2e édition de la Journée des communs

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Titre : 2e édition de la Journée des communs - Table ronde de clôture

Intervenant·es : Sébastien Soriano - David Marchal - Rémy Seillier - Alexis Kauffmann - - Héloïse Calvier

Lieu : Paris

Date : 4 juillet 2024

Durée : 46 min 03

Vidéo

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration : À prévoir

NB : Transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·es mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Description

Le 4 juillet 2024, l’ADEME et l’IGN ont coorganisé une rencontre avec les lauréats de l’appel à communs « Sobriété et résilience des territoires ».

Transcription

Héloïse Calvier : Merci à ceux qui viennent d’arriver, qui nous ont rejoints pour cette soirée sur le thème « Innover par les communs » et, plus précisément, innover grâce à la coopération permise par les communs.
On a la chance d’avoir quatre intervenants sur le sujet de la coopération et des communs dont trois représentants d’institutions et un représentant d’association.
Je présente Sébastien Soriano, directeur de l’IGN ;, David Marchal, directeur de l’expertise et des programmes à l’Adème ; Rémy Seillier, qui est directeur, président de l’association France Tiers Lieux ; on aurait bien voulu partager le micro avec Yolande prou, pour avoir un peu de mixité sur la table ronde, malheureusement elle n’a pas pu se libérer ; et enfin Alexis Kauffmann, qui est chef de projet logiciel et ressources éducatives libres au ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse.
Cette table ronde a eu lieu dans le cadre du partenariat entre l’Adème et l’IGN, l’IGN qui nous accueille dans ce bel espace de la Géoroom. Nous avons collaboré sur l’appel à communs, un dispositif qui a été conçu dans le but de favoriser la coopération au service de la transition écologique, tout cela pour accélérer l’innovation au service de la transition écologique.
Nous avons échangé, cet après-midi, avec les communs lauréats de l’intérêt commun. L’appel a permis de soutenir une trentaine de projets qui se sont positionnés sur les dix défis de la sobriété, de la résilience et les sujets de l’application de l’appel à communs, sur une centaine de candidatures. Nous avons échangé avec les partenaires pour qu’ils puissent se rencontrer, c’était aussi l’objet de cette journée, les experts en communs et avec les instructeurs et les experts IGN forcément. Nous avons échangé principalement sur les piliers des communs que sont les communautés, la gouvernance et la ressource.
L’idée de cette table ronde, c’est de changer un petit peu d’échelle, de passer de l’échelle des projets de communs à l’échelle des organisations. Je remercie les intervenants d’avoir accepté de participer pour échanger sur ces questions.
Je vais leur proposer de répondre à deux principales questions : déjà, pourquoi votre structure a-t-elle choisi de miser sur les communs ? Et, deuxième question, comment les communs se sont-ils intégrés dans vos organisations, notamment en termes d’outillage juridique, numérique et aussi quels sont les changements de culture que ça a peut-être provoqué dans vos organisations ? Je vous inviterai aussi à partager les questions qui sont peut-être non résolues, en tout cas les zones d’incertitude, pour les mettre au pot commun et peut-êtres identifier, comme ça, de nouvelles pistes de collaboration sur lesquelles nous pourrons travailler ensemble.
Sébastien, je vous laisse commencer.

Sébastien Soriano : Bonjour à tous. Je cherche, mais je n’ai pas mes autocollants, mes super autocollants sur les communs.
Bonjour à tous. Je dis que c’est un traitement inhumain de faire une table ronde à 18 heures 30 !
Je suis vraiment ravi que l’IGN puisse héberger cette communauté, sans oublier de citer l’Adème qui, il faut quand même le rappeler, est l’initiateur de cet appel à communs, auteur du premier appel à communs, on peut dire, après avoir déjà eu des initiatives emblématiques sur la fabrique des mobilités et autres. Nous sommes très heureux.
Les Communs se sont imposés à l’IGN dans la continuité de l'open data. En fait, on faisait déjà tout ce qu’on appelait collaboratif, qu’on continue à appeler collaboratif. Collaboratif, ça veut dire comment on construit nos bases de données en s’appuyant sur d’autres. Typiquement, il y a beaucoup de communes, de métropoles, qui mettent à jour elles-mêmes leurs descriptions du territoire, par exemple la cartographie des rues typiquement. Donc on s’est dit, plutôt que de refaire ce qu’elles font déjà, on va organiser le fait qu’elles puissent contribuer à ces bases de données.
C’est quelque chose qui était fait historiquement, mais en fait, la limite du collaboratif, quand vous n’êtes pas en open data, c’est que la donnée est payante. En fait, vous faites payer les gens trois fois : une première fois, parce que ce sont des contribuables qui payent des impôts, donc qui payent l’IGN ; une deuxième fois, parce qu’ils payent la donnée ; et puis une troisième fois puisqu’ils collaborent en donnant de leur puissance de travail pour faire cette donnée. C’est quand même un petit peu compliqué d’être très convaincant sur ce sujet.
Par ailleurs, on se retrouve aussi avec une diversité de régimes de licences qui peuvent exister, avec énormément de créativité, du coup, c’est compliqué, si vous êtes payant, de dire aux autres que ce serait quand même bien d’avoir des licences plus simples.
L'open data avec la licence ouverte, le choix qui est fait à l’IGN, une licence sans restrictions d’utilisation, permet d’avoir un message hyper clair et d’arriver vers les gens de manière encore plus ouverte. Ça permet de doper le collaboratif. C’est donc comme cela que les communs se sont imposés assez naturellement à l’IGN et ça nous a permis d’ouvrir des questions de gouvernance qu’on ne s’était jamais posées jusqu’à présent : une fois, vous êtes complètement dans la coconstruction, vous pouvez même dépasser le collaboratif ; ce n’est plus seulement « merci d’aider l’IGN à faire des objets d’IGN », ça peut devenir « cool, si on essayait de faire un truc ensemble ; on va décider ensemble de faire. » Ça, c’est vraiment la logique des communs dans laquelle on a basculé.
La deuxième question, comment ça se traduit ?, ce serait assez long à tout expliquer. Ce que je peux indiquer, peut-être, c’est qu’on a commencé par créer un lieu qui est la Fabrique des géocommuns, qui est piloté par Nicolas Berthelot. C’est un incubateur de communs qui suit la méthode dite « produit », qui a été créée par la DINUM. La manière dont on a orchestré ça, c’est qu’on fait d’abord des appels à idées, c’est-à-dire qu’on demande aux gens que pensez-vous qu’il pourrait être chouette de craquer ensemble ? Les gens ont plein d’idées et on sélectionne.
Ensuite, on fait des appels à intrapreneurs. On demande en interne IGN qui se sentirait de craquer ce truc en rassemblant une communauté ? On l’a fait ensuite à d’autres acteurs de l’État. Aujourd’hui, on a même des gens du Cerema, d’un conseil départemental dont j’ai oublié le nom, qui sont aussi des intrapreneurs.
Ensuite, on fait des appels à partenaires pour recenser toutes les personnes qui on envie de nous aider à craquer ça, avec un commun particulièrement emblématique, Panoramax. On a, avec OpenStreetMap, une alternative au petit bonhomme jaune de Google Street View qu’on est en train de bâtir.
J’aurais d’autres choses à raconter, mais, pour l’introduction, je m’arrête. Voilà ce qu’on peut dire.

David Marchal : À l’Adème, notre une mission c’est, bien entendu, la transition écologique. Il y a donc du boulot, il y a des objectifs, ??? [8 min 07] a décrypté tout ça en fixant une trajectoire à 2030. On a 140 millions de tonnes de CO2 à abattre d’ici 2030. Les premières nouvelles sont bonnes, ça s’infléchit, mais il y a encore beaucoup de travail.
Par ailleurs, on a des budgets qui explosent. Les budgets ont été multipliés par quatre ces dernières années pour aider les acteurs à faire leur transition. On fait des appels à projets, c’est notre spécialité, sur l’innovation, sur le déploiement. On en fait plein.
La question, c’est : est-ce que avec ces appels à projets, finalement, on arrive à faire bouger tout le monde ? Le constat est non, on n’arrive pas à faire bouger tout le monde. Bien entendu, c’est indispensable d’accompagner les acteurs, mais il faut aussi essayer de tirer d’autres fils et la question des communs, finalement, vient là. Elle vient sur le fait qu’il y a des problèmes sont trop compliqués à craquer pour le faire tout seul.
L’État et les différents établissements publics ont déjà trouvé plein d’idées pour cela. Un certain nombre de structures existent pour le travail en commun : les ??? [9 min 15] pour les entreprises, les accords de consortium, quand on soutient des projets de R&D, les syndicats d’énergie, les syndicats d’ordures ménagères ; étymologiquement, c’est vraiment la justice ensemble, syndicale, c’est vraiment essayer de répartir de façon juste un bien commun. On accompagne déjà ces structures, pour mettre en place des tarifications incitatives des ordures ménagères, par exemple, avec les syndicats d’ordures ménagères. Ce sont déjà des choses qu’on fait. On accompagne aussi des opérations collectives, par exemple auprès d’une filière qui a envie ou, en ce moment, ce qu’on fait avec ??? [9 min 56], qui est une façon d’accompagner une cinquantaine de collectivités dans la réflexion autour du zéro-artificialisation nette. Nous essayons de les faire réfléchir ensemble et de capitaliser sur les problématiques.
Et puis, il y a les communs et comment on les fabrique. C’est donc une aventure qui a commencé effectivement avec Gabriel [Plassat] sur la Fabrique des Mobilités.
Une fabrique c’est, à mon sens, un commun, une communauté et un passage à l’échelle. Une communauté qui décide de coopérer pour bâtir un commun qui, ensuite, peut passer à l’échelle.
De cette belle idée-là est née l’appel à communs. Cette année 30 lauréats, quasiment deux millions d’euros de soutien, avec une belle collaboration avec l’IGN sur l’expertise des dossiers. Nous sommes très contents.
Il y a de belles réalisations, vous en faites partie, qui sont souvent de natures très différentes, qui sont des communs numériques, qui sont des communs méthodologiques, à l’exemple de la rue commune qui, quelque part, est une méthode, un guide. Il y a des jeux sérieux, il y a des choses très variées.
Bien entendu, aussi pour l’interne, ça ne se fait pas aussi simplement que ça, Gabriel et Héloïse en sont les témoins. Effectivement, nous sommes des ingénieurs avec des logiciels bien rodés, on a des appels à projets, on demande des appels à projets, il y a donc aussi tout un chantier de transformation en interne pour accompagner ce changement. Ça ressemble pas mal à ce que Sébastien a décrit : s’interroger sur les gros problèmes qui sont devant nous ; accompagner aussi avec une formation qui s’appelle « Innovez-vous », formation notamment à l’innovation, aux sujets d’innovation pour que les gens essaient de voir les problèmes autrement – quand on a un marteau, ce sont les clous, c’est bien connu. On essaie de voir véritablement quels sont les conseils pour accompagner les gens dans ces démarches. Ça va parfois vers de la start-up, on a une belle dynamique de start-up d’État ces dernières années. Et puis ça va aussi vers des réflexions sur les communs, et ce n’est pas sans difficultés.
Au-delà de la compétence et de l’accompagnement à un changement de logiciel en interne, on a également des questions plus difficiles, des questions juridiques : quel système met-on derrière un truc comme un commun ? Est-ce que c’est de la R&D, est-ce que ce n’est pas de la R&D ?, c’est notre tambouille interne. Ce n’est pas sans soulever des questions, également du point de vue de nos juristes à l’Adème.

12’ 46

Rémy Seillier : Merci pour l’invitation