Émission Libre à vous ! diffusée mardi 7 mai 2024 sur radio Cause Commune

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Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 7 mai 2024 sur radio Cause Commune

Intervenant·e·s : Nicolas Duclos - Vincent Lucy - Marine Monnier Baron - Gee - Laurent Costy - Isabella Vanni - à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 7 mai 2024

Durée : 1 h 30 min

[URL Podcast PROVISOIRE]

[URL Page de présentation de l'émission]

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration : Déjà prévue

NB : Transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Isabella Vanni : Bonjour à tous. Bonjour à toutes.
« Coopérative et logiciels libres, un exemple avec Coopaname », c’est le sujet principal de l’émission du jour. Également au programme un retour d’expérience de la conférence MiXiT et aussi la chronique de Gee, « Mickey dans le domaine public ». Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Je suis Isabella Vanni, coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April.

Le site web de l’émission est libreavous.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou à nous poser toute question.

Nous sommes mardi 7 mai, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

À la réalisation de l’émission aujourd’hui, Magali Garnero. Salut Magali.

Magali Garnero : Salut.

Isabella Vanni : Nous vous souhaitons une excellente écoute.

[Jingle]

Retour d’expérience d’Isabella Vanni, salariée de l’April, sur sa première participation à la conférence MiXiT

Isabella Vanni : Nous allons commencer par







Coopérative et logiciels libres : un exemple avec Coopaname, avec Nicolas Duclos, Vincent Lucy et Marine Monnier Baron de l’équipe de Coopaname

Isabella Vanni : Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui porte aujourd’hui sur Coopérative et logiciels libres, un exemple avec Coopaname.
N’hésitez pas participer à notre conversation au 09 72 55 51 46 ou sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causecommune.fm, bouton « chat ».
Ce sujet est animé Laurent Costy. Avec lui aujourd’hui sur le plateau, trois personnes de l’équipe de Coopaname. Laurent te laisse la parole.

Laurent Costy : Merci Isabella Je vais laisser les gens se présenter tout à l’heure.
Pour introduire le sujet je dirais que longtemps, et encore maintenant, l’April interroge le lien entre logiciel libre et éducation populaire. Si des actions étaient beaucoup focalisées sur le monde associatif, il ne faudrait pas qu’on oublie le monde des coopératives parce que, finalement, il y a aussi un lien étroit qui a été d’abord entretenu avec l’éducation populaire et puis, on va le voir avec Coopaname tout à l’heure, la question du logiciel libre, en tout cas pour Coopaname, est centrale. Certaines coopératives ont besoin d’être dans la maîtrise de leur système d’information, le logiciel libre est donc un choix assumé pour aboutir à cela.
Nos trois invités sont Marine Monnier Baron qui va se présenter, je vais lui laisser la parole, Vincent Lucy et Nicolas Duclos. Ils vont nous expliquer ce qu’ils font à Coopaname aujourd’hui et puis, surtout, comment ils sont arrivés là parce que c’est toujours intéressant de regarder aussi les parcours. Marine, je te laisse la parole pour commencer.

Marine Monnier Baron : Bonjour. Mon parcours est varié. J’ai d’abord été ingénieur agronome et, finalement, je ne voulais pas bosser dans l’industrie agroalimentaire, j’ai donc changé. Je suis devenu professeur des écoles, passionnée, mais à la fin j’étais un peu fatiguée de lutter contre la destruction du système éducatif, donc il a fallu changer. Ça tombait bien, j’ai des amis qui montaient une société prônant les vins nature sur Paris et là je me suis jetée à l’eau, je suis devenue développeuse en me formant à partir de rien, du Zéro, du Site du Zéro.

Laurent Costy : Autoformation.

Marine Monnier Baron : Complètement ! Merci le libre ! Après grosses périodes d’alternance chômage/période active et toutes les périodes de chômage étaient finalement des grosses périodes de formation très intenses. J’ai donc été salariée d’une SS2I, j’ai été étudiante à 42, si, j’ai osé faire ça, une expérience en elle-même et, finalement j’ai été développeuse indépendante et en 2020, lors d’une manif pour préserver nos retraites, un gars m’a dit que ce n’était pas possible d’être développeuse indépendante, auto-entrepreneuse, à mon âge, que ce n’était pas raisonnable, sans couverture sociale c’est un peu compliqué, très compliqué de vivre. Il connaissait Coopaname, il m’a laissé allé voir et j’ai intégré la structure en 2020, d’abord comme « entreprenheureuse » salariée, enfin heureuse, et puis, petit à petit, j’ai intégré l’équipe informatique, je suis donc maintenant salariée du pôle informatique et j’ai envie de dire qu’à 50 ans j’ai trouvé la structure qui me permet d’allier mon métier et mes convictions. La route fut très longue mais riche et, aujourd’hui, je suis vraiment ravie d’être développeuse dans ce cadre-là et de permettre à plein de gens d’exercer leur profession de manière intéressante, sécurisée, ensemble, et tout ça. Voilà !

Laurent Costy : Super ! En tout cas beau parcours ! En plus, on démontre que les manifestations ça peut servir à quelque chose !

Marine Monnier Baron : Exactement !

Laurent Costy : Merci Marine. Je vais passer la parole à Vincent.

Vincent Lucy : Bonjour. Je suis arrivé en 2010 dans la coopérative, ça fait donc un petit moment maintenant, après une grande rupture professionnelle. De base, j’étais plutôt admins-sys et formateur exclusivement sur les logiciels libres – j’ai quand même déjà 48 ans. Je me suis arrêté de travailler longtemps après avoir travaillé dans l’édition pour faire des sciences humaines, mais vraiment à l’université, je suis retournée sur les bancs de l’université. Quand je n’ai plus eu de sous parce que c’était quand même grâce au chômage que j’ai pu faire ces vraies études, après quelques péripéties je suis arrivé chez Coopaname où, là, j’ai participé, en 2010/2011, c’est assez marrant, au déménagement de Coopaname dans les locaux actuels. J’ai bien sympathisé avec l’équipe de jeunes gens très talentueux qui s’appelaient LIAZO à l’époque qui, maintenant, sont devenus IELO, qui est le troisième fournisseur de fibre optique pour les pros en France. Ensuite, je me suis un petit peu éloigné de la coopérative parce que j’ai élevé un enfant, face à une rupture de vie, je ne pouvais pas trop être auto-entrepreneur en même temps et là j’ai travaillé pas mal de temps avec Nicolas chez ATD Quart Monde, pendant une dizaine d’années. Et enfin en 2020, après moult péripéties dans le secteur associatif qui a beaucoup souffert des réformes fiscales, j’ai été rappelé par la codirection de Coopaname pour régler des problèmes informatiques dans la coopérative et, petit à petit, je suis revenu dans l’équipe interne avec des gens qui en sont plus ou moins partis maintenant, mais je veux vraiment leur rendre hommage, donc Axel Viala, ??? [23 min 48], Hdrien Pélissier, Hadrien est encore là, Axel est toujours là, maintenant, et avec eux on a ré-internalisé les services informatiques de Coopaname. Manu, Emmanuel, était déjà là, et Alexandre, ensuite Marine, ensuite Nicolas est revenu. Bref !

Laurent Costy : Merci pour cette présentation rapide. On va parler après de Coopaname, on va expliquer ce que c’est. Mais d’abord Nicolas.

Nicolas Duclos : J’ai un profil un peu atypique parce que je suis à la fois informaticien et psycho-praticien. Je partage mon temps professionnel entre ces deux activités. En ce qui me concerne, je suis entré à Coopaname en 2020 en tant que qu’entrepreneur, après avoir passé dix ans chez ATD Quart Monde où j’ai notamment connu Vincent, avec l’idée de rentrer à Coopaname avec une activité d’entrepreneur dans l’informatique pour outiller les structures de l’ESS en logiciels libres. J’ai expérimenté ça pendant un an ou deux, j’ai fait un petit passage dans une autre coopérative du logiciel libre s’appelle 24e et Vincent m’a contacté parce qu’il avait besoin de renfort dans l’équipe informatique. Je suis revenu à Coopaname en septembre 2023, pour renforcer l’équipe informatique, en particulier sur tout ce qui concerne le Web, l’outillage web, les outils de formations, sites web, etc. Voilà, grosso modo.

Laurent Costy : Ce sont de très beaux parcours. Toute cette diversité, ces structures par lesquelles vous êtes passés, est intéressante. Je trouve ça extrêmement riche, extrêmement intéressant. Je trouve aussi que ça caractérise les gens qui s’occupent du système d’information à Coopaname. On va peut-être quand même essayer d’expliquer ce qu’est Coopaname, ce qu’est une coopérative parce que, finalement, on en entend parler, mais on ne sait pas trop bien ce que c’est. Pourquoi Coopaname, comment ça marche ? Marine.

Marine Monnier Baron : Notre coopérative est née en 2004. Elle est issue du mouvement des coopératives d’activité et d’emploi, ça s’appelle des CAE. Coopaname a décidé dès le départ cette solution comme un outil pour penser un autre rapport au travail et à l’entreprise avec notamment l’objectif de dépasser d’abord le salariat subordonné et l’auto-entreprenariat, donc comment travailler en dépassant ça. Une coopérative d’activités et d’emploi, c’est une structure de test grandeur nature d’un projet individuel. Quand on entre dans une CAE, on est un entrepreneur à l’essai, ça permet de tester une activité. On signe un contrat avec la CAE et on devient salarié pendant une période de test, on appelle cette période le cap, mais bon ! La CAE s’occupe des tâches administratives et personnellement, du coup, on peut se consacrer uniquement au développement de son activité.
Chez Coopaname, comme dans toutes les autres CAE, c’est le principe, on accueille des personnes et des projets économiques et on mutualise deux choses : un outil de travail en commun, c’est la coopérative, et un ensemble de services. L’ensemble de services ça va être la comptabilité, un service juridique, les affaires sociales, les outils informatiques, et ces services se distinguent de l’outil de travail en commun qui est aussi quelque chose de fondamental.
Au niveau des métiers qu’on trouve dans la coopérative, c’est très varié. On trouve des rédacteurs/rédactrices, des jardiniers/jardinières, des formateurs/formatrices, beaucoup de gens de l’éducation populaire, évidemment des informaticiens/informaticiennes, mais aussi plein d’autres métiers, des gens qui font de la restauration, toute activité peut trouver sa place. On a aussi, à Coopaname, une activité de services à la personne qui s’appelle Coopératif ??? [28 min 17].
Au fil de l’histoire, notre coopérative a construit petit à petit le projet d’une mutuelle de travail associée. Coopaname s’observe et s’imagine comme une société de personnes dans laquelle des membres protègent mutuellement leur parcours professionnel et leur capacité à pouvoir vivre décemment d’activités qu’elles et eux ont choisi en entremêlant des mécanismes d’apprentissage mutuel, du salariat mutuel, de la formation mutuelle, du secours. Donc, ensemble, on permet à tout un chacun de produire une activité économique viable.
Voilà en gros.

Laurent Costy : Merci. Ça appelle deux questions : comment fait-on pour que des jardiniers parlent à des informaticiens ?, ce ne sont pas des objets qui sont forcément évidents à joindre. Quel rôle Coopaname a-t-elle pour que les gens puissent se parler ? À quel moment se rencontrent-ils ? À quel moment ont-ils envie de se parler parce que, finalement, ils ont envie de se parler à certains moments ?

Marine Monnier Baron : Il y a plein de moments collectifs. Toute la vie démocratique de Coopaname se passe par des assemblées générales, etc., qui vont donner tout ce temps commun où, ensemble, on va construire et, par rapport à nos outils informatiques, c’est assez chouette d’avoir en face de soi les gens qui ont un réel besoin, d’écouter leurs besoins et de pouvoir développer des choses réellement pour eux. On va les croiser, justement, pendant ces périodes.

Laurent Costy : Vas-y Vincent, n’hésite pas à intervenir je t’en prie.

Vincent Lucy : On a oublié un petit truc : à Coopaname nous sommes 500 personnes.

Laurent Costy : C’était ma deuxième question !

Vincent Lucy : Nous sommes quand même 500, c’est donc difficile d’avoir tout le monde en même temps au même endroit et au même moment. Pour autant, on a quatre moments forts dans l’année : on a deux assemblées générales, une en juin, une en décembre, et on a ce qu’on appelle des universités, une université d’automne et une université de printemps. Ce sont vraiment des événements en présentiel assez importants, on peut réunir 200/300 personnes, sur 500il n’y a pas tout le monde, mais ça fait déjà pas mal de taf et il y a quand même du brassage. À Coopaname, il y a pas mal de brassage.

Nicolas Duclos : J’ajouterais que quand on entre à Coopaname, il y a tout un processus d’accompagnement. Nous sommes des groupes de personnes avec des métiers différents, donc, déjà, on voit différents métiers.

Laurent Costy : Je suis bien placé pour le savoir !

Nicolas Duclos : Quand on entre à Coopaname, c’est intéressant de voir toute la diversité des métiers qui existent. Après, je pense que ce qui nous rassemble, ce ne sont pas tant nos métiers, c’est plutôt ce qui fait qu’on arrive à Coopaname, c’est notre idée de la démocratie, du faire ensemble et des choses comme ça.

Laurent Costy : Merci. Cette description à trois voix est extrêmement intéressante. On pourrait aussi dire que les outils numériques sont en appui, derrière, justement, ces rencontres physiques qui sont les plus importantes, soyons clairs, ça vient appuyer justement ça. Pourquoi tout faire pour tendre vers un système d’information utilisant un maximum de logiciels libres à Coopaname. Qui veut répondre ?

Vincent Lucy : Notre système d’information comme on dit, c’est abstrait, mais, grosso modo, le cœur de notre informatique est lié directement à notre secteur professionnel de mutualisation d’activités économiques. Comment mutualise-t-on des activités économiques ? Eh bien, à travers un système comptable très performant dans notre cas, multi analytique extrêmement fort. Nous avons donc créé notre propre logiciel comptable. Quand on est avec un logiciel propriétaire, ce logiciel comptabilisé et payant pour tous les utilisateurs du dit logiciel comptable. Ça ferait donc des licences pour 500 personnes ! En fait, de base, on a donc un intérêt économique à utiliser un logiciel libre pour s’affranchir d’une licence par utilisateur.

Laurent Costy : Donc, au-delà de la question des valeurs, il y a aussi, évidemment, une question financière.

Vincent Lucy : Oui et qui est aussi une question démocratique, parce que si tout est cher rien n’est accessible.

Laurent Costy : C’est vrai. Des commentaires ? Vas-y, je t’en prie.

Nicolas Duclos : La première fois que j’ai lu la question, je ne l’ai pas lue comme ça, j’ai lu : quel est l’intérêt d’avoir du logiciel libre dans Coopaname ? Finalement, je trouve qu’il y a quelque chose de commun entre le logiciel libre et Coopaname, c’est d’ailleurs peut-être pour cela que nous sommes à Coopaname, d’abord parce que, souvent, nous sommes sensibilisés au logiciel libre, du coup on a une idée politique, philosophique, une conception de la société, comment on est ensemble, ce qui fait que quand on est à Coopaname et qu’on est informaticien, en tout cas je me situe comme ça, c’est difficile de me dire « attends, on va utiliser du logiciel propriétaire parce que c’est plus pratique ». Non ! On est là parce qu’on est contre les dominations, on est pour le faire ensemble, on veut élaborer ensemble quelque chose qui nous correspond, un commun finalement, donc, à Coopaname, le logiciel libre a toute sa place dans le sens où il y a vraiment une cohérence entre le projet, une coopérative comme celle de Coopaname, et le logiciel libre.

Laurent Costy : C’est très complémentaire ; ces deux réponses-là sont très complémentaires, il y a deux intérêts. Ça rejoint effectivement la question des valeurs et de ce que moi, au niveau de l’April, je faisais comme lien entre l’éducation populaire, les valeurs portées par l’éducation populaire, et les valeurs portées par le monde libriste en général. Évidemment, après il peut y avoir des petites disparités, en tout cas ça fonde une certaine cohérence.
Peut-être pouvez-vous décrire un peu quels sont tous les logiciels libres qui sont utilisés dans Coopaname. Il y en a un certain nombre, si j’ai bien compris, j’en ai déjà utilisé certains.

Marine Monnier Baron : Je vais commencer l’énumération à la Prévert.
Tout d’abord notre système d’information, c’est la base de la base, c’est ce qu’utilisent les coopérateurs et coopératrices tous les jours, c’est ce qui permet, notamment, de mutualiser la compta et la paye, c’est basé sur Odoo qu’on a mis quelque temps à mettre en version communautaire, parce que, au début, on était en version entreprise. Quand l’équipe s’est construite, c’était de la sous-traitance sur une version Odoo entreprise et c’était catastrophique parce que les spécificités de la coopérative étaient gérées par des gens externes, bref !, c’était un peu l’enfer. Du coup, on a décidé de se réapproprier cet outil.

Laurent Costy : On catégorise Odoo dans quel type de logiciel ?

Marine Monnier Baron : ERP.

Laurent Costy : En anglais, ça veut dire ? La colle !

Vincent Lucy : La colle ! Enterprise resource planning.

Laurent Costy : Merci Vincent. En gros, pour expliquer aux gens qui ne connaîtraient pas, ce sont des grosses machines qui intègrent plusieurs fonctionnalités à l’intérieur et qui centralisent de l’information qui vient de différents canaux ; contrairement à un logiciel de traitement de texte qui ne va faire que du traitement de texte, là on accumule de l’information qui vient de plusieurs sources, on va dire comme ça.

Marine Monnier Baron : Quand je suis entrée chez Coopaname, au-delà de ce dont je parlais tout à l’heure, ça m’intéressait aussi de rentrer parce qu’il y avait Odoo et dans mon entreprise de vendeurs de vin, j’avais développé toute seule, avec mes petites mimines et mes zéro connaissances, un ERP interne. Je trouvais donc ça bien, quand même, de s’appuyer sur, justement, de l’existant, sur des choses qui venaient de gens autres qu’une seule personne qui avait pensé les choses, c’était vraiment intéressant d’avoir cette expérience.
Donc Odoo gère toute la compta de la boîte, que ce soit la compta des activités individuelles, la compta tiers, la compta générale, tout ! C’est aussi un portail pour les entrepreneurs/entrepreneuses pour faire leurs devis, pour faire leurs factures, pour gérer leurs frais, pour suivre leur parcours au sein de la coopérative. Ça va bientôt gérer toute l’activité événementielle de Coopaname ; ça c’est Odoo. Peut-être que vous prenez la parole pour d’autres choses que Odoo. Allez, on y va !

Laurent Costy : Chacun son tour.

Vincent Lucy : Je vais commencer. En plus c’est marrant, j’avais un grand besoin de café en venant ici, on m’a filé du café dans une petite tasse Vortex !
Déjà, quand on utilise des logiciels, un truc très important et un petit peu invisible, c’est de rentrer dans le logiciel. On le voit très bien avec Rocket. Chat, c’est un peu pénible parce qu’il faut se créer un nom d’utilisateur, un mot de passe, ça prend du temps, ça peut rebuter et, parfois, c’est déjà une difficulté pour de nombreux utilisateurs. On a donc mis en front de tous nos outils un portail d’authentification qui est très pratique, qui s’appelle LemonLDAP, qui est d’ailleurs développé par la société Vortex qui m’a servi une tasse dans laquelle j’ai bu un savoureux café.

Laurent Costy : Quel lien avec la réalité ! C’est magique !

Vincent Lucy : N’est-ce pas ! On essaye donc de faire en sorte que toutes les applications soient très faciles d’accès, ensuite qu’elles soient très facilement utilisables, c’est une autre paire de manches, c’est ce qu’on appelle les interfaces utilisateur, mais surtout l’expérience utilisateur. On commence donc par se connecter, qu’on soit dans la structure ou simplement utilisateur de tous les services, les outils de Coopaname. C’est donc un gestionnaire d’authentification.
Ensuite en outils partagés, on fait un petit peu comme tout le monde, on essaye de le faire bien. On a Nextcloud qui permet de faire du partage de fichiers, du partage d’agenda, plein de trucs.
Un truc dont nous sommes très contents c’est BigBlueButton, c’est-à-dire que, pour faire des visios, les gens n’ont plus besoin d’avoir un abonnement à Zoom, avec BigBlueButton c’est open bar, ils peuvent faire tous les salons qu’ils veulent.
On intègre aussi des outils qui viennent d’autres coopératives, dont la 24e, la signature PDF qui est quand même assez pratique pour ne pas avoir forcément besoin d’Acrobat Reader sur Windows pour remplir aménager, organiser des PDF, les partager et les signer à plusieurs.
On utilise beaucoup, comme vous je pense, des pads avec HedgeDoc.
On a des vieux logiciels, tout comme Framasoft, on partage pas mal de logiciels avec Framasoft en Drupal version 7, un vieux truc, un espace d’intranet interne avec une logique de flux, qui permettait de partager, à l’époque, un mini Facebook.
On a encore du WordPress, donc un CMS, content management system, un système qui sert faire des sites web dynamiques, notamment pour l’outil de formation professionnelle et, actuellement encore, le site institutionnel pour, maintenant, quelques semaines, il va être changé dans des piles logicielles beaucoup plus récentes.

Laurent Costy : Le logiciel pour la formation professionnelle c’est OPAGA, c’est ça ?

Vincent Lucy : OPAGA, développé par un collaborateur qui est aussi avec nous dans l’équipe mutualisée qui s’appelle Dimitri Robert, un ancien libriste très connu dans les cercles.
Et, maintenant, Marine a notamment initié de nouveaux développements avec des piles logicielles beaucoup plus récentes. Je te laisse parler Marine.

Laurent Costy : On aura aussi une petite question sur les serveurs et le coût lié aux serveurs, après que marine ait exposé.

Marine Monnier Baron : Juste Nuxt et Strapi. Nos futurs sites web seront construits en Nuxt et Strapi et les futures interfaces seront sûrement aussi sur ces technos,

Laurent Costy : Je n’avais jamais entendu parler de Nuxt et Strapi, c’est un peu comme du WordPress j’imagine ?

Marine Monnier Baron : C’est basé sur du JavaScript, sur un langage informatique, sur Vue.js, qui est basé lui-même sur du JavaScript ou du TypeScript. Ce sont des frameworks, c’est compliqué d’expliquer frameworks !

Laurent Costy : Ce sont des modèles ?

Marine Monnier Baron : C’est le nom de mon ordinateur, je pense à cadre de travail, ça aide les développeurs à coder de la même manière, avec les mêmes règles, etc.

Laurent Costy : Dans l’évolution de la création de sites internet, au départ on codait vraiment chaque ligne et puis, au fur et à mesure, les différentes couches qui sont venues s’intercaler simplifient le travail de mise en page, de rédaction, etc., donc ont donné un cadre, c’est un petit peu ce que tu essaies d’expliquer, qui facilite vraiment le travail, alors pour le développeur ou pour celui qui édite simplement du contenu ?

Marine Monnier Baron : Pour le coup, le frameworks c’est pour le développeur.

Laurent Costy : Très bien. Avant peut-être la pause musicale, un petit point sur les serveurs ? On n’a pas fini le panorama. Je t’en prie.

Vincent Lucy : Ce qui est intéressant, là-dedans, c’est de voir l’outillage : tout cela fait partie d’un ensemble d’outils. Moi je suis arrivé un peu après, Vincent a beaucoup œuvré pour ça et j’ai l’impression que vous avez été plusieurs à œuvrer là-dessus pour vraiment fournir aux coopérateurs et coopératrices de Coopaname un ensemble d’outils, en logiciel libre, qu’ils peuvent utiliser tous les jours dans leur vie quotidienne, dans leur vie professionnelle, que ce soit Nextcloud, BigBlueButton, signature PDF, HedgeDoc, et puis YesWiki qui arrive, etc. On est vraiment dans un petit chaton, au sens CHATONS de Framasoft, internalisé à Coopaname.

Laurent Costy : OK. On verra la question des serveurs après la pause musicale. Je redonne la parole à Isabella.

Isabella Vanni : Nous allons faire une pause musicale. Nous allons écouter Carolina par Fit and the Conniptions. On se retrouve juste après, dans environ quatre minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Carolina par Fit and the Conniptions.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Isabella Vanni : Nous venons d’écouter Carolina par Fit and the Conniptions disponible sous licence Creative Commons CC By SA 3.0.

[Jingle]

Deuxième partie 47 ‘ 28

Isabella Vanni : Nous allons poursuivre notre discussion