Présenter l'ESS aux partisans du logiciel libre

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Le contexte

Début juin, Pyg a publié sur le Framablog un article sur l'ESS (économie sociale et solidaire) où il appelait aux réactions : http://www.framablog.org/index.php/post/2011/06/02/sensibiliser-l-economie-sociale-et-solidaire

En réaction à ce texte, le but serait de rédiger un document présentant rapidement l'ESS aux partisans du logiciel libre et les zones de rencontre entre les deux mouvements.


Le texte

Introduction

Présenter l'ESS

Quand on parle d'économie sociale et solidaire, on oublie souvent qu'on parle de deux choses distinctes : l'économie sociale et l'économie solidaire. Si les deux sont souvent imbriquées, elles reflètent deux réalités différentes. Il n'existe pas de cadrage rigoureux à l'image des 4 libertés du logiciel libre pour aucune des deux. Il en résulte des visions parfois radicalement différentes voir antagonistes selon la personne qui s'exprime.

L'économie sociale est une manière d'organiser les choses. L'économie sociale promeut la démocratie interne ou le pouvoir laissé aux parties prenantes (clients, collectivités, usagers, financeurs, fournisseurs …). Ainsi retrouve-t-on péle-mèle des associations (un membre = une voix), des sociétés coopératives (un salarié = une voix, les salariés contrôlent l'entreprise), des mutuelles (un client = une voix) etc. La forme n'est pas nécessairement arrêtée : une société classique qui établirait un fonctionnement prévoyant de larges pouvoirs à ses salariés sur une base démocratique peut tout à fait se prévaloir de l'économie sociale. C'est le cas de la société du libre Ecreall (http://www.ecreall.com) par exemple. Ce secteur est vaste, il représente 10 à 20% de l'économie française.

L'économie solidaire est une manière de faire les choses. Là où l'économie sociale s'attarde sur l'organisation, l'économie solidaire s'attarde sur les bonnes pratiques : commerce équitable, production locale, agriculture biologique, développement durable … Sur cette base, on peut dire que tous ceux qui s'impliquent dans le logiciel libre (ici en contraste très net avec l'open source) peuvent rentrer dans le cadre de l'économie solidaire : ils cherchent à créer un monde meilleur où les utilisateurs des logiciels sont libres et où le savoir est partagé.

La rencontre entre ESS et logiciel libre

La rencontre entre Économie Sociale et Solidaire et Logiciel Libre me semble essentiellement une demande de l'ESS qui s'interroge sur son informatique. Dans un contexte de valeurs militantes, l'informatique libre est incontournable. Réciproquement, certains militants du logiciels libres ont trouvé dans l'ESS des outils et des méthodes adaptées à leur action.

Il existe déjà de nombreux ponts entre le logiciel libre et l'économie sociale et solidaire. Il existe des coopératives du libre (Insite, Easter Eggs, Entr'ouvert, ClissXXI …), il existe des réflexions (à Lille mais aussi à Brest, au sein de l'April …), il existe même une association dédiée au sujet, l'AI2L. On retrouve également de plus en plus d'acteurs de l'ESS passés au logiciel libre et qui deviennent militantes du logiciel libre à leur tour (l'APES Nord-Pas de Calais, les Cigales Nord-Pas de Calais etc.).

Si l'ESS a besoin du libre pour être cohérente avec ses valeurs, le logiciel libre n'a pas nécessairement besoin de l'ESS pour rester cohérent. Cependant l'ESS est un mouvement ancien (il a presque 200 ans) dont le niveau de réflexion est très poussé. Les outils et méthodologies sont souvent pertinents et valident souvent les schémas que nous avons mis en place dans monde du libre. Il existe des grilles d'analyse d'ulitilé sociale ou environnementale, des modes de gouvernance etc. qui sont autant d'outils que nous pourrions nous approprier.

L'ESS a besoin du logiciel libre pour être en cohérence avec ses valeurs. Le logiciel libre a énormément à puiser dans la richesse de l'ESS en terme d'organisation et en terme de réflexion. Ainsi l'ESS propose un mode de fonctionnement professionnel qui permet d'éviter l'opposition entre « gentils bénévoles » et « méchants professionnels » en évitant mettant en avant la rémunération de la tâche accomplie et en évitant les dérives de rente/capitalisation ou en proposant des statuts permettant aux bénévoles et professionnels de s'unir autour d'un projet, tel les SCIC ou via des financements alternatifs, comme les clubs cigales.

Le sujet des apports réciproques de l'ESS et du libre ainsi que les zones communes entre les deux est encore peu creusé ; En 2009, Bastien Sibille avait publié un premier texte (http://www.april.org/economie-sociale-et-logiciels-libres-le-temps-de-l-alliance) et cette année un « cahier d'espérance » sur le logiciel libre[3] a été rédigé par Aurore Rousseaux et Philippe Pary. Il y a eu des Barcamp à Lille et Brest. On est encore loin d'un sujet bien travaillé.

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[1] ClissXXI (http://www.cliss21.com), Insite (http://www.insit.coop), Acteurs Pour une Économie Solidaire (http://apes-npdc.org), les Cigales (http://www.cigales-npdc.org), la Chambre Régionale pour l'Économie Sociale (http://www.cressnpdc.org) et, dans un registre proche, la Maison Régionale de l'Environnement et des Solidarités (http://www.mres-asso.org) [2] En 2010, Chtinux organisait un BarCamp ESS et logiciel libre (http://www.bessi-lille.org), BarCamp ayant eu deux grandes conséquences : un premier salarié à Chtinux (http://www.chtinux.org/presentation_MPA_octobre_2010) et un projet dont je fais parti ; Scil, société coopérative en informatique libre (http://www.scil.coop) [3] Un cahier d'espérance est un document de référence pour l'ESS suite aux États Généraux de l'ESS qui se sont tenus cette année.