Révélations Snowden : ce que ca change pour vous
Titre : Révélations Snowden : ce que ça change pour vous
Intervenant : e-responsible
Lieu : Ubuntu -Party
Date : Novembre 2016
Durée : 47 min 36
Licence de la transcription : Verbatim
Statut : Transcrit MO
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Bonjour à tous. Merci d’être là. Comme on l’a dit je m’appelle laure et je vais aujourd’hui vous parler de Snowden. Alors c’est un thème un petit peu à la mode puisqu’aujourd’hui il y a le film qui est actuellement en salle sur le fameux Snowden. Moi, ce que j’ai envie de vous expliquer aujourd’hui c’est ce que contenaient les documents qui ont été révélés par Snowden et surtout pourquoi ça concerne vraiment chacun d’entre nous.
Je vais commercer par remettre un petit peu les choses dans leur contexte et présenter les différentes parties dont je vais parler aujourd’hui. Évidemment, Edward Snowden, je ne pense pas que ce soit besoin de le présenter aujourd’hui. Si c’est le cas, c’est un ancien consultant qui a travaillé pour la NSA, avant de, en juin 2013, révéler des documents classés top secret, les transmettre à des journalistes, afin de révéler au grand public l’espionnage et la surveillance de masse qui est perpétrée, même en ce moment pas la NSA.
La NSA, justement. Qu’est-ce que c’est ? National Security Agency, c’est l’Agence de sécurité nationale des États-Unis, donc c’est une agence, bien évidemment, de renseignement. C’est une agence qui existe depuis 64 ans et qui, en fait, représente la branche militaire du Pentagone, c’est-à-dire de la Défense américaine. Ils emploient à peu près 30 000 personnes directement, plus, on va dire 60 000 personnes qui travaillent pour eux via des entreprises privées. Pour les défenseurs de la vie privée que nous sommes, si vous êtes là aujourd’hui c’est que ça vous intéresse, le logo de la NSA ressemble d’ailleurs plutôt à ça.
On va revenir un petit peu maintenant sur les archives elles-mêmes, puisque c’est ce qui nous intéresse aujourd’hui. Les documents qui ont été révélés par Snowden sont datés entre 2008 et 2013 jusqu’à deux mois avant les révélations de Snowden. Ils sont surtout classés pour être diffusés aux partenaires de la NSA, je reviendrai dessus un peu plus tard, ce sont les pays qui sont partenaires, notamment la Grande- Bretagne, mais il y a aussi pas mal de documents qui sont classés, no foreigner, c’est-à-dire interdiction de les diffuser à l’étranger. Donc des documents qui sont vraiment réservés à l’usage des États-Unis.
Le journaliste, Glenn Grennwald, qui a contribué parmi les premiers à révéler les documents de Snowden dit dans ses articles que les documents de la NSA sont souvent empreints de cynisme et qu’il y a beaucoup d’auto-congratulation de la part de l’Agence où ils se vantent de ce qu’ils sont capables et de l’ampleur de leurs écoutes et de leur surveillance.
Aujourd’hui le volume des documents est encore difficile à définir. Au début, donc en 2013, la première estimation évaluait ces documents entre 15 et 20 mille documents et, fin 2013, des officiels de la NSA disaient qu’il s’agissait plutôt de 1, 7 millions de documents qui ont été diffusés. C’est un peu le même principe que pendant les manifestations : 20 000 personnes selon les organisateurs, 200 000 selon la police ! C’est l’inverse pardon ! Au temps pour moi. Dans tous les cas, cette masse énorme de documents a représenté un travail journalistique énorme. Déjà, ce qu’il faut relever, c’est qu’Edward Snowden avait fait un important travail pour classer et organiser tous les documents, pour faciliter au mieux le travail des journalistes, mais que les journalistes ont dû faire un long travail d’apprentissage, d’assimilation de ces documents pour comprendre de quoi il s’agissait, pour comprendre en quoi ça impactait les sociétés et les pays. Moi, aujourd’hui je vais essayer un petit peu de vous transmettre ce que je sais moi, ce que j’ai pu apprendre. Je me base beaucoup sur le travail de notamment Glenn Greenwald qui, comme je vous l’ai dit, a révélé les documents Snowden. Je n’ai pas la prétention de tout vous dire. Je vais essayer de vous montrer en quoi on est tous concernés.
Donc, la première question c’est, évidemment, que révèlent concrètement les documents qui ont été publiés avec l’aide de Snowden ?
Tout d’abord on en apprend un petit peu plus sur les ambitions de la NSA. C’est simple, leur mission sur terre c’est de tout collecter. Je vous présente le général Keith Alexander, qui a été à la tête de la NSA à l’époque des révélations de Snowden. Il a été le directeur de la NSA pendant huit ou neuf ans. Et lui son ambition, elle est très simple, c’est un ancien général qui a fait la guerre en Irak et quand il est arrivé, il a dit : « Qu’est-ce qui nous empêche de tout collecter, tout le temps ? » Donc vraiment c’est grâce à cet homme-là que les pouvoirs de la NSA ont été étendus, en moins d’une dizaine d’années, et que l’Agence a obtenu le pouvoir, à la fois technique et juridique, de procéder à cette surveillance de masse.
Les documents de Snowden ont révélé littéralement des centaines de programmes de la NSA. Ce graphique vous en présente quelques-uns. Ils sont organisés : en axe vertical vous avez selon si le programme c’est un programme de surveillance de masse, en haut, ou un programme de surveillance ciblée ; si c’est un programme qui cible une surveillance domestique, donc orientée vers les États-Unis ou une surveillance à l’étranger. Ce qui est intéressant dans ce document, c’est que, déjà, on voit que les programmes ont un nom un petit peu sympa, un petit peu folklorique, mais surtout, on voit déjà qu’on est tous concernés. Parce que même si on n’est pas forcément tous des terroristes, ce document montre que la NSA s’intéresse quand même aux gamers, aux joueurs, donc aux gens qui jouent sur Internet tout simplement. Un autre exemple, voilà, on espionne les musulmans américains. Donc là, on ne parle pas forcément de terroristes, mais c’est juste qu’ils sont musulmans et américains. Tout ça pour dire que des centaines de programmes, il y en a pour tous les goûts, pour tout le monde et que du coup forcément, d’une manière ou d’une autre, même nous à titre individuel, on peut quand même rentrer là- dedans.
Voici une slide qui expose très clairement les objectifs de la NSA. On veut tout renifler, on veut tout savoir, on veut tout collecter, on veut tout traiter et on veut tout exploiter et éventuellement, tout partager à nos partenaires. Ça c’est un des documents internes. On voit que cette ambition est quand même assez importante.
Ici vous avez un écran d’un programme qui s’appelle Boundless Informant, qui était une des premières révélations faites par Snowden et les journalistes. C’est un programme qui permet de mesurer en temps réel le nombre d’appels et d’e-mails qui sont collectés par la NSA chaque jour ou chaque semaine ou chaque mois. Ce document est particulièrement intéressant pour la simple et bonne raison que les officiels de la NSA ont toujours nié être en mesure de donner des chiffres précis sur les activités de l’Agence : « Ah, non, non, on n’a aucune idée de combien on collecte par jour, par mois. » Autre surprise avec ce document, les citoyens américains pensaient qu’ils n’étaient pas du tout concernés par la surveillance de la NSA. La NSA dit : « Écoutez, nous, de toutes façons, on s’occupe de faire du renseignement à l’étranger, savoir ce qui se passe dans les autres pays, mais on ne collecte surtout pas les données de nos propres citoyens. » Or, on voit clairement ici, que les États-Unis sont également la cible de la collecte de données de la NSA.
L’objectif ultime de la NSA, on l’a vu c’est tout collecter, c’est ce qu’ils appellent en interne « SIGINT », Signals Intelligence, le renseignement de tous les signaux. C’est-à-dire, on va essayer de collecter à l’échelle planétaire, tous les signaux issus des communications électroniques, donc à la fois téléphone et Internet. On va justement voir que vraiment cette surveillance est à l’échelle mondiale.
La première chose, c’est que la NSA va mener ses actions de surveillance avec cinq pays qui sont la Grande-Bretagne, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada. Donc ce sont leurs partenaires, ça veut dire que ces pays-là espionnent leurs propres citoyens et vont, ensuite, donner les informations à la NSA. Ce sont des échanges de bons procédés, si vous préférez. Ils se réunissent tous les ans dans une grande conférence annuelle pour partager leurs méthodes, leurs techniques et échanger ces fameuses données. En deuxième étape de partenaires, il y a toute une liste de pays complémentaires avec lesquels la NSA va travailler, ce sont vraiment des partenaires, dont évidemment la France fait partie. Autre point intéressant : on voit ici, dans la liste des coalitions, que l’OTAN fait partie des entités qui sont également partenaires de la NSA pour leur fournir des renseignements sur ce qui se passe dans le monde.
Si on résume ça de manière assez simple, la NSA entretient trois types de relations avec les autres pays du monde : elle a ses alliés, en bleu, avec qui elle va espionner, mais elle espionne rarement contre ces pays-là. Vous me direz, de toutes façons, elle n’a pas besoin parce qu’encore une fois ces pays-là vont aller donner directement les infos qu’ils ont sur leurs propres citoyens. En orange vous avez les pays partenaires, ceux qu’on a vus sur la liste précédente. Alors c’est intéressant parce que la NSA dit haut et fort que ces pays sont des partenaires : elle va espionner avec eux mais également contre eux. Donc ça veut dire que la NSA, elle travaille d’un côté avec ces pays-là et puis de l’autre elle les espionne quand même. Et enfin, en noir, vous avez les pays qui sont des cibles affichées de la NSA donc évidemment la Russie, la Chine, mais aussi des pays aussi comme le Venezuela, le Brésil ou encore tout ce qui est Indonésie, Afrique du Sud. Et là ce sont des pays avec lesquels la NSA ne collabore jamais, il n’y a jamais de partenariat.
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On va voir maintenant que la surveillance effectuée par la NSA et pas les Américains permet fortement d’appuyer la suprématie américaine dans le monde