens qui ne sont pas sur le salon ne vont pas venir maintenant, ils vont peut-être venir demain, mercredi 10 novembre. Pour deux types de publics différents : le public vraiment intéressé plutôt par l’aspect technique, etc., et le public plutôt intéressé par l’aspect gouvernance et stratégie, quels sont les temps forts de demain mercredi, Gaël ?

Gaël Blondelle : Demain on a une salle toute la journée sur le cloud, la cybersécurité le matin. On continue sur les thématiques que je viens de citer, qui se retrouvent sur les deux jours. Un élément qui me semble vraiment important, tu voulais en parler.

Amel Charleux : Vas-y.

Gaël Blondelle : On a une plénière GreenIT qui me semble être un des temps forts, vraiment important de l’évènement, qui est demain après-midi. Il ne faut pas rater ça.

Amel Charleux : 14 heures 30.

Gaël Blondelle : Il doit justifier, à lui seul, le fait de venir à l’évènement

Frédéric Couchet : Dans cette plénière GreenIT la participation même de Agnès Crepet de Fairphone vaut la présence. On l’a eue récemment, il y a deux semaines, avec Gaël Duval, pour parler de Fairphone et de /e/. Je connais Agnès depuis très longtemps, donc venez demain pour l’écouter et les autres intervenants, Tristan Nitot sera là et d’autres.
Amel tu voulais parler principalement de ça ou d’autres thématiques ?

Amel Charleux : GrennIT, mais également une allocution ministérielle, où là, je pense, on va quand même beaucoup parler souveraineté et je pense que ce sera un des temps forts de la journée de demain.

Frédéric Couchet : Qu’est-ce que vous attendez comme annonces ? Tout est possible.

Gaël Blondelle : Qu’on parle d’OSPO, de choses comme.

Frédéric Couchet : OSPO c’est logiciel libre dans les administrations on va dire. Je ne l’ai pas traduit parfaitement en anglais, mais je l’ai traduit en français compréhensible sinon c’est Open Source Program Offices.

Gaël Blondelle : Tout à fait, je suis d’accord avec toi.
J’allais dire pas que dans les administrations. Il y a aujourd’hui des OSPO dans toutes les organisations. C’est vrai que ce qu’on entend, ce dont on entend beaucoup parler en ce moment c’est la thématique autour des administrations.

Frédéric Couchet : Tu as raison. Dans les grandes entreprises, enfin dans les grandes structures, il peut y avoir effectivement ces personnes.

Gaël Blondelle : Aujourd’hui, juste avant de venir vous rejoindre, on avait un panel avec OW2, on a lancé, c’est en anglais, comment le traduire, c’est Open Source Good Governance Handbook, donc le manuel de la bonne gouvernance open source.

Frédéric Couchet : Logiciel libre !

Gaël Blondelle : Logicielle. Voilà. Qu’on a lancé, qu’on a mis en ligne sur le site ???.

Frédéric Couchet : Une question qui n’a pas à voir avec le comité de programme mais plutôt avec le salon. Le dernier salon de ce genre date d’il y a deux ans, si je me souviens bien, en tout cas à Paris parce qu’il y en a eu à Bordeaux récemment. Est-ce que vous avez vu, peut-être, des différences au niveau du public ? Des évolutions dans le public qui vient ? Est-ce que ce sont les mêmes personnes ? Est-ce que vous avez des différences ou pas ? Moi, par exemple, je n’ai pas vu beaucoup d’étudiants ou d’étudiantes sur le salon, pour le moment, alors qu’il y en avait beaucoup avant. Peut-être parce qu’on est mardi et qu’il y en aura plus mercredi. Est-ce que vous avez noté soit des différences par rapport au public qui vient soit par rapport à leurs questions, leurs centres d’intérêt ?

Gaël Blondelle : Ce que j’ai déjà noté c’est qu’il y a beaucoup de public, quand même, et ça c’est plutôt sympa parce qu’on est dans une période où la démarche de se dire je vais aller à un évènement en présentiel n’est pas nécessairement facile ; les gens sont quand même au rendez-vous. Ça c’est important. C’était quand même un peu l’inquiétude avant. Sinon je n’ai pas eu énormément le temps de discuter avec les gens.

Frédéric Couchet : C’est une question un peu piège qui m’est venue comme ça, vous n’avez pas forcément la réponse.

Amel Charleux : J’ai animé des sessions en 2019, au dernier Paris Open Source Summit ; j’anime également des sessions ici. Je retrouve pas mal de personnes que j’ai déjà rencontrées la fois passée. Donc on va dire qu’il y a des fidèles qui reviennent, qui sont contents de revenir. Après c’est vrai que sur la population étudiante, il y en a peut-être un peu moins, il faudra faire des statistiques à la fin de la session.

Gaël Blondelle : Je pense qu’on n’est pas très bons là-dessus. On se posait aussi la question ce matin dans la plénière d’ouverture.

Frédéric Couchet : Peut-être qu’il n’y a pas eu de communication dans les universités et autres.
Je te posais la question sur les étudiants et étudiantes, c’est vrai qu’historiquement, si tu te souviens bien, on avait toujours une tripotée d’étudiants et d’étudiantes qui arrivaient, des fois pour certains avec leur CV, et aujourd’hui je n ‘en ai pas vu. Peut-être que ce sera demain mercredi, je ne sais pas.

Gaël Blondelle : Peut-être que c’est un élément de comm’ qu’on a moins fait. C’est possible aussi.

Frédéric Couchet : D’accord. Une petite question concernant les intervenants et intervenantes, j’ai un petit peu regardé : comment est prise en compte la diversité dans les intervenants et intervenantes ?

Gaël Blondelle : On avait des objectifs plutôt ambitieux d’avoir 20 ou 30 % d’intervenantes féminines sur le salon. On n’a pas complètement réussi. On a eu des actions spécifiques vers des associations comme Duchess France.

Frédéric Couchet : Dont fait partie notamment Agnès Crepet.

Gaël Blondelle : Exactement. Ou des associations de développeuses. On a essayé autant que faire se peut d’avoir toujours une certaine diversité dans les panels, les tables rondes, etc. C’était un point d’attention, c’est un point sur lequel le résultat n’est pas complètement satisfaisant.

Frédéric Couchet : Amel, là-dessus ?

Amel Charleux : Demain justement, ceux qui sont intéressés par la diversité dans l’IT finalement , il y a une session open source responsable où on va justement parler de la place des femmes, de la représentation des femmes dans ce milieu qui est finalement assez masculin, mais on prend de la place. C’est à 16 heures 30, « Comment accueillir plus de femmes dans l’écosystème libre ? », open source responsable.

Frédéric Couchet : Quels étaient les objectifs c’était quoi ? 30 % au moins.

Amel Charleux : Au départ, 30 % oui.

Frédéric Couchet : J’ai vérifié, vous êtes à peu près à 15 %. Après il faut savoir, pour les gens qui nous écoutent, que vous êtes aussi le reflet du milieu dans lequel vous évoluez qui est un milieu très masculin. Nous-mêmes, à la radio, nous avons aussi ce même reflet. On arrive à avoir 30 % d’intervenantes, mais c’est parce qu’il y a vraiment une recherche qui prend beaucoup de temps et qui est nécessaire. On part aussi de loin parce que dans le milieu de l’informatique, notamment libre, c’est plutôt 5 ou 6 % des femmes. C’est une démarche qui est importante mais qui n’est pas forcément évidente.

Amel Charleux : Pour le futur de l’Open Source Experience, il me semble que ce qui serait vraiment bien c’est justement de continuer ce travail sur la représentation des femmes, la diversité justement dans la communauté dans laquelle on évolue, qu’on souhaite représenter, mais aussi travailler peut-être au niveau européen. Là on pourra éventuellement, peut-être, agréger aussi davantage de mixité à un niveau plus global, au-delà de la France et essayer d’amener des intervenantes.

Frédéric Couchet : En tout cas Marie-Odile, sur le salon, salue l’effort qui est fait.

Amel Charleux : Merci.

Frédéric Couchet : Est-ce que vous avez envie de rajouter quelque chose par rapport au salon ? Une question : qu’est-ce que ça vous fait de revenir dans un salon ? Tout à l’heure tu disais « un salon, un évènement public, avec masque, dans des conditions un peu particulières », qu’est-ce que ça vous a fait de revenir dans un tel salon aujourd’hui ?

Gaël Blondelle : C’est cool.

Frédéric Couchet : C’est cool !

Amel Charleux : Un grand plaisir.

Frédéric Couchet : Je peux vous dire que je vois les sourires parce que, exceptionnellement pour l’interview, ils ont enlevé les masques. Donc ça fait plaisir ?

Amel Charleux : Oui, énormément.

Frédéric Couchet : Et vous sentez que le public aussi est content de revenir finalement et les intervenants et intervenantes aussi.

Gaël Blondelle : Oui. Aussi en tant qu’intervenants. Je pense que c’est intéressant. Ça fait quand même 18 mois pendant lesquels on n’a fait que du BigBlueButton ou du Zoom. Voir des gens en vrai c’est bien. Après il faut se réhabituer à parler devant des gens, de vrais gens. Ce n’est pas évident !

Amel Charleux : Tout le monde n’était pas forcément ravi. Il y en a qui disaient qui disaient « Hou là, là, ça fait presque mal de voir tout ce monde-là ! »

Frédéric Couchet : Le problème c’est qu’avec les masques et deux ans de plus, certains ont peut-être pris des cheveux blancs ou autre, des fois on ne reconnaît pas forcément tout le monde.
Dernière question : est-ce que vous avez envie de rajouter quelque chose sur le programme, sur l’évènement, ou sur autre chose, si vous avez envie de parler d’autre chose en une minute ou deux ? Gaël.

Gaël Blondelle : Je voudrais juste ajouter une chose. Aujourd’hui on a un événement qui est co-localisé avec le SIDO qui est aussi un évènement sur l’Internet des Objets, l’intelligence artificielle, etc. Côté SIDO il y a certainement aussi de l’open source, en tout cas ce n’est pas ce dont ils parlent. Je pense que c’est intéressant, de mon point de vue, pour l’Open Source Experience, parce que ça nous permet malgré tout aussi d’être ici, d’être au Palais des Congrès.

Frédéric Couchet : Est-ce que je peux poser une question financière ? Pas forcément financière parce que tu n’es pas organisateur. La question que je me pose c’est, finalement, le fait d’être au Palais des Congrès c’est parce que le SIDO était à côté avec peut-être un peu de place, ce qui a permis aux organisateurs de se dire on organise deux salons au même endroit.

Gaël Blondelle : C’est un deal avec les organisateurs du SIDO. Eux voulaient faire quelque chose et on a fait un deal avec eux pour avoir l’Open Source Experience en même temps que le SIDO. Je pense que c’est un bon deal pour tout le monde. On est au Palais des Congrès, au centre de Paris.

Frédéric Couchet : Il y a ça. Une petite remarque : il aurait peut-être fallu avoir une signalétique un peu plus précise pour que les gens sachent dans quel salon. Par contre, ce qui est effectivement positif, c’est que plusieurs personnes sont venues sur notre stand et à chaque fois je leur posais la question « est-ce que vous venez sur le salon logiciel libre ? » Beaucoup ne savaient pas qu’ils étaient sur un salon logiciel libre parce qu’ils étaient venus initialement pour le salon SIDO. En fait, ça fait venir du monde. C’est très bien.

Gaël Blondelle : Ça fait partie des choses dont on a discuté avec les organisateurs. L’entrée se fait côté Open Source.

Frédéric Couchet : L’entrée des deux salons.

Gaël Blondelle : L’entrée de tout le salon se fait côté Open Source. Donc ils arrivent tous ici en fait.

Frédéric Couchet : Vous êtes trop forts.

Amel Charleux : Ils sont piégés en fait.

Frédéric Couchet : Ils sont piégés. OK. Très bien. Et toi, Amel, est-ce que tu veux rajouter quelque chose.

Amel Charleux : Cette remarque sur la collocation SIDO qui n’est pas open source et l’Open Source Experience me permet d’ouvrir sur quelque chose que je trouve vraiment intéressant. On a passé une période de Covid. On a vu des laboratoires pharmaceutiques se mobiliser, s’ouvrir, travailler en collaboration. Je pense que ce qui est intéressant pour l’open source maintenant qu’on se connaît dans l’IT, etc., ce qui est bien c’est d’arriver à exporter le modèle dans des secteurs qui ne font pas forcément naturellement de l’open source comme la pharmacie, comme d’autres industries, et je pense que c’est déjà un bon pas de commencer à faire des salons avec des organisations qui ne sont pas nativement open source.

Frédéric Couchet : Belle conclusion. C’était Amel Charleux et Gaël Blondelle. Je vous remercie.

Amel Charleux : Merci à vous.

Gaël Blondelle : Merci. À bientôt.

Frédéric Couchet : À bientôt et bonne continuation de salon.

Amel Charleux : Merci. Au revoir.

Interview de Magali Garnero alias Bookynette, administratrice de l'April et Isabella Vanni, coordinatrice vie associative et chargée de projets à l'April

Frédéric Couchet : On fait tout en direct. On va inviter nos deux intervenantes pour le sujet suivant avant de faire tout à l’heure une pause musicale






[Jingle]

Interview de Nathalie Soetaert‏ de Primtux

Frédéric Couchet : Nous allons changer de sujet et on va improviser. Comme on était un petit peu en avance, Magali nous a trouvé une intervenante, Nathalie, qui va nous parler de Primtux.
Primtux, c’est quoi Nathalie ?

Nathalie Soetaert : Bonjour à tous. Primtux est une distribution éducative qui est développée pour les familles et pour les établissements scolaires. On peut l’utiliser aussi en IME [Institut Médico-Educatif] et en association.
C’est quoi ? C’est une distribution sur laquelle vous allez trouver un système d’exploitation complet. Vous récupérez un ordinateur qui date de 2003, à partir de cette date-là. Il vous faut très peu de capacité mémoire, 62, et vous pouvez installer dessus quelque chose qui va vous permettre de faire travailler vos élèves en français, en mathématiques, en logique, en programmation. Les programmes sont inclus à l’intérieur, tout est importé. Les enfants sont donc un environnement sécurisé.
C’est de la ludo-pédagogie parce que tout ça ce sont des jeux, ce sont des jeux que vous connaissez. La logithèque comprend, par exemple, Abuledu, elle comprend ???, ????, etc. Mais vous avez aussi de quoi faire du traitement de texte, de quoi faire de la musique, de quoi faire du film, du montage vidéo. En fait, elle est suffisamment complète pour se suffire à elle-même jusqu’à l’âge de 12/13 ans. Donc les enfants ne vont pas sur le Web. Ça fonctionne avec Qwant et Qwant permet de sécuriser.

Frédéric Couchet : Qwant, le moteur de recherche.

Nathalie Soetaert : Le moteur de recherche Qwant, exactement, qui permet de filtrer nativement, a été renforcé pour que les jeunes enfants puissent aller dessus. Il y a même, et c’est là que c’est formidable, un HandyMenu. L’HandyMenu permet à des parents, des enfants ou des adultes « Dys » de disposer d’un système de lecture et d’écriture amélioré et simplifié.
Voilà ce qu’on peut faire.
Dedans il y a des choses vraiment très diverses. Je m’en sers en tant que médiatrice en formation pour des adultes qui sont allophones, pour des gens qui sont en retour à l’écriture, mais on peut s’en servir avec de très jeunes enfants à partir de trois ans : comment je manipule la souris, comment je manipule le clavier. On peut aussi apprendre dessus à travailler en équipe, à plusieurs : on fait des puzzles, des ??? ; on s’en sert en process de neuro-scientisation des apprentissages en trois, six, neuf temps de mémorisation : je présente l’information à trois jours, à neuf jours, etc. et je peux préparer à nouveau des parcours pour mes enfants, pour mes élèves, je peux regarder leur progression et leur bénéfice.

Frédéric Couchet : D’accord. Comment utilise-t-on, comment installe-t-on cette distribution ? On va sur un site web et on récupère ?

Nathalie Soetaert : Tout à fait. Une ISO.

Frédéric Couchet : Une image ISO qu’on met sur clef USB et qu’on installe ensuite sur un ordinateur ou est-ce ça fonctionne ?

Nathalie Soetaert : Les deux. Les deux mon capitaine !
Quand vous êtes sur https://primtux.fr, vous avez la possibilité de récupérer une image ISO. Cette image ISO vous la prenez. Vous la mettez sur une clef ou sur un cédérom – comme vous souhaitez – si vous encore un lecteur de cédérom. Ensuite vous la déployez, vous la mettez sur votre machine. Soit vous la mettez en résidente, soit vous la laissez sur la clef et vous faites ce qu’on appelle une clef bootable. Donc n’importe où que vous alliez avec vos enfants, ils vont pouvoir travailler, retrouver leurs environnements. Si la clef est suffisamment grande, vous pouvez même stocker le travail des enfants dessus, la rédaction à préparer, l’exercice de mathématiques et vous pouvez travailler en complément avec l’ENT libre qui fonctionne aussi dessus.

Frédéric Couchet : D’accord. Primtux est une distribution qui est faite par qui en fait ?

Nathalie Soetaert : Par des passionnés et je veux ici les remercier.

Frédéric Couchet : Des passionnés français. Donc c’est fait en France.

Nathalie Soetaert : Oui, pardon mon bon Monsieur, c’est dans le ch'Nord.

Frédéric Couchet : Dans le ch'Nord en plus.

Nathalie Soetaert : Ils ne sont pas tous du Nord.

Frédéric Couchet : Sérieusement, c’est fait par une association, par un groupe ?

Nathalie Soetaert : C’est fait par cinq personnes. Un monsieur qui s’appelle Stéphane Deudon, qui est à la base directeur d’école primaire, à Calais, il était comme moi en REP +.

Frédéric Couchet : Donc c’est pour ses besoins qu’il a commencé à faire cette distribution.

Nathalie Soetaert : Il a commencé à faire cette distribution, il a dit c’est trop bien et il a continué. Après Philippe l’a rejoint, il y a moza – un jour je vais apprendre le nom de cette personne, je ne sais pas comment elle s’appelle dans la vraie vie –, il y a Cyrille, il y a Marc Hépiègne avec nous, il y a le ch’ti5933. C’est comme les fourmis chez nous. On est trop nombreux sur la zone du coup on n’a plus de noms on a des pseudos et on a des numéros. Il y a aussi Philippe ???. Il y a énormément de gens qui participent, mais le noyau dur ce sont cinq personnes le soir, le samedi, le dimanche, les vacances. En fait ces gens-là se réunissent et font avancer la distribution. Avec Marc Hépiègne et d’autres personnes nous la posons dans les écoles.
Comment ça fonctionne ? Une enseignante ou un enseignant téléphone et nous dit « j’ai besoin de quelque chose dans mon école, je n’ai pas d’ordi. Est-ce que vous pouvez nous trouver un ordi ? ». On leur dit oui, on leur dit non. S’ils ont des vieux ordis au fond de la classe, on les prend, on les formate, on installe la distribution et moi je les forme pédagogiquement à l’usage.

Frédéric Couchet : Quand tu dis les écoles, ce sont les écoles autour de l’Oise ? Dans l’Oise ?

Nathalie Soetaert : Pas seulement. Il y en a sur toute la France. Il y a une carte sur le site primtux.fr. Sur la carte vous avez les endroits où il y a les gens qui l’utilisent. Il y a des gens qui acceptent de vous aider à l’installer.

Frédéric Couchet : Des personnes ressources.

Nathalie Soetaert : Des personnes ressources et il y en a sur toute la France. Et là on le développe sur le réseau Canopé pour que ça puisse arriver partout.

Frédéric Couchet : Super. Si on veut vous rencontrer physiquement au salon Open Source Experience au Palais des Congrès c’est aujourd’hui et demain mercredi 10 novembre, vous êtes dans le village associatif.

Nathalie Soetaert : A05.

Frédéric Couchet : Ao5. Merci Nathalie.

Nathalie Soetaert : Je vous en prie.

Frédéric Couchet : Je répète primtux.fr. C’était Nathalie qui est membre de ce collectif en tout cas de personnes qui développent.

Nathalie Soetaert : Je ne développe pas du tout.???

Frédéric Couchet : Bonne fin de salon Nathalie.

Nathalie Soetaert : Merci.

Frédéric Couchet : Nous approchons de la fin de l’émission. Nous allons terminer par quelques annonces.

[Virgule musicale]

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Frédéric Couchet : Nous allons terminer par quelques annonces assez rapidement