L'emploi dans le domaine du logiciel libre – Carl Chenet

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Titre : L'emploi dans le domaine du logiciel libre

Intervenants : Carl Chenet

Lieu : École 42

Date : 19 novembre 2019

Durée : 1 h 06 min 45

Vidéo

Licence de la transcription : Verbatim

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Description

L'association 42l invite Carl Chenet à l'École 42, fondateur de LinuxJobs, qui propose des offres d'emploi utilisant des technologies du logiciel libre et de l'open source depuis 2015.
Il a également créé le Journal du Hacker, plateforme de veille technologique.
Vivre décemment en contribuant bénévolement à des projets libres, c'est souvent compliqué. Certains vous diront que l'on ne peut contribuer au Libre que sur son temps libre.
Carl démontre qu'il ne s'agit pas d'une vérité universelle : il présente les différentes possibilités qui s'offriront à vous si vous souhaitez vous orienter vers une carrière professionnelle dans le logiciel libre.

Transcription

Aujourd’hui on va parler de l’emploi avec le logiciel libre et open source. Vous avez pu constater aujourd’hui que les technologies avec le Libre et l’open source sont dans toutes les entreprises. On va parler un peu de ce phénomène. On va avoir une première partie plutôt orientée sur l’emploi. J’ai d’ailleurs quelques questions à vous poser. Une deuxième partie un peu sur le logiciel libre et l’open source et on va mixer tout ça pour avoir un contenu cohérent.
Petite question parce que je ne connais pas du tout le public face auquel je suis, qui a d’ailleurs l’air très sympathique : est-ce que vous avez déjà une activité professionnelle ? Vous n’hésitez pas à lever la main. D’accord, très bien. Qui a déjà fait un stage ? Très bien. Apprentissage ? D’accord. Très bien.
Eh bien on va démarrer.

Carl Chenet

Je commence par me présenter. Je m’appelle Carl Chenet. Professionnellement je suis architecte d’infrastructures informatiques. Qu’est-ce que ça veut dire ? Je déploie des solutions d’infrastructures, que ce soit sur des architectures physiques, des architectures virtualisées ou maintenant dans le cloud qui permettent de faire tourner des services en ligne, qui permettent de faire tourner des sites web, ce type de choses.
J’ai fait mes débuts professionnels, salarié, autour de 2007, puis j’ai basculé en tant qu’indépendant en 2012 et depuis 2012 je suis indépendant.
Le lien avec le logiciel libre s’est fait très rapidement pendant mes études et ça a continué à me passionner, j’ai toujours travaillé avec le logiciel libre et open source dans toute ma carrière professionnelle. Je suis devenu, autour de 2012 je crois, développeur Debian officiel, ça m’a permis de joindre un gros projet du logiciel libre, l’un des plus gros projets du monde, avec plus de 1000 développeurs Debian officiels dans le monde entier. Donc un très gros projet qui m’a permis d’avoir une très bonne vue du monde du logiciel libre.
À côté de ça, plus récemment, j’ai créé un média qui s’appelle le Journal du hacker. Je ne sais pas si vous connaissez Hacker News ou Reddit, c’est un peu le même principe mais en francophone, uniquement des articles francophones. Vous pouvez proposer des articles et ils seront diffusés largement sur le site web et aussi sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui le Journal du hacker a cinq ans, commence à être bien connu dans la communauté. On relaie des articles de tout type et ça plaît au public.
Autre activité on va dire en side project, je m’occupe du site d’emplois LinuxJobs.fr. Il y a un site qui fait la promotion des offres d’emploi contenant du logiciel libre et de l’open source partout en France. On propose uniquement des offres d’emploi avec des technologies du logiciel libre et de l’open source, en majorité en tout cas avec ces technologies.

Au cours de cette présentation, pour vous montrer rapidement que j’ai été salarié puis indépendant, que grâce au site d’emplois je connais assez bien le monde professionnel, donc je vais essayer de vous parler de ça de manière complète aujourd’hui.
Précision importante, je ne suis pas du tout un conseiller d’orientation ou ce genre de chose, d’ailleurs j’ai eu plutôt de mauvaises aventures avec eux parce qu’à la base j’ai un bac littéraire. Après, pour rejoindre la filière ça a été assez compliqué. J’imagine que certains d’entre vous ont l’idée, quand on affronte le système de l’Éducation nationale, de ce que ça peut donner.
Donc c’est plutôt en tant que personne expérimentée que je vais faire un retour aujourd’hui. C’est lié à mon expérience personnelle, professionnelle. Il peut y avoir âneries, on peut en discuter, il n’y a pas de problème.
On n’est pas tant que ça. Si jamais vous avez des questions n’hésitez pas à m’interrompre. Je suis accessible, ce n’est pas un cours magistral, je suis très heureux de vous parler, vous pouvez me parler aussi.

L’emploi

La carrière

On va commencer sur des considérations générales sur l’emploi. Peut-être que les plus jeunes d’entre vous n’en ont pas encore bien conscience, mais après les études, pendant les études et à la fin des études vous commencez véritablement ce qu’on appelle une carrière, votre carrière professionnelle. Vous allez passer par des différents statuts, progressivement, on va en parler un peu plus loin. Ces statuts vous donnent donc une vision un peu différente du monde professionnel à chaque fois. Vous allez rencontrer différents acteurs dans le monde professionnel, on en parlera aussi, ces différents acteurs vont avoir des attentes vis-à-vis de vous et vous allez avoir des attentes vis-vis d’eux qui vont être différentes selon le statut.
Bien évidemment aussi le côté carrière. Il y a la progression dans votre carrière. La façon dont ça va se passer pour vous et, encore une fois, les attentes que l’on peut avoir vis-à-vis de vous.

Les différents statuts

On va commencer par un passage sur les différents statuts que vous allez connaître lors de votre progression de carrière. C’est pour ça que je vous posais au début la question pour savoir qui avait été stagiaire.
Le premier statut que vous avez en général dans votre vie professionnelle c’est stagiaire. Qu’est-ce qu’un stagiaire ? Un stagiaire c’est un étudiant, en tout cas quelqu’un qui dépend d’un centre de formation, qui va aller chez un employeur pour apprendre, très important apprendre, et effectuer des tâches que l’employeur peut trouver utiles pour sa société, pour son entreprise.
Il est vraiment très important de bien souligner qu’un stagiaire est là pour apprendre. Personnellement, je me suis retrouvé dans des stages où, en gros, on m’a dit « tiens il y a eu ce problème hier soir, règle-le. D’ailleurs si tu le règles on te prend, si tu ne règles pas on ne te prend pas ! » Niveau éducatif c’est un peu léger !
Le stagiaire est vraiment quelqu’un qui vient dans une entreprise, qui a des attentes d’éducation. L’entreprise est là pour tirer parti du travail du stagiaire, mais, en contre-partie, doit vraiment offrir un apprentissage réel, lui apprendre des choses et ne pas l’exploiter. Vous pouvez très bien faire la même tâche pendant six mois, vous n’aurez rien appris, votre rapport de stage va être vide, c’est un stage qu’on appelle les stages photocopie, qui n’ont strictement aucun intérêt. Le statut du stagiaire, vous attendez des choses de l’entreprise et l’entreprise des choses de vous. C’est à double sens.
Malheureusement, en France, les stages sont assez mal considérés et pourtant la France emploie massivement des stagiaires, beaucoup plus que d’autres pays. Depuis quelques années il y a eu un changement sur la législation donc les stagiaires sont enfin rémunérés. Je crois que c’est autour de 500 euros pour un temps plein aujourd’hui. Ça reste léger, évidemment, mais c’est mieux qu’il y a quelques années. Personnellement, quand j’ai fait des stages, la base c’était d’être non rémunéré. Donc il y a eu une amélioration du statut, mais ça reste toujours assez précaire et assez mal vu dans la vie professionnelle. Certains recruteurs vont arriver et ne vont même pas regarder vos stages, vont dire que les stages ne les intéressent pas, ce qui les intéresse c’est ce qui vous faites après les stages, ce qui est un peu bizarre.

Le deuxième statut c’est apprenti qui est un statut beaucoup plus intéressant. Vous êtes réellement employé dans l’entreprise. Qu’est-ce que ça veut dire employé dans l’entreprise ? Ça veut dire que vous continuez votre formation initiale au sein de votre centre de formation. Quand je dis centre de formation, ça peut être une université, ça peut être un centre de formation agréé, c’est très large. En tout cas un centre de formation qui vous délivre une formation et l’entreprise. Là où c’est différent c’est que vous êtes vraiment salarié, donc vous allez avoir un statut, on va dire social et au niveau du marché de l’emploi, différent. Vous allez cotiser pour le chômage, vous allez cotiser pour la retraite, vous allez avoir une rémunération supérieure, je crois que c’était 90 % du SMIC, c’est variable selon l’année de l’apprentissage, mais on est à 80 % du SMIC. C’est un statut qui est très bien, qui est très complet parce que vous restez plusieurs années dans la même entreprise, si ça se passe bien, donc vous avez vraiment une phase d’apprentissage qui va être supérieure aux stages, parce que le stage de fin de cursus, vous allez rester six mois dans la même boîte. Six mois c’est bien, mais ce n’est pas non plus incroyable. L’apprentissage, si vous restez trois ans au contact des mêmes personnes, des personnes qui vont vous aider, qui vont vous former, des gens plus expérimentés que vous dans la société, c’est vraiment bien. Je connais des personnes qui sont passées par l’apprentissage et ça s’est très bien pour elles. Ce sont des gens très capables, vraiment bien vus sur le marché. L’avantage c’est que, par exemple, si vous avez envie de faire un petit break à la fin, vous avez cotisé pour le chômage lorsque vous finissez votre apprentissage.
C’est un statut qui est assez peu connu en France, qui n’est pas assez pratiqué par rapport aux autres pays européens, mais qui offre vraiment des avantages non négligeables.

Maintenant on va parler du statut du salarié, qui va tous vous concerner à un moment où à un autre, sauf si vous décidez d’être indépendant directement, mais ça se fait rarement. Le salarié c’est le cas typique. Vous avez un employeur, il y a un lien de subordination avec cet employeur. Qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que vous lui devez certaines choses qui sont contractuellement définies dans ce qu’on appelle le contrat de travail. Vous devez délivrer ce pourquoi vous avez été embauché.
C’est le cas le plus typique, surtout en France. Les recruteurs de tout horizon cherchent des gens pour qu’ils soient salariés. Le cas typique, dans l’informatique encore aujourd’hui, même si c’est de moins en moins vrai, c’est salarié en CDI. Ça veut dire que vous allez être à temps plein, la norme reste encore le temps plein dans l’entreprise, que vous travaillez pour un seul employeur pour une durée non déterminée. Ce sont des choses qui peuvent aujourd’hui paraître quand même étonnantes. Personnellement, je ne suis jamais resté plus de deux ans dans une boîte. Quand on vous dit « temps indéterminé », il y a des gens qui passaient 10, 15 ans, 20 ans, qui faisaient carrière dans la même boîte, c’est de moins en moins vrai, mais c’est toujours le cas avec ce statut. En tout cas c’est aujourd’hui ce que le marché de l’emploi recherche prioritairement, les salariés en CDI.
Il y a aussi le cas des CDD qui sont des contrats à durée déterminée, qui s’effectuent en général pour une raison : vous devez remplacer quelqu’un ou vous devez effectuer une tâche provisoire qui peut aller jusqu’à deux ans je crois. C’est beaucoup moins courant, même si je commence à voir des informaticiens qui sont en CDD, ça arrive. C’est un statut qui se fait quand même.

Et pour finir le statut d’indépendant. Le statut d’indépendant qu’est-ce que c’est ? Vous allez contracter un contrat de service, comme si vous étiez une entreprise, avec une autre entreprise. À partir de ça, vous allez définir certaines tâches que l’entreprise qu’on va appeler votre client attend de vous. Dans ce cas-là, ça va être par exemple une fourniture de services, réaliser un programme pour eux, maintenir une architecture et tout ça va être défini dans ce qu’on appelle un contrat de services. C’est un contrat qui dépend du droit du commerce, en fait, d’entreprise à entreprise, car vous représentez une entreprise.
C’est en général utilisé pour trouver une main d’œuvre soit qui est disponible plus rapidement, parce que le salarié en CDI va mettre six mois à quitter sa boîte, six mois à commencer dans une autre boîte, donc c’est un gros problème. Ça peut être pour des besoins temporaires. Ça peut être aussi pour des ressources, des gens ayant des capacités, connaissant des technologies très pointues, donc des gens qui ne vont pas se trouver facilement sur le marché de l’emploi en salarié. On va chercher ces gens pour qu’ils apportent une compétence très rapidement et résolvent des problèmes dans l’entreprise très rapidement.
Ça va être très différent du salarié. Le salarié, j’ai oublié de le dire tout à l’heure, touche une rémunération par mois. L’indépendant peut être payé à la tâche, peut être payé par jour, peut-être payé par heure, ça existe, peut être payé tous les mois. Par contre, ça ne va pas être une rémunération, ce qu’il va toucher c’est vraiment une somme d’argent fixe, définie dans le contrat, qui sera pour lui du chiffre d’affaires comme si c’était une entreprise.

Il y a d’autres statuts qui existent, mais on va dire que, dans le monde de l’emploi, les plus courants c’est stagiaire, apprenti, salarié, indépendant.

Phases de carrière

Maintenant on va étudier rapidement les phases de carrière.
Qu’est-ce que sont les phases carrière ? C’est votre progression professionnelle. En dehors du statut qu’on vient de voir, vous n’allez pas avoir le même niveau de compétence toute votre carrière. Il est censé aller en s’améliorant du fait de l’expérience que vous prenez au fil des années. Il y a des personnes qui sont très bonnes très rapidement. J’ai vu des gens extrêmement bons qui n’avaient même pas fini leurs études, qui étaient bien meilleurs que les meilleurs professionnels que je connaissais, ce n’est pas forcément lié, mais, en général, on allie la progression de carrière à l’âge ou, tout simplement, à la durée de travail.
On va étudier un peu ces phases de carrière.

En considérant le statut de salarié, qui est le cas le plus courant dont je vous ai parlé tout à l’heure, un mot rapide sur la rémunération. C’est vraiment très rapide, ne le prenez pas au pied de la lettre, les situations sont extrêmement complexes. On va dire que pour un salarié dans l’informatique, bac + 5, en général on commence à 30 k€. Ça va varier, à Paris ça peut être 38, 40, en province ça peut être même moins si vous n’avez pas le choix, si vous êtes obligé d’aller chez un employeur qui est dans votre ville et, pour des raisons, vous êtes obligé de travailler pour lui, la rémunération va être plus basse. Si jamais vous êtes un top lead, tech lead dans la blockchain, vous allez toucher 80 k€ en tant qu’expert super expérimenté.
Donc les rémunérations sont très variables et sont en rapport aux capacités que vous présentez, en tout cas aux compétences et à l’expérience que vous allez présenter à l’employeur.

La première phase de la carrière, l’une des premières phases possibles de la carrière, c’est débutant dans une grande entreprise. Si on prend le cas d’un codeur, le codeur débutant dans une grande entreprise va se retrouver à faire relativement peu de choses, parce que ce qui caractérise une grande entreprise ce sont les process. Quand vous êtes dans une grande entreprise, vous tombez sous la loi des process. Qu’est-ce qu’un process ? Ce sont des réactions définies par rapport à une situation. Donc vous allez vous retrouver au sein d’un service informatique, vous allez soit développer une nouvelle application, soit maintenir une application distante, vous allez tomber dans la règle des process, des choses très définies. Vous pouvez, par exemple, ne faire que de la correction de bugs. Vous pouvez monter un nouveau projet mais, à priori, être seulement une petite pierre de l’édifice. Les grandes entreprises emploient beaucoup de gens, les tâches sont très réparties entre les gens. À priori, vous allez être un petit rouage avec un nombre de responsabilités, des choses qu’on attend de vous, assez faibles ; c’est la caractéristique des grandes entreprises.

Par contre, le statut de débutant dans une petite entreprise est assez intéressant en particulier pour les codeurs. En général vous allez arriver car ils ont besoin de compétences en interne et il y a très peu de gens qui peuvent répondre à ces besoins en interne. Vous allez avoir un domaine de responsabilités beaucoup plus grand beaucoup plus rapidement. On va vérifier que vous n’êtes pas un clown et, une fois que l’on a réalisé que vous pouvez faire l’affaire et que vous remplissez bien les tâches confiées, on va vous fournir de plus en plus de tâches, de plus en plus rapidement. C’est l’avantage des petites structures. Je parle d’entreprises, mais c‘es vrai même dans les petites structures de type associatif, on va rapidement vous fournir énormément de choses à faire et vous allez donc avoir une démarche personnelle d’auto-formation face aux problèmes qui vont se présenter, que votre collègue, par exemple si vous n’en avez qu’un, ne pourra pas régler. Donc on se retrouve rapidement sous pression dans les petites entreprises avec beaucoup de choses à faire. C’est très formateur, c’est un peu plus compliqué à gérer au niveau émotionnel en général. Le cas typique ce sont les startups, mais il y a beaucoup d’autres exemples. Ça peut être une société ??? qui marche très bien et dont l’informatique doit grandir très rapidement. Il y a beaucoup de cas de petites entreprises et ce qu’on peut en attendre, en tout cas au niveau de l’information, est très intéressant. Par contre, la rémunération va être beaucoup plus variable alors que dans les grands groupes c’est souvent beaucoup plus normé par rapport à votre profil. Ça peut être assez élevé dans les petites structures aussi. Il n’y a pas de cas exacts. On peut aussi vous proposer de participer à l’entreprise, vous donner des actions, des parts de l’entreprise en fait.

La deuxième phase vraie phase suivante de carrière ce sont les gens qui sont expérimentés, lorsque vous allez passer du statut de débutant au statut de personne expérimentée. Qu’est-ce qu’une personne expérimentée ? Une personne expérimentée c’est quelqu’un qui a déjà vu beaucoup de cas, qui a des compétences assez affinées, qui est capable de régler des problèmes complexes et, en général, qui va être capable de régler à peu près tous les problèmes qui vont se présenter à elle dans le cadre de son travail. Ça peut être une très bonne connaissance de la base de code de l’entreprise, ça peut être capable de régler tous les bugs qui se présentent régulièrement à elle. La personne expérimentée va être capable d’être quasiment indépendante, d’interagir, en tout cas indépendante au sein de sa sphère de responsabilité au sein de l’entreprise. Après, vous pouvez interagir avec d’autres personnes pour avoir des informations, travailler ensemble. En tout cas, la personne expérimentée va être capable, elle, dans son coin, dans sa sphère de responsabilité, de régler la plupart des problèmes qui se présenteront à elle. C’est ce qu’on attend d’une personne expérimentée. En général, le salaire ou le revenu, mais la plupart sont des salariés, donc le salaire est supérieur à celui de la personne débutante.

Le statut suivant c’est le senior. Le senior est vraiment très proche du statut de personne expérimentée, sauf que c’est quelqu’un qui, ayant vu différentes situations professionnelles, ayant une très bonne analyse de sa sphère de compétence ou une très bonne analyse de l’entreprise dans laquelle elle est, va être capable de rajouter le rôle de lead. Ça va être, par exemple dans votre cas, un tech lead, quelqu’un qui va aider la société à prendre une direction, une stratégie technologique pour définir l’avenir de l’informatique, dans notre cas, de cette société. Il va prendre de grandes orientations. Il va décider que l’application doit migrer dans les langages plutôt qu’un autre, il ne va pas être décisionnaire, le décisionnaire est le responsable informatique de la société, en tout cas il va définir les grandes orientations. De plus, il est capable d’assister tous ses collègues, ses collègues expérimentés et soit de leur permettre d’améliorer leur travail au quotidien, de les aider à réfléchir dans les nouvelles orientations qu’il propose et de voir si tout le monde est d’accord, dégager des consensus. C’est le rôle du senior. Le senior a vraiment un rôle qui ne se contente plus d’être quelqu’un qui exécute, mais il propose une nouvelle stratégie, par exemple informatique, pour l’entreprise.

Le dernier statut ce n’est pas vraiment dans la progression, ce n’est pas forcément dans la progression des phases au sein du monde de l’emploi, mais, en tout cas en France, c’est un peu obligatoire. En France il y a une espèce de plafond de verre qui va vous plafonner au niveau des revenus, au niveau de votre salaire, à un moment ou à un autre. Pour citer mon exemple personnel, ça a été autour de 28, 29 ans, je voulais gagner 60 000 euros. Mon but c’était 60 000 euros bruts ce qui fait environ 4 000 euros nets. Je voulais ça avant mes 30 ans, c’était obligatoire. J’ai passé une trentaine d’entretiens et il y en 29 qui m’ont dit « vous n’avez pas l’âge, ce n’est pas normal, vous ne pouvez pas demander ça ». Je savais que j’avais les compétences, je voyais des gens plus âgés que moi qui l’avaient donc je trouvais ça inacceptable. C’est un exemple de plafond de verre et, à un moment, vous vous retrouverez forcément coincé dans une entreprise vis-à-vis de ce plafond de verre. Pourquoi ? Parce qu’au sein des entreprises françaises et, je pense, à peu près partout dans le monde aussi, à part des exceptions, les postes les plus rémunérateurs au sein des entreprises sont les postes de management. Si vous voulez accéder à ces postes-là, en général vous avez une progression de carrière effective, vous êtes passé en expérimenté, vous avez vos preuves dans l’entreprise et vous allez bénéficier, il y a plusieurs façons différentes, soit politique interne, vous avez un très bon rapport avec les décisionnaires de votre société, soit vous avez fait vos preuves, ça suffit et on vous nomme directeur des systèmes d’information. Il y a plusieurs cas qui peuvent vous amener à intégrer le management de votre société et là, bien évidemment, c’est triste, mais les revenus vont être supérieurs à ceux des autres salariés qui se cantonnent à faire de la technique.
Donc c’est un statut qu’on conserve, c’est une phase de carrière qu’on n’intègre pas forcément. Par exemple le management ne m’intéresse pas du tout, je n’étais pas du tout intéressé, donc j’ai fait autre chose, je vais en parler plus tard. Ça passionne d’autres personnes, elles en ont marre de la technique, elles ont fait 10 ans de technique, elles n’en peuvent plus, elles ont envie de voir d’autres choses dans leur carrière professionnelle et elles passent en management.
Ce n’est pas d’ailleurs forcément un bon ??? dans leur plan carrière parce que le premier niveau de management, on va dire chef d’équipe, n’est pas forcément mieux rémunéré que lorsqu’on était technicien. Au début il va falloir faire ses preuves en management ou alors vous êtes dans une société où il y a énormément de niveaux de management, dans ce cas-là les niveaux de rémunération ne vont pas forcément être beaucoup plus intéressants. Vous pouvez même freiner votre carrière si vous vous enfoncez dans un poste de management pendant 10 ans en espérant que la place au-dessus se libère et qu’elle ne se libère jamais ! Vos potes à côté, qui ont continué à faire de la technique, eux, ont atteint le plafond maximum de la rémunération qui sera peut-être plus élevé que le premier niveau de management de la boîte en question.
C’est vraiment une chose à laquelle il fut faire attention. Le management n’est pas forcément un ??? de carrière intéressant. En tout cas les plus grandes rémunérations, en tant que salarié en France, sont dans le management.

Maintenant on va un peu parler du statut d’indépendant. Comme tout à l’heure on va parler un peu argent. Les indépendants, en France, à Paris en particulier qui est la situation que je connais le mieux, ça s’échelonne entre 400 euros et 800 euros par jour de chiffre d’affaires. Qu’est-ce que ça veut dire ? 400 euros évidemment en débutant, 800 euros soit en expertise avancée soit en senior reconnu, c’est du chiffre d’affaires. Qu’est-ce que ça veut dire ? On va vous donner 400 euros par jour, vous multipliez par 20 ça fait 8000, divisé pour les impôts, ça fait 4000 nets par mois. Vous allez toucher 4000 nets par mois. C’est plaisant, vous dites c’est bien, ça rapporte tout ça, mais il y a plusieurs choses qu’il faut prendre en compte : les congés ; le jour où vous voulez prendre des congés, eh bien vous n’êtes pas payé et, en plus, quand vous n’êtes pas payé, eh bien il n’y a pas d’argent qui tombe et ça va se répercuter le point suivant ; vous devez payer des mutuelles, vous avez des cotisations d’entreprise. Vous avez beaucoup de frais qui tombent, donc il ne faut pas se fier uniquement au chiffre d’affaires et se dire « c’est incroyable, je touche 500 euros par jour, je me fais 5000 nets par mois », il y a beaucoup de choses qui peuvent entrer en compte, en particulier le jour où vous ne pourrez pas travailler un mois de suite, pour une raison particulière, vous vous êtes brûlé la main, vous êtes tombé dessus en faisant du foot. Ça peut aller très vite. Il faut bien avoir ça à l’esprit lorsqu’on est indépendant.

Les différentes phases de carrière en tant qu’indépendant ça passe directement par expérimenté. Les entreprises recherchent un indépendant qui soit immédiatement opérationnel ; tout indépendant doit être immédiatement opérationnel après, évidemment une phase d’adaptation à l’entreprise, ça peut être apprendre à connaître la base de code, pour un sys-admin apprendre l’infrastructure sur laquelle il va travailler. En tout cas, ce qu’attend l’entreprise c’est que vous soyez opérationnel le plus rapidement possible. Évidemment il y a des débutants, tout le monde est débutant un jour en indépendant, mais l’attente de l’entreprise vis-à-vis de vous est beaucoup plus haute qu’en salarié.

Encore une fois le même statut que celui qu’on a vu tout à l’heure pour les salariés en tant que senior. Le senior est quelqu’un qui va, en général, apporter une expérience et une expertise technique importante au sein de la société pour laquelle il est un free-lance. Ça peut être une société qui utilise les mêmes technologies depuis dix ans. Vous allez aider à mettre à jour la stack technique de la société, la rendre plus moderne. Vous pouvez aider aussi les personnes en interne à grimper en compétence sur ces technologies parce que vous connaissez bien, vous être capable d’adapter l’entreprise et la base de code ou l’infrastructure de l’entreprise aux nouvelles technologies. On va attendre ça d’un senior indépendant.

Il y a un troisième niveau d’expertise technique qui est plus rare, on va même dire beaucoup plus rare, c’est l’expertise technique réelle. Qu’est-ce que j’entends par là ? Reconnue. Par exemple, vous voulez un développeur JavaScript qui connaisse bien telle framework, eh bien ça va être l’un des cor contributors de ce framework JavaScript. Vous voulez un expert PostgreSQL, vous ne voulez pas seulement un expert PostgreSQL, vous voulez le mec qui a développé telle fonction dans PostgreSQL. C’est un niveau d’indépendant vraiment très important, des gens extrêmement spécialisés sur un aspect technique, qui vont apporter une plus-value très importante, qui vont travailler en général des périodes assez courtes, mais extrêmement bien rémunérées. Ça peut monter à 1200, 1 500 euros par jour, mais ils sont très rares, comme je vous le disais.

Après, pour l’indépendant, on va un peu plafonner au niveau des revenus, il n’y aura pas trop de possibilités d’évoluer au-delà de ça, sinon de créer une entreprise, ça veut dire, d’une manière générale, soit de mettre au point et de vendre un produit, soit, vous-même, d’embaucher et de faire travailler des gens pour vous. En tout cas on va sortir du cadre de l’indépendant, réellement indépendant, et on va faire grossir une structure ou mettre au point un produit qu’on va vendre pour déplacer ce plafond de revenus.

Les acteurs du marché de l’emploi