Blockchain expliquée à mes grands-parents - Louis Tournayre
Titre : La blockchain expliqué à mes grands-parents
Intervenant : Louis Tournayre
Lieu : Paris . Palais des Congrès - Conférence Devoxx France
Date : avril 2018
Durée : 13 min 43
Licence de la transcription : Verbatim
NB : transcription réalisée par nos soins. Les positions exprimées sont celles des intervenants et ne rejoignent pas forcément celles de l'April.
Statut : Transcrit MO
Description
Mes grands-parents sont hyper modernes (pour leur âge). Ils ont de nombreuses qualités et beaucoup de choses à nous transmettre mais quand ils m'ont demandé de leur expliquer la blockchain j’ai longtemps cherché mes mots.
Transcription
Bonjour à tous. Merci d’être là, ça fait super plaisir de voir tout ce monde. C’est super. Bon ! J’ai juste un petit regret il n’y a pas mes grands-parents, c’est un peu pour eux quand même ! L’objectif de ce quickie c’est d’expliquer ce que c’est que la blockchain, de manière simple, sans utiliser de termes techniques en fait, pour des personnes qui ne connaissent pas l’informatique. Donc on ne va pas parler de tout ce qui est cryptographie et autres ça va rester relativement simple, mais on va expliquer les grands principes.
Qui je suis ? Moi je m’appelle Louis Tournayre, je travaille à Zenika à Lyon. Voilà. C’était la petite pub.
À quoi cela sert ?
Maintenant la blockchain pour l’expliquer je me suis dit que le plus simple c’était de parler de cas concrets, d’expliquer, en fait, en quoi ça servait. Donc quelques cas d’usage ?
Le premier. Je ne sais pas si vous vous rappelez, en 2014 il y avait la crise ukrainienne ; vous vous rappelez forcément. On a vu apparaître ces petites pancartes-là avec ces codes. Vous savez ce que c’est ? En fait ça, ce sont des adresses pour qu’on puisse leur transférer de l’argent directement via une cryptomonnaie qu’on appelle le bitcoin. Donc le premier cas d’usage, en fait, à la base ça a été créé pour ça, c’est pour faire des transferts d’argent via une monnaie immatérielle, une monnaie virtuelle ; des transferts qui soient sécurisés, qui soient indépendants de banques, d’États, qui soient souples, sans aucune contrainte. Donc ça c’est vraiment le premier cas d’usage. Ce sont des transferts d’argent, des transferts de monnaie virtuelle.
Un autre cas d’usage aussi, qu’on a derrière, en fait c’est parce que la blockchain ça enregistre, c’est d’avoir des registres dans lesquels on mette des données qui soient infalsifiables. Par exemple un état-civil. Un état-civil ne change pas : on naît un jour, à un certain lieu. Ça ce sont des données qui ne doivent pas bouger. Ce sont des données qui sont partagées, auxquelles tout le monde peut accéder. Donc un cas d’usage c’est, par exemple, un registre d’état civil ; typiquement ça s’y prête bien.
Il y a le cadastre aussi qui s’y prête énormément. Vous pouvez dire en France on n’a pas besoin de ça, on a des autorités qui font ça ; oui, en France on a ça ; ce n’est pas le cas partout. Au Ghana par exemple, ils ont lancé une initiative où ils sont en train de mettre dans la blockchain le cadastre pour que ces données-là soient partagées par tous, on ne puisse pas se dire d’un seul coup tiens cette terre-là m’appartient ; non, ça a été enregistré, c’est infalsifiable, c’est consultable, c’est partageable.
On aurait aussi d’autres cas d’usage, par exemple vous vous rappelez, il n’y a pas si longtemps il y a eu la crise du lait. On aurait aimé savoir d’où venait le lait qu’on avait acheté et on pourrait mettre tous les éléments logistiques, faire une traçabilité complète de ce qui a pu se passer à ce moment-là, dans la blockchain. Il y a des initiatives qui existent dans ce genre-là, alors pas spécifiquement pour le lait, mais il y a déjà des sociétés de faire de la traçabilité via de la blockchain.
On pourrait avoir aussi des élections qui sont sans bureau de vote. C’est-à-dire qu’on n’aurait plus besoin d’avoir un lieu physique ; on aurait des espèces de machines à voter mais qui ne seraient pas dans un lieu, qui seraient sûres, qui seraient infalsifiables, qui seraient sécurisables. Il y a quelques initiatives qui vont dans ce sens mais c’est un peu plus long, un peu plus compliqué ; ça soulève d’autres difficultés techniques.
On pourrait avoir et on commence aussi à avoir aussi des contrats qui s’activent automatiquement. Qu’est-ce que c’est qu’un contrat ? Le cas qu’on a aujourd’hui : par exemple il y a AXA qui a mis en place – alors que ça ne marche que sur certains vols – une assurance qu’on peut prendre sur le vol qui, en cas de retard, va nous rembourser du montant sur lequel on est assuré. Notre contrat est directement enregistré dans la blockchain, il a des critères de déclenchement et si jamais notre vol a plus de deux heures de retard par exemple, automatiquement il va s’enclencher et on aura notre argent qui sera transféré.
Ça, ce sont quelques cas d’utilisation, mais en fait il y en a plein d’autres.
Imaginez qui vous avez un grand livre, ouvert, infalsifiable, que tout le monde peut lire, tout le monde peut écrire. Qu’est-ce que vous en faites ? Il y a vraiment plein de cas d’usage. Là on est au début, il y a plein de nouvelles choses qui vont arriver autour de ça.
Les principes fondateurs
Maintenant, si on va un peu plus loin sur la blockchain, sur quoi c’est fondé ? Quels sont les principes de base qui font que ça marche. Il y en a trois, trois grands principes.
Le premier principe c’est que un système décentralisé. Ça veut dire quoi un système décentralisé ? En fait on a un système qui est constitué d’un ensemble d’ordinateurs, un peu comme vous là, vous êtes tous là, vous êtes interconnectés, vous pouvez parler directement entre vous, vous n’avez pas besoin de passer par un tiers pour vous parler. D’accord ? Ce que quelqu’un vous a dit vous pouvez le partager avec quelqu’un d’autre. Vos données, pareil, elles sont distribuées, elles sont répliquées sur toutes les machines, en fait sur toutes les personnes. Et quand il y a une décision à prendre, eh bien il y a un consensus majoritaire qui valide la décision. Ce n’est pas une personne dans son coin, ce n’est pas une autorité de confiance qui dit « c’est comme ça ». C’est vous tous, ici présents, c’est la majorité qui dit « oui, c’est ça, je le valide. »
L’autre point super important c’est que les données sont infalsifiables et inaltérables. En fait ce fameux livre, ce fameux registre, on ne peut faire que écrire : on ne peut pas modifier, on ne peut pas effacer, on ne pas supprimer des pages. Et on écrit, on écrit, on ne fait que écrire !
Un troisième grand principe c’est que toutes les données, ce livre, tout le monde peut le consulter, tout le monde peut y accéder, tout le monde peut le voir. Maintenant il y a des variantes, aujourd’hui on a des blockchains dites semi-privées, voire privées, c’est un détournement de la blockchain originale, mais ça correspond à certains besoins spécifiques.
Comment ça marche techniquement ?
Là je vais essayer, pareil, pas de termes techniques. La blockchain, en fait, il y a deux mots dans blockchain. Le premier c’est « block », c’est-à-dire ce sont des blocs de données. Donc nos données, notre registre c’est ça Et donc, première chose, on a des données qu’on va écrire. Ces données, elles ont ce qu’on appelle une empreinte. Une empreinte, je vais en parler tout de suite, une empreinte c’est quelque chose en fait d’unique, de répétable. Je ne sais pas si vous voyez, quand je tape quelque chose, l’empreinte est calculée au fur et à mesure et elle change. À chaque fois elle est répétable, c’est-à-dire que si je mets le même texte, la même donnée, j’aurai la même empreinte. Si je change la moindre chose, mon empreinte va changer. Donc cette empreinte, en fait, elle est directement liée à la donnée. C’est une sorte de signature de la donnée. Par contre, on ne peut pas, à partir de l’empreinte, calculer la donnée ; on pourrait, mais c’est très compliqué et ça coûte très cher, donc on ne le fait pas.
Et on a ces fameuses empreintes, qui sont là, qui vont nous servir à lier les données. Et c’est là où on a, justement, la seconde partie, la chaîne. On a chaîné les éléments par nos empreintes. Et donc notre blockchain ce sont des blocs de données qui sont reliés les uns aux autres via les empreintes. Donc le bloc 1 il a une empreinte qui a été calculée. Le bloc 2 derrière, il rappelle en fait l’empreinte précédente. Il a ses nouvelles données et son nouveau bloc.
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Du coup, si on s’amuse à changer un bloc,