Météo, open-data et communs numériques
Titre : Météo, open-data et communs numériques
Intervenant : Frédéric Ameye
Lieu : JDLL [Journées du logiciel libre de Lyon] 2022
Date : samedi 2 avril 2022
Durée : 56 min
Licence de la transcription : Verbatim
Illustration : À prévoir. Une jolie photo du site https://asso.infoclimat.fr/ ?
NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.
Présentation
Parlons open-data, météo, changement climatique et communs numériques avec l'asso Infoclimat. Avec les enjeux climatiques que l'on connaît, le petit monde de la météo et du climat est florissant, à cheval entre utilité publique et business pur et simple qui surfe sur la vague de la science participative et de l'engagement citoyen. Dans ce petit monde, Infoclimat est une asso loi 1901 qui tente depuis plus de vingt ans de remettre ces thématiques au cœur de l'intérêt général, par la mise à disposition d'un commun numérique géré de manière désintéressée. Plus d'infos : https://asso.infoclimat.fr/infos
Transcription
Frédéric Ameye Moi, c'est Frédéric Ameye. Je suis vice-président de l'association Infoclimat qu'on vous présente aujourd'hui. On est tous bénévoles dans l'association, on a un autre métier qui n'a rien à voir, dans la vraie vie. Je vais laisser Mathieu se présenter.
Matthieu Ohrel Moi, c'est Matthieu Ohrel, je suis administrateur fraîchement nommé de l'association Infoclimat, avant, j'étais responsable technique du site. Et dans la vraie vie, je fais un métier qui n'a rien à voir avec la météo, mais voilà, c'est une vraie passion.
Frédéric Ameye : Moi ça fait treize ou quatorze ans que je bosse pour Infoclimat bénévolement, d'abord en tant que développeur et aujourd'hui en tant que vice-président, mais toujours en tant que développeur du site tel que vous allez le découvrir.
On voulait vous présenter un peu la problématique météo, climat, open data, les citoyens, le business, comment ça s'organise ? Voici le site de la présentation, on a les mots-clés : utopie concrète et accessible, commun, multiplicité, inclusion, dialogue, humain, transmission. On a voulu rebondir sur chacun de ces mots-clés, expliquer en quoi ce qu'on proposait, ça répondait un peu à ces critères, qu'on trouvaient particulièrement bien dans le concept. Donc, on ne va peut-être pas forcément couvrir le titre, mais on couvrira a minima les mots-clés.
Le citoyen en observateur météo
Il faut savoir que l'opération météo, avant, c'était réservé dans les années 1850, un peu avant, à des gens qui étaient un peu érudits : les moines, les instituteurs, qui notaient dans des cahiers, sur des observatoires, le célèbre Mont Aigoual, le Mont Ventoux en sont des bons exemples, dans des cahiers qui ressemblaient à ça. Ils passai ent leurs journées dans les observatoires, et faisaient des mesures qui étaient très complètes. C'est super intéressant à lire, c'est difficile à déchiffrer, mais c'est super intéressant. Ça, c'était la manière dont on faisait à l'époque dans des cahiers manuscrits qui, aujourd'hui, il y en a plein à la BNF (Bibliothèque nationale de France). Il y a des travaux qui sont en cours pour essayer de les numériser et d'accéder à ces données de manière plus simple.
Et puis, ça a progressivement évolué. En 1950, on a commencé à avoir des observateurs bénévoles de la météorologie nationale, ce qui est aujourd'hui Météo France, qui reportaient deux fois par jour leurs observations au service de la météorologie nationale, donc d'abord sur papier dans des cahiers, qui étaient envoyés une fois par mois, après c'était par ligne téléphonique. C'était très, très asynchrones, pas toujours en direct, mais c'était un nombre limité de personnes qui étaient généralement un petit peu rétribué par la météorologie nationale.
C'était dans des bases de données privées, c'est-à-dire c'était un peu réservé à Météo France, à la météorologie nationale, ce n'était pas forcément diffusé au public. Aujourd'hui, on est en l'an 2000, un peu plus qu'en l'an 2000 : c'est l'heure de l'observation participative, des bases de données libres, des citoyens qui veulent s'impliquer dans la mesure de ce qui se passe autour d'eux. Ça peut être observer "tiens, il y a des flocons aujourd'hui à Lyon", ça peut être aussi mesurer la météo en installant une station météo dans son jardin, parce qu'on est intéressé pour voir l'évolution du climat ou juste parce qu'on est intéressé pour savoir si les salades vont geler dans trois jours.
C'est typiquement là où Infoclimat s'est inséré à la fin des années 90, début des années 2000, où il a un site qui est créé sur l'internet, qui était un peu balbutiant à l'époque, Stéphane Bortzmeyer pourra vous en parler mieux que moi de l'internet de l'époque. Et donc de créer une site de - on va dire - d'observation participative, d e base de données, de mise en commun d'informations météorologiques et climatologiques. C'était vraiment le point de départ de l'association. Aujourd'hui, c'est allé beaucoup plus loin et on va vous en parler tout de suite après.
Á propos d'Infoclimat
Donc les trois piliers base de notre asso, c'est ce site info climat.fr [1] : c'est une plateforme qui permet de partager les informations météo à tous. Donc, si vous connaissez openstreetmap pour les car tes, vous connaissez wikipédia pour la connaissance, et ben ya un truc pour la météo, ça s'appelle Infoclimat, ça fait plus de vingt ans qu'on existe, c'est 100 % gratuit, il n'y a pas de publicité, pas de tracker, c'est hébergé en France, il n'y a pas de GAFAM. Donc sur ça, on est assez clair, c'est une volonté, c'est un truc qu'on veut faire perdurer dans le temps, ce qui pose d'autres problématiques en termes de revenus, de financement, etc., on en parlera.
C'est sur trois piliers principaux. Le premier, c'est les sciences participatives. On peut reporter le temps qu'il fait : vous pouvez aller vous inscrire aujourd'hui et publier qu'il neige sur Lyon. On peut inscrire sa station météo et mettre tout ça dans un commun numérique, et derrière, les données peuvent être exploitées par Infoclimat pour en faire une base de données collective et commune qui permet d'exploiter des données pour observer, par exemple, le changement climatique, pour redistribuer les données en open data sous forme d'API à des chercheurs, à des gens qui travaillent sur l'étude de panneaux photovoltaïques, l'éolien, les agriculteurs. ... C'est super varié, il y a plein de gens qui utilisent des données météo.
Et non seulement on essaye de regrouper l'information météo, qu'elle provienne de diverses sources, mais on en produit aussi nous-mêmes, c'est-à-dire qu'on est pas assez content de l'information qui est disponible, alors nous-mêmes, on va aller installer sur le terrain les stations météo, là où le service public ne le fait pas ou plus, ou là où il y a un intérêt et où l'on trouve que ce serait intéressant d'installer.
Le troisième volet, c'est l'éducation, parce qu'on a grossi, on a grossi, on s'est dit que ça pourrait être intéressant d'essayer de diffuser ces connaissances là, en participant à des conférences, en part icipant à des événements de vulgarisation auprès du grand public. Donc on tient des stands et on explique à quoi ça sert un modèle météo, à quoi ça sert des modélisations climatiques, comment ça marche une station météo, pourquoi on en installe, toutes ces choses-là. Et aussi dans les écoles, on a repris un programme qui s'appelle "Météo à l'école" : on installe une station à l'école qui permet de travailler autour des données météo, programme qui avait été lancé par l'Éducation nationale, qui a failli disparaître faute de budget et qui a été repris par notre asso. Je vais laisser Mathieu vous parler du site.
Matthieu Ohrel : Le site a été créé en 2001, alors au début c'était un tout petit site, puisqu'il était hébergé sur des simples pages perso type free. Aujourd'hui, c'est Infoclimat. C'est plus de six milliards de données qu'on stocke, qu'on analyse, qu'on valorise sous forme de graphiques, de cartes. C'est cent millions de pages vues par six millions de visiteurs uniques chaque année . Et pour palier à ça, en 2003, les créateurs historique du site ont créé l'association Infoclimat telle qu'on la connaît aujourd'hui et qui regroupe aujourd'hui plus de 2000 adhérents, puisque nous avons passé pour la première fois la barre des 2000 adhérents cette année.
Une des volontés du site Infoclimat, c'est donc de créer ce que disait Frédéric : un réseau de stations météo, notamment dans les zones où il n'y a plus de station météo, ou il n'y a jamais eu de station météo, où le service public fait défaut. Et donc aujourd'hui, on a 726 stations météo qui émettent en temps réel, toutes les dix minutes, les données de température, de pluie ou de vent.
Notre budget est très modeste par rapport à des grosses structures en France. On a 65.000 euros environ de budget, on a un mécène qui est la ??? [6:34] qui n'est pas très loin d'ici. Nous sommes à peu près 25 membres actifs qui gérons le site, l'association, dont 12 au conseil d'administration. Donc aujourd'hui, c'est 100% bénévoles, on n'a pas de salarié, on fait tous sur notre temps libre, on a tous un autre travail à côté.
C'est Frédéric qui a développé le site tel qu'il est aujourd'hui, plus de 400.000 lignes de code. Et puis on a plusieurs partenaires qui sont sensibles à notre cause, comme le CNR ??? [donner URL], comme Gandi [2], qui nous permet d'avoir notamment des hébergements gratuits. Après, bien entendu, on a réussi à décrocher un partenariat avec Météo France ou l'INRA (l'Institut national de la recherche agronomique). Mais là encore, aujourd'hui, Météo France et l'INRA ont des stations météo mais ne veulent pas trop faire de l'open data parce que eux tirent des revenus de ces produits-là. Et plus récemment, nous avons pu échanger avec une autre association que vous devez certainement connaître, c'est Framasoft [3], qui nous ont aidés et guidés sur des choix pour le futur de l'association.
- Commun
Donc, aujourd'hui, c'est un véritable commun de données météo qui sont produites notamment par le citoyen, notamment via les 726 station s qui sont hébergées et qui sont installés par des particuliers ou par notre association. Après par les autres pays, donc, à savoir que la France, là-dessus, sur l'open data des données météo, on est un peu la dernière roue du carrosse. En résumé, puisque les pays européens pour beaucoup sont à l'open data, fournissent des API pour pouvoir récupérer facilement les données et elles sont libres d'utilisation et de réutilisation.
Et par notre association, où nous avons installé, par exemple, une station météo Ventoux qui a été délaissée par Météo France faute de budget. Dans les années 1968 ils ont arrêté. L'association a réussi à installer, après trois, trois, quatre ans de démarches et de galères administratives, parce qu'installer une station météo sur un site historique comme ça, c'est relativement compliqué pour une association comme nous, et en 2015, on a réussi à pouvoir installer cette station au sommet du mont Ventoux et reprendre les données là où Météo France les avait arrêtées.
À côté du mont Ventoux, on a 25 à 30 stations qui sont installées et financées totalement par l'association Info Climat, dont une installée en Antarctique par du personnel de Météo France, puisque sur Infoclimat, historiquement, on a beaucoup de gens de Météo France qui ont commencé sur Infoclimat et on a réussi à avoir quelqu'un qui a emmené dans ses bagages pour l'hibernation une station météo, qu'il a installé à côté de la station officielle, donc à Dumont d'Urville. Et donc du coup cette station émet en temps réel, toutes les dix minutes, sur Infoclimat.
Toutes ces données, aujourd'hui, nous essayons de les mettre en commun, de les valoriser. Là, par exemple, il s'agit d'une autre arrestation qui a été délaissée par Météo France, puisqu'il s'agit d'un observatoi re bénévole qui était à Casterino, dans la vallée de la Roya, et où l'observateur météo bénévoles faisait des mesures manuelles depuis 1985. En 2021 Météo France a stoppé les observateurs bénévoles, faute de budget ou de volonté. Infoclimat a décidé d'installer une station automatisée où nous avons pu reprendre ainsi les données en temps réel et les avoir en temps réel. Et donc, ce genre de graphique nous permet, par exemple ici, de voir les occurrences de chaleur, donc une journée de chaleur qui est supérieure à 25°, l'évolution dans le temps du nombre de jours de chaleur.
Voilà, nous essayons de mettre en forme, par différents graphiques, les données que nous exploitons, afin d'avoir non seulement une donnée numérique, mais une donnée visuelle qui peut être utilisée par tous.
Pareillement, nous avons cet indicateur thermique. Il est utilisé énormément par les thermiciens, par les producteurs d'énergie. Alors, à savoir que Météo France fait le même indicateur, sauf que Météo France ne publie pas en open data ses données parce que pour eux, une nouvelle fois, c'est une source de revenus. En fait, cet indicateur nous permet de suivre l'écart par rapport à la moyenne sur toute la France, c'est dire que c'est une moyenne de la température qu'il fait sur toute la France, et puis nous pourrons voir. Les jours où y a des pics. Alors allons voir : en rouge, ce sont les pics forts par rapport à la moyenne, et puis en bleu, là où il fait plus froid que la moyenne.
Ce qu'on disait avant, c'est que beaucoup de pays européens mettent en open data leurs données. Du coup, nous pouvons réaliser de très belles cartes et nous pouvons suivre les événements lors des descentes froides, de masses d'air froides ou de cumul, par exemple, de pluie lors des épisodes cévenols sur toute la France.
Donc là typiquement on peut montrer ce que ça donne la France en fait, sans les données des stations du réseau Infoclimat, puisqu'aujourd'hui, seules 40 stations sont en open data de Météo France. Donc, ça représente ici sur la France sans les stations Infoclimat. Avec les stations Infoclimat ça donne la carte de droite, sachant que nos voisins européens, l'Allemagne, la Suisse, une partie de l'Italie qui n'est pas encore sur la carte, mais aujourd'hui, les données d'une partie de l'Italie sont disponibles en open data. Alors voilà, aujourd'hui, pour la France, une nouvelle fois on n'arrive pas à avoir ces données qu'on aimerait tant voir, mais Météo France pour l'instant ne veut pas nous donner de ??? [12:43].
Nous pouvons installer ces stations aussi grâce à des partenariats locaux, comme par exemple pour météo Bretagne, météo 06. Ce sont des acteurs locaux qui font un peu ce que nous fait, mais à leur échelle, au niveau local ou alors Roma, pour la chaîne des Alpes et grâce à eux, on peut s'appuyer pour installer des stations, pour trouver des partenariats, des sites et réaliser des conventions afin d'installer des stations météo.
Frédéric Ameye : Vous connaissez peut-être Windi [4], Météociel [5], Weather Underground [6], ce sont des sites qui sont tr ès connus. Ce sont des sociétés privées qui font du business là-dessus, et qui se rémunèrent sur les données météo qu'ils vous proposent. Vous mettez les données dans leur truc et en fait c'est comme Google Maps, ils se rémunèrent sur la revente de services à d'autres boîtes, c'est utilisé pour les revenus publicitaires et ce sont des données qui sont verrouillées. Si je décide d'arrêter la boîte, les données sont perdues.
L'intérêt de ce qu'on essaye de faire depuis 20 ans, c'est que ce soit collectivement géré et que ça puisse être soutenu par ses adhérents et par sa communauté. Que ce soit de plus contrôlé par les personnes qui font un don et qui cotisent, et que ça ne soit pas contrôlé de manière à générer du business, "business oriented", comme on le voit sur toutes ces alternatives, il y en a plein d'autres. Weather Underground appartient à IBM, par exemple, c'est des grandes boîtes, des multinationales des médias, etc.
Et ça, c'est quelque chose qui nous frustre beaucoup, parce que parfois on arrive dans des situations ubuesques où Météo France revend ses données qui ont été produites avec un petit peu d'argent public à ces acteurs-là, et derrière ces acteurs font des revenus avec les données de Météo France qui ont été payées par nos impôts. Et nous, Infoclimat, qui sommes une association d'intérêt général à but non lucratif qui essayons de mettre tout ça à la disposition des simples citoyens, on n'a pas accès à ces données parce qu'il y a des redevances de plusieurs centaines de milliers d'euros par an à payer, c'est 200.000 euros à payer à Météo France par an si on veut accéder aux données du réseau complet, c'est inabordable pour une association comme la notre.
Ce qu'on essaie de faire, c'est de pousser à ce que tous les acteurs aillent dans cette direction de la donnée ouverte, en les incitant à un espèce de cercle vertueux. On leur dit OK, donc les acteurs qui mettent des stations météo, ça peut être des services de l'État, ça peut être des chercheurs, des entreprises privées. On dit OK, vous pouvez mettre vos données dans notre commun, vous avez tous les outils climatologiques, cartographiques, etc. Par contre, vous les mettez dans des licences ouvertes, sinon on ne vous propose pas la possibilité de les héberger sur la plateforme.
Donc nous par exemple, les données des stations météo qu'on installe sont sous lience ouverte Etalab, de départ. Elles peuvent être réutilisées dans les API. Les gens qui mettent leur station météo dans leur jardin et qui veulent s'inscrire, on leur propose une série de licences, ce sont des licences Creative Commons, on peut discuter du choix des licences mais ce sont de s licenc es Creative Commons, pour pouvoir filtrer est-ce que j'utilise un usage non commercial, est ce que j'autorise des boîtes privées à utiliser les données pour faire des produits à valeur ajoutée. On essaye d'avoir une granularité à ce niveau-là pour respecter le choix des gens qui produisent de la donnée météo, mais nous, en tout cas, notre objectif, c'est de pousser à ce que les données soient complètement ouvertes.
On a beaucoup parlé de données météo et c'est aussi un commun photographique, parce que on a une base de données de photographies de plus de 200.000 photos. Les gens prennent régulièrement des photographies du temps qu'il fait, ici à Toulouse mais c'est aussi un peu partout en France. Elles sont très utiles aussi pour l'éducation, typiquement fait des quizz avec les jeunes : quel phénomène ? Sais-tu à quoi c'est dû ? Pourquoi ça se multiple ? Etc. Et de la même manière, c'est très utilisé à l'ELM, l'École nationale de la météo par nos collègues officiels pour former les étudiants au type de phénomène, types de nuages, etc. Ils les utili sent dans des bouquins, dans pas mal de publications. Donc, là encore, les gens ont le choix de la licence qu'ils veulent pour leur photographies.
Et vous en voyez peut-être certaines dans les médias, puisqu'on a aussi des partenariats avec France TV, BFM, Itélé, les grosses chaînes de télés qui peuvent les reprendre uniquement dans les bulletins de télévision. Donc, il n'y a pas de notion financière, c'est un partenariat. On cite la source et en échange, vous avez la photo, si la licence est correcte pour afficher sur le bulletin, donc si les auteurs sont d'accord.
- Multiplicités
C'est aussi une grande base de connaissances autour de la météo. Quand vous avez une question sur une problématique technique météo, vous tapez dans votre moteur de recherche favori. Vous tombez régulièrement sur le forum d'Infoclimat, dans ces trois millions de messages aujourd'hui, qui parlent de tout : desproblématiques techniques, des problématiques d'instrumentation, des mesures... Quand on se pose des questions, en fait, on s'aperçoit qu'il y a déjà la réponse dans le forum. Et ça, c'est pareil. C'est super utile pour plein de gens : les profs qui veulent faire des activités autour de la météo, etc.
Mathieu vous l'a dit tout à l'heure, un petit peu. On essaye de mutualiser tout ça dans un écosystème aussi d'associations qui travaillent comme nous. On les a citées : il y a Météo Bretagne, une association italienne qui s'appelle ??? [17:20], qui fait pareil, des Réunionnais, des gens qui viennent aussi du 06, des Pyrénées, des Alpes, donc tous ceux qui produisent de la donnée météo et qui ont ce même état d'esprit de partage et de respect de la licence et d'open data.
On intègre des stations aussi de bonne qualité de mesure : c'est un sujet que je n'ai pas abordé, mais on la verra peut-être. On essaye de les soutenir, donc, soit par des projets qu'on co-finance entre nous, soit par des soutiens financiers. On leur fait un gros don chaque année pour qu'ils puissent installer plus de stations météo ou par de la fourniture de services techniques (hébergement de données, de cartographie, etc.).
Multiplicité : pourquoi ? On en a parlé tout à l'heure, on a parlé de partenariat avec des associations régionales qui sont du même monde, mais on essaye aussi de voir comment on peut travailler avec les gens qui partagent les mêmes valeurs que nous. Typiquement on s'est orientée vers Framasoft pour comprendre comment on allait pouvoir évoluer. Framasoft est une association qi a 10 salariés, et nous on n'en a aucun. Ça nous pose un problème de bénévolat : concrètement, je ne vais pas vous dire que tout est rose. On a donc cherché comment se réinventer. On a pris contact, un peu grâce à Gandi aussi qui nous a orientés vers les gens de Framasoft, pour voir comment ou comment ils ont évolué, comment ça se passe de faire grossir une association en ne reniant pas ses valeurs. Et ça, c'est vachement compliqué à faire. Et on essaye d'organiser des petites visio pour se synchroniser sur notre évolution, comment faire, on en reparlera un petit peu tout à l'heure.
Gandhi, c'est pareil. Outre le don de capacités informatiques dont Mathieu vous parlé tout à l'heure, Ils nous ont permis aussi, par exemple, d'organiser des hackathons avec des écoles d'ingénieurs en informatique, en l'occurrence le ??? 18:52 pour faire travailler un petit peu les étudiants sur ce qu'on pourrait améliorer sur Infoclimat. Ils trouvent ça super cool, les étudiants, parce qu'habituellement c'est des grosses boîtes qui viennent les voir, qui leur disent : voilà un gros set de données, travaillez dessus gratos pendant deux jours et nous on réutilise votre truc derrière pour notre business vieille. Là, ils étaient très rafraîchis de voir que c'était pour une asso à but non lucratif et que ça avait un peu plus de sens et que ce n'était pas pour rémunérer les actionnaires. C'était plutôt intéressant à faire. On remarque quand même la petite déformation professionnelle des étudiants en marketing : ils nous ont appelés "clients", nous ça nous gênait un petit peu d'être appelés des clients...
Ça peut être des multiplicités avec des acteurs privés. Des gros acteurs privés, parce que la CNR ??? [19:29], un producteur d'hydroélectricité et l'énergie éolienne, c'est plusieurs milliards de chiffre d'affaires par an. C'est un mécène d'Infoclimat : ils nous donnent 10.000 euros par an, parce que'ils sont intéressés à ce qu'on continue notre activité d'installation de stations météo, parce que avoir des données en open data sur le bassin versant du Rhône, ça permet de calculer des trucs au niveau des barrages hydroélectriques,avoir des données de vent, c'est super intéressant pour des questions d'exploitation d'énergie éolienne. Donc, ils ont trouvé ça intéressant et ils ont dit : on va donner une partie de notre argent - on en a beaucoup - à une association à but non lucratif.
On essaye de favoriser ça dans le respect de nos valeurs, parce que, typiquement, si c'est Total, on dira probablement non.
Et puis avec les institutionnels, parce que Météo France, historiquement, on a parlé de la météorologie nationale tout à l'heure, mais on a un partenariat avec Météo France depuis 2009. C'est assez difficile parce qu'ils ont des contraintes budgétaires très importants, dont ils ne partagent pas grand-chose, comme Mathieu l'a dit, parce que c'est un business pour eux. Néanmoins, il nous aident même pas mal sur l'aspect éducation et formation, pour former nos bénévoles, pour nous aider à qualifier du matériel, pour nous aider dans l'installation, dans le choix de la configuration de matériel,. On les voit assez régulièrement pour nous faire des formations, deux fois par an dans des rencontres météo. Sur cet aspect-là c'est vraiment très intéressant. Par contre, sur l'aspect données, il n'y a rien.
On participe également à un truc qui s'appelle le Conseil supérieur de la météorologie, une espèce d'instance qui regroupe tous les acteurs de la météo en France : ça peut être la ??? [20:50], Météo France, les militaires, l'éducation et tout ça. Et nous, on représente les passionnés, les bénévoles, les gens dont ça n'est pas le métier de faire de la météo et qui, pourtant, ont une action forte dans ce domaine-là et font parfois même mieux que les acteurs officiels publics.
Et puis aussi ceux qui nous gouvernent, les ministères sont aussi en capacité d'aider à trouver des moyens pour que l'État puisse favoriser ces activités, on est dintérêt général, on participe au service public. On a récemment été présenté à la ministre de la Transformation publique, qui est aujourd'hui occupée à d'autres tâches, à notre initiative, parce qu'on a été retenu dans un truc qui s'appelle l'accélérateu r d'initiative citoyenne [7]. Donc, ils se sont dit: l'État a des données publiques, les citoyens font des trucs avec les données publiques, ça peut être intéressant de favoriser les liens entre les deux. Pour l'instant ça n'a pas donné grand chose, c'est en cours d'évaluation, mais c'est des choses qu'on suit quand même, parce que c'est important. On peut être d'accord ou pas d'accord avec ce qui est fait, mais c'est important d'y mettre un pied et de montrer que l'on s'intéresse au sujet et qu'on a des demandes et qu'on a des choses qui peuvent être faites.
Et puis aussi avec ceux qui ne sont pas encore dans cette liste, mais qui sont l'avenir de la donnée météo, les chercheurs notamment. Les chercheurs ont beaucoup de problématiques d'hébergement de données météo, de création de plateforme. Ils produisent de la donnée, ils installent des capteurs un peu partout, notamment pour ce qu'on appelle l'îlot de chaleur urbain : c'est mesurer les températures dans les villes et voir comment ça va évoluer avec le réchauffement climatique. Aujourd'hui ils sont un peu en peine, parce qu'ils doivent créer des plateformes, créer des bases de données, ils font appel à des sous-traitants, et puis, quatre ans plus tard, il n'y a plus de budget pour le projet de recherche : la plateforme disparaît et les données disparaissent avec. C'est une catastrophe. On trouve que c'est super dommage. On est là depuis vingt ans, on aimerait bien leur proposer nos plateformes pour qu'ils puissent héberger leurs données et qu'elles restent dans le temps, qu'elles restent pérennes. Parce qu'aujourd'hui vous avez des liens dans des papiers de recherche, vous cliquez et puis le site ne marche plus, parce que le truc était hébergé, et il n'y a plus de budget. On le voit très, très souvent depuis des années, c'est une catastrophe.
Et puis, je vais laisser Mathieu nous parler de notre site.
- Inclusion
Matthieu Ohrel : avant que ça soit un gros hub de données, il y a aussi des relations, on est tous passionnés, on est un groupe, on se connaît tous plus ou moins, et donc, du coup, aujourd'hui, nos adhérents vont de 7 ans, le plus jeune, à 91 ans. Celui de 7 ans est hébergé avec ses parents, mais il tenait à soutenir nos actions. La moyenne d'âge est élevée, elle est aujourd'hui autour de 55, 60 ans. Que les gens aient une station météo et des connaissances, ou que ce soient des chercheurs aguerris, tout le monde est le bienvenu, pas besoin d'avoir un minimum requis pour s'inscrire sur Infoclimat. Des gens de tous horizons peuvent échanger sans aucun problème et certains ont commencé sans aucune connaissance et ont fini aujourd'hui chez Météo France comme ingénieur.
On a vraiment des horizons variés : il y a des gens qui bossent chez Orange, des gens qui sont boulangers. Voilà une photo qui a été réalisée chez Météo France : on fait régulièrement des rassemblements, ce que disait Frédéric, on se rassemble deux fois par an, tous autour de notre passion. On propose des activités, souvent dans la région ou on est, avec Météo France notamment. Quand on était au col de Porte, on a eu un cours sur la nivologie. On essaie à chaque fois de trouver un thème qui peut correspondre aux adhérents et au moment où on se rencontre.
Frédéric l'a dit aussi, on participe à un beaucoup de manifestations liées à la vulgarisation météo. Donc, on participe à la Fête du vent à Marseille, on participe à la Nuit des chercheurs, au festival international de la météo et à chaque fois on essaye de proposer de manière ludique aux enfants de montrer certains phénomènes météo, etmême on essaye de répondre à toutes les questions liées à la météo, que ce soit la prévision, la climatologie, la mesure, l'instrumentation...
C'est le cas dans le cadre de ??? [25:02] : les élèves font des petits projets et, en fait, il y a des groupes de travail pour les aider à faire leurs projets et à présenter leur projet à un jury. Infoclimat participe à cette rencontre dans le but d'aider les élèves à présenter leurs projets.
Ici, c'était une intervention au Forum international de la météo : on présente l'association, nos activités, ce qu'on fait. On essaye de sensibiliser les gens également aux changements climatiques, aux enjeux.
- Dialogue
Et pareil : ce matin, on est avec vous, puis cet après-midi on aura une AG, notre assemblée générale annuelle, en visioconférence. On essaye de la faire en présentiel tant que possible. Ces dernières années, ça a été compliqué. Avec deux mille adhérents, c'est aussi compliqué. Alors, on a souvent eu du mal à voir le quorum. Donc, on va se baser, pour les années à venir, sur du mixte, faire du présentiel avec de la visioconférence, comme ça, c'est vachement démocratisé ces dix dernières années et toutes nos réunions sont faites en visioconférence en ce moment. On s'est rendu compte que ça nous permet d'être plus réactifs sur certains sujets que d'attendre de nous réunir en présentiel.
Frédéric Ameye : Là où avant on avait une cinquantaine de votes maximum, aujourd'hui on en a 1.000. ça permet de faire participer les adhérents à la vie de l'association quand on est réparti sur toute la France, on ne peut pas dire aux adhérents, venez tous à Paris.
Matthieu Ohrel : avant on faisait le vote en présentiel. Aujourd'hui, on a complètement dématérialisée, le vote est en ligne, les gens ont quinze jours, trois semaines pour voter. Toutes les questions sont posées, ils ont tous les éléments et peuvent reprendre le vote à n'importe quel moment. Ça leur laisse aussi une certaine latitude et ça nous permet de toucher justement plus de gens, puisque aujourd'hui, il y a mille personnes qui ont voté les quinze derniers jours, sur les 2.000 adhérents que nous sommes.
- Humain
On l'a vu avant : avant tout, c'est de l'humain, c'est un groupe d'amis, on organise, comme pour l'instal lation de la station à Casterino, dans la vallée de la Roya, qui a été dévastée par la tempête Alex. Les routes étaient coupées, on n'a pas pu finir le chemin a vec la voiture. Du coup, il a fini à pied. Il y avait la station météo, la gaîne, plein, plein de choses à emmener : 5-6 km aller-retour. C'est dans la montagne, par contre, c'est pas profil plat comme au centre-ville de Lyon, c'est plus escarpé...
Donc, on est sur toute la France : à Paris, en Alsace, dans le Sud, Sud-Ouest. On échange tous ensemble sur notre forum et ça se passe globalement de bonne manière.
Frédéric Ameye : on a pas mal de Belges, aussi, parce que le site est principalement francophone.
- Transmission
On parlait tout à l'heure de dialogue, on a mis dans le #transmission des trucs, un petit peu liés à ça aussi, c'est essayer de faire participer les jeunes à ça et leur faire comprendre... Ils sont généralement plus sensibilisés que les plus vieux, c'est-à-dire que c'est plus facile d'expliquer aux jeunes le changement climatique comment ça marche que certaines personnes qui sont parfois moins sensibles à ce sujet-là. Donc, c'est toujours rigolo de ramener une station météo et d'expliquer, de démonter, voilà ça c'est les capteurs, vous pouvez souffler dans le ??? [28:54], comment ça marche, la mesure de précipitation, etc.
Ce qui est intéressant aussi, c'est la reprise de l'initiative météo à l'école. C'est une initiative qui avait été lancé par le ministère de l'Éducation nationale et Sciences à l'école, et qui a failli disparaître faute de budget. On nous a dit: bon, ça va disparaître. On fait quoi? Et nous on a dit, on va vous le ré-héberger, on va le mettre sur nos serveurs. On va recoder ce qu'il faut pour que ça marche, on va remettre les fiches pédagogiques derrière, les données, etc. C'est pareil, c'est des choses qu'on fait de manière complètement bénévole, sans un centime d'argent public, en tout cas pour l'instant, et qu'on continue pour essayer de faire comprendre les enjeux de la météo et du climat, pourquoi on fait ça et à quoi ça sert pour le futur, pour analyser ce qui va nous arriver dans les années à venir et comment ça a évolué. On a vu tout à l'heure le très beau graphique de Casterino, la courbe qui monte. Les courbes ne font que monter, dans pas mal d'endroits : c'est important de le mesurer, y compris dans les milieux de montagne et les milieux urbains, où c'est particulièrement sensible.
Il y a aussi la transmission intergénérationnelle : j'ai trouvé ça touchant. Là vous avez l'ancien observatoire bénévoles de Météo France, à Casterino, isolé dans la vallée, ils sont quatre habitants au fin fond de la vallée. Il était très touché que l'on s'intéresse à lui, nous l'association, on lui ré-automatise son poste, hébergé depuis des années et des années par Météo France qui ne s'intéressait plus trop à lui. Il était un petit peu triste, donc, de temps en temps il envoie des messages, il dit "venez chez moi, j'ai le pluvio ???" [30:21], etc. C'est ça qui est humain et intéressant dans cette aventure qu'on a lancé, c'est pouvoir refaire le lien un petit peu entre tous ceux qui qui produisent la donnée, qui la consomment, qui vivent de leur passion ou qui sont juste intéressés comme ça parce qu'ils ont un besoin ponctuel pour installer des panneaux solaires sur leur maison, pour faire études sur leur parcelle de vignes ou des choses comme ça.
- Utopie concrète et accessible
La dernière phase, utopie concrète et accessible. En quoi c'est une utopie ? On vous a dit, on est 100% bénévoles, ça fait vingt ans qu'on fait ça. On a un site qui a 100 millions de pages vues par an, avec 40.000 euros de budget en 2020. Généralement, c'est quand les gens qui nous connaissent connaissent le site, ils pensent que c'est une entreprise et ah bon, mais comment vous faites ? c'est vraiment tous des bénévoles ? Ou alors vous avez des grosses multinationales dont c'est le business de faire de la météo ou ils ont besoin de la météo pour leurs activités stratégiques, parce qu'ils y vendent la production d'électricité ou pâr ce qu'ils font de l'agriculture à l'échelle industrielle. Ils vous disent, on ne comprend pas, vos outils sont mieux que les notres, comment ça se fait ça ?
C'était le cas aussi de Météo France, il y a quelques années, la première connexion Infoclimat c'était les agents de Météo France depuis leur réseau interne, parce qu'ils n'avaient pas les outils en interne qui étaient aussi bien fait que les outils d'Infoclimat. Alors que c'est leur métier de faire des outils pour ça. Leur situation s'est un peu corrigée aujourd'hui parce que Météo France a un peu corrigé le tir, n'empêche que sur bien des outils destinés au grand public et aux profs et aux gens qui sont un peu plus que le grand public, Info climat reste une référence en termes d'outils qui sont qui sont proposés.
Cet aspect-là, "haussement de sourcils ministériel" : j'étais il y a trois semaines présenter Infoclimat dans le cadre de cet accélérateur auprès de la ministre : la tête qu'elle a fait quand on lui a dit qu'on était 100% bénévole et qu'on avait quarante mille euros de budget, et qu'on avait un site avec 100 millions de pages vues par par mois...
Pourquoi c'est concret ? Bah, ça fait vingt ans qu'on travaille bénévolement. J'utilise le mot travail, parce que c'est un vrai travail. Des initiatives ont essayé de faire la même chose : des start-ups avec des grosses multinationales des médias,ça s'est cassé la gueule, ça a fait des trucs un peu moins bien, ça a fait des trucs un peu bien. On a vu passer tout cet écosystème et ça fait vingt ans qu'on est là, qu'on continue, qu'on s'améliore, qu'on prend les retours, qu'on essaye de faire des choses supplémentaires, avec des vrais projets. On vous a montré deux exemples vite fait de station météo.
Il y a de vrais projets de long terme, des vrais projets du point de vue des idées d'activités qu'on peut faire avec les profs, ou avec ou avec les élèves, dans des forums ou des événements. On a une communauté qui est plus que jamais impliquée : 2.000 adhérents, 700 donateurs. C'est en hausse régulière, parce que la croissance exponentielle à l'infini, c'est pas possible. Mais la communauté nous soutient vraiment de telle manière qu'on est confiant pour l'avenir et qu'on va vous en parler, on est même en train de recruter notre premier salarié en CDI et ça nous pose aucun problème de le faire parce qu'on sait que la communauté sera là pour financer ce poste-là.
Nou sommes reconnus dans l'écosystème météo et climato : tous ceux qui utilisent les données météo connaissent un petit peu Infoclimat mais ne savent pas forcément comment ça fonctionne, en tout cas, ils sont bien contents de l'utiliser et d'en profiter, sans parfois qu'on le sache. On découvre parfois dans des rapports, dans des trucs internes, où les données sont utilisées, parfois dans le respect de la licence, parfois pas.
Le public : La ministre, c'est Amélie de Montchalin ?
Frédéric Ameye : Oui, c'est ça. Par contre, vous ne nous connaissiez peut-être pas forcément avant de venir ici, et c'est vrai qu'on encore des efforts de communication à faire, parce qu'on n'est pas forcément très connus pour les gens qui sont hors de la sphère de l'écosystème météo, et aussi parce que notre site est un peu compliqué, il a vingt ans d'âge, plein de rubriques qui se sont enfilées les unes par-dessus les autres. C'est pas forcément toujours très aisé de naviguer dans un site internet, et ça par le fait qu'on soit bénévoles et qu'on travaille comme on peut, c'est un peu la difficulté qu'on a.
Pourquoi accessible ? On est anti GAFAM, on est hébergé en France, les bandeaux cookies, ça nous saoule, donc on ne met que les cookies nécessaires pour la connexion, et le reste, on ne fait pas de stats. Ça n'est pas payant, il n'y pas de pubs. Le site, quand vous scrollez, ne vous remet pasen avant sur la page cinquante fois, et vous n'avez pas de trucs compliqués, et on tient vraiment à ce que ça reste comme ça, parce que les sites de météo, de cuisine, on les utilise tous et ils sont super mal foutus.
Accessible pour tous, c'est ce qu'on essaye de faire. Initialement, c'était une initiative dédiée un peu aux experts, aux gens qui étaient quand même dans ce monde de la météo, de le rendre plus accessible au grand public avec des interfaces qui sont mieux faites, mieux compréhensibles, et notamment aux jeunes qui utilisent le site, dans le cadre de Météo à l'école par exemple, pour extraire des données, faire des rapport autour du changement climatique dans leurs endroits favoris, etc. Et puis, accessible, parce qu'on tient à ce que ce soit toujours ouvert à tous et contrôlé uniquement par la communauté des adhérents et pas par quelques intérêts privés par-ci, par-là, qui voudraient décider de ce qui se passe et de ce qui fait le futur d'Infoclimat. Et ça, c'est vraiment le point important pour nous.
Et puis on est tous bénévoles, ça n'est pas toujours facile de réaliser de telles actions de manière 100 % bénévole sur toute la France, ça n'est pas une action localisée, on est repartis un peu partout, ça n'est pas évident. Donc, on a mis tous les moyens en œuvre pour augmenter un peu notre budget annuel. Concrètement, on était à 40.000 euros en 2020. Aujourd'hui on est plutôt autour de 90.000 euros, ce qui nous permet de recruter un jeune développeur web full-stack, en CDI, avec un salaire très correct. [Rire] Dans les entretiens qu'on a fait, ils nous ont tous dit qu'on avait un salaire qui était plus élevé que toutes les boîtes qui font du dev, toutes les ESN (entreprises de service numérique)...
Et puis tous ces gens qui ont postulé, 80% nous ont dit "je suis à la recherche de sens dans mon travail, c'est pour ça que j'ai postulé à votre offre d'emploi", et ça nous fait vachement plaisir de voir que la communauté qui a été créée il y a plus de vingt ans, et qui aujourd'hui a mis les moyens en œuvre, peut recruter une personne qui va pouvoir travailler dans un écosystème qui est très cool, il y a beaucoup de choses sympas à faire dans ce monde la météo quand on est dev. Il sera encadré par une équipe de passionnés, de bénévoles, on lui proposera des horaires flexibles pour travailler comme il veut, et les gens sont vachement sensible à ça, à l'aire du télétravail et de la recherche de sens dans son emploi, et on est content d'y participer. Et moi je suis content parce que ça va faire un collègue qui va travailler à temps plein avec moi, et ça, c'est cool.
Soutenir
Si vous voulez participer vous aussi à cette aventure, prendre un petit bout du contrôle d'Infoclimat, donner votre avis en assemblée générale. Vous pouvez le faire même sans être adhérent : cet après-midi il y a notre AG à quatorze heures, c'est en libre accès, vous pouvez poser des questions, etc. Il y a le site de l'association qui permet d'avoir beaucoup plus d'infos. On a un petit dossier de présentation et si vous voulez aller plus loin pour comprendre l'écosystème de la météo, le business autour de ça, l'intérêt que l'observation météo peut avoir pour l'amélioration des prévisions météo, on a fait un très, très long article chez Framasoft, sur le Framablog. Vous cherchez Infoclimat, vous avez une très longue interview de moi et un de mes collègues vice-président. [8]
Nous expliquons notamment pourquoi avoir des données météo open data, c'est important parce que derrière, la donnée peut être réutilisée par les acteurs qui produisent de la prévision météo et la prévision climatique. Ces acteurs-là, il y en a un, c'est Météo France, c'est l'organisme officiel qui fait tourner des supercalculateurs pour faire les prévisions. Vous avez tout sur votre téléphone une appli de prévision, et vous avez tous sûrement une appli différente. La source, c'est la même, c'est Météo France. Et derrière, quelles données d'entrées utilise-t-elle pour ses modèles de prévision ? Ce sont les données des réseaux de stations, qu'elle développe, et les données des réseaux de stations que nous, on développe. Ce qu'on essaye justement de proposer à Météo France, ils ont 1.000 stations, on en a 800 ou 900 : l'intérêt, c'est de pouvoir doubler cette quantité d'observations pour injecter dans les modèles de prévisions météorologiques, dans les modèles de prévisions climatiques, pour améliorer la prévision en général. Et ça, c'est des travaux qui sont super importants. Et là où faciliter l'accès à la donnée météo, c'est primordial pour améliorer la prévisibilité de ce qui nous attend dans les années à venir. Et il y a des choses qui nous attendent, ça je peux vous le dire.
On a terminé. Ça nous laisse ce temps pour des questions. Mais assez rapidement, je ne peut pas tout vous présenter : on fait ça généralement en deux heures devant des amphis d'étudiants, donc avec un peu plus de temps pour creuser les sujets. Si vous avez des questions, n'hésitez pas.
Question : vous avez une appli sur laquelle on peut aller ??? de la data [39:39]. C'est un modèle un peu comme Weatherman, avec un nombre limité de requêtage ?
Frédéric Ameye : oui, c'est limité pour des raisons techniques, pour le budget nos serveurs, mais c'est simplement. La seule limitation c'est qu'il faut déclarer cette utilisation à objectif commercial ou non commercial. C'est la seule limitation parce que les licence dépendent de ça, et le reste est ouvert. C'est-à-dire que vous avez une API qui sort toutes les données. C'est limité en termes de quantité de données par requête, pour ne pas surcharger le serveur
Question : une requête à la minute ? à l'heure ?
Frédéric Ameye : pour l'instant, on ne vérifie pas. On dit juste aux gens : faites gaffe.
Question : vous avez aussi la vulgarisation, pour essayer de communiquer avec les enfants, dans les écoles ou les associations. C'est sur le site, aussi ?
Frédéric Ameye : oui, c'est dans l'onglet qui s'appelle "pédagogie".
Question : la source aussi ? le code source ?
Frédéric Ameye : ah oui, effectivement, on est aux journées du logiciel libre... On n'est pas du logiciel libre : c'est très simple, c'est parce que c'est du spaghetti qu'on a honte de mettre en open source et qu'on ne sait même pas comment mettre en open source pour que ce soit compréhensible par les gens. Et justement, avoir un salarié, ça va nous permettre d'être utilisable pour tout faire du code propre, pour pouvoir le reverser ensuite dans la communauté. On auto-héberge notre GitLab, en interne, avec tous les outils qui vont bien pour travailler en interne. Pour l'instant on le garde en interne, parce qu'on sait que c'est un peu compliqué. Mais l'objectif, c'est de pouvoir le mettre en open source. Les productions, elles, sont en licence ouverte, généralement la licence Étalab. C'est un choix, on utilise deux grands types de lience : la licence ouverte Étalab et les creative commons CC by... Je ne sais pas si elle est SA partout ou pas. C'est un sujet qui est un peu compliqué parce que ça n'est pas forcément notre domaine. Des gens essaient de nous aider pour comprendre quelle est la meilleure licence et c'est un sujet très compliqué. On a essayé de faire au mieux nos capacités, on nous reproche de temps en temps...
Matthieu Ohrel : On a essayé de faire au plus simple, parce que derrière c'est notre adhérent qui doit ??? [40:45]. Et par exemple, la personne qui est juste passionnée météo ou qui voudrait juste une station météo, aujourd'hui, on est plus ou moins obligé de lui demander de sélectionner un type de licence. Du coup, on a essayé de faire ça de manière simple, parce que commencer avec une licence... On essaye ici de ne pas perdre les gens. Ceux qui n'ont pas du tout la notion de licence, de ce que c'est l'open data. On a essayé de faire une explication claire, simple, pourquoi ne pas perdre du temps.
Frédéric Ameye : Il y a aussi la pédagogie au sens large, nos propres utilisateurs qui ne sont pas des geeks habitués à ces sujets - c'est vraiment des gens qui produisent de la donnée météo, qui ont une station, qui sont passionnés, qui font des photos, mais pas forcément à l'aise avec ce sujet-là. Donc on les accompagne. Et pour nous aussi c'était une découverte, ce n'est pas mon métier d'origine, toi non plus. On a quelques adhérents qui s'y connaissent et qui nous aident. Mais à partir de là, c'est un suivi qui est assez délicat.
Question : supposons qu'on veuille mettre une station météo dans son jardin. Et qu'on voudrait en rajouter une : si vous avez déjà de la data, est-ce que c'est intéressant d'ajouter une station méméo proche d'une autre ? Ou est-ce que vous êtes intéressé par améliorer la couverture,
Matthieu Ohrel : aujourd'hui, on a quand même des zones dites blanches, beacoup de régoins où il y a peu, voir pas du tout de station. Mais il y a certains secteurs où des particularités peuvent se jouer à moins de 5 kilomètre. Je ne connaît pas bien Lyon, mais la météo ne sera pas forcément la même à Lyon 6e qu'à Lyon 3e. Parfois, le profil, la géologie ou l'altitude peuvent jouer très rapidement sur un rayon... Moi je viens d'Alsace. Par exemple, dans un secteur que je connais bien, il fait souvent très froid le matin parce que c'est une cuvette enclavée et à moins de 10 kilomètres il fait souvent 10° de plus, parce que c'est sur un plateau, c'est en hauteur et exposé au vent. On est sur deux stations à altitude similaire, et à moins de 10 km de distance, et en été, lors des journées bien chaudes, dans certains secteurs, ça va bien se rafraîchir et dans d'autres beaucoup moins, on peut avoir 10° d'écart. Après, dire qu'on va en mettre une tous les 500 mètres, ça va être compliqué.
Frédéric Ameye : Et donc typiquement on accepte celles qui nous sont proposées par nos passionnés là où nous, on n'ira peut-être pas forcément en installer sur le budget de l'association. Vous voyez qu'on utilise Google pour les outils internes de l'association, pour les slides, les drives, les mails : c'est gratuit et comme on n'est pas forcément des geeks dans le CA, c'est un petit peu difficile parfois de passer à des solutions libres, il y a des petites frustrations.
Ce que je voulais vous dire c'est que dans les Alpes, par exemple, on a des stations tous les 500 mètres le long du versant, et ça ne pose pas forcément de problème. Par contre, pour l'achat d'une station avec le budget de l'association, on va plutôt couvrir les endroits où il a des trous et où ça parait pertinent d'un point de vue météo. Si ça n'est pas pertinent, c'est à l'initiative de la personne.
Question : combien coûte une station météo ?
Frédéric Ameye : il faut compter un bon millier d'euros. On n'intègre que du matériel de qualité. Donc typiquement les ??? [44:20], les petites capteurs WMR ??? que vous pouvez trouve r à Jardiland, les trucs comme ça, ne sont pas assez qualifiés et ne donne pas forcément des bons résultats, ça surchauffe beaucoup, notamment en été. Donc, on vous en a parlé rapidement, mais il y a un vrai sujet de la qualité de la donnée, quand on fait une étude de changement climatique. C'est notamment là que Météo France nous apporte pas mal de choses, avec leur expertise. De savoir tel matériel, c'est bon, tel matériel, c'est pas bon, telle installation, c'est ok, parce qu'il y a assez d'herbe, les obstacles sont bien comme il faut, etc. C'est une contrainte particulièrement forte, notamment en ville. C'est pour ça qu'on vous parlait tout à l'heure d'îlot de chaleur urbain. Il faut savoir mesurer en ville comment le climat va évoluer avec l'évolution des températures et de l'urbanisme. Et là, ça pose une problématique particulière en termes de mesures, parce qu'on ne peut pas faire un parc d'un hectare , ça n'est pas représentatif de la situation. C'est une difficulté habituelle. Mais pour installer une station perso dans son jardin quand on a la chance d'en avoir un, c'est un millier d'euros, en gros.
Question : et avec de la maintenance ?
Matthieu Ohrel : Oui, tous les ans, c'est souvent du nettoyage. Parfois il y a de la casse au niveau du ??? [45:29]. ça dépend de la température. Mais l'entretien, par rapport à l'achat initial reste quand même minime. Une sonde de température aujourd'hui revient à cent soixante euros. Si le ??? [45:40] casse, on est autour d'une vingtaine d'euros par rapport à l'achat initial, ça reste raisonnable. La sonde de température ou les coupelles ne cassent pas chaque année.
Question inaudible, sur la stabilité des données sur le long terme ???
Frédéric Ameye : On a un système qu'on appelle les métadonnées. Chaque donnée de l'API, chaque donnée qui est hébergée, chaque station est associée à une fiche qualité qui traque l'évolution de la qualité du matériel, de la qualité de l'environnement de la station. Pour chaque donnée vous avez une métadonnée qui vous dit OK, la mesure de la température est notée 4 sur 5 parce que la sonde est de bonne qualité, parce que les arbres sont dégagés autour, etc. Vous avez tous ces critères-là, et c'est suivi dans le temps par notre équipe de bénévoles qui vont aller dire régulièrement aux gens : est-ce que ça va évoluer, est-ce que vous avez fait votre maintenance, est-ce que vous avez changé la sonde, est-ce qu'il y a un arbre qui a poussé ? Et c'est suivi dans le temps pour pouvoir justement tracer ça au fil de l'évolution des données. Certaines stations sont là depuis plus de dix ans, sur Infoclimat, hébergées par des passionnés : donc, l'environnement a eu le temps d'évoluer, nous avons le temps de déménager, aussi, ça arrive, et ça pose des problématiques particulières. Et ça on le trace et c'est mis à côté de la donnée, parce que c'est super important d'avoir justement cette information-là pour savoir comment faire. C'est bien beau d'avoir du big data et des données en masse, mais derrière il faut que la donnée soit un tout petit peu qualifiée et de qualité, et ça c'est un sujet assez particulier.
Question : vous êtes partis en Antartique : est-ce que vous avez aussi des stations dans les Outremers ?
Frédéric Ameye : On n'est pas parti en Antartique, c'est un de nos adhérents qui a eu la chance de partir en Antartique, et qui a embarqué une station dans ses valises. On a des passionnés en Outremer, l'un est à Miquelon, pas beaucoup d'habitants à Miquelon. On a une association partenaire qui est à la Réunion, qui s'appelle Météo Océan indien Réunion. Pareil : c'est un petit groupe de passionnés qui font la même chose que nous, mais sur la Réunion. On a des Belges, des Suisses, des Canadiens. Je me demande si on n'a pas un Japonais ou des Taïwanais, des Portugais.
Malheureusement, comme le site n'est pas traduit dans d'autres langues, on essaye de ??? [48:23] en Europe de l'Ouest, on a les Italiens. C'est surtout la barrière de la langue qui est embêtante, on va essayer de traduire un peu le site. En tout cas en France, on a les Dom-Tom, sur les auters Dom-Tom, en Martinique et en Guadeloupe, on n'a pas de stations. C'est dommage, parce que ce sont des endroits où c'est particulièrement intéressant. Typiquement, à La Réunion, d'un versant à l'autre, les mesures de précipitation, c'est du simple au quadruple.
Donc typiquement, sur chaque station, on a une fiche métadonnées qui récapitule le type de matériel, par exemple, la licence utilisée - comme je suis administrateur, je peux la changer -, les emplacements successifs, parce que si elle se déplace de quelques dixièmes de degrés, nous, derrière, on produit des interpolations et des petits calculs de contrôle qualité, des choses comme ça. Donc, c'est utile de savoir si elle a déménagé, même de quelques mètres. Et puis pour chaque paramètres, température, humidité, vent, cumuls pluviométriques, on assigne une classe de qualité, avec un petit commentaire de chaque modérateur qui dit : voilà, par exemple, cette donne ??? [49:30] n'est pas très bonne parce qu'il y a des ombres portées.
Public : ça veut dire que la sonde est dans l'ombre d'un arbre ?
Matthieu Ohrel : il y a des ombres à droite, du coup, pas en été parce que le soleil est assez haut, mais en hiver, il y a un branchage assez massif, ça peut faire quelques ombres portées et fausser. Ce qu'on disait avant, on essaye d'avoir un maillage de stations important, mais on essaye surtout d'avoir des relevés de qualité, et on essaye derrière de qualifier ces relevés.
Frédéric Ameye : au point qu'on a des systèmes de restrictions aux système d'information. Quand la statoin pète un câble, parce que le capteur ne marche plus bien ou parc e que le gars a rentré la station à l'intérieur, ça arrive, les bénévoles surveillent de près jour et nuit la base de données et son capables d'aller mettre des restriction, et bon, cette station a un problème, on va aller avertir le propriétaire, lui dire qui a un souci, lui envoyer un email, et puis, derrière, ses données sont filtrées. Pour l'instant, c'est manuel : on aimerait bien avoir potentiellement un jour faire aussi des choses un peu plus automatisées. Il y a matière à faire des choses, on peut faire de l'IA, si on veut.
Public : Et pour la station qui avait été rentrée à l'intérieur, c'est un bénévole qui a noté que la courbe avait changé, et donc il faut aller se plaindre tout le temps ?
Frédéric Ameye : Oui oui oui. Et le site actualise en direct, parce qu'on sait qu'il faut être là tout le temps. Les passionnés sont vraiment là à fond. Là, quand il neige, je pense qu'il y en a plein qui ne vont pas dormir.
Matthieu Ohrel : il y en a qui vont se lever à 3 heures du matin parce qu'il va y avoir des orages, d'autres parce qu'il va neiger. Et le matin, on a tout un tas d'infos très fraîches ou très pluvieuses. Et nous, on contrôle juste certains paramètres pour les valider, mais derrière on a vraiment une communauté de passionnés qui nous suit là-dessus.
Frédéric Ameye : Après on peut voir, station par station, on regarde les cartes et on voit qu'il y a un truc un peu bizarre.
Question : vous avez parlé des prévisions de Météo France. Est-ce que vous faites aussi des prévisions, ou juste des observations ?
Frédéric Ameye : Non, parce que toutes les prévisions que vous voyez sur internet c'est ??? [51:55]. Je vais vous dire pourquoi, c'est compliqué. La manière standard de faire des prévisions sur toutes ces applis, c'est de prendre des sorties de ce qu'on appelle un modèle de cohésion numérique, qui découpe la france en petits carrés de 1,3 km. C'est fourni par Météo France en open data, c'est un produit fait avec de l'argent public avec des supercalculateurs payés par l'argent public et des données météo en partie données publiques. Et ça, ça vous donne, sur un système de 1,3 km de côté, la situation météo dans les heures à venir. Et cette donnée est prise par tous les acteurs qui vous font des applis pour smartphones et des applis avec de la pub sur internet. Et à partir de ce carré d'1 kilomètre par 1 kilomètre, ils font des petites moulinettes et, en fonction des paramètres que le modèle sort, ils vont essayer de sortir un pictogramme de temps avec une petite indication de la qualité de la prévision. Selon l'algorithme qu'ils vont mettre entre la donnée brute et le picto, vous allez avoir un résultat qui va être différent. C'est ça qui vous donne l'impression que les prévisions sont différentes. Ils peuvent aussi combiner un petit peu avec d'autres modèles de prévisions. Météo France en font, il y a un service européen aussi qui en fait. Donc, si on fusionne toutes ces données-là, on peut voir des résultats un peu différents. Si on paye beaucoup d'argent, on peut aussi avoir plus de données de la part de Météo France pour affiner ces algorithmes et faire ce qu'on appelle la prévision probabiliste, c'est mettre plusieurs modèles en concurrence et essayer d'avoir une vision plus statistique de ce qui peut se passer.
Et dans tout le fait ça, prend les données publiques ou achète quelques données auprès des principaux fournisseurs, parce que personne n'a les moyens de faire tou rner un vrai modèle de prévision avec un vrai super calculateur, ça coûte des dizaines de millions, il faut des scientifiques de super haut niveau, c'est compliqué. Ceux qui vous disent qu'ils font ça ne le font probablement pas.
Donc, en fait, toutes les sources de prévisions météo, c'est la même chose. Le seul différenciateur, c'est la qualité de la petite brique qu'ils vont mettre entre les deux, qui essaye de mâchouiller les différents paramètres pour vous sortir un picto à la fin, et éventuellement un commentaire qui est soumis automatiquement. En parallèle, il y a quelques systèmes où c'est des vrais ??? [53:40], des humains qui font l'analyse des modèles météo, à la main, avec des cartes plus compliquées, avec des comparaisons, et qui ont l'expertise. A Météo France, ils font un peu ça, c'est semi-automatisé et semi fait par des humains. Il y a d'autres sites météo que vous connaissez sûrement sur internet, qui se revendiquent de faire de l'expertise humaine, et généralement c'est de meilleure qualité.
Nous on ne fait pas de prévision parce qu'on n'a pas la capacité d'avoir un supercalculateur pour faire tourner l'API. On n'a pas non plus la capacité d'avoir suffisamment de gens, de bénévoles, qui sont toujours impliqués pour faire de la prévision expertisées dans toutes les zones de France en même temps. Donc on préfère laisser faire ça à Météo France, et aux gens qui ont l'argent et les ressources humaines pour le faire.
Donc, on passe quand même cette information-là, mais avec tout un tas d'avertissements, en disant : attention, c'est de la donnée brute, ça sert de modèle. C'est plus utile pour nos passionnés, parce qu'ils ont directement les tableaux avec l'info bien détaillée de ce qui peut se passer, c'est quand même pratique pour nous, passionnés. Par contre, pour le grand public, c'est pas du tout des choses qu'on recommande, parce que généralement c'est de la mauvaise qualité, ça va changer 4 fois par jour, et le supercalculateur tourne 4 fois par jour, et 4 fois par jour, ça change. Donc ils vont dire : ah oui, ils ont toujours raison, c'est normal, ça change 4 fois par jour.
Les seules prévisions qu'on aura, ce sont soit des trucs automatiques avec des avertissements, attention c'est de la donnée brute, il faut l'analyser avec une grand expertise. Ou, de temps en temps, des bulletins pédagogiques qui sont écrits par nos passionnés - et là, c'est du texte, pas des pictos dans des tableaux avec des trucs automatiques.
Voilà, j'espère que ça répond à ta question. C'est un sujet très vaste et qui tient à beaucoup de choses parce qu'on se rend compte que le visage de la météo est principalement creux. Et que les gens qui font la vraie expertise autour de ça, c'est les gens des services publics, des organismes européens, les chercheurs du CNRM, les chercheurs de ??? [55:34] qui travaillent sur les algos, sur les calculateurs et derrière, qui reversent ces données-là, soit de manière payante, soit en open data, et c'est réutilisé derrière par les acteurs privés qui se targuent de faire des super-prévisions avec. C'est un sujet qu'on pourrait encore discuter pendant des heures, mais je pense qu'on a dépassé le temps. Si vous voulez discuter en off, n'hésitez pas. On vous a mis l'arobase Infoclimat, on a des petites plaquettes si ça vous intéresse aussi. Merci en tout cas.