L’impact des algorithmes sur nos vies

De April MediaWiki
Aller à la navigationAller à la recherche


Titre : L’impact des algorithmes sur nos vies

Intervenant·e·s : Fabrice Flipo - Hélène Jeannin - Matthieu Trubert - Simon Woillet - Gauthier Fradois

Lieu : En ligne - Silo, Fondation Gabriel Péri, Le Vent Se Lève

Date : 22 octobre 2022

Durée : 1 h 23 min 17

Vidéo

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration : À prévoir

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Présentation

De Parcoursup à nos navigations sur le web ou les réseaux sociaux en passant par les rencontres amoureuses et l’achat d’un billet de train, notre vie quotidienne est désormais conditionnée par les algorithmes. Il en va de même dans le travail, dans le management des entreprises et dans celui des salariés, dans l’attribution et le contrôle des prestations sociales, dans la santé ou encore dans la finance. Cette question est souvent considérée comme étant l’apanage de spécialistes, alors qu’elle est en fait très politique et nous concerne toutes et tous. Elle est directement liée à la question du pouvoir qui s’exerce aux différents niveaux. En effet, les algorithmes sont avant tout la traduction de la volonté de quantifier le monde et d’imposer des critères de décision et d’évaluation qui relèvent des partis pris des classes qui dominent la société.

Transcription

Gauthier Fradois : Bonjour à toutes et à tous. Je vais très brièvement introduire cette rencontre avant de laisser la parole aux intervenants et aux intervenantes qui présenteront leur texte en 10/15 minutes, que je remercie chaleureusement d'avoir accepté d'être avec nous ce soir. Suivront 30 minutes de discussion collective et dans ce cadre, si vous souhaitez poser des questions, c'est dans l'onglet QR qu'il faut les poser et on les lira après la présentation des intervenants qui durera une heure.
Cette soirée est coorganisée par la fondation Gabriel Péri et Le Vent Se Lève. Elle est consacrée au dernier numéro de la revue <em<Silomag, qui porte sur le pouvoir algorithmique.
Notion floue, qui plus est grossière pour les non-initiés du code binaire et des mystères de l'informatique, l'algorithme qu'on peut définir comme une série d'instructions pour un ensemble d'opérations mathématiques, relève bien souvent d'un savoir technique peu accessible au commun des mortels. Mais, en s'interrogeant sur les usages sociaux de cette technologie, il est néanmoins possible d'en comprendre quelque chose, à commencer par les enjeux politiques qui sous-tendent son expansion actuelle. C'est le pari qu'on a fait en préparant ce dossier.
Cet intérêt pour la place qu'occupent les algorithmes dans nos vies est partie de la question du travail, de l'immixtion croissante de cette technologie dans le monde du travail, notamment dans le management dont nous parlera Matthieu Trubert, ingénieur chez Microsoft France et coanimateur du collectif numérique UGICT-CGT.
Loin de se cantonner au monde du travail, l'essor des algorithmes participe de la transformation actuelle du capitalisme. À n'en pas douter, le développement du marché de l'informatique, ces 30 dernières années, a radicalement transformé les rapports de production économique, que ce soit par l'automatisation d'un nombre croissant de tâches professionnelles grâce aux systèmes d'intelligence artificielle, que ce soit par le trading haute fréquence ou encore par le changement du modèle logistique de distribution des marchandises, toujours plus interconnectées les unes aux autres.
De nouvelles firmes ont ainsi pu se construire des positions dominantes et parfois quasi monopolistiques, fondées sur une économie de l'information numérique : Amazon,Facebook, Google Alibaba, Tinder, pour citer les plus connues.
On peut poser ici la question des conséquences écologiques de cette croissance numérique dont discutera Fabrice Flipo, philosophe et chercheur au Laboratoire de Changement Social et Politique de l’université Paris-Cité. En effet la rationalisation des ressources, vantée par les promoteurs de la révolution numérique, oblitère l'explosion d'une consommation nouvelle de biens technologiques dont les coûts écologiques sont loin d'être négligeables bien que trop souvent négligés.
Peu de secteurs de l'activité humaine échappent aujourd'hui à la mesure chiffrée, au tri et au traitement des conséquentes bases de données constituées et analysées par des entreprises privées. Celles-ci concurrencent désormais, pour les plus puissantes d'entre elles, les États, dans la production de données biographiques sur les populations. Mais les États ne sont pas en reste dans l'usage des algorithmes grâce aux systèmes d'intelligence artificielle et à une armée de caméras fixes ou mobiles toujours plus nombreuses. Les États surveillent tout autant les comportements qu'ils cherchent à les orienter. C'est cet aspect que présentera plus amplement Hélène Jeannin, sociologue et chercheuse à Orange Innovation.
La surveillance n'est pas que collective, elle peut être également individualisée comme en témoignent les pratiques de data mining au sein des entreprises publiques pour contrôler les allocataires ou les usages récents des algorithmes pour les assurances santé. Simon Woillet, responsable de la rubrique idées du média en ligne Le Vent Se Lève, membre de l’Institut Rousseau et co-auteur avec Audrey Boulard et Eugène Favier de l'ouvrage Le business de nos données médicales, interrogera ainsi les enjeux économiques et politiques de la mise en place de partenariats entre des entreprises privées et l'État, pour le dire vite, afin de stocker et de traiter Les données médicales initialement produites dans le cadre du service public de santé français.
Je n'en dis pas plus, je m'arrête là et je laisse la parole de suite à Matthieu Trubert pour 10/15 minutes de présentation.

Matthieu Trubert : Merci Gauthier. Bonsoir tout le monde.