AFUL - Cyprien Gay - Radio Alto

De April MediaWiki
Révision datée du 26 septembre 2017 à 13:30 par Morandim (discussion | contributions) (Page créée avec « Catégorie:Transcriptions '''Titre :''' L'AFUL ou le racketiciel '''Intervenant :''' Cyprien Gay - Héloïse Pierre, etikya.fr - Marion Bourget, journaliste pour Rad... »)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Aller à la navigationAller à la recherche


Titre : L'AFUL ou le racketiciel

Intervenant : Cyprien Gay - Héloïse Pierre, etikya.fr - Marion Bourget, journaliste pour Radio Alto

Lieu : Émission TIC éthique- Radio Alto

Date : Septembre 2017

Durée : 33 min 48

Écouter l'émission

Licence de la transcription : Verbatim

Statut : Transcrit MO

Description

L'AFUL est l'association francophone des utilisateurs de logiciels libres. Au delà de la promotion de ces logiciels et du mode de pensée qui les accompagnent, l'AFUL a également dénoncé les ventes forcées de logiciels ou « racketiciel ».

Transcription

Coton Tige FM. Coton Tige FM sur Alto

Voix off : Peut-on acheter un PC sans Windows ? C’est vrai ça, on peut ou pas ?

Marion : Cette question posée par On n’est pas des pigeons !, il est fort probable qu’elle n’ait jamais effleuré 95 % du public lors de l’achat d’un ordinateur. Et pourtant il n’y a rien de normal dans le fait de ne pas avoir le choix de ce que l’on met sur son ordinateur. Et à TIC éthique, nous ne sommes pas les seuls à ne pas trouver ça normal. Certaines associations sont même montées au créneau juridique contre ce racketiciel. Héloïse a rencontré Cyprien Gay, chercheur en physique et membre de l’AFUL.

Cyprien Gay : L’AFUL c’est l’association francophone des utilisateurs de logiciels libres et c’est donc une association qui, d’une part, défend les logiciels libres lorsqu’il a besoin de le faire et, d’autre part, promeut auprès au plus grand nombre l’utilisation et l’intérêt des logiciels libres. Voilà. Donc cette association œuvre dans pas mal de domaines. Elle n’est pas la seule ni au niveau francophone, ni au niveau français, ni au niveau mondial à fortiori. Il y a beaucoup, également, d’associations locales qui sont vraiment géographiquement très ciblées et donc, chacune à son niveau et sur son territoire, promeut à peu près les mêmes valeurs. Et donc j’imagine qu’on va parler de plusieurs dossiers dont il s’agit.

Héloïse : Oui. Voilà. On a eu déjà la chance d’interviewer plusieurs acteurs du logiciel libre. Pour les auditeurs qui veulent en savoir plus vous pouvez écouter nos émissions avec Richard Stallman ou l’April, par exemple, qui justement aussi défendent le logiciel libre en France et dans le monde. Nous, il y avait un dossier qui nous intéressait tout particulièrement parce qu’on ne l’avait pas encore abordé dans notre émission TIC éthique. Je sais que pour vous c’est un dossier qui est un peu dépassé, mais pour nous, en fait, il nous semble super intéressant c’est : les constructeurs d’ordinateurs, les vendeurs et puis aussi cette question en fait de vente déloyale quand on achète nos ordinateurs. Vous aviez créé un site qui s’appellait Racketiciels à l’époque. Est-ce que vous pouviez nous parler de cette histoire-là ?

Cyprien Gay : Absolument. En fait c’est une question, quand j’ai dit que c’était un problème un peu passé pour nous c’est simplement que du point de vue judiciaire il y a des choses qui sont un peu closes pour l’instant, mais ça peut repartir. Mais, par contre, c’est un problème très actuel, en fait, pour chacun et chacune. L’idée c’est que quand on achète un ordinateur, on n’a pas le choix de ce qu’il y a dessus. Il y a déjà dessus un système exploitation, il y a déjà dessus, en général, Windows ou bien Mac OS et c’est ça dont on parle en l’occurrence.

Voix off : Les Mac se sentent supérieurs, car ils ont des bords arrondis, des icônes design et le double du prix d’un PC équipé des mêmes composants. Heureusement, pour ce prix, leur matériel est généralement bien conçu et leur système d’exploitation OS X est adapté aux moins doués d’entre nous.

Linux est un système d’exploitation que les geeks installent sur l’ordinateur de leur grand-mère, pour être certains que celle-ci ne l’utilisera jamais. Il existe un million de Linux différents, appelés distributions, ce qui permet de ne jamais trouver une personne qui rencontre le même problème que vous dans les forums

Windows se transporte encore les vieilles casseroles de papy DOS, comme les lettres assignées aux lecteurs ou des programmes qui s’installent à la racine du disque système. Windows dispose d’une logithèque incroyable, notamment en termes de virus.

J’espère que toutes ces indications vous permettront désormais de faire votre choix parmi les différents systèmes d’exploitation.

Cyprien Gay : Pourquoi ? Tout simplement parce qu’en fait ces logiciels-là, ces systèmes d’exploitation, ils ont la propriété d’être opaques, d’être conçus par leurs éditeurs, mais on n’a pas accès à ce qu’il y a dedans, on ne sait pas en détail comment ils fonctionnent. Et c’est ça qui peut être dangereux pour soi, pour la démocratie même ! N’hésitons pas à utiliser les grands mots de temps en temps !

Héloïse : Donc en fait, là il y a deux choses qui sont intéressantes. Vous disiez que l’AFUL était une association d’utilisateurs du logiciel libre. Donc là, en fait, le logiciel libre c’est l’inverse un peu de Windows ou de Mac OS qui ne sont pas des logiciels libres, mais ce qu’on appelle des logiciels propriétaires. C’est-à-dire qu’en fait on ne pas voir ce qu’il y a l’intérieur, comment ils sont faits, etc. Et puis l’autre chose c’est que du coup, en fait, de fait quand on achète un ordinateur en magasin, on n’a pas le choix vraiment du système d’exploitation ; donc si on voulait avoir un ordinateur HP ou Acer on pourrait, en fait, choisir de ne pas avoir le système d’exploitation Windows, par exemple. Mais de fait, c’est ce qu’on nous propose tout le temps

Cyprien Gay : Voilà ! Exactement ! C’est ce qu’on nous propose tout le temps et c’est ça qu’on essayait de combattre et pour l’instant on n’a pas réussi cette partie-là. Mais par contre, ce qui reste vraiment d’actualité, c’est de toutes façons un choix personnel. C’est-à-dire que chaque personne, si elle se rend compte de l’importance de ce choix-là, elle peut très bien décider d’une part d’acheter un ordinateur normal, mais d’effacer le système d’exploitation et de mettre un système libre comme Linux, entre autres, ou GNU/Linux. Et par ailleurs, une autre façon, c’est de se procurer un ordinateur chez les quelques vendeurs ou constructeurs qui proposent de ne pas vendre la licence du système d’exploitation en même temps.

Héloïse : Justement on se posera après ces questions, quelles sont nos solutions et quels sont les bons constructeurs ou les bons vendeurs où on peut acheter notre ordinateur ? Mais est-ce que vous pouvez du coup expliquer un petit peu quels sont les enjeux pour les utilisateurs ? En quoi ça peut être impactant pour eux ?

Cyprien Gay : Déjà un logiciel et, à fortiori, un système d’exploitation qui est le logiciel maître de la machine, c’est, en fait, un peu comme une machine ou comme un gâteau. On va dire un gâteau. C’est un gâteau on peut le manger, l’apprécier, etc., mais on ne sait pas forcément ce qu’il y a dedans. Ça dépend si on l’a fait soi-même, si on a la recette, ou si c’est quelqu’un de confiance qui l’a fait pour nous ; ou bien si on l’a simplement acheté, mais on n’a pas vraiment confiance dans la chaîne qui a amené ce gâteau devant nous. Donc si on ne sait pas quelle est la recette ou si on n’a pas confiance dans celui qui l’a fait, eh bien on peut tomber malade, il peut faire en nous des choses qui ne sont pas prévues.

Et c’est ça, vraiment, la même chose pour un système d’exploitation ou un logiciel. C’est-à-dire que voilà, on est en train de regarder quelque chose sur le Web et en fait, peut-être que pendant ce temps-là, le système d’exploitation est en train de transmettre des informations ailleurs, alors qu’on ne voudrait pas qu’il le fît. Et voilà. Des tas de choses comme ça. Il peut épier ce qu’on fait. Il peut également modifier les données sur notre ordinateur.

Héloïse : C’est le cas, d’ailleurs, je crois que c’est avéré pour notamment Windows 10 où il y a au moins une porte dérobée qui a été déjà trouvée

Cyprien Gay : Tout à fait. Alors des portes dérobées il y en a, en fait, tous les jours qui sont découvertes, sur tous les systèmes. Il y en a qui sont de bonne foi, ce sont des erreurs de code et qui sont corrigées ; et il y en a qui sont signalées et pas corrigées pendant longtemps et dans ce cas-là on se dit que c’est vraiment exprès.

Voix off : Le 29 juillet 2015, le grand moment est venu. Le groupe milliardaire Microsoft a lancé, comme il l’avait annoncé, l’offre gracieuse de son nouveau système d’exploitation Windows 10. Au premier abord, le nouveau système d’exploitation éblouit par un grand nombre de nouvelles fonctions qui doivent faciliter la vie. Aujourd’hui nous nous posons la question : qu’est-ce qui se cache vraiment derrière ce cadeau de Microsoft ? Pouvez-vous faire une confiance aveugle à cette mise à jour ? Ou bien Microsoft mise-t-il sur votre aveuglement ? Cette phrase n’a pas besoin d’être interprétée. Elle dit clairement que vos données privées, comme des documents Word, les e-mails, des photos, etc., sont livrés à tout moment selon l’estimation, c’est-à-dire selon le bon vouloir de Microsoft, pour respecter les lois en vigueur. Pour cela, Microsoft ne prend pas uniquement en compte vos données personnelles, mais, par exemple aussi, toutes les saisies tapées écrites à la main, la localisation de l’appareil, les adresses des sites visitées, les recherches effectuées, les contacts avec d’autres personnes et les articles achetés, surtout la musique ou les films.

Cyprien Gay : Voilà Donc ça, ça a été effectivement documenté sur les logiciels propriétaires.

Héloïse : Donc déjà la première chose pour les utilisateurs c’est de dire qu’en fait on a le choix de notre système d’exploitation, du logiciel qui fait marcher la machine, comme vous dites, et qu’il y a d’autres solutions que Windows, donc Windows 10 maintenant ou Mac OS. Quelles sont les autres alternatives ?

Cyprien Gay : L’alternative la plus connue c’est GNU/Linux qui et un système d’exploitation libre, c’est-à-dire que chaque brique du système d’exploitation est, d’une part, publique, c’est-à-dire les sources sont publiques, la recette du gâteau est publique. Et en plus de ça c’est libre au sens que ça peut être modifié librement, c’est-à-dire que juridiquement on a le droit de le modifier, de le recompiler, de le redistribuer. On a le droit de faire tout ça parce que c’est libre. Et en fait, ne serait-ce que cette visibilité du code source, de la recette, ça assure une certaine sécurité sur le système. C’est-à-dire que les experts qui savent lire ce code source sont en permanence en train de regarder, d’améliorer, de discuter entre eux, pour savoir si c’est bien sûr pour l’utilisateur, etc. Donc c’est vraiment dans l’intérêt de l’utilisateur que tout ce code-là est libre et visible.

Par ailleurs, ça permet de ne pas réinventer la roue. C’est-à-dire que les choses sont améliorées en permanence à partir de l’existant, dans une totale sécurité juridique, grâce à cette liberté qui est dans la licence.

Héloïse : Est-ce qu’il est aussi simple d’utilisation que Windows, etc. ? Ou est-ce que ça va être beaucoup plus compliqué ?

Cyprien Gay : Il y a dix ou quinze ans, on ne pouvait pas forcément répondre oui. Aujourd’hui quand même, oui, oui ! Il y a plusieurs distributions Linux qui sont très conviviales d’emploi. Donc l’aspect est tout à fait normal pour quelqu’un utilise soit Windows, soit Mac OS tous les jours. Et puis les logiciels qui fonctionnent dessus, les logiciels des utilisateurs classiques de mail, de navigation, etc., sont également les mêmes logiciels libres que ceux qu’on connaît sous Windows ou sous MAC OS.

Héloïse : Donc aujourd’hui c’est une solution qu’on peut avoir et qui fonctionne tout aussi bien que les solutions qu’on utilise déjà actuellement ?

Cyprien Gay : Il y a des milliers et des milliers de gens qui utilisent ça tous les jours, tous les jours, tous les jours et uniquement ! Donc oui, ça fonctionne !

Héloïse : Et la deuxième chose qui était intéressante c’est que justement, quand on achète notre ordinateur dans le magasin en fait on ne se rend pas compte, mais on paye ce système d’exploitation mis par défaut sur l’ordinateur qu’on sélectionne. Dans votre site vous mettez que ça a un coût et que ce coût représente une fourchette de 10 à 30 %. C’est bien cela ?

Cyprien Gay : Absolument. C’est-à-dire qu’en fait, à peu près il y a dix ans, on a eu par une source interne d’un grand constructeur, quelqu’un qui disait que ça représentait à peu près 25 % du prix de la machine. c’est-à-dire que voilà, tout simplement, dans ce qu’on paye, à peu près 25 % c’est en réalité la licence du système d’exploitation. C’est l’ordre de grandeur. Évidemment que ça peut changer selon disons le prix du matériel lui-même, etc., ou la gamme de matériel, ou également la gamme système d’exploitation ; il y a plusieurs versions du système d’exploitation à chaque fois et le prix n’est pas forcément pile le même, mais l’ordre de grandeur c’est ça. C’est vraiment un coût important pour les utilisateurs.

Héloïse : Oui, c’est ça, ce n’est pas 5 %, c’est non négligeable on va dire. Et alors quelles seraient les solutions ? Voilà, moi je suis utilisateur, vous m’avez convaincu, je veux passer à GNU/Linux puisque ça a l’ait et je n’ai pas envie de payer 25 % dans le vide pour me faire espionner en plus. Qu’est-ce que je fais ? Comment je fais ? Et s’il vous plaît, est-ce que ça pourrait être simple ?

11’ 32

Cyprien Gay : Alors il y a une façon simple mais qui impose