Différences entre les versions de « Émission Libre à vous ! du 16 mai 2023 »

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<b>Gee: </b>C’est ça.
 
<b>Gee: </b>C’est ça.
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==La politique et les actions d’Abbeville en faveur du logiciel libre==
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<b>Étienne Gonnu : </b>Dans notre série de sujets consacrés aux collectivités qui œuvrent pour le logiciel libre, j’ai aujourd’hui le plaisir de recevoir Cédric Charpentier et Anaïs Rémy de la direction du système d’information d’Abbeville.<br/>
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Abbeville est une ville de 22 000 habitants, située dans la Somme, qui mène une politique publique et des actions en faveur du logiciel libre et c’est la première collectivité à atteindre le niveau 5 du label Territoire Numérique Libre et nous y reviendrons.<br/>
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Cédric, Anaïs bonjour. Merci de nous rejoindre.
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<b>Cédric Charpentier : </b>Bonjour.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Je vais vous proposer de commencer de manière très traditionnelle : est-ce que vous pourriez vous présenter s’il vous plaît ?
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<b>Cédric Charpentier : </b>Je suis Cédric charpentier. Je suis le directeur des systèmes d’information de la mairie d’Abbeville. Je suis en poste, dans cette collectivité, depuis 2007. Par contre, j’ai un passé avant cela, puisque je suis rentré tout simplement emploi jeune dans la collectivité, au service de l’informatique dans les écoles.
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<b>Étienne Gonnu : </b>D’accord. Vous n’êtes pas arrivé directeur des systèmes d’information mais plutôt directement dans le service d’information. C’est intéressant, du coup vous avez pu voir l’évolution de ce service, on pourra d’ailleurs y revenir, depuis 2007 vous avez dit.
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<b>Cédric Charpentier : </b>Oui, c’est cela : 2007, directeur et 1999 dans les écoles.
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<b>Étienne Gonnu : </b>D’accord, donc vous avez aussi une vraie connaissance de l’historique de l’informatique de la ville et des décisions qui ont été prises. Ce sera intéressant pour notre échange.
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<b>Cédric Charpentier : </b>Un petit peu de ça.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Anaïs, qu’en est-il de vous ?
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<b>Anaïs Rémy : </b>Bonjour. Je suis Anaïs Rémy, je suis dans la collectivité depuis 2018 et je suis arrivée au service informatique depuis presque trois ans, depuis trois ans.
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<b>Étienne Gonnu : </b>D’accord. Je vous remercie. Une question que j’aime bien poser à nos invités : quel est votre rapport au logiciel libre ? Comment avez-vous découvert le logiciel libre ? Avec une question qui, je pense, est liée, votre découverte de l’informatique : comment vous êtes-vous formés à l’informatique ? Est-ce que le logiciel libre a tout de suite été une évidence pour vous ? Comment l’avez-vous découvert et qu’est-ce que ça représente pour vous ?
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<b>Cédric Charpentier : </b>En ce qui concerne, très sincèrement je vous dirais que je n’en ai pas vraiment beaucoup le souvenir parce que j’ai débuté le logiciel libre quand j’étais emploi jeune dans les écoles de la ville, ça remonte donc, je dirais, aux années 2000 ou 2001. Le seul souvenir que je peux peut-être vous donner c’est qu’en fait, à l’époque, je cherchais une solution pour que les enfants puissent se connecter sur les différents postes des écoles et récupérer leurs données, des tas de choses comme ça. Je me suis donc lancé dans du Samba, Samba 3 à l’époque. Pour ceux qui ne connaissent pas en fait c’était une centralisation des fichiers et des droits sur une machine ; tout simplement centraliser.
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<b>Anaïs Rémy : </b>Moi, je suis plutôt sur la partie administrative, donc je découvre l’informatique et des logiciels libres grâce à Cédric.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Ce que j’ai trouvé intéressant, Anaïs, si ça ne vous ennuie pas de développer là-dessus, c’est que vous n’aviez pas, à la base, une formation d’informaticienne, si j’ai bien compris, lorsque nous avons préparé l’émission.
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<b>Anaïs Rémy : </b>Non, pas du tout. Je viens des ressources humaines, donc rien à voir avec l’informatique.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Comment quelqu’un qui est aux ressources humaines se retrouve assistante du directeur à la direction des systèmes d’information ?
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<b>Anaïs Rémy : </b>Bonne question ! Je suis arrivée là uniquement pour la partie administrative. C’est vrai que Cédric m’apprend énormément de choses sur l’informatique. J’essaye de l’aider comme je peux sur certaines choses.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Excusez-moi, je me rends compte, et c’est aussi le propre des difficultés de langage parfois, j’entends « administrative » et j’entends « administration système ». En fait non, vous faites de l’administratif dans le sens premier du terme. C’est intéressant, parce que vous utilisez l’outil l’informatique, j’imagine très bien, et c’est une opportunité d’appendre l’informatique à travers les outils que vous utilisez, si j’entends bien, en fait.
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<b>Anaïs Rémy : </b>Oui. C’est cela.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Autre question en lien avec le logiciel libre : vu ce que fait la ville d’Abbeville et on rentrera dans les détails, pourquoi le logiciel libre est-il important pour vous ? Que représente-t-il ? On a compris que vous en faites, mais pourquoi, pour vous, le logiciel libre est-il une chose politiquement importante, notamment dans la perspective d’une collectivité ?
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<b>Cédric Charpentier : </b>On pourrait parler de cela pendant des heures et des heures, je pense !
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<b>Étienne Gonnu : </b>On va en parler pendant une cinquantaine de minutes, ce sera déjà très bien.
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<b>Cédric Charpentier : </b>En fait, je dirais déjà parce que, finalement, ça reste le nerf de la guerre. Aujourd’hui on manipule, on dépense les deniers publics. Pour commencer, l’idée n’est pas de dépenser l’argent à tort et à travers. Notre idée est là. Je commence toujours par là parce que c’est le point que les gens comprennent le plus.<br/>
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Après, derrière ça, je vous dirais qu’il y a une autre dimension qui est plus une histoire de philosophie. Nous sommes une collectivité française, finalement. Aujourd’hui on nous parle de déficit public, on nous parle de points de PIB, on nous parle de choses comme ça et je me dis qu’il est quand même préférable aujourd’hui, avec la dette que la France a, qu’on fasse fonctionner les entreprises françaises, qu’on essaie au maximum de faire en sorte que ces points de PIB ne sauvent plus vers les entreprises étrangères même si, cela dit en passant, je ne dis pas de mal de ce que font en particulier les Américains, ils font de très bons produits et forcément tout cela a un coût qu’on essaie de ne pas faire supporter à la collectivité et aux administrés.
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<b>Étienne Gonnu : </b>C’est vrai que la bonne gestion des deniers publics est un argument qui vient souvent, qui est lié à des questions d’indépendance, de maîtrise des systèmes d’information. On va revenir sur tout cela, mais j’ai trouvé intéressant et j’aimerais bien qu’on reparle après de ce que vous faites avec les entreprises françaises. On sait que le logiciel libre s’inscrit souvent dans les tissus économiques locaux. On pourra revenir pour voir si c’est effectivement le cas à Abbeville. C’est vrai que cet argument de la bonne gestion des deniers publics irriguent tous les autres arguments et revient très souvent quand on parle avec les collectivités du pourquoi de leur de leur engagement vers le logiciel libre.<br/>
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On va reprendre un peu le fil de l’historique, notamment de la place des politiques publiques vis-à-vis du logiciel libre à Abbeville. Cédric, je me tourne vers vous parce que c’est vous qui avez, par rapport à Anaïs un historique plus long, une vision plus longue de cet historique. Vous êtes arrivé en 1999 dans la collectivité, un peu plus tard, quelques années plus tard à la DSI. Est-ce que, quand vous êtes arrivé en 1999 il y avait déjà cette volonté de faire du logiciel libre ? S’est-elle développée plus tard ? Est-ce que ça a été sous votre influence ? Comment le logiciel libre est-il arrivé à Abbeville ?
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<b>Cédric Charpentier : </b>Il faut savoir qu’en 1999, quand j’ai été embauché dans les écoles, je gérais l’informatique des écoles de la ville, mais j’étais complètement indépendant de la DSI de la ville. À la fin de mon contrat d’emploi jeune, au bout des cinq ans, en fait il s’avère que le parc informatique des écoles de la ville était passé d’une dizaine d’ordinateurs à plus de 250 PC. J’avais déjà lancé, dans mon petit coin, cette démarche vers le Libre. De mémoire, pour les plus nostalgiques, je dirais que j’ai commencé avec du Red Hat 5.2 et un truc qui s’appelait Mandriva, qui était une entreprise française. Donc, à la fin des cinq ans, les directeurs des écoles se sont tournés vers le maire en lui disant « on va avoir un problème : si vous ne gardez pas ce monsieur qui gère nos tous ordinateurs au quotidien, tout cela va tomber à l’eau. » Comme on ne pouvait pas continuer sur ce statut d’emploi jeune, la mairie d’Abbeville m’a embauché au sein de la DSI. Quand je suis arrivé à la DSI, ça va peut-être faire du mal à certaines oreilles, disons que c’était une collectivité pure et dure Microsoft, du Windows partout, de l’office partout et de l’Exchange partout.<br/>
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J’ai commencé à apporter un peu cette culture-là au niveau de mes collègues. Il y a eu des départs, il y a eu une opportunité et on m’a demandé de reprendre la DSI.<br/>
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Comme on est dans une collectivité qui n’est pas forcément très riche, le fait d’amener des solutions qui permettaient de gagner de l’argent, je vous dirais que c’est un petit peu ce qui a fait basculer la collectivité en fait.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Ça a donc été le premier argument, la première manière de convaincre, on va peut-être dire, au niveau des élus notamment qui vont prendre les décisions aussi en termes de choix, d’arbitrage, etc. ; ça a été celui d’une économie sur les coûts. On sait que le logiciel libre ce n’est pas toujours moins cher dans les premiers temps, ça va plutôt être un investissement parce qu’il faut se former, etc., mais, très rapidement, vous avez su convaincre avec cette idée-là que ça coûterait moins cher dans le temps, si j’entends bien ce que vous dites.
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<b>Cédric Charpentier : </b>C’est un peu de ça. Vous le dites bien, a quand on parle de logiciel libre, il y a deux façons de faire du logiciel libre. La première façon c’est de mettre ses mains dans le cambouis et de le faire soi-même. Auquel cas, ce sont des solutions qui ne coûtent rien du tout. Vous êtes d’accord avec moi ?
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<b>Étienne Gonnu : </b>Ça coûte le prix du salaire des fonctionnaires, mais oui, effectivement.
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<b>Cédric Charpentier : </b>Exactement. Après, vous avez la deuxième façon qui est de dire qu’on va faire du Libre, mais on va le faire faire par des entreprises. Même si ça coûte de l’argent, c’est certain, globalement ça coûte tout de même moins cher que de faire du propriétaire, j’en suis persuadé.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Parce que le propriétaire, on le dit, c’est effectivement un coût qui est basé sur une licence, mais on n’a pas de maîtrise du logiciel et puis, surtout, à la fin de la licence il ne nous reste en fait plus rien, on ne peut pas continuer à utiliser le logiciel, on est comme sur une location. Alors que quand on investit en logiciel libre, quand le fasse développer en interne, qu’on internalise les compétences ou qu’on fasse appel à des compétences externes, on garde une maîtrise. C’est là où « propriétaire », quelque part, est un mauvais terme en français, qui est importé du terme <em>proprietary</em> en anglais. C’est pour cela qu’à l’April on aime bien utiliser le terme « privateur » qui remet le curseur sur la privation de liberté, mais aussi pour dire qu’en fait le vrai logiciel propriétaire c’est le logiciel libre, on reste propriétaire, on garde la maîtrise du logiciel et ce que vous dites est intéressant par rapport à ça.
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<b>Cédric Charpentier : </b>C’est tout à fait ça. C’est pareil et, finalement, c’est une phrase que j’ai tendance aussi à oublier. Quoi qu’on en dise, le Libre et tout ce qui gravite autour du Libre fait que c’est un véritable couteau suisse. Il s’avère que je me suis très souvent sorti de situations très rapidement parce que, dans le Libre, j’ai trouvé un outil capable de faire des choses fabuleuses.<br/>
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Je voudrais justement vous parler d’un produit qui s’appelle le RaspiSMS. RaspiSMS est une solution libre qui vous permet d’envoyer des SMS. Il s’avère que nous, par exemple lors de la Covid, on a fait une énorme campagne pour pouvoir distribuer les masques en papier et en tissu à nos administrés à l’époque, je ne sais pas si vous vous souvenez. En fait, si on n’avait pas eu ce fameux RaspiSMS grâce auquel on avait collecté les numéros de téléphone des gens et on avait pu les recontacter très rapidement, on n’aurait pas réussi à faire un carton au niveau de la distribution de ces masques-là.
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<b>Étienne Gonnu : </b>C’est un exemple très intéressant. Merci de le partager et je pense que ça nous rappelle, effectivement, une période durant laquelle a tous partagé une expérience assez similaire sur ces questions-là.<br/>
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Avant d’avancer, parce que je pense que la prochaine question c’est comment les élus se sont finalement accaparés, plutôt saisis politiquement de la question du logiciel libre puisqu’il y a eu des stratégies politiques actées et c’est une excellente chose parce qu’on sait très bien que ça ne peut pas venir que de la DSI ou que des élus, il faut qu’il y ait un travail en commun.
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Anaïs je vous ai posé la question. Vous avez commencé à nous dire qu’au contact de Cédric vous avez commencé à découvrir le logiciel libre, ça fait quelque temps. Cédric nous a dit ce que ça représente pour lui. Est-ce que le logiciel libre c’est plus l’aspect couteau suisse qui vous intéresse ? Ce sont plus les aspects de liberté et d’indépendance ? C’est un tout ? C’est toujours intéressant d’avoir la perspective des gens qui l’ont découvert plus récemment, qui n’ont pas forcément une formation à l’informatique, parce que le logiciel libre concerne tout le monde et on aime aussi bien le répéter.
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<b>Cédric Charpentier : </b>C’est plus difficile en fait.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Le but n’est pas de vous piéger. De toute façon, tout à l’heure j’aurai des questions pour vous sur l’accueil des agents et sur la question de la formation, je pense que vous aurez des choses à partager avec nous à ce moment-là Anaïs. Étant effectivement le directeur des systèmes d’information et aussi l’animateur, on va dire, de la politique logiciel libre, il est entendable, Cédric, que vous ayez plus de choses à nous raconter.<br/>
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Penchons-nous sur cette question. Vous avez commencé à convaincre par l’exemple de la pertinence du logiciel libre. Comment les élus, les conseillers municipaux, ont-ils commencé à se saisir de cette question-là et à lui donner forme dans une stratégie politique ?
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<b>Cédric Charpentier : </b>Les auditeurs et les auditrices qui travaillent dans notre domaine seront, je pense, tout à fait d’accord avec moi. En fait, une DSI c’est quoi ? C’est un service qui est complètement transparent aux yeux des autres. On est là, il faut que ça fonctionne, on ne sait pas forcément ce que l’on fait, on ne sait pas forcément quelles sont nos difficultés. Du coup, vendre l’informatique, vendre le Libre au niveau des citoyens, c’est quelque chose d’un peu difficile. Là il y a un truc qui est génial, qu’on a découvert il y a quelques années et dont on va parler après, c’est le label Territoire Label Numérique Libre.<br/>
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Comment les élus ont-ils pris en main le sujet du Libre ? Eh bien, je dirais, avec le label Territoire Numérique Libre. Pour nous, cette fois-ci, c’est une façon de pouvoir parler de notre travail, de pouvoir parler de ce qu’on fait des deniers publics, de pourquoi on a utilisé les logiciels libres. Je pense que si on n’avait pas participé à ce label-là, aujourd’hui on ne serait peut-être même pas avec vous à l’antenne, on serait dans notre petit coin, toujours en train de faire de l’informatique purement technique et personne n’aurait entendu parler de nous.
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<b>Étienne Gonnu : </b>D’accord. Je vais peut-être saisir la balle au bond. À ce moment de l’émission, il peut être intéressant de préciser ce qu’est ce label Territoire Numérique Libre. C’est un label qui a été créé en 2016, en 2023 ce sera donc la huitième édition, un label qui a été créé par l’ADULLACT [Association des Développeurs et Utilisateurs de Logiciels Libres pour les Administrations et les Collectivités Territoriales], une association qui œuvre pour le logiciel libre en particulier auprès des collectivités territoriales. L’April fait partie du jury d’attribution de ce label. Ce label s’inspire du modèle, par exemple, du label « Villes et Villages Fleuris » en attribuant sur la base des dossiers de candidature un niveau allant de 1 à 5, 5 étant le niveau le plus élevé. Abbeville est la première collectivité à avoir décroché ce plus haut niveau.<br/>
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Si je vous entends bien, ce label a commencé en 2016. De mémoire, je ne me souviens quand Abbeville a candidaté pour la première candidaté. Vous dites qu’avant la candidature d’Abbeville il n’y avait pas encore de formalisation ou de politique autour du logiciel libre ? Ou le label a-t-il permis d’amplifier par rapport à ce qui était déjà existant ?
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<b>Cédric Charpentier : </b>Disons qu’il y en avait, par contre les habitants n’étaient pas du tout informés de tout cela. C’est malheureux de le dire, mais, en fait, avant la participation au label, je dirais que l’attrait pour le logiciel libre était uniquement financier. Pour nos élus, c’était surtout comment gagner de l’argent, comment investir autrement. Par contre, une fois qu’on s’est mis en route avec cette histoire de label, en fait d’autres projets sont nés. On a nous vus, la DSI, de façon complètement différente, et cela qui a vraiment beaucoup changé au niveau de nos élus.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Très intéressant. Quand vous dites « différente », ça veut dire que vous n’étiez plus seulement perçus comme un prestataire – ce n’est pas forcément le meilleur terme, comme le prestataire technique, tant pis je garde ce terme-là –, mais ça a permis de se rendre compte qu’il y avait des enjeux politiques attachés aux choix informatiques, si j’entends ce que vous dites.
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<b>Cédric Charpentier : </b>C’est tout à fait ça. Je vais le dire autrement, même si ce n’est pas forcément plus joli. Je pense qu’au début, aux yeux des élus, nous sommes un peu comme des électriciens : il n’y a plus de lumière, il n’y a plus de courant, hop !, on rétablit, mais derrière on ne voit pas forcément tout le travail, comment il est fait et comment on peut mettre en avant la collectivité à travers le Libre. À partir du moment où le label a été intégré à la collectivité, ça a changé plein de choses.
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<b>Étienne Gonnu : </b>D‘accord. Je sais que vous avez un projet. On va en parler en deuxième partie d’émission, un projet hyper-intéressant qui est tourné, justement, vers les habitants et les habitantes de votre commune.<br/>
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Avant ça, j’aime bien commencer aussi par voir comment ça se passe en interne, vos usages internes du logiciel libre. C’est toujours intéressant de voir comment des DSI libristes avancent. Que pouvez-vous nous dire ? Si je refais quelques pas en arrière vous avez proposé, utilisé de plus en plus de logiciels. On sait que souvent il y a tout ce qui est l’aspect serveur qui ne concerne quelque part, entre guillemets, « que la DSI ». En revanche, là où il y a plus d’enjeux c’est pour les logiciels sur lesquels les agents ont la main, c’est-à-dire les logiciels métier et leur poste de travail. À priori vous avez proposé des logiciels métier, vous avez proposé des logiciels de bureautique et même, il me semble, des systèmes d’exploitation libres. Comment cela s’est-il développé et quel accueil a été fait par les agents et les agentes quand vous leur proposiez ça ? Quelle méthode d’accompagnement au changement, pour reprendre le terme habituel, avez-vous mise en place ?
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<b>Cédric Charpentier : </b>C’est un peu les montagnes russes quand on fait du logiciel libre : vous avez les pro, vous avez les contre, vous avez ceux qui sont mitigés, ça a été extrêmement difficile.<br/>
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Comment a-t-on commencé ? On a tout simplement commencé par la suite bureautique. En fait, on remonte quand même à une dizaine, une douzaine d’années. Il y a une dizaine d’années, une douzaine d’années, on reçoit un courrier de Microsoft qui nous demande : « Où est-ce que vous en êtes avec vos licences ? On aimerait bien vous faire un contrôle, on aimerait bien vérifier que tout est bien en règle chez vous. » Je venais de reprendre le service, je le dis très honnêtement, ce n’était pas forcément très clean, pas très clair pour moi le nombre de licences qu’on avait dans la collectivité. J’ai eu un entretien avec le maire de l’époque, qui n’est plus celui d’aujourd’hui, et je lui ai expliqué, je lui ai dit : « De toute façon, on n’est pas certain d’avoir toutes les licences, il existe aujourd’hui un produit qu’on maîtrise bien puisque c’est dans nos écoles depuis quelques années », à l’époque c’était Open Office, il n’y avait pas encore LibreOffice. Le maire a dit : « Banco on va essayer de se tourner là-dessus. » Il m’a demandé : « Comment pourrait-on faire passer à nos agents sans que ça fasse trop de misères ? ». On était encore à l’époque où on avait des écrans à tubes cathodiques, vous vous souvenez de ces grands écrans tout blancs.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Qui prenaient l’intégralité de la largeur du bureau, je vois le genre d’écran que vous décrivez.
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<b>Cédric Charpentier : </b>L’idée, dans la collectivité, c’était : si vous installez Open office sur votre ordinateur, on vous mettra à disposition un écran plat. Ça a commencé comme ça, le deal c’était un peu ça. On a donc eu forcément quelques personnes intéressées et puis on a commencé à en mettre en route de cette façon-là. C’était il y a à peu près dix/douze ans.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Du coup plutôt sur le logiciel bureautique si j’entends bien.
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<b>Cédric Charpentier : </b>C’est exactement ça. Après, on avait dans la collectivité un serveur de messagerie propriétaire, je ne vous dis pas lequel, qui arrivait en fin de vie. On a cherché les solutions qui existaient en Libre, on a surtout cherché une entreprise française qui serait tout à fait capable de nous apporter ce service et de nous dépanner en cas de souci. Là je vais vous citer une entreprise française avec laquelle on travaille, avec laquelle on n’a aucun souci, qui s’appelle BlueMind.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Une entreprise française qui fait effectivement du logiciel libre.
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<b>Cédric Charpentier : </b>Qui fait de la messagerie qui le fait bien, qui le fait très bien, ça a été une solution.<br/>
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Là pareil, même chose, on ne va pas se sentir, on a fait des études, on a regardé combien nous coûterait le renouvellement de la solution que l’on avait avec la même entreprise ; on a regardé ce qui se faisait dans le Libre et combien ça nous coûterait ; on s’est aperçu que ça nous coûterait quand même beaucoup moins cher.
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<b>Étienne Gonnu : </b>D’accord. Vous avez déjà exprimé le fait qu’il y avait la question de la bonne gestion des deniers publics. Il ne s’agit pas de dire cela de manière incantatoire « le Libre c’est mieux par rapport à ça ». Non, on le voit par rapport ça et c’est finalement le cas à chaque fois : vous êtes détenteur d’une mission de service public, vous faites les choses rigoureusement en suivant les règles et en appliquant les principes citoyens ??? [55 min 30]. C’est intéressant.<br/>
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Du coup, Anaïs, si ça ne vous ennuie pas que je me tourne vers vous, vous êtes arrivée à la collectivité il y a quelques années, est-ce que tout cela était déjà en place ou est-ce que vous avez aussi vécu ce changement ?
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<b> Anaïs Rémy : </b>Tout était déjà en place quand je suis arrivée dans le service.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Et vous ne connaissiez pas encore le logiciel libre. Quelle a été pour vous la découverte du logiciel libre, notamment en termes de pratique professionnelle ? Est-ce que vous avez eu une réticence ? Avez-vous tout de suite été convaincue ? Peut-être avez-vous eu des formations, ou pas ? Ça pourrait nous intéresser, je pense.
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<b> Anaïs Rémy : </b>Avant j’utilisais le logiciel propriétaire. Quand je suis arrivée on m’a dit : « Il n’y a que ça ! ». Du coup j’ai fait avec, forcément. Je me suis adaptée très rapidement, via la suite bureautique, sans aucun souci.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Y avait-il des formations prévues ?, la question est ouverte à vous deux, ou c’est par la pratique que vous vous êtes rendu compte ? On sait qu’on a des habitudes, que ce sont des outils différents, donc, comme pour tout outil différent, il faut se former.
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<b>Cédric Charpentier : </b>La Covid est évidemment venue bousculer les habitudes de la collectivité.<br/>
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Il faut savoir que nous, tous les ans, on a pour habitude de créer des sessions de formation, on a une salle de formation ici à la DSI, on a un dix postes informatiques. On prend les agents pendant trois ou quatre jours et ce sont quatre jours pendant lesquels on refait entièrement le tour de tous les produits utilisés dans la collectivité. Le premier jour on revoit un peu l’ordinateur, le fonctionnement de l’ordinateur, le disque dur, comment se connecter à Internet, etc. Après on utilise LibreOffice, on va réapprendre – même si on sait déjà, ce n’est pas grave – à refaire un courrier à la méthode administrative avec les timbres ??? [57 min 30], avec les bonnes tabulations, avec toutes ces bonnes choses. Ensuite on repart vers du tableur, on réapprend pour que ceux qui savent déjà, sinon on apprend à refaire les fonctions de base du tableur. On fait aussi un peu de sensibilisation à la cybersécurité. On consacre, pendant ces quatre jours-là, une demi-journée à la cybersécurité et puis, enfin, on finit le dernier jour avec un petit peu de ce que j’appelle un pot-pourri, des questions libres, et j’explique à nos agents quelles sont les solutions qu’on a, par exemple comment retravailler des images ; je leur explique qu’il y a tel logiciel et on fait quelques petits exercices à ce niveau-là. C’est un peu comme cela que l’on fonctionne. Depuis la Covid c’est un peu plus compliqué, disons que c’est à peu près le rythme que l’on avait.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Très intéressant. Peut-être que ça pourra inspirer d’autres collectivités qui se posent ces questions.<br/>
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Je vois que le temps avance, je pense que ça pourrait être bien de se donner un petit peu de temps pour souffler. Je vous propose donc de faire une pause musicale. Nous allons écouter <em>Oh Boy!</em> par Who Are You Lutra Lutra ??, sous licence Creative Commons Partage dans les mêmes conditions. On se retrouve juste après sur Cause Commune, la voix des possibles.
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<b>Pause musicale : </b><em>Oh Boy!</em> par Who Are You Lutra Lutra ??.
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<b>Voix off : </b>Cause Commune, 93.1.
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<b>Étienne Gonnu  : </b>Nous venons d'écouter <em>Oh Boy!</em> par Who Are You Lutra Lutra ??, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC BY SA.
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==Deuxième partie ==
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<b>Étienne Gonnu : </b>Nous sommes donc de retour

Version du 17 mai 2023 à 08:09


Titre : Émission Libre à vous ! du 16 mai 2023

Intervenant·e·s : Gee - Cédric Charpentier - Anaïs Rémy - Étienne Gonnu - Isabella Vanni à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 16 mai 2023

Durée : 1 h 30 min

Podcast PROVISOIRE

Page des références de l'émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration : Déjà prévue

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Étienne Gonnu : Bonjour à toutes, bonjour à tous.
Je vous propose aujourd’hui de découvrir Abbeville, une ville de 22 000 habitantes et habitants de la Somme qui œuvre pour le logiciel libre. Également au programme, Gee nous fera part de son humeur du jour sur les événements libristes et nous parlerons avec lui de la sortie de son premier jeu vidéo Superflu Riteurnz.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Étienne Gonnu de l’April.

Le site web de l’émission est libreavous.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission, avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou à nous poser toute question.

Nous sommes mardi 16 mai. Nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

À la réalisation de l’émission Isabella Vanni accompagnée de notre toute nouvelle recrue en formation pour la régie, Bookynette.

Isabella Vanni  : Bonjour Étienne, bonne émission.

Étienne Gonnu : Merci et nous vous souhaitons une excellente écoute.

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Chronique « Les humeurs de Gee » sur les évènements libristes

Étienne Gonnu : Gee, auteur du blog-BD Grise Bouille , vous expose son humeur du jour : des frasques des GAFAM aux modes numériques, en passant par les dernières lubies anti-Internet de notre classe politique, il partage ce qui l’énerve, l’interroge, le surprend ou l’enthousiasme, toujours avec humour. L’occasion peut-être, derrière les boutades, de faire un peu d’éducation populaire au numérique. Bonjour Gee.

Gee: Salut.

Étienne Gonnu : Il m’a semblé comprendre qu’aujourd’hui tu allais nous parler des évènements libristes.

Gee: C’est ça.






La politique et les actions d’Abbeville en faveur du logiciel libre

Étienne Gonnu : Dans notre série de sujets consacrés aux collectivités qui œuvrent pour le logiciel libre, j’ai aujourd’hui le plaisir de recevoir Cédric Charpentier et Anaïs Rémy de la direction du système d’information d’Abbeville.
Abbeville est une ville de 22 000 habitants, située dans la Somme, qui mène une politique publique et des actions en faveur du logiciel libre et c’est la première collectivité à atteindre le niveau 5 du label Territoire Numérique Libre et nous y reviendrons.
Cédric, Anaïs bonjour. Merci de nous rejoindre.

Cédric Charpentier : Bonjour.

Étienne Gonnu : Je vais vous proposer de commencer de manière très traditionnelle : est-ce que vous pourriez vous présenter s’il vous plaît ?

Cédric Charpentier : Je suis Cédric charpentier. Je suis le directeur des systèmes d’information de la mairie d’Abbeville. Je suis en poste, dans cette collectivité, depuis 2007. Par contre, j’ai un passé avant cela, puisque je suis rentré tout simplement emploi jeune dans la collectivité, au service de l’informatique dans les écoles.

Étienne Gonnu : D’accord. Vous n’êtes pas arrivé directeur des systèmes d’information mais plutôt directement dans le service d’information. C’est intéressant, du coup vous avez pu voir l’évolution de ce service, on pourra d’ailleurs y revenir, depuis 2007 vous avez dit.

Cédric Charpentier : Oui, c’est cela : 2007, directeur et 1999 dans les écoles.

Étienne Gonnu : D’accord, donc vous avez aussi une vraie connaissance de l’historique de l’informatique de la ville et des décisions qui ont été prises. Ce sera intéressant pour notre échange.

Cédric Charpentier : Un petit peu de ça.

Étienne Gonnu : Anaïs, qu’en est-il de vous ?

Anaïs Rémy : Bonjour. Je suis Anaïs Rémy, je suis dans la collectivité depuis 2018 et je suis arrivée au service informatique depuis presque trois ans, depuis trois ans.

Étienne Gonnu : D’accord. Je vous remercie. Une question que j’aime bien poser à nos invités : quel est votre rapport au logiciel libre ? Comment avez-vous découvert le logiciel libre ? Avec une question qui, je pense, est liée, votre découverte de l’informatique : comment vous êtes-vous formés à l’informatique ? Est-ce que le logiciel libre a tout de suite été une évidence pour vous ? Comment l’avez-vous découvert et qu’est-ce que ça représente pour vous ?

Cédric Charpentier : En ce qui concerne, très sincèrement je vous dirais que je n’en ai pas vraiment beaucoup le souvenir parce que j’ai débuté le logiciel libre quand j’étais emploi jeune dans les écoles de la ville, ça remonte donc, je dirais, aux années 2000 ou 2001. Le seul souvenir que je peux peut-être vous donner c’est qu’en fait, à l’époque, je cherchais une solution pour que les enfants puissent se connecter sur les différents postes des écoles et récupérer leurs données, des tas de choses comme ça. Je me suis donc lancé dans du Samba, Samba 3 à l’époque. Pour ceux qui ne connaissent pas en fait c’était une centralisation des fichiers et des droits sur une machine ; tout simplement centraliser.

Anaïs Rémy : Moi, je suis plutôt sur la partie administrative, donc je découvre l’informatique et des logiciels libres grâce à Cédric.

Étienne Gonnu : Ce que j’ai trouvé intéressant, Anaïs, si ça ne vous ennuie pas de développer là-dessus, c’est que vous n’aviez pas, à la base, une formation d’informaticienne, si j’ai bien compris, lorsque nous avons préparé l’émission.

Anaïs Rémy : Non, pas du tout. Je viens des ressources humaines, donc rien à voir avec l’informatique.

Étienne Gonnu : Comment quelqu’un qui est aux ressources humaines se retrouve assistante du directeur à la direction des systèmes d’information ?

Anaïs Rémy : Bonne question ! Je suis arrivée là uniquement pour la partie administrative. C’est vrai que Cédric m’apprend énormément de choses sur l’informatique. J’essaye de l’aider comme je peux sur certaines choses.

Étienne Gonnu : Excusez-moi, je me rends compte, et c’est aussi le propre des difficultés de langage parfois, j’entends « administrative » et j’entends « administration système ». En fait non, vous faites de l’administratif dans le sens premier du terme. C’est intéressant, parce que vous utilisez l’outil l’informatique, j’imagine très bien, et c’est une opportunité d’appendre l’informatique à travers les outils que vous utilisez, si j’entends bien, en fait.

Anaïs Rémy : Oui. C’est cela.

Étienne Gonnu : Autre question en lien avec le logiciel libre : vu ce que fait la ville d’Abbeville et on rentrera dans les détails, pourquoi le logiciel libre est-il important pour vous ? Que représente-t-il ? On a compris que vous en faites, mais pourquoi, pour vous, le logiciel libre est-il une chose politiquement importante, notamment dans la perspective d’une collectivité ?

Cédric Charpentier : On pourrait parler de cela pendant des heures et des heures, je pense !

Étienne Gonnu : On va en parler pendant une cinquantaine de minutes, ce sera déjà très bien.

Cédric Charpentier : En fait, je dirais déjà parce que, finalement, ça reste le nerf de la guerre. Aujourd’hui on manipule, on dépense les deniers publics. Pour commencer, l’idée n’est pas de dépenser l’argent à tort et à travers. Notre idée est là. Je commence toujours par là parce que c’est le point que les gens comprennent le plus.
Après, derrière ça, je vous dirais qu’il y a une autre dimension qui est plus une histoire de philosophie. Nous sommes une collectivité française, finalement. Aujourd’hui on nous parle de déficit public, on nous parle de points de PIB, on nous parle de choses comme ça et je me dis qu’il est quand même préférable aujourd’hui, avec la dette que la France a, qu’on fasse fonctionner les entreprises françaises, qu’on essaie au maximum de faire en sorte que ces points de PIB ne sauvent plus vers les entreprises étrangères même si, cela dit en passant, je ne dis pas de mal de ce que font en particulier les Américains, ils font de très bons produits et forcément tout cela a un coût qu’on essaie de ne pas faire supporter à la collectivité et aux administrés.

Étienne Gonnu : C’est vrai que la bonne gestion des deniers publics est un argument qui vient souvent, qui est lié à des questions d’indépendance, de maîtrise des systèmes d’information. On va revenir sur tout cela, mais j’ai trouvé intéressant et j’aimerais bien qu’on reparle après de ce que vous faites avec les entreprises françaises. On sait que le logiciel libre s’inscrit souvent dans les tissus économiques locaux. On pourra revenir pour voir si c’est effectivement le cas à Abbeville. C’est vrai que cet argument de la bonne gestion des deniers publics irriguent tous les autres arguments et revient très souvent quand on parle avec les collectivités du pourquoi de leur de leur engagement vers le logiciel libre.
On va reprendre un peu le fil de l’historique, notamment de la place des politiques publiques vis-à-vis du logiciel libre à Abbeville. Cédric, je me tourne vers vous parce que c’est vous qui avez, par rapport à Anaïs un historique plus long, une vision plus longue de cet historique. Vous êtes arrivé en 1999 dans la collectivité, un peu plus tard, quelques années plus tard à la DSI. Est-ce que, quand vous êtes arrivé en 1999 il y avait déjà cette volonté de faire du logiciel libre ? S’est-elle développée plus tard ? Est-ce que ça a été sous votre influence ? Comment le logiciel libre est-il arrivé à Abbeville ?

Cédric Charpentier : Il faut savoir qu’en 1999, quand j’ai été embauché dans les écoles, je gérais l’informatique des écoles de la ville, mais j’étais complètement indépendant de la DSI de la ville. À la fin de mon contrat d’emploi jeune, au bout des cinq ans, en fait il s’avère que le parc informatique des écoles de la ville était passé d’une dizaine d’ordinateurs à plus de 250 PC. J’avais déjà lancé, dans mon petit coin, cette démarche vers le Libre. De mémoire, pour les plus nostalgiques, je dirais que j’ai commencé avec du Red Hat 5.2 et un truc qui s’appelait Mandriva, qui était une entreprise française. Donc, à la fin des cinq ans, les directeurs des écoles se sont tournés vers le maire en lui disant « on va avoir un problème : si vous ne gardez pas ce monsieur qui gère nos tous ordinateurs au quotidien, tout cela va tomber à l’eau. » Comme on ne pouvait pas continuer sur ce statut d’emploi jeune, la mairie d’Abbeville m’a embauché au sein de la DSI. Quand je suis arrivé à la DSI, ça va peut-être faire du mal à certaines oreilles, disons que c’était une collectivité pure et dure Microsoft, du Windows partout, de l’office partout et de l’Exchange partout.
J’ai commencé à apporter un peu cette culture-là au niveau de mes collègues. Il y a eu des départs, il y a eu une opportunité et on m’a demandé de reprendre la DSI.
Comme on est dans une collectivité qui n’est pas forcément très riche, le fait d’amener des solutions qui permettaient de gagner de l’argent, je vous dirais que c’est un petit peu ce qui a fait basculer la collectivité en fait.

Étienne Gonnu : Ça a donc été le premier argument, la première manière de convaincre, on va peut-être dire, au niveau des élus notamment qui vont prendre les décisions aussi en termes de choix, d’arbitrage, etc. ; ça a été celui d’une économie sur les coûts. On sait que le logiciel libre ce n’est pas toujours moins cher dans les premiers temps, ça va plutôt être un investissement parce qu’il faut se former, etc., mais, très rapidement, vous avez su convaincre avec cette idée-là que ça coûterait moins cher dans le temps, si j’entends bien ce que vous dites.

Cédric Charpentier : C’est un peu de ça. Vous le dites bien, a quand on parle de logiciel libre, il y a deux façons de faire du logiciel libre. La première façon c’est de mettre ses mains dans le cambouis et de le faire soi-même. Auquel cas, ce sont des solutions qui ne coûtent rien du tout. Vous êtes d’accord avec moi ?

Étienne Gonnu : Ça coûte le prix du salaire des fonctionnaires, mais oui, effectivement.

Cédric Charpentier : Exactement. Après, vous avez la deuxième façon qui est de dire qu’on va faire du Libre, mais on va le faire faire par des entreprises. Même si ça coûte de l’argent, c’est certain, globalement ça coûte tout de même moins cher que de faire du propriétaire, j’en suis persuadé.

Étienne Gonnu : Parce que le propriétaire, on le dit, c’est effectivement un coût qui est basé sur une licence, mais on n’a pas de maîtrise du logiciel et puis, surtout, à la fin de la licence il ne nous reste en fait plus rien, on ne peut pas continuer à utiliser le logiciel, on est comme sur une location. Alors que quand on investit en logiciel libre, quand le fasse développer en interne, qu’on internalise les compétences ou qu’on fasse appel à des compétences externes, on garde une maîtrise. C’est là où « propriétaire », quelque part, est un mauvais terme en français, qui est importé du terme proprietary en anglais. C’est pour cela qu’à l’April on aime bien utiliser le terme « privateur » qui remet le curseur sur la privation de liberté, mais aussi pour dire qu’en fait le vrai logiciel propriétaire c’est le logiciel libre, on reste propriétaire, on garde la maîtrise du logiciel et ce que vous dites est intéressant par rapport à ça.

Cédric Charpentier : C’est tout à fait ça. C’est pareil et, finalement, c’est une phrase que j’ai tendance aussi à oublier. Quoi qu’on en dise, le Libre et tout ce qui gravite autour du Libre fait que c’est un véritable couteau suisse. Il s’avère que je me suis très souvent sorti de situations très rapidement parce que, dans le Libre, j’ai trouvé un outil capable de faire des choses fabuleuses.
Je voudrais justement vous parler d’un produit qui s’appelle le RaspiSMS. RaspiSMS est une solution libre qui vous permet d’envoyer des SMS. Il s’avère que nous, par exemple lors de la Covid, on a fait une énorme campagne pour pouvoir distribuer les masques en papier et en tissu à nos administrés à l’époque, je ne sais pas si vous vous souvenez. En fait, si on n’avait pas eu ce fameux RaspiSMS grâce auquel on avait collecté les numéros de téléphone des gens et on avait pu les recontacter très rapidement, on n’aurait pas réussi à faire un carton au niveau de la distribution de ces masques-là.

Étienne Gonnu : C’est un exemple très intéressant. Merci de le partager et je pense que ça nous rappelle, effectivement, une période durant laquelle a tous partagé une expérience assez similaire sur ces questions-là.
Avant d’avancer, parce que je pense que la prochaine question c’est comment les élus se sont finalement accaparés, plutôt saisis politiquement de la question du logiciel libre puisqu’il y a eu des stratégies politiques actées et c’est une excellente chose parce qu’on sait très bien que ça ne peut pas venir que de la DSI ou que des élus, il faut qu’il y ait un travail en commun. Anaïs je vous ai posé la question. Vous avez commencé à nous dire qu’au contact de Cédric vous avez commencé à découvrir le logiciel libre, ça fait quelque temps. Cédric nous a dit ce que ça représente pour lui. Est-ce que le logiciel libre c’est plus l’aspect couteau suisse qui vous intéresse ? Ce sont plus les aspects de liberté et d’indépendance ? C’est un tout ? C’est toujours intéressant d’avoir la perspective des gens qui l’ont découvert plus récemment, qui n’ont pas forcément une formation à l’informatique, parce que le logiciel libre concerne tout le monde et on aime aussi bien le répéter.

Cédric Charpentier : C’est plus difficile en fait.

Étienne Gonnu : Le but n’est pas de vous piéger. De toute façon, tout à l’heure j’aurai des questions pour vous sur l’accueil des agents et sur la question de la formation, je pense que vous aurez des choses à partager avec nous à ce moment-là Anaïs. Étant effectivement le directeur des systèmes d’information et aussi l’animateur, on va dire, de la politique logiciel libre, il est entendable, Cédric, que vous ayez plus de choses à nous raconter.
Penchons-nous sur cette question. Vous avez commencé à convaincre par l’exemple de la pertinence du logiciel libre. Comment les élus, les conseillers municipaux, ont-ils commencé à se saisir de cette question-là et à lui donner forme dans une stratégie politique ?

Cédric Charpentier : Les auditeurs et les auditrices qui travaillent dans notre domaine seront, je pense, tout à fait d’accord avec moi. En fait, une DSI c’est quoi ? C’est un service qui est complètement transparent aux yeux des autres. On est là, il faut que ça fonctionne, on ne sait pas forcément ce que l’on fait, on ne sait pas forcément quelles sont nos difficultés. Du coup, vendre l’informatique, vendre le Libre au niveau des citoyens, c’est quelque chose d’un peu difficile. Là il y a un truc qui est génial, qu’on a découvert il y a quelques années et dont on va parler après, c’est le label Territoire Label Numérique Libre.
Comment les élus ont-ils pris en main le sujet du Libre ? Eh bien, je dirais, avec le label Territoire Numérique Libre. Pour nous, cette fois-ci, c’est une façon de pouvoir parler de notre travail, de pouvoir parler de ce qu’on fait des deniers publics, de pourquoi on a utilisé les logiciels libres. Je pense que si on n’avait pas participé à ce label-là, aujourd’hui on ne serait peut-être même pas avec vous à l’antenne, on serait dans notre petit coin, toujours en train de faire de l’informatique purement technique et personne n’aurait entendu parler de nous.

Étienne Gonnu : D’accord. Je vais peut-être saisir la balle au bond. À ce moment de l’émission, il peut être intéressant de préciser ce qu’est ce label Territoire Numérique Libre. C’est un label qui a été créé en 2016, en 2023 ce sera donc la huitième édition, un label qui a été créé par l’ADULLACT [Association des Développeurs et Utilisateurs de Logiciels Libres pour les Administrations et les Collectivités Territoriales], une association qui œuvre pour le logiciel libre en particulier auprès des collectivités territoriales. L’April fait partie du jury d’attribution de ce label. Ce label s’inspire du modèle, par exemple, du label « Villes et Villages Fleuris » en attribuant sur la base des dossiers de candidature un niveau allant de 1 à 5, 5 étant le niveau le plus élevé. Abbeville est la première collectivité à avoir décroché ce plus haut niveau.
Si je vous entends bien, ce label a commencé en 2016. De mémoire, je ne me souviens quand Abbeville a candidaté pour la première candidaté. Vous dites qu’avant la candidature d’Abbeville il n’y avait pas encore de formalisation ou de politique autour du logiciel libre ? Ou le label a-t-il permis d’amplifier par rapport à ce qui était déjà existant ?

Cédric Charpentier : Disons qu’il y en avait, par contre les habitants n’étaient pas du tout informés de tout cela. C’est malheureux de le dire, mais, en fait, avant la participation au label, je dirais que l’attrait pour le logiciel libre était uniquement financier. Pour nos élus, c’était surtout comment gagner de l’argent, comment investir autrement. Par contre, une fois qu’on s’est mis en route avec cette histoire de label, en fait d’autres projets sont nés. On a nous vus, la DSI, de façon complètement différente, et cela qui a vraiment beaucoup changé au niveau de nos élus.

Étienne Gonnu : Très intéressant. Quand vous dites « différente », ça veut dire que vous n’étiez plus seulement perçus comme un prestataire – ce n’est pas forcément le meilleur terme, comme le prestataire technique, tant pis je garde ce terme-là –, mais ça a permis de se rendre compte qu’il y avait des enjeux politiques attachés aux choix informatiques, si j’entends ce que vous dites.

Cédric Charpentier : C’est tout à fait ça. Je vais le dire autrement, même si ce n’est pas forcément plus joli. Je pense qu’au début, aux yeux des élus, nous sommes un peu comme des électriciens : il n’y a plus de lumière, il n’y a plus de courant, hop !, on rétablit, mais derrière on ne voit pas forcément tout le travail, comment il est fait et comment on peut mettre en avant la collectivité à travers le Libre. À partir du moment où le label a été intégré à la collectivité, ça a changé plein de choses.

Étienne Gonnu : D‘accord. Je sais que vous avez un projet. On va en parler en deuxième partie d’émission, un projet hyper-intéressant qui est tourné, justement, vers les habitants et les habitantes de votre commune.
Avant ça, j’aime bien commencer aussi par voir comment ça se passe en interne, vos usages internes du logiciel libre. C’est toujours intéressant de voir comment des DSI libristes avancent. Que pouvez-vous nous dire ? Si je refais quelques pas en arrière vous avez proposé, utilisé de plus en plus de logiciels. On sait que souvent il y a tout ce qui est l’aspect serveur qui ne concerne quelque part, entre guillemets, « que la DSI ». En revanche, là où il y a plus d’enjeux c’est pour les logiciels sur lesquels les agents ont la main, c’est-à-dire les logiciels métier et leur poste de travail. À priori vous avez proposé des logiciels métier, vous avez proposé des logiciels de bureautique et même, il me semble, des systèmes d’exploitation libres. Comment cela s’est-il développé et quel accueil a été fait par les agents et les agentes quand vous leur proposiez ça ? Quelle méthode d’accompagnement au changement, pour reprendre le terme habituel, avez-vous mise en place ?

Cédric Charpentier : C’est un peu les montagnes russes quand on fait du logiciel libre : vous avez les pro, vous avez les contre, vous avez ceux qui sont mitigés, ça a été extrêmement difficile.
Comment a-t-on commencé ? On a tout simplement commencé par la suite bureautique. En fait, on remonte quand même à une dizaine, une douzaine d’années. Il y a une dizaine d’années, une douzaine d’années, on reçoit un courrier de Microsoft qui nous demande : « Où est-ce que vous en êtes avec vos licences ? On aimerait bien vous faire un contrôle, on aimerait bien vérifier que tout est bien en règle chez vous. » Je venais de reprendre le service, je le dis très honnêtement, ce n’était pas forcément très clean, pas très clair pour moi le nombre de licences qu’on avait dans la collectivité. J’ai eu un entretien avec le maire de l’époque, qui n’est plus celui d’aujourd’hui, et je lui ai expliqué, je lui ai dit : « De toute façon, on n’est pas certain d’avoir toutes les licences, il existe aujourd’hui un produit qu’on maîtrise bien puisque c’est dans nos écoles depuis quelques années », à l’époque c’était Open Office, il n’y avait pas encore LibreOffice. Le maire a dit : « Banco on va essayer de se tourner là-dessus. » Il m’a demandé : « Comment pourrait-on faire passer à nos agents sans que ça fasse trop de misères ? ». On était encore à l’époque où on avait des écrans à tubes cathodiques, vous vous souvenez de ces grands écrans tout blancs.

Étienne Gonnu : Qui prenaient l’intégralité de la largeur du bureau, je vois le genre d’écran que vous décrivez.

Cédric Charpentier : L’idée, dans la collectivité, c’était : si vous installez Open office sur votre ordinateur, on vous mettra à disposition un écran plat. Ça a commencé comme ça, le deal c’était un peu ça. On a donc eu forcément quelques personnes intéressées et puis on a commencé à en mettre en route de cette façon-là. C’était il y a à peu près dix/douze ans.

Étienne Gonnu : Du coup plutôt sur le logiciel bureautique si j’entends bien.

Cédric Charpentier : C’est exactement ça. Après, on avait dans la collectivité un serveur de messagerie propriétaire, je ne vous dis pas lequel, qui arrivait en fin de vie. On a cherché les solutions qui existaient en Libre, on a surtout cherché une entreprise française qui serait tout à fait capable de nous apporter ce service et de nous dépanner en cas de souci. Là je vais vous citer une entreprise française avec laquelle on travaille, avec laquelle on n’a aucun souci, qui s’appelle BlueMind.

Étienne Gonnu : Une entreprise française qui fait effectivement du logiciel libre.

Cédric Charpentier : Qui fait de la messagerie qui le fait bien, qui le fait très bien, ça a été une solution.
Là pareil, même chose, on ne va pas se sentir, on a fait des études, on a regardé combien nous coûterait le renouvellement de la solution que l’on avait avec la même entreprise ; on a regardé ce qui se faisait dans le Libre et combien ça nous coûterait ; on s’est aperçu que ça nous coûterait quand même beaucoup moins cher.

Étienne Gonnu : D’accord. Vous avez déjà exprimé le fait qu’il y avait la question de la bonne gestion des deniers publics. Il ne s’agit pas de dire cela de manière incantatoire « le Libre c’est mieux par rapport à ça ». Non, on le voit par rapport ça et c’est finalement le cas à chaque fois : vous êtes détenteur d’une mission de service public, vous faites les choses rigoureusement en suivant les règles et en appliquant les principes citoyens ??? [55 min 30]. C’est intéressant.
Du coup, Anaïs, si ça ne vous ennuie pas que je me tourne vers vous, vous êtes arrivée à la collectivité il y a quelques années, est-ce que tout cela était déjà en place ou est-ce que vous avez aussi vécu ce changement ?

Anaïs Rémy : Tout était déjà en place quand je suis arrivée dans le service.

Étienne Gonnu : Et vous ne connaissiez pas encore le logiciel libre. Quelle a été pour vous la découverte du logiciel libre, notamment en termes de pratique professionnelle ? Est-ce que vous avez eu une réticence ? Avez-vous tout de suite été convaincue ? Peut-être avez-vous eu des formations, ou pas ? Ça pourrait nous intéresser, je pense.

Anaïs Rémy : Avant j’utilisais le logiciel propriétaire. Quand je suis arrivée on m’a dit : « Il n’y a que ça ! ». Du coup j’ai fait avec, forcément. Je me suis adaptée très rapidement, via la suite bureautique, sans aucun souci.

Étienne Gonnu : Y avait-il des formations prévues ?, la question est ouverte à vous deux, ou c’est par la pratique que vous vous êtes rendu compte ? On sait qu’on a des habitudes, que ce sont des outils différents, donc, comme pour tout outil différent, il faut se former.

Cédric Charpentier : La Covid est évidemment venue bousculer les habitudes de la collectivité.
Il faut savoir que nous, tous les ans, on a pour habitude de créer des sessions de formation, on a une salle de formation ici à la DSI, on a un dix postes informatiques. On prend les agents pendant trois ou quatre jours et ce sont quatre jours pendant lesquels on refait entièrement le tour de tous les produits utilisés dans la collectivité. Le premier jour on revoit un peu l’ordinateur, le fonctionnement de l’ordinateur, le disque dur, comment se connecter à Internet, etc. Après on utilise LibreOffice, on va réapprendre – même si on sait déjà, ce n’est pas grave – à refaire un courrier à la méthode administrative avec les timbres ??? [57 min 30], avec les bonnes tabulations, avec toutes ces bonnes choses. Ensuite on repart vers du tableur, on réapprend pour que ceux qui savent déjà, sinon on apprend à refaire les fonctions de base du tableur. On fait aussi un peu de sensibilisation à la cybersécurité. On consacre, pendant ces quatre jours-là, une demi-journée à la cybersécurité et puis, enfin, on finit le dernier jour avec un petit peu de ce que j’appelle un pot-pourri, des questions libres, et j’explique à nos agents quelles sont les solutions qu’on a, par exemple comment retravailler des images ; je leur explique qu’il y a tel logiciel et on fait quelques petits exercices à ce niveau-là. C’est un peu comme cela que l’on fonctionne. Depuis la Covid c’est un peu plus compliqué, disons que c’est à peu près le rythme que l’on avait.

Étienne Gonnu : Très intéressant. Peut-être que ça pourra inspirer d’autres collectivités qui se posent ces questions.
Je vois que le temps avance, je pense que ça pourrait être bien de se donner un petit peu de temps pour souffler. Je vous propose donc de faire une pause musicale. Nous allons écouter Oh Boy! par Who Are You Lutra Lutra ??, sous licence Creative Commons Partage dans les mêmes conditions. On se retrouve juste après sur Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Oh Boy! par Who Are You Lutra Lutra ??.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Étienne Gonnu  : Nous venons d'écouter Oh Boy! par Who Are You Lutra Lutra ??, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC BY SA.

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Deuxième partie

Étienne Gonnu : Nous sommes donc de retour