Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 7 avril 2020

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Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 31 mars 2020 sur radio Cause Commune

Intervenant·e·s : Luk - Angie Gaudion - Laurent Joëts - Emil Ivov - Frédéric Couchet - William Agasvari à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 7 avril 2020

Durée : 1 h 30 min

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[ Page des références utiles concernant cette émission]

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration :

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcrit MO

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
Nous allons parler aujourd’hui de Jitsi, logiciel libre de visioconférence. Également au programme des nouvelles de Framasoft et du Collectif CHATONS, Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires. Également l’interview d’un professeur de technologie en collège et on commencera par une chronique sur le confinement, bien entendu.

Vous êtes sur la radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.
Le site web de l’April c’est april.org, vous y trouvez déjà une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles, les détails sur les pauses musicales et toute autre information utile en complément de l’émission.
N’hésitez pas à nous faire également des retours pour indiquer ce qui vous a plu mais aussi des points d’amélioration ou poser toute question.

Nous sommes le 7 avril 2020, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
Je précise que comme les deux éditions précédentes, l’émission est diffusée dans des conditions exceptionnelles suite au confinement de la population. Toutes les personnes qui participent à l’émission sont chez elles. D’un point de vue technique, ce coup-ci nous utilisons Jitsi, car nous aurons le plaisir d’avoir en fin d’émission le créateur de Jistsi.
Nous espérons que tout se passera bien et je vous prie de nous excuser par avance si des problèmes se produisent.

Si vous souhaitez réagir, poser une question pendant le direct, n’hésitez pas à vous connecter sur le salon web de la radio. Pour cela rendez-vous sur le site de la radio, causecommune.fm, cliquez sur « chat » et retrouvez-nous sur le salon dédié à l’émission #libreavous.

Je vais commencer par le programme détaillé de l’émission du jour :
nous aller commencer dans quelques secondes par la chronique « La pituite de Luk » qui va nous parler de confinement ;
ensuite nous prendrons des nouvelles de Framasoft et du Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires, c’est-à-dire le CHATONS avec Angie Gaudion ;
puis nous prendrons des nouvelles de Laurent Joëts qui est professeur de technologie en collège ;
et en fin d’émission nous aurons le plaisir d’avoir avec nous Emil Ivov, le créateur de Jitsi, solution libre de visioconférence très utilisée en cette période de confinement .
À la réalisation de l’émission aujourd’hui William de la radio Cause Commune. William anime deux émissions sur la radio Cybercultrure le samedi 14 heures et Et pour cause le mardi à 21 heures.

Tout de suite place au premier sujet.

Chronique « La pituite de Luk » sur le confinement

Frédéric Couchet : Nous allons commencer par la chronique « La pituite de Luk » intitulée « Ça sent le confiné ». Luk, est-ce que tu es avec nous ?

Luk : Oui Fred, je suis là, je suis à la porte du studio ! Tu m’ouvres ?

Frédéric Couchet : Tu es à la porte du studio ? Donc tu es chez moi !

Luk : Pourquoi ?

Frédéric Couchet : Parce que c’est le confinement. Il n’y a personne au studio.

Luk : Ah d’accord ! L’émission se fait à distance, mais moi j’ai risqué ma peau pour venir ! Il y a des patrouilles de police partout ! J’ai rampé sous des barbelés et évité des patrouilles cynophiles. Je ne voulais pas mourir de saturnisme foudroyant en pleine épidémie de Covid, ça ferait con ! Du coup, je suis prudent. J’ai emballé mon téléphone dans du papier alu pour qu’Orange ne puisse pas me traquer. Je sens malgré ça le souffle chaud de Stéphane Richard sur ma nuque. Je suis sûr qu’il me stalke.

Si j’ai pris tous les risques pour venir c’est que ça fait trois semaines que ma vie n’a plus aucun sens. Assigné à résidence, je tourne en carré : lit, WC, cuisine, salon. Ma vie est devenue un cauchemar. Avant je rêvais que j’avais oublié mon froc en partant au boulot. Je réalisais soudain avec effroi que j’avais les fesses à l’air. Maintenant ce n’est plus un cauchemar. Ça m’arrive tout le temps en vrai et ça ne me fait ni chaud ni froid parce que le chauffage est bien réglé.
Faut dire que coupé du reste du monde, je me laisse aller. Avec la visioconférence, le bas de mon corps n’a plus d’existence sociale. Les rares fois où je prends une douche, je ne lave plus que la partie frontale située au-dessus du nombril. La surcharge de la bande passante m’épargne au moins un tour de douche supplémentaire parce que la vidéo est trop moche pour qu’on puisse voir les mouches. Ne sacrifions pas la neutralité du réseau pour favoriser le télétravail, il faut que ça reste comme ça.

À ce propos, mention spéciale à Jitsi qui permet de choisir la qualité de sa vidéo. Je suis admiratif de voir que la user story, « j’ai une hygiène négligée, mais je conserve ma dignité », est couverte. S’il vous plaît, continuez à bien faire et n’implémentez surtout pas l’odorama.
La masse musculaire de mes guibolles a été réduite de 50 % à force de ne pas les utiliser. J’ai l’énergie d’un stagiaire photocopie de l’ISS [International Space Station] de retour à la maison. J’envisage même de me faire amputer des deux jambons. Qui a encore besoin de ses membres inférieurs quand son univers se résume à un écran, un clavier et une souris ?

Certains gardent le moral en faisant des masques, des respirateurs sous licence libre ou mettent en place des chatons. Moi je ne sers à rien, confiné que je suis ! J’ai bien réglé un truc ou deux à la maison, mais il ne faut pas être une lumière pour changer une ampoule et surtout, ça ne change pas la face du monde.

À un moment j’ai cru que mes chroniques apportaient un peu de réconfort à mes voisins, vu qu’ils sortent tous à 20 heures pour applaudir. En fait non ! J’ai découvert que c’est destiné au personnel hospitalier alors qu’on a pas d’infrastructure médicale dans le quartier. Après avoir stocké des kilomètres de PQ, ils applaudissent des gens qui ne sont pas là. Cette vie n’a vraiment plus aucun sens !

Seul face à moi-même, je ne découvre que le néant. « Si tu plonges longtemps ton regard dans l'abîme, l'abîme te regarde aussi » a dit Nietsche. Mon regard plonge bien, je ressens l’angoissant appel du vide. En revanche, l’abîme ne me calcule pas. Il se refait plutôt les dix saisons de Friends. Il en est à l’épisode 112, celui où les protagonistes discutent dans un appartement.

Il y a au moins un truc qui fait sens dans cette crise : l’informatisation de la société nous évite le pire et pas seulement de ne pas mourir d’ennui. Certains se disent que ce monde à l’arrêt est l’occasion de repartir sur des bases saines. Ce n’est pas gagné car même si la fin du confinement et le début de la crise économique seront assurément des catalyseurs, il y a aussi pas mal de gens aussi qui attendent la fin du Covid-19 pour recevoir le colis de contrôle social qu’ils ont commandé sur Ali-Express.
À l’heure où plein de confinés sont littéralement sans culotte, peut-on espérer la fin des privilèges et retrouver nos libertés ? Quand y pense on peut très bien faire la révolution depuis son canapé quand on est admin-sys. Pas besoin de sortir sur un rond-point pour bloquer le pays. La révolution en télétravail est à portée de clic.
Ils pourraient alors confier la gestion de l’épidémie à un service support. Des gens habitués à s’exprimer sans se contredire, en s’appuyant sur l’avis d’experts qui répondent à côté de la plaque. On piloterait le monde comme un gros projet informatique. Je ne vois pas ce qui pourrait mal se passer.
Finalement, j’aurais peut-être dû rester confiné, l’avenir semble se jouer sur mon canapé.

Frédéric Couchet : Luk, merci pour cette belle chronique. Je me permets de t’applaudir ; je ne vais peut-être pas le faire parce que ça va faire beaucoup de bruit sur le micro. J’espère quand même qu’on aura le plaisir de te voir au studio le mois prochain, ça voudrait dire que le confinement est terminé.

Luk : Celle-ci était la bonne normalement !

Frédéric Couchet : Normalement, celle-ci était la bonne. J’ai l’impression que tu le fais un petit peu exprès. Bon !
C’était la chronique « La pituite de Luk », de l’incroyable Luk avec un « k » et son site c’est incroyableluk.org.
Luk, on se retrouve le mois prochain soit toujours en confinement soit peut-être à la porte du studio soit à l’intérieur du studio.

Luk : Très bien. Eh bien merci.

Frédéric Couchet : Merci bonne soirée à toi.

Nouvelles de Framasoft et du collectif CHATONS (Collectif des Hébergeurs Alternatifs,Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires) avec Angie Gaudion

Frédéric Couchet : Exceptionnellement nous n’allons pas faire de pause musicale parce que nous avons un programme chargé. Après cette chronique sur le confinement de notre ami Luk, nous allons prendre des nouvelles d’acteurs importants dans le monde du Libre évidemment. C’est Framasoft et le Collectif CHATONS dont on va expliquer un peu ce que c’est. Normalement nous avons avec nous Angie Gaudion de Framasoft. Angie ?

Angie Gaudion : Bonjour.

Frédéric Couchet : Bonjour Angie. Comment vas-tu ?

Angie Gaudion : Ça va bien, confinée au soleil.

Frédéric Couchet : Confinée au soleil. Ah ! Voilà. C’est vrai qu’en plus aujourd’hui il fait beau. L’idée de cet échange c’est de prendre un petit peu des nouvelles de Framasoft et du collectif CHATONS, notamment depuis le début du confinement.
Je vais préciser aux personnes qui écoutent l’émission que nous avons déjà reçu Angie à deux reprises pour parler notamment de Framasoft et du collectif CHATONS, c’était dans l’émission du 16 avril 2020 et dans l’émission du 18 juin 2020. Vous retrouverez les podcasts sur april.org et sur causecommune.fm. On a aussi fait une Antenne libre sur le CHATONS plus récemment dans le cadre du confinement, c’était le 19 mars 2020. Pareil les podcasts sont disponibles sur les deux sites.

Angie Gaudion : Si je peux me permettre de te corriger, c’était 2019 les deux premiers parce que avril 2020 c’est…

Frédéric Couchet : J’ai dit 2020 ?

Angie Gaudion : Ce n’est pas grave ! Les gens vont croire que tu as anticipé les prochaines émissions.

Frédéric Couchet : Effectivement, c’est 16 avril 2019 et 18 juin 2019 pour l’émission consacrée à CHATONS et l’Antenne libre c’était plus récemment, c’était le 19 mars 2020. Merci d’avoir corrigé.
On va prendre un petit peu des nouvelles de Framasoft et donc du collectif CHATONS. On va commencer par Framasoft, donc le site framasoft.org, site bien connu qui propose un ensemble de services libres. Avec le confinement et avec les problèmes à l’Éducation nationale notamment dont on parlera après avec Laurent Joëts, Framasoft a été au centre de plein, comment dire, d’attentes, d’utilisation des services. Comment avez-vous vécu ça ? Qu’avez-vous fait ces dernières semaines ?

Angie Gaudion : Effectivement, dès l’annonce du confinement, au sein de l’asso on s’est dit qu’on allait avoir forcément une recrudescence d’utilisateurs et d’utilisatrices sur nos services. Dans un premier temps on a essayé de pallier cette charge qui arrivait de manière globale. La plus grosse partie de nos activités, au tout début de la période de confinement, vraiment sur la première semaine, ça a été de maintenir et de renforcer nos services. On a monté des nouvelles instances pour les services les plus utilisés qu’on a, à savoir Framapad qui fait de la rédaction collaborative, Framatalk qui est une instance Jitsi et Framadrop pour le transfert temporaire de fichiers. On a estimé, ce qui est assez compliqué parce que comme on ne récolte absolument pas de données personnelles sur ces services, on ne sait pas exactement le nombre d’utilisateurs, mais on a eu des montées de charge vraiment très importantes, donc il a fallu qu’on trouve le moyen de pouvoir accueillir un maximum de monde tout en faisant le choix d’indiquer que l’Éducation nationale, en tout cas les enseignants et les élèves n’étaient pas les bienvenus sur nos services, non pas qu’on ne veut pas qu’ils soient là – ce n’est pas qu’on ne veut pas leur fournir le service – c’est que si, effectivement, on 800 000 enseignants et 12 millions d’élèves qui débarquent, on était incapables de supporter ça avec nos petits serveurs et ça aurait tout fait planter. Donc on a fait le choix que nos services soient disponibles davantage pour les télétravailleurs, des petites structures – PME, associations – plutôt que pour le ministère. Ce qui, du coup, a fait un peu causer effectivement de ce côté-là, mais à un moment on a considéré que le ministère avait largement le temps de préparer une infrastructure technique. Depuis des années, ils auraient pu faire ça, à priori ils ne l’ont pas bien fait puisque les enseignants se sont retrouvés assez démunis. Mais ça a été notre discours initial, qu’on a changé depuis, c’est-à-dire que depuis la semaine dernière on n’a plus ce message sur les pages d’accueil de nos services.

Frédéric Couchet : Il n’y a plus le message ?

b>Angie Gaudion : Non. Aujourd’hui on est en mesure d’absorber de charge puisqu’on a davantage d’instances.
On a aussi fait quelque chose avec Framapad et Framatalk : on a renvoyé vers d’autres instances externes. C’est-à-dire qu’on a identifié d’autres structures qui proposaient ces instances-là et quand vous créez un pad sur ces outils, du coup vous ne le créez pas forcément chez nous, vous pouvez aussi le créer à l’extérieur. On a fait le choix de répartir la charge entre différentes organisations dont la majorité sont effectivement des membres du collectif CHATONS dont on parlera tout à l’heure.

Frédéric Couchet : On précise que le terme instance ce sont des sites web, quelque part, pour que les gens comprennent. Une instance c’est une version du site web qui permet par exemple de faire de la visioconférence, de la téléphonie ou effectivement du bloc-notes.
Sur le salon web de la radio, on nous demande de préciser de quel ministère il s’agit, c’est le ministère de l’Éducation nationale bien entendu. Je te laisse poursuivre.

Angie Gaudion : Du coup on s’est rendu compte qu’avec cette charge sur de nos services, sur les logiciels qu’on utilisait, qu’il y avait aussi besoin de les enrichir avec quelques fonctionnalités. Mes collègues techniciens ont résolu des bugs, ajouté un certain nombre d’éléments sur plusieurs logiciels et en particulier Etherpad qui permet de faire de la rédaction collaborative en ligne.
On a aussi mis en place une instance du logiciel Mumble, du coup on a installé sur nos serveurs un Mumble public – on en avait déjà un qu’on utilisait plutôt en interne au sein de l’asso – qui fait de l’audio conférence, on n’est pas sur de la visio, et ensuite on a même proposé une interface web pour éviter que des internautes aient besoin d’installer un logiciel ou d’installer une application sur leurs appareils. Maintenant il y a une interface web qui permet d’y accéder sans avoir besoin d’installer quoi que ce soit.

Frédéric Couchet : C’est une très bonne chose puisque nous aussi, à l’April, on a Mumble. J’ai passé beaucoup de temps, notamment aussi dans le cadre de la radio, à essayer d’expliquer aux gens comment installer le client Mumble ; ça paraît relativement simple mais ça n’est pas aussi simple que ça pour tout le monde. Le fait d’avoir un accès web directement à Mumble, donc à de l’audioconférence, permet vraiment à n’importe qui de pouvoir l’utiliser avec une qualité audio qui est vraiment supérieure à celle de beaucoup d’autres outils. C’est vraiment une très bonne chose.

Angie Gaudion : C’est vrai que sur notre service Mumble on peut accueillir jusqu’à 6500 personnes en même temps. Donc en termes d’accueil, pour le coup, on est vraiment sur un service qui permet d’accueillir vraiment beaucoup de monde de manière simultanée sans que ça nous impacte nous au niveau technique.
On a aussi, sur le plan technique, mis en place un outil suite à la demande qu’on a reçue de médecins qui étaient un peu embêtés avec le fait qu’ils devaient faire de la prise de rendez-vous via les services habituels qu’on connaît, Doctolib et compagnie, ce qui ne leur semblait pas super classe en termes de protection des données personnelles de leurs patients. Donc on a monté, via le logiciel Nextcloud, une interface qui s’appelle RdV Médecins, qui leur permet justement de proposer à leurs patients de prendre rendez-vous par ce biais-là en étant dans un contexte sécurisé qui ne récupère pas les données, etc. Mes collègues techniques ont vraiment développé quelque chose qui est totalement adapté en fait à ce besoin.

Frédéric Couchet : C’est un outil qui est donc réservé à des médecins pour la prise de rendez-vous.

Angie Gaudion : C’est ça, exactement, pour faire de la prise de rendez-vous

Frédéric Couchet : Je précise qu’on mettra les liens directement sur la page consacrée à l’émission de tous les sites que va citer Angie, que ce soit sur april.org ou sur causesommune.fm. Sinon, en allant sur framasoft.org, vous les retrouverez assez facilement.

Angie Gaudion : Les premiers moments c’était vraiment faire que nos services puissent continuer à fonctionner et qu’ils puissent être disponibles pour le plus grand nombre d’internautes.
En parallèle, on a documenté notre activité pendant le confinement. Au sein de l’asso on s’est dit que c’était très important d’avoir un journal de confinement qui raconte comment on vit cette situation. Sur notre blog, qui s’appelle Framablog, on a un certain nombre d’articles qui expliquent comment on a vécu les premiers jours, comment on s’est organisé sachant que, par exemple, une partie de l’équipe salariée de Framasoft n’était pas en télétravail, même si une grande partie était déjà en télétravail donc c’était plutôt facile de s’y mettre, comment on vivait les situations, qu’est-ce qu’on faisait, dans quel ordre on s’organisait, etc. On a cet aspect documentation de notre présent, de notre vécu sur cette période. Parce qu’on se dit aussi que dans quelques années ce sera quelque chose d’assez intéressant à regarder pour voir comment on gère cette crise au sein d’une petite association qui fait du service libre. Tout ça peut se trouver sur le Framablog.

Frédéric Couchet : framablog.org.

Angie Gaudion : Pierre-Yves Gosset, qui est le directeur général de l’association, s’est lancé dans un travail monumental d’un mémo sur le télétravail, parce que, justement, on a une expérience intéressante dans ce cadre-là puisque ça fait des années qu’au sein de l’association une grande partie d’entre nous télétravaillons, donc on a, du coup, créé cet espace où effectivement on donne notre avis, des conseils, nos façons de fonctionner, nos méthodes d’organisation pour aider toutes les personnes qui se sont retrouvées du jour au lendemain à devoir télétravailler sans avoir aucune idée de comment s’organiser. C’était un outil qu’on fournissait, qui allait permettre en tout cas à ceux qui le souhaitaient de piocher dedans des bonnes conduites, des méthodes, etc.

Frédéric Couchet : C’est un mémo qui est important. Ce confinement doit aussi être l’occasion, peut-être, de développer plus de télétravail, mais il faut que les structures employeuses aient quand même conscience que c’est un télétravail particulier, on l’a déjà dit sur cette antenne, parce que c’est en période de confinement donc émotionnellement et d’un point de vue mental c’est plus compliqué pour les gens et il y a aussi, tout simplement, le confinement des enfants, donc les personnes qui ont des enfants à la maison, eh bien le télétravail ce n’est pas forcément évident. Il faut tenir de ça et effectivement améliorer les procédures et les mécanismes de télétravail dans l’avenir, ce qui est quand même quelque chose de très bien.

Angie Gaudion : On a aussi, bien sûr, enrichi la documentation sur nos services puisque plus on a d’utilisateurs et d’utilisatrices de nos services, plus on a des gens qui comprennent pas comment ils fonctionnent, donc on a eu aussi une montée en charge de demandes sur notre support. Pour renseigner au mieux ces utilisateurs et utilisatrices, on a agrémenté, enrichi la partie documentation qu’on propose. Par exemple sur le Mumble web, puisqu’on n’en avait pas avant, il a fallu écrire intégralement cette documentation : comment on fait pour se rendre sur notre Mumble web ? Comment ça marche ? Comment on rejoint un salon ? Etc. On l’a fait aussi pour Jitsi, notre service Framatalk, et on l’a fait aussi sur RdV Médecins pour que justement les médecins et leurs patients qui souhaitent prendre rendez-vous puissent comprendre comment fonctionnent ces interfaces.

Frédéric Couchet : C’est important parce que ces documentations sont très bien faites, en plus il y a des copies d’écran, on peut suivre très facilement. C’est vrai que c’est une des grandes qualités qu’a aussi Framasoft, c’est-à-dire mettre en place des services mais également la documentation qui va avec pour permettre à la personne qui débarque de pouvoir suivre une documentation et utiliser le service.

Angie Gaudion : Pour nous, en plus de ça, quand on a des questions assez basiques qui arrivent, via le support on peut directement faire un lien vers la documentation sans avoir besoin de réécrire et de répondre en réfléchissant systématiquement : on va chercher directement l’info, donc on gagne aussi du temps par rapport au soutien à nos utilisateurs.
Cependant, on a quand même eu effectivement énormément de demandes via notre formulaire de contant, donc on a créé sur notre forum Framacolibri une catégorie spécifique pour le temps du confinement qui s’appelle Entraide où on a très clairement appelé la communauté Frama à nous aider à accompagner les internautes quand ils avaient des questions. Ça a très bien pris. Les gens posent davantage leurs questions sur le forum et ce ne sont pas forcément les membres frama qui répondent à ces questions, ce qui permet de répartir, on va dire, cette tâche d’accompagnement entre un plus grand nombre d’accompagnateurs.

Frédéric Couchet : Ça c’est sur framacolibri.org. Évidemment, les personnes qui veulent aider Framasoft, qui se disent comment on peut aider Framasoft, eh bien une façon d’aider c’est d’accompagner les autres en répondant aux questions.

Angie Gaudion : Tout à fait. Et enfin, on a été sollicités par plein d’acteurs divers et variés pour mettre en évidence leurs initiatives. Ce sont parfois des partenaires avec lesquels on est déjà en contact, je pense par exemple au collectif Continuité pédagogique qui s’est monté en trois jours à partir du moment où il y a eu l’annonce du confinement. On fait des coups de projecteur sur ces initiatives afin de leur donner davantage de visibilité qu’ils ne pourraient en avoir parce qu’ils sont souvent très nouveaux et qu’ils n’ont pas forcément le réseau. On parle de ce qu’ils font, on explique ce qu’ils font, on le fait en partenariat eux et c’est important.
On a aussi repris quelques articles qui avaient été publiés sur des blogs externes pour les rendre plus visibles. Je pense par exemple à l’article de Stéphane Bortzmeyer sur l’Internet pendant le confinement qui permet aussi de repréciser : au tout début du confinement, je ne sais pas si vous vous souvenez, les gens pensaient que l’Internet allait craquer, que ça allait lâcher, que ça n’allait pas tenir. Stéphane Bortzmeyer qui a une compétence dans ce domaine-là expliquait en quoi cette frayeur pouvait être évacuée, et d’ailleurs on le voit bien, trois semaines plus tard ça fonctionne toujours donc tout va bien.

Frédéric Couchet : Si je peux me permettre, Stéphane Bortzmeyer a écrit un livre l’an dernier qui s’appelle Cyberstrtucture. On l’a reçu dans Libre à vous !, vous retrouverez le podcast et le livre doit être disponible en EPUB sur le site de l’éditeur. Vous cherchez Cyberstrtucture, Stéphane Bortzmeyer, c’est une lecture potentielle pendant le confinement pour mieux comprendre Internet. Je te laisse poursuivre.

Angie Gaudion : Après on a continué à communiquer sur des projets qui étaient déjà lancés pré-confinement et qui arrivaient, on va dire, à la mise en œuvre.
Typiquement le partenariat sur un libre cours, qui est un cours en ligne sur la culture libre, qui a d’ailleurs commencé hier. On a fait un petit article expliquant ce qu’est ce cours, comment on peut s’y inscrire, etc. Les sessions sont pleines. Ce cours se lance, on a une vingtaine d’apprenants qui apprennent le monde de la culture libre et des licences libres.
On a fait un petit article sur comment les acteurs du Libre se mobilisent justement dans le cadre de la solidarité numérique/confinement. On a listé les différentes initiatives qu’on a identifiées, qu’on a vu passer ou qu’on nous a fait connaître dans ce cadre-là. C’est un article qui marche assez bien parce que c’est vrai qu’on y retrouve plein d’éléments pour tout simplement être plus à l’aise dans cette situation particulière tout en mettant en valeur les acteurs du Libre qui ont fait énormément de choses au début du confinement, qui se sont activés vraiment très fortement.
En fait on accueille, on continue à accueillir.
En parallèle on fait ce qu’on faisait déjà, différentes interviews dans les médias pour expliquer notre position par rapport à ce confinement et en particulier par rapport à l’Éducation nationale, mais aussi, tout simplement, la découverte des outils. C’est une activité plus, on va dire, régulière mais qui a pris un peu plus de place dans notre activité ces trois dernières semaines.
Ça c’est ce qu’on a fait sur les trois dernières semaines.
Pour vous dire, au sein de Frama, pour le coup le confinement nous touche toutes et tous au sein de l’association. Les deux premières semaines ont été épuisantes, vraiment, parce qu’il y avait énormément de choses à faire. C’est très dynamisant de se retrouver dans une situation de pression, comme ça, où il faut s’activer. Ce qui fait qu’au bout de deux semaines on a été très fatigués, au moins psychologiquement. Et depuis la semaine dernière et sur les semaines à venir on a décidé, de manière collective, qu’il ne fallait pas qu’on s’épuise trop, que l’urgence n’était plus une urgence et qu’il fallait qu’on pense à sortir de cette urgence pour repenser effectivement à ce qu’on allait faire dans les semaines à venir. Avec, du coup, un souci vraiment très fort au sein de l’association du bien-être des membres. On prend très souvent des nouvelles les uns des autres, on se questionne sur comment on vit cette situation, on s’assure qu’il n’y ait pas de membre qui se retrouve dans une situation délicate. En tout cas on essaye au maximum d’accompagner celles et ceux parmi nous qui ont des situations de vie qui sont plus complexes ou, tout simplement, qui vivent moins bien, qui angoissent plus. Ça c’est aussi un élément très propre à l’association Framasoft cette espèce de bienveillance sachant qu’on a toujours dit qu’on est une association basée sur l’humain et que ce qui nous importe davantage ce sont les humains qui composent l’association, il faut que ces humains soient bien.

Frédéric Couchet : Je partage tout à fait ça, effectivement pour nous aussi l’humain c’est le principal. Des outils comme Mumble ou Jitsi ou d’autres outils permettent de garder ce contact visuel notamment, audio aussi. On peut faire ça tous les jours ou une fois par semaine, faire le point, prendre des nouvelles, etc. C’est vraiment très important.
Angie, le temps file. On a parlé justement des humains. Si on parlait un petit peu des adorables petites bêtes qu’on appelle les chatons. Les chatons où ça en est ?

Angie Gaudion : Le Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires a réagi lui aussi au quart de tour au moment de l’annonce du confinement avec une différence notable c’est qu’à frama on est une seule structure, en plus avec des salariés, donc on peut aller assez vite finalement dans les éléments. Au sein du Collectif ce sont 70 structures différentes dont la majorité n’a pas forcément de salariés. On va dire que la mise en œuvre de solutions a été un peu plus lente du fait qu’il n’y avait pas du tout la même quantité d’énergie. Globalement qu’est-ce qui s’est passé du côté des chatons ? On s’est tendu compte que les gens étaient hyper-perdus en termes d’outils, dès le début, ils ne savaient pas du tout quels outils utiliser, donc on a enrichi ce qu’on appelle notre litière – toute une métaphore autour du monde des chats – qui est tout simplement un wiki du Collectif. Au sein de cette litière on a créé une nouvelle catégorie, les outils du télétravail, où, pour chaque outil, chaque logiciel libre possible, on a fait des fiches qui présentent les fonctionnalités de l’outil, on a recensé des tutoriels d’utilisation, des tutoriels d’installation pour les personnes qui techniquement seraient en mesure d’installer et de configurer justement ces outils sur leurs serveurs. Et puis une liste d’instances publiques identifiées. Au tout début, je me souviens tout le monde disait : « Je vais où pour trouver Jitsi ? » On a vraiment répondu à ce besoin très rapidement en essayant d’identifier un maximum d’instances. On l’a fait sur plein de logiciels, Jitsi, Mumble Mattermost, Rocket.Chat. Il y a une liste assez importante sur la litière qui est vraiment de la documentation et de l’accompagnement des internautes dans la découverte de ces outils.
En parallèle on a travaillé sur un nouveau site qui s’appelle entraide.chatons.org, chatons au pluriel qui est, en fait, un portail d’accès simplifié à des services en ligne, sans inscription, qui répondent aux besoins les plus courants des internautes. L’intérêt de ce site web c’est que, du coup, on a une interface simplifiée qui permet d’accéder très vite à ces outils sans se poser la question de chez qui je vais pour trouver l’outil. Sachant qu’on a un système : à chaque fois que vous connectez vous n’allez pas avoir les outils chez les mêmes opérateurs, chez les mêmes hébergeurs. On a pris parmi les chatons tous ceux qui proposaient un service logiciel et ça tourne pour que la charge soit répartie entre l’ensemble des structures qui composent CHATONS et que ça ne surcharge pas l’un d’entre nous plutôt qu’un autre.

Frédéric Couchet : En fait, pour que la charge repose sur le Collectif des différents sites d’hébergement.

Angie Gaudion : Voilà. Exactement.

Frédéric Couchet : C’est entraide.chatons.org avec chatons au pluriel.

Angie Gaudion : Au pluriel. Exactement.
Créer un site web rapidement c’est beaucoup d’énergie, il y a un petit groupe de travail qui s’est monté pour arriver à faire ça dans des délais très rapides. Ça c’était la plus grosse partie pour le Collectif. Bien sûr, on a un forum au sein du Collectif CHATONS qui est un forum public, les échanges sont visibles par tous, donc on a aussi une arrivée de plein de gens sur notre forum qui viennent nous poser des questions, donc on a toute cette alimentation du forum pour répondre aux différentes questions qu’on nous pose. C’est super parce que, du coup, ça dynamise énormément le Collectif dans son ensemble.

Frédéric Couchet : Super. Là c’est l’actualité. En deux/trois minutes maximum pour demain est-ce qu’il y a projets, des visions ?

Angie Gaudion : Côté Frama, on n’a pas vraiment réglé la question aujourd’hui. La question qu’on se pose c’est qu’on avait identifié une feuille de route pour 2020, qu’on avait publiée en novembre dernier, et on se rend bien compte qu’on ne va pas pouvoir tenir cette feuille route. On a fait autre chose ces trois dernières semaines et on va sûrement faire autre chose que cette feuille de route encore dans les semaines à venir. Aujourd’hui on s’interroge sur comment on va pouvoir faire certaines parties de ce qu’on avait annoncé. Comment on gère le fait qu’on ne va peut-être pas réaliser sur cette année notre partie de cette feuille de route ? Typiquement, on avait annoncé qu’on allait faire une collecte pour financer la v3 du logiciel PeerTube et, très clairement, le contexte fait qu’on ne va pas être en mesure de faire ça. En plus, on avait prévu cette collecte début mai jusqu’à fin juin, là on n’est pas du tout prêts pour arriver à faire ça dans les temps. Donc on est en train d’essayer de voir comment on va pouvoir changer la forme de cette collecte. On ne sera plus du tout sur un crowdfunding habituel. Ce n’est pas encore défini, on est encore dans le questionnement sur comment on va améliorer ça.
En revanche, ce qui va sortir à priori courant mai, qui était déjà prévu courant mai, on avait lancé un questionnaire pour recenser les acteurs, les actrices de l’accompagnement au numérique libre. On est en train de faire le travail de synthèse pour, tout simplement, pouvoir sortir de ces différents acteurs parce qu’on se rend bien compte aujourd’hui que cette liste manque sur l’aspect médiation numérique, on a vraiment besoin que ce travail sorte, donc il devrait arriver dans les semaines à venir.
On va maintenir ce qu’on avait annoncé en septembre sur la fermeture de services, on avait annoncé qu’on allait fermer un certain nombre de services, ça va continuer à se faire. En parallèle on continue à travailler sur ce qu’on appelle les tâches alternatives : quand un service ferme, on a une page qui indique OK, le service ferme chez nous, mais on ne vous laisse pas tout seuls dans la mouise, on vous propose d’aller voir à tel ou tel endroit pour avoir un service équivalent. Donc il y a un travail de préparation de toutes ces tâches.
On se rend compte depuis le début de la semaine que ça y est, nos deux développeurs chocobuzz pour PeerTube et tcit pour Mobilizon, sont un peu moins mobilisés sur le maintien des services existants, donc vont pouvoir recommencer leur activité habituelle qui est de coder, programmer, développer ces logiciels, tout simplement. Ça va revenir petit à petit, sûrement pas autant que dans un contexte plus normal, mais ils vont pouvoir remettre un peu plus le nez dedans pour continuer à avancer sur ces développements.
Enfin, on avait annoncé un projet de cloud. Là, aujourd’hui, on ne sait vraiment pas si on va être capables de le fournir d’ici la fin de l’année. On en est vraiment au stade de la réflexion, on est dans une phase, depuis quelques jours, qui est : comment on va faire, qu’est-ce qu’on fait. Ce n’est pas hyper-défini, on est encore beaucoup dans cette réflexion et je pense qu’on prend justement le temps de réfléchir avant de repartir bille en tête en essayant de faire ce qu’on avait annoncé alors que le contexte a changé.

Frédéric Couchet : D’accord. En tout cas ça nous donnera l’occasion de prendre des nouvelles. Je vais juste préciser qu’on a parlé de PeerTube, c’est un service de partage de vidéos décentralisé, on peut dire, et Mobilizon c’est un outil pour permettre aux organisations de s’organiser, de se mobiliser, partager des évènements. C’est ça ?

Angie Gaudion : Oui. Souvent on le présente comme l’alternative aux évènements et aux groupes sur Facebook.

Frédéric Couchet : D’accord. OK. En tout cas on va reprendre des nouvelles bientôt. On te souhaite le meilleur ainsi qu’à tous tes collègues et à tous les membres de Framasoft et merci pour ce que vous faites.

Angie Gaudion : Je transmettrai.

Frédéric Couchet : Tu leur fais des bises virtuelles de notre part, avec grand plaisir.
C’était Angie Gaudion de Framasoft. Tous les liens qu’elle a cités vous les retrouverez sur les références. Évidemment sur framasoft.org, sur chatons.org avec un « s », également sur le site de la radio causecommune.fm et sur le site de l’April, april.org, dans les pages consacrées à l’émission.
Angie, je te remercie et je te souhaite de passer une belle fin de journée ensoleillée.

Angie Gaudion : En tout cas merci beaucoup pour l’invitation. À très bientôt.

Frédéric Couchet : A bientôt Angie.
Cher maestro William, nous allons passer une pause musicale. Nous allons écouteCool nights par Dixxy et on se retrouve juste après.

Pause musicale : Cool nights par Dixxy.

Voix off : Cause Commune, cause-commune.fm, 93.1.

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Cool nights par Dixxy, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions.
Vous écoutez l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune 93.1 en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm. Je suis toujours Frédéric Couchet, le délégué général de l’April, et nous prenons des nouvelles de personnes avec lesquelles nous avons déjà échangé dans le cadre de l’émission.

Le confinement et l'école avec Laurent Joëts, professeur de technologie en collège, et référent numérique de l'établissement

Frédéric Couchet : Maintenant nous allons parler avec Laurent Joëts