Émission Libre à vous ! du 6 septembre 2022

De April MediaWiki
Aller à la navigationAller à la recherche


Titre : Émission Libre à vous ! du 6 septembre 2022

Intervenant·e·s : Isabella Vanni - Alexis Kauffmann - Vincent Calame - Frédéric Couchet - Étienne Gonnu à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 6 septembre 2022

Durée : 1 h 30 min

Podcast provisoire

Page des références de l'émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :Déjà prévue

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet :

Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
C’est la rentrée, nous espérons que vous avez passé un bel été et que vous êtes en pleine forme.

Nous sommes ravis d’être de retour avec vous. L’été a tout de même été actif pour préparer une belle saison 6 de Libre à vous !, l’émission sur les libertés informatiques.

Logiciels et ressources libres dans l’Éducation nationale, ce sera le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme la chronique d’Isabella Vanni sur la Fête des Possibles et aussi le premier chapitre d’une nouvelle chronique proposée par Vincent Calame sur le libre et la sobriété énergétique. C’est une première nouveauté en termes de chronique, d’autres vont arriver et seront annoncées dans l’émission de la semaine prochaine, mardi 13 septembre.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition, la 150e de Libre à vous ! l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.

Le site web de l’émission est libreavous.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire tout retour ou nous poser toute question.

L’émission du jour est dédiée à Peter Eckersley décédé à 43 ans il y a quelques jours. Cet informaticien, spécialiste en cybersécurité et en protection de la vie privée a notamment travaillé pour l’Electronic Frontier Foundation, l’EFF, une ONG internationale de protection des libertés sur Internet dans laquelle il a initié et développé de nombreux outils pour la protection de la vie privée et on lui doit une bonne partie du chiffrement actuel sur le Web. On lui dédie cette émission, Peter Eckersley.

Nous sommes mardi 6 septembre 2022, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

Derrière la vitre, aux manettes de la régie, l’as des as de la réalisation radio, mon collègue Étienne Gonnu. Bonjour Étienne.

Étienne Gonnu : Salut Fred et très content de retrouver la régie après cette pause estivale.

Frédéric Couchet : Nous vous souhaitons une excellente écoute.

[Jingle]

Chronique d’Isabella Vanni sur la Fête des Possibles avec une interview de Tebben Geerlofs, membre de l’équipe de coordination nationale de la Fête des Possibles 3.50

Frédéric Couchet : Nous allons commencer par la chronique de ma collègue Isabella Vanni. Le sujet du jour, c'est la Fête des Possibles : je te passe la parole, Isa

Isabella Vanni : Merci Fred, bonjour tout le monde. La Fête des Possibles est devenu un événement incontournable de l'agenda de septembre, dans toute la France et en Belgique. Des centaines de rendez-vous sont proposés pour rendre visibles les initiatives citoyennes qui construisent une société plus humaine, durable et solidaire. Cette année 2022, la Fête des Possibles débutera le 9 septembre, donc vendredi prochain, voilà pourquoi on en parle aujourd'hui, et se terminera le 25 septembre. Nous allons vous présenter cette initiative, qui est portée par le collectif "Pour une transition citoyenne", avec notre invité Tebben Geerlofs, membre de l'équipe de coordination nationale de la Fête des Possibles. Bonjour Tebben.

Tebben Geerlofs : Bonjour Isabella et merci de me recevoir.

Isabella Vanni : Pour commencer : en quoi consiste la Fête des Possibles, et à qui s'adresse-t-elle ?

Tebben Geerlofs: La Fête des Possibles a lieu du 9 au 25 septembre. C’est un événement qui appelle toutes les initiatives citoyennes qui construisent déjà un monde plus juste et plus durable sur les territoires, à organiser des événements pour montrer ce qu'elles font et pour diffuser toutes ces bonnes initiatives et ces bonnes énergies.

Isabella Vanni : C'est très bien. Quel public est visé par la fête ?

Tebben Geerlofs : Tout le monde est le et la bienvenue sur la Fête des Possibles. Si vous vous y connaissez déjà en transition, vous pouvez venir sur une Fête des Possibles pour en apprendre plus. Mais si le mot "transition" ne vous dit pas grand-chose, c'est le moment de venir vous initier à ce que veut dire ce terme, et à découvrir quelques premières pistes pour vous engager vous aussi dans des transitions, que ce soit au niveau individuel ou au niveau collectif. Parce que les Fêtes des Possibles sont, pour nombre d'entre elles, organisées par des associations, qui sont toujours contentes de recruter par niveau.

Isabella Vanni : Très bien, j'allais justement dire que tu fais partie de l'équipe de coordination de la Fête des Possibles. L'équipe de coordination communique sur la fête, mobilise les différents réseaux partenaires, propose des formations, etc. Mais ce sont les associations qui organisent des événements, en France et aussi en Belgique. Cette année, vous avez souhaité mettre en avant plus particulièrement le thème des territoires. Pourrais-tu nous en dire plus ?

Tebben Geerlofs : On a choisi ce thème des territoires, cette année, parce que les transitions pour un monde plus juste, plus durable, donc les transitions écologiques, solidaires et démocratiques, se construisent notamment au niveau du territoire. Un territoire, cela peut être une ville, mais ça peut être en campagne, ou une partie d'un département. À cette échelle du territoire, les associations et les entreprises coopératives travaillent souvent ensemble pour mettre en œuvre cette transition. Mais aussi, parfois, ne se connaissent pas et travaillent chacune pour une transition, par exemple dans le domaine de la mobilité ou de la réduction des déchets, ou dans le domaine agricole. La Fête des Possibles, c'est alors le moment de faire se rencontrer ces initiatives et de faire découvrir ces initiatives.

Isabella Vanni : Je crois d'ailleurs qu'il y a de plus en plus de villages qui présentent, au cours d'une journée ou de plusieurs journées, plusieurs activités, plusieurs initiatives du même territoire. Tu me confirmes qu'il y a cette dynamique ?

Tebben Geerlofs : Oui, tout à fait. Il y a plusieurs centaines d'événements qui sont organisés partout en France, lors de la fête des possibles. Parmi ces centaines d'événements, il y en a qu'on appelle le Village des Possibles. Qu'est-ce que c'est, un Village des Possibles? C'est un village associatif qui rassemble tous les acteurs de la transition, justement au niveau du territoire, et qui permet de découvrir toutes les associations ensemble, et aux associations de travailler ensemble, de faire des choses ensemble.

Par exemple, si vous habitez à Paris, il y a à Paris et autour de Paris, plusieurs Fêtes des Possibles où vous pourrez découvrir de nombreuses associations. À Créteil, par exemple, il y a un Village des Possibles où il y a des ateliers climat, des animations réemploi et recyclage. Il y a aussi une porte ouverte de la Maison de la Nature.

Ailleurs, par exemple à Montigny-le-Bretonneux, il y a aussi un Village des Possibles avec près de vingt associations, où pouvez découvrir ce qu'est une AMAP [1], visiter le potager urbain, le verger, apprendre à faire votre compost. Mais aussi découvrir le concept de la sécurité alimentaire ou participer à un repair café[2], par exemple.

Isabella Vanni : Merci pour ces exemples concrets qui concernent l'Île-de-France, vu que notre émission est diffusée par la radio Cause Commune, qui émet en Île-de-France. Une question : comment savoir s'il y a un rendez-vous près de chez moi ?

Tebben Geerlofs : Il y a forcément un rendez-vous près de chez vous. C'est un peu une blague, mais c'est un peu vrai aussi. Vous tapez « Fête des possibles » dans un moteur de recherche libre, ou vous pouvez aller sur notre site internet : https://fete-des-possibles.org/. Vous tomberez sur notre site web sur lequel il y a une carte, et sur cette carte sont référencées les centaines de rendez-vous qui sont organisés partout en France. Vous pouvez zoomer sur cette carte ou sélectionner votre département et découvrir ce qui se passe près de chez vous.

Isabella Vanni : J'ai adoré quand tu as dit moteur de recherche libre...

Parmi les différentes initiatives qu'on peut découvrir lors de la fête, il y en a justement une qui me tient particulièrement à cœur : l'informatique libre.

J'en profite pour dire qu'il y a déjà une dizaine d'événements autour du logiciel libre, de la culture libre, inscrits dans le cadre de la fête. Il y a plusieurs ateliers d'initiation au logiciel libre, qui comprennent aussi l'aide à l'installation d'un système d'exploitation libre sur son ordinateur. Par exemple le 15 septembre à Lyon, le 9 septembre à Figeac, dans le Lot, le 24 septembre à Marseille, le 25 septembre à la Ferté-Saint-Aubin, dans le Loiret.

Il y a aussi des portes ouvertes, c'est-à-dire des rencontres autour d'un verre ou d'un repas. C'est l'occasion de rencontrer des associations de promotion du logiciel libre, qui proposent aussi des services en ligne libres, solidaires, éthiques. C'est le cas d'Infini, qui organise le 9 septembre des portes ouvertes à Brest, et c'est le cas sur le site de l'April, à Paris, qui organise le 23 septembre un apéro avec présentation des services en ligne libres Chapril. Il y a aussi le stand de Oisux, le groupe d'utilisateurs et utilisatrices de logiciels libres de l'Oise, qui tient un stand à Saint-Leu d'Esserrent dans l'Oise, le 25 septembre.

Il y a la projection de LoL, un documentaire sur le logiciel libre suivi d'un débat et d'une fête d'installation, à Quimper, dans le Finistère, le 10 septembre.

Qui parle ??? : Je précise aussi que la radio Cause Commune organise une journée portes ouvertes, vendredi 16 septembre 2022. On mettra les liens sur Cause Commune.fr et sur Libre à vous.org. Ce sera l'occasion de découvrir le studio, les équipes d'animation et peut-être même de jouer avec les micros, la console, voire de participer à une émission. On vient de le rajouter : l'événement vient d'être validé en direct, il y a quelques instants. Merci à Fête des Possibles !

Isabella Vanni : Magnifique, un nouvel événement ajouté en direct, très bien. Tebben, souhaites-tu ajouter quelque chose ?

Tebben Geerlofs : On pourrait parler très longtemps de la Fête des Possibles. Mais votre exemple d'événements autour des logiciels libres est un très bel exemple de ce qui se passe partout en France : on prend un sujet, on en parle partout en France, et on a comme ça tout un réseau d'associations partenaires, comme l'April, qui organise des événements lors de la Fête des Possibles.

Parmi ce réseau, il y a, par exemple, Habitat Participatif France ou le réseau des magasins Artisans du Monde. Ou encore le réseau des AMAP... Ça veut dire que partout en France, ces associations qui, au niveau national, mobilisent leurs réseaux locaux, promeuvent ce qu'elles font lors des deux semaines de la Fête des Possibles.

Isabella Vanni : Le réseau des partenaires sert aussi effectivement à relayer et donc à mobiliser toutes les associations en lien avec les thématiques portées.

Notre temps est fini, je remercie beaucoup Tebben Geerlofs pour sa présence. Rappelons les dates de la Fête des Possibles : du 9 au 25 septembre. Retrouvez tous les rendez-vous sur fete-des-possibles.org. Et donc bonne fête !

Tebben Geerlofs : Merci à vous et bonne fête aussi.

Isabella Vanni : Merci.

??? Merci Isabella, merci Tebben.

Interview de Alexis Kauffmann, chef de projet logiciels et ressources éducatives libres et mixité dans les filières du numérique, ministère de l’Éducation nationale

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui va porter sur le libre éducatif. Notre invité, Alexis Kauffmann, que je vais laisser se présenter. On va juste vérifier son micro. Bonjour Alexis.

Alexis Kauffmann : Bonjour.

Frédéric Couchet : C’est un grand plaisir de t’avoir.
Avant que j’oublie vous pouvez, si vous le souhaitez, participer à notre conversation. Pour cela vous pouvez appeler en direct la radio au 09 72 51 55 46 ou venir sur le salon web dédié web dédié à l’émission sur le site causesommune.fm, bouton « chat », salon #libreavous. Vous pouvez réagir et si vous avez des questions ou des remarques j’essaierai de les relayer auprès d’Alexis.
Alexis, première question très simple, je te laisse te présenter, présenter un petit peu ton parcours. Qui es-tu Alexis Kauffmann ?

Alexis Kauffmann : Bonjour.
Tu as intitulé l’émission, le passage me concernant, « échange avec Alexis Kauffmann  sur le libre éducatif ». Je précise que je ne représente pas le ministère, je ne suis pas mandaté par le ministère pour « prêcher la bonne parole », entre guillemets. C’est un témoignage même si, évidemment, quand on est dans l’administration centrale, sa parole est publique, j’ai bien compris que l’émission est enregistrée en direct et qu’ensuite elle fera l’objet d’un podcast, donc elle sera quelque part sur les internets. C’est un témoignage personnel.
Maintenant qui suis-je ? Je suis professeur de mathématiques depuis 25 ans, dans le secondaire, en France et à l’étranger. J’ai également enseigné les deux nouveaux enseignements qui viennent de la réforme du lycée, juste une année, la SNT et la NSI, ce sont des acronymes, Science numériques et technologie en seconde et la spécialité Numérique et sciences informatiques, qu’on appelle parfois option informatique, en première et en terminale. Je les cite parce que dans les programmes de SNT on a, par exemple, « contribuer à OpenStreetMap », c’est assez nouveau, et dans le programme de la NSI on a « on travaillera sur un système d’exploitation libre », des choses qu’on ne voyait pas écrites telles quelles dans les programmes par le passé. Donc enseignant et également à l’initiative de Framasoft il y a plus de 20 ans, on a fêté les 20 ans du dépôt du premier nom de domaine, framasoft.net, il y a un an. À l’initiative de Framasoft quand j’étais professeur de collège à Bobigny, jeune prof. Je voyais l’informatique arriver, ça m’a intéressé, je me suis dit « tiens il y a des logiciels qui peuvent être intéressants, tiens il y a des gratuits, il y a des gratuits mais aussi libres, pourquoi fait-on cette distinction ? Etc. » Je me suis mis à les référencer, ça en a intéressé d’autres, ça a fait un petit effet boule de neige, on a créé une association qui s’est appelée Framasoft quelques années plus tard. Je pense que certains de vos auditrices et de vos auditeurs connaissent Framasoft. C’est une belle aventure. Ça a démarré sur un annuaire. Ce qui est intéressant c’est que c’est un mouvement d’utilisateurs et pas un mouvement d’informaticiens, pas un mouvement de développeurs, qui est issu du monde éducatif. Framasoft a beaucoup évolué, j’en ai été président pendant plus de dix ans, d’ailleurs je n’en fais plus partie. On est passé du logiciel libre à la culture libre et aujourd’hui c’est vraiment un mouvement émancipateur, derrière le numérique c’est un choix de société. En tout cas Framasoft est connue dans le monde francophone sur ces questions-là.
Et depuis un an, je viens de souffler ma première bougie – c’est peut-être aussi pour ça que tu m’as invité, je suis ravi, c’est la 150e –, je suis au ministère de l’Éducation nationale dans une structure qui s’appelle Direction du numérique pour l’éducation, la DNE. Mon titre exact est chef de projet logiciels et ressources éducatives libres et mixité dans les filières du numérique à la transformation numérique de la Direction numérique pour l’éducation. Ça fait beaucoup, c’et très long. Ce qui est intéressant – je n’en sais rien, les auditeurs le diront – c’est que j’arrive après une consultation qui s’appelait les états généraux du numérique.

Frédéric Couchet : Alexis, on va y revenir après.

Alexis Kauffmann : Je ne savais pas si c’était une présentation courte ou longue.

Frédéric Couchet : Courte ! Mais je te connais.
Je vais juste rappeler que Framasoft c’est framasoft.org et on a consacré an moins une émission à Framasoft sur Libre à vous ! dont vous retrouverez le podcast.
Comment tu es arrivé m’intéressera dans la deuxième. On a parlé de logiciels libres et ressources libres dans l’éducation et puis, en résumé court, tu m’avais proposé le libre éducatif.
Peut-être le premier sujet, le premier grand thème, serait c’est quoi le libre éducatif ? Et finalement en quoi est-ce important de recourir voire de produire des logiciels libres et des ressources libres dans le domaine de l’éducation ? Avant de parler vraiment de ce que tu fais, l’importance du libre éducatif.

Alexis Kauffmann : D’accord. Je vais prendre un tout petit peu de hauteur et on va parler rapidement du numérique éducatif.
À la fin du mois d’août j’étais à une sorte d’université d’été du numérique éducatif qui s’appelle Ludovia, dont la thématique était « éthique et sobriété numérique ». Mon directeur, Audran Le Baron, est intervenu et il a proposé quatre leviers d’action en faveur de la société numérique :
rationaliser les équipements, je pense que ça parlera aux auditeurs et ça parlera aussi à ceux qui s’intéressent au logiciel libre ;
de l’écoconception dans les services numériques ;
mutualiser l’infrastructure ;
et puis utiliser le numérique éducatif lorsque c’est réellement nécessaire et utile. Et c’est nouveau comme discours, c’est une posture, comment dire, modeste, raisonnée et raisonnable. On est loin du numérique triomphant d’il y a quelques années. Il y a une dizaine d’années par essence c’était moderne, innovant en soi, c’était l’avenir.

Frédéric Couchet : Par exemple on distribuait des iPads à des collégiens, c’était l’avenir et ça allait marcher par magie sans formation. Là il y a un changement !

Alexis Kauffmann : Donc ça ne va pas de soi. Nous, au ministère, nous nous posons la question, tous ensemble, « pourquoi le numérique éducatif ? ». Ça me paraît assez bien de démarrer comme ça. C’est vrai qu’on se pose cette question-là notamment parce qu’on parle de transition numérique, mais on parle aussi de transition écologique.
On est évidemment dans un monde numérique, donc on doit éduquer nos élèves, nos enfants, à la citoyenneté numérique, c’est une évidence. Il y a évidemment l’angle « attention à vos données personnelles, attention il ne faut pas abuser des réseaux sociaux, attention au cyberharcèlement ». 

Frédéric Couchet : C’est la partie danger, mais il y a aussi la partie opportunités.

Alexis Kauffmann : Exactement. On aura l’occasion d’en parler, mais il y a quand même cette éducation à la citoyenne numérique. Il y a aussi un numérique qui peut rendre efficace et résilient, on l’a vu en situation de crise, mais aujourd’hui on peut aussi le poursuivre par exemple lorsque des élèves sont ce qu’on appelle empêchés, ils restent à la maison ou ils restent dans une structure hospitalière, etc. Il y a aussi tout ce que ça peut apporter à la pédagogie. J’ai 25 ans de carrière derrière moi, j’ai expérimenté toutes sortes d’outils numériques et de dispositifs. Nous avons été élèves avant l’Internet. Quand on rentrait chez nous, on avait juste notre cahier pour essayer de comprendre le cours de maths. Si on n’avait pas trop bien compris sur le coup c’était difficile et on ne pouvait même pas appeler le copain parce que c’était le téléphone avec fil, on dérangeait toute la famille, on était un petit peu tout seul. Alors qu’évidemment aujourd’hui non seulement on peut réécouter son prof si jamais il a…, et puis il nous fournit des ressources, on peut écouter plein d‘autres profs, dans plein de langues, qui vont nous redire la notion ; on peut demander aux copains extrêmement rapidement avec des photos, des machins. On a un accès à la connaissance qui est absolument incroyable par rapport à la vie d’avant, pour nous qui avons connu la vie d’avant.
Pareil quand tu es enseignant et que tu prépares ton cours tu ne prépares plus tout seul. Avant on préparait tout seul ! Là, vraiment, on se met en relation sur des groupes, on communique, on collabore, on partage, c’est extraordinaire !
Et puis en classe, avec les élèves, on a des classes hétérogènes, avec le numérique on peut effectivement différencier, faire des parcours personnalisés, identifier les lacunes pour certains, « pousser plus haut », entre guillemets, les bons élèves. Le temps du confinement j’ai pratiqué ce qu’on appelle le feed-back c’est-à dire la rétroaction. Avec l’élève on peut être vraiment dans un dialogue ce qu’on ne peut pas quand on a une heure de cours, 30 élèves, on n’a pas le temps de se consacrer aux uns et aux autres, on a le temps mais c’est plus difficile. Le numérique aussi dans l’inclusion, les lecteurs pour les dys, etc., il y a aussi des choses à ce niveau-là, les dyscalculies, dyspraxies. Il y a des élèves pour qui, avant, c’était plus difficile de suivre le cours parce qu’il y avait un professeur. Là on a différents canaux, différents supports qui peuvent aider. Le numérique est inclusif et, à mon avis, apporte quelque chose à l’inclusion et à l’accessibilité.
Et, dernière chose, la collaboration qui est le fait de travailler ensemble entre pairs, la coopération, être créatifs ensemble, le numérique est extraordinaire pour ça. Ce n’est pas l’alfa et oméga, mais ça apporte un certain nombre de choses, quelques réponses.
Ceci posé. Mine de rien ce n’est plus le cas du numérique triomphant, mais on a un effet contraire. On a aussi aujourd’hui des mouvements de décroissance radicale qui est de dire « vous avez jeté l’argent par les fenêtres avec vos plans, on ne veut plus de numérique ». J’ai donné quelques éléments qui me semblent apporter quelque chose à l’enseignement.
À l’intérieur du numérique éducatif, je suis convaincu que le libre éducatif apporte quelque chose.
Maintenant, pourquoi libre éducatif ?, j’aime bien l’expression. Je t’ai cité mon titre, il est un peu long, logiciels et ressources éducatives libres, c’est une manière de les condenser, et éducatif est l’adjectif qui a pour but l’éducation, donc le libre qui a pour but l’éducation. Non seulement je parle logiciels libres, ressources éducatives libres, mais je rajouterai REL pour ressources éducatives, je rajouterais même PEL, Pratiques éducatives libres, si tu veux je peux aussi développer. Je mets tout ça ensemble, que je regroupe dans le libre éducatif. Après tu vas me demander quelle est la définition. C’est la 150e, j’imagine que vous avez souvent défini le logiciel libre !

Frédéric Couchet : Ce qui est bien c’est que tu fais les questions et les réponses. Je te laisse. Que ce soit des logiciels, des ressources ou des pratiques, elles doivent être librement réutilisables, sans restrictions y compris commerciales. Ce sont les licences logiciels libres et un certain nombre de licences Creative Commons.

Alexis Kauffmann : Dans un premier temps je ne parlerais même pas de licences, ce sont les libertés, la liberté d’accès, d’usage, d’étude, de modification/adaptation/amélioration et partage. Pourquoi je les cite comme ça ? Parce que si on pense accès, usage, étude, modification, partage dans l’éducation, et si on pense que la ressource c’est le savoir, les connaissances, c’est presque naturel si tu veux.

Frédéric Couchet : Surtout pour des professeurs dont l’une des forces c’est leurs pratiques, les partager et les améliorer, c’est une des forces.

Alexis Kauffmann : Pour moi on est dans l’angle de quelque chose d’assez naturel. On peut discuter de pourquoi ça ne l’est pas forcément et pourquoi aujourd’hui le système, entre plein de guillemets, fait apparaître ça presque comme « une bizarrerie » voire comme une alternative. Il n’empêche ! Je travaille aussi, par exemple, à accompagner les communautés d’enseignants qui veulent partager et c’est beaucoup plus facile de le faire sur des systèmes ouverts que fermés ; là encore c’est quelque chose qui me semble assez naturel.
Je me souviens qu’Audran Le Baron, le directeur du numérique éducatif, avait dit que le logiciel libre est compatible à 200 % avec les grandes valeurs qui portent l’éducation. Je suis évidemment tout à fait d’accord avec lui.
Juste un dernier mot, je sais que je suis très bavard, je pense que l’éducation a besoin de logiciel libre, je pense aussi que le logiciel libre a besoin de l’éducation. Tu as commencé à parler de licences. Je pense que c’est aussi l’un des objectifs de cette émission et de l’April de faire connaître ces notions, de faire comprendre. Ce n’est pas simple, déjà, de faire comprendre ce qu’est un logiciel libre. J’ai passé toute ma vie à ça et je n’ai pas forcément toujours bien réussi. Pareil pour les communs numériques. Il y a de la sensibilisation, de la confrontation aussi parce qu’on n’est pas forcément d’accord, mais c’est important de faire comprendre ces notions parce qu’une fois qu’on les a comprises elles sont engageantes. ???

Frédéric Couchet : D’accord. OK. C’est un échange, mais il faut quand même laisser du temps à ton retour d’expérience, ce qui me paraissait important. Je rappelle que c’est aussi toi qui as proposé ce point sur les logiciels libres éducatifs, de rappeler ce point introductif qui me paraît très complet et très clair.
On va aborder un petit peu le cœur de l’échange. Tu prends ce poste il y a un an, je vais quand même le répéter « chef de projet logiciels et ressources éducatives libres et mixité dans la filière du numérique à la Direction du numérique pour l’éducation » et avant, comme tu l’as dit, tu as été notamment créateur de Framasoft.
Je vais faire une petite introduction qui ne va pas forcément appeler à un commentaire direct de ta part, mais une question qui est en lien. Donc tu rejoins le ministère de l’Éducation nationale il y a un an. Le ministère de l’Éducation nationale est plutôt largement connu pour son asservissement aux solutions privatrices de Microsoft, Google, Amazon, etc., je parle bien sûr de l’institution, pas du personnel de l’institution. Sans vouloir refaire tout l’historique qui serait assez long, dernier exemple, dernière étape de cet asservissement, l’offre « gratuite », je mets des guillemets, pour Office 365 pour les élèves et le personnel enseignant. Suite à ça le député MoDem Philippe Latombe, dans une question écrite au ministre de l’Éducation nationale, parle « d’une administration qui donne l’impression d’être vendue à Microsoft ». On va laisser le ministre répondre, je ne vais pas te poser de question là-dessus. Par contre, ce qui m’intéresse, tu as été fondateur de Framasoft, tu en as même été salarié, Framasoft a été très critique envers le ministère comme l’April, comme plein de gens, j’ai envie de te demander ce qui t’as motivé à prendre ce poste ou à candidater pour ce poste – d’ailleurs je ne sais pas comment ça s’est passé, si tu as répondu à une offre d’emploi. Qu’est-ce qui t’as motivé à aller dans cette structure, vraiment à ce poste-là ?

Alexis Kauffmann : Quelqu’un a pointé un article de 2008 que j’avais écrit sur le blog de Framasoft, sur le Framablog, qui a pour titre « Mon ministère me désespère ou le fabuleux non destin du logiciel libre à l’école française », que j’avais écrit en tant que résident chez Framasoft. J’ai conscience de ce dont tu parles parce que je l’ai vécu.
Il y a eu beaucoup de consultations internes au ministère sous différentes mandatures. Il y en a eu une au sortir du premier confinement, parce que tout ne s’était pas formidablement bien passé, on a interrogé et, parmi les témoignages de ceux qui sont intervenus, des enseignants souhaitaient « davantage favoriser le logiciel libre et les ressources éducatives libres ». C’est paru dans le bilan, 40 propositions sont sorties des états généraux du numérique et l’une des propositions, telle quelle, explicitement, c’était « favoriser l’usage des logiciels et des ressources éducatives libres ». Dans le cadre de la mise en action de ces propositions, on a créé, en fait, un demi-poste, puisqu’il y a également la mixité, à la Direction numérique pour l’éducation, chef de projet logiciels et ressources éducatives libres. C’était nouveau. On m’a contacté, on voulait savoir si ça m’intéressait, il se trouve que j’étais en fin de contrat, je ne vais pas rentrer dans les détails. J’ai réfléchi et j’ai dit banco, j’ai eu envie de dire chiche ! Quelque part c’était courageux de leur part parce que publiquement j’avais eu des propos très critiques parce que c’est vrai qu’à Framasoft on s’est impatientés, voire jusqu’à claquer la porte ! Et ça l’était aussi pour moi parce qu‘on m’a dit « on va te placardiser, tu vas servir d’alibi, etc. », je l’ai entendu. Il n’empêche que j’y suis allé, ça fait un an que j’y suis, je ne regrette pas, peut-être l’occasion d’expliquer pourquoi.

Frédéric Couchet : Tu y es allé pour, quelque part on pourrait dire, donner sa chance au produit.

Alexis Kauffmann : Dans ces états généraux du numérique non seulement il y avait cette proposition fléchée libre, mais il y avait une volonté. Après on peut penser que ce sont des éléments de langage, « on va plus être plus horizontal, plus de gouvernance partagée », des mots qui me parlaient et, franchement, je trouve que ça s’est effectivement avéré. C’est un peu paradoxal. Pourquoi est-ce paradoxal ? Parce que je suis un mâle blanc, de 50 ans, hétérosexuel, et il en a d’autres, mais mon profil apporte de la diversité, d’ailleurs j’ai dit que j’ai plein de compétences mais en autodidacte, dans le monde associatif, avec l’aventure Framasoft, etc., je ne suis pas bardé de diplômes comme d’autres dans l’administration centrale. Je suis arrivé tel que je suis.

Frédéric Couchet : D’accord. On comprend bien les motivations. Donc tu es arrivé en septembre 2021. Là nous sommes en septembre 2022 donc ça fait un an que tu y es. Je confirme que tu n’es pas dans un placard. Ce qui va nous intéresser c’est un peu, justement, ton retour, qu’est-ce que tu as trouvé d’intéressant, qu’est-ce qui t’as surpris. Par exemple qu’est-ce que tu as trouvé en arrivant ? Est-ce que la situation du libre éducatif, notamment au ministère, correspondait à ce à quoi tu t’attendais ? C’était pire ou finalement mieux que ce que tu croyais ? Tu es assez libre de répondre à la question.

Alexis Kauffmann : Franchement j’ai été très agréablement surpris. D’abord le projet Apps avait été lancé.

Frédéric Couchet : On en reparlera tout à l’heure pour préciser ce que c’est.

Alexis Kauffmann : C’était quand même un signal tout à fait positif. J’ai été très agréablement surpris par la connaissance du sujet, en tout cas à la direction du numérique. Les gens comprenaient ce qu’est un logiciel libre, les ressources éducatives libres, les Creative Commons,etc.

Frédéric Couchet : Dans tes collègues et au niveau de la direction, notamment au niveau d’Audran Le Baron.

Alexis Kauffmann : Absolument.

Frédéric Couchet : Question : est-ce que le positionnement personnel d’Audran Le Baron joue un rôle important là-dedans ?

Alexis Kauffmann : Je ne peux pas me prononcer. Tout ce que je peux dire c’est que je l’ai twitté hier pour un petit clin d’œil au sujet d’un article qu’il a coécrit sur les licences libres en 2003, les licences permissives, pas permissives, le MIT, GPL, Berkeley, tout ce que tu veux, donc on a quelqu’un qui s’y connaît bien sur le sujet.
Plus globalement je savais qu’il se passait plein de choses, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant d’initiatives qui ne sont pas forcément étiquetées « libres » stricto sensu, à 100 %, avec toutes les bonnes licences, etc., mais qui allaient dans la direction de la collaboration, du partage, de l’échange. Sans être démago, vraiment je ne m’y attendais pas. Ça a été une agréable surprise.

Frédéric Couchet : Avant d’entrer peut-être dans des exemples concrets, j’ai une question de nombre : à la direction du numérique éducatif combien y a-t-il à peu près de personnes ? As-tu une idée ?

Alexis Kauffmann : J’invite les auditeurs à…

Frédéric Couchet : D’accord. Tu as un poste, c’est pour savoir.

Alexis Kauffmann : On a aussi l’animation de réseau, j’avoue que je ne sais pas exactement. C’est une pirouette.

Frédéric Couchet : D’accord. On regardera, c’était pour avoir un petit peu une idée.

Alexis Kauffmann : C’est autour de plusieurs centaines de personnes.

Frédéric Couchet : OK. D’un point de vue concret, en un an, finalement, quelles initiatives ou quelles choses se sont passées, tu le dis, plus ou moins libres, qu’est-ce qui t’as marqué ? Comment pourrais-tu expliquer ce que tu as vu, ce à quoi tu as participé et où on en est aujourd’hui un an après ? Après on parlera des perspectives.

Alexis Kauffmann : Je suis arrivé avec deux missions, une qui était plutôt dans de la stratégie et l’autre plutôt de l’ordre de l’animation. La stratégie c’est définir une stratégie et une feuille de route spécifique au libre éducatif, collectivement, c’est-à-dire monter un comité, un groupe de travail, etc., et de l’autre animation de l’écosystème, notamment en partant de ce que font les enseignants, en étant à leur écoute, en repérant et en valorisant ce qu’ils font.
Je peux te donner un exemple, on vient de sortir pour la rentrée la classe virtuelle. La classe virtuelle est un outil de visioconférence adapté à un usage scolaire, qui a été utilisé lors du confinement. Lorsque la crise est arrivée, l’outil qui était proposé était opéré par le Cned. C’était un logiciel propriétaire qui s’appelle Blackboard sur des serveurs Amazon. Logiciel propriétaire ça signifie qu’on ne pouvait pas forcément l’adapter à ses besoins, on était obligé de l’utiliser tel quel avec ses fonctionnalités et puis les serveurs Amazon posaient évidemment des problèmes de protection des données personnelles. Évidemment on est sorti de la crise, donc ça va être moins utilisé – on croise les doigts, on n’est pas totalement sorti non plus, enfin on est sorti du gros, en tout cas du confinement. Aujourd’hui c’est remplacé par le logiciel libre BigBlueButton qui est intégré à la suite Apps dont on aura peut-être l’occasion de parler.

Frédéric Couchet : On va en parler maintenant.

Alexis Kauffmann : Non seulement on utilise ce logiciel libre, mais on contribue, on finance du développement. L’année dernière on a fait tout un retour d’expérience professeurs/élèves, UX [Expérience utilisateur], ce qui va, ce qui ne va pas, ce que vous voudriez qu’on améliore. On a listé, il s’en est dégagé quelques remarques, « il faut faire ceci ». C’est en route et ça a été intégré à la version 2.5. Quand on va sur le dépôt Git de BigBlueButton il y a remerciement en anglais pour le ministère de l’Éducation nationale.

Frédéric Couchet : On va préciser sinon les gens vont être perdus. Dépôt Git c’est, en gros, un espace internet, un site web sur lequel il y a les codes sources de ce logiciel. BigBlueButton est développé, je ne sais plus si c’est par une entreprise ou une fondation [par une fondation, NdT]. Le ministère de l’Éducation nationale a effectivement investi beaucoup de temps et d’argent dans le développement spécifique de BigBlueButton. Je pense qu’on aura, en tout cas j’espère, l’occasion d’en parler prochainement avec Nicolas Schont, qu’on a invité, mais qui doit demander l’autorisation à sa hiérarchie pour venir et intervenir

Alexis Kauffmann : C’est comme si on ne se contentait pas de lire Wikipédia mais qu’on y participe également.

Frédéric Couchet : C’est que j’allais expliquer, il y a un fort investissement.

Alexis Kauffmann : Et c’est vraiment nouveau pour moi. C’est vraiment quelque chose qui me semble important. Tu as dit « je ne sais pas exactement qui il y a derrière ». Effectivement chaque logiciel libre a sa propre gouvernance, ça peut être une fondation, ça peut être une boîte privée, etc. C’est nouveau pour un ministère d’avoir de tels interlocuteurs, d’être en mode de gouvernance partagée et de travailler en bonne intelligence. Nous avons fait remonter des besoins, donc nous avons développé des fonctionnalités qui répondent à nos besoins mais ensuite c’est reversé au code, donc ça bénéficie à tous, utilisatrices et utilisateurs de BigBlueButton à travers le monde, c’est une bonne idée. Mine de rien c’est hébergé en France, chez Scaleway, mais ça aurait pu être aussi sur nos serveurs.

Frédéric Couchet : Scaleway est une entreprise française d’hébergement.

Alexis Kauffmann : En plus, je parle de la classe virtuelle c’est pour un usage professeur/élèves, mais on l’utilise aussi entre agents, ça porte un autre nom, ça s’appelle Visio-agents, c’est 40 000 réunions et 200 000 participants par mois, entre agents du ministère de l’Éducation nationale mais c’est aussi ce qui sert de base au webinaire de l’État qui est utilisé par tous les autres ministères. Il y a une belle mutualisation. Ce projet-là me semble vraiment un exemple type de bonne pratique.

Frédéric Couchet : L’annonce officielle a été faite le 5 septembre 2022 et là j’ai une copie d’un message qui a été envoyé justement par Audran Le Baron et Édouard Geffray qui est le directeur général de l’enseignement scolaire pour annoncer cet outil de classe virtuelle basé sur le logiciel libre BigBlueButton sur lequel le ministère a effectivement fait des modifications très importantes. Je vais juste en lire un extrait : « C’est pour répondre au mieux aux besoins des professeurs et des élèves. Une étude a été menée en 2021 auprès de plus de 1800 professeurs qui ont testé cette nouvelle solution. Les retours ont été très positifs, 92 % recommandent l’usage de cet outil et 84 % estiment qu’il est suffisamment intuitif pour être utilisé sans formation ».
On va en profiter pour parler un peu plus de apps.education.fr ; c’est un site web. Comme tu avais commencé à le dire tout à l’heure, pendant la période du premier confinement la plupart des professeurs et malheureusement aussi des élèves utilisaient des solutions qu’ils trouvaient sur Internet, c’est-à-dire Zoom, etc., donc au ministère une équipe a commencé à proposer des alternatives libres, ça s’appelait Apps.education avec de la visio, des choses comme ça, et aujourd’hui je crois qu’il y a une dizaine de services, c’est ça, qui existent sur apps.education.fr.

Alexis Kauffmann : Oui, de cet ordre-là. C’est de l’intégration.

Frédéric Couchet : Il y a une montée en puissance.

Alexis Kauffmann : C’est une plateforme qui intègre différents services numériques à majorité libres, mais pas que, mais pas tous. Il y a d’autres services.

Frédéric Couchet : Sur apps.education.fr. ce n’est pas que du logiciel libre ? Ah !

Alexis Kauffmann : Majoritairement. La plateforme intègre, en plus, un système de blog, de liens, etc., la plateforme elle-même est libre. On a contribué à BigBlueButton, on a contribué aussi à PeerTube et la boucle est un peu bouclée pour moi.

Frédéric Couchet : Explique ce qu’est Peertube.

Alexis Kauffmann : On dit que PeerTube est une alternative à YouTube. C’est une plateforme de partage de vidéos en ligne, ce qui est vrai, bien sûr. C’est vraiment une problématique importante pour nous parce qu’on imagine bien les problèmes que déposer des vidéos qui ont été faites dans un cadre scolaire sur YouTube peuvent poser. Donc là elles sont chez nous et on collabore avec Framasoft. C’est très intéressant et on voit bien, du coup, que les relations ont évolué entre l’Éducation nationale et Framasoft.

Frédéric Couchet : PeerTube est développé par quelqu’un de Framasoft, avec du financement par des dons.

Alexis Kauffmann : Pareil avec Nextcloud. PeerTube est une sorte d’alternative à YouTube, BigBlueButton est une sorte d’alternative à Zoom, etc., et on a aussi Nextcloud qui est une sorte d’alternative à Google Drive, Google Docs, etc.

Frédéric Couchet : Qui offre beaucoup d’applications dont on a déjà parlé dans Libre à vous !. Je vous renvoie sur libreavous.org et vous recherchez Nextcloud grâce au moteur de recherche.
On va faire une petite pause musicale. Tu as aussi choisi cette pause musicale. Nous allons écouter Our lives change par Tryad. On se retrouve dans trois minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Our lives change par Tryad.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Our lives change par Tryad, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions.

[Jingle]

Deuxième partie

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre

Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l'April et le monde du Libre

Frédéric Couchet : Isabella, ma collègue, a parlé tout à l'heure avec Tebben Geerlofs de la Fête des Possibles, du 9 au 25 septembre. Plein d'événements libristes, plein d'événements pour un monde meilleur. Plus spécifiquement, pour ce qui nous concerne directement, Isabella l'a annoncé, un apéro April et découverte des services en ligne libres de notre Chapril, là où vous pouvez découvrir des services comme la création de sondages, la visioconférence, etc. Cet apéro et cette présentation des services aura lieu vendredi 23 septembre, à partir de 19 heures au local de l'April, dans le 14e arrondissement de Paris.

De son côté, la radio fait une journée portes ouvertes au studio, vendredi 16 septembre 2022, c'est dans le 18e arrondissement de Paris. Vous retrouvez les informations sur libreavous.org et sur cause-commune.fm.

Ce week-end, c'est le retour de la Fête de l'Huma, qui déménage, elle n'est plus à la Courneuve, elle est maintenant au Plessis-Pâté, dans le 91. Il y aura un espace numérique libre Yann Le Pollotec. C'était un militant communiste et aussi militant libriste, qui est malheureusement décédé il y a quelques années. C'est du 9 au 11 septembre 2022. Il y aura un espace avec des associations logiciel libre.

Je vous invite à consulter le site de l'Agenda du libre, gendadulibre.org, pour trouver des événements en lien avec les logiciels ou la culture libre près de chez vous, et également des organisations qui sont disposées à vous aider dans votre acculturation aux logiciels libres et à vous accompagner dans vos premiers pas.

Notre émission se termine.

Je remercie les personnes qui ont participé à l'émission : Isabella Vanni, Tebben Geerlofs, Alexis Kauffmann, Vincent Calame.
Aux manettes de la régie aujourd'hui, l'as des as, Étienne Gonnu. Je ne sais pas si tu as trouvé la référence, tu nous le diras tout à l'heure.

Merci également aux personnes qui s'occupent de la post-production des podcasts : Samuel Aubert, Élodie Déniel-Girodon, Lang1, bénévoles à l'April, et Olivier Gréco, le directeur d'antenne de la radio.

Vous retrouverez sur notre site web, libreavous.org/ toutes les références utiles, ainsi que sur le site de la radio, cause-commune.fm.

N'hésitez pas à nousfaire des retours pour indiquer ce qui vous a plu, mais aussi les points d'amélioration. Vous pouvez également nous poser toute question et nous y répondrons directement ou lors d'une prochaine émission. Toutes vos remarques et questions sont les bienvenues à l'adresse contact@-libreavous.org.
Si vous préférez nous parler, vous pouvez nous laisser un message sur le répondeur de la radio, pour réagir à un des sujets de l'émission, pour partager un témoignage, vos idées, vos suggestions, vos encouragements ou pour nous poser une question. Le numéro du répondeur est 09 72 51 55 46.

Nous vous remercions d'avoir écouté l'émission. Si vous avez aimé cette émission, n'hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous et à faire connaître également la radio Cause Commune, la voix des possibles, d'autant plus que cette semaine c'est la rentrée de la plupart des émissions de la radio.

La prochaine émission Libre à Vous aura lieu en direct mardi 13 septembre 2022 à 15h30. Notre sujet principal portera sur la reproductibilité des environnements logiciels pour la recherche.

Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi 13 septembre et d'ici là, portez-vous bien.

Générique de fin d'émission : WeSoftware Heritage Tone par Realaze.