Émission Libre à vous ! du 21 février 2023

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Titre : Émission Libre à vous ! du 21 février 2023

Intervenant·e·s : Gee - Frédric Toutain - Vincent Calame - Étienne Gonnu - Thierry Holleville à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 21 février 2023

Durée : 1 h 30 min

Podcast PROVISOIRE

Page des références de l'émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration : Déjà prévue

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Voix off : Libre à vous ! l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.



Chronique « Les humeurs de Gee », sur les Intelligences Artificielles

Avant cela nous allons écouter Sous Contrôle par Les Gueules Noires. On se retrouve juste après. Belle journée, l'écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Sous Contrôle par Les Gueules Noires.

Étienne Gonnu : Nous venons d’écouter Sous Contrôle par Les Gueules Noires



Échange avec Frédric Toutain, ancien attaché parlementaire d’Isabelle Attard, députée entre 2012 et 2017, notamment engagé sur les questions relatives au logiciel libre

Deuxième partie

Chronique « Le libre et la sobriété énergétique » de Vincent Calame, bénévole à l’April, sur « L’éloge à la lenteur »

Dans ma chronique précédente, je vous avais parlé du concept de « low tech ». En faisant mes recherches sur le sujet, j’étais tombé sur un concept proche : le « slow tech » qui est développé notamment sur le site greenif.fr. Bon, je ne vais pas entrer dans le détail ni me lancer dans un long développement sur le distinguo entre « low tech » et « slow tech », ce ne serait pas, de mon point de vue très pertinent, les définitions de ces concepts changeant d’une publication à l’autre. Surtout que j’avais promis à la fin de ma chronique précédente de revenir au thème central du logiciel libre et de la sobriété énergétique. En fait, si je vous parle aujourd’hui en introduction de « slow tech », c’est que lorsque je ai découvert ce concept, cela a fait tout de suite écho à une des idées que j’avais listé lorsque j’avais préparé cette nouvelle saison de chronique : à savoir qu’un des apports du logiciel libre à la sobriété énergétique serait sa plus grande lenteur de développement.

> Mais en quoi cette lenteur serait un apport ?

La sobriété énergétique passe par un ralentissement général. C’est évident dans le domaine des transports : aller un peu plus vite consomme beaucoup plus. Limiter par exemple la vitesse à 110 km par heure sur les autoroutes plutôt que 130 serait une source d’économie non négligeable. On sait que ce type de mesure aurait du mal à passer socialement mais il suffit de le pratiquer volontairement comme il m’arrive de le faire les quelques fois où je prends la voiture pour constater son impact sur la consommation pour un rallongement du temps de parcours somme toute assez faible. Mais ce ralentissement ne concerne pas que les transports. Travailler sur la sobriété, c’est aussi lutter contre l’accélération du monde, contre la satisfaction immédiate de ses désirs, contre la tentation de se doter du modèle dernier cri. Bref, c’est prendre son temps comme le rappelle cette définition que j’ai glanée dans un ouvrage qui vient de paraître  (Sobriété (la vraie) mode d’emploi aux éditions Tana) : « Devenir sobre, c’est d’abord réorganiser sa vie et son temps, et redevenir le maitre de sa propre horloge. On est riche de notre temps. Ne le gaspillons pas ».

> Mais n’est-ce pas un peu injuste de parler de lenteur pour le logiciel libre ?

On pourrait tout à fait discuter de mon affirmation que le logiciel libre est plus lent dans son développement que le logiciel propriétaire, surtout en voyant tout ce qu’a produit le logiciel libre en une quarantaine d’années. Cependant, il y a un fait objectif quand on regarde les moyens mis en œuvre : un logiciel développé par des bénévoles ne peut pas rivaliser avec les millions levés par une start-up. Même quand le logiciel libre est développé par un éditeur qui a pu mettre en place un modèle économique pour assurer ce développement, cet éditeur atteint rarement la taille des gros éditeurs de logiciels privateurs.

L’important, c’est de mettre de côté l’image négative que l’on peut associer au terme « lenteur » et de voir tout ce qu’il a de positif si on regarde sous l’angle de la stabilité et de la sécurité. Un ami empaqueteur pour la distribution Debian à qui on posait récemment la question « à quand la prochaine version » nous a fait cette réponse bien connue dans le monde du libre : « ce sera prêt quand ce sera prêt ». Rappelons que la distribution GNU-Linux Debian est un des plus importants projets communautaires du monde du logiciel libre. Sa philosophie, telle que présentée sur son wiki (j’ai mis la page dans les références), c’est de ne sortir une nouvelle distribution que quand c’est celle est prête, que toute l’infrastructure est en place et que le nombre d’erreurs critiques est nul. Ce qui est amusant, c’est que cette philosophie n’empêche pas une sortie régulière presque tous les deux ans depuis 2005. Comme quoi, ne pas se fixer une échéance peut parfois être le meilleur moyen de tenir les délais…

Tout logiciel libre possède une feuille de route et doit évoluer, ne serait-ce que parce que son environnement évolue et qu’il lui faut s’adapter mais chaque projet a son propre rythme, dicté par les personnes qui y contribuent, et c’est une bonne chose. En plaisantant, je dirai qu’il ne faut pas « brusquer un logiciel libre », les personnes qui l’utilisent et en profitent doivent faire preuve de patience quand une amélioration tarde à venir.

À titre personnel, j’ai d’ailleurs pu remarquer que lorsqu’une demande émerge (par exemple, une nouvelle fonction) ce n’est pas plus mal de ne pas y répondre tout de suite car il faut laisser un temps de maturation pour cette demande se précise avant d’y apporter une solution technique. Réagir trop rapidement ou avec trop d’enthousiasme fait courir le risque de se rendre compte, après coup, qu’on a répondu à côté du besoin réel.

Bref, les logiciels libres sont les tortues de la fable : « qu’importe de courir, il faut partir à point » nous rappelle la morale. Et pour la sobriété énergétique, nous devons être du côté des tortues plutôt que des lièvres...

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Étienne Gonnu : J