Différences entre les versions de « Émission Libre à vous ! diffusée mardi 22 mars 2022 sur radio Cause Commune »

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<b>Voix off : </b><em>Libre à vous !</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
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<b>Voix off : </b><em>Libre à vous !</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Bonjour à toutes. Bonjour à tous.<br/>
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Dans quelques jours, le 26 mars, l’April fera son assemblée générale, une AG importante car elle marquera le 25e anniversaire de l’association, enregistrée à la préfecture de Bobigny le 20 novembre 1996. Nous vous proposons à cette occasion, une émission spéciale « Au cœur de l’April et de <em>Libre à vous !</em> », pour que vous puissiez mieux faire connaissance avec celles et ceux qui font vivre l’association et l’émission. Ce sera donc le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme la chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » sur le thème du vote électronique et la chronique « Jouons collectif… au sein de l’April » de Vincent Calame. Voilà donc le programme de l’émission du jour.
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Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de <em>Libre à vous !</em>, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.<br/>
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Je suis Étienne Gonnu, chargé de mission affaires publiques pour l’April.
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Le site web de l’émission est libreavous.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou à nous poser toute question.
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Nous sommes mardi 22 mars, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.<br/>
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À la réalisation de l’émission Isabella Vanni. Salut Isa.
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<b>Isabella Vanni : </b>Salut Étienne. Bonne émission.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Nous vous souhaitons une excellente écoute.
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==Chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » de Marie-Odile Morandi, animatrice du groupe Transcriptions sur le thème du vote électronique. Une chronique lue et pré-enregistrée par Laure-Élise Deniel==
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<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons commencer par la chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » de Marie-Odile Morandi, lue par Laure-Élise Déniel, aujourd’hui sur le thème du vote électronique, une chronique enregistrée il y a quelques jours. On se retrouve juste après dans environ 8 minutes sur radio Cause Commune, la voix des possibles.
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<b>Voix de Laure-Élise Déniel – Marie-Odile Morandi : </b>En période électorale, il semble opportun de lire ou, si vous ne l‘avez déjà fait, de relire trois transcriptions qui traitent du vote électronique.
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« Le vote électronique. En quoi le logiciel libre n’est pas la solution ? », est une conférence proposée en novembre 2011 par Benoît Sibaud, qui a été président de l’April et a participé à la rédaction du texte détaillant la position de l’association sur le sujet ;<br/>
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« Le vote électronique et ses enjeux » était une table ronde menée par Jean-Marc Manach en novembre 2014 dans la fameuse émission 14 h 42 ;<br/>
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et tout récemment, le 25 janvier, madame Chantal Enguehard, directrice de recherche à l’Observatoire du vote, organisme qui publie des rapports et particulièrement après chaque élection politique en France depuis 2007, a été reçue dans l’édition 129 de l’émission <em>Libre à vous !</em>. Elle s’est entretenue avec Étienne Gonnu et François Poulain, trésorier de l’April et membre de la société Cliss XXI.<br/>
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Vous trouverez tous les liens sur la page concernant l’émission d’aujourd’hui, sur le site libreavous.org.
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Voter est un acte qu’il nous est demandé d’accomplir dès le collège, voire dès l’école élémentaire. Pour élire le représentant de la classe, pour faire des choix collectifs, quoi de plus rapide que voter ? Les étudiants votent, les adultes votent aux élections institutionnelles – européennes, législatives, régionales, municipales, la présidentielle – sans oublier les élections professionnelles, les élections au sein d’une association et les référendums. Voter est donc un acte fréquent.
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Les divers modes classiques de scrutin sont rappelés : la main levée, le vote par courrier postal, le vote avec bulletin papier.<br/>
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Deux types de scrutins sont souvent regroupés sous le nom de vote électronique : le vote par ordinateur installé dans un bureau de vote et les scrutins par Internet via un navigateur.
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Organiser un vote n‘est pas une mince affaire. Tout doit être prêt à temps. Se posent des questions de coût, mais aussi tous les problèmes intrinsèques liés à la diversité de la population qui doit voter.<br/>
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Les intervenants s’accordent pour affirmer que la tentation de la fraude est toujours présente, même dans les associations du Libre !, que des erreurs sont possibles à différents niveaux. Une codification pour encadrer les opérations classiques de vote a été mise au point au cours des années.
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En 2014, le bureau politique de l’UMP, renommé ensuite Les Républicains, décide de passer au vote par Internet, présenté comme une arme contre la triche, afin d'élire son président. Dans l’émission 14 h 42, Anne Levade, présidente de la Haute autorité de l'UMP en charge du contrôle de ce vote, détaille la façon dont il a été organisé et les déboires auxquels il a fallu faire face : une attaque par déni de service – d’innombrables connexions en très peu de temps rendant les serveurs inaccessibles –, les problèmes de codes permettant aux adhérents d’être identifiés, sans oublier les failles de sécurité dont un expert affirme, à posteriori, qu’elles n’ont pas été exploitées. Laissons les auditeurs et auditrices découvrir les difficultés en cascade que les organisateurs de ce vote ont dû affronter et qui sont exposées de façon sincère dans l’émission.
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Roberto Di Cosmo, présent à cette table ronde, de même que François Poulain le 25 janvier de cette année, rappellent que sans aucune formation, dans le cas de bulletins papier, quiconque présent dans un bureau de vote, même un enfant, en suivant ce qui se passe autour de l’urne transparente, est capable de comprendre et de se rendre compte que les bulletins qui sont comptés le soir, lors du dépouillement, sont exactement les mêmes que ceux qui ont été mis par les électeurs.
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Sont rappelées les caractéristiques d’un vote démocratique – liberté de vote, secret du vote donc sincérité, anonymat, acceptabilité du résultat et de sa légitimité, et la transparence – qui doivent être respectées et traduites techniquement dans le cas du vote électronique.<br/>
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Roberto Di Cosmo note que dans l’histoire de l’évolution technologique les personnes qui poussent à l’utilisation d’une nouvelle technologie sont celles qui la développent, alors que là ce sont les professionnels de l’informatique, ceux qui connaissent, qui freinent. Et pourquoi freinent-ils ?<br/>
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Les explications de madame Enguehard sont éclairantes.<br/>
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D’abord, affirme-t-elle, il n’y a pas d’urne, il y a la représentation électronique d’une urne et il est impossible de savoir si celle-ci est vide au départ, puisque, dit-elle, la mémoire d’un ordinateur c'est toujours plein ! Ensuite, de façon très imagée, elle décrit ce qui se passe : la personne fait un geste, par exemple appuie sur un bouton. Ce geste donne une petite impulsion électrique qui est transformée en un codage informatique. Ce codage informatique est transformé à plusieurs reprises et, à la fin, les résultats électoraux sont proclamés. Aucune de ces transformations n’est observable, il est impossible d’expliquer quoi que ce soit, il n’y a aucune transparence ! Son ton est ironique : comment croire les affirmations d’experts qui ne voient rien ! Leur rôle est symbolique. Il y a eu transposition de ce qui se fait pour le vote papier, sauf qu’en informatique on parle de machines, de logiciels, de codes sources. Les bugs sont intrinsèques donc partout, les virus s’infiltrent ! Une grande opacité ! Une boîte noire !<br/>
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De plus, quand on agit à distance, n’y a-t-il pas finalement une sorte d’infantilisation des citoyens et des citoyennes qui sont alors un peu dépossédés de cet acte politique de décision collective. Le vote électronique invisibilise un certain nombre d’atteintes possibles à l’anonymat, au secret du vote, à la sincérité des élections.
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Quels seraient les apports du logiciel libre sur le vote électronique ou par Internet ? Les avantages du logiciel libre sont rappelés : l’accès au code source qui amène transparence donc plus de confiance ; la revue par les pairs, la correction rapide des bugs, amélioration de la sécurité ; la mutualisation du développement du même logiciel donc indépendance des vendeurs. Cependant, le logiciel libre ne rend pas le scrutin électronique plus facile à expliquer ; la dématérialisation est toujours là. Les problèmes sont inhérents au fonctionnement de l’informatique, que ce soit libre ou pas n’y change rien. Avoir du logiciel libre et même du matériel ouvert n’est pas un critère suffisant pour offrir une élection satisfaisante par rapport à nos critères actuels de fonctionnement démocratique.
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Les outils de vote peuvent s’avérer intéressants et avoir du sens dans certains cas, par exemple pour les Français de l’Étranger, pour les membres d’une association. François Poulain développe l’exemple de l’April. Voter en ligne permet aux membres qui sont maintenant répartis sur quasiment tous les continents de s’exprimer. La société Cliss XXI a donc développé le logiciel GvoT. Elle se pose en tiers de confiance en expliquant aux organismes qui font appel à ses services quelles sont les limites d’un tel vote, que les garanties sont moindres, donc qu’une réflexion doit être engagée pour définir le niveau de risque accepté ainsi que les bases sur lesquelles déléguer la confiance.<br/>
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Quand l’enjeu est fort, pour des élections d’envergure comme celles de députés ou du président, ce genre d’outil n’est pas souhaitable, n’est pas acceptable, voire inimaginable. Dans les autres cas, on pourra envisager le vote électronique, certes utile et pratique, en fonction des contraintes et des moyens du moment. Toute la difficulté réside dans le fait d’évaluer l’enjeu.
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Il n’y a donc pas de réponse universelle à cette thématique. Il faut expliquer aux citoyens la problématique avec tous les arguments et, suite à débat, leur demander ce à quoi ils acceptent de renoncer, donc quelle solution mettre en place. C’est l’appropriation par chacun, chacune, par notre personnel législatif, de tous les enjeux qui gravitent autour du vote, et du vote électronique, qui nous fera progresser collectivement.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Nous venons d’écouter « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture », une chronique rédigée par Marie-Odile Morandi et lue par Laure-Élise Déniel.<br/>
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Je précise que le logiciel GvoT, qui a été mentionné pendant la chronique, a été développé par Cliss XXI, une entreprise d’édition et de développement de logiciels libres. C’est ce logiciel libre qui est justement utilisé pour le vote en ligne par les adhérents de l’April pour l’AG à venir, comme je vous le disais, samedi prochain.<br/>
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La chronique a été lue par Laure-Élise qui est l’une des bénévoles de l’équipe <em>Libre à vous !</em>. Depuis janvier, elle prête sa voix aux chroniques de Marie-Odile. Avant cela elle avait déjà enregistré pour nous de supers jungles notamment pour dire comment participer à l’émission. Eh bien Laure-Élise sera notre première invitée pour cette spéciale « Au cœur de l’April et de <em>Libre à vous !</em> ».<br/>
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Avant cela, je vous propose de faire une pause musicale.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Dans le cadre de cette émission spéciale, j’ai voulu partager quelques-uns de mes coups de cœur musicaux parmi les musiques libres que nous avons déjà diffusées. Pour ouvrir le bal je vous propose d’écouter une des premières artistes que nous avons diffusées dans <em>Libre à vous !</em>, plus précisément dans notre 11e édition, en janvier 2019, ça remonte !, une artiste de hip-hop américaine dont les textes très politiques et la prose percutante m‘ont de suite plu.<br/>
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Je vous propose donc d’écouter <em>Age of Feminine </em> par Kellee Maize. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
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<b>Pause musicale : </b><em>Age of Feminine </em> par Kellee Maize.
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<b>Voix off : </b>Cause Commune, 93.1.
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<b>Étienne Gonnu : </b>Nous venons d’écouter <em>Age of Feminine </em> par Kellee Maize, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA.<br/>
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J’espère que comme moi vous êtes remontés à bloc après ce superbe morceau !
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== « Au cœur de l’April et de <em>Libre à vous !</em> »==
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<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons poursuivre avec le sujet principal

Version du 22 mars 2022 à 18:54


Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 22 mars 2022 sur radio Cause Commune

Intervenant·e·s : - Étienne Gonnu - Isabella Vanni à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 22 mars 2022

Durée : 1 h 30 min

[ Podcast provisoire]

[Références concernant l'émission]

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration : Déjà prévue

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Étienne Gonnu : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
Dans quelques jours, le 26 mars, l’April fera son assemblée générale, une AG importante car elle marquera le 25e anniversaire de l’association, enregistrée à la préfecture de Bobigny le 20 novembre 1996. Nous vous proposons à cette occasion, une émission spéciale « Au cœur de l’April et de Libre à vous ! », pour que vous puissiez mieux faire connaissance avec celles et ceux qui font vivre l’association et l’émission. Ce sera donc le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme la chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » sur le thème du vote électronique et la chronique « Jouons collectif… au sein de l’April » de Vincent Calame. Voilà donc le programme de l’émission du jour.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Étienne Gonnu, chargé de mission affaires publiques pour l’April.

Le site web de l’émission est libreavous.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou à nous poser toute question.

Nous sommes mardi 22 mars, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
À la réalisation de l’émission Isabella Vanni. Salut Isa.

Isabella Vanni : Salut Étienne. Bonne émission.

Étienne Gonnu : Nous vous souhaitons une excellente écoute.

[Jingle]

Chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » de Marie-Odile Morandi, animatrice du groupe Transcriptions sur le thème du vote électronique. Une chronique lue et pré-enregistrée par Laure-Élise Deniel

Étienne Gonnu : Nous allons commencer par la chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » de Marie-Odile Morandi, lue par Laure-Élise Déniel, aujourd’hui sur le thème du vote électronique, une chronique enregistrée il y a quelques jours. On se retrouve juste après dans environ 8 minutes sur radio Cause Commune, la voix des possibles.

[Virgule sonore]

Voix de Laure-Élise Déniel – Marie-Odile Morandi : En période électorale, il semble opportun de lire ou, si vous ne l‘avez déjà fait, de relire trois transcriptions qui traitent du vote électronique. « Le vote électronique. En quoi le logiciel libre n’est pas la solution ? », est une conférence proposée en novembre 2011 par Benoît Sibaud, qui a été président de l’April et a participé à la rédaction du texte détaillant la position de l’association sur le sujet ;
« Le vote électronique et ses enjeux » était une table ronde menée par Jean-Marc Manach en novembre 2014 dans la fameuse émission 14 h 42 ;
et tout récemment, le 25 janvier, madame Chantal Enguehard, directrice de recherche à l’Observatoire du vote, organisme qui publie des rapports et particulièrement après chaque élection politique en France depuis 2007, a été reçue dans l’édition 129 de l’émission Libre à vous !. Elle s’est entretenue avec Étienne Gonnu et François Poulain, trésorier de l’April et membre de la société Cliss XXI.
Vous trouverez tous les liens sur la page concernant l’émission d’aujourd’hui, sur le site libreavous.org.

Voter est un acte qu’il nous est demandé d’accomplir dès le collège, voire dès l’école élémentaire. Pour élire le représentant de la classe, pour faire des choix collectifs, quoi de plus rapide que voter ? Les étudiants votent, les adultes votent aux élections institutionnelles – européennes, législatives, régionales, municipales, la présidentielle – sans oublier les élections professionnelles, les élections au sein d’une association et les référendums. Voter est donc un acte fréquent.

Les divers modes classiques de scrutin sont rappelés : la main levée, le vote par courrier postal, le vote avec bulletin papier.
Deux types de scrutins sont souvent regroupés sous le nom de vote électronique : le vote par ordinateur installé dans un bureau de vote et les scrutins par Internet via un navigateur.

Organiser un vote n‘est pas une mince affaire. Tout doit être prêt à temps. Se posent des questions de coût, mais aussi tous les problèmes intrinsèques liés à la diversité de la population qui doit voter.
Les intervenants s’accordent pour affirmer que la tentation de la fraude est toujours présente, même dans les associations du Libre !, que des erreurs sont possibles à différents niveaux. Une codification pour encadrer les opérations classiques de vote a été mise au point au cours des années.

En 2014, le bureau politique de l’UMP, renommé ensuite Les Républicains, décide de passer au vote par Internet, présenté comme une arme contre la triche, afin d'élire son président. Dans l’émission 14 h 42, Anne Levade, présidente de la Haute autorité de l'UMP en charge du contrôle de ce vote, détaille la façon dont il a été organisé et les déboires auxquels il a fallu faire face : une attaque par déni de service – d’innombrables connexions en très peu de temps rendant les serveurs inaccessibles –, les problèmes de codes permettant aux adhérents d’être identifiés, sans oublier les failles de sécurité dont un expert affirme, à posteriori, qu’elles n’ont pas été exploitées. Laissons les auditeurs et auditrices découvrir les difficultés en cascade que les organisateurs de ce vote ont dû affronter et qui sont exposées de façon sincère dans l’émission.

Roberto Di Cosmo, présent à cette table ronde, de même que François Poulain le 25 janvier de cette année, rappellent que sans aucune formation, dans le cas de bulletins papier, quiconque présent dans un bureau de vote, même un enfant, en suivant ce qui se passe autour de l’urne transparente, est capable de comprendre et de se rendre compte que les bulletins qui sont comptés le soir, lors du dépouillement, sont exactement les mêmes que ceux qui ont été mis par les électeurs.

Sont rappelées les caractéristiques d’un vote démocratique – liberté de vote, secret du vote donc sincérité, anonymat, acceptabilité du résultat et de sa légitimité, et la transparence – qui doivent être respectées et traduites techniquement dans le cas du vote électronique.
Roberto Di Cosmo note que dans l’histoire de l’évolution technologique les personnes qui poussent à l’utilisation d’une nouvelle technologie sont celles qui la développent, alors que là ce sont les professionnels de l’informatique, ceux qui connaissent, qui freinent. Et pourquoi freinent-ils ?
Les explications de madame Enguehard sont éclairantes.
D’abord, affirme-t-elle, il n’y a pas d’urne, il y a la représentation électronique d’une urne et il est impossible de savoir si celle-ci est vide au départ, puisque, dit-elle, la mémoire d’un ordinateur c'est toujours plein ! Ensuite, de façon très imagée, elle décrit ce qui se passe : la personne fait un geste, par exemple appuie sur un bouton. Ce geste donne une petite impulsion électrique qui est transformée en un codage informatique. Ce codage informatique est transformé à plusieurs reprises et, à la fin, les résultats électoraux sont proclamés. Aucune de ces transformations n’est observable, il est impossible d’expliquer quoi que ce soit, il n’y a aucune transparence ! Son ton est ironique : comment croire les affirmations d’experts qui ne voient rien ! Leur rôle est symbolique. Il y a eu transposition de ce qui se fait pour le vote papier, sauf qu’en informatique on parle de machines, de logiciels, de codes sources. Les bugs sont intrinsèques donc partout, les virus s’infiltrent ! Une grande opacité ! Une boîte noire !
De plus, quand on agit à distance, n’y a-t-il pas finalement une sorte d’infantilisation des citoyens et des citoyennes qui sont alors un peu dépossédés de cet acte politique de décision collective. Le vote électronique invisibilise un certain nombre d’atteintes possibles à l’anonymat, au secret du vote, à la sincérité des élections.

Quels seraient les apports du logiciel libre sur le vote électronique ou par Internet ? Les avantages du logiciel libre sont rappelés : l’accès au code source qui amène transparence donc plus de confiance ; la revue par les pairs, la correction rapide des bugs, amélioration de la sécurité ; la mutualisation du développement du même logiciel donc indépendance des vendeurs. Cependant, le logiciel libre ne rend pas le scrutin électronique plus facile à expliquer ; la dématérialisation est toujours là. Les problèmes sont inhérents au fonctionnement de l’informatique, que ce soit libre ou pas n’y change rien. Avoir du logiciel libre et même du matériel ouvert n’est pas un critère suffisant pour offrir une élection satisfaisante par rapport à nos critères actuels de fonctionnement démocratique.

Les outils de vote peuvent s’avérer intéressants et avoir du sens dans certains cas, par exemple pour les Français de l’Étranger, pour les membres d’une association. François Poulain développe l’exemple de l’April. Voter en ligne permet aux membres qui sont maintenant répartis sur quasiment tous les continents de s’exprimer. La société Cliss XXI a donc développé le logiciel GvoT. Elle se pose en tiers de confiance en expliquant aux organismes qui font appel à ses services quelles sont les limites d’un tel vote, que les garanties sont moindres, donc qu’une réflexion doit être engagée pour définir le niveau de risque accepté ainsi que les bases sur lesquelles déléguer la confiance.
Quand l’enjeu est fort, pour des élections d’envergure comme celles de députés ou du président, ce genre d’outil n’est pas souhaitable, n’est pas acceptable, voire inimaginable. Dans les autres cas, on pourra envisager le vote électronique, certes utile et pratique, en fonction des contraintes et des moyens du moment. Toute la difficulté réside dans le fait d’évaluer l’enjeu.

Il n’y a donc pas de réponse universelle à cette thématique. Il faut expliquer aux citoyens la problématique avec tous les arguments et, suite à débat, leur demander ce à quoi ils acceptent de renoncer, donc quelle solution mettre en place. C’est l’appropriation par chacun, chacune, par notre personnel législatif, de tous les enjeux qui gravitent autour du vote, et du vote électronique, qui nous fera progresser collectivement.

[Virgule sonore]

Étienne Gonnu : Nous venons d’écouter « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture », une chronique rédigée par Marie-Odile Morandi et lue par Laure-Élise Déniel.
Je précise que le logiciel GvoT, qui a été mentionné pendant la chronique, a été développé par Cliss XXI, une entreprise d’édition et de développement de logiciels libres. C’est ce logiciel libre qui est justement utilisé pour le vote en ligne par les adhérents de l’April pour l’AG à venir, comme je vous le disais, samedi prochain.
La chronique a été lue par Laure-Élise qui est l’une des bénévoles de l’équipe Libre à vous !. Depuis janvier, elle prête sa voix aux chroniques de Marie-Odile. Avant cela elle avait déjà enregistré pour nous de supers jungles notamment pour dire comment participer à l’émission. Eh bien Laure-Élise sera notre première invitée pour cette spéciale « Au cœur de l’April et de Libre à vous ! ».
Avant cela, je vous propose de faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Étienne Gonnu : Dans le cadre de cette émission spéciale, j’ai voulu partager quelques-uns de mes coups de cœur musicaux parmi les musiques libres que nous avons déjà diffusées. Pour ouvrir le bal je vous propose d’écouter une des premières artistes que nous avons diffusées dans Libre à vous !, plus précisément dans notre 11e édition, en janvier 2019, ça remonte !, une artiste de hip-hop américaine dont les textes très politiques et la prose percutante m‘ont de suite plu.
Je vous propose donc d’écouter Age of Feminine par Kellee Maize. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Age of Feminine par Kellee Maize.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Étienne Gonnu : Nous venons d’écouter Age of Feminine par Kellee Maize, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA.
J’espère que comme moi vous êtes remontés à bloc après ce superbe morceau !

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 « Au cœur de l’April et de Libre à vous ! »

Étienne Gonnu : Nous allons poursuivre avec le sujet principal