Émission Libre à vous ! du 10 décembre 2024

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Titre : Émission Libre à vous ! diffusée sur Radio Cause Commune le mardi 10 décembre 2024

Intervenant·es : Isabelle Carrère - Jérémie Lesage - Vincent Calame - Lorette Costy - Laurent Costy - Frédéric Couchet à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 10 décembre 2024

Durée : 1 h 30 min

Podcast PROVISOIRE

Page de présentation de l'émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration : Déjà prévue.

NB : Transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·es mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Étienne Gonnu : Bonjour à toutes, bonjour à tous dans Libre à vous !. C’est le moment que vous avez choisi pour vous offrir une heure trente d’informations et d’échanges sur les libertés informatiques et également de la musique libre.

La gestion électronique de documents avec des logiciels libres, un sujet proposé par Laurent Costy, avec Jérémie Lesage de la société Jeci et Vincent Calame. Ce sera le sujet principal de l’émission du jour. Également au programme, « La maltraitance numérique » dans « Que libérer d’autre que du logiciel », une chronique proposée par Antanak. Et en fin d’émission, « La flemme du paramétrage des données privées ».
Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Je suis Étienne Gonnu, chargé de mission affaires publiques pour l’April.

Le site web de l’émission est libreavous.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou à nous poser toute question.

Nous sommes mardi 10 décembre 2024, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

À la réalisation de l’émission du jour, mon collègue Frédéric Couchet. Salut Fred.

Frédéric Couchet : Salut. Bonne émission à vous.

Étienne Gonnu : Merci. Nous vous souhaitons une excellente écoute.

[Jingle]

Chronique « Que libérer d’autre que du logiciel » d’Antanak – « La maltraitance numérique »

Étienne Gonnu : Avant de passer la parole à Isabelle, d’Antanak, pour la première chronique, j’ai un petit quiz pour vous, fidèles auditeurices : qui nous propose la dernière chronique ? Je vous rappelle le titre « La flemme du paramétrage des données privées ». Si vous écoutez en direct, je vous propose de venir partager votre réponse sur le salon web de l’émission accessible depuis le site causecommune.fm. La personne à répondre gagnera des bisous radiophoniques. On se retrouve en fin d’émission pour la réponse.
Il est grand temps de laisser la parole à Isabelle pour sa chronique « Que libérer d’autre que du logiciel » d’Antanak sur le thème « La maltraitance numérique ».
Salut Isabelle.

Isabelle Carrère : Salut.










La gestion électronique de documents avec des logiciels libres

Étienne Gonnu : Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui va porter








Chronique « À cœur vaillant, la voie est libre » de Laurent et Lorette Costy - « La flemme du paramétrage des données privées »

Étienne Gonnu : Nous allons poursuivre avec notre dernier sujet, « La flemme du paramétrage des données privées », une chronique « À cœur vaillant, la voie est libre » proposée pas Laurent et Lorette Costy. Laurent est avec nous en studio, mais on va quand même laisser à Laurent du passé et à Lorette du passé. On se retrouve jsue après. Belle journée à l’écoute de cause commune, la voix des possibles.

[Virgule sonore]

Laurent Costy : Bouboula, j’ai la flemme d’écrire une chronique. On va meubler, ma louloute, aujourd’hui. On va ressortir des vieilles news du milieu de l’Internet. Tiens justement, la version 1.12 de La Bataille pour Wesnoth vient de sortir en ce début d’année 2015 !

Lorette Costy : Bon jeu libre, sympathique effectivement. La Bataille pour Wesnoth est excellent pour aiguiser sa stratégie tour par tour. Publié sous licence GNU GPL v2+, traduit en français, on peut jouer en solo via des campagnes ou en multijoueur dans un univers médiéval fantastique. Mais, en 2024, la version à jour est plutôt la 1.18 !

Laurent Costy : J’ai la flemme je te dis ! Comment je peux faire pour outrepasser cette flemme ?

Lorette Costy : Comme L’Outreterre des Royaumes oubliés dans Donjons & Dragons, 2015 est l’outrepassé de La Bataille pour Wesnoth.
Pour ta flemme, j’ai la solution. Elle est plutôt visuelle, mais elle marche : tu vas rotationner à 180° dans ta tête le premier « e » de flemme et voilà que le mot se transforme en flamme ! Voici le feu bouté à ton enthousiasme et encore un début de chronique complètement foutraque que tout le monde va devoir réécouter trois fois.

Laurent Costy : Certes, mais grâce à toi, on peut attaquer ! Je crois que j’ai très envie, finalement, de te parler de données et de sécurité.

Lorette Costy : Mais c’est super ! Youkaïdi, Youkaïda ! Ça me rappelle toutes les histoires que tu me lisais avant de m’endormir quand j’étais petite. Quel bonheur ! Laurent Costy : Toi qui fais du sport, tu connais sans doute l’application Strava. Je sais que tu ne l’utilises pas pour éviter de faire de la peine à ton pauvre père qui verrait, sinon, les données et les performances de sa fille être exposées sur les internets.

Lorette Costy : Je confirme, je ne l’utilise pas, mais je connais et comme dit le site, « Strava est le réseau social des athlètes ».

Laurent Costy : Ah oui ! Alors ce n’est vraiment pas pour moi ! Éventuellement, quand j’étais jeune et performant, j’aurais peut-être aimé gaver les autres avec mes modestes exploits sportifs, mais je me demande de plus en plus qui ça peut intéresser.

Lorette Costy : Attends, je continue : « Enregistrez votre activité pour la retrouver dans votre flux Strava, où vos amis et les personnes qui vous suivent peuvent également partager leurs propres courses et entraînements, donner des kudos pour féliciter les performances de chacun, et laisser des commentaires. »

Laurent Costy : Donner des cadeaux pour faire une course ?

Lorette Costy : Non, Papa, des kudos, c’est un terme anglais pour désigner « la gloire et le renom qui découlent d’une action réussie », selon Wikipédia. Il faut toujours des mots bizarres dans une appli pour que la communauté se sente unique, pour qu’elle puisse expliquer aux autres ce que ça veut dire, etc.

Laurent Costy : Et quand on sait ça, on se sent appartenir à la communauté ! Je comprends. Mais, j’y pense, je te filerai plutôt un kudo pour Noël.

Lorette Costy : Ta lutte contre le capitalisme est bien pratique pour dissimuler ta pingrerie, mon cher Papa ! Revenons à Strava et commençons par regarder ce que dit le site ToS ; DR de Strava.

Laurent Costy : « ToS ; DR de Strava. », c’est limpide comme expression. C’est évident : tout le monde comprend en un clin d’oreille. Bon, plus sérieusement, Strava, je commence à cerner, on vient d’en parler, mais tosdr, il faut que tu éclaircisses pour nos poditeurs et poditrices plongé·es dans le noir inquiétant de la méconnaissance.

Lorette Costy : ToS ; DR, site accessible grâce à l’URL https://tosdr.org, est aussi un acronyme anglais pour Terms of Service ; Didn't Read, autrement dit, en français, « conditions d’utilisation non lues ». C’est un merveilleux site pour celles et ceux qui ont la flamme, non, la flemme, de lire les conditions générales d’utilisation d’un service sur Internet, avant de commencer à l’utiliser.

Laurent Costy : Est-ce bien utile de créer un tel site ? Tout le monde les lit les CGU !

Lorette Costy : Ce n’est pas parce que tu m’en lisais après m’avoir parlé de données et de sécurité pour m’endormir le soir, que tout le monde prend le temps de faire ça, Papa ! Hélas. Mais passons Strava à la moulinette de ToS ; DR pour voir.

Laurent Costy : Bisque, ce n’est pas joli, joli. Les couleurs ne sont pas rassurantes. D’abord classe E , c’est le plus mauvais score. Prends garde alors à ta vie privée ! Pour ne prendre que deux points problématiques, je cite « Les annonces présentées à d’autres utilisateurs peuvent faire référence à vous en tant qu’approbation implicite. Vous risquez de donner des informations sur votre mode de vie personnel à des inconnus. »

Lorette Costy : Ou encore « Ce service peut collecter, utiliser et partager des données de localisation ».. Certes, le but de Strava est de collecter des données géographiques, mais là où c’est crasse pouilleux et problématique, c’est concernant le partage à priori par défaut avec tout le monde. Remontons dans le temps, moins d’un an après le lancement de l’application, début 2018. Plusieurs personnes et médias signalent qu’il est assez simple, à partir de la carte Strava accessible publiquement, de désanonymiser des personnes.

Laurent Costy : Fin janvier 2018, un étudiant de Sydney, Nathan Ruser, a mis en évidence que l’application permettait de révéler la localisation de plusieurs bases militaires secrètes. Le Canard Enchaîné – oh, ça me fait penser au Lama déchaîné de l’April et à la campagne en cours. Pensez à faire don ou à adhérer si vous ne l’avez pas encore fait et merci à celles et ceux qui ont déjà choisi de nous soutenir !

Lorette Costy : Comme c’est gentil, mais je te décerne la médaille de l’opportunité : tu gagnes direct 42 kudos. Bon, tu mentionnais donc un article du Canard Enchaîné début 2018 suite à la révélation de Nathan Ruser.

Laurent Costy : Le titre est explicite : « La course à pied nuit gravement aux espions » et avait comme sous-titre : « Lorsqu’ils pratiquent le jogging avec un appareil muni d’un GPS, les agents de la DGSE sont repérables et très facilement identifiables »

Lorette Costy : Bon, c’était le début, ils ne savaient pas, on peut leur pardonner !

Laurent Costy : Ce n’est pas faux. Soyons magnanimes et tolérons les erreurs de jeunesse qui permettaient même de trouver leurs adresses et toute leur vie personnelle sur les réseaux sociaux – femme, enfants, activités, vacances…

Lorette Costy : Sauf que le temps a passé et que peu de choses semble avoir changé.
En 2020, Médiapart écrit un article et produit une vidéo qui explique les enjeux et les fuites qui perdurent.
Puis, un article de Jean-Marc Manach, sur Next, le 1er juillet 2022 titrait : « Des centaines d’agents de services de renseignement étaient « à poil » sur Strava, depuis 4 ans ». Et ce malgré les diverses annonces de responsables en 2018 qui disaient qu’ils allaient considérer le problème.

Laurent Costy : Pourquoi montrer son zizi ou sa foufoune sur Strava ? Quelque chose m’échappe. Mais nous voici en 2024 et ce sont trois articles du journal de Le monde qui montrent une nouvelle fois que rien ne change et que c’est partout pareil. Des agents sont identifiés grâce aux traces laissées sur Strava en France, dans la proximité du président de la République, aux États-Unis autour de Biden, et en Russie autour du champion mondial, toutes catégories, de la paranoïa, Vladimir Poutine.

Lorette Costy : Celui-là même. C’est difficile de comprendre pourquoi le problème persiste. Pourtant, en France, la question de l’anonymat des troupes d’élite est inscrite dans le Code pénal. La loi n° 2016-483 du 20 avril 2016 punit de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende « la révélation ou la divulgation, par quelque moyen que ce soit, de toute information qui pourrait conduire, directement ou indirectement, à l’identification d’une personne comme membre des unités des forces spéciales ». Mais, comme dit Médiapart, le législateur n’avait peut-être pas prévu que ces informations jugées sensibles seraient largement partagées… par les principaux concernés.

Laurent Costy : On peut tenter d’imaginer ce qu’il se passe chez les militaires et les agents secrets à ce sujet.

Voix off : Vous excuserez la scène suivante dans l’hypothèse où vous la trouveriez insuffisamment réaliste. En effet, le père Costy a été objecteur de conscience et sa fille Lorette n’a même pas fait son SNU. Ceci étant, au regard du résultat qui tend irrémédiablement vers la pissade dans un violon, cette interprétation en vaut une autre.

Lorette Costy : Soldat. Gaaaaaarde à vous ! C’est quoi ce bordel dans la presse ? Ce n’est pas la première fois en plus. Déjà en 2018, 2020 et 2022 ! Il faut me promettre d’arrêter de diffuser toute information qui pourrait conduire, directement ou indirectement gnagnagna, 75 000 euros d’amende, gnagnagna vous connaissez la suite, Lorette l’a dit juste avant dans la chronique. [Prononcé à voix haute, NdT]

Laurent Costy : Chef oui chef. Mais on se fait grave iéch’ quand même ! Et si on ne peut plus comparer nos performances et savoir qui a la plus grosse, on risque de mourir d’ennui chef ! Faut nous comprendre chef !

Lorette Costy : C’est bon pour cette fois mais, vous allez me faire le plaisir, d’arrêter de vous faire plaisir. C’est un peu la sécurité quand même ! Vous me ferez trois pâtés, deux ovaires, mais surtout, vous allez relire dix fois le guide des bonnes pratiques édité par le ministère des Armées et en particulier, si c’est trop long et qu’il n’y a pas assez d’images, le paragraphe sur les réseaux sociaux et les applis qui géolocalisent.[Prononcé à voix haute, NdT]

Laurent Costy : Chef, oui chef !

Lorette Costy : Non, mais c’est vrai quoi ! Sinon, on passe pour des guignols. Comment voulez-vous qu’on comprenne, après, qu’on confisque aux gens les bouchons de leur bouteille avant d’entrer dans un concert alors qu’on a des agents secrets qui sont identifiables sur Instagram et Facebook. Crotte de bique, faites un effort les gars, sérieux !

Laurent Costy : Ah oui, je suis d’accord avec vous chef. Ça m’a gonflé qu’on me confisque mon bouchon au dernier concert ! Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de bouchon que je ne peux pas la lancer la bouteille !

Lorette Costy : Moi aussi ça m’a gonflée, on pourrait faire un courrier commun, mais c’était pas le sujet d’abord ! Bon, vous pouvez disposer. Et on surveillera la prochaine chronique de Laurent et Lorette Costy, on ne sait jamais.[Prononcé à voix haute, NdT]

Laurent Costy : Chef, oui, chef. Je vous salue bien bas et je vous dis à la prochaine ! Bisous.

Lorette Costy : Bisous, bisous !

[Virgule sonore]

Étienne Gonnu : Nous venons d’écouter une chronique proposée par Laurent et Lorette Costy.
Nous arrivons à la fin de l’émission. Je vais terminer par quelques annonces.

[Virgule musicale]

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Étienne Gonnu :