Émission Libre à vous ! 3 septembre 2024

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Titre : Émission Libre à vous ! diffusée sur Radio Cause Commune le mardi 3 septembre 2024

Intervenant·es : Florence Chabanois - Brigitte alias la reine des elfes - Salomé Yahia-Cherif - Julie Chaumard - Isabella Vanni - Frédéric Couchet à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 3 septembre 2024

Durée : 1 h 30 min

Podcast PROVISOIRE

Présentation de l'émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration : Déjà prévue

NB : Transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·es mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Isabella Vanni : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
J’espère que vous avez passé un bel été. Pour ma part, je suis ravie de vous retrouver pour cette nouvelle émission de Libre à vous !, la première de la saison 8.
Parcours libriste avec lareinedeselfes, c’est le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme deux nouvelles chroniques : « F/H/X » de Florence Chabanois qui nous parlera de formulations excluantes et invisibilisantes et aussi « À la rencontre du Libre » de Julie Chaumard qui, pour sa première chronique, interviewera une personne de la coopérative basée sur le logiciel libre, Les Tilleuls.
Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous ! l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Je suis Isabella Vanni, coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April.

Le site web de l’émission est libreavous.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens, références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou à nous poser toute question.

Nous sommes mardi 3 septembre 2024, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

À la réalisation de l’émission, mon collègue Frédéric Couchet. Salut Fred.

Frédéric Couchet : Salut Isa. Belle émission.

Isabella Vanni : Nous vous souhaitons une excellente écoute.

[Jingle]

Chronique « F/H/X » de Florence Chabanois - « Formulations excluantes et invisibilisantes »

Isabella Vanni : Nous allons commencer

Parcours libriste avec lareinedeselfes

Isabella Vanni : Nous allons poursuivre notre sujet principal qui porte aujourd’hui sur le Parcours libriste de lareinedeselfes.
N’hésitez pas à participer à notre conversation au 09 72 51 55 46 ou bien sur le salon web dédié à l’émission sur le site causecommune.fm, bouton « chat ».

J’ai la chance d’avoir avec moi sur le plateau Brigitte, alias lareinedeselfes, c’est comme ça qu’on te connaît sur les internets, la chance parce que tu es venue exprès de Quimper, donc merci à toi pour avoir pour avoir fait ce voyage, pour intervenir en direct depuis le studio de la radio.
Beaucoup de personnes ont réagi, notamment sur Mastodon, quand on a annoncé que tu parlerais, que tu interviendrais dans l’émission, parce que tu es très connue dans le réseau de Mastodon. Mais peut-être, sans doute, que des personnes qui nous écoutent ne te connaissent pas du tout. Donc, la première question est presque obligatoire presque : pourquoi te fais-tu appeler lareinedeselfes sur les réseaux, parce que c’est quand même bizarre ?, et, en plus, c’est tout attaché, attention !

lareinedeselfes : Je suis lareinedeselfes depuis que je suis arrivée, pas sur les réseaux sociaux, sur le site de Linux Quimper où il me fallait un pseudo.

Isabella Vanni : Linux Quimper, c’est un GUL.

lareinedeselfes : C’est un GUL, un groupe d’utilisateurs de Linux dans la région de Quimper.
Lorsque j’ai découvert qu’il y avait des linuxiens à Quimper, je me suis précipité pour aller les croiser sur leur page Facebook, à l’époque j’étais sur Facebook et, ensuite, je suis allée m’inscrire sur leur forum. Mais les forums me faisaient très peur, c’était un endroit que je trouvais un peu bizarroïde, les gens ne parlaient pas comme moi, je ne comprenais rien de ce qu’ils racontaient. Parois, j’avais l’impression qu’ils étaient en train de se disputer, ils ne se parlaient pas très bien. Quand des gens n’avaient peut-être pas lu la doc – je n’en sais rien, je ne suis pas à leur place – automatiquement il y avait ce « RTFM », je suis allée chercher ce que c’était, c’était Read the fucking manual, je ne connais pas grand-chose en anglais, mais j’ai quand même réussi à comprendre ce que c’était.

Isabella Vanni : Ce n’est quand même pas très accueillant ?

lareinedeselfes : Ce n’est pas très accueillant, ce n’est pas très gentil, en plus on sait pas si les gens n’ont pas essayé de lire. Donc, se contenter de cette réponse !

Isabella Vanni : Tu as quand même résisté. Tu es quand même restée sur les forums.

lareinedeselfes : Ouais, mais je ne suis pas allé m’inscrire sur tous. Finalement si, je suis inscrite sur pratiquement tous les forums ! Sur tous les forums où ça cause Linux, je dois être inscrite, je ne vais pas forcément causer dessus, mais j’ai dû aller m’inscrire quand même !
Mais là, j’avais envie d’y aller et il fallait que je trouve un pseudo, du coup je me suis dit que quand je lisais ces forums, j’avais l’impression de participer à une arène, de regarder une arène.

Isabella Vanni : Parce que qu’il y avait des conflits.

lareinedeselfes : Les gens causaient. On ne savait pas trop si c’était une bagarre ou pas, si c’était gentil ou pas. En plus, vu que je ne comprenais pas tout ce qu’ils racontaient, je me disais « c’est un peu comme le langage des elfes ».

Isabella Vanni : Je trouve que c’est très poétique, j’ai beaucoup aimé.

lareinedeselfes : Je me suis dit, au lieu d’être dans une arène, de regarder, je vais devenir la reine de ces elfes que je ne comprends pas.

Isabella Vanni : Et voilà le pseudo !

lareinedeselfes : Et voilà mon pseudo ! C’est devenir la personne qui va pouvoir parler avec ces elfes. Je suis arrivé à causer avec des elfes, je ne comprends pas forcément tout ce qu’ils disent, mais j’arrive à décortiquer un petit peu et puis, finalement, ces elfes sont vachement sympas.

Isabella Vanni : Voilà, il n’y a pas que des bagarreurs et des bagarreuses, il y a aussi des gens sympas !
Je t’ai demandé de trouver une petite présentation pour l’annonce de cette émission, tu as donné cette présentation : je suis Brigitte, alias lareinedeselfes, qui se définit comme une noob éternelle des internets, habitante de Mastodon, utilisatrice de logiciels et de services libres, qui aime partager ce qu’elle apprend sur son site internet ou lors des ateliers d’accompagnement au numérique qu’elle anime dans un centre social.
Déjà, utilisatrice de logiciels et de services libres, je crois que tu n’utilises plus Facebook.

lareinedeselfes : Ça fait longtemps ! Ça n’a pas été simple de quitter Facebook. Ces types de plateformes ont le chic de te dire que c’est quand même dommage de ne plus pouvoir voir untel. On a fait avec des potes de Mastodon.

Isabella Vanni : Un réseau de microblogging décentralisé.

lareinedeselfes : Un des logiciels qui peuplent le Fédiverse, parce qu’il y a plein d’autres logiciels de microblogging. Celui sur lequel je suis ainsi inscrite fonctionne avec le logiciel Mastodon, mais je peux communiquer avec d’autres personnes qui utilisent d’autres logiciels.

Isabella Vanni : C’est la magie des logiciels libres.
Je suis surprise aussi quand tu dis que tu aimes partager ce que tu apprends, que tu fais aussi de l’accompagnement au numérique dans un centre social et, en même temps, tu veux continuer à te définir comme une noob, ce qui veut dire un peu grande débutante, éternelle, des internets. Je vois un peu une contradiction entre le fait que tu as fait tellement de progrès, que tu as appris tellement de choses qu’aujourd’hui tu es accompagnatrice et, en même temps, tu te définis noob éternelle. Pourquoi ?

lareinedeselfes : J’aime bien ce mot, noob. Au départ il est péjoratif, ça montre ceux qui ne savent pas et, si je ne me trompe pas, c’était souvent utilisé sur des plateformes de jeux vidéo où celui qui posait les questions pénibles, du coup, faisait son noob, il était toujours en train de poser des questions et j’espère bien ne pas arrêter de poser des questions et que je serai toujours une noob. Le jour où j’arrêterai de poser des questions, effectivement, je ne serai plus une noob, mais peut-être que je ne serai plus sur Internet non plus.

Isabella Vanni : D’accord. D’ailleurs tu es connue pour être une personne qui pose plein de questions, au point que quelqu’un a fini par t’appeler la grenouille.

lareinedeselfes : Non, pas la grenouille, la rainette.
La rainette, qui est une petite grenouille, parce que je n’arrêtais pas de faire « quoi, quoi et pourquoi ». À force de dire « quoi, quoi et pourquoi », tous mes amis du Fédiverse si on finit par me dire « bonjour la rainette ».

Isabella Vanni : Qui te va bien.

lareinedeselfes : Et ça me va très bien. Je suis très contente d’être une rainette. Une rainette, c’est donc une petite grenouille et il y a une histoire qui traîne sur les internets, qui parle d’un informaticien qui rencontre une grenouille qui parle, et cette grenouille voudrait que l’informaticien l’embrasse pour devenir une princesse. Je n’ai pas du tout envie qu’on m’embrasse, je n’ai pas du tout envie de devenir une princesse, par contre, l’informaticien gardait la grenouille dans sa poche. En tant que rainette, mes copains informaticiens ou mes copaines du Fédiverse me transportent dans leur poche, comme ça je peux participer aux conversations et, quelquefois, je peux poser ma question ou essayer de comprendre ce qu’ils se racontent.

Isabella Vanni : Voilà ! Vous avez déjà un bel aperçu de qui est Brigitte, alias lareinedeselfes. Dans Libre à vous !, on aime bien aussi poser une question très simple : qui es-tu en général ? Que fais-tu aujourd’hui ? Quelle a été ta formation ? On a compris que tu n’as pas vraiment une formation d’informaticienne. Peux-tu nous présenter un petit peu qui tu es ?

lareinedeselfes : Je suis née en 1963, je peux donc maintenant voyager avec la carte senior ! Je n’ai pas fait d’études en informatique, je suis allée à l’école jusqu’au premier trimestre de terminale, j’ai quitté l’école en disant que j’en avais assez que tout tourne autour d’un bac que, peut-être, je n’aurai pas ou peut-être que j’aurai eu. Ça m’agaçait que tout tourne autour de ça, j’avais envie d’apprendre, pas d’apprendre pour avoir quelque chose derrière, donc je suis partie. Mes profs ont essayé de me retenir, mais ils savaient que, de toute façon, quand j’avais décidé quelque chose c’était terminé. En plus j’avais fait une expérience avec mon prof d’histoire-géo, je lui avais dit : « Là, il n’y a plus de partage – on va y revenir parce que, pour moi, le partage est un moment hyper important –, tu fais ton cours, les gens écrivent, vas-y, fais l’expérience, redis trois fois la même chose en changeant quelques mots et tu vas voir que tout le monde va noter trois fois la même chose en changeant quelques mots ». On a fait l’expérience, après c’était la récré. Au début, il m’a dit : « Non, ce n’est pas vrai, ce n’est pas possible ! – Si, personne ne t’écoute et j’en ai marre d’être la seule à qui tu vas poser des questions parce que tu as envie d’avoir un retour, toi et les autres profs. Donc, j’en ai marre d’être ta seule, je me tire et vous vous débrouillez avec votre bac que les autres vont passer. » Après, il est allé regarder sur les feuilles si ce que j’avais dit était réel, il m’a dit : « OK ! Prends bien soin de toi. Au revoir. »

Isabella Vanni : Et il t’a comprise !

lareinedeselfes : Et il m’a comprise. Je pense que j’ai toujours posé des questions depuis que je suis toute petite. À l’école ça a toujours été ça.
Le sujet d’avant était super. Je me souviens, quand j’étais à l’école, on a dit que c’était l’égalité hommes-femmes. Je suis allée voir ma maîtresse, j’étais en primaire, et je lui ai dit « c’est bon, maintenant pour les règles d’orthographe, ça change aussi ». Elle m’a dit « oh la, la Brigitte, on n’en est pas encore là ! ».
J’ai toujours essayé de décortiquer tout ce qui se passait, tous les objets aussi, dès qu’il y a une machine je ne peux pas m’empêcher de la démonter, si elle ne fonctionne pas, il va falloir que je la démonte pour voir comment ça marchait avant.

Isabella Vanni : Tout à l’heure, dans le métro, tu me disais que tu avais aussi bidouillé ton téléphone parce qu’il avait un souci. Tu n’as pas vraiment réussi à le faire marcher, mais c’était plus fort que toi !

lareinedeselfes : Oui, c’est plus fort ! Si ça ne fonctionne pas bien, comme je veux, il faut que je le démonte pour voir ce qu’il se passe ou alors je change le système qui est dessus, mais ce n’est pas toujours possible. Si ça ne fonctionne pas, ça ne fonctionne pas ! Ça ne me dérange pas si je n’ai pas réussi, parce qu’on apprend aussi de ses erreurs et du fait que ce qu’on a essayé a été pire que ce qu’on a voulu faire, ce n’est pas grave, on fera mieux la prochaine fois et puis on peut continuer à avancer.

Isabella Vanni : La raison pour laquelle tu es là aujourd’hui, l’une des raisons, c’est que j’ai eu la chance d’assister à la première conférence que tu as donnée à l’occasion du festival Pas Sage En Seine en juin 2024. Le festival Pas Sage En Seine a lieu tous les ans à Choisy-le-Roi, en Île-de-France, et c’est une occasion pour avoir un village avec plusieurs associations du Libre et aussi pour proposer plusieurs ateliers et conférences grand public, d’ailleurs de plus en plus grand public. Je vous conseille de vous noter cela dans l’agenda, si vous habitez en Île-de-France, ne ratez pas le festival Pas Sage En Seine en juin. J’ai trouvé ta conférence super, déjà d’un point de vue formel, parce que c’était bien structuré, mais aussi parce que parce que tu as dit des choses très fortes qui sont qui sont restées dans ma mémoire, d’ailleurs je l’ai je les ai même notées. Par exemple, à un moment, tu as dit qu’à la maison il y avait un ordinateur sous Windows parce que c’est ce qu’on se retrouve sur la machine quand on l’achète dans un magasin, hélas ! Il y avait des virus, le réparateur t’avait dit que c’était un peu normal et tu as dit « non, attendez, il existe forcément autre chose que Windows ». Tu es donc allée sur un moteur de recherche, tu as tapé « autre chose que Windows » et c’est comme cela que tu as découvert qu’il y avait des systèmes d’exploitation alternatifs. J’avais le même problème avec les virus, quand j’avais Windows, et je ne me suis jamais posé cette question !

lareinedeselfes : C’est vrai que c’était un ordinateur familial, donc tous les enfants passaient dessus, j’ai quatre enfants, mes trois gars et moi-même utilisions cet ordinateur.
Je dis toujours que l’ignorance peut aussi être une chance parce que, du coup, on va chercher.
Mon fils cherchait les paroles d’une chanson paillarde pour chanter dans le car. Il avait 14 ans, je trouvais que c’était tout à fait normal. Par contre, ce qui me dérangeait, c’était qu’à chaque fois que j’allais faire une recherche, je récupérais le nom de sa chanson. Outre le fait que ça soit désagréable d’avoir les recherches des autres, je me disais « il a 14 ans, il m’a posé la question, mais il aurait pu ne pas me la poser, c’est sa vie, il n’y a rien de répréhensible là-dedans et c’est tout à fait logique qu’il ait envie de faire des trucs avec ses potes ! » Et qui n’a pas eu envie de chanter une chanson paillarde lorsqu’il était adolescent. Qu’on soit fille ou garçon, les chansons chantées entre nous, c’est quand même rigolo !

Isabella Vanni : C’est donc la question de la vie privée.

lareinedeselfes : C’était la vie privée. Je me suis dit « moi ça ne me dérange pas, mais si mon fils avait été dans une autre famille où ça aurait posé question, c’est quoi cette machine qui ne respecte pas la vie privée de mon fils ! » Ce n’est pas juste un fait qui va faire que je vais changer et passer à autre chose, c’est une accumulation de plusieurs petites choses. D’une, le respect de la vie privée. En fait, là, j’ignorais qu’il exite de l’historique de recherche de navigation. Voilà pourquoi l’ignorance est une bonne chose. Cette ignorance-là m’a fait poser la question sur la vie privée.
Ces virus arrivaient parce que mon dernier passait son temps à télécharger des jeux vidéo et, avec, il y avait plein de virus. On n’arrêtait pas d’acheter des antivirus, il y avait quand même des virus qui passaient, ça n’aurait pas dû se faire. Là aussi, j’aurais pu savoir que même si on a un super système d’exploitation, même en faisant attention aux endroits où on navigue on peut attraper un virus, mais je ne le savais pas et c’est pour cela que c’est vachement bien parce que je me suis dit « je vais changer ce qu’il y a sur la machine ». Je ne savais pas ce que c’était qu’un système d’exploitation, je ne savais pas ce que c’était qu’un navigateur. Je vais sur le truc où il y a écrit « recherche ».

Isabella Vanni : Tu ne savais pas que c’était un moteur de recherche, tu savais juste qu’on pouvait faire des recherches.

lareinedeselfes : Je savais qu’on pouvait faire des recherches là-dessus, donc je lui ai demandé « Autre chose que Windows ». C’est là qu’il m’a amenée sur des sites qui parlaient de Linux. À l’époque, je travaillais comme aide-soignante, j’avais donc des horaires un peu compliqués. Dès que je pouvais, j’allais regarder, j’allais lire, essayer de savoir, parce que ce n’est quand même pas rien : on achète une machine, puis on se dit « peut-être que je vais casser toute la machine », il fallait quand même que j’aille bien lire.

Isabella Vanni : Bien creuser la question avant de franchir le pas.

lareinedeselfes : Au bout d’un moment, un an, il m’a fallu un an. Dès que j’avais un moment j’allais chercher et, au bout d’un an de recherches, j’ai pris mon dernier fils et je lui ai dit « tu m’installes ce truc Linux dont ils parlent parce que ça m’a l’air vachement bien, c’est ce que je veux sur la machine, apparemment ça ne va pas tout casser, donc tu me l’installes. » Il a gravé un disque, il a installé une Ubuntu et je sais exactement quelle année, c’est pratique, c’était l’Ubuntu 14, et j’ai démarré ma liberté d’utilisation de mon ordinateur.

Isabella Vanni : C’était un moment fondamental !

lareinedeselfes : Jai eu l’impression de m’approprier cette machine, je venais de décider ce que j’y mettais, tous les logiciels. En plus, je pouvais retirer ce que je voulais, en remettre d’autres, faire ce que j’avais envie et ça ne cassait pas tout. J’ai trouvé ce moment extraordinaire. Mon fils me l’avait installée en anglais et j’ai quand même réussi à découvrir comment changer la langue et, rien que de faire ça, c’était moi qui l’avais fait ! Depuis j’adore ! Pour moi, le logiciel libre c’est quelque chose qui est essentiel. Il y a des gens qui savent faire, qui ont cet esprit de partage et qui veulent bien que d’autres utilisent ce qu’ils ont fait. Et, en plus il y a même le droit de transformer. Les logiciels, mais les licences libres aussi. David Revoy fait de merveilleux dessins en licence libre, je vais chercher ses dessins sur Krita.

Isabella Vanni : David Revoy a d’ailleurs été invité dans l’émission Libre à vous !. C’est effectivement un dessinateur extraordinaire.

lareinedeselfes : Quand je veux faire une affiche, je vais, par exemple, prendre un de ses dessins, aller chercher sur Krita, un logiciel libre de graphisme qu’il utilise, donc je peux aller chercher son fichier et j’ai le droit d’utilisation fichier, de le transformer, d’utiliser l’image que j’ai transformée en créditant, en disant où j’ai pris l’image de départ. C’est extraordinaire ! Je ne sais pas dessiner, alors, quand j’ai besoin de faire une affiche, David est celui chez qui je vais aller piocher pour aller mettre un super fond, un super dessin. Je vais aussi utiliser les dessins de Gee qui est chroniqueur ici, dans Libre à vous !. Pareil, j’ai accès à ses fichiers, je peux transformer ce qu’il a dessiné, en faire ce que je veux.
Et c’est un monde où ce devrait être tout le temps comme ça. Quoi qu’on fasse, ça devrait faire partie du monde dans lequel on vit : on a un pot commun, on a besoin, on prend sans exagérer, puisque chacun aura confiance en l’autre. Je sais bien qu’on dit arfois que je suis une Bisounours.

Isabella Vanni : En plus d’une rainette !

lareinedeselfes : En plus d’une rainette, je suis une Bisounours, mais je n’ai pas non plus envie de changer parce que je rêve d’un monde où tout le monde a sa place, même si ce n’est pas la réalité, mais je peux continuer à rêver.

Isabella Vanni : On peut continuer à rêver !
Après cette belle déclaration d’amour pour le logiciel libre, les licences libres et le partage, je te propose de faire une pause musicale. Là, tu as parlé de ton expérience individuelle, mais, après, tu es allée chercher d’autres personnes, comme toi, qui utilisent des logiciels et, grâce à ces personnes, tu as fait encore plein de choses pour partager tes connaissances avec les autres.
Je vous propose de faire une pause musicale. Nous allons écouter Airship Thunderchild par Otto Halmén. On se retrouve dans environ deux minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Airship Thunderchild par Otto Halmén.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Isabella Vanni : Nous venons d’écouter Airship Thunderchild par Otto Halmén, qui est disponible sous licence Libre Creative Commons CC By 3.0.

[Jingle]

Deuxième partie 45’ 52

Isabella Vanni : Nous allons poursuivre notre discussion

Chronique « À la rencontre du Libre de Julie Chaumard » - Interview de Salomé Yahia-Cherif « Les Tilleuls - Une coopérative basée sur le logiciel libre »

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