Pourquoi le LL est-il plus important que jamais
Titre : Pourquoi le logiciel libre est-il plus important que jamais.
Intervenant : Richard Stallman
Lieu : Paris, Cité des sciences
Date : Janvier 2014
Durée : 1 h 21 min 30
Source de la vidéo : https://www.april.org/enregistrement-video-de-la-conference-de-richard-stallman-le-26-janvier-2014-pourquoi-le-logiciel-libre
Lien vers la vidéo : http://media.april.org/video/20140126-richard-stallman-cite-des-sciences-paris/20140126-richard-stallman-cite-des-sciences-paris.ogv
Transcrit MO
RMS : Merci.Pour commencer, je veux vous demander deux choses : la première, si vous faites des photos de moi de ne pas les mettre dans Facebook, ni Instagram qui appartient à Facebook, parce que c'est un moteur monstrueux de surveillance, d'espionnage des gens. Je ne veux pas que Facebook possède des photos de moi et je vous propose de ne pas mettre les photos de vos amis dans Facebook, pour ne pas appuyer l'espionnage de vos amis. Si vous faites un enregistrement de cette conférence et que vous voulez en diffuser les copies, prière de le faire uniquement dans les formats favorables au logiciel libre et dans les manières favorables, c'est-à-dire de préférence dans les formats Ogg ou webM, surtout pas avec Flash, c'est-à-dire pas dans Youtube et pas avec QuickTime ou Windows Media Player. Et assurez-vous que l'utilisation normale du site permet de décharger des copies sans exécuter du code JavaScript privateur, c'est-à-dire pas dans Youtube. Mettez dans l'enregistrement la licence Creative Commons, No Derivatives, parce que c'est une présentation de mon point de vue.
C'est quoi le logiciel libre ? C'est le logiciel qui respecte les droits de l'Homme. Je peux expliquer le logiciel libre en trois mots : liberté, égalité, fraternité. Liberté parce que ces programmes respectent, permettent que l'utilisateur fasse comme il veut. Égalité, parce que, à travers un programme libre, personne n'a de pouvoir sur personne. Et fraternité parce que nous encourageons la coopération entre les utilisateurs. Mais spécifiquement qu'est-ce que ça veut dire ? Dans le logiciel il y a deux possibilités : ou les utilisateurs ont le contrôle du programme, ou le programme a le contrôle des utilisateurs. Il y a toujours l'un ou l'autre. Pour chaque programme, il y a l'un ou l'autre. Pour que les utilisateurs aient le contrôle du programme, ils ont besoin des quatre libertés essentielles. La liberté 0 est celle d'exécuter le programme comme on veut pour n'importe quelle fin, n’importe quel but. La liberté numéro 1 est celle d'étudier le code source du programme et de le changer pour que le programme fasse son informatique comme on veut. Avec ces deux libertés chaque utilisateur a le contrôle du programme, mais de manière individuelle, c'est-à-dire pour chaque utilisateur séparément. Mais le contrôle par un utilisateur à la fois ne suffit pas, surtout parce que la grande majorité des utilisateurs ne sait pas programmer. Ils ne savent pas exercer la liberté numéro 1. Qu'est-ce qu'ils peuvent faire ? Même pour un programmeur comme moi la liberté numéro 1 ne suffit pas. Chaque programmeur est occupé dans quelque travail. Personne n'est capable d'étudier et de bien comprendre le code source des milliers de programmes qu'il utilise. Les seuls utilisateurs capables de comprendre le code source de tous les logiciels qu'ils utilisent sont les états. Un état a beaucoup de ressources et peut engager assez de programmeurs pour que les équipes comprennent les programmes. Mais une personne non.
Ah ! c'est pour faire du thé. Oui mais dans quoi ? Merci. Et aussi de l'eau en plus, s'il vous plaît.
Donc il faut aussi le contrôle collectif par des groupes d'utilisateurs. Avec le contrôle collectif n'importe quel groupe d'utilisateurs peut collaborer dans l’exercice du contrôle du programme. Mais ils ont besoin des autres libertés essentielles. La liberté 2 est celle de faire et distribuer des copies exactes du programme aux autres quand vous voulez. Et la liberté 3 est celle de distribuer des copies de vos versions modifiées. Si chaque membre du groupe possède ces deux libertés, les membres du groupe peuvent coopérer dans le développement de leur version du programme et peuvent offrir des copies au public aux autres de leur version, quand ils veulent. Comme ça les utilisateurs ont complètement le contrôle de ce programme et le programme normalement fait vraiment ce que les utilisateurs désirent. Mais si les utilisateurs n'ont pas complètement le contrôle du programme, c'est le programme qui a le contrôle des utilisateurs et le propriétaire qui a le contrôle du programme. Donc ce programme, pas libre, est un instrument de pouvoir injuste du propriétaire sur les utilisateurs. C'est pour ça que le logiciel privateur est une injustice et ne devrait pas exister. Il faut lutter pour l'élimination du logiciel privateur parce que comme ça les utilisateurs auront le contrôle de leur informatique, contrôle qu’ils méritent tous.
Donc voici la question qui a motivé le lancement du mouvement pour le logiciel libre il y a trente ans. Je voulais rendre possible l'utilisation d'un ordinateur en liberté, ce qui était impossible, parce que tous les systèmes d'exploitation pour les ordinateurs modernes, en l'année 83, étaient privateurs. Nous appelons les programmes pas libres privateurs parce qu'ils privent de la liberté les utilisateurs. Voici l'injustice d'un programme pas libre : il prive de la liberté. Mais, à l'époque, bien que l'état privateur d'un programme était injuste, on pouvait supposer que les développeurs étaient honnêtes, qu'ils ne mettaient pas des fonctionnalités malveillantes dans les programmes. C’était choquant quand on découvrait une fonctionnalité d'espionnage ou une porte dérobée dans un programme, parce qu'il ne fallait pas faire comme ça, même pour le logiciel privateur. Mais les standards se sont baissés. Maintenant ce n'est plus choquant. C'est le cas usuel dans le logiciel privateur : il est malware. Normalement les développeurs n'ont plus honte parce qu'ils voient que les autres développeurs mettent toujours des fonctionnalités malveillantes dans le programme et chacun dit « Pourquoi pas moi ? Si les autres le font et ne sont pas punis. Pourquoi pas moi ? » Chacun ressent la tentation d'introduire des fonctionnalités malveillantes. Il y a trois formes de fonctionnalités malveillantes. Il y a les fonctionnalités d'espionner l'utilisateur, il y a les fonctionnalités de restreindre l'utilisateur, ça veut dire les menottes numériques. Il y a aussi les portes dérobées qui reçoivent des commandes depuis quelqu’un d'autre pour abuser l’utilisateur de quelque manière, sans lui demander l'autorisation de le faire. Maintenant presque tous les utilisateurs du logiciel privateur utilisent du malware connu privateur. Des exemples : Windows contient toutes les trois formes de la malveillance. Il a les fonctionnalités d'espionner, il a des menottes numériques et une porte dérobée universelle ; ça veut dire que Microsoft a le pouvoir d'imposer des changements de logiciels par force, à distance. Ça veut dire que n'importe quelle fonctionnalité malveillante qui n'est pas présente dans Windows aujourd'hui pourrait être imposée à distance demain. Windows est donc malvare universel.
Les systèmes d'Apple sont malware aussi. Mac OS contient des menottes numériques. Mais le système des iThings est bien pire, pas simplement pour les fonctionnalités d'espionnage que les gens ont trouvés, mais surtout parce que Apple a pris le contrôle même sur l'installation des applications. Les iThings sont des plates-formes de censure. Apple a imposé la censure des applications, la censure arbitraire, commerciale, qui devrait être illégale. La vente d'un ordinateur qui accepte le chargement de programmes-applications, mais sujets à la censure d'une entreprise, doit être illégale, mais elle n'est pas illégale. Donc c'est complètement injuste. C'est la perversion de l'informatique en système de contrôle des gens, ce que les critiques de l'informatique prévoyaient, la menace qu'ils prévoyaient depuis des décennies est arrivée dans les iThings. Et bien sûr, ayant vu les iThings, Microsoft a suivi le même chemin avec Windows 8.
Les systèmes d’exploitation d'Apple sont donc malware. Flash Player est malware et contient une fonctionnalité d'espionnage, plutôt de suivre les utilisateurs. Cette fonctionnalité permet que les sites suivent facilement les utilisateurs, et aussi des menottes numériques. Flash pPayer est gratuit mais pas libre. Cet exemple nous démontre que la gratuité ne compte pour rien. C'est la liberté qui est importante. Angry Birds aussi est malware, parce que ce programme espionne les utilisateurs. Les téléphones portables aussi. Chaque téléphone portable numérique est un ordinateur, programmable, peut-être pas par l'utilisateur. Si ce n'est pas un smartphone, l'utilisateur ne peut pas changer le logiciel, mais quelqu’un d'autre peut. Il y a une entreprise qui a le pouvoir d'installer des changements de logiciels, à distance, dans le téléphone portable, que ce soit un smartphone ou pas. C'est une porte dérobée universelle.
Et le pire c'est qu'ils ont employé cette porte dérobée pour convertir, parfois, des téléphones portables en dispositif d'écoute, qui écoutent tout le temps et transmettent tout le temps tout ce qu'ils écoutent. Et si vous pensez avoir un peu de vie privée, en éteignant le téléphone, surprise ! Le téléphone fait semblant de s'éteindre, pendant qu'il continue d'écouter et de transmettre. La seule manière de bloquer cet espionnage est d'enlever toutes les piles, si vous pouvez trouver toutes les piles ! Certains modèles ont une pile visible et grande, et une autre pile cachée, petite, mais suffisante pour peut-être une demi-heure d'écoute, et il y a des modèles qui ne permettent pas l’enlèvement de la pile. Pourquoi ? Je me le demande ! Et si vous portez un téléphone portable, le système sait toujours où vous allez. Donc un dispositif pour suivre et écouter les gens. Pour moi c'est le rêve de Staline. C'est la raison pour laquelle je n'ai pas de téléphone portable. C'est-à-dire que l'informatique a été transformée en système d'espionnage et de contrôle des gens par des entreprises et par les états, parce que les entreprises collaborent avec les états. Elles n'ont pas le choix, mais souvent, elles le font volontiers.
Grâce à Edward Snowden, nous savons jusqu'à quel point le gouvernement des États-Unis espionne tout le monde, y compris les citoyens américains et aussi les français. Nous ne savons pas jusqu'à quel point l'état français espionne les français parce que la France a éliminé les limites légales sur la surveillance de l'état, il y a quelques mois. La réaction au scandale révélé par Snowden a été d'enlever les freins à la surveillance. Avec tant de surveillance il n'y a pas de démocratie possible. Donc maintenant, ce qui était au commencement injuste pour le contrôle du propriétaire sur les utilisateurs est devenu encore pire. N'importe quel programme privateur doit être soupçonné d’être abusif. Quelques-uns le sont et quelques-uns ne le sont pas, mais nous ne pouvons pas savoir. Entre les trois types de fonctionnalités malveillantes, seules les menottes numériques se voient. Les fonctionnalités d’espionnage de l'utilisateur, les portes dérobées ne se voient pas, et sans étudier le code source, nous ne pouvons pas les identifier, sauf par hasard. Si nous avons de la chance, nous les détectons et normalement nous ne savons rien. Donc chaque programme privateur exige une foi aveugle des utilisateurs. Comment dit-on en français « sucker » ? Est-ce qu'il y a un mot ? Quoi ? Plus fort, je n'entends rien ! Quoi ? Non « a sucker » veut dire quelqu'un facile à tromper. Une victime prête.
Public : Pigeon
RMS : Un pigeon ? N’importe quel programme privateur est un logiciel pour les pigeons. Merci ! Donc il faut rejeter le logiciel privateur. Mais pourquoi ? Est-ce qu'il y a des fonctionnalités malveillantes dans le logiciel libre ? De temps en temps il y en a, mais c'est rare parce que les contributeurs au logiciel libre ne ressentent pas la même tentation que les propriétaires du logiciel privateur. Nous ne sommes pas des propriétaires. Nous n'avons pas de pouvoir sur les utilisateurs de nos programmes. Les utilisateurs enfin ont le contrôle. Si quelqu'un met quelque chose d'injuste dans un programme libre, les utilisateurs ont le pouvoir de le changer. Voici notre défense. La seule défense connue contre le malvare. C'est-à-dire respecter les droits de l'Homme de l'utilisateur. Mais maintenant c'est plus important que jamais. Il peut y avoir des exceptions, mais vous devez supposer que si vous utilisez un programme privateur, ce programme vous abuse. Mais il y a aussi l'internet. Pour ceux qui utilisent l'internet, les droits de l'Homme doivent s'étendre aussi à l'internet. Maintenant nous savons que l'internet est un système de surveillance, que presque tout est surveillé, et pas seulement l'internet. Les autres systèmes numériques de la vie espionnent les utilisateurs. Je suis venu ici dans un Autolib', mais si j'habitais Paris je n'utiliserais jamais les Autolib', parce que je ne veux pas m'identifier avec où je vais. Je prendrais le métro. Quoi ?
Public : Prendre le métro aussi.
RMS : Dans le métro quoi ?
Public : On est hyper surveillés dans le métro.
RMS : Mais je n'utilise pas le Navigo ! J'achète des billets. J'achète un carnet.
Public : Vous payez en espèces.
RMS : Bien sûr je paye en liquide. Il faut payer en liquide pour ne pas être surveillé. Mais il serait possible de développer le logiciel des Autolib' ou des Vélib' pour ne pas surveiller les utilisateurs. Techniquement ce serait possible, mais on répond « Parfois il y a des criminels, il faut les chercher». Bien sûr . Quand le tribunal émet l'ordre de surveiller quelqu'un, l'état doit pouvoir le faire. L'état ne doit jamais surveiller tout le monde, seulement les individus sujets aux ordres du tribunal. Il faut fabriquer les systèmes numériques pour ne pas surveiller tout le monde, pour surveiller uniquement, pour suivre uniquement, ceux qui sont sujets aux ordres légaux. Ça c'est respecter les droits de l'Homme.
1h 49min 25
Mais pourquoi est-ce que la démocratie est en danger ? L'état est l'entité la plus puissante dans notre vie. Si l'état commet des crimes, l'état peut tuer des millions et facilement des milliers. L'état peut mettre n'importe qui en prison. Il y a des terroristes, pas associés avec l'état, mais ils sont moins puissants. Le mal qu'ils sont capables de faire est beaucoup plus petit. Mais nous avons besoin de l'état. Pour avoir l'état de bien-être, il faut d'abord l'état. Donc l'état est nécessaire. Mais pour assurer que l'état ne nous attaque pas, il faut la démocratie. Il faut que les citoyens aient le contrôle de l'état. Mais pour exercer ce contrôle les citoyens doivent savoir ce que fait l'état. Cependant l'état agit secrètement. Comment exercer le contrôle sur les activités secrètes de l'état ? Il faut savoir ce que fait l’état. Comment le savoir ? Il y a une ancienne question célèbre. Je ne sais pas la traduire : « Who watches the watchmen ? » Comment dire ? Qui surveille les surveillants ? Maintenant nous savons. Les révélateurs de secrets surveillent les surveillants, « the whistleblowers », les héros comme Snowden, Autre chose que je ne sais pas traduire « Free cheers for Edward Snowden : Hip, hip hooray ! Hip, hip hooray ! » Comment est-ce que ça se dit en français ? Est-ce qu'il y a un équivalent ? Il faut me parler fort. Je n'entends pas bien.
Public : Hip, hip, hip, hourra !
RMS : Quoi ? Free cheers. For so and so. Hip, hip, hooray ! Hip, hip hooray. C'est quoi la coutume française ? Est-ce qu'il y a une coutume équivalente ?
Public : Nous aussi on a une coutume courante.
RMS : Quoi ?
Public : Hip, hip, hip, hourra ! Nous aussi on l'a. Nous aussi on le fait.
RMS : Je n'entends pas les mots qu'il dit.
Public : Hip, hip, hip, hourra !
RMS : Pip pip pip hourra !
Rires
RMS : Merci beaucoup. Pip pip pip hourra !
Public : Hip, hip, hip, hourra !
RMS : De toutes manières il faut le dire, il faut reconnaître l’héroïsme de Snowden, parce qu'il y en a qui veulent lui salir le nom, tâcher son nom comme un espion russe, etc, traite. Mais il est le héros de mon pays. Et potentiellement de votre pays aussi. Mais vous devrez agir, vous devrez organiser pour en profiter. Pour révéler les secrets de l'état au public, celui qui veut le faire doit communiquer avec un journaliste. Si l'état espionne toutes les communications, si l'état possède la liste de tous les appels, l'état peut facilement déterminer qui a révélé les secrets pour le mettre en prison. Et qui oserait révéler des secrets ? C'est pour ça que Snowden a dû être tellement héroïque pour le faire parce qu'il savait qu'il serait détecté. Évidemment ce n'est pas bon que la révélation des secrets, ceux de l'état, soit si dangereux. Il ne faut pas que l'état suive tous les appels, toutes les communications gens. Il faut que l'état ne soit pas capable de savoir qui a communiqué avec un journaliste. Il faut des moyens de communication pas suivis, anonymes, pour maintenir la démocratie, pour maintenir c'est-à-dire, le contrôle démocratique du peuple sur l'état.
Donc j'ai établi la limite maximum de la surveillance des gens dans une démocratie. Quand la surveillance générale dépasse le niveau où l'état sait qui a parlé avec qui, plus de démocratie ! Il faut fabriquer les systèmes numériques pour ne pas atteindre ce niveau de surveillance générale. J'ai proposé comment le faire avec plusieurs moyens. Il faut commencer avec du logiciel libre dans n'importe quel ordinateur, bien sûr, mais toute la surveillance n'est pas faite à travers de votre ordinateur. Quand la surveillance est faite dans l'internet, dans les fournisseurs de connexion ou dans les câbles océaniques ou en suivant les voitures dans les rues ou par les cartes Navigo ou par les Vélib', il faut d'autres moyens. Et c'est possible. Ce qu'il faut est un mouvement organisé contre la surveillance totale des gens, contre l'accumulation de dossiers massifs sur chacun.
Voici où commence le problème. Quand les systèmes accumulent des dossiers sur chacun, plus tard, peut-être des années plus tard, l'état peut consulter les dossiers pour savoir qui a communiqué avec qui il y a cinq ans, où est allé chacun il y a cinq ans. Et comme ça, pas de communication, pas d'action anonyme. Donc pas de révélation des secrets, pas de démocratie ! Dans mon article gnu.org/philosophy/surveillance-vs-democracy.html, j'ai proposé des solutions pour beaucoup de cas, employant plusieurs moyens. Un autre moyen pour les systèmes qui doivent accumuler des données est de garder les données sur place sans les rendre accessibles à l'internet. Par exemple la différence entre un camarade surveillance et un camarade sécurité. Le camarade sécurité garde l'enregistrement chez lui et pour le regarder il faut y aller et enlever le disque, la bande ou quoi que ce soit. Quand il y a une raison suffisante on le fait. Quand il n'y a pas de raison suffisante on ne le fait parce que c'est trop de travail. Donc la maintenance de ces enregistrements dans le dispositif est un obstacle à la surveillance générale.
Par contre le camarade surveillance fournit ses enregistrements à l'internet de manière à ce qu'ils puissent être facilement centralisés, ramassés dans un seul lieu et donc suivre tout le monde tout le temps. Il y a aussi d'autres solutions, d'autres moyens que je n'ai pas besoin de mentionner aujourd'hui. je veux dire d'autres points de plus.
2 h 00 min 22
Il y a des gens qui ne disent pas logiciel libre qui disent à la place open source. Pourquoi ? Parce qu'ils ne veulent pas poser la question des droits de l'Homme. Ils voudraient plutôt l'oublier. Ils parlent des bienfaits pratiques, du modèle de développement souvent utilisé dans le logiciel libre pour ne pas regarder les questions plus profondes. Les programmes qu'ils développent souvent sont libres et dans ce cas ce qu'ils font est éthique. Mais c'est très dangereux de ne pas faire attention aux questions profondes. Notre futur dépend surtout de nos valeurs. Donc il faut parler des droits de l'Homme. Il faut communiquer les valeurs des droits de l'Homme. Il ne suffit pas de les valoriser dans sa cervelle. Oui il faut le faire, mais il faut aussi parler aux autres de ce sujet pour maintenir la force sociale de valeur des droits de l'Homme. Donc voici l'erreur de open source. Moi je ne participe aux activités qui lèvent le drapeau ou le slogan d'open source parce que je veux que mes travaux soutiennent aussi l'attention aux droits de l'Homme. Donc je choisis les activités qui lèvent le drapeau du logiciel libre. Il y en a assez et vous pouvez aussi le faire.
Les écoles surtout et toutes les activités éducatives doivent enseigner uniquement du logiciel libre, parce qu'enseigner l'utilisation d'un programme privateur est l'implantation de la dépendance vers une entité, ce qui est un problème social qui ne doit pas exister, qui doit être éliminé. L'école ne doit pas promouvoir un problème social, la dépendance envers quelqu’un. L'école doit enseigner l'utilisation du logiciel libre pour former des utilisateurs habitués au logiciel libre et prêts à participer à une société libre, une société numérique libre dans ce cas.
Il y a aussi le but de la formation de bons programmeurs. Quelques-uns possèdent un talent spécial dans la programmation. Ils sont des programmeurs nés. Mais pour devenir de bons programmeurs ils doivent apprendre à bien écrire le code, et à l'âge de dix à treize ans d'habitude, ils se trouvent fascinés par l'informatique, fascinés par la programmation. S'ils utilisent un programme, ils veulent savoir comment est-ce qu'il fait ça ? Mais quand ils veulent savoir, si le programme est privateur, ils ne peuvent rien savoir. Tout est secret. Le professeur doit leur dire « Nous ne pouvons rien apprendre sur ce programme. »
Tout programme incorpore des connaissances. Dans le cas du privateur, ce sont des connaissances niées aux étudiants, c'est-à-dire l'ennemi de l'esprit de l'éducation. L'école ne doit jamais tolérer la présence de programmes privateurs, sauf comme objets de l'ingénierie inverse. Mais si le programme est libre et l'élève veut comprendre comment il fonctionne, le professeur peut le lui expliquer, puis lui offrir sa copie du copie du code source de ce programme en lui disant « Lis-le et tu pourras tout comprendre ». Cette jeune personne le lira parce qu'elle est fascinée et soutenue par le fort désir de tout comprendre. Et puis le professeur peut lui dire : « Si tu quelque point que tu ne comprends pas seul, montre-le moi et nous pourrons le comprendre ensemble ». Voici l'opportunité d’apprendre que ce code n'est pas clair. Si même les programmeurs nés ne peuvent pas le comprendre, évidemment c'est du code très mauvais. Il ne faut pas l'écrire comme ça. Mais pour en faire des bons programmeurs, ils doivent apprendre que ce code n'est pas clair. Pour apprendre à bien écrire du code il faut lire beaucoup de code et écrire beaucoup de code. Seul le logiciel offre l'opportunité de lire beaucoup de code des grands programmes qui sont utilisés. Puis il faut écrire du code du code pour des grands programmes. Mais dans ce travail il faut commencer petit, c'est-à-dire écrire des petits changements dans des grands programmes. Seul le logiciel libre offre cette opportunité.
N'importe quelle école peut offrir l'opportunité de maîtriser le talent de la programmation, mais seulement en étant une école du logiciel libre. Mais il y a une raison plus profonde pour l'éducation à la citoyenneté, l'éducation morale. L'école doit enseigner l'esprit de bonne volonté, c’est-à-dire l'habitude d'aider les autres. Chaque classe doit avoir la règle suivante : si un élève apporte un programme dans la classe, il ne peut pas le garder pour lui. Il doit le partager avec les autres, y compris son code source, pour le cas où quelqu'un veut apprendre, parce cette classe est un lieu pour partager les connaissances. Donc il n'est pas autorisé d'apporter un programme privateur à cette classe sauf pour la pratique de l'ingénierie inverse. Mais l'école doit donner le bon exemple en suivant sa propre règle, c’est-à-dire l'école doit apporter uniquement du logiciel libre à la classe pour partager des copies avec tous dans la classe, y compris le code source, sauf dans la pratique de l'ingénierie inverse qui est très importante. Toutes les universités doivent enseigner les techniques de l'ingénierie inverse. C'est très important pour notre progrès. Maintenant pour davantage d'informations, il y a les sites gnu.org, fsf.org, fsfe.org, c'est fsf Europe et april.org. Et les trois derniers sites sollicitent votre adhésion. Si vous voulez adhérer à l'FSF et payer, comment dit-on, une cotisation annuelle en liquide, vous pouvez le faire avec moi. Je suppose que pour l'April, si Frédéric est toujours présent, il peut accepter des cotisations pour l'April ici. Vous pouvez aussi le faire par les sites web si vous acceptez de faire des paiements numériques suivis. Moi je ne le fais pas.
Maintenant je vous présente mon autre identité.
2h 11 min 37
Je suis le saint IGNUcius, de l’église d'Emacs. Je bénis ton ordinateur mon fils. Emacs était au commencement un programme éditeur extensible de texte, que j'avais écrit, qui est devenu, au cours des années, une manière de vie pour beaucoup d'utilisateurs parce qu'il a été amélioré jusqu'au point où ils pouvaient faire toute leur informatique sans jamais sortir d'Emacs. Et puis il est devenu une église avec le lancement du groupe de notices alt.religion.emacs, dont la visite peut vous divertir. Dans l’église d'Emacs nous n'avons pas de services, seulement des logiciels. Nous avons un grand schisme entre plusieurs versions rivales d'Emacs et nous avons aussi des saints mais pas de dieu. Au lieu de dieu nous adorons l'unique vrai éditeur Emacs. Pour vous faire membre de l'église d'Emacs, il faut prononcer la profession de foi. Il faut dire : « Il n'y a pas d'autre système que GNU et Linux est un de ses noyaux ». Puis si vous devenez très expert vous pouvez le célébrer avec notre cérémonie la foobar mitzvah, dans laquelle vous chantez une portion de notre texte sacré, c'est-à-dire le code source du système d'exploitation. Nous avons aussi le culte de la vierge d'Emacs, qui se réfère à n’importe qui n'ait jamais utilisé Emacs, et selon l'église d'Emacs lui offrir l'opportunité de perdre la virginité d'Emacs est un acte béni.
Nous avons aussi le pèlerinage d'Emacs, ce qui veut dire invoquer toutes les commandes d'Emacs en ordre alphabétique. Il y a une secte tibétaine qui croit qu'il suffit de les invoquer automatiquement sous le contrôle d'un script, mais l'église principale croit que pour gagner du mérite spirituel il fut les taper à la main.
L'église d'Emacs a des avantages, comparée à d'autres églises, que je ne vais pas citer. Par exemple être saint dans l'église d'Emacs n'exige pas le célibat, mais exige de vivre une vie pure et éthique. Il faut exorciser, c'est correct ?, exorciser les systèmes privateurs et diaboliques qui ont possédé des ordinateurs sous votre contrôle ou les ranger pour votre utilisation régulière et installer un système pur et libre, sain et libre ; en anglais je dirais « a holy free system » . Et puis n'utilisez et n'insérez que du logiciel libre sur et dans le système et si vous faites ce vœu et si vous le suivez vous serez aussi saint et vous aurez le droit de porter l'auréole si vous en trouvez une parce qu'ils ne les fabriquent plus. Quelques-uns m'ont demandé si mon auréole est vraiment un vieux disque dur d'ordinateur. ce n'est pas un disque dur, c'est mon auréole, mais c'était un disque dur dans une vie antérieure. Merci beaucoup.
Applaudissements.
Richard salue le public à diverses reprises.
2h 17 min 10
RMS : Où se trouvent les autocollants ? Est-ce que les autocollants sont disponibles à prendre ? Il faut les mettre à la disposition des gens qui sortent.
Intervenant : On va les mettre.
RMS : Oui, oui, oui. Il y a aussi des petites marchandises de la FSF à vendre, des badges, des grands badges pour trois euros, des autocollants métalliques, qui disent Gnu et Linux, dedans, en anglais, pour deux euros. Ah ! Mais je dois vendre aux enchères ce petit gnou adorable. J'étais en train de l'oublier. Où sont les petits badges ? Il y en a. Quelque part il y en a. Oui, il y a aussi les petits badges pour deux euros qui portent la tête de gnou. Voici le petit gnou adorable qui a besoin d'une famille. Je vais le vendre aux enchères au bénéfice de la FSF. Si vous achetez le Gnou, je peux signer la carte. Si vous avez un manchot chez vous, vous avez besoin de gnou pour le manchot parce que comme nous savons, le manchot ne peut rien faire sans gnou. Quand vous renchérissez prière d'agiter la main et de crier le prix que vous offrez pour que je l'entende parce que j'ai des problèmes auditifs. Nous pouvons accepter le paiement en liquide ou par carte de crédit si elle peut faire des achats internationaux par téléphone. Je resterai ici pour répondre aux questions pendant une demi-heure peut-être, vous aurez le temps d'aller retirer de l'argent. Donc je commence avec le prix normal de vingt euros. Est-ce que j'ai vingt euros ? Combien ?
Public : Vingt-cinq.
RMS : Vingt-cinq. J'ai vingt-cinq.
Public : Vingt-sept.
RMS : Oh non ! Je ne veux pas augmenter avec si peu, donc trente et plus.
Public : Trente.
RMS : J'ai trente euros.
Public : Quarante.
RMS : J'ai quarante.
Public : Quarante-cinq.
RMS : Quarante-cinq. J'ai quarante-cinq.
Public : Cinquante.
RMS : J'ai cinquante. Est-ce que j'ai cinquante-cinq ?
Public : Cinquante-cinq
RMS : J'ai cinquante-cinq. Est-ce que j'ai soixante?
Public : Soixante.
RMS : J'ai soixante. Est-ce que j'ai soixante-cinq ? Soixante-cinq euros pour ce gnou adorable. Combien ?
Public : Soixante-dix.
RMS : J'ai Soixante-dix. Est-ce que j'ai soixante-quinze ? J'ai soixante-quinze. Est-ce que j'ai quatre-vingt ? Quatre-vingt euros pour ce gnou adorable. Quatre-vingt euros pour la FSF. Combien ? J'ai quatre-vingt est-ce que j'ai quatre-vingt-cinq ? Quatre-vingt-cinq quelqu'un ? Quatre-vingt-cinq quelqu'un pour ce petit gnou adorable. Quatre-vingt-cinq ou plus à la FSF pour protéger la liberté ? Quatre-vingt-cinq ou plus ? C'est la dernière opportunité. Un, deux, trois. Vendu pour quatre vingt.
Applaudissements.
RMS : Venez. Venez payer. Comment voulez-vous payer ?
Heureuse propriétaire : En espèces.
RMS : D'accord. C'est bon et je le signerai après les questions. Venez.
Heureuse propriétaire : Je vais aller chercher...
RMS : D'accord, j'attends. Donc les questions. Il faut me parler fort et lentement parce que je suis dur d’oreille. Même avec le micro il faut parler fort et lentement. Est-ce que je peux avoir un siège ? Merci.
2h 23min 00
Yves : Firefox, open source or free ?
RMS : Cette question n'a pas beaucoup de sens.
Yves : OK.
RMS : Presque tous les programmes open source sont libres. Mais il y a une différence, une différence pratique, ou plutôt deux différences pratiques. La première c'est que, il y a quinze ans, quelques-uns ont proposé et utilisé des licences que nous avons rejeté comme pas libres car trop restrictives, pendant que ceux d'open source les ont acceptées. Donc il y a des licences, peut-être des dizaines de licences, qui sont open source mais pas libres. Mais est-ce qu'il y a encore des programmes distribués sous ces licences ? Je ne sais pas. Peut-être pas. Peut-être qu'ils ont disparu ou changé de licences, parce qu' il y a beaucoup d'années que je n'ai pas vu de programmes sous une de ces licences. peut-être qu'elles ont disparu. Ce serait bon
Mais l'autre différence pratique entre l'open source et le logiciel libre est devenue très importante. Il y a des ordinateurs tyranniques qui ne permettent pas que l'utilisateur exécute un autre système que celui qui a été livré avec le produit et souvent le noyau de ce système est Linux et donc il vient avec son code source. L'utilisateur peut changer ce code source et compiler sa version mais il ne peut pas mettre sa version dans l'ordinateur et l'utiliser, parce que l'ordinateur a été fabriqué pour le rejeter. Nous disons que le code source de cette version de Linux, le noyau, est libre parce qu'il est publié sous une licence libre, c'est la version 2 de la licence publique général de gnu. le code du noyau est libre mais l'exécutable dans la machine n'est pas libre parce que l'utilisateur ne peut pas le changer.
Tandis que ceux d'open source regardent la même situation et disent « Oui ce programme est open source ! », parce qu'ils ne considèrent que le statut du code source et bien sûr ils regardent ce code source avec sa licence et disent c'est open source et nous disons que ce code source est libre. Mais nous faisons attention aussi à la liberté de l'utilisation dans la machine, mais eux non ! Voici la différence la plus importante entre open source et logiciel libre. Mais comparé à la totalité du logiciel libre, c'est une petite fraction. Donc, en pratique il y a une différence pratique entre l'open source et le logiciel libre, mais c'est une petite fraction importante.
Mais la grande différence se trouve au niveau philosophique, au niveau des valeurs. pour nous les valeurs sont les droits de l'Homme. Pour eux les valeurs sont pratiques et rien de plus profond. Mais est-ce que Firefox est open source ? Est-ce que Firefox est libre ? Presque, mais non, parce que le nom et le logotype de Firefox portent des restrictions contre la rediffusion. Le code même est libre, mais l'ensemble ne l'est pas. Pour que ce soit libre, il faut ôter le nom Firefox et les logotypes. C'est pour cette raison que Debian contient Iceweasel. Ils ont changé le nom et le logotype pour s'échapper des restrictions sur le nom et sur le logotype. Ils ne changent pas le code, mais ils lui ôtent le nom. Nous dans notre navigateur IceCat, nous changeons plus, parce que nous voulons protéger la vie privée de l'utilisateur.
Il y a des fonctionnalités abusives dans Firefox et il y a des fonctionnalités de tout navigateur que les sites ont appris à abuser pour suivre les utilisateurs, les visiteurs. Donc nous développons le code pour bloquer le suivement, comment dit-on, le traçage des utilisateurs. Ces fonctionnalités n'étaient pas conçues pour le traçage des utilisateurs, mais elles ont été perverties pour le faire. Donc il faut les désactiver.
Est-ce que Firefox est open source ? Je m'en fiche. Je ne m'intéresse pas à l'open source. Je soutiens le logiciel libre, en anglais free software. Mais nous disons aussi parfois libre, même en anglais, pour emphatiser qu'il s'agit de la liberté et pas de la gratuité.
Public inaudible au début : Je voudrais parler .........est-ce que vous pouvez nous parler de l'entreprise.... le logiciel libre, surtout actuellement il y a un phénomène, ça s'appelle le cloud. Qu'est-ce que vous pensez du cloud ?
RMS : Ce n'est pas un phénomène, c'est une confusion de beaucoup de pratiques différentes.
Public : Alors c'est tout le monde qui parle de ça pour les entreprises.
RMS : Beaucoup ont confondu.
Public : C'est ça.
RMS : Pour comprendre ces pratiques, il faut d'abord rejeter la confusion. Il faut distinguer les pratiques. Donc je rejette l'expression cloud. C'est nébuleux. Donc je ne dis pas cloud. De quoi s’agit-il ?
Public : Par exemple l'IaaS, l'Infrastructure as a Service, comme le projet Open Stack. Il y a le cloud privé, le cloud hybride.
RMS : La location de serveurs virtuels.
Public : Est-ce qu'on peut mettre ses données chez quelqu'un ?
RMS : Pas de problème. Ah ! C'est autre chose. Il y a deux questions. Vous confondez plusieurs questions. La première question si vous voulez louer un serveur virtuel, est-ce que c'est bon ou mauvais pour vous ? Je trouve que c'est bon pour vous si vous avez le contrôle du logiciel qui tourne dans le serveur virtuel. Pour la sécurité, ce n'est pas la même chose que d'avoir la machine chez vous. Mais dans le cas où vous n'avez pas besoin de telle sécurité, c'est acceptable. On peut louer une machine physique, à distance, et on peut louer une machine virtuelle à distance. Les deux sont égaux quand au contrôle de l'informatique. Donc je trouve que l’utilisation d'un serveur à distance loué est acceptable. Il faut utiliser du logiciel libre dedans, mais c'est normal de le faire dans ce cas.
Mais si ce que vous faites avec ce serveur est d'offrir un service au public, il y a une autre question. Est-ce que ce service est éthique envers les utilisateurs du service ? C'est une autre question et la réponse dépend des détails. Si le service offre d'héberger les données de l'utilisateur, c'est un service aux pigeons ! Il ne faut jamais confier vos données au serveur d'un autre. C'est les confier à la NSA et à l'état français et à beaucoup d'autres états et peut-être à d'autres, même, qui ne sont pas des états. Peut-être à des groupes criminels. C'est l'informatique aux pigeons ! Maintenant vous voyez pourquoi il faut distinguer les pratiques. Parler de cloud finit dans la confusion, c'est inévitable.
Public : Qu'est-ce que vous pensez des crypto 46 comme le Bitcoin, comme une alternative à ce que vous...
RMS : D'abord je ne connais pas assez la cryptographie ni l’économie pour juger profondément, comment dit-on, je ne sais pas le dire en français, pour juger une crypto monnaie ou quoi que ce soit. L'idée, en général, me paraît bonne, parce que ça permet d'éviter les restrictions contre par exemple d’appuyer Wikileaks. Le gouvernement des États-Unis a essayé de chasser Wikileaks de l'internet et de bloquer l'envoi d'argent vers Wikileaks. Mais grâce à Bitcoin on peut le faire. Mais Bitcoin a un problème : le payeur n'est pas anonyme. Dans Bitcoin aucune transaction n'est anonyme. Chaque transaction est enregistrée dans la chaîne de Blocs avec la bourse de paiement et la bourse qui reçoit le paiement et si cette bourse est associée à quelqu'un tout le monde sait qui a payé, qui a reçu. Théoriquement les bourses peuvent exister sans être associées mais comment mettre une valeur dans sa bourse ? Il faut échanger de l'argent pour des Bitcoins. Et on fait ça si on paie avec une carte de crédit, la transaction est associée avec soi.
Il faut, pour libérer le web, une manière de payer de façon anonyme à un site web. Il y a des projets pour construire des paiements anonymes sur la plate-forme de Bitcoin. C'est un chemin pour y arriver, mais nous savons aussi faire des espèces numériques de manière à ce que A peut acheter des espèces numériques à sa banque et la banque saura qui achète les espèces. Ensuite payer des espèces à B et B peut les convertir en espèces chez sa banque et la banque saura que B aura reçu de l'argent par les espèces numériques, mais personne ne peut savoir que c'est A qui a payé à B. C'est un système cryptographique très astucieux, très malin, qui a été inventé par David Chaum il y a vingt ans ou plus.
Public : Vous parliez d'installer des logiciels libres dans le domaine de l'éducation. J'aimerais vous demander comment on peut faire pour faire en sorte que notre lieu d'éducation, comme un lycée ou une école, soit favorable au logiciel libre ?
RMS : C'est une question de politique. Il faut organiser les gens. Il faut créer un mouvement politique. Ce n'est pas facile et je ne sais pas le faire en France. Je ne suis pas français, je suis étranger.
Public : Mais moi, en tant qu'élève, comment je peux faire au niveau local, juste au niveau de mon établissement ?
RMS : D'abord présenter la question aux autres, pour les rendre conscients de la question et de l'injustice du logiciel privateur. Puis il faut aussi refuser personnellement d'utiliser les programmes privateurs, au moins jusqu'à un certain point, visibles par les autres, pour donner l'exemple de refuser, peut-être au prix de quelques sacrifices personnels, parce que être prêt à faire un sacrifice démontre que tu valorises la liberté. Il y en a beaucoup qui disent « Ah oui je voudrais bien migrer vers le logiciel libre quand il y aura quelque chose de libre aussi commode, tout aussi commode que ce programme privateur que j'utilise. Quand ce sera complètement facile, je le ferai. » Ce qu'ils disent, c'est qu'ils ne valorisent pas la liberté. Pour eux, la valeur de la liberté est plus ou moins zéro. Parfois la liberté exige un sacrifice, mais en faisant le sacrifice, tu peux démonter aux autres que pour toi c'est une question sérieuse. Il faut aussi demander des changements. Les changements peuvent procéder par étapes. La première étape peut être d'avoir l'autorisation d'utiliser au moins un ordinateur avec un système libre dans l'école et le connecter au réseau de l'école de quelque manière. Moi si une classe exigeait que j'utilise un programme privateur, je dirais non. Je dirais même si je ne passe pas cette année, je ne vais pas dans cette classe. Je ne peux pas le faire comme ça. Mais prière de m'offrir l'opportunité, prière de m'autoriser à faire des études dans cette classe avec du logiciel libre et le travail supplémentaire sera pour moi. J’accepte de faire plus de travail pour le faire éthiquement, selon ma conscience.
D'autres questions ? Je n'entends rien.
Public : Par exemple dans les téléphones. Est-ce que la Free Software Fondation a favorisé le logiciel libre dans les téléphones ?
RMS : Oui nous le faisons.
Public : Est-ce que c'est très compliqué ?
RMS : D'abord laissez-moi répondre. Il y a une version libre d'Android. Android est partiellement libre, partiellement privateur. Mais il y a une version complètement de logiciel libre qui s'appelle Replicant, développée par des français et vous pouvez facilement y participer. Pourquoi pas ? Nous avons besoin de main d’œuvre. Mais Replicant ne sait pas fonctionner dans tous les modèles, parce qu'il faut l'adapter à chaque modèle. Il faut du travail parce qu'il y a des interfaces secrètes qu'il faut découvrir pour adapter Replicant à chaque modèle. Il faut de l'ingénierie inverse. Dans les téléphones il y a un problème inévitable, incorrigible, sauf en fabricant d'autres téléphones. J'ai dit qu'il y a une porte dérobée universelle dans les téléphones portables. Dans les téléphones portables d'habitude il y a deux processeurs : le processeur principal qui tourne le système d'exploitation et les applications et l'autre processeur qui s'appelle le modem qui communique avec le réseau téléphonique. La porte dérobée est dans le modem. Mais selon les circuits du téléphone le modem peut prendre le contrôle de l'autre processeur et remplacer tout son logiciel. Donc sous le contrôle, à distance, par cette dérobée, ils peuvent remplacer n’importe quel système d'exploitation que vous avez installé. La seule manière de bloquer ce processus est par la fabrication du téléphone de manière à ce que le modem ne puisse pas prendre le contrôle de l'autre processeur. Il y a des modèles fabriqués comme ça, en petites quantités. Je n'entends rien.
Public : Ubuntu est en train de créer une gamme de portables comme ça.
RMS : Vraiment ?
Public : Avec Linux-Ubuntu.
RMS : A mais ce n'est pas Linux, c'est le système Gnu. Ubuntu est le système Gnu. Mais ils ne le reconnaissent. Ils l'appellent Linux, ça veut dire qu'ils ne reconnaissent pas notre travail, ce qui n'est pas bon. Prière de ne pas les suivre. dans leur erreur.
Public : Ubuntu fait ça en ce moment, travaille.
RMS : Vous êtes certain qu'ils construisent des téléphones de manière à bloquer cette porte dérobée ?
Public : Ils sont allés en Corée justement pour voir
RMS : Est-ce que vous pouvez m'envoyer le texte qui le dit ?
Public : Un lien ?
RMS : Ou un lien. Ce serait très intéressant. Ubuntu est une des distributions Gnu et Linux qui contient des programmes privateurs, donc nous ne pouvons pas le recommander. Nous avons une liste de distributions complètement libres, c'est-à-dire dont tous les composants sont libres dans gnu.org/distros. Donc nous ne pouvons recommander Ubuntu. Mais si le support physique est meilleur nous pouvons produire quelque chose de complètement libre, enfin, parce que peut-être qu'il faut de l'ingénierie inverse, mais enfin nous pourrons distribuer quelque chose de tout à fait libre pour utiliser ces modèles de téléphone. Ce serait intéressant.
Public : J'avais deux questions, tout d'abord une pour l'assemblée, savoir, juste à titre indicatif, qui est programmeur ou professionnel de l'informatique dans la salle.
Richard lève le bras.
Public : OK. Donc c'est bien ce que je pensais.
RMS : Et qui ne l'est pas ?
Public : En fait la question que j’avais pour vous c'est comment faire pour, donc là on voit que c'est à peu près moitié moitié avec une légère majorité pour les gens de l'informatique, comment faire pour séduire, on va dire les néophytes, les gens qui ne sont pas directement touchés par ces questions-là alors que vous avez soulevées ?
RMS : Oui, mais tous les utilisateurs sont touchés directement par les abus de leurs droits de l'Homme. Donc les arguments pratiques, offerts par les gens d'open source, d’habitude n'intéressent que les informaticiens. Mais les arguments éthiques que nous présentons dans le mouvement pour le logiciel libre peuvent être compris par n'importe qui. il y a même des activistes du logiciel libre qui ne sont pas des informaticiens, par exemple le président de l’Équateur est activiste du logiciel libre. Il ne faisait pas de l'informatique mais il a bien compris les questions éthiques. Qu'est-ce que j'ai dit qu'il fallait être informaticien pour comprendre ? J'espère que non. Ce qu'il faut c'est prendre au sérieux les droits de l'Homme. Dans le passé quand j'énumérais les droits de l'Homme, je disais toutes les choses que Sarkozy déteste. Il les déteste toujours, mais c'est moins pertinent !
Organisateur : Une question peut-être sur l'IRC.
RMS : C'est la dernière question parce que je me fatigue.
Public : Merci de nous avoir parlé en français. Je voulais savoir si vous pensez ou si vous savez si l'administration américaine est aussi accroc des logiciels Microsoft que l’administration française.
RMS : Je ne sais pas. je n'ai pas de communication avec l'administration américaine. Il n'y a pas de règle générale. C'est ce que je sais. Chaque agence fait comme elle veut et il y a beaucoup de niveaux de gouvernement mais il n'y a pas beaucoup d'utilisation de logiciels libres dans l'administration américaine.
Public : Merci.
RMS : Il y en a plus en France.
Public : Je le pense oui.
Public : Sauf au Ministère de la Défense.
RMS : Il faut migrer au logiciel libre dans les forces armées parce que l'utilisation de programmes privateurs rend vulnérable la sécurité nationale. Quoi ?
Public : C'est l'inverse. Il y a le projet par exemple qui s'appelle Open Bar. C'est ??? de logiciels de Microsoft pour le Ministère de la Défense, alors que le gendarmerie française, c'est le contraire. Elle fait dans les logiciels libres.
RMS : Ah ! Donc c'est idiot ce que fait le Ministère de la Défense. Il rend vulnérable le pays aux États-Unis bien sûr et peut-être aux autres gouvernements. Il y a une porte dérobée dans Windows pour l'utilisation de la police dans plusieurs pays. Plus de quarante pays ont reçu le programme de contrôle de cette porte dérobée. Ce programme s'appelle COFEE et écrit des USB qui peuvent s'insérer dans une machine sous Windows pour prendre le contrôle de la machine, pour regarder n'importe quoi, pour décrypter les fichiers cryptés par Windows. Si la police d'un pays d'un possède ce programme, l'agence d'espionnage de ce pays bien sûr le possède aussi mais des mafias le possèdent aussi. Ce programme a filtré au public. N'importe qui peut écrire ces USB pour prendre le contrôle d'un système sous Windows. L'utilisation de Windows dans le domaine militaire est idiote !
C’était notre dernière question parce que je me fatigue. C'est trop. Merci beaucoup.
Applaudissements.
Organisateur : Juste pour préciser quelque chose, quelques autres conférences qui vont venir, de Richard : mardi soir il sera de nouveau à Paris pour une conférence dans le cadre des vœux de l'internet. C'est annoncé sur le site de la Free Software Fondation, fsf.org.
RMS : Je crois que c'est plein.
Organisateur : Ah ! C'est plein. Par contre il y a un autre événement en juillet qui n'est pas plein, ce sont les Rencontres Mondiales du Logiciel Libre, qui auront lieu du 5 au 11 juillet, à Montpellier et Richard sera présent ; alors on ne sait pas encore évidemment quel jour, mais je vous encourage à venir sur ces rencontres qui abordent un grand nombre de sujets. Et pour finir je voulais remercier tout l'équipe de la Cité des sciences qui a organisé la conférence avec l'April et les personnes qui se sont occupées aussi du flux vidéo. Il y a Jean- Marie, il y a Bibi, il y a Mélissa, il y a Mathieu, il y a Olive pour le flux vidéo et puis aussi les gens de l'April qui ont organisé ça.
Ceux qui veulent prendre des stickers gratuits sont à la sortie là-bas et ceux qui veulent participer au financement du logiciel libre à travers l'achat de petits badges., la vente est ici. Et merci à Richard.
RMS : Est-ce que je peux sortir ce soir avec Armelle ?
Organisateur : On verra.
RMS : Elle est trop belle !