Qu’est-ce que le logiciel libre - Lionel Allorge

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Titre : Qu'est-ce que le logiciel libre ?

Intervenants : Lionel Allorge - Quesch

Lieu : RMLL2015 - Beauvais

Date : Juillet 2015

Durée : 31 min 33

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Quesch : Bonjour et donc bienvenue à Radio RMLL. On va dire ça comme ça. On est avec Lionel Allorge.

Lionel Allorge :Bonjour.

Quesch : De l'April. Donc c'est gentil d’être venu nous voir et nous expliquer ce qu'est le logiciel libre.

Lionel Allorge : Avec plaisir.

Quesch : Donc logiciel libre, en fait, les personnes qui vont écouter Radio RMLL, Radio ReMeLeLe, ce qu'on veut, vont avoir une petite idée de ce qu'est le logiciel libre, mais il y a tout un tas de personnes qui ne savent pas. Tu peux m'expliquer, nous expliquer, ce qu'est le logiciel libre ?

Lionel Allorge : Oui, je vais expliquer ce que c'est en quelques mots. Donc, en gros, l’informatique libre c'est une informatique qui respecte ses utilisateurs, qui respecte leurs droits. Et, pour ça, on a utilisé un système qui s'appelle les licences, et les licences de logiciels libres garantissent, donc aux utilisateurs, que le logiciel va être à leur disposition et pas, eux, à la disposition du logiciel. C'est assez important de nos jours parce que l'informatique se développe dans tous les aspects de la vie, pratiquement, aussi bien, donc, la vie professionnelle que la vie privée. On a, de plus en plus, nos vies privées sur informatique et donc c'est important de savoir qui contrôle cette informatique. Et, notamment, quand on a posté, enfin enregistré sur notre ordinateur, éventuellement posté sur des réseaux sociaux des textes qu'on a écrits.

Quesch : Des images.

Lionel Allorge : Des images, des photos, des vidéos, de plus en plus, maintenant, les gens font beaucoup de vidéos grâce aux téléphones et aux smartphones, il faut savoir qui contrôle ça. Et beaucoup de gens, en fait, ne s'en inquiètent pas, jusqu'au jour où ils rencontrent un problème. C'est-à-dire, par exemple ils n'arrivent pas à récupérer leurs photos qu'ils avaient mises sur un site web ; ou l'ordinateur plante parce qu'il est pourri par des virus ; ou des choses même encore plus graves, c'est-à-dire que leur ordinateur a été pris à distance et contrôlé à distance.

Quesch : Par d'autres personnes.

Lionel Allorge : Par d'autres personnes, malveillantes, souvent. Donc, voilà, tout ça, ça implique de s’intéresser un petit peu à qui contrôle son ordinateur, ou ses ordinateurs, les smartphones.

Quesch : Et les informations qu'il y a à l'intérieur, oui bien sûr.

Lionel Allorge : Qu'il y a dedans. Et si ce n'est pas l’utilisateur qui contrôle son informatique, c'est l'informatique qui contrôle l'utilisateur, parce que c'est l'informatique, donc des gens derrière, qui vont décider de ce fait votre ordinateur ; qui vont décider que votre ordinateur va renvoyer des informations à telle ou telle autre personne ; ou va servir à faire des activités, éventuellement, illégales, ce qu'on appelle les bots, quoi, donc des choses comme ça. Donc, c'est important de se préoccuper un petit peu de ça, d'autant plus qu'il y a encore trente ans, quand les projets de logiciels libres ont démarré, ça concernait plutôt des informaticiens, des spécialistes, mais aujourd'hui l'informatique concerne tout le monde, parce que pratiquement tout le mode a un ordinateur dans la poche, qu'on appelle un smartphone.

Quesch : Oui. Effectivement l’informatique est un peu chez tout le monde, l'informatique, je le répète des fois, de temps en temps, l'informatique ce n'est pas fait pour les informaticiens ou informaticiennes, c'est vraiment fait pour tout le monde, parce que tout le monde a une box ADSL, enfin, la plupart du temps, les gens ont une box ADSL à la maison, ont des télés connectées maintenant. On a des chaînes HiFi aussi connectées. On a les ordinateurs classiques qu'on a.

Lionel Allorge : Les ordinateurs de bureau.

Quesch : De bureau.

Lionel Allorge : Les tablettes.

Quesch : Les tablettes. Oui.

Lionel Allorge : Les téléphones qui, de plus en plus, sont ce qu'on appelle des smartphones.

Quesch : Les montres connectées.

Lionel Allorge : On voit arriver des montres connectées

Quesch : Et puis les bracelets pour courir et savoir combien de kilomètres j'ai fait.

Lionel Allorge : C'est ça, et c'est tout l'univers de ce qu'on appelle les objets connectés. Tous ces objets, en fait, sont des minis ordinateurs. Dedans, il y a petit micro processeur pour faire tourner les programmes. Donc, c'est important de se poser la question de qui contrôle ces programmes. Le GPS dans votre voiture, par exemple, tout ça.

Quesch : Oui, aussi.

Lionel Allorge : Tout ça ce sont des ordinateurs.

Quesch : Il y a des ordinateurs, en fait, un peu partout, vraiment de partout.

Lionel Allorge : Vraiment de plus en plus.

Quesch : Il n'y a pas que les ordinateurs eux-mêmes, il y a aussi les données qu'on va donner. La carte de cantine, là on est à l'antenne universitaire du PGU de Beauvais, je ne sais pas si c'est bien le PGU, mais en tout cas l'antenne universitaire de Beauvais pour les RMLL.

Lionel Allorge : Oui.

Quesch : Eh bien, ils ont des cartes de cantine à biper devant, il y a des informations, même si la carte elle-même n'est pas ordinateur, eh bien on va savoir que j'ai bipé, que j'ai mangé tel jour à telle heure.

Lionel Allorge : C'est ça. Et ce que tu as mangé probablement, et des choses comme ça.

Quesch : Peut-être, sûrement, ce que j'ai mangé, sûrement, si je prends des suppléments ou pas.

Lionel Allorge : Ça s'appelle les cartes RFID.

Quesch : Alors il y a du RFID. ?

Lionel Allorge : Il y en a où c'est à l'ancienne, entre guillemets, c'est-à-dire qu'il faut les rentrer dans un lecteur. Les cartes RFID ce sont celles qui sont sans contact, on les pose juste devant l’appareil. Et ça, ça présente énormément de risques, parce que ces cartes il y a plein d'infos dedans.

Quesch : Tout à fait. Il y a aussi d'autres moyens, parce que là c'est une carte, mais il y a aussi d'autres moyens où on met l'empreinte digitale.

Lionel Allorge : Digitale.

Quesch : On met son doigt, donc ça va vraiment très loin. Et ces informations-là, si elles sont détournées ou si elles sont utilisées par des personnes, là, on l'a vu ce matin avec le Hacking Team, HackingTeam, je déteste avoir ce terme-là.

Lionel Allorge : Ce terme.

Quesch :Parce que je n'arrive pas à le prononcer comme il faut, sans boire un verre d'eau entre les deux. Et donc, il y a plein de sociétés qui travaillent pour des gouvernements et qui font en sorte de récupérer des informations, de casser des systèmes, pour aller faire je ne sais quoi. Parce que ce sont souvent des choses un peu en dehors de la loi, ou dans une zone grise, ou carrément illégale.

Lionel Allorge : Oui. Il y a un gros problème de protection des données personnelles, de manière générale. La loi est assez floue là-dessus pour l'instant.

Quesch : D'accord. Donc logiciel libre très important, on le sait.

Lionel Allorge : On peut préciser pourquoi c'est important, du coup. À la base de tous ces systèmes informatiques, il y a des logiciels. Les logiciels ce sont des suites d'instructions, qui ont été écrites par des informaticiens, et qui vont permettre à ces systèmes informatiques, ces ordinateurs, de faire quelque chose. Les ordinateurs, en eux-mêmes, sont complètement idiots, ils savent juste lire des 0 et des 1 et puis faire quelques additions, des choses comme ça, et ce sont vraiment les programmes qui donnent l'impression d'intelligence, en tout cas de faire des choses utiles. Et ces programmes, ils sont, donc, faits par des humains et ils sont faits dans des langages informatiques, et ces langages informatiques, évidemment, tout le monde ne peut pas les comprendre, mais beaucoup de gens, beaucoup d'informaticiens arrivent à les lire.

Quesch : On peut apprendre à le faire ?

Lionel Allorge : On peut apprendre à le faire

Quesch : Ou on peut demander à quelqu'un.

Lionel Allorge : Ou on peut demander à quelqu’un de le faire pour soi. Et c'est important de pouvoir lire ce que fait le programme, justement pour aller vérifier qu'il n'y a pas de fonctions malveillantes, par exemple.

Quesch : Oui.

Lionel Allorge : Beaucoup de logiciels qui sont fournis au grand public, vendus, ou donnés, d'ailleurs, sont des logiciels qui ne sont pas libres. On les appelle propriétaires ou privateurs, selon les termes, mais l'idée c’est qu'on ne peut pas aller lire ce qu'il y a dedans.

Quesch : Oui.

Lionel Allorge : Ils sont fermés, c'est une boîte noire, et on ne peut pas aller comprendre ce que fait le logiciel.

Quesch : C'est un peu comme quand j'achète un plat cuisiné. On me dit voilà, il y a des carottes dedans, il y a du poireau, mais après, il y a des « E » je ne sais pas quoi.

Lionel Allorge : Voilà,

Quesch : On sait à peu près ce qu'il y a. Et puis je peux avoir marqué « additifs ».

Lionel Allorge : Voilà. C'est ça.

Quesch : Et là, encore c'est bien parce que sur la nourriture on a des étiquettes, mais j'ai essayé de peindre, et en fait, sur d'autres produits, les produits chimiques, ou de beauté, ou d'autres, il y a vraiment zéro.

Lionel Allorge : Il n'y a pas les compositions.

Quesch : Il y a des endroits où il n'y a pas de composition du tout.

Lionel Allorge : Parce qu'on considère que ça fait partie du secret industriel, en fait.

Quesch : Oui.

Lionel Allorge : Le problème avec l'informatique, c'est que, si on n'a pas accès à cette recette de cuisine, qui a permis de faire le programme, ce que les informaticiens appellent le code source, eh bien on ne peut pas être sûr de ce que fait le programme. Et, malheureusement, l’histoire pourtant relativement courte de l'informatique, puisque l'informatique elle naît durant la Seconde guerre mondiale, eh bien on a déjà plein d'exemples de logiciels malveillants, c'est-à-dire de logiciels qui, en douce, sans en informer les utilisateurs, modifiaient leurs données, lisaient leurs données personnelles, les renvoyaient à d'autres gens, et donc avaient des actions nuisibles pour les utilisateurs, au profit, en général, ou de grands groupes, qui n'hésitent pas à développer ce genre de problèmes, ce genre de logiciels qui posent problème, comme Sony, par exemple, s’était autorisé à le faire avec un système qui s’appelait le Rookit, qui espionnait ses utilisateurs. Et puis, des fois, ça peut être ce qu'on appelle des hackers, même si le terme est impropre. Ce sont

Quesch : Des bidouilleurs, des gens qui bidouillent.

Lionel Allorge : Des bidouilleurs, d'informatique qui vont faire ça pour le profit ou des fois, même juste pour prouver qu'ils sont capables de le faire.

Quesch : Ou pour des gouvernements.

Lionel Allorge : Ou au nom de gouvernements.

Quesch : Ou au nom de gouvernements comme on l'a vu, comme on le voit se répandre, lamentablement, sur les réseaux sociaux.

Lionel Allorge : Voilà ces dernières années.

Quesch : Voilà avec ce hacker. Non, même aujourd'hui, là.

Lionel Allorge : Ah d'accord.

Quesch : Avec la Hacking Team, je mange des pop-corns et je regarde ce qui se passe. Des pseudos hackers qui bossent pour des gouvernements et qui, apparemment, ne sont pas aussi bons que ça au niveau protection.

Lionel Allorge : On en parle vraiment depuis plusieurs années, parce qu'il y a eu tout un tas de cas. Régulièrement les États-Unis accusent les Chinois d’essayer de rentrer dans leurs systèmes informatiques. On s'aperçoit que les Américains espionnent les industriels européens.

Quesch : Tout à fait. Ou les présidents aussi.

Lionel Allorge : Et des présidents français, ou madame Merkel, enfin ça n’arrête pas. Donc, heureusement, des gens comme Assange, d’abord Julien Assange avec WikiLeaks, et puis, récemment, Edward Snowden ont fait sortir des documents qui ont permis de montrer l'ampleur, vraiment, de cet espionnage généralisé et des méthodes qui étaient utilisées. Tout est bon pour aller rentrer dans les réseaux, espionner les réseaux.

Quesch : Et qui a une vraie influence, parce que, apparemment, avec les dernières données de WikiLeaks, les Américains se sont servis de cet espionnage pour piquer des contrats, carrément.

Lionel Allorge : Tout à fait.

Quesch : Et on voit des corrélations, j'ai vu passer des graphiques avec des corrélations entre les vagues d'espionnage, entre guillemets vagues, et les baisses de chiffre d’affaires et des chiffres aussi du chômage.

Lionel Allorge : Bien sûr.

Quesch : C'est assez impressionnant de le voir sur un graphique. Bon, je n'ai pas toutes les sources donc je ne vais pas donner le lien exact, mais on voit passer ça, facilement, sur les réseaux sociaux. C'est un peu à se poser des questions, savoir si le « je n'ai rien à cacher », est-ce que vraiment on va continuer à utiliser cette phrase, parce que ons se pose vraiment des questions là-dessus.

10' 52

Lionel Allorge : Oui, elle est très problématique cette phrase, parce que « je n'ai rien à cacher », ça sous-entend je ne suis pas un délinquant, je ne suis pas un criminel.