Émission Libre à vous ! du 29 octobre 2024

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Titre : Émission Libre à vous ! diffusée sur Radio Cause Commune le mardi 29 octobre 2024

Intervenant·es : Lorette Costy - Laurent Costy - Magali Garnero, alias Bookynette - Gee - Emmanuel Charpentier - Marie-Odile Morandi - Julie Chaumard - Pilou - Luk - Isabella Vanni - Étienne Gonnu à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 29 octobre 2024

Durée : 1 h 30 min

Podcast PROVISOIRE

Page de présentation de l'émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration : Déjà prévue.

NB : Transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·es mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Isabella Vanni : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
Au cœur de l’April, échange avec des personnes qui font vivre l’association, ce sera le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme la chronique « À cœur vaillant la voie est libre », de Laurent et Lorette Costy, sur le thème « La 2 CV comme parabole libriste ». Et aussi, une nouvelle pituite de Luk sur le thème « Le fric et l’égo ». Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Je suis Isabella Vanni, coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April.

Le site web de l’émission est libreavous.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou à nous poser toute question.

Nous sommes mardi 29 octobre 2024, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

À la réalisation de l’émission aujourd’hui, mon collègue Étienne Gonnu. Salut Étienne.

Étienne Gonnu : Salut Isa.

Isabella Vanni : Nous vous souhaitons une excellente écoute.

[Jingle]

Chronique « À cœur vaillant, la voie est libre » de Laurent et Lorette Costy - « La 2 CV comme parabole libriste »

Isabella Vanni : Comprendre Internet et ses techniques pour mieux l’utiliser, en particulier avec des logiciels libres et services respectueux des utilisatrices et utilisateurs pour son propre bien-être en particulier et celui de la société en général. Laurent Costy est administrateur de l’April et fait cette chronique avec sa fille Lorette. C’est la chronique « À cœur vaillant, la voie est libre » qui porte aujourd’hui sur le thème « La 2 CV comme parabole libriste ».
Le sujet a été enregistré il y a quelques jours. Je vous propose donc d’écouter ce sujet et on se retrouve juste après.

[Virgule sonore]

Laurent Costy : La 2 CV comme parabole libriste

Lorette Costy : C’est l’histoire de deux libristes au volant d’une 2 CV.
La 2 CV, c’est ce véhicule populaire qui a pris son essor dans les années 50. La mécanique était sobre et simple. En cas de souci, on pouvait ouvrir le capot et, pour peu qu’on ait des connaissances ou des camarades ayant quelques compétences mécaniques, on pouvait facilement identifier le problème et, bien souvent, le régler. On est loin de cette personne qui n’ouvre pas la porte de sa Tesla pendant la mise à jour, car elle avait « lu sur Google » que cela pouvait abîmer la voiture.

Laurent Costy : Nos deux libristes sont donc derrière la ligne de départ d’une belle piste d’un circuit automobile. Notez bien que ces sympathiques personnes n’ont pas vraiment demandé à être là. Elles avaient plutôt prévu un pique-nique. À côté de la 2 CV, une formule 1 avec tous les chevaux qui vont bien à l’intérieur. Cette voiture va être pilotée par un GAFAM quelconque, prenez celui que vous voulez ! La piste a récemment et gracieusement été refaite par ce GAFAM : les pneus larges accrochent bien mieux, désormais, et les édiles venus voir la course ont le sourire aux lèvres. La piste toute neuve va profiter au territoire pour longtemps, et on mesure déjà un impact positif sur l’emploi ces derniers temps. C’est dire !

Lorette Costy : Le feu va bientôt passer au vert. Le suspense n’est absolument pas à son comble pour les six heures de course à venir. Même si vous n’avez jamais conduit une 2 CV ou une formule 1, vous savez déjà pertinemment qui va gagner ! Après tout, il y a des gens dont la motivation pour avancer dans la vie, c’est la win.

Laurent Costy : Note de bas de page numéro 1. Terme utilisé pour signifier « la gagne ». À ne pas confondre avec la « win dose » ou aussi « wide dose » pour parler d’une substance addictive.

Lorette Costy : Être devant et laisser les autres dans le rétro loin derrière est la raison de vivre de ces gens-là. Eh bien justement, ça tombe bien, car malgré les encouragements symphoniques du passager de la 2 CV.

Laurent et Lorette ensemble : « Chauffeuse, si t’es championne, appuiiiiieu, appuiiiiieu, chauffeuse, si t’es championne, appuie, appuie, su’l champignon ! »

Lorette Costy : Je n’ai pas entendu à l’arrière, on la recommence !

Laurent et Lorette ensemble : « Chauffeuse, si t’es championne, appuiiiiieu, appuiiiiieu, chauffeuse, si t’es championne, appuie, appuie, su’l champignon ! »

Lorette Costy : Eh bien, la formule 1 « sèche » totalement la 2 CV et la laisse effectivement comme un petit point dans l’horizon de sa caméra arrière. Vous noterez quand même que, pendant la première heure de course, la formule 1 se retrouve à son tour, à plusieurs reprises, dans le rétroviseur de la 2 CV. Eh bien oui ! C’est le principe d’un circuit, c’est fait pour tourner en rond !

Laurent Costy : Et bim !, finalement, contre toute attente, le suspense tombe sur le circuit comme la nuit à l’équateur. Au même moment, les deux véhicules subissent une avarie et s’arrêtent au bord de la piste.
Pour la formule 1, on a du mal à avoir des informations sur l’origine du problème. Le constructeur ne veut rien nous dire. Ça pourrait être l’actuateur d’avance qui fait des siennes, ce qui expliquerait ces nuages de fumée noire que l’on a vus. On me dit dans l’oreillette que ça pourrait être aussi le frein opto-électronique situé sous les culbuteurs à membrane, qui est défaillant, et qu’il faut remplacer au prochain passage au stand. Il était pourtant bien spécifié que toute manipulation susceptible d’engendrer une anomalie de fonctionnement de nature à déclencher une panne préjudiciable au bon fonctionnement de la formule 1 était déconseillée. De toute façon, on ne saura jamais, c’est secret ! Bref, laissons la F1 aller au stand et allons voir la 2 CV.

Lorette Costy : Bisque ! Pendant ce temps, la réparation touche à sa fin. Le passager a passé son sarouel1 à la conductrice et après quelques déchirements de tissus et un travail d’équipe pour tresser les lambeaux, la courroie défaillante a pu être remplacée. Voilà l’équipage qui redémarre en quête du rattrapage des 42 tours de retard.
Au stand de la F1, cependant, ça discute. Le sous-traitant qui fabrique les freins opto-électroniques sous les culbuteurs à membrane n’est plus en capacité de fournir l’ancien modèle. Si le nouveau modèle devait remplacer l’ancien, il faudrait faire une mise à jour du logiciel de gestion des membranes. Ce serait trop long ! Il est suggéré de remplacer la totalité de la voiture. Le hic, c’est que le règlement l’interdit ! Dans un futur proche, il ne faudra pas s’étonner d’une très probable demande de modification du règlement qui est trop contraignant et qui empêche de gagner ! Mais en attendant, combien de tours la 2 CV a-t-elle rattrapés, dites-moi ?

Laurent Costy : Vingt-quatre ! Mais ce nombre est d’une importance toute relative. L’équipe s’est arrêtée pour pique-niquer et observer les oiseaux de la zone humique qui a été grignotée par les travaux de rénovation de la piste. On y voit encore, parfois, des grues cendrées et des avocettes lorsque le circuit est déserté.
Bon, eh bien puisque cette course n’en est pas une, il est proposé de conclure avec les paroles de la baronne daronne Pierrette de Courbertin qui disait fort justement : « C’est vraiment chouette de participer, encore faut-il savoir dans quel cadre on le fait ! »

Lorette Costy : Note de bas de page numéro 2. À ce stade, il convient de prendre des précautions d’attribution. Les experts se déchirent encore, avec « virulation » et rage pour savoir si cette affirmation peut effectivement être attribuée à la baronne daronne.

Laurent Costy : Finalement, que nous dit cette plus ou moins subtile parabole de la 2 CV ?
Il y a d’abord cette nécessité de relativiser la responsabilité du logiciel libre. On entend régulièrement ce reproche d’une incapacité à être suffisamment bon, de ne pas être capable de réussir à trouver sa place. On constate parfois même de l’auto-flagellation au sein des communautés libristes. Mais peut-on néanmoins gagner une course à laquelle on n’a pas envie de participer et où la majeure partie des paramètres sont déterminés par d’autres ?

Lorette Costy : Cette virée en 2 CV veut faire prendre conscience du cadre dans lequel le logiciel libre évolue. C’est un cadre fixé par des puissances financières dont le pouvoir d’influence est largement sous-estimé.

Laurent Costy : Note de bas de page numéro 3. Voir GAFAM Nation. La toile d’influence des géants du Web en France.

Lorette Costy : Finalement, une des manières de regarder le Libre, c’est peut-être cette volonté d’ouvrir des voies alternatives. Elles seront toujours là pour le public qui prend conscience, au fil du temps, que le numérique des grandes plateformes est plus toxique qu’il n’y paraît pour notre société. Bref, malgré les injonctions à aller toujours plus vite sans trop réfléchir aux conséquences, continuons ensemble, avec notre diversité et tranquillement, notre travail patient pour un numérique libre et émancipateur.

[Virgule sonore]




Isabella Vanni : Passons maintenant au sujet suivant.

[Virgule musicale]

Au cœur de l’April

Campagne Le Lama déchaîné

Isabella Vanni : Nous allons poursuivre par notre sujet principal, Au cœur de l’April, un échange avec différentes personnes qui font vivre l’association. Magali Garnero alias Bookynette, Emmanuel Charpentier, Gee et Marie-Odile nous présenteront la campagne que l’April a récemment lancée et appelée sobrement Le Lama déchaîné. Nous enchaînerons avec une interview de Julie Chaumard, qui a débuté en tant que chroniqueuse de Libre à vous ! pour cette nouvelle saison. Nous aurons également le plaisir d’échanger avec Pilou, qui nous parlera de sa contribution au projet Chapril, les services en ligne libres et loyaux proposés par l’April.
N’hésitez pas à participer à notre conversation au 09 72 51 55 46 ou sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causecommune.fm, bouton « chat ».
Toutes les références de l’émission seront rendues disponibles sur la page consacrée à l’émission, libreavous.org/224.

Mercredi 16 octobre, l’April a publié en ligne, sur son site, le numéro 0 de Le Lama déchaîné, une gazette hebdomadaire, en neuf numéros, pour encore mieux faire connaître nos actions et aussi rappeler que nous avons besoin de soutien financier pour continuer à agir librement. Derrière ce projet ambitieux, de nombreuses personnes, membres et soutiens de l’April, sont devenues, pour un temps, une rédaction de journalistes assidus. Nous avons le plaisir d’avoir avec nous aujourd’hui plusieurs personnes contribuant à cette gazette. Déjà, nous avons Gee au studio. Bonjour Gee.

Gee : Bonjour.

Isabella Vanni : Et puis, à distance, nous devrions avoir et nous allons nous en assurer tout de suite, Magali Garnero alias Bookynette, la présidente de l’April. Bonjour Booky.

Bookynette : Salut.

Isabella Vanni : Nous avons aussi Emmanuel Charpentier, mieux connu sous le pseudo Echarp, lui aussi en ligne.

Emmanuel Charpentier : Bonjour, bonjour.

Isabella Vanni : Bonjour Et enfin, nous avons normalement aussi avec nous Marie-Odile Morandi.

Marie-Odile Morandi : Bonjour à tout le monde.

Isabella Vanni : Super, tout le monde est là. Donc, première question assez simple : pourquoi l’April s’est-elle mise à lancer une gazette hebdomadaire ?

[Bruit de téléphone coupé]

Isabella Vanni : On a perdu quelqu’un !

Emmanuel Charpentier : Je pense que c’est la personne qui est au téléphone, donc probablement Booky. Forcément depuis le magasin où elle est, ce n’est pas toujours facile de rester connectée.

Isabella Vanni : Merci Echarp de meubler si bien ! On va attendre la présidente.

Emmanuel Charpentier : On la connaît. On sait très bien que parfois, dans la manœuvre, ça peut être un peu compliqué.

Isabella Vanni : Elle est très fiable comme présidente pour la radio.

Emmanuel Charpentier : Elle est très fiable, mais là, c’est la technique

Isabella Vanni : Ça ne dépend pas forcément d’elle, mais ce n’est pas grave, parce que trois autres personnes peuvent répondre à cette première question : comment se fait-il que l’April s’est mise en tête de lancer une gazette hebdomadaire chaque mercredi pendant neuf semaines ?

Emmanuel Charpentier : Oui, deux mois. Première réponse, c’est que ça faisait quasiment dix ans [neuf ans] qu’on n’avait pas essayé de remotiver les troupes, réorganiser un petit peu les adhésions, les membres, et qu’en dix ans – les gens, l’érosion, le temps – quelques membres sont partis et il y a aussi des gens qui ne renouvellent pas aussi bien qu’on pourrait l’espérer leur adhésion. Donc, il y a besoin un petit peu de relancer tout ça. Dix ans, c’était une bonne période, je pense, que ça ne faisait pas de mal de relancer la machine.

Isabella Vanni : Donc une nouvelle campagne. D’accord, mais pourquoi sous cette forme de feuille de chou, de gazette ? Pourquoi cette idée saugrenue ?

Emmanuel Charpentier : C’est la faute de Gee, il me semble, n’est-ce pas Gee ?

Gee : Non, la forme, ce n’est pas totalement ma faute. Je dirais que c’est plutôt la faute de Booky. C’est facile parce qu’elle n’est pas là !

Emmanuel Charpentier : On accuse, vas-y.

Bookynette : Je suis revenue.

Gee : Si tu es revenue, Booky, je te laisse répondre. Comment le projet a-t-il pris forme ?

Bookynette : C’est simple. En fait, après l’AG, on s’est dit que ce serait bien qu’on fasse une campagne d’adhésion et ça prend toujours un peu de temps de mettre ça en place. J’ai lancé un mail de brainstorming – même si je préfère vraiment le mot « tempête de cerveaux », parce que je vois des cerveaux partout, je trouve ça très rigolo – en demandant de mettre des idées et ça a super bien marché, tout le monde a mis des idées, même vous. Sauf que comment choisir les meilleures quand il y a plein d’idées, qui on va vexer. Pendant les vacances d’été, il faisait tellement chaud que certaines personnes, parmi vous, faisaient des siestes et pendant ce temps-là, je cogitais et je me suis rendu compte qu’il fallait tout reprendre et que le seul moyen c’était de lancer une gazette. Quand j’en ai parlé lors d’une réunion qu’on a faite ensemble en mode visioconférence, ça nous a bien branchés.

Isabella Vanni : Donc, l’été a été propice pour avoir de bonnes idées. La gazette, si j’ai bien compris, c’était une façon en fait de réunir, de rassembler toutes les bonnes idées qui sont sorties, pour ne pas faire de jaloux ou de jalouses. Jusque-là, j’ai bien compris, par contre, je pense que les personnes se demandent pourquoi vous l’avez intitulée Le Lama déchaîné.

Gee : Ça, pour le coup, c’est ma faute !

Isabella Vanni : Je t’en prie Gee.

Gee : Quand nous nous sommes réunis pour se dire qu’on allait faire ce projet, que nous nous sommes fixés sur cette idée de gazette, il y avait déjà une chose qui était claire : on ne voulait pas que l’intégralité de la campagne repose sur les épaules des salariés, puisqu’on a des salariés, à l’April, qui ont déjà beaucoup à faire. On en a deux avec nous aujourd’hui, Isa et Étienne en régie. On a donc commencé à se répartir un peu le boulot et je me suis dit « j’ai fait quelques sites web un peu à la main, je peux m’occuper de la maquette pour voir un peu à quoi ça pourrait ressembler », ce que j’ai fait assez rapidement sur Inkscape, un super logiciel libre que je vous conseille au passage. C’est vrai qu’au moment où j’ai fait cette maquette, je ne voulais pas forcément mettre des placeholders en anglais, des choses pour meubler. Pour des textes, on a un truc qui s’appelle le lorem ipsum, une espèce de texte généré juste pour meubler, pour mettre quelque chose, en gros, quand on veut faire un test de forme, sans avoir encore le fond. Et forcément, il fallait un titre.
J’avais proposé pas mal de titres dans le pad, la feuille, qu’on s’était partagée pour préparer la gazette. Et c’est vrai que peu de temps avant j’avais dessiné un Lama pour l’April suite à une anecdote que nous avait racontée Fred, le délégué général de l’April général. Il avait raconté qu’une fois, je ne sais pas qui avait reproché à l’April d’être un peu trop virulente dans sa façon de traiter les sujets institutionnels et, à l’époque, une blague c’était de dire « quand April fâchée, April toujours faire comme ça », comme le Lama dans Tintin au Tibet [ Le Temple du Soleil] si, je ne dis pas de bêtises. J’ai donc dessiné ce petit Lama. Dans tous les titres qu’on avait, il y avait des trucs un petit peu bateau – April news, la gazette de l’April – tout un tas de trucs que vous pouvez imaginer. Et j’avais proposé Le Lama enchaîné, pour faire comme Le Canard enchaîné, mais avec le logo du lama. Je crois que c’est Booky qui a dit, carrément, Le Lama déchaîné, ce qui fait qu’au moment où j’ai fait la maquette, je me suis dit « je vais mettre mon petit lama comme logo, je vais mettre ce titre-là et puis on verra bien ! ». Tous les gens qui font des maquettes, qui tentent des choses, savent qu’en général 90 % de la maquette finit dans le produit final, donc le titre est resté.

Isabella Vanni : Je peux vous assurer que ça ne passe pas inaperçu, ni la tête du lama, ni le titre, Le Lama déchaîné.
On disait qu’il y a plein de choses dans cette gazette. Je souhaite vraiment saluer le travail de toutes les personnes, membres et soutiens de l’April, qui ont travaillé à ce projet, qui ont mis la main à la pâte pour ce projet, parce qu’il y a vraiment énormément de choses. C’est incroyable la quantité de matériel que ces personnes ont réussi à produire. Maintenant, j’aimerais voir un peu plus en détail les différentes rubriques, les différents contenus de la gazette. J’imagine qu’il n’y a pas que du sérieux institutionnel, rassurez-moi ! Qui veut répondre ? Bookynette.

Bookynette : Effectivement, il n’y a pas que du sérieux institutionnel, même s’il y a au moins deux grosses rubriques qui sont les éditos de la présidente ou les compte-rendus d’activité faits par Laurent Costy. Il a beaucoup de choses un peu humoristiques comme des citations qu’on a reprises pas du tout au hasard, comme un concours de dessin généré pour tester le nouveau service Chapril qui s’appelle bd.chapril.org. On a le courrier des lecteurices, qui sont en fait les réactions sur Mastodon. Il y a 14 rubriques en tout, enfin, il y avait 14 rubriques en tout sur les deux premiers numéros. Il se trouve qu’une quinzième apparaît à l’arrache pour le numéro qui sortira demain, c’est-à-dire le 30 octobre pour ceux qui écoutent en podcast. Je ne sais pas ce que veulent dire les autres, mais il y a vraiment pas mal de choses. Le but, c’est vraiment de mettre en avant toutes les activités de l’April, ce qu’on fait, mais aussi les membres, les bénévoles. Il se trouve que parfois, voire dans chaque numéro, on laisse la plume à des gens qui ne sont pas forcément de l’April. On a découvert Claudine Chassagne au premier numéro et Tristan Nitot, au deuxième. Je ne spoilerai pas pour le numéro suivant, il faudra aller regarder.

Isabella Vanni : C’est la rubrique « Plume extérieure », qui est plutôt intéressante, c’est une bonne idée. Tu disais aussi des anecdotes rigolotes et les éditos de la présidente avec son style. Tout à l’heure, je blaguais, bien évidemment, quand je disais qu’il n’y a pas que du sérieux institutionnel, ce qui fait quand même fait partie des missions de l’April. Mais c’est vrai que Bookynette, Magali Garnero, a cette capacité de raconter ce que fait l’April d’une façon très accessible. Du coup, je vous invite, bien évidemment, à consulter la gazette. L’adresse est assez simple, n’est-ce pas Echarp ?

Emmanuel Charpentier : Oui, c’est particulièrement simple : april.org/campagne, je ne pense pas qu’on puisse avoir plus simple. Et vous n’avez pas parlé de la meilleure section de la gazette !

Isabella Vanni : Les mots croisés de la gazette ? Vas-y Echarp !

Emmanuel Charpentier : Carrément, franchement ! Qui sont faits pas le même esprit diabolique, Bookynette toujours, de temps en temps je mets un peu mon grain de sel. Effectivement, je me prends bien la tête sur la mise en place du truc, mais ça reste des mots croisés amusants, orientés quand même un peu geeks. Il y a quand même un peu de concepts et de vocabulaire que vous ne retrouverez pas dans vos magazines de mots croisés habituels. Donc, venez voir, venez jeter un œil, mais soyez assez généreux, parce que ça reste des premiers mots croisés produits par des esprits qui ne sont pas faits pour à l’origine, ce n’est pas notre métier. On s’amuse bien avec et on espère que vous vous amuserez bien aussi en les lisant et en essayant de les compléter.

Gee : Je tiens à dire que je suis assez impressionné. Lorsque j’avais fait la maquette, j’avais pris un petit générateur de mots croisés en ligne, je lui avais filé quatre/cinq mots, ça avait fait un truc passable et j’ai appris que Echarp et Bookynette faisaient les mots croisés vraiment à la main, c’est-à-dire qu’ils n’utilisent pas un algorithme ou quelque chose qui met en place les mots de manière bien fichue. C’est travaillé à la main, ce que je trouve vraiment très impressionnant. Donc, félicitations à vous.

Emmanuel Charpentier : Oui.J'ai dû trouver une librairie [collection de routines] qui nous aide, libre bien sûr, sinon, il y a des outils moins libres qui, moyennant finances, auraient pu nous faciliter un petit peu la vie. Il n’empêche que les mots-croisés, effectivement, ce n’est pas quelque chose de résolu, ce n’est pas quelque chose où on peut juste lancer des IA dessus et hop, on obtient un résultat magnifique. Non ! Il faut vraiment y mettre de l’huile de coude et on a besoin d’interaction. Des gens nous aident. Vincent Calame, je pense qu’il nous entend, regarde un petit peu les mots croisés, il fait des propositions, c’est toujours rigolo. On a un site d’édition où on peut un petit peu discuter entre nous et voir à l’avance, avant que ça paraisse, ce qu’on est en train de faire.

Isabella Vanni : Entre-temps, il y a un auditeur, tuxakadjseb, qui nous précise que c’est dans Le Temple du Soleil de Tintin, qu’on trouve le lama. Il a même chargé une page de la BD sur le salon de chat de la radio. Merci à lui.
On n’a pas entendu Marie-Odile. Quelle est ta rubrique préférée dans cette gazette ? Tu peux en dire plusieurs.

Marie-Odile Morandi : Ma rubrique préférée. En fait, j’ai beaucoup participé à relire les éditos de la présidente, à relire ce que font les autres, parce que je n’ai jamais particulièrement des idées extraordinaires ou géniales qui pourraient être utilisées. Je suis les autres et je reprends un petit peu tout ce qui est dit pour que ce soit tout à fait lisible, que ça coule bien. Voilà ma participation principale.<br/ On peut dire qu’il faut vraiment s’accrocher sur le pad, parce que, si on regarde le premier pad que Bookynette avait ouvert, il arrive aujourd’hui à 1000 lignes. Mille lignes, ce n’est pas rien, il faut s’y retrouver. Mais qu’à cela ne tienne, on en a ouvert d’autres et on a plein de pads qui sont ouverts. Pratiquement pour chacune des rubriques, on a un pad sur lequel on peut apporter des améliorations.

Isabella Vanni : Il y a plusieurs pads qui sont ouverts. Attention ! Si jamais des personnes nous écoutent et nous disent « j’aurais bien donné un coup de main pour cette campagne si vous avez encore des contenus à peaufiner », je ne voudrais pas qu’on les décourage en disant qu’il y a tous ces endroits où chercher. En réalité, il y a un point d’entrée qui est assez simple, n’est-ce pas ?

Marie-Odile Morandi : Oui, c’est le pad principal. Si vous le souhaitez, dans les références, on remettra à l’adresse exacte du pad principal. En tête du pad principal, on a tous les liens vers les nouveaux pads qui ont été ouverts pour pouvoir suivre tout ce qui se passe.

Isabella Vanni : Magnifique. Et si vous avez des doutes, si éventuellement vous avez des questions, si vous voulez juste vous présenter ou discuter, il y a aussi la liste Sensibilisation de l’April, on mettra aussi cette référence. C’est une liste où vous pouvez vous présenter et démarrer votre participation à la campagne.
D’ailleurs, est-ce que tous les contenus sont déjà rédigés ? Est-ce qu’il y a des choses qui manquent et pour lesquelles on appelle à l’aide ?

Marie-Odile Morandi : Oui, tous les contenus sont presque prêts, mais il y a toujours des retouches de dernière minute, des choses à ajouter, des choses à supprimer, etc. Et puis au départ neuf semaines, ça semblait énorme. C’est long, neuf semaines ! Mais, petit à petit, finalement, on arrive à être à l’heure et à tout avoir prévu pour le jour J.

Isabella Vanni : D’ailleurs, il me semble qu’il manque une parole de salarié, et je crois bien que c’est la mienne ! Il y a un encore un contenu à rédiger, c’est ma faute, ce n’est pas encore prêt. Je pense que j’ai encore un peu de temps, puisqu’il y a neuf semaines devant.
Donc, on a déjà parlé avec Marie-Odile, Gee, Echarp, Bookynette. On a parlé de Vincent Calame qui est féru de mois croisés, mais d’autres personnes se sont impliquées dans le projet. Est-ce que ce qu’on veut en dire quelques mots ? Echarp peut-être.

Emmanuel Charpentier : Laurent est beaucoup dessus, nous aide beaucoup. Il participe aux réunions et il essaye aussi, par exemple, de faire des dessins. Donc Laurent que vous avez entendu tout à l’heure avec Lorette dans cette magnifique chronique sur la 2 CV. Et puis on a on a différentes autres personnes qui se connectent régulièrement, qui viennent nous aider, nous donner des contacts pour essayer d’organiser un petit peu tout ça, sachant que c’est un contenu qui a aussi besoin d’être beaucoup relayé et, c’est LA grosse difficulté, faire en sorte que le plus de gens voient ces pages. Nous sommes beaucoup relayés, notamment par LinuxFr. Je recommande à ceux qui ne connaissent pas d’aller jeter un œil. C’est un site de geeks s’il en est, c’est le site à trolls français. Oui ! Il y a un nid, le nid de trolls est là, c’est linuxfr.org.

Gee : Tu assumeras ces propos directement avec LinuxFr, on est bien d’accord !

Emmanuel Charpentier : On les connaît bien, ce sont des amis, d’ailleurs ils le savent très bien. C’est linuxfr.org, allez jeter un œil si vous voulez vous amuser, et n’hésitez pas vous-même à sortir des grandes phrases, des grands jugements, c’est toujours amusant. On est là un peu pour ça. Il n’y a pas assez de femmes. Donc venez blindés, mais venez quand même, il n’aura pas de mal. Et puis, on essaye effectivement de faire tout un travail de relais aussi sur Mastodon, notre X/Twitter à nous mais sans Elon Musk – qu’est-ce qu’il nous manque ! Donc, là aussi, on a besoin un petit peu de relais. C’est toujours compliqué, parce que, dans une campagne d’adhésion, malheureusement, les premières personnes qu’on va embêter ce sont les gens qui sont déjà adhérents, parce que, bien sûr, ce sont eux qui sont qu’on a sous la main, ce sont eux qui vont recevoir le message en premier, c’est toujours la même chose : on va essayer de convertir des gens déjà convertis, on va essayer de prêcher des gens qui sont déjà dans le domaine. C’est un petit peu embêtant et on voudrait accéder à d’autres personnes. Donc, si des journalistes du Monde, du Figaro nous entendent, qu’ils n’hésitent pas, april.org/campagne, ça nous ferait très plaisir.

Isabella Vanni : Il y a une rubrique que Bookynette tenait absolument à avoir dans la gazette, elle m’a d’ailleurs personnellement sollicitée, c’est la rubrique « Anecdote rigolote ». Je peux témoigner que François Poulain, administrateur de l’April, s’est donné du mal pour trouver des anecdotes de ce type, il remonte parfois bien loin dans le temps, mais c’est un peu le but de la gazette que de montrer tout ce qu’on fait, tout ce qu’on a aussi déjà fait. C’est donc pour cela que vous pourrez retrouver aussi des choses un peu un peu anciennes.
Tu disais, Echarp, que c’est important de nous relayer.
Bien évidemment, vous pouvez faire plein d’autres actions pour nous soutenir et pour faire en sorte que cette campagne ait du succès. Je laisse peut-être la présidente de l’April faire cet appel. Bookynette.

Emmanuel Charpentier : Elle est connectée.

Bookynette : Je suis là, c’est juste que j’ai eu un appel en même temps que tu me posais la question, donc je ne pouvais pas répondre. Pas de chance, c’est toujours comme ça. Du coup, peux-tu répéter la question ?

Isabella Vanni : Bien sûr. Les personnes qui nous écoutent ont peut-être envie de nous aider. Quelles sont les façons de nous aider, mis à part le fait de relayer au maximum la campagne autour d’elles ?

Bookynette : Faire un don, adhérer. Faire un don sur En Vente Libre, enventelibre.org.

Isabella Vanni : C’est l’occasion de rappeler ce qu’est enventelibre.org.

Bookynette : En Vente Libre est une plateforme qui vend des goodies d’associations libristes et qui récupère des dons. Vous pouvez faire un don à l’April et en profiter pour faire un don à d’autres associations si vous voulez, donc ça fait d’une pierre plusieurs coups.
Vous pouvez aussi mettre un lien dans votre signature, quand vous envoyez des mails, qui dirige vers la campagne. Ça fait connaître la campagne, sans que, pour autant, vous ayez à sortir des arguments.
Ce qui serait génial, vraiment génial, parce que c’est quelque chose qu’on a du mal à voir, ce seraient des commentaires sur les réseaux sociaux avec le hashtag qu’on a choisi, #LeLamaDéchaîné, ou, le deuxième hashtag, #CampagneApril2024, parce qu’on peut reprendre les messages qui contiennent ces hashtags pour notre gazette et c’est vrai qu’on en manque un peu. C’est donc une super manière de contribuer : relayer et participer en même temps.
Pour notre campagne, on a fait des bannières que vous pouvez mettre sur votre site perso, même sur votre site pro ou même sur les sites des copains.
Si vous pouvez aller faire des dessins générés par notre nouveau service, on les publiera et, en même temps, on vous citera. C’est aussi un moyen de faire connaître.
Quelque chose que vous pouvez faire, puisque Manu parlait de LinuxFr, n’hésitez pas à mettre des commentaires sur LinuxFr sous les messages que nous mettons. Ça fait plaisir que ces textes qu’on s’oblige à écrire et à relire ne restent pas dans le vide, d’ailleurs merci Marie-Odile, je trouve que tu amenuises un peu ta participation. Tu relis tellement de choses, même plusieurs fois, je suis en admiration devant toi, devant tout ce que tu fais pour nous dans cette campagne.

Isabella Vanni : On a oublié peut-être la chose la plus importante, c’est-à-dire que vous pouvez aussi adhérer à l’April. Pour cela, c’est très simple, vous trouvez un bouton « Adhérer » directement sur notre site april.org.
On parlait du générateur de dessins et j’aimerais solliciter Gee pour en savoir un peu plus : qu’est-ce que ce service de générateur de dessins, de BD ?

Gee : À la base, ce service est un très vieux logiciel qui avait été créé par Mozilla, me semble-t-il, qui s’appelait Comic Gen, quelque chose comme ça, il faudrait que je vérifie, je suis désolé si quelqu’un a la référence, qu’il n’hésite pas. Ça avait été repris par un camarade de l’association Framasoft, qui s’appelle Cyrille [Largillier] et qui, en fait, l’avait adapté en utilisant tout un tas de dessins que je faisais à ce moment-là sur mon blog et aussi, notamment, sur le Framablog, c’est pour cela que c’était Framasoft qui avait fait ce truc-là. On avait appelé ça GéGé, à l’époque c’était le générateur du Geektionnerd, après c’est devenu le générateur de Grise Bouille, je vous passe les détails.
Pour la gazette, j’avais proposé de faire un dessin chaque semaine, un petit dessin d’actu, en général, je lis l’édito de la présidente et je vois ce que ça m’inspire, on s’est dit pourquoi ne pas aussi proposer aux gens de faire leurs propres dessins. Sauf qu’évidemment, comme tout le monde ne sait pas dessiner, on s’est dit autant proposer le petit générateur, donc un générateur équivalent. J’ai donc pris le code et fait ce qu’on appelle un fork en logiciel libre. Du coup, c’est un fork de fork, puisque c’est un fork de la version personnalisée du logiciel de Mozilla par Framasoft, qui s’appelait GéGé, que j’ai forké à nouveau en gardant tous les dessins qui étaient déjà dedans, parce que c’est une bonne base, et puis, de toute façon, ce sont mes dessins, donc quelque part, c’est logique, auxquels j’ai ajouté un peu tout ce qui concerne l’April. Donc logo de l’April, le petit lama, évidemment, qu’on utilise tout le temps. Et puis, j’ai remis un skin April sur tout ça, un habillage on va dire, quelque chose qui a l’air d’être de l’April. Ça s’appelle bd.chapril.org, c’est à la fois le nom et l’adresse, c’est bien pratique. Vous pouvez l’utiliser pour faire pour nous proposer des dessins, mais, en vrai, vous pouvez l’utiliser pour faire absolument ce que vous voulez. Les dessins sont sous licence CC By CA, donc vous avez le droit d’en faire ce que vous voulez, à partir du moment où vous mettez les dessins sous licence libre également.

Isabella Vanni : On a parlé de la campagne, de la gazette, de tous les contenus qu’on peut y trouver, mais on n’a pas parlé plus spécifiquement de l’objectif qu’on se donne pour cette campagne, qui est un objectif financier ambitieux. La présidente veut peut-être nous en parler.

Bookynette : Notre trésorier nous a dit qu’il fallait qu’on comble un trou de plus ou moins 20 000 euros, donc notre objectif c’est 20 000 euros. Cette nuit, à deux heures du matin, c’est-à-dire la dernière fois que j’ai regardé les chiffres, on avait atteint 2 811 euros, soit à peu près 14 %.

Isabella Vanni : Ça progresse, mais il faut faire plus. Donc n’hésitez pas à relayer, faire un don, adhérer, en sachant que la campagne Le Lama déchaîné dure neuf semaines. Deux numéros sont déjà sortis et chaque mercredi, donc demain mercredi 30 octobre, le troisième numéro sort, mais il s’appelle, en fait, numéro 2. Pourquoi ? Pourquoi cette numérotation peu bizarre ?

Emmanuel Charpentier : C’est la numérotation informaticienne. Quand on naît, on a 0 an. C’est la même manière : le premier numéro a le numéro 0 et c’est assez normal en informatique. C’est assez inusuel pour la plupart des gens, mais c’est la numérotation usuelle. Ça fait que le premier est le numéro 0, le deuxième, le numéro 1, etc. C’est toujours assez amusant. On devrait s’arrêter à 8, 9 peut-être, on verra, mais 8 est aussi un bon chiffre en informatique. Donc, ça devrait être suffisant, à moins qu’il y ait de l’énergie chez Magali, mais non, quand même !

Bookynette : Pour ne pas se tromper, on leur a donné des petits noms : le numéro collectivités, le numéro anti-GAFAM, le numéro éthique, et ainsi de suite, mais ce n’est pas encore totalement visible, peut-être que ça changera dans les semaines à venir. Ça permet de se demander si on publie dans le premier numéro ou dans le numéro 1.

Isabella Vanni : Il y a une rubrique très sympa qui s’appelle « Les idées à déconstruire » que je trouve plutôt pas mal. Ce sont des idées reçues sur les logiciels libres ou sur les logiciels privateurs. Là, c’est Françoise Conil, une autre membre du conseil d’administration, une administratrice de l’April depui peu, depuis un an, qui a mis la main à la pâte pour rédiger ces idées à déconstruire. Elle a eu la bonne idée de parler de ce qui s’est passé cet été : la mise à jour d’un logiciel de l’entreprise CrowdStrike qui a fait tomber en panne 8,5 millions d’appareils ! Comme quoi, quand on dit que les logiciels privateurs sont plus fiables, c’est tout à fait une idée reçue.
Est-ce qu’il y a d’autres choses dont vous souhaiteriez parler par rapport à cette campagne ? Est-ce que vous amusez déjà ?

Gee : Oui.

Isabella Vanni : Gee dit oui, c’est très bien. Marie-Odile.

Marie-Odile Morandi : Une très belle expérience, un beau travail collaboratif. Tous les lundis matin, depuis que la campagne a commencé, on se retrouve en visioconférence – enfin moi je ne mets pas ma caméra, vous pensez bien – mais on se retrouve en conférence, on bavarde, on discute, on fait des choix. Il faut absolument que l’objectif que nous avons fixé soit atteint. Tout le monde peut venir participer à ces réunions hebdomadaires.

Isabella Vanni : Peut être avez-vous sous la main aussi le lien pour participer à ces réunions. Je n’ai pas pensé à le noter. Sinon vous pouvez venir aussi sur la liste Sensibilisation, vous inscrire, c’est très simple. On vous met la référence sur la page de présentation de l’émission avec toutes les références. Vous verrez qu’il suffit de s’inscrire. Vous recevrez les courriels, les commentaires des autres personnes du groupe de cette liste de discussion et les rappels pour les réunions se déroulent notamment le mardi matin à 9 heures.

Emmanuel Charpentier : Le lundi.

Isabella Vanni : J’ai dit quoi ?

Emmanuel Charpentier : Le mardi.

Isabella Vanni : Vraiment désolée, dans ma tête, c’était lundi. Ce sont des réunions qui commencent tôt, le lundi à 9 heures, ça démarre de façon assez rude.
On a parlé surtout des bénévoles, membres du conseil d’administration ou pas, qui ont participé à cette campagne. Les salariés ont participé aussi, mais il faut dire que c’est vraiment une idée et un projet qui repose sur les épaules des bénévoles. Donc, je les remercie à nouveau.
Je vous propose de faire un tour de table pour ajouter ou préciser un message, en partant de Gee. Est-ce qu’il y a quelque chose, un message que tu voudrais faire passer ?

Gee : Envoyez des sous, beaucoup ! Je dirais la même chose que ce que je dis aux gens qui me suivent : si vous avez les moyens, faites un don ; si vous n’avez pas les moyens, communiquez. C’est très important aussi de nous aider à faire connaître cette campagne, à faire connaître l’April à travers la campagne, parce que ça reste quand même le principe général. Si vous allez moyens, c’est sympa de donner, c’est sympa d’adhérer, mais si vous n’avez pas les moyens, il y a d’autres moyens de nous aider et la communication, c’est le nerf de la guerre. Donc, voilà, c’est bon comme ça.

Isabella Vanni : Très bien. Echarp.

Emmanuel Charpentier : On peut faire remarquer qu’en même temps, il y a une petite actualité, petite de l’extérieur, mais qui va peut-être perturber pas mal de gens. Des amendements, des lois sont en train d’être faites en ce moment même et qui vont toucher des logiciels de comptabilité, des logiciels de caisse, parce que, soi-disant, on peut les utiliser pour faire de la fraude. Il y avait déjà des systèmes en place et l’April s’était battue là-dessus en 2018. Donc, là, c’est important qu’on ne prenne pas trop de temps aux salariés pour faire une campagne d’adhésion, notamment à Étienne, parce qu’ils ont besoin de se bouger sur ces amendements qui sont assez perturbants. Je lis les mailing-lists, il y a une mailing-list Comptabilité qui remue beaucoup, alors que d’habitude elle est plutôt calme, parce que là, justement, il y a des députés qui sont en train de faire des trucs un peu bizarres. Députés, sénateurs, ils sont plusieurs. On ne sait toujours pas d’où ça vient, on ne sait toujours pas ce que ça va donner, parce que ce sont des votes un petit peu aléatoires vus de l’extérieur, on ne maîtrise pas les tenants et les aboutissants. Là, ce n’est pas contre le terrorisme, ce n’est pas pour se battre contre la pédophilie ou quoi que ce soit. Non ! C’est pour se battre contre des gens qui frauderaient la TVA et ça risque de mettre à mal tout un pan logiciel libre en France, des gens qui ont des entreprises, des salariés qui travaillent là-dessus. C’est très embêtant et un peu énervant. Je viens de relire un mail là-dessus, il y a peu de temps. C’est assez énervant.

Isabella Vanni : Suivez-nous, parce qu’on fera bien évidemment des actus sur ces sujets.
Marie-Odile, tu veux rajouter quelque chose ?

Marie-Odile Morandi : Je veux rappeler que l’April défend le logiciel libre, promeut le logiciel libre, défend vos libertés informatiques, les nôtres, les vôtres et il faut absolument que l’April puisse continuer sa mission. Je souhaite vraiment de tout cœur que l’objectif qui a été fixé soit atteint et qu’on puisse terminer l’année avec un budget en équilibre. Merci à tous.

Isabella Vanni : Magali Garnero, alias Bookynette, la présidente de l’April, un mot de la fin.

Bookynette : Je trouve cette campagne extraordinaire au point de vue de la vie associative. J’ai interviewé des gens, ce que je n’aurais pas forcément osé faire, à qui j’ai demandé d’écrire, les plumes extérieures. Il y a des initiatives que j’avais envie de mettre en avant et qu’on a pu mettre en avant. Toute l’équipe a suivi, il y a un humour incroyable dans ce groupe de travail Sensibilisation. Je trouve que c’est génial. En même temps, c’est hyper-chronophage parce qu’on veut faire les choses bien. Je conseille à toutes les associations de se lancer dans des campagnes, parce que ça permet de réfléchir sur ses objectifs, de faire des choses ensemble et c’est vraiment un moment agréable à vivre.

Isabella Vanni : On a peut-être oublié parmi les moyens pour relayer la campagne qu’on peut imprimer les numéros de la gazette, Le Lama déchaîné, n’hésitez pas. Vous avez un bouton [image d’une imprimante] pour PDF, prêt à l’usage, et ça peut être aussi une façon sympa de faire circuler sur papier notre gazette.
Un grand merci à toutes les personnes qui ont participé à ce premier point du sujet Au cœur de l’April dédié à la campagne Le Lama déchaîné, Magali Garnero, alias Bookynette, présidente de l’April, Emmanuel Charpentier, Gee et Marie-Odile Morandi. Merci à vous et bonne continuation pour la rédaction des contenus et pour la mise en ligne de la gazette.
Nous allons maintenant faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Isabella Vanni : Nous allons écouter Drunk Blues par KPTN. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Drunk Blues par KPTN.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Isabella Vanni : Nous venons d’écouter Drunk Blues par KPTN, disponible sous licence libre Creative Commons CC By SA 4.0.

[Jingle}

Interview de Julie Chaumard 50’ 15

Isabella Vanni : Je suis Isabella Vanni de l’April. Au cœur de l’April est le sujet principal de l’émission du jour, nous échangeons avec différentes personnes qui font vivre l’association.
N’hésitez pas à participer à notre conversation au 09 72 51 55 46 ou sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causecommune.fm, bouton « chat ».
Vous pourrez trouver toutes les références de l’émission de ce jour sur la page consacrée à l’émission, libreavous.org/224.
Nous allons maintenant poursuivre notre sujet principal d’aujourd’hui, Au cœur de l’April, avec notre prochaine invitée qui est Julie Chaumard. Bonjour, Julie.

Julie Chaumard : Bonjour.

Isabella Vanni : Julie est bénévole à l’April. Elle a commencé à participer aux activités de l’April notamment pour l’émission Libre à vous !.
Avant de creuser ta contribution à Libre à vous !, je te propose de faire une petite présentation personnelle.

Julie Chaumard : Je suis bénévole à l’April depuis septembre 2023. Je m’appelle Julie. Je dirige une agence web qui est dédiée au domaine culturel et artistique. C’est mon métier. Sinon, dans ma vie personnelle, je suis musicienne de musique baroque et je dessine. Voilà !

Isabella Vanni : Tu as donc commencé à contribuer à Libre à vous ! dès septembre 2023 en faisant quoi plus précisément ?

Julie Chaumard : En septembre 2023, je suis arrivée ici, au studio de la radio Cause Commune, pour l’émissionLibre à vous ! et j’ai commencé par faire la régie. On cherchait des personnes pour la réalisation, la régie, ça m’a interpellée, parce que j’aime bien les nouveautés, j’aime bien l’aventure. Je ne suis pas salariée, donc le mardi après-midi m’allait. J’ai été reçue ici, superbement bien reçue d’ailleurs, par les membres, par l’équipe de Libre à vous ! qui m’ont donc appris à faire la régie.

Isabella Vanni : Et tu fais partie d’une équipe régie qui compte actuellement trois femmes ! C’est bien de le dire. En fait, tu continues de faire la régie, tu es toujours dans l’équipe.

Julie Chaumard : Exactement, je fais toujours la régie. D’ailleurs, je l’ai faite les deux mardis précédents et j’aime beaucoup ça. Je ne voudrais pas arrêter, bien que je fasse maintenant une chronique.

Isabella Vanni : Et c’est la raison pour laquelle tu es là aujourd’hui. Tu as vite voulu te mettre aussi de ce côté du micro. Aujourd’hui, tu tiens une chronique. En fait, c’est une nouveauté de la saison 8, qui a commencé à la rentrée. Comment s’appelle ta chronique ?

Julie Chaumard : Ma chronique s’appelle « À la rencontre du Libre ». Quand j’avais commencé la régie, j’avais effectivement beaucoup aimé. En fait, je ne connaissais pas l’April, je ne connaissais pas l’émission.

Isabella Vanni : Est-ce que tu connaissais le logiciel libre ?

Julie Chaumard : De loin.

Isabella Vanni : Tu as tout appris en un an !

Julie Chaumard : Exactement ! Du coup, je suis arrivée à la régie. J’aimais bien le côté technique de la régie et l’aspect radio. À la première émission, je n’ai pas trop écouté pas trop parce que je découvrais la régie, puis, petit à petit, j’ai commencé à bien écouter les émissions, correctement, et ça m’a vraiment beaucoup plu. Je trouve que j’ai appris beaucoup, tant en termes, je dirais, techniques, mais plus aussi, on va dire peut-être philosophiques, de société, tous les sujets qu’il y a dans l’émission, mais je ne pensais quand même pas venir côté plateau. Même en faisant la régie, on a un peu le trac, il y a quand même le direct, il ne faut pas se tromper. Mais, dans ma vie personnelle, j’ai trouvé un sujet intéressant pour l’April, pour la radio, mais je ne pensais pas le faire. J’ai dit « j’ai découvert tel logiciel libre – qui s’appelait WeasyPrint – ça serait bien que vous en parliez. J’aime bien Lucie Anglade et Guillaume Ayoub qui l’ont construit. Et là, l’équipe de Libre à vous ! m’a dit « vas-y, fais-le ». J’étais assez interloquée qu’on me le propose alors que je n’avais jamais été derrière un micro, vraiment une très bonne surprise qu’on me permette de faire ça, bien que je n’aie jamais fait de radio. Par contre, comme je suis musicienne, il faut savoir que j’aime quand même beaucoup le direct. J’aime faire les concerts. Je ne fais pas de musique enregistrée, je ne fais que de la musique vivante. C’est que j’aime beaucoup le direct, j’aime beaucoup cette adrénaline, j’aime bien même ce petit trac.

Isabella Vanni : Ce n’est pas un trac bloquant.

Julie Chaumard : Parfois, oui, quand même.

Isabella Vanni : Nous ne nous en sommes pas aperçus.

Julie Chaumard : Surtout la première émission, celle sur WeasyPrint, j’avoue que j’avais tout bien préparé, bien écrit. Maintenant, je structure ce que je vais dire, mais je ne prépare plus les phrases.

Isabella Vanni : Ce sujet sur WeasyPrint remonte à fin novembre 2023. Tu avais donc commencé la régie depuis peu. Finalement, on peut peut-être dire que c’est un petit peu le numéro 0 de ta chronique, parce que ta toute première chronique qui, on le rappelle, s’appelle « À la rencontre du Libre », c’était le 3 septembre 2024. II y avait déjà eu un numéro 0 avant. Non seulement tu es sur le plateau, de ce côté du micro, mais, en plus, tu n’as même pas eu peur d’aller interviewer plein de gens à l’occasion des Rencontres Professionnelles du Logiciel Libre de cette année, en mai 2024, à Lyon. Tu veux en parler un petit peu peut-être.

Julie Chaumard : Je ne sais plus comment ça s’est passé, j’ai oublié maintenant, en tout cas, vous m’avez certainement proposé d’aller à Lyon.

Isabella Vanni : Ou toi-même, tu es très entreprenante, tu t’étais proposée toi-même.

Julie Chaumard : Il y avait les Rencontres Professionnelles du Logiciel Libre à Lyon. Je ne sais pas qui a eu l’idée d’aller faire des interviews des intervenants à cette journée. Je suis allée faire une petite dizaine d’interviews. C’était super pour moi, parce que quand je suis allée faire ces interviews, je m’étais préparée, j’avais préparé des questions, j’avais regardé un peu la vie des intervenants, mais je n’avais jamais vraiment fait ce genre de chose. Quand je suis arrivé là-bas, j’ai été super bien accueillie, ça s’est super bien passé, les interviews très bien, et j’ai découvert que c’était possible, que j’y arrivais quand même pas trop mal. On s’améliore toujours, mais ça c’est quand même bien passé, d’ailleurs à tel point qu’on a fait une émission entière dédiée à ces interviews des Rencontres Professionnelles du Logiciel Libre.

Isabella Vanni : Une émission que tu as animée en entier. D’ailleurs, il faut rappeler qu’on propose aux personnes de proposer des sujets et, si elles se sentent, d’animer le sujet principal d’une émission, tout en sachant qu’on accompagne les personnes, on peut donner des conseils, on ne laisse pas non plus les personnes toutes seules dans leur coin, on prépare l’émission ensemble. Mais c’est la première fois, je crois, qu’une personne externe à l’équipe éditoriale avait eu le cran, j’ai envie de dire, d’animer une émission entière, parce que ça devient un peu plus compliqué, il y a aussi l’aspect timing à gérer. Donc, toi, tu t’es sentie de le faire. Ça s’est bien passé ?

Julie Chaumard : Oui, je me suis sentie de le faire, mais, comme tu le dis, ici, c’est effectivement très bienveillant, on est très bien accompagné. On se dit OK, on n’est pas expert, on ne va pas parler super bien à la radio, on va chercher ses mots, mais il n’y a pas de jugement. Du coup, petit à petit, on avance, on s’améliore, et, comme tu le dis, des personnes qui ont envie de faire un sujet peuvent venir et on est super bien accompagné.
Vous m’avez donc dit « allez, vas-y, fais l’émission ». Encore un merci beaucoup de l’opportunité. Donc j’ai repris vos trames. Pour le timing, je me suis un peu chronométrée à la maison, j’avoue. Quand on démarre, on ne sait pas trop combien de temps ça va durer, on regarde sa montre, on fait le timing, et puis, finalement, on abrège les phrases, on les allonge en fonction de l’heure qui passe, on se prépare bien. Du coup, ça s’est très bien passé et franchement, j’ai vécu une belle expérience.

Isabella Vanni : Et tu t’es engagée, finalement, pour faire une chronique mensuelle. Est-ce que tu veux nous raconter un petit peu comment l’idée est venue et en quoi consiste ta chronique ?

Julie Chaumard : C’est plutôt vous qui m’avez sollicitée, je pense suite aux interviews des Rencontres Professionnelles du Logiciel Libre et à l’émission que j’avais faite. C’est vous qui m’avez donné l’idée de faire une chronique et aussi donné l’idée des interviews. Je trouve que les émissions, ici, sont passionnantes. J’aime beaucoup les chroniques de Gee et des autres personnes, mais je me dis que je ne suis pas comme elles. Quand on s’inspire, on s’identifie, et on se dit qu’on ne va pas arriver à faire ce qu’elles font. Je me suis dit il faut que je reste moi-même, il ne faut pas que je veuille faire comme quelqu’un. Tout en s’améliorant dans la technique radio, il faut rester soi-même et ce que j’aime, c’est aller à la rencontre des gens. En fait, vous avez bien capté, nous nous bien sommes entendus parce que vous m’avez proposé d’aller faire des interviews et c’est exactement ça qui me correspond.
Je suis donc contente de pouvoir aller à la recherche de personnes, c’est le plus dur, pour avoir leurs retours d’expérience, leurs pratiques, leurs besoins, parce que, pour moi, on apprend ensemble. On rencontre des personnes de tout horizon, donc j’ai envie d’aller voir comment les autres font le Libre, comment ils utilisent le logiciel libre. En fait, je voulais vraiment des cas pratiques. Donc voilà le sujet de la chronique.

Isabella Vanni : Tu as déjà fait deux chroniques, si je ne me trompe pas. Est-ce que tu peux rappeler les sujets de tes premiers épisodes ?

Julie Chaumard : Le premier épisode, c’était Les Tilleuls, c’était en septembre. Les Tilleuls, c’est une coopérative qui emploie des développeurs, notamment en Python, qui sont très engagés dans le logiciel libre. J’ai trouvé qu’ils étaient jeunes, dynamiques, je les avais déjà rencontrés.

Isabella Vanni : D’ailleurs aux Rencontres Professionnelles du Logiciel Libre à Lyon.

Julie Chaumard : Exactement, et j’ai voulu approfondir. La personne que j’avais interviewée est une jeune femme. Je les ai vraiment beaucoup aimés, donc je leur ai dit « j’aimerais bien faire un sujet que sur vous, une chronique sur vous », donc c’était sur eux.
Le deuxième sujet, c’était avec Lucie Anglade qui est présidente de l’association francophone Python. Grâce à Libre à vous ! et aux chroniques que j’ai faites, je l’avais rencontrée, donc je la connaissais et j’étais très contente de l’interviewer pour leur événement qui s’appelle PyCon, qui a lieu, d’ailleurs, ce week-end. C’était septembre-octobre.

Isabella Vanni : Est-ce que tu as déjà préparé les prochains sujets ?

Julie Chaumard : Oui, j’essaye de bien préparer à l’avance que ça arrive vite les mois. Donc j’ai prévu les sujets de novembre et de décembre. Ce que je voudrais, c’est vraiment interviewer des personnes en France et dans le monde entier. Pour l’instant, je suis en train de prospecter la Belgique, je n’y suis pas encore arrivée, mais j’essaie, je prospecte. Sinon, comme je suis originaire du sud-ouest, je ne sais pas si on l’entend à mon accent, j’ai voulu interviewer quelqu’un du Gers. J’ai donc cherché cet été, et j’ai trouvé un monsieur qui s’appelle Martin Hardy, qui est professeur dans une école d’ingénieurs et qui utilise beaucoup le logiciel libre dans ses cours. On va donc voir comment il utilise ça. Une autre personne, en décembre qui vient, elle, de Grenoble. La messagerie, l’usage de la messagerie dans le logiciel libre m’intéressait, comment faire. Du coup, j’ai cherché quelqu’un qui l’utilise, pas quelqu’un qui la vend, mais quelqu’un qui utilise la messagerie libre, un utilisateur, donc, ce sera un utilisateur.
Et en janvier, j’aurai, par contre, la personne qui vend ses services de messagerie libre. Comme ça, on aura les deux côtés.

Isabella Vanni : Parfait. Je rappelle que pour trouver les chroniques que Julie a déjà données, c’est très simple : vous pouvez vous rendre sur libreavous.org/chroniques et là en tête de liste, vous retrouvez « À la rencontre du Libre » de Julie Chaumard, vous cliquez dessus et vous pouvez réécouter en podcast ses chroniques, et la transcription est également disponible.
Avant de nous quitter, Julie, est-ce que tu as eu lecture, un film, un podcast, une musique à suggérer à nos auditeurs, auditrices ?

Julie Chaumard : Oui, justement, et c’est quelque chose qui a été suggéré par la radio Cause Commune, que j’ai appris à la radio Cause Commune. D’ailleurs, les personnes de la radio Cause Commune et celles qui veulent – c’est un appel – nous allons toutes aller au théâtre le 5 novembre au soir, au théâtre qui s’appelle La Scène Parisienne, pour voir une pièce qui s’appelle Qui a Hacké Garoutzia ?. Si vous allez sur le site du théâtre La Scène Parisienne, c’est le 5 novembre, il y a d’autres dates, mais nous y allons le 5 novembre. Je ne sais pas s’il reste des places parce que tout le monde y va le 5 novembre. Je dis qu’il faut y aller, mais je ne l’ai pas vue, par contre, j’ai eu de très bons retours.

Isabella Vanni : Bookynette demande si ça vient d’un livre.

Julie Chaumard : Exactement ça vient d’un livre.

Isabella Vanni : Merci, Julie, d’avoir participé à notre émission et à bientôt pour une prochaine chronique « À la rencontre du Libre ».

Julie Chaumard : Merci.

Interview de Pilou 1 h 05’ 25

Isabella Vanni : Passons maintenant au dernier point de notre sujet principal, Au cœur de l’April, échange avec des personnes qui font vivre l’association.
Nous avons le plaisir d’avoir avec nous sur le plateau aujourd’hui, pour sa première participation à Libre à vous ! et peut-être sa première participation dans une radio tout court, Pilou. Bonjour Pilou.

Pilou : Bonjour.

Isabella Vanni : Vous verrez que Pilou est un bénévole de l’April, mais, avant d’être bénévole, et il est aussi membre de l’April. Il intervient, il contribue notamment sur le projet Chapril, les services en ligne libres et loyaux proposés par l’April. Avant d’approfondir ce sujet, j’aimerais avoir une petite présentation de ta part. Qui es-tu Pilou ?

Pilou : Je suis admin-sys, développeur.

Isabella Vanni : D’accord. Ajoutons quelques détails, dans quel langage, par exemple ?

Pilou : Python.

Isabella Vanni : Python, pour changer ça. C’est l’un des langages de programmation effectivement les plus répandus actuellement.
Est-ce que tu veux nous parler un petit peu de ton expérience à l’April. Qu’est-ce que tu fais ? Quand as-tu commencé à contribuer plus activement ? C’est l’occasion de le rappeler qu’en devenant adhérent de l’April, on n’est pas du tout obligé de s’activer, de s’impliquer dans un projet, dans un groupe de travail. Bien évidemment, nous encourageons à le faire, parce que c’est beau de faire des choses ensemble. Mais, être adhérent, ça veut déjà dire nous soutenir financièrement, ça veut dire nous donner plus de poids notamment face aux décideurs politiques. Et après, si vous avez envie, en plus, de faire une action ponctuelle, voire sur la durée, vous êtes bien évidemment les bienvenus et c’est un peu ce que tu as choisi de faire à partir de 2021, je crois, Pilou.

Pilou : Oui, c’est ça. Je suis adhérent depuis 2012, si je ne me trompe pas et actif depuis l’été 2021. Pour moi, rejoindre le Chapril était une autre manière de contribuer que par le code. J’ai d’abord rejoint le groupe de travail du Chapril via l’animation du service forge.chapril.org, qui est une forge logicielle basée sur logiciel libre Gitea.

Isabella Vanni : Je ne sais pas si les personnes qui nous écoutent savent toutes ce qu’est une forge. Peux-tu nous nous le rappeler, s’il te plaît ?

Pilou : La forge logicielle, c’est l’outil qui va permettre à plusieurs personnes de collaborer à la réalisation d’un logiciel.

Isabella Vanni : Très bien. Pardon, je t’ai interrompu. Tu disais que tu es arrivé dans le groupe de travail du Chapril via l’animation de ce service.

Pilou : Ensuite, par la force des choses, j’ai rejoint le groupe de travail admin-sys de l’April.

Isabella Vanni : Et que font ces admins-sys ?

Pilou : On s’occupe de l’infra de l’April et du Chapril.

Isabella Vanni : Donc de tout le système informatique, des serveurs, des services. En fait, c’est une équipe hyper-précieuse pour tout le monde. En tant que salariée, je dois saluer le travail de cette équipe, parce qu’on s’adresse aux membres de l’équipe admin-sys quand on a un souci informatique. Normalement, on passe par un gestionnaire de tickets et, si vraiment on a une urgence particulière, on essaye, à ce moment-là, de les contacter en direct et c’est vrai que c’est génial de pouvoir compter sur ces personnes qui, en plus, sont bénévoles.
On va parler un peu plus, peut-être, du Chapril. Est-ce que tu peux nous nous présenter ce projet ?

Pilou : Le Chapril, c’est un ensemble de services proposés par l’April. Ces services sont basés sur des logiciels libres. Il y a de nombreux services.

Isabella Vanni : Je crois qu’on est à 15.

Pilou : Je ne sais pas si je compte le nouveau service BD.

Isabella Vanni : Il faut le compter absolument ! Il faut savoir que le nouveau service BD n’apparaît pas encore sur le site des services du Chapril, parce qu’on ne s’attendait pas à ce qu’il soit créé si vite, si promptement, mais on va l’intégrer le plus tôt possible. Vous le trouvez bien évidemment sur la gazette, Le Lama déchaîné, doncapril.org/campagne. Sinon il y avait déjà 14 services. Est-ce que tu peux en indiquer peut-être quelques-uns ?

Pilou : Oui. Je vais mentionner pouet.chapril.org

Isabella Vanni : C’est quoi Pouet ? Je le sais, mais j’ai l’impression que les personnes qui nous écoutent ont besoin de quelques détails.

Pilou : Pouet, c’est le service utilisé pour faire des pouets, du microblogging, basé sur Mastodon.

Isabella Vanni : Exactement. On a parlé à plusieurs reprises de Mastodon dans notre émission. C’est un réseau social basé sur un logiciel libre, alternatif à X/Twitter. Ce qui est génial, c’est qu’avec le logiciel libre, n’importe qui peut l’installer sur son serveur. Donc, on peut avoir, potentiellement, une infinité de services Mastodon et chacun peut se donner ses propres règles et tous ces services peuvent communiquer entre eux, donc un service libre et décentralisé.
Est-ce qu’il y a d’autres services que tu aimerais citer ?

Pilou : Oui, valise.chapril.org, un logiciel libre basé sur Nextcloud, qui permet du partage de documents.

Isabella Vanni : Je crois qu’on a mis une limite d’un giga pour ce service. On parle de choses immatérielles, mais, en fait, immatérielles jusqu’à un certain point, parce qu’elles ont un poids. Donc, on vous donne un giga. L’idée, c’est de vous faire tester, de vous faire prendre en main le service et, si ça vous plaît, d’autres associations, d’autres structures, peuvent vous proposer un service.

Pilou : Je pense qu’il peut aussi être utilisé par des personnes qui ont besoin de stockage.

Isabella Vanni : Qu’est-ce qui a beaucoup de poids ? Les photos et les vidéos, mais peut-être que si ce sont juste des documents, des fichiers textes, en PDF, des documents de bureautique, un giga c’est quand même déjà pas mal. OK. Et d’autres services ?

Pilou : Le service visio.chapril.org, qui est basé sur Jitsi, un logiciel de visioconférence, pour faire des conférences en visio à plusieurs.

Isabella Vanni : Très bien. Tout à l’heure, on a parlé aussi des pads, ces bloc-notes qui permettent d’écrire un texte à plusieurs en ligne, en mode asynchrone.
Plus précisément, quel est ton rôle dans le projet Chapril, Pilou ?

Pilou : Je suis anim-sys, il y a le mot « animation ». Il y a deux types de rôles principaux : les anim-sys animent un service et les admins-sys, eux, fournissent l’ensemble des services nécessaires au fonctionnement de l’infrastructure. C’est-à-dire qu’on essaye de laisser aux personnes responsables de l’animation du service uniquement les tâches qui sont spécifiques à leur service, pour qu’elles ne s’occupent que de ça. Par exemple, on doit sauvegarder tous les services, donc, les sauvegardes ce sont les admins-sys. On pourrait citer la résolution DNS, c’est commun à tous les serveurs, tous les services ont besoin de ce service, donc pareil, c’est centralisé, géré par les admins-sys. Par contre, la mise à jour du service forge va être faite par les animateurs du service forge.

Isabella Vanni : On a oublié de dire que les services proposés par l’April, donc via le site chapril.org, sont accessibles à tout le monde. Il ne faut pas être membre.

Pilou : Certains services nécessitent la création d’un compte, par exemple Pouet. D’autres ne nécessitent pas de création de compte, par exemple Pad qu’on a cité juste avant.

Isabella Vanni : Très bien. On a parlé de l’action des admins-sys et l’animateur, à part faire les mises à jour, que fait-il ? Quelles sont ses missions, ses tâches ?

Pilou : Donc la mise à jour du service. Il gère les demandes des personnes qui utilisent le service, par exemple les remontées de bugs, les incidents, les problèmes, les dysfonctionnements que les utilisateurs communiquent à l’équipe, ce qui ne fonctionne pas.
En fonction des services, on peut avoir besoin de faire de la modération, il y a des services qui nécessitent de la modération, notamment Mastodon, mais tous les services sont un peu concernés quand même par cette modération, Mobilizon aussi, Forge également. C’est un aspect très coûteux en temps qui nécessite beaucoup de temps, comme les services sont ouverts à tous.
Il faut maintenir les documentations, à la fois les documentations techniques et à la fois les documentations aux utilisateurs.

Isabella Vanni : Je crois comprendre que vous recrutez en ce moment.

Pilou : Oui, on recrute.

Isabella Vanni : Je t’en prie, c’est le moment appel à bénévoles !

Pilou : Un appel à bénévoles à rejoindre les différentes équipes d’animation des services. On essaye effectivement d’étoffer l’ensemble des équipes, pour tous les services.

Isabella Vanni : Est-ce qu’il y a des services en particulier qui nécessitent vraiment de trouver plus rapidement quelqu’un ?

Pilou : On va dire que l’appel à bénévoles concerne l’ensemble des services.

Isabella Vanni : Donc regardez sur chapril.org les 14 services qu’on propose et n’hésitez pas à vous proposer. D’ailleurs, comment fait-on pour se proposer, pour devenir animateur ?

Pilou : Pour devenir animateur, on peut contacter la liste de diffusion contact@chapril.org, par exemple. On peut contacter sur IRC, sur le canal #april-chapril. On peut contacter aussi par XMPP, sur le salon XMPP Chapril.

Isabella Vanni : Un protocole de messagerie instantanée, un peu comme le mail, un protocole pour échanger.

Pilou : Le salon est xmpp:chapril@muc.chapril.org.

Isabella Vanni : Est-ce qu’il faut être fort en technique pour être animateur d’un service April ?

Pilou : L’appel à bénévoles ne consiste pas à appeler des personnes qui seraient admins-sys de métier. Au contraire, puisqu’on essaye de faire en sorte que les tâches d’administration répétitives, communes à tous les services, ne soient vraiment pas faites par les personnes qui animent le service. Je dirais qu’il faut savoir se connecter en SSH à un ordinateur distant.

Isabella Vanni : C’est donc la vraie condition, le prérequis.

Pilou : Bien sûr, on peut accompagner les bénévoles qui souhaiteraient s’améliorer dans leurs compétences. Toutes les procédures de tous les services actuellement en place sont documentées. Il faut être capable de suivre la procédure en utilisant la ligne de commande. Ça revient à écrire des lignes de commande, les copier-coller, vérifier et analyser les sorties d’erreurs. Lire la documentation des services, c’est souvent en anglais, afin, par exemple, de mettre à jour le service. Je dirais que c’est le minium. Les autres points peuvent être vus ensemble. On peut accompagner les bénévoles pour prendre en main les services.

Isabella Vanni : Et comment travaillez-vous ensemble ? Est-ce qu’il y a des réunions ? Est-ce que vous discutez surtout sur la liste, sur le salon ? Comment ça se passe ?

Pilou : À la fois via les différentes listes de diffusion. Il y a une réunion mensuelle qui est le premier ou dernier mardi du mois, en fonction des mois. La prochaine réunion est mardi 5 novembre, à 20 heures 30. Ces réunions se déroulent en audio, éventuellement en visio, si vous voulez allumer votre webcam, à l’aide, justement, du service visio du Chapril.

Isabella Vanni : Si jamais une personne qui nous écoute est tentée par l’expérience de devenir bénévole pour le Chapril, elle peut participer à cette réunion ?

Pilou : Déjà, elle peut assister à l’échange. Au début, on l’accueillera, bien sûr. Je pense qu’une première participation sera plutôt relativement passive puisqu’on va voir ce qui se passe, ce n’est peut-être pas la peine de rester jusqu’à la fin de la réunion, parce qu’à un moment on itère sur chacun des services. La réunion finit toujours avant 22 heures 30.

Isabella Vanni : C’est bien de mettre une heure de fin pour les réunions. Le plus simple peut-être, comme on le disait tout à l’heure, c’est de se présenter, faire un courriel sur la liste de discussion, contact@chapril.org. Dire je m’appelle Machin, j’aimerais bien vous donner un coup de main pour ce service. Vous serez accueillis par Pilou qui a aussi un rôle, on va dire, de coordinateur, on peut le dire.

Pilou : On utilise le terme lié au terme agile, c’est « animateur du sprint ».

Isabella Vanni : Animateur du sprint, attention, cela veut dire quoi ?

Pilou : Je déroule la réunion et il y a d’autres tâches, par exemple, mettre à jour la version dans l’interface, agir dans le gestionnaire de projet, vérifier que les docs sont à jour.

Isabella Vanni : Donc, tu fais des choses en plus d’être anim-sys, c’est pour ça que j’ai utilisé le terme coordinateur. Et quand tu dis « agile sprint » sprint, c’est une méthode agile ?

Pilou : En fait, on découpe par mois les périodes de bénévolat. Quand on fait la réunion, elle concerne le mois passé et le mois à venir. On revient sur ce qui s’est passé dans le mois passé, les différents problèmes, ce qui s’est bien passé aussi, et on voit ce qui va être fait dans le mois à venir.

Isabella Vanni : Parfois il faut rebooter tous les services.

Pilou : Parfois, l’animateur d’un service peut voir que sa VM a besoin d’être mise à jour, il peut donc prendre initiative de la redémarrer. On fait également des redémarrages de l’infra globale, de l’infra dans son entièreté, quand c’est nécessaire, par exemple quand il y a des mises à jour du noyau Linux.

Isabella Vanni : Et c’est communiqué aussi sur le Mastodon, si je ne me trompe pas.
Le temps file. Je te propose de conclure en proposant quelque chose qui te plaît – musique, film, podcast, logiciel – quelque chose que tu voudrais partager avec notre public.

Pilou : Je vais citer le livre que j’ai lu récemment Connaissez-vous vraiment Internet ?, c’est aux éditions Eyrolles, c’est une traduction. On mettra le lien dans l’émission.

Isabella Vanni : On connaît l’auteur ?

Pilou : Oui, ce sont plusieurs auteurs. Les illustrations sont faites par une développeuse Debian.

Isabella Vanni : Super, c’est un détail, c’est important.
Merci beaucoup, Pilou, de t’être déplacé pour participer à notre mission.
Nous allons maintenant faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Isabella Vanni : Après la pause musicale, nous entendrons une nouvelle pituite de Luk sur le thème « Le fric et l’ego.

Nous allons maintenant écouter Basura par Schlund. ne vous éloignez pas trop car cela dure 36 secondes.

Pause musicale : Basura par Schlund.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Isabella Vanni : Nous venons d’écouter Basura par Schlund, un groupe spécialisé dans le rock dur, rapide et ultra court, moins de 40 secondes par chanson, disponible sous licence Creative Commons CC By 3.0.

[Jingle]

Isabella Vanni : Je suis Isabella Vanni de l’April. Nous allons passer au sujet suivant.

Chronique « la pituite de Luk » – « Le fric et l’égo »

Isabella Vanni : Nous allons poursuivre avec la chronique « La pituite de luk », qui porte aujourd’hui sur le thème « Le fric et l’égo ». Le sujet a été enregistré il y a quelques jours, je propose donc de l’écouter, et on se retrouve juste après.

[Virgule sonore]

Luk : Désolé pour cette nuisance sonore, mais elle est de la plus haute importance.

[Bruit de crécelle]

Je découvre avec une stupeur absolument feinte et hypocrite que le monde du Libre n’est pas une sorte de paradis où tout le monde s’aime et se fait des bisous sur la bouche parce que l’herpès labial n’y existe pas.
Je me souviens de toutes ces fois où moi et d’autres sommes restés discrets sur des situations merdiques que nous connaissions, parce qu’il ne fallait pas offrir de prise à l’ennemi. Mais ça s’était il y a longtemps. Désormais le Libre et l’open source sont institutionnalisés. Nous sommes désormais libres de nous foutre publiquement sur la gueule, libres d’oublier l’idéal pour nous concentrer sur le fric et l’égo. C’est une grande réussite que de pouvoir faire jeu égal avec le monde privateur.

[Bruit de crécelle]

À ce titre, le macrocosme WordPress fait l’actualité. Matt Mullenweg, cofondateur de Wordpress, a déclenché les hostilités contre son principal concurrent, WP Engine. Mullenweg leur reproche de contribuer 97 fois moins que sa propre boîte, pour un chiffre d’affaires équivalent. Il a commencé à exercer une double clé de bras à WP Engine pour le soumettre. Il joue à la fois sur le contrôle de la marque détenue par son entreprise, mais également sur le projet communautaire WordPress.org dont il est également responsable. S’assoir à ce point sur l’éthique libriste fait grincer des dents jusque dans sa propre boîte.

[Bruit de crécelle]

Mais Wordpress n’a pas le monopole en matière de fâcherie. La Fondation Mozilla exerce une fois de plus son talent le plus affûté, celui de décevoir. Elle est attaquée par une association qui a réussi l’exploit de choisir un nom qui n’a pas de prononciation évidente : comment prononce-t-on N-O-Y-B ? « Nauybe » ? « No-i-grecB » ? « No-why-Be » ? Ont-ils seulement pensé aux gens qui parlent dans un micro en choisissant ce nom ?

L’ « Asso à Max Schrems » donc, attaque la fondation Mozilla sur son PPA qui a été mis en place avec la version 128 de Firefox. PPA veut dire Privacy Preserving Attribution et ça sert à collecter des données publicitaires comme tout le monde, mais gentiment. Rien à voir avec les Personal Package Services de nos distribs basées sur Debian. S’ils sont en conflits sur ces fameux PPA, ils sont bien en accord pour me pourrir la vie avec leurs noms à la con.

Mozilla a également réussi à se fâcher avec Raymond Hill, le mec qui fait un super bloqueur de pub. Là encore, le nom est tout sauf clair. Tout le monde dit « ublock », mais la première lettre n’est pas un « u », c’est un « Mµ », c’est le petit u avec une patte, situé au-dessus de l’astérisque sur mon clavier. Ne devrait-on pas dire Mublock plutôt ? Bon là, je lui pardonne volontiers ce nom, car c’est probablement le meilleur bloqueur de pub.
Au lieu d’ériger une statue à l’effigie de Raymond Hill et de développer un culte autour de sa personne comme il le mériterait, Mozilla l’a taclé comme un malpropre pour des défauts dans son extension. L’intéressé ne l’a pas bien pris, notamment parce que rien de ce qui lui était reproché n’était réel et qu’en plus de ça n’aurait pas pu parce que les reproches n’avaient, globalement, aucun sens.

Dans le même temps Google a lancé l’attaque annoncée de longue date contre les bloqueurs de pub. Ils ne fonctionnent plus sur Chrome. Mozilla aurait pu choisir d’intégrer µBlock Origin par défaut et d’en faire un argument concurrentiel, plutôt que lui péter les rotules. Mais non, ça aurait pu leur faire récupérer des parts de marché, risquer de sauver Firefox de son avenir précaire, l’angoisse !

Tout ça, ce sont de beaux conflits mais encore une fois le Libre et l’open source perdent la course parce que l’adversité avance plus vite. Ils prouvent que des buzzwords comme « disruptif » ou game changer ne sont pas vides de sens. Et en plus, il n’y a aucun doute sur la façon dont ça se prononce.

Une tendance récente, qui m’impressionne, c’est de mettre dans les CGU une obligation de soumettre les contentieux à une sorte d’instance arbitrale interne avant d’aller devant la justice. Cet été, un homme du nom de Jeffrey Piccolo a pu en tester le principe. Il a intenté un procès à Disney, parce qu’un restaurant du groupe avait oublié de prendre en compte les impératifs allergènes de son épouse qui en est morte. Mais, il avait aussi souscrit à une offre d’essai gratuite Disney+ sur sa PlayStation, quatre ans plus tôt, qui l’engageait à passer par une procédure arbitrale d’abord.
Même situation chez Uber où deux passagers ont été grièvement blessés lors d’un accident mais qui se sont de multiples fois engagés à tenter le coup à l’amiable en utilisant les services d’Uber, la dernière fois c’était quand leur fille avait commandé une pizza sur Uber Eats.

Afin que nous autres libristes ne restions pas encore à la traîne une fois de plus, j’ai suivi leur exemple. Ces petits bruits agaçants que vous avez entendus sont les CGU de cette chronique que vous avez validées par sa simple écoute. Je vous laisse ouvrir le fichier son en vue spectrographique pour en prendre connaissance, fidèles auditrices et auditeurs.

[Virgule sonore]

Isabella Vanni : Vous êtes de retour en direct sur radio Cause Commune. Nous d’écouter un sujet, enregistré il y a quelques jours, consacré au thème « Le fric et l’égo ».
Nous approchons de la fin de l’émission, nous allons terminer par quelques annonces.

[Virgule musicale]

Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l’April et le monde du Libre

Isabella Vanni : Libre à vous ! est diffusée depuis 2018 sur la radio associative Cause Commune, la voix des possibles. Le modèle économique de Cause Commune fonde sa pérennité sur son indépendance vis-à-vis d’éventuelles recettes publicitaires et concentre son appel aux fonds publics à la seule subvention d’exploitation FSER, Fonds de soutien à l’expression radiophonique. Plus de 750 radios associatives bénéficient de ce fonds. Le projet de loi de finances 2025 prévoit une coupe de 35 % de ce FSER, le faisant passer de 35 millions d’euros – ce qui est déjà très peu – à 24 millions d’euros en 2025, mettant ainsi gravement en danger l’existence de radios telles que Cause Commune. Nous vous encourageons donc à agir. Contactez votre député pour lui signaler l’alerte. N’hésitez pas à utiliser vos propres mots, à faire simple, même une phrase peut suffire. Faisons corps pour défendre les radios libres.

Cause Commune vous propose un rendez-vous convivial chaque premier vendredi du mois, à partir de 19 heures 30, dans ses locaux, à Paris, au 22 rue Bernard Dimey dans le 18e arrondissement. La prochaine soirée radio ouverte aura lieu le 1er novembre. Mon collègue Frédéric Couchet sera présent à cette soirée.

Notre émission se termine.

Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission : Laurent et Lorette Costy, Magali Garnero, Emmanuel Charpentier, Gee, Julie Chaumard, Marie-Odile Morandi, Pilou et Luk.
L’émission d’aujourd’hui a été en grande partie préparée par mon collègue Étienne Gonnu qui a également assuré la régie d’une main de maître
Merci également aux personnes qui s’occupent de la post-production des podcasts : Samuel Aubert, Élodie Déniel-Girodon, Lang 1, Julien Osman, bénévoles à l’April, et Olivier Grieco, le directeur d’antenne de la radio.
Merci aussi aux personnes qui découpent les podcasts complets des émissions en podcasts individuels par sujet : Quentin Gibeaux et Théocrite, bénévole à l’April, et mon collègue Frédéric Couchet.

Vous retrouverez sur notre site web, libreavous.org/224, toutes les références utiles de l’émission de ce jour ainsi que sur le site de la radio, causecommune.fm.
N’hésitez pas nous faire de retour pour indiquer ce qui vous a plu mais aussi des points d’amélioration.
Vous pouvez également nous poser toute question. Nous vous répondrons directement ou lors d’une prochaine émission. Toutes vos remarques et questions sont les bienvenues à l’adresse bonjour@libreavous.org.

Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission. Si vous avez aimé cette émission, n’hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous et à faire connaître également la radio Cause Commune, la voix des possibles.

La prochaine émission aura lieu en direct mardi 5 novembre à 15 heures 30. D’ici là, portez-vous bien.

Générique de fin d’émission : Wesh Tone par Realaze.