Émission Libre à vous ! du 2 mai 2023
Titre : Émission Libre à vous ! du 2 mai 2023
Intervenant·e·s : Marie-Odile Morandi - Laure-Élise Déniel - Magali Garnero alias Bookynette - Luk - Isabella Vanni - Étienne Gonnu à la régie
Lieu : Radio Cause Commune
Date : 2 mai 2023
Durée : 1 h 30 min
Page des références de l'émission
Licence de la transcription : Verbatim
Illustration : Déjà prévue
NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.
Transcription
Voix off : Libre à vous ! l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Isabella Vanni : Bonjour à toutes, bonjour à tous.
Parcours libriste avec Magali Garnero, alias Bookynette, présidente de l’April, c’est le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme la chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » de Marie-Odile Morandi sur le thème « De l’intérêt de contribuer à des projets libres » et aussi la deuxième chronique de Luk, « La pituite de Luk », sur ChatGPT.
Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.
Soyez les bienvenu.e.s pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Isabella Vanni, coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April.
Le site web de l’émission est libreavous.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour, avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou à nous poser toute question.
Nous sommes mardi 2 mai 2023. Nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
À la réalisation de l’émission aujourd’hui, mon collègue Étienne Gonnu. Bonjour Étienne.
Étienne Gonnu : Salut Isa et bonne émission.
Isabella Vanni : Nous vous souhaitons une excellente écoute.
[Jingle]
Chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture », de Marie-Odile Morandi « De l’intérêt de contribuer à des projets libres »
Isabella Vanni : Nous allons commencer avec une nouvelle chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture », une chronique préenregistrée proposée par Marie-Odile Morandi, administratrice de l’April, et lue par Laure-Élise Déniel, bénévole à l’April. Le thème du jour : « De l’intérêt de contribuer à des projets libres ». On se retrouve juste après, dans environ sept minutes, en direct sur Cause Commune, la voix des possibles.
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Marie-Odile Morandi, avec la voix de Laure-Élise Déniel: Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
Dans la présentation de la chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture », on entend et on peut lire qu’il s’agit de partager des coups de cœur pour mettre en valeur une ou deux transcriptions. La transcription dont je souhaite parler aujourd’hui a été un véritable coup de cœur que je souhaite donc partager.
Il s’agit de la présentation proposée par Mathieu Ferment au salon Open Source Experience, qui s’est tenu à Paris en novembre 2022, intitulée « Les contributions au logiciel libre sont-elles uniquement destinées à des fins humanistes ? », d’une durée de 47 minutes. Vous trouverez la référence sur la page consacrée à l’émission d’aujourd’hui sur le site libreavous.org. Une remarque cependant : les libristes que nous sommes regrettent que dans le discours les expressions « open source » et « logiciel libre » soient employées de façon indifférenciée ; dans cette chronique le terme « logiciel libre » sera privilégié.
Mathieu a une formation de développeur PHP et travaille actuellement pour PrestaShop, une entreprise qui édite un logiciel libre permettant de construire une boutique en ligne.
Mathieu explique que toute sa carrière s’est construite sur des projets libres : PHP, langage de programmation qui permet de produire des pages web ; Apache, logiciel de serveur web ; MySQL, système de gestion de bases de données et GNU/Linux. Il se sent donc redevable envers le monde du Libre. En contribuant, il a ainsi l’impression de redonner un peu de ce qu’il a reçu. C’est cette même raison humaniste qui pousse de nombreux développeurs et développeuses à contribuer, mais ce n’est pas la seule.
Quel moyen plus efficace, pour apprendre, que de pratiquer, c’est-à-dire écrire du code ? Dans les projets libres, les contributions qui parviennent sont revues gratuitement par les mainteneurs, les experts du projet, qui en contrôlent la qualité, échangent avec les personnes qui contribuent et leur donnent des indications en retour. Une excellente manière de s’améliorer et de se créer une réputation ; les développeurs et développeuses en recherche d’emploi mentionnent ces contributions sur leur CV, contributions qui sont attentivement regardées par les recruteurs.
Cependant, souvent par manque de temps disponible, ces contributions, faites de façon bénévole et à titre individuel, risquent de ne pas être régulières dans le temps et de ne pas aboutir de façon sérieuse.
Il est donc important que ce soient les entreprises qui contribuent, c’est-à-dire qui missionnent certains de leurs salariés, sur leur temps de travail rémunéré. Il faut donc convaincre les entreprises de contribuer, participation salariée et participation bénévole restant, certes, complémentaires.
L’objectif d’une entreprise est de gagner de l’argent, de faire du profit, il faut donc s’adresser à elle en termes économiques. Mathieu Ferment va démontrer pourquoi les contributions au Libre sont très intéressantes économiquement pour les entreprises et représentent des investissements durables.
Un développeur qui construit une solution logicielle, une application, ne crée pas tout ce dont il a besoin ex nihilo. Il utilise des librairies libres, certes gratuites, mais ont-elles un support ? Bénéficient-elles d’une maintenance ? En cas de bogue dans le produit fini, si, en analysant ce bogue, on découvre qu’il provient de l’une de ces librairies, il va falloir exécuter des corrections, peut-être de façon précipitée, puis maintenir cette librairie, voire faire des montées de version, et cela aura un coût pour l’entreprise, d’autant plus si ce code est critique et que les problèmes engendrés lui font perdre de l’argent.
À partir du moment où ce code est nécessaire à l’entreprise pour son activité, Mathieu Ferment lui conseille de le traiter comme si c’était son propre code ; ce qu’il est devenu puisqu’il tourne dans son application. L’entreprise doit en prendre soin, donc contribuer, afin d’assurer sa survie mais aussi afin qu’il progresse.
Avant d’être acceptée, une contribution passe devant un processus qualité qui n’existe peut-être pas en interne dans cette entreprise. Lorsque le changement de code est validé, les mainteneurs en acceptent aussi le fardeau de la maintenance qui vient avec : d’autres développeurs vont donc maintenir ce code en échange de l’avoir donné au projet. Ainsi, en contribuant, l’entreprise bénéficie des processus de qualité et de maintenance et ceci gratuitement ! Pour un entrepreneur, ce n’est que du bonheur, affirme Mathieu Ferment.
Avec ce mécanisme, vu que les contributions de toutes les entreprises sont mises en commun, chaque entreprise peut, en plus, récupérer l’intégralité du travail des autres. Ce qu’elle a investi est ainsi démultiplié, donc économiquement, là encore, c’est très intéressant pour son budget.
Les entreprises qui contribuent ne le font pas par bonté d’âme. En contribuant, en faisant du code, leurs développeurs et développeuses interagissent avec d’autres personnes, deviennent peut-être des mainteneurs, font de la revue de code puis participent à la gouvernance du projet. Du coup, une telle entreprise acquiert une légitimité et une expertise qu’elle peut monétiser. En affirmant « je connais très bien le domaine, je suis un expert », elle pourra vendre son propre produit plus cher que ses concurrents !
Quand les développeuses et développeurs s’investissent, contribuent régulièrement à un projet libre qui est nécessaire à leur entreprise, au fur et à mesure elles et ils commencent à être connu.e.s, à faire partie de la communauté. Il est alors courant qu’on leur demande de faire partie du groupe de mainteneurs de ce projet libre. Si certains de ses salariés endossent ce statut de mainteneur, l’entreprise acquiert une sorte de pouvoir d’influence, est en capacité d’orienter la direction que prend ce projet. Cela devient très intéressant, d’autant plus si ce projet est un projet critique pour elle. Encore une raison très importante, pour les entreprises, de contribuer au Libre.
Certes, comme dans tout groupe d’humains qui travaillent ensemble, comme dans toute gouvernance de projet, des désaccords existent. Mathieu affirme que le jeu en vaut la chandelle, c’est-à-dire que les avantages et les intérêts dépassent largement ces petits tracas.
Développeuses et développeurs, n’hésitez pas à participer à des projets libres à titre individuel. Cependant, comme le suggère dans cette conférence Mathieu Ferment, dont nous vous conseillons de lire, voire relire la transcription, convaincre les entreprises de donner à leurs salariés des missions pour contribuer à des projets libres, sur leur temps de travail, permettra d’obtenir des contributions plus régulières, plus poussées et pérennes dans le temps. Objectif noble que de préserver et améliorer l’ensemble de l’écosystème du patrimoine commun logiciel libre.
[Virgule sonore]
Isabella Vanni : C’était une nouvelle chronique de Marie-Odile Morandi, lue par Laure-Élise Déniel. Je vous invite, si cela vous a inspiré, vraiment à aller regarder aussi la source de cette transcription.
Nous allons maintenant faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Isabella Vanni : Après la pause musicale, nous allons échanger avec Magali Garnero, alias Bookynette, présidente de l’April, dans le cadre de nouvelle édition du format « Parcours libriste ».
Nous allons maintenant écouter Space Barbie par Radio Déserte. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Space Barbie par Radio Déserte.
Voix off : Cause commune, 93.1.
Isabella Vanni : Nous venons d’écouter Space Barbie par Radio Déserte, disponible sous licence libre Creative Commons, CC BY 3.0. Occasion pour moi de rappeler que toutes nos pauses musicales sont sous des licences libres qui permettent de les partager librement avec vos proches, de les télécharger parfaitement légalement, de les remixer y compris pour des usages commerciaux. Ce sont des licences de type Creative Commons Attribution, Creative Commons Partage dans les mêmes conditions ou encore licence Art Libre.
[Jingle]
Isabella Vanni : Passons maintenant au sujet suivant.
[Virgule musicale]
« Parcours libriste », interview de Magali Garnero, alias Bookynette, présidente de l’April
Isabella Vanni : Pour cette saison 6 de Libre à vous !, nous avons souhaité vous proposer un nouveau format pour certains sujets principaux, un nouveau format que nous avons intitulé « Parcours libriste ». L’idée c’est d’inviter une seule personne pour parler de son parcours personnel et professionnel et, bien sûr, de son lien avec le logiciel libre.
La première édition de ce format a été diffusée le 17 janvier 2023. Nous avons eu le plaisir d’accueillir Françoise Conil, ingénieure en développement logiciel au CNRS. Si vous n’avez pas eu l’occasion d'écouter l’émission, je vous recommande d’écouter le podcast disponible sur libreavous.org/165.
Pour cette deuxième édition du format « Parcours libriste », nous avons le grand plaisir d’avoir avec nous Magali Garnero, présidente de l’April, peut-être mieux connue sous son pseudo qui est Bookynette. Bonjour.
Magali Garnero : Salut Isa.
Isabella Vanni : N’hésitez pas à participer à notre conversation au 09 72 51 55 46 ou sur le salon web dédié à l’émission sur le site causcommune.fm, bouton « chat ». Si vous avez des questions pour Bookynette, ou Booky, c’est le moment, donc n’hésitez pas à poser des questions sur le salon.
Bookynette. Moi je t’appelle Magali ou Bookynette selon les moments. Tout d’abord, pourquoi ce pseudo, Bookynette ?
Magali Garnero : Ça va répondre à une question d’après : « Book » parce que j’aime les livres, « nette » parce que je fais moins de 1m56, du coup, associés ensemble, ça fait « Bookynette ».
Isabella Vanni : Très bien. Est-ce que, par hasard, ça n’aurait pas un lien aussi avec ton métier ? Que fais-tu dans la vie ?, peut-être que tout le monde ne le sait pas encore.
Magali Garnero : Exactement. Pour ceux qui ne le savent pas, depuis 1999 je suis libraire, d’abord en apprentissage et ensuite j’ai fait la grande folie de monter ma propre librairie qui est dans le 11e arrondissement.
Isabella Vanni : On a mis la référence sur la page. On peut dire l’adresse.
Magali Garnero : On peut dire l’adresse, surtout que plein de manifestants passent devant régulièrement comme hier, je suis boulevard Voltaire, métro Charonne.
Isabella Vanni : Et ça s’appelle À Livr’ouvert.
Est-ce que tu as su tout de suite, déjà toute petite, que tu voulais être libraire ?
Magali Garnero : Pas du tout ! Au départ je voulais être médecin et j’ai eu très peur de tuer mes malades, du coup je me suis posé des questions. Comme j’aime lire, comme j’aime discuter, comme j’adore monopoliser la parole pour parler de ce que j’aime, libraire ça le faisait bien. Je me suis lancée là-dedans et il faut bien reconnaître que c’est le plus beau métier du monde !
Isabella Vanni : Ça fait super plaisir d’entendre ça ! Quoiqu’on puisse aussi tuer avec un livre s’il est assez gros !
Magali Garnero : Un livre ça peut être lourd et puis il y a le choc des mots !
Isabella Vanni : Exactement ! Tu disais que tu as commencé en tant qu’apprentie puis tu es devenue salariée, si j’ai bien compris, d’une librairie. Pourquoi décider de franchir ce pas et devenir entrepreneuse ? Il faut du courage ? Il faut de l’énergie ? Tu t'es sentie de le faire ? Pourquoi ?
Magali Garnero : J’ai senti de la responsabilité et du masochisme. Être patronne c’est génial. C’est plein de libertés : je fais ce que je veux, quand je veux, avec qui je veux. Par contre, ce sont des horaires d’ouverture à respecter, six jours sur sept de travail quand on n’est pas dans la comptabilité le dimanche, mais il n’y a aucun compte à rendre à personne et c’est une grande liberté que seul l’entreprenariat offre.
Isabella Vanni : J’avais noté cette question pour toi : si tu repenses à la Bookynette d’il y a 20 ans, 25 ans, je ne sais plus, quand tu as ouvert ta librairie, qu’est-ce que tu lui dirais aujourd’hui ?
Magali Garnero : C’est en contradiction avec tout ce que je viens de dire. Si je me rencontrais moi-même à cet âge-là, je me dirais « reste salariée, travaille 35 heures, voire à mi-temps, garde du temps pour lire, faire du sport, aller manifester et militer à volonté. »
Isabella Vanni : Et si tu devais repenser à la Bookynette que tu étais quand tu étais jeune, tu te voyais seulement libraire ou tu avais d’autres projets, rêves, idées qui te passaient par la tête ?
Magali Garnero : C’est génial parce que mon rêve, à 20 ans, c’était de monter ma librairie ! Check ! C’est fait !
Isabella Vanni : Bravo !
Magali Garnero : Mon ambition c’était qu’elle fonctionne suffisamment pour avoir des employées, ça c’est demi-check, elle fonctionne, mais je n’ai pas encore DES employées ! Je suis quand même hyper-contente d’avoir réalisé mes rêves, mes ambitions, même si, avec 20 ans de décalage, je me dis que les 35 heures me manquent.
Isabella Vanni : 20 ans de décalage ! Tu disais que si tu étais salariée, tu aurais plus de temps pour faire plein de choses, pour faire du sport, pour lire et aussi pour militer. À quel âge as-tu commencé à militer ? Qu’est-ce que c’est, pour toi, que militer dans une association, pour une cause ? Qu’est-ce que c’est, pour toi, l’engagement ?
Magali Garnero : À quel âge j’ai commencé à militer ? Je crois que j’ai commencé à militer très tôt, parce que, dès qu’il y avait une cause injuste, j’avais tendance à aller parler, discuter, combattre les idées, les préjugés, et ainsi de suite. Je pense que c’est l’éducation de ma mère, qui est une soixante-huitarde attardée, qui m’a mis ce combat à la bouche.
Pour moi, militer c’est vraiment se battre pour des sujets qui nous tiennent vraiment à cœur, essayer de convaincre les gens, essayer de proposer son aide — il ne faut pas s’imposer non plus, mais il y a peut-être des gens qui ont besoin d’aide —, les éclairer, leur apporter la connaissance, plein d’informations qui pourront leur être utiles et aussi combattre les grandes entreprises qui se font des sous, il ne faut pas se leurrer, sur le dos des gens.
Isabella Vanni : Quand tu dis « essayer de donner des informations, de sensibiliser, etc. », tu le faisais aussi au niveau individuel ou dans le cadre d’associations avant de connaître l’April ?
Magali Garnero : Je soutenais déjà un peu Attac, de loin, Médecins sans frontières...
Isabella Vanni : Médecins sans frontières est assez connue, c’est une ONG humanitaire qui fait de l’urgence médicale sur le terrain. Peut-être dire quelque chose sur Attac, je ne sais pas si c’est aussi connu.
Magali Garnero : Attac existe depuis pas mal de temps. Ça débat de sujets de société. C’est assez large, c’est très vaste, en ce moment il y a plein d’opérations forcément sur les retraites, mais aussi sur l’AG de Total. Il y a plein de groupes de discussion. Ils préparent leur université d’été qui aura lieu à Bobigny fin août.
Isabella Vanni : Très bien de le rappeler. Tu dis « j’avais envie de participer, de contribuer à chaque cause qui me semblait juste », donc ça explique, ça correspond bien à ce que tu voulais faire.
Magali Garnero : Oui. Autre exemple assez anecdotique : quand j’étais jeune, j’étais déléguée de classe, j’avais déjà besoin de responsabilités.
Isabella Vanni : Ça ne m’étonne pas du tout de toi !
Magali Garnero : Dès qu’un élève se faisait gronder alors qu’il était innocent, j’avais tendance à aller le défendre bec et ongles, donc effectivement, la lutte ça me connaît !
Isabella Vanni : Vu qu’on parle de parcours libriste, on parle de vie de personnes qui ont un lien fort avec le logiciel libre, la culture libre en général ; qui parle de logiciel libre parle aussi d’informatique, quel était ton rapport à l’informatique avant de découvrir le logiciel libre ?
Magali Garnero : J’étais nulle en informatique. Quand j’ai ouvert la librairie, j’avais un Windows avec une suite Office et point barre. J’allais très souvent sur Internet sur les réseaux sociaux, donc vraiment une utilisation de base. J’avoue qu’adhérer à l’April m’a fait changer totalement ma vision de l’informatique.
Isabella Vanni : Et pour cause, je pense ! Mais comment ça s’est fait ? Une personne qui fait une utilisation, comme tu le dis, assez basique, ne se pose pas forcément de questions. J’imagine que tu avais Windows parce que c’était déjà préinstallé sur ton ordinateur et, peut-être, que tu ne connaissais même pas les alternatives, les systèmes d’exploitation libres, peut-être que tu ne te posais pas trop de questions, peut-être oui, mais tu n’avais pas forcément de réponses. Qu’est-ce qui a fait que, d’un jour à l’autre, tu découvres le logiciel libre donc l’April ?
Magali Garnero : Je connaissais Apple, qui n’est pas beaucoup mieux maintenant, qui est ce que mes parents utilisaient. Quand on a ouvert la librairie avec ma pote Lætitia, on a eu besoin de choisir un logiciel métier, donc un logiciel bien propriétaire qui nous est imposé par les fonctions du métier. On avait deux ordinateurs : il y avait l’ordinateur avec Windows et mon logiciel métier qui s’appelle Librisoft, qui est un super logiciel métier, et la suite Office ; et puis il y avait le deuxième ordinateur, toujours avec le logiciel métier parce qu’il fallait l’avoir des deux côtés, et Internet. Point barre. Déjà, à cette époque-là, en 2005, la suite Office avait un coût et on avait préféré s’en passer.
J’ai découvert les logiciels libres en 2006, quand j’ai rencontré Echarp.
Isabella Vanni : Qui est Echarp ? Tu en parles comme si c’était… Oui, il est super connu à l’April !
Magali Garnero : À l’April il est connu, c’est vrai. C’est Emmanuel Charpentier, c’est lui qui s’occupe de la revue de presse et de l’Agenda du Libre à l’April.
Je traînais sur les réseaux sociaux dont meetic, pour ne pas le citer, parce qu’à cette époque-là j’étais célibataire, et j'y ai rencontré Echarp. On commence à se fréquenter et, un jour, je râle parce que je n’ai la suite Office que sur un ordinateur. Il me dit : « Attends, je vais t’installer un truc ». Quand on touche mon ordinateur je suis toujours assez sceptique, pas très confiante. Et là il me met Open Office. Pour ceux qui ne connaissent pas, Open Office est la version number one de LibreOffice qu’on utilise maintenant. Je commence à jouer avec Open Office, à me rendre compte que toutes les fonctionnalités dont j’ai besoin, que ce soit sur le traitement de texte ou sur le tableur, y sont, il y a même des petites choses en plus qui me plaisent bien comme des surlignages ou la correction orthographique qui me correspondent plus que celles qu’il y avait sur l’autre. Je commence à bien aimer. J’en parle à Manu – j’appelle Echarp Manu – il me dit : « Il y a plein d’autres choses qui existent ».
Je vais commencer à chercher et à remplacer tous les outils que j’utilise, donc Internet Explorer ciao, vive Firefox ! Pareil, plein de fonctionnalités, dont je n’avais peut-être pas besoin à l’époque, que je découvre en utilisant plein de tutos sur Internet. D’ailleurs, les tutos sur Internet c’est formidable, pour s’autoformer c’est extraordinaire : on se forme à tout et n’importe quoi.
Je commence à tester, je continue avec Inskape pour faire mes affiches d’évènements. Pareil, là il y a un tuto dans Inskape qui est assez basique et après il y a plein d’autres choses à aller voir sur Internet et je suis totalement convaincue. C’est bien simple, maintenant j’ai toujours deux ordinateurs, tous les deux sous Debian, avec un Windows virtuel parce que je ne peux pas me débarrasser de mon logiciel métier, et tout le reste c’est du 100% libre.
Isabella Vanni : Merci. C’est très exhaustif sur ton évolution dans le rapport avec l’informatique.
Echarp, Manu, t’as parlé aussi, j’imagine, de la philosophie qui est derrière le logiciel libre, parce là tu as parlé surtout de découverte : c’est trop génial, je peux tout remplacer, il y a des logiciels qui marchent bien, qui me permettent de ne pas être dépendante des licences, etc. Mais les principes du logiciel libre, la philosophie, les fameuses quatre libertés de la définition, Echarp te les a-t-il communiquées tout de suite ou a-t-il attendu un peu ?
Magali Garnero : Pas tout de suite, mais un peu après. En gros, il a mis en place mon site web. J’avais un site web pour la librairie, un peu pourri, il m’en a mis un autre qui était génial que je pouvais modifier à volonté. Petit à petit je me suis formée au HTML et au Markdown et je pouvais modifier mon site. Il m'a dit : « Tu vois, c’est cool, c’est quelque chose que tu ne pouvais pas faire avec le site précédent. — C’est vrai. J’aimerais bien rajouter telle fonctionnalité ». Et là il me rajoute la fonctionnalité et ainsi de suite.
Isabella Vanni : Il te la rajoute parce qu’il la code lui-même.
Magali Garnero : Il la code lui-même, il me rajoute la fonctionnalité. Petit à petit je deviens non plus consommatrice de mon logiciel, mais je deviens actrice de mon logiciel, je peux le modifier. Il m’explique tout simplement que si je peux le faire c’est parce que le code est ouvert. Il commence à me parler de logiciel libre, des quatre libertés, de Stallman, de l’imprimante, de plein de choses qui étaient pour moi juste des concepts, mais qui devenaient de plus en plus réelles au fur et à mesure que je modifiais mon site.
Une copine me parle de ce site internet, me dit : « Il a l’air pas mal, j’aimerais bien faire pareil ». Je dis : « Tu peux, le code source est ouvert ». Et là, je commence à expliquer à ma copine libraire ce qu’est le logiciel libre et je me dis « ça y est, je suis mordue ! »
Isabella Vanni : As-tu réussi à convaincre tout de suite ta copine ? Les logiciels libres sont aussi une affaire de sensibilisation : plus on les utilise, plus on peut espérer qu’ils s’améliorent et qu’on arrive à convaincre, à sensibiliser encore plus de monde.
Magali Garnero : Je ne l’ai pas convaincue, elle a préféré faire passer l’architecture de son site web sous WordPress. À l’époque elle n’était pas sur Paris, elle n’avait pas son geek à domicile comme moi, c’était plus simple d’utiliser un logiciel beaucoup plus répandu, dont la communauté est quand même assez étendue.
Isabella Vanni : De là à devenir membre de l’April, bénévole, très active à l'April, jusqu’à devenir administratrice, comment ça se fait ? Ça a été une évidence ? C’est arrivé tout de suite ? C’est arrivé graduellement ? On t’a sollicitée ou c’est toi qui t’es dit « il faut que je le fasse ».
Magali Garnero : Au départ, j’étais juste la petite utilisatrice libraire qui accompagnait son chéri dans les soirées informatiques. J’ai commencé à discuter avec d’autres informaticiens. Je me souviens qu’à l’époque Benoît Sibaud était président de l’April, Fred était déjà délégué général de l’association, et j’ai vraiment bien sympathisé avec eux. J’étais tellement fière d’avoir cette information que, pour moi, elle devait être partagée avec le monde entier. Si les gens étaient sous Apple ou sous Windows c’était parce qu’ils ne savaient pas qu’autre chose existait. Je m’étais dit « je vais me missionner et je vais aller prêcher la bonne parole », si je puis dire, même si franchement, au début, je n’étais pas hyper-informée, mais il fallait que tout le monde sache. Mon investissement à l’April c’était pour avoir des informations et pouvoir aller les distribuer. C’est vrai qu’à l’époque l’April était LA plus grosse association du logiciel libre. D’ailleurs, à mes yeux, c’est toujours la plus grosse association du logiciel libre puisqu’elle fait la promotion et la défense auprès des institutions. L’April était mon association de cœur.
Isabella Vanni : En nombre de membres aussi, on a près de 3000 membres. On en profite pour rappeler cette information : à peu près 2500 personnes physiques et le reste personnes morales, collectivités, entreprises, etc.
Du coup, tu ne comprends peut-être pas encore tout, tu n’as peut-être pas encore toutes les informations, tu es en recherche d’informations pour pouvoir, à ton tour, les relayer auprès du plus grand nombre. Par quelles actions commences-tu ?
Magali Garnero : Toujours Benoît Sibaud, président, me dit « on a un groupe Transcriptions avec plein de choses à lire, toi qui aimes lire tu trouveras ton bonheur là-dedans ». Non seulement je lis des transcriptions qui ont déjà été faites, mais je commence à relancer le groupe Transcriptions, à organiser des transcript-parties, à remettre des tomates cerise au goût du jour parce que les chips ce n’est pas terrible pour les dents et le reste du corps. Pour les transcriptions, je choisis les conférences qui m’intéressent et je me forme de cette manière-là. Ça a un double effet : je me forme et, en même temps, je rends ces vidéos beaucoup plus accessibles sur Internet parce qu’un moteur de recherche ne sait pas chercher du texte dans une vidéo, par contre, du texte dans une transcription, c’est beaucoup plus aisé. En même temps que le groupe Transcriptions se crée, on donne un petit coup de main au groupe de travail Accessibilité de l’April en rendant ces vidéos – je dis vidéos, mais il y a aussi des fichiers audio – plus accessibles. C’était vraiment mes tous débuts.
Isabella Vanni : Tu disais que vous vous retrouviez à plusieurs : en fait vous faisiez ça en présentiel. Aujourd’hui, on fait presque tout en visio, en distanciel.
Magali Garnero : À l’époque, la visioconférence ce n’était pas très convaincant. Donc oui, on se réunissait en présentiel dans les locaux de l’April, dans la réserve de ma librairie, on a squatté des bars, mais c’était un peu trop bruyant, dès qu’on pouvait trouver un lieu. On a aussi été beaucoup à la FPH, la Fondation pour le Progrès de l’Homme à Paris dans le 11e. À un moment donné on faisait des transcript-parties tous les mois, c’était vraiment la belle époque. Nous étions effectivement assez nombreux, toujours plusieurs filles. On dit souvent qu’il n’y a pas beaucoup de filles dans le logiciel libre, et je le constate souvent, mais dans les transcipt-parties, il y avait une sorte de petite émulsion, nous étions toujours trois ou quatre, jamais en majorité mais quand même, nous étions là et nous nous faisions entendre, surtout en tapant sur le clavier, mais nous nous faisions entendre !
Isabella Vanni : Tu étais aussi celle qui mobilisait les personnes. Pour qui connaît Magali, Bookynette, tu as aussi cette capacité, quand même, de donner envie de participer, de faire des choses. Tu étais aussi dans cette position de dire « que fais-tu ce soir ?, je te rappelle que c’est le jour des transcriptions ».
Magali Garnero : Je relançais effectivement les gens, quitte à leur envoyer des SMS directement pour les faire venir. Ça faisait une belle émusion, des fois on n’avait pas besoin de contacter qui que ce soit et on se retrouvait à 12 dans un appartement ! Ça fait beaucoup.
Isabella Vanni : Je pense que c’est important de souligner ce que tu dis : une autre chose qui te tient très à cœur, en plus du logiciel libre et toute cause qui te semble juste, c’est aussi la convivialité, le fait d’être avec les autres, de faire ensemble, de contribuer ensemble à un projet, à une cause. Je trouve que c’était une superbe occasion de démarrer, en fait, ton activité à l’April.
Aujourd’hui, je crois qu’il n'y a pas vraiment des évènements en présentiel dans le groupe Transcriptions, ou alors c’est rare. Vous pouvez toujours participer, c’est un super groupe qui fait un énorme travail. Une douzaine de transcriptions, en moyenne, est publiée chaque mois sur le site Libre à lire ! J’en profite pour dire que c’est une belle façon de commencer à connaître le logiciel libre et tous nos sujets.
Magali Garnero : Et c’est un bon moyen de s’investir dans l’April. Au début on ne connaît pas grand-chose, faire des transcriptions c’est se former, c’est faire du travail ensemble : il y a la transcription, il y a la relecture, il y a la re-relecture, il y a la publication, c’est vraiment un travail. J’ai l’impression que là, dans le groupe Transcriptions, ils sont moins nombreux que nous, mais ils sont beaucoup plus efficaces !
Isabella Vanni : Voilà pour le groupe Transcriptions, mais tu ne t’es pas arrêtée là, ça ne pouvait pas te satisfaire : dès que tu en as su plus, tu étais prête à aller plus loin. Qu’as-tu fais après ?
Magali Garnero : Pendant et après, j’ai monopolisé les stands de l’April. Comme j’ai cette facilité à discuter avec des gens que je ne connais pas, grâce à mon métier et au théâtre d’impro que j’ai fait quand j’étais un peu plus jeune. Forcément, une fois que j’ai connu les dossiers de l’April, tenir un stand c‘était beaucoup plus facile pour moi. J’ai donc squatté tous les stands de l’April qui passaient sous les radars. J’ai commencé petit, dans les stands des Ubuntu-parties, et après j’ai fait beaucoup plus grand, je suis allée dans d’autres gros évènements.
Isabella Vanni : Je pense que parler avec les potes, les camarades des autres associations te plaît aussi !
Magali Garnero : Ah oui ! Tu me tends la main ! C’est vrai qu’à force de connaître des gens, puisque j’étais sur tous les stands, j’ai commencé à organiser les Villages du Libre des Rencontres Mondiales du Logiciel libre.
Isabella Vanni : Il faut rappeler ce que c‘est parce que, malheureusement, ça n’existe plus. Dans l’histoire du logiciel libre en France, je pense que c’est important de dire ce qu’étaient les Rencontres Mondiales du Logiciel Libre.
Magali Garnero : À peu près tous les ans, une association locale organisait ces fameuses rencontres et invitait plein de gens de France, de Belgique mais aussi de l’international puisqu’on a des gens qui sont venus d’Afrique, des gens qui sont venus d’Amérique latine. Pendant une semaine on se réunissait avec des conférences, des ateliers et, bien sûr, un fameux village. C’est là que j’ai fait pas mal de rencontres de potes qui, d’ailleurs, me suivent toujours depuis des années.
Isabella Vanni : Organiser un événement pareil, ce n’est pas rien, c’est un gros investissement ! C’est aussi pour cela que, malheureusement, on n’a pas réussi à garder cet évènement parce que ça demande beaucoup de ressources : des personnes bénévoles prenaient des congés rien que pour organiser les Rencontres Mondiales. Ça se faisait en été. Il a fait de plus en plus chaud au fur et à mesure que les années passaient.
Magali Garnero : Ce n’était pas désagréable. Je me souviens d’après-midis où on allait se mettre sur la pelouse devant la fac et on jouait au tarot.
Isabella Vanni : Par exemple ! On trouve toujours moyen de se rafraîchir de se détendre, bien sûr.
Comme Villages de logiciels libres, qu’as-tu organisé en particulier ?
Magali Garnero : J’espère que je ne vais pas en oublier. J’ai fait Saint-Étienne, j’ai fait Montpellier, j’ai fait Strasbourg. Je suis sûre que j’en oublie.
Isabella Vanni : Tu as fait des villages aussi sur d’autres évènements.
Magali Garnero : J’ai aussi annexé Solutions GNU/Linux - Open Source Summit - Open Source Experience, tous les trois/quatre ans ça change de nom.
Isabella Vanni : C’est un salon professionnel qui a lieu sur Paris, qui a effectivement changé de nom au cours des années, mais le concept est toujours le même : réunir un maximum d’entreprises françaises qui opèrent dans le logiciel libre et, si possible, avoir un bon coin Village associatif.
Magali Garnero : Il se réduit un peu comme peau de chagrin puisqu’il y a de moins en moins de places. Je peux déjà annoncer qu’il y aura un village au prochain Open Source Experience et que la distribution des stands se fera d’ici un mois.
Isabella Vanni : Il faudra se dépêcher de s’inscrire parce que les places sont chères. On a l’avantage d’avoir Bookynette, présidente de l’April, donc à mon avis, l’April n’aurait pas de mal à trouver sa place sur le village.
Tu disais que tu as connu le logiciel libre en 2006. Quand es-tu entrée à l’April ?
Magali Garnero : En 2007. J’ai voulu adhérer à l’April en 2007 et je me suis rendu compte que j’étais déjà adhérente. Je ne sais pas ! C’est un mystère, seul Echarp sait pourquoi ! Je suis restée à peu près cinq ans en tant que simple bénévole, transcriptrice, et à tenir des stands. En 2012, j’ai postulé pour rentrer au CA [Conseil d'Administation].
Isabella Vanni : Pourquoi voulais-tu rentrer au CA ?
Magali Garnero : La curiosité. J’aime bien savoir comment ça se passe en coulisses, j’aime bien savoir qui décide, comment les décisions sont prises, donc la curiosité.
Isabella Vanni : Et qu’est-ce qui t’as fait rester, une fois que tu as su comment ça se passe ?
Magali Garnero : L’inconscience, le masochisme, les réveils à six heures du matin. Je ne sais pas pourquoi je reste ! Je reste parce qu’il y a une super équipe, que ce soit du côté salarial ou du côté des administrateurs. J’ai vu pas mal de copains rentrer au CA, j’en ai vu aussi sortir, mais c’est la vie et ça se renouvelle. Il y a quand même quelque chose de très fort, on a les mêmes valeurs : on veut tous défendre le logiciel libre et on a à peu près les mêmes combats, même si on est tous un peu investis dans d’autres associations. Il y a vraiment plein de choses qui nous unissent et qui sont nos priorités.
Isabella Vanni : Tu connais donc l’April depuis 2006/2007, ça fait un paquet d’années ! Juste à titre informatif, je suis devenue salariée en 2014, j’ai raté beaucoup d’années par rapport à toi ! Est-ce que l’association a évolué pendant tout ce temps ? Est-ce que tu as vu des choses changer ? Est-ce que des choses ont changé et tu le regrettes un peu ? Est-ce que des choses ont changé et tu en es très contente ?
Magali Garnero : Plusieurs choses ont changé. Déjà on ne fait plus de pique-niques, mais je pense que c’est parce qu’on est trop vieux, on ne supporte plus de rester assis pendant trois heures.
Isabella Vanni : Peut-être reviendront-ils avec le beau temps !
Magali Garnero : Ça me tente bien de recommencer. On va proposer ça aux bénévoles qui sont à Paris ou ailleurs. Qu’est-ce qui a changé d’autre : Chapril est apparu avec plein de services.
Isabella Vanni : On va rappeler ce qu’est Chapril, pour les personnes qui ne connaîtraient pas.
Magali Garnero : On va commencer par les CHATONS. Framasoft, une association nationale d’éducation populaire au numérique, a décidé de mettre en place des services alternatifs à ceux des GAFAM [Google Apple Facebook Amazon Microsoft]. Vous pouvez donc aller sur les serveurs de Framasoft et utiliser Framapad, Framadate pour faire des sondages ; plein de services alternatifs. Ils se sont rendu compte qu’ils étaient en train de devenir beaucoup trop gros, ils ont décidé de mettre en place les CHATONS. CHATONS est un acronyme pour Collectif des Hébergeurs, Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires – celui-là je le maîtrise, je suis contente ! Ils ont ouvert à d’autres associations, je crois qu’on est maintenant à quasiment une centaine de CHATONS.
Isabella Vanni : Je pense qu’on a dépassé la barre des 100 CHATONS.
Magali Garnero : C’est merveilleux ! En fait, il y a une portée tous les six mois. En ce moment, d’ailleurs, une portée va peut-être voir naître trois nouveaux CHATONS, en tout cas je l’espère. L’April a fait son Chapril avec à peu près 13 services – je milite pour un quatorzième – et je me suis investie dans la modération du Mastodon. On l’appelle le Pouet entre nous, pouet.chapril.org ; je fais de la modération avec Quentin Gibeaux et Christian Delage tous les lundis midi.
Isabella Vanni : C’est quoi Mastodon pour les personnes qui ne connaîtraient pas ?
Magali Garnero : C’est une sorte de messagerie instantanée libre pour concurrencer un réseau social qui commence par « T », qui finit par « r » et qui sent très mauvais !
Isabella Vanni : Très bien. Merci pour cette première partie. Je pense que c’est le bon moment pour faire une pause musicale. Je t’avais demandé de choisir un morceau. Tu as choisi, tu te souviens du titre, peut-être veux-tu l’annoncer toi-même.
Magali Garnero : Je l’ai choisi parce que l’artiste est un coup de cœur associatif, c’est un artiste que j’apprécie énormément, qui s’appelle Clément Oudot, son nom de scène c’est KPTN. Il a beaucoup d’humour, il fait des jeux de mots ; l’album de KPTN c’est Flammes. Flammes, ça va parler aux gens de ma génération. Il y a beaucoup de jeux de mots dans tout son album. J’ai choisi Grève angélique parce que je trouve que c’est vraiment d’actualité.
Isabella Vanni : On se retrouve juste après l’écoute de Grève angélique par KPTN. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Grève angélique par KPTN.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Isabella Vanni : Nous venons d'écouter Grève angélique par KPTN, disponible sous licence libre Creative Commons CC BY SA 4.0.
[Jingle]
Deuxième partie
Isabella Vanni : Nous allons poursuivre notre discussion. Je suis Isabella Vanni de l’April. Nous allons reprendre le fil de notre discussion avec Magali Garnero, alias Bookynette, dans la deuxième édition du format « Parcours libriste » de Libre à vous !
N’hésitez pas à participer à notre conversation au 09 72 51 55 46 ou sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causecommune.fm, bouton « chat ».
On parlait de l’April, de ce que tu as fait à l’April, des actions que tu aimes faire à l’April. Tu nous as d’abord parlé du groupe Transcriptions, tu nous as parlé de la modération pour le réseau de microblogging Mastodon, mais je crois que tu tenais particulièrement à parler d’un autre site qui est géré par l’April, l’Agenda du Libre. Que fais-tu pour l’Agenda du Libre ?
Magali Garnero : L’Agenda du Libre existe depuis des années. C’est un projet qui appartenait à Rodolphe Quiedeville. C’est une sorte de calendrier de tous les évènements organisés dans le monde du Libre.
En 2014, l’April décide de s’emparer de ce projet un peu vieillissant, que plus beaucoup de gens utilisent. Echarp, encore lui, peut-être un peu sous la pression de sa chérie, le recode depuis zéro dans un autre langage que PHP parce qu’il préfère Ruby et on relance l’Agenda du Libre. On ne fait pas que le relancer en mode agenda, on lui a aussi adjoint un annuaire pour recenser toutes les organisations libristes, que ce soit des associations, des GULLs (Groupements d’Utilisateurs et d’Utilisatrices de Logiciels Libres), des entreprises, mais aussi des tiers-lieux.
Isabella Vanni : Hackerspaces, espaces publics numériques...
Magali Garnero : Exactement. Médiathèques, fab labs, tout est mis sur le site. Mon rôle, sur l’Agenda du Libre, ce n’est pas de modérer les évènements c’est de mettre à jour les associations, entreprises, fab labs et compagnie le plus régulièrement possible. Je suis contente : pour l’AG on avait fait du tri, on a été obligé d’en enlever plusieurs qui n’existaient plus. Du coup, on en a rajouté plein de nouvelles pour que le chiffre ne baisse pas trop.
Isabella Vanni : L’AG de l’April a eu lieu effectivement fin mars.
En fait, c’est sur l’Agenda du Libre, qu’on redirige les personnes quand on rencontre des personnes qui découvrent le logiciel libre, qui souhaitent en savoir plus. Quand elles viennent parler avec nous sur les stands, on leur dit : « Il y a un site qui vous permet de trouver les organisations vraiment locales, près de chez vous. Vous pouvez parler avec des humains, les rencontrer et ils peuvent vous aider à installer des logiciels, les paramétrer, à libérer votre machine si vous voulez changer de système d’exploitation ». C’est un site vraiment super utile. Merci de vous en occuper et de le faire vivre.
Magali Garnero : Il faut remercier Emmanuel Charpentier et Christian Delage qui font de la modération et du code très régulièrement.
Isabella Vanni : Exactement. On en profite pour remercier Manu, dit Echarp, et Christian.
Tu voulais peut-être parler aussi d’un autre groupe qui te branche bien dernièrement, enfin depuis toujours !
Magali Garnero : Un groupe que j’adore parce que c’est le groupe des trolls, c’est le groupe Sensibilisation.
Isabella Vanni : Pourquoi le groupe de trolls ?
Magali Garnero : C’est là où on se chamaille sur le texte qu’on va mettre dans les flyers, quels mots, quelles virgules, où placer tout ça ; c’est aussi là où on fait les stickers. D'ailleurs, à l’April, on a un nouveau stagiaire qui est en train de retravailler sur « Priorité au logiciel libre ». C’est aussi le lieu où on parle de tee-shirts. Hum ! Hum ! Je me souviens encore de toutes les discussions qu’on a eues sur les tee-shirts qui sont tous très réussis, même ceux que je ne mettrai plus jamais !
En ce moment nous sommes très actifs, on se réunit quasiment toutes les semaines ou toutes les deux semaines. On essaye de mettre en place un jeu de société, le Jeu du Gnou, une sorte de petit jeu initiatique pour permettre à des gens qui ne connaîtraient pas encore le logiciel libre, ou qui s’y mettent tout juste, de se former, d’avoir les bonnes phrases, les bons arguments.
Isabella Vanni : En fait, on a une version bêta de ce jeu qui a déjà été proposée sur plusieurs ateliers. On aimerait bien avoir un jour la version officielle. En tout cas, on peut déjà jouer.
Effectivement, on a d’abord essayé de se réunir plutôt dans un lieu physique, c’était toujours à la Fondation pour le Progrès de l’Homme. Puis l’épidémie de Covid est arrivée. Il y a un avant et un après Covid, malheureusement, et tout n’a pas été mauvais parce que ça nous a poussés à faire des visioconférences, même si on coupait la caméra assez vite pour des raisons de sobriété énergétique, mais ça nous a permis de faire contribuer des personnes qui n’habitent pas Paris, qui ne peuvent pas forcément venir à la Fondation pour le Progrès de l’Homme à Paris 11ᵉ. On a eu d’autres personnes qui participent au groupe, ce n’est pas plus mal !
Magali Garnero : Petite nouvelle : vous pourrez venir tester ce jeu à Paris, à Passage En Seine, le 17 juin, puisque avec Isabella, nous ferons un atelier Jeu du Gnou. Je crois que c’est vers l’heure du repas ou un peu avant. Venez le tester !
Isabella Vanni : Je n’ai pas encore regardé l’heure, il faut que je la note sur mon calendrier.
Ce qui me fait rebondir parce que c’est une autre des activités que tu fais à l’April : tu fais des conférences, tu fais des interventions, tu fais des ateliers. Est-ce que cette activité te plaît ?
Magali Garnero : Je déteste ça ! Non ! Ce n’est pas vrai ! J’ai toujours le trac dès que je dois prendre la parole en public, mais mieux je maîtrise mon sujet et moins je bafouille.
Isabella Vanni : C’est compréhensible, c’est assez logique.
On disait que tu as commencé en tant que bénévole, tout de suite très active. Tu as eu ensuite envie de devenir administratrice pour voir les coulisses de l’April, tu y es restée parce que tu t’y trouvais bien, et puis tu es devenue présidente de l’April il y a quatre mois, en décembre 2022. On n’a pas une date exacte.
Magali Garnero : 22 novembre 2022, je crois.
Isabella Vanni : Officiellement, fin novembre. D’accord ! En fait, nous étions plusieurs, je me mets dedans, à nous demander pourquoi tu n’es pas devenue présidente de l’April plus tôt. Est-ce que tu t’étais posé cette question et pourquoi cela n’est arrivé que maintenant ?
Magali Garnero : Je ne me suis jamais posé la question parce que femme, non-informaticienne, non-intéressée par les dossiers institutionnels – désolée Étienne –, je ne me sentais pas vraiment la personne la mieux placée pour représenter l’April. Même si Lionel Allorge, ancien président extraordinaire de l’April, me l’a proposé plusieurs fois, j’avais toujours refusé.
Au départ de Véronique, qui a quand même été assez soudain, tout le conseil d’administration et les salariés se sont réunis pour décider ce qu’on allait faire. Jean-Christophe Becquet, vice-président, avait accepté de reprendre la présidence au moins jusqu’à l’AG parce que personne ne voulait prendre ce poste. D’ailleurs, je trouve extraordinaire que personne ne veuille la responsabilité, donc on peut la donner à chacun des administrateurs, il n’y en a pas un qui roule pour sa bosse ! La nuit qui suit cette décision-là, puisque c’était en soirée, je n’ai pas dormi, mais vraiment pas dormi, mode insomnie totale.
Isabella Vanni : C’est usuel, pour toi, de ne pas dormir ?
Magali Garnero : C’est très rare, je pose la tête sur l’oreiller et je m’endors comme un bébé. Il m’arrive de me réveiller, mais là je n’arrivais même pas à m’endormir, je pensais à plein de choses, je pesais le pour, je pesais le contre, je me disais « mais non, tu n’es toujours pas la bonne personne ». Et j’avoue qu’il y a un administrateur qui, pour moi, se dégage, qui pourrait être un très bon président, mais qui ne pouvait pas forcément l'être à ce moment-là.
Après une nuit à vraiment réfléchir, je me suis souvenu de ce qui avait été dit pendant la réunion, dont la réflexion de deux salariés, comme quoi je pourrais être présidente — ils se reconnaîtront tous les deux, ce n’est pas difficile, ils sont autour de moi ce soir — et je me suis dit « pourquoi pas moi ? ». Le lendemain j’ai appelé d’abord Fred. Fred est le délégué général et c’est un ami. Je lui ai parlé de mon sentiment d’imposture, je lui ai parlé du fait que nous sommes amis, assez proches, je rappelle que je suis la marraine de sa fille, qu’on part en vacances ensemble, donc me mettre en position de patronne d’un de mes meilleurs potes, c’est compliqué ! Avec Isabella aussi, ce n’est un secret pour personne, on s’entend très bien, donc présidente ça voulait dire patronne et ce n’est pas du tout un rôle que j’apprécie, je préfère les décisions transversales. Ils m’ont tous les deux rassurée. Après j’ai discuté avec d’autres administrateurs qui m’ont dit go. Donc hop !, le lendemain j’étais déclarante présidente, personne ne s’y est opposé et je pense que ça a soulagé plein de gens, parce que, moi aussi, j’ai bien dormi le lendemain.
Isabella Vanni : Le fait de bien dormir te faisait dire que c’était le bon choix à faire et tu as reçu plein de félicitations, non seulement de la part des membres du conseil d’administration et de l’équipe salariée, mais aussi de bénévoles, de soutiens de l’April et d’autres libristes partout en France.
Magali Garnero : J’avais peur que ce soit mal accueilli parce que toujours non-informaticienne, non-politisée, ni quoi que ce soit. En définitive, les gens étaient rassurés de connaître la présidente de l’April, de savoir qui c’est, de pouvoir mettre un visage, un pseudo. Ils étaient tous enchantés. J’étais rassurée que ce ne soit pas un choc, parce que commencer un début de présidence en plein de milieu de l’année, loin de l’AG, c’est toujours bizarre.
Isabella Vanni : Comment te sens-tu aujourd’hui, à quatre mois de distance ? Est-ce que tu es bien confortable dans ce fauteuil de présidente ?
Magali Garnero : Je ne regrette pas mon choix parce que c’est ce qui m’a permis de mettre en place des choses dont je parlerai peut-être tout à l’heure. En même temps, à chaque fois qu’on me dit : « Waouh ! Tu es la présidente de l’April, c’est merveilleux, c’est extraordinaire, quel privilège ! », je suis toujours un peu étonnée, parce que je suis juste moi, je suis juste Bookynette, je suis juste celle qui tenait les stands et ainsi de suite et je ne sens pas plus appréciable que d’autres personnes ou plus célèbre que d’autres personnes. Peut-être que mon sentiment d’imposture continue. En tout cas, je suis toujours heureuse d’aller vers les autres.
Isabella Vanni : Il n’est pas dit que chaque président doive avoir les mêmes compétences, le même profil que les autres ; c’est même bien qu’il y ait une variété de profils qui s’alternent à la présidence.
Magali Garnero : Si on prend tous les présidents avant moi, qu’on les compare, on se rend compte qu’ils ont eu chacun leur spécialité. Du coup je vais pouvoir amener un peu de convivialité, de relationnel et, j’espère, plein d’humour dans les prochains communiqués de presse.
Isabella Vanni : Du fait que tu es devenue présidente, tu t’es imposée encore plus d’actions, encore plus de projets, encore plus d’opérations à mener par rapport à quand tu étais administratrice, bénévole active. Qu’as-tu mis à l’agenda ?
Magali Garnero : Beaucoup trop de choses, ça c’est clair !
Déjà, quand je suis rentrée en 2012 au CA de l’April, j’avais eu envie de lancer une opération qui s’appelait « enGULLez-vous » où, en gros, on mettrait à l’honneur tous les GULL. On m’a fait remarquer qu’« enGULLez-vous » c’était un peu tendancieux, que ce n’était peut-être pas la bonne chose à faire. Du coup, moi présidente, comme diraient certains, j’ai décidé de faire le tour des GULL en référence au Tour de Gaule d'Astérix et d’aller voir tous les GULL qui acceptent de me recevoir ou qui m’invitent. J’ai commencé par Beauvais parce que les gens de Beauvais sont des gens que j’adore ; je me souviens encore d'eux lors des Rencontres Mondiales du Logiciel libre, le travail qu’ils ont fait était extraordinaire.
Isabella Vanni : C’est l’association Oisux. Ils sont super actifs, ils font vraiment énormément d’évènements, c’est fou ! C’est une association de bénévoles et ils arrivent à faire vraiment beaucoup d’actions.
Magali Garnero : Coucou Oisux. Coucou Marc Hépiègne et Nathalie Soetaert.
Je suis allée à Rennes. J’ai pas mal d’amis qui habitent Rennes et c’est l’occasion de faire d’une pierre deux coups, de voir les copains et, en même temps, de rencontrer le GULL local. Là-bas c’est Actux. J’ai un très bon souvenir de l’endroit, Papier Timbré, où j’ai été reçue ; il y avait un petit rhum à trois euros, je ne suis pas rentrée bourrée, mais le petit rhum était vraiment extraordinaire.
Après Rennes, je suis allée à Nantes, il n’y a même pas dix jours. Là j’ai participé à la permanente, à la permanence de Linux-Nantes.
Isabella Vanni : C’est beau « permanente », tu viens de faire un néologisme hyper-poétique.
Magali Garnero : En fait, ils ne le savent pas encore, mais je vais venir tous les mois chez Linux-Nantes. J’ai pu participer à la permanence et j’ai rencontré plein de gens extrêmement intéressants dont je parlerai dans mon journal parce que j’ai lancé un journal sur linuxFr, qui s’appelle mon Tour des GULL, où je parle de toutes les associations que je rencontre et des gens avec lesquels je discute à chaque rencontre.
Isabella Vanni : Si des personnes qui représentent des GULL nous écoutent en ce moment, sachez que Booky se fera un plaisir de venir vous rencontrer, donc n‘hésitez pas à la contacter, à lui proposer une étape pour son Tour des GULL.
J’ai l’impression, si je me souviens bien, que depuis que tu es devenue présidente tu t’es attaquée à un morceau qui n’était pas très digeste pour toi, mais tu l’as fait quand même, tu as mis le nez dans les dossiers institutionnels de l’April. Comment ça va ?
Magali Garnero : Ça va parce que j’ai beaucoup de chance, en ce moment, les dossiers institutionnels, ce n'est pas trop... ! Ça va. J’essaye de m’intéresser au CRA dont Étienne parlerait beaucoup mieux que moi, c’est quelque chose au niveau européen qui veut absolument mettre des responsabilités.
Isabella Vanni : On peut mettre des mots sur cet acronyme : Cyber Resilience Act.
Magali Garnero : Exactement. Bien joué ! Tu vois que toi aussi tu t’intéresses aussi aux dossiers institutionnels !
Isabella Vanni : Touchée !
Magali Garnero : J’avoue que j’ai relu pas mal de vieux dossiers pour me mettre à jour. J’avais vraiment suivi l’Open Bar de la Défense quand Microsoft avait disséminé ses logiciels un peu partout. J’étais contente quand c’est sorti de Microsoft, mais c’est entré à l’UGAP et je ne suis pas sûre que ce soit beaucoup mieux. [Union des Groupements d'Achats Publics]
Donc oui, je m’intéresse aux dossiers institutionnels. On a un wiki qui est très riche d’informations, on a des salariés qui répondent à toutes mes questions idiotes. Quand il y a des communiqués de presse à écrire, je n’hésite pas à aller mettre ma petite touche dessus, à poser des questions.
Isabella Vanni : Pour faire plus fun aussi, je crois.
Magali Garnero : Oui, j’aimerais bien qu’on soit un peu plus fun, mais il faut quand même qu’on reste sérieux parce que c'est l’April, mais une contrepèterie par-ci par-là ça ne fait pas de mal !
Isabella Vanni : L’enjeu, le défi, c’est de trouver le bon équilibre.
Magali Garnero : Là, Étienne se dit « il va falloir que je mette une contrepèterie » et tous les autres se disent « il va falloir qu’on la trouve la prochaine fois ! ».
Isabella Vanni : Une autre action que tu as entreprise depuis que tu es présidente concerne, on va dire, la réanimation d’un groupe ou d’une activité dans l’April qui n’était pas trop vivante dernièrement. Tu veux peut-être en parler.
Magali Garnero : Il y a un groupe de travail qui s’appelle Diversité. Au départ, c’était pour mettre en avant toutes les diversités des informaticiens/informaticiennes du logiciel libre ; pour moi, être différent c’est une richesse. Ce groupe-là était un peu mort par manque d’animation. C’est moi qui avais en responsabilité l’animation de ce groupe-là, mais j’étais toute seule et j’avoue que j’avais autre chose à faire.
J’ai décidé de le relancer parce que c’est vrai que nous ne sommes pas beaucoup de femmes dans le logiciel libre et dans l’informatique en général. La question c’est pourquoi est-ce que nous ne sommes pas beaucoup de femmes ? Une réponse facile c’est que nous sommes entourées d’hommes misogynes. Je n’y crois pas trop parce que les informaticiens que je côtoie sont tous adorables, prévenants et ainsi de suite. Du coup, une manière de relancer ce groupe-là c’était peut-être aussi de montrer qu’à l’April nous sommes bienveillants, nous sommes accueillants, nous sommes sécurisants. Depuis que je suis présidente j’ai déjà fait une formation, assisté à une conférence pour lutter contre les discriminations quelles qu’elles soient et aussi lutter contre les violences, le harcèlement sexuel et sexiste, mais ça c’est vraiment beaucoup plus spécifique.
En tout cas, c’est un nouveau pôle du logiciel libre que j’impose plutôt à l’April, bien que je me sente quand même assez soutenue par des salariés et des administratrices.
Isabella Vanni : On a beaucoup parlé de l’April, c’est un peu normal vu tout l’investissement, le temps que tu y consacres. Pourtant, il n’y a pas que l’April dans ta vie comme association. Tu milites, je les ai comptées, dans au moins trois autres associations qui sont en lien avec le logiciel libre et la culture libre. Est-ce que tu veux nous en dire quelques mots ?
Magali Garnero : La première c’est Framasoft. C’est l’association familiale, amicale, c’est la porte d’entrée du Libre comme je disais tout à l’heure. C’est beaucoup de copains, ce n’est pas beaucoup de membres contrairement à l’April : il n’y a pas de membres, ce sont plus des dons qu’il faut faire régulièrement.
Isabella Vanni : Que fait Framasoft ?
Magali Garnero : Surtout de l’éducation populaire. Quand j’y suis rentrée c’était pour aller tenir des stands – eh oui, encore ! – et pour vendre des livres puisqu’il y a des Framabooks format papier que je pouvais vendre dans ma librairie. Après ils ont lancé CHATONS. J’y suis rentrée au tout début de leur campagne « Dégooglisons Internet », ça devait être 2014 ; ça aussi ça remonte à loin, et ils ont bien voulu de moi, les inconscients !
Une autre association à laquelle je participe, mais là c’est limite évident, c’est Parinux. Parinux c’est le Groupe d’Utilisateurs et d’Utilisatrices de Logiciels Libres d’Île-de-France, même s’il y a marqué Parinux, ça fait longtemps que nous sommes sortis de Paris pour aller envahir ailleurs. On fait des install-parties, on appelle ça les Samedis du Libre. Au départ c’était le premier samedi du mois. Comme on est des oufs malades, c’est le premier, deuxième, troisième samedi, plein de Samedis du Libre, on va sûrement changer le nom du site internet. On fait aussi des soirées de contribution, j’aime bien appeler ça les SCL [Soirée de Contribution au Libre]. En gros, tous les jeudis, on se réunit pour changer le monde en mieux.
Isabella Vanni : Les jeudis, ce ne sont pas des permanences, ce n’est pas ouvert.
Magali Garnero : Ce n’est pas ouvert au public, c’est vraiment plus pour travailler sur des projets internes à l’association ou aux associations présentes.
Les APL, qui ne sont pas des allocations pour le logement, mais qui sont des Apéros du Libre qu’on essaye d’organiser tous les 15 du mois, vous pouvez venir nous rencontrer, là c’est vraiment ouvert à tout le monde.
Isabella Vanni : On a parlé de Framasoft, une autre association nationale dont les actions sont complémentaires de celles de l’April. On a parlé de Parinux, pour le coup une association très locale, c’est le Groupe d’Utilisateurs et d’Utilisatrices de Logiciels Libres de Paris.
Tu as aussi un rôle dans une autre association qui fait quelque chose de très particulier, qui gère un site de vente en ligne. Qu’est-ce que ça a à voir avec le logiciel libre ?
Magali Garnero : En fait, on s’est rendu compte que les associations payaient une tonne de frais bancaires chaque fois qu’elles vendaient des objets en ligne. On s’est demandé pourquoi ne pas mutualiser l’effet. Une association qui s’appelle En Vente Libre s’est créée, bien avant que j’y rentre parce que je n’y suis pas depuis très longtemps. En gros, on peut aller acheter les goodies de plusieurs associations et on peut aussi faire des dons, c’est-à-dire qu’on fait un virement et plusieurs associations touchent des sous. Ça limite vraiment les frais et c’est plus simple d’aller sur un site que d’aller sur plusieurs sites. Ce que j’aime bien avec cette association c’est qu’elle regroupe 15 autres associations.
Isabella Vanni : Il y en a déjà 15 ! Au départ, on pouvait les compter sur les doigts d’une main.
Magali Garnero : Quand j’ai commencé il devait y en avoir sept ou huit et un des objectifs que je m’étais fixé c’était de faire rentre plein de gens. Comme elles sont 15, je les ai écrites, j’avoue, j’avais peur d’en oublier et je ne voulais pas me faire taper sur les doigts.
La première, vous vous en doutez c’est l’April ; la deuxième Framasoft ; la troisième c’est linuxFr, une plateforme d’actualité en ligne, participative. En fait, vous pouvez écrire des articles, des journaux, des dépêches, tout ce que vous voulez, la modération est super sympa, il y a des gens adorables dedans.
Isabella Vanni : Je crois qu’il y a à nouveau ton chouchou.
Magali Garnero : Il y a Benoît Sibaud, effectivement. Il y a aussi Floxy (Florent Zara), Nils, Nicolas Vérité. Ils sont hyper-nombreux et je les aime tous.
Il y a aussi l’association Debian, vous le prononcez comme vous voulez, c’est un système d’exploitation libre. Comme autres systèmes d’exploitation libres vous avez aussi Ubuntu-Fr, Mageia et Borsalinux. Ce sont quatre systèmes d’exploitation avec des associations qui ont une communauté française quand même assez active.
On a aussi la FDN [French Data Network] qui vient de rentrer, un fournisseur d’accès à Internet associatif, c’est une des dernières qui est rentrée, d’ailleurs je la remercie.
La Contre-Voie, un GULL local qui s’appelait 42 parce que le GULL est né dans l’école 42 et puis, finalement, ils ne sont plus étudiants à l’école donc ils se sont renommés autrement.
Isabella Vanni : Je ne suis pas sûre que ce soit un GULL ; je crois que c’est une association qui intervient un peu partout en France.
Magali Garnero : Quand ils étaient dans l’école, on va dire que c’était un GULL, mais maintenant qu’ils interviennent partout, on va dire que c’est une association.
La Mouette, vous la connaissez parce que c’est l'association qui s’occupe de LibreOffice. J’adore leur logo en forme de mouette, il y avait des super peluches, ne cherchez pas, il n’y en a plus, c’était mignon.
L’association LiLa, Libre comme L’Art, qui met en avant, forcément, tout ce qui est art sous licence libre, mais qui fait aussi beaucoup de développement sur Gimp, un outil de retouche photo, mais on peut retoucher plein d’images aussi, on peut faire plein de choses avec Gimp. Il suffit d’installer tous les modules et ça devient une usine extraordinaire.
Khaganat, vous ne les connaîtrez pas parce que c'est plus le jeu libre. Ce que j’aime chez eux c’est qu’ils ont décidé, sur leur site internet, que le féminin l’emporte sur le masculin. Tout est au féminin, c’est extraordinaire.
MultiSystem, qui vendait des clefs USB avec des logiciels dessus. On continue à récupérer des dons.
La dernière c’est Musique Libre qui, comme son nom l’indique, fait de la musique sous licence libre. Ils s’occupent aussi du site dogmazic.net. C’est grâce à eux que l’on peut se procurer le CD de KPTN, Flammes, en format CD dans un vrai boîtier qu’on peut commander sur En Vente Libre.
Isabella Vanni : Merci pour ce point sur toutes les associations qu’on peut aider grâce à enventelibre.org. N’hésitez pas à consulter ce site, vous avez le lien sur la page des références de l’émission d’aujourd’hui.
Tu fais tellement de choses, avec plein d’associations, tu es libraire, tu es propriétaire de ta librairie, comme tu dis, il n’y a pas beaucoup de congés, il n’y a pas beaucoup de temps libre. Du coup, on se demande parfois où tu trouves toute cette énergie.
Magali Garnero : Je pourrais dire que je me drogue, mais ce n’est pas vrai. En fait, je bois du jus d’orange presque tous les matins.
Isabella Vanni : Ça suffit ? Si ce n’est que ça, alors faisons-le tous et toutes !
Magali Garnero : Je fais partie des gens qui ont besoin d’agir et si je n’agis pas c’est que je suis en train de bouquiner.
Isabella Vanni : Si vous n’entendez pas Booky, c’est qu’elle est plongée dans la lecture d’un livre.
À propos de lecture, puisque notre temps arrive à sa fin et je suis super contente d’avoir fait cette interview avec toi !
Magali Garnero : Je ne pensais pas qu’on arriverait au bout !
Isabella Vanni : Pour moi c’est passé super vite. Il te reste deux minutes. Peut-être que c’est l’occasion, de la part d’une libraire, de nous donner deux conseils de lecture, deux suggestions.
Magali Garnero : Je vais vous parler de deux livres. Heureusement que tu m’avais mise au courant avant, j’ai pu faire mon choix.
Le temps des féminismes de Michèle Perrot et Eduardo Castillo aux éditions Grasset. C’est un livre qui fait une sorte d’historique du mouvement féministe vu par une historienne professionnelle de métier ; Michèle Perrot est quelqu’un que j’admire énormément. Elle en parle vraiment de manière accessible à tout le monde.
Le deuxième livre c’est Rien dans mon enfance, d’Eric Pessan. C’est un petit livre qui m’a été conseillé par un copain, Benjamin Bouvier de Framasoft, qui est passé à la librairie. En fait, c’est une suite anaphorique, donc toutes les phrases commencent par « Rien dans mon enfance ». En gros, rien dans notre enfance ne nous a préparé à... , et là vous choisissez ce qui vous marque dans le présent et ce pourquoi vous n’étiez pas prêt. C’est un peu nostalgique, mais, en même temps, il y a plein de clins d’œil à l’actualité ; la génération de l’auteur doit être à peu près la même que la mienne vu qu’on regardait les mêmes dessins animés.
Donc deux livres : Le temps des féminismes de Michèle Perrot et Rien dans mon enfance d’Éric Pessan.
Isabella Vanni : Parfait. Merci beaucoup d’avoir participé à cet exercice qui n’est pas facile, je pense, de parler de soi à la radio.
Magali Garnero : De rien. Tout s’est bien passé.
Isabella Vanni : Tu es encore là. Tout s’est bien passé. Tu souris, donc ça me réconforte. Merci aussi pour ces deux conseils de lecture, de la part d’une libraire, je pense que ce sont de bonnes recommandations à prendre. Au plaisir de te voir bientôt. On a prévu de faire plein de choses ensemble pour l’April et peut-être au-delà de l’April. Merci encore.
Magali Garnero : Merci encore. Salut.
Isabella Vanni : Salut.
Nous venons de faire un échange avec Magali. Je vous propose maintenant de faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Isabella Vanni : Nous allons écouter Blue Cats par Alpha Brutal. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Blue Cats par Alpha Brutal.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Isabella Vanni : Nous venons d’écouter Blue Cats par Alpha Brutal, disponible sous licence libre Creative Commons CC BY SA 3.0. Je viens de m’apercevoir, j’en discutais avec Bookynette, que j’ai choisi deux morceaux, au début et à la fin, un peu expérimentaux. Peut-être que deux c’est trop, j’aurais pu n’en mettre qu’un. Ce sont deux morceaux que j’aime beaucoup, comme ça on connaît mes goûts musicaux. Voilà pour l’explication sur les pauses musicales.
[Jingle]
Isabella Vanni : Je suis Isabella Vanni de l’April. Nous allons maintenant passer au sujet suivant.
[Virgule musicale]
Chronique « La pituite de Luk » sur ChatGPT
Isabella Vanni : Nous allons poursuivre avec la chronique qui s’appelle « La pituite de Luk », qui porte à nouveau sur ChatGPT, un sujet qui, visiblement, inspire notre Luk, car il avait déjà livré une première chronique sur ce sujet le 28 février 2023. Pour la réécouter c’est libreavous.org/169.
On va écouter la chronique de Luk et on se retrouve juste après.
[Virgule sonore]
Luk : Difficile d’échapper à ChatGPT, sujet déjà battu et rebattu au fil des semaines. Il faut pourtant que j’y revienne. Je me suis dit qu’il me fallait quelque chose de plus extrême que de le tester pour avoir l’air de savoir de quoi je parle. C’est pour ça que j’ai plutôt fait appel à un expert. Il a pris un peu de son précieux temps pour me parler. Je n’ai pu l’interroger qu’entre deux portes. Excusez donc la qualité médiocre de l’enregistrement qui suit.
— Timaël, tu as utilisé l’outil dont tout le monde parle. Qu’est-ce que c’est ?
— Le chat GPT ?
— C’est ça. Et qu’est-ce que tu lui as posé comme question ?
— Invente une personnalité de Léviator.
— Et tu as été content du résultat ?
— Pas du tout, il s’est totalement planté sur les types parce qu’il a mis type eau et type dragon mais, en fait, c’était type eau et vol.
— Il connaît rien aux Pokémon. C’est ce que tu dis ?
— Bah, c’est un robot, c’est logique !
— Et il a fait quoi d’autre comme erreurs ?
— Plein. Par exemple il a dit qu’il était intelligent mais pas du tout. Qu’il faisait attention à son maître, encore moins. Et qu’il était précis ; pas du tout, du tout, du tout !
— Léviator, c’est une grosse brute en fait ?
— Oui, énorme ! Il a un cerveau de pigeon, alors qu’il est énorme.
— Comme tu avais des doutes tu lui as posé la question directe de savoir quel est le type de Léviator. Qu’est-ce qu’il t’a répondu ?
— Il a bien répondu, il m’a dit qu’il était type eau et vol.
— Donc, est-ce que tu peux faire confiance à ChatGPT ?
— Pas du tout !
— Qu’est-ce que tu aurais envie de lui dire si tu considérais que c’est une personne ?
— J’ai pété ! Ah, ça fait trop du bien.
Voilà ! C’était le témoignage de première main d’un expert... en Pokémon. OK ! Il n’a que huit ans, mais il est déjà plus pertinent que pas mal de monde, tant nombre de conneries se racontent sur le sujet. ChatGPT n’a-t-il pas déjà poussé quelqu’un au suicide !
Une chose est certaine, Alan Turing, bien que déjà mort, s’est retourné dans sa tombe pour tomber en PLS. Je me souviens de l’époque, pas si lointaine, où on s’émouvait à l’idée qu’un système informatique quelconque puisse passer son fameux test.
Même si ChatGPT ne vise pas à réussir ce test, dans la pratique c’est bien ce qui passe. Ainsi les recruteurs se foirent massivement puisque 82% d’entre eux ont été incapables de faire la différence entre de vraies lettres de motivation et des lettres générées lors d’un test. Est-ce que les recruteurs de recruteurs vont désormais les tester sur la facilité avec laquelle une IA peut les berner ? J’espère !
Nombreux sont ceux qui ont souligné que cette IA est une brillante machine à générer du bullshit ou foutaises en bon français. Au-delà de la question informatique, cette IA souligne finalement à quel point les foutaises ont une place importante dans notre monde d’humains doués d’une intelligence supérieure.
David Graeber avait mis le doigt dessus avec ses fameux bullshit jobs. À coup sûr, nombre de ces boulots pourraient être pris en charge par une IA sans que personne ne fasse la différence.
On sait que le monde éducatif est en émoi et c’est peut-être le signe que la méthode d’évaluation est elle-même inepte. J’ai, comme tout le monde, rencontré des gens qui ont finalisé leurs études sans rien y avoir compris. Maîtriser son sujet n’est qu’un heureux effet de bord du processus. Une stratégie de type système expert peut suffire à valider un diplôme. J’ai vu, de mes yeux, une titulaire d’un bac S et de quatre années d’études universitaires ne rien comprendre aux coefficients de pondération.
Et la vie quotidienne n’est pas exempte de cette emprise des foutaises. En 2015 déjà, Narkoz, un développeur, l’avait démontré en scriptant nombre de ses interactions quotidiennes. Pas encore actif à 8h45 ? Son script « gueule de bois », envoyait un message de type, « je ne me sens pas bien » à son patron avec une excuse tirée dans une liste prédéfinie. Son script « Kumar Trou du cul » restaurait automatiquement une base de données dès lors qu’il recevait un mail du dit Kumar avec un certain nombre de mots clés dedans. Et on ne parle ici que de simples scripts, une IA moderne pourrait tellement plus !
Quand on essaie de dresser la liste des cas analogues, on réalise qu’elle est interminable.
À scruter les performances de la machine, on en oublie d’examiner les performances du vivant et de se rappeler qu’on peut aussi abaisser l’humain. Déshumaniser les troupes, en temps de guerre, est une tradition millénaire. L’organisation scientifique du travail a été un vaste projet de mécanisation des individus dont nos sociétés sont pétries depuis plus d’un siècle. Les réseaux sociaux, en hackant le circuit de la récompense, développent des façons de programmer les cerveaux toujours plus pertinentes.
Je crois que face à ChatGPT et consorts, la maîtrise de nos données, notre capacité à jouer avec le langage, à créer notre propre culture et à tisser des réseaux de confiance seront des bouées de secours. L’humain va devoir évoluer. La facilité que représentent les foutaises ne sera sans doute bientôt plus une stratégie viable.
[Virgule sonore]
Isabella Vanni : C’était la chronique « La pituite de Luk » sur ChatGPT, la deuxième, en fait, sur ce sujet.
Nous approchons de la fin de l’émission, nous allons donc terminer par quelques annonces.
[Virgule musicale]
Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l'April et le monde du Libre
Isabella Vanni : Dans les annonces aujourd’hui.
Une nouvelle Soirée de contribution au Libre, on en parlait tout à l’heure, organisée par l’association Parinux aura lieu jeudi 4 mai, à La Générale, Paris 14e. Attention, ce n’est pas une permanence ou une fête d‘installation : chaque personne vient avec ses projets, justement, ou avec ses envies de contribution pour contribuer autour du logiciel libre.
Cause Commune vous propose un rendez-vous convivial chaque premier vendredi du mois à partir de 19h dans ses locaux à Paris, au 22 rue Bernard Dimey dans le 18e arrondissement, une réunion d’équipe ouverte au public avec apéro participatif à la clé. Occasion de découvrir le studio et de rencontrer les personnes qui animent les émissions. La prochaine soirée-rencontre aura lieu le vendredi 5 mai. Mon collègue Frédéric Couchet, de l’April, sera présent à cet apéro.
Depuis 2016, l’Université de Bordeaux propose la licence professionnelle Administrateur et Développeur de Systèmes Informatiques à base de Logiciels Libres et Hybrides. Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 21 mai 2023. Cette formation, je le précise, est ouverte à l’alternance.
Les Rencontres Professionnelles du Logiciel Libre sont un salon professionnel organisé par le PLOSS-RA, un réseau professionnel des entreprises du logiciel libre établies en région Auvergne-Rhône-Alpes. Le salon s’adresse aux entreprises, collectivité, associations, universités et écoles qui cherchent des solutions à leurs besoins informatiques. Cette année, ce salon aura lieu le 24 mai 2023 à Lyon. À cette occasion, l’April tiendra un stand et nous cherchons des personnes pour étoffer notre équipe de bénévoles. N’hésitez pas à nous faire signe.
Je vous invite, comme d’habitude, à consulter le site de l’Agenda du Libre, agendadulibre.org, pour trouver des événements en lien avec le logiciel libre ou la culture libre près de chez vous.
Notre émission se termine.
Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission d’aujourd’hui : Marie-Odile Morandi, Laure-Élise Déniel, Magali Garnero Alias Bookynette, Luk.
Aux manettes de la régie aujourd’hui Étienne Gonnu.
Merci également aux personnes qui s’occupent de la post-production des podcasts : Samuel Aubert, Élodie Déniel-Girodon, Lang1, Julien Osman, bénévoles à l’April, et Olivier Grieco qui est le directeur d’antenne de la radio.
Merci aussi à Quentin Gibeaux, bénévole à l’April, qui découpera le podcast complet en podcasts individuels par sujet.
Vous retrouverez sur notre site web, libreavous.org, toutes les références utiles ainsi que sur le site de la radio, causecommune.fm. N’hésitez à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu mais aussi des points d’amélioration. Vous pouvez également nous poser toute question et nous y répondrons directement ou lors d’une prochaine émission. Toutes vos remarques et questions sont les bienvenues à l’adresse contact@libreavous.org.
Si vous préférez nous parler, vous pouvez nous laisser un message, sur le répondeur de la radio pour réagir à l’un des sujets de l’émission, pour partager un témoignage, vos idées, vos suggestions, vos encouragements ou pour nous poser une question. Le numéro du répondeur : 09 72 51 55 46.
Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission. Si vous avez aimé cette émission n’hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous et à faire connaître également la radio Cause Commune, la voix des possibles.
La prochaine émission aura lieu en direct mardi 9 mai à 15h30. Notre sujet principal portera sur le ou la low-tech.
Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi 9 mai et d’ici là, portez-vous bien.
Générique de fin d’émission : Wesh Tone par Realaze.