« Le Logiciel Libre Déjeuner technologique Bruno Beaufils » : différence entre les versions
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Après super rapidement, maintenant qu'on a défini un peu ce que c'est que le libre, donc en gros les quatre libertés, utiliser, modifier, enfin regarder, modifier, copier et distribuer, il faut un peu comprendre d'où ça vient tout ça. | Après, super rapidement, maintenant qu'on a défini un peu ce que c'est que le libre, donc en gros les quatre libertés, utiliser, modifier, enfin regarder, modifier, copier et distribuer, il faut un peu comprendre d'où ça vient tout ça. | ||
Au début des années 60, 70, en fait dans le monde de l'informatique, dans les technologies de l'information, il n'y avait qu'une seule catégorie d'entreprises qui marchait bien, c'étaient les constructeurs. Je vous ai donné quelques noms, vous en connaissez encore quelques-uns. IBM j'imagine que vous le connaissez encore, qui se porte encore pas trop mal, HP pas trop mal non plus, DEC un peu moins bien. Mais les gros de l'informatique c'étaient les gens qui fabriquaient des ordinateurs. Ça coûtait très très cher, c’était très très gros. Il faut bien comprendre que ça a perduré. Aujourd'hui IBM, si vous regardez bien, si vous vous êtes intéressé un peu au marché de l’information et au marché de l'emploi sur lequel vous allez vous retrouver, IBM n'est pas sous la convention Syntec. IBM est sous la convention UIMM, c'est-à-dire qu'IBM est considéré comme une industrie métallurgique. C'est comme ça qu'IBM est traité aujourd'hui en France. | |||
Des gros constructeurs étaient des gens qui avaient le pouvoir. Donc le logiciel, en gros il n'y avait pas d'industrie, c’était gratuit. Ça coûtait tellement cher d’acheter une machine que le logiciel de toutes façons était fourni avec. Et la plupart du temps les développements se faisaient sur le mode un peu universitaire c'est-à-dire que les équipes discutaient entre elles, aussi bien entre IBM et DEC, plein de protocoles ont été définis par l'un, utilisés par l'autre, etc, il n'y avait pas tellement de concurrence sur le logiciel. La concurrence se faisait sur la rapidité du processeur, sur la quantité d'espace mémoire, etc. Donc il n'y avait pas d'industrie du logiciel du tout. | |||
Début des années 80, il y deux trucs qui ont commencé à apparaître, ce sont les ordinateurs personnels, aussi bien des trucs qu'on montait tout seul, genre ZX80 pour ceux qui connaissent, ou un peu plus loin l'Altair et puis après les grosses machines, les IBM PC, l'informatique s'est miniaturisée grâce au développement technologique et puis du coup on a réussi à faire des ordinateurs qui ont réussi à aller un peu partout. Avant c’était compliqué, si on regarde il y a 45 ans ici à l'université, il y avait un ordinateur. Ça ne fait pas beaucoup ! A partir de 80, entre 80 et 83, le PC c'est 83, entre 83 et 88 on est passé de 20 000 ordinateurs en France à plu de 5 millions ou 6 millions, donc on a une progression très importante. N'importe qui pouvait récupérer un ordinateur. | |||
Du coup les gens qui faisaient de l'informatique pour jouer, pour lesquels le logiciel c’était vraiment un hobby ou c’était des gens qui faisaient un peu de recherche, ont commencé à se dire il y a peut-être un filon, il y a peut-être de l'argent à se faire. Un des premiers à faire ça, c'est 76, 1976, c'est Bill Gates qui était dans un groupe, un petit club de hobbyistes, des gens qui se rencontraient pour monter des ordinateurs, pour écrire des logiciels, etc, il s'est dit eh bien à partir de maintenant, il a envoyé, il y avait dans ce club, un peu comme la ??? par exemple vous aviez un journal hebdomadaire dans lequel chacun peut donner un truc, écrire un programme ou n'importe quoi, lui il a écrit une lettre en disant, lettre ouverte aux hobbyistes en disant ça commence à bien faire, moi j'ai écrit un logiciel, tout le monde s'en sert, sans me demander, sans me payer mon travail. Il n'y pas de raison qu'un logiciel qui a été développé ne soit pas payé, c'est-à-dire que le développeur du logiciel ne soit pas payé. Après, il a raison, sur le fond il a raison, il n'y pas de raison qu'un travail ne soit pas rémunéré. Chaque peine mérite son salaire. En fait il a fait ce courrier, puis ça a commencé à se répandre. | |||
Au début des années 80 on a commencé à voir plein de gens qui ont quitté le milieu des hobbies, des gens qui faisaient ça pour le fun et qui sont allés créer des boîtes. Bill Gates s'est allié avec d'autres pour créer Microsoft. Il y en a d'autres, des gens qui sont partis créer Sun, des gens qui ont créé Oracle, qui ont créé Lotus, qui ont créé plein de grosses boîtes qui aujourd’hui sont les plus grosses industries. Donc l'industrie du logiciel a commencé à arriver à partir de 1980, en gros autour de 1980. | |||
En 83, un chercheur ou un ingénieur du MIT, le MIT vous le savez c'est l'université américaine ???, qui s'appelle Richard Stallman dont je ne vous ai pas montré de photo, mais si on a un peu de temps après, vous imaginez à peu près qui c'est, c'est un monsieur barbu, gros, avec des cheveux…, qui a vraiment l'air d'un ??? a créé un truc qui s'appelait le projet GNU. GNU c'est un TLA, donc c'est un acronyme de trois lettres qui veut dire GNU's not UNIX , c'est récursif. En gros l'idée c'est qu'il travaillait au MIT dans un laboratoire d'intelligence artificielle, il avait accès à plein de logiciels et puis du jour au lendemain on a commencé à lui dire eh bien non tu n'as plus d'accès aux sources, tu n'as plus accès au code que tu utilises. Si jamais tu veux le distribuer, eh bien c'est terminé, il faut que tu payes, etc. Donc il s'est dit, ben moi UNIX, mais UNIX, pour ceux qui ne connaissent pas, c'est quand même le système le plus répandu, qui est créé autour des années 70, créé au début par AT&T puis qui ensuite s'est diffusé. Une branche a été créée par l'université de Berkeley, donc l’université ,et une autre par tous les industriels et chaque constructeur d'ordinateurs a pris un bout d'UNIX pour faire le sien. IBM a fait AIX, HP a fait HP UX, DEC a fait ???, etc, donc chacun avait sa version d'UNIX avec son code à lui. Le code était ouvert au début, il n'y avait pas une licence du tout dessus, chacun l'a pris, en a fait ce qu'il a voulu et puis a commencé à le fermer. | |||
Stallman s'est dit eh bien moi je ne peux plus travailler, du coup ce que je vais faire c'est que je vais créer le projet GNU. Ça paraissait complètement délirant. Il est tout seul, dans son coin et il se dit moi je vais réécrire UNIX, un truc qui existait depuis 10 ans, refaire tout seul. Après il a créé une fondation pour pouvoir supporter ça pour pouvoir vivre de ça, qu'il a appelée la FSF, Free Software Fondation, Fondation du Logiciel Libre et puis finalement ça n'a pas bien marché tout de suite mais il a réussi à créer des choses. Il faut comprendre que les gens dont je parle, Bill Gates comme Stallman comme plus tard Torvalds, sont des informaticiens qui sont un peu forts. Stallman il a écrit Emacs, il a écrit GCC, il a écrit ???, il a écrit deux ou trois trucs qui servent aujourd'hui encore. Il a, en gros, réécrit tous les outils qui lui servaient. La seule chose qu'il n'a pas réussi à écrire, c'est le noyau du système. Vous savez tous ce que c'est qu'un noyau de système, c'est le truc qui nous sert vraiment de ressource sur la machine. Il avait commencé à le faire, le truc n'est toujours pas terminé. Il s’appelle Hurd. Pourquoi ? Pour plein de raisons. D'abord parce qu'il n'y pas eu beaucoup d'énergie autour de ça, et puis parce que c'était une idée un peu originale à l'époque, autour des micronoyaux qui a mis du temps à vraiment accrocher. | |||
Tout ça c'est basé autour d'une idée. Il faut bien comprendre que c'est que Stallman et tous les gens qui gravitent autour de ça. C'est un truc assez vieux, c'est ce qu'on appelle les hackers. Hacker ça n'a vraiment pas la connotation qu'on vous en met dans la presse. Hacker en gros on le traduit en français par bidouilleur : c'est un mec qui bidouille, un mec qui veut savoir comment marche quelque chose. Il y a un philosophe, enfin un étudiant, ce n'est pas un philosophe, un étudiant finnois, qui a développé toute une littérature autour de l'éthique du hacker, que je vous conseille de lire, qui oppose ça à l'éthique protestante. L'éthique protestante est en gros l'éthique du travail. Le travail c'est un devoir moral et quand on fait un travail c'est pour être travail et pour rien d'autre. Ça c'est l'éthique du protestant. L'éthique du protestant c'est je travaille parce ça fait du bien à la société et parce que je vais être payé. Je vais échanger mon temps contre de l'argent. | |||
L'éthique du hacker est définie autrement. Un hacker c'est quelqu'un qui fait quelque chose parce que ça lui plaît. Dans le travail qu'il fait il y a un intérêt intrinsèque, il y a un truc qui lui plaît vraiment dans ce qu'il fait. Donc en gros vous comprenez bien que l'énergie et la manière dont on va travailler est différente quand on suit l'éthique hacker et quand on suit l'éthique protestante. | |||
Stallman comme d'autres, à l'époque, baignent quand même pas mal autour, pour le coup, vraiment des hippies et compagnie et donc ont une vue de la société qui est un peu différente de celle qu'on a aujourd’hui, on y reviendra peut-être un petit peu, dans laquelle il faut s'épanouir d'abord par ce qu'on fait et pas simplement par la capacité à engranger de l’argent. Donc tout ça ce sont quand même des choses qu'il faut avoir en tête, parce que le Logiciel Libre n'est pas né de n'importe quoi. On est vraiment dans l'éthique du hacker, le plaisir de ce qu'on fait plutôt que le devoir moral. | |||
Ensuite en 91, il y a un étudiant de licence, à Helsinki, qui s'appelle Linus Torvalds qui crée et qui distribue sous licence GPL, donc la licence dont j'ai parlé tout à l'heure, le noyau d'un système d'exploitation qu'il a appelé Linux pour faire une blague, parce que tous les systèmes d'exploitation finissent par X : HP UX, IRIX, AIX, etc, donc il a crée le sien en inversant les choses, il l'a appelé Linux, c'était les débuts d'Internet, de l'internet, il a distribué le code sous GPL et puis il a dit voila si ça vous intéresse, jouez avec, faites-moi des remontées, corrigez le code. Il a tout distribué, un peu sous la même idée que Tanenbaum, qui faisait ça, donc Andrew Tanenbaum qui était un enseignant, un peu comme moi mais en moins bon ! Et qui donnait des cours de système d'exploitation, dans lequel le cours, pendant un semestre, c'était d'écrire un système d'exploitation qui s'appelait Minix. Torvalds a fait pareil mais pour lui, pour jouer et pour le coup il l'a fait sur une machine particulière qui était un PC, sur lequel il y avait un processeur assez récent, enfin, un 286 à l'époque. Il l'a distribué en 91 sous GPL puis alors là c'est parti. | |||
En gros ce qui manquait pour que le système UNIX puisse être remplacé complètement par des logiciels libres, c’était le cœur du système. Stallman avait réussi à faire quasiment tout ce qui était autour, de l'éditeur au compilateur en passant pas tous les outils qui permettent de faire de la gestion de documentation, du traitement de texte, etc, donc tout avait été écrit sauf le noyau. Le noyau il fallait encore utiliser un HP UX, un Solaris ou alors un AIX, etc. Là en 91, il y a Linux qui apparaît dans une première version. Du coup il y a des gens qui ont commencé à dire ben voila on a un noyau de système d'exploitation, on a des outils libres, on est capables de faire un truc complet. On va prendre tout ça et puis distribuer ça au grand public sous la forme d'un joli truc tout prêt à utiliser sans avoir le code source mais en donnant le code source à ceux qui le veulent. C'est ce qu'on a appelé les distributions Linux, ou plus exactement les distributions GNU-Linux. Le noyau Linux avec les outils GNU autour. | |||
Ça, ça arrive en 93, la première ça va être ???, puis après on a Debian qui est arrivé Redhat, ect, qui sont arrivés, quelques français s'y sont mis un peu plus tard, n'ont pas eu beaucoup de succès comme Mandriva par exemple, mais en gros on a commencé à faire en sorte qu'installer un système d'exploitation, complet, avec le noyau et les outils soit facile entre guillemets. Aujourd'hui c'est trivial. Aujourd'hui vous bootez, enfin vous démarrez avec un clé USB, ça mais c'est le même principe.Donc en gros une distribution Linux c'est un ensemble de logiciels qu'on a choisi pour vous, qu'on a pré-compilés pour vous, juste pour votre matériel, donc vous vous avez juste à le copier sur votre matériel. C'est possible pourquoi ? Parce que le code est ouvert, parce qu'on a le droit de redistribuer le code, parce qu'on a le droit de le modifier, etc. En gros on a pris le noyau Linux, on a pris les outils GNU, on les adaptés à notre sauce, on les a mis sur un support et on les a distribués. Et si vous vouliez les sources, vous pouvez les avoir. | |||
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Donc en 93 on a commencé à avoir les distributions qui sont apparues et en 98 |
Version du 21 mai 2014 à 16:48
Titre : Le Logiciel Libre
Intervenant : Bruno Beaufils, Maître de conférence en informatique
Lieu : Lille 1, Les déjeuners technologiques
Date : Février 2014
Durée : 1 h 01 min
Lien vers la vidéo : [1]
00' transcrit MO
Bruno Beaufils : Bonjour.
Public : Je ne fais que passer. Je savais que tu étais là.
Bruno Beaufils : Bon. Eh bien bonjour. Désolé de ce retard indépendant de ma volonté. Je vais vous faire une petite présentation autour du Logiciel Libre. Une des difficultés c’est que je ne connaissais pas tellement le public, donc j'ai considéré que c’était essentiellement des étudiants. Donc, désolé pour les gens du fond, je pense que vous n'apprendrez pas grand-chose. Mon espoir c'est que les étudiants non plus n’apprennent rien, en gros, que vous ayez eu des enseignements suffisamment corrects pour savoir ce que c'est que le Logiciel Libre et que, a priori, aujourd'hui, vous vous embêtiez un peu pendant la présentation.
Rapidement pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis Bruno Beaufils, je suis Maître de conférences ici à Lille 1. Je suis en poste à l'IUT, département informatique dans lequel j’enseigne les systèmes d'exploitation, en gros, en majorité. Vous avez mes coordonnées. Et puis il y a un autre truc, c’est que, en dehors de mon boulot, j'ai une vie. J'utilise l'informatique depuis presque aussi longtemps que les gens du fond, mais les logiciel libres depuis 91 à peu près, en gros depuis que je suis arrivé à Lille 1 et je participe un petit peu à la communauté, notamment en étant membre de l'April dont je parlerai un petit peu tout à l'heure si j'ai un peu de temps. Donc vous avez mes coordonnées.
La première chose c'est que la présentation que je vais faire, comme toutes les présentations que je fais sans ma casquette maître de conf, là je ne suis pas en cours donc j'ai le droit de dire ce que je veux, en cours aussi, mais en cours j’essaie d'être un peu poli, elle va être un peu biaisée. C'est-à-dire que j'ai un a priori sur ce que je vais raconter : je suis plutôt favorable au Logiciel Libre et plutôt défavorable au logiciel privateur. Ça va transparaître un peu dans ce je vais raconter. Il faut que vous ayez aussi un peu de sens critique et puis que vous voyez ce que je dis avec un peu de recul s'il le faut.
D'abord le biais vient du fait que je suis ancien chercheur. Normalement si je suis ancien chercheur, dans le public en tout cas, mon objet c'est de diffuser du savoir et donc c'est de faire en sorte que l'information circule librement. Vous allez voir que quand je vais présenter le Logiciel Libre, forcément de par ma nature, de part mon travail, de part mon implication dans l'université, je vais être proche des idées du Logiciel Libre. Ensuite j'utilise et je contribue au Logiciel Libre depuis longtemps, très longtemps, et puis je suis favorable à l'extension du libre, des principes du Logiciel Libre en dehors du cadre des logiciels. On parlera un tout petit peu à la fin, je vous présenterai un livre pour ceux que ça intéresse et puis une émission ou deux qui sont passées récemment à la radio. Je vais vous présenter un truc pour lequel je ne vais pas être pas complètement objectif. Ce qui change, puisque dans le cours je suis complètement objectif, pour les gens qui m'ont eu vous savez que cette fois j'ai été non objectif en cours.
Après incomplète parce que je l'ai faite super vite, pour plusieurs raisons. La première c'est que c'est un sujet qui me tient à cœur et du coup j'ai envie de dire plein de trucs. Et quand on veut dire plein de trucs c'est super compliqué de structurer, c'est super compliqué de faire un choix. Donc je l'ai faite volontairement assez technique du point vue de la conception du logiciel, donc de la naissance et pas tellement des logiciels eux-mêmes. Ensuite c'est incomplet parce que vous allez voir que des licences qui se disent libres, licences d'utilisation qui se disent libres, il y en a une flopée, enfin c'est un des points noirs du monde du libre, c'est qu'il y a beaucoup, beaucoup de licences, avec des petites subtilités à chaque fois et avec des petites distinctions dont une grosse qu'on verra tout à l'heure entre Logiciel Libre d'un côté et logiciel ouvert de l'autre.
Donc mon objectif c'est d'essayer de vous faire comprendre ce que c'est que le Logiciel Libre, de vous convaincre de son intérêt et si jamais j'ai réussi à faire ça je suis content. Après, ce que j'aimerais bien, c'est que vous réussissiez à avoir envie de participer à cet effort, enfin à ce mouvement. Je pense que si vous êtes là c'est que vous êtes un petit peu intéressé, donc vous l’êtes déjà plus ou moins. Et puis après c'est juste introductif parce qu'à la fin je vous donnerai quelques liens pour aller plus loin.
D'abord, vous êtes, j'espère, tous plus ou moins informaticiens, vous savez ce que c'est qu'un logiciel, donc ce que je vais vous dire là vous le savez déjà. Un logiciel c'est juste une suite d'instructions qui normalement va être exécutée sur un processeur, enfin un microprocesseur particulier. Vous savez qu'un programme et l'informatique au sens général ça ne sert qu'à deux choses : un, faire des calculs, deux stocker le résultat de ces calculs. Là je prends l’aspect très technique ; ça ne fait rien de plus que ça. Le calcul ça peut être ce qu'on veut, c'est le traitement de n'importe quel type d'information. L'information étant un nombre, enfin un truc qu'on représente par des nombres, comme on veut, mais en gros ça ne sert qu'à ça. Le troisième truc que j'ai mis c'est évidemment réutiliser ces résultats. Si on fait un calcul qu'on a un résultat dont on ne se sert pas, ce n'est pas très intéressant. Voilà à quoi sert un logiciel.
Vous savez, en gros comment on le construit. On le construit, d'abord en écrivant ce qu'on appelle un programme source, on va dire, pour simplifier un peu les choses. Ce programme source il est généralement écrit dans un langage de programmation qui n'est pas directement exécutable par le processeur. C'est assez rare d'écrire directement dans le jeu d'instructions du processeur sur lequel on va travailler. C'est possible, c'est possible dans plein de cas, notamment dans l'embarqué, en même temps on n'a pas forcément de compilateur. La plupart du temps on écrit un truc qu'on appelle le code source. Et il y a quelqu’un qui l'écrit ; donc il y a un humain qui l'écrit. Pour définir un logiciel il faut définir qui est l'auteur du logiciel et puis ensuite comment a été écrit ce logiciel, donc avec quel langage de programmation, quel code source on a utilisé. Et enfin, à partir du langage de programmation et du code source, généralement ce qu'on fait c'est qu'on fait une version exécutable, d'un manière ou d'une autre, soit en la compilant, soit en interprétant à travers une machine virtuelle, comme par exemple ce que fait Java, ou ce qu'on pourrait faire avec n'importe quel autre interpréteur comme Python, PERL ou ???. En gros voila ce que c'est qu'un logiciel.
Ce qui nous intéresse là-dedans, dans la conception du Logiciel Libre, c'est le code, qu'il soit source ou exécutable on s'en fout parce qu'a priori, quand on a le code exécutable on peut toujours essayer de revenir en arrière en faisant ce qu'on appelle du rétro-ingéniering, c'est-à-dire en allant regarder les instructions comment comment elles sont exécutées sur le processeur. C'est un peu compliqué, il faut mieux avoir accès au code source. C'est ça, c'est le code d'un côté et puis l'auteur. L'auteur est donc la personne qui a écrit le code et qui en a la propriété puisqu'on verra qu'a priori quand on a écrit un truc, quand on a une idée, pour l'instant elle est protégée. Je rajoute qu'un logiciel ça ne vit pas tout seul. Un logiciel c'est fait pour être en interaction avec des humains, donc ce qu'on va appeler des utilisateurs et puis ça aide, de temps en temps, de communiquer avec d'autres ordinateurs, c'est-à-dire avec d'autres logiciels, avec d'autres programmes, par exemple pour l'échange de données qu'on a vu dans le premier point. Ce qui m'intéresse, c'est l'auteur d'un code source. Ça c'était du point de vue de la technique en gros, ça c’était du point de vue de l'informatique. Vous savez ce que c'est qu'un logiciel. Du point de vue du droit, c'est quoi un logiciel ? C'est une idée. C'est une idée qui a été écrite. On pourrait comparer un logiciel à, par exemple, je grossis le trait à chaque fois, un livre, une chanson, une musique, n'importe quoi. Il y a quelqu'un qui écrit l’œuvre, qui a eu l'idée, qui la met en œuvre. C'est un peu plus compliqué dans le monde de la musique ou des lettres parce qu'il n'y pas qu’un seul auteur, il y un auteur, un interprète, enfin il y a plein de personnes qui concourent à la réalisation de l’œuvre. Dans l'informatique on peut considérer qu'il y a un auteur ; alors quand je dis auteur, ça peut être un ensemble de gens, en gros ça peut être une entreprise, une organisation. C'est pour ça que je l'appelle éditeur.
Un éditeur, quand il a une idée, quand il a développé un logiciel, il est simplement propriétaire de son œuvre, donc il est propriétaire de son logiciel. Propriétaire ça veut dire qu'il en fait ce qu'il veut : il peut vous le donner, il peut vous le vendre, il peut vous concéder les droits qu'il a dessus, ce qu'il veut. Il est protégé dans tous les pays du monde, en tout cas donc quasiment dans tous les pays qui sont à l'ONU ou à l'OMC par un truc qu'on appelle le droit d'auteur. Le droit d'auteur, en anglais c'est copyright, c'est un ensemble de droits qui sont appliqués dans les différents pays qui sont reconnus par des organisations et des actes, des pactes entre pays pour protéger le propriétaire d'une idée ou d'une œuvre.
Et du coup l'éditeur, le propriétaire fait ce qu'il veut avec son idée, avec son œuvre. Vraiment, il fait ce qu'il veut et la plupart du temps on considère que le copyright c'est un truc qui est fait pour protéger et faire gagner de l'argent à l'auteur, mais pas forcément. Tout ce que ça implique le copyright c'est qu'il y a un droit de propriété sur une œuvre. C'est tout. Le propriétaire en fait ce qu'il veut.
A l'autre bout de la chaîne, quand vous avez écrit un logiciel, ce qui nous intéresse, c'est qu'il soit utile à des gens. Ça peut n’être qu'à vous : vous avez peut-être écrit un logiciel qui ne vous sert qu'à vous. Très bien ! Vous êtes content. Vous ne vous en servez pas plus que dans votre utilisation personnelle, il n'y a pas de problème. Mais la plupart du temps, ce n'est pas ça. Si on regarde la planète, on est aujourd'hui six ou sept milliards, les gens qui sont informaticiens sur la planète, il n'y en a pas beaucoup. C'est une race super rare. Il y moins de un pour cent de gens sur la planète qui sont informaticiens. Donc la plupart des gens utilisent des outils informatiques, donc des calculs électroniques, sans vraiment avoir les compétences pour écrire les outils dont ils ont besoin. Aujourd'hui vous avez quasiment tous un téléphone portable ; il y a plus de téléphones portables en France que de téléphones fixes, quasiment, pourtant je suis assez convaincu que si on fait un micro-trottoir dans la rue, personne ne sait comment fonctionne un téléphone portable pour de vrai ; on ne sait pas comment ça fonctionne. Du point de vue du matériel on ne sait pas comment ça fonctionne, du point de vue logiciel ; on n'a pas les compétences. Pourtant on en a besoin. Aujourd'hui on a besoin du téléphone portable, par exemple pour téléphoner en cas d'urgence ou en cas de problème. On a des besoins qui sont identifiés par des gens qui n'ont pas forcément les compétences pour trouver la solution à ces besoins.
Du coup si un utilisateur a besoin d'un logiciel et qu'il n'a pas les compétences pour l'écrire il va être tributaire de quelqu'un qui va écrire le logiciel pour lui. Donc il va être tributaire d'un éditeur, d'un auteur, donc de quelqu'un qui va écrire un programme, donc de vous, en gros vous plus tard. Plus tard vous serez tous éditeurs ou auteurs de logiciels. Du coup il y a une liaison entre le propriétaire du logiciel et puis l'utilisateur. Cette liaison se fait par un contrat. Ce contrat c'est ce qu'on appelle une licence.
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Dans une licence on met ce qu'on veut. Le propriétaire du logiciel fait ce qu'il veut avec sa licence. C'est son œuvre alors il met ce qu'il veut dedans. En gros les deux sont liés, l'éditeur et l'utilisateur sont liés. Généralement il y a un éditeur et plusieurs utilisateurs, mais on pourrait très bien imaginer que, comme dans des échanges de troc comme on pouvait le constater avant les apparitions de monnaie, que deux interlocuteurs. La plupart du temps ce n'est pas ça, c'est un vers quelques. Donc il y a un contrat entre les deux et ce contrat on appelle ça une licence.
Les licences logiciels, on les appelle souvent abusivement les licences d'utilisation logiciel, c'est-à-dire les licences logiciels la plupart du temps, il y en a de deux catégories, il y a les licences qu'on appelle libres et celles qu'on appelle non libres et je mettrai des noms derrière non libres tout de suite après.
Une licence libre, c'est une licence pour laquelle un propriétaire de logiciel a décidé de faire respecter quatre libertés, quatre droits particuliers, c'est-à-dire qu'il est propriétaire d'une œuvre et il donne quatre droits à n'importe qui, qui veut utiliser son œuvre. Les quatre droits sont notés liberté zéro, un, deux et trois.
En gros la première c'est de pouvoir utiliser sans aucune restriction le logiciel. Je reviendrai sur quelques exemples tout à l'heure. La seconde c'est de pouvoir l'étudier et le modifier. Vous avez un logiciel vous avez le droit de regarder ce qu'il y a dedans, vous avez le droit de le modifier s'il ne vous plaît pas, si jamais vous en avez les compétences ou le faire modifier par quelqu'un si vous n'avez pas les compétences directes.
La troisième c'est de le redistribuer. C'est-à-dire que vous avez récupéré le logiciel, vous avez le droit de le redistribuer à qui vous voulez et la quatrième, enfin la liberté trois, c'est de le redistribuer avec les modifications que vous avez apportées. La première est super importante et souvent on ne la comprend pas très bien. Une licence libre vous confère le droit de faire ce que vous voulez avec votre logiciel, y compris préparer des attentats. Il n'y a aucune restriction possible sur l'utilisation d'un logiciel libre. Dès qu'on en met une on n'est plus libre. Je pousse volontairement le bouchon un peu loin quand je dis un attentat parce que vous comprenez tout de suite qu'il y a une idée de méchant et pervers, mais a priori on ne doit pas préjuger l'utilisation d'un logiciel. Si on préjuge l'utilisation d'un logiciel, comme on pourrait le faire par exemple pour les logiciels privateurs, a priori ça veut dire qu'on n'est pas libre, c'est-à-dire qu'on ne donne pas toute la liberté à l'utilisateur final, à la personne qui va se servir du logiciel qu'on a écrit. D'accord ? On est bien propriétaire de cette version du logiciel.
La seconde c'est dire qu'on doit donner le code source. En gros on ne doit pas écrire un logiciel et le distribuer à quelqu'un en disant « Tu en fais ce que tu veux, mais je ne te dis pas comment ça marche ». C'est-à-dire qu'on ne fait pas du Apple. Clairement quand on donne un truc, on doit savoir comment ça fonctionne derrière. On doit être capable de le faire. Je ne dis pas que vous allez le faire, mais vous avez la possibilité de le faire, on vous donne la possibilité de le faire. C'est-à-dire que pour vous, ça veut dire que quand vous avez développé un logiciel, vous ne distribuez pas simplement un binaire, vous distribuez un binaire et un source. Surtout, si jamais vous n'avez pas le source, vous dites « Vous avez le droit d'aller regarder comment le binaire a été construit. Je ne vous interdis pas de faire quoi que ce soit sur le binaire, à regarder en arrière, de faire du rétro-ingéniering sur le binaire par exemple ».
Le redistribuer et le redistribuer avec les versions modifiées. Ça veut dire qu'en gros vous avez le droit d'aider votre prochain. Quelqu'un qui est à côté de vous, qui ne connaissait pas forcément l'éditeur, qui vous connaît vous, sait que vous faites un truc, il sait que le vous le faites avec un logiciel particulier, vous avez le droit de lui donner, vous avez le droit de lui donner, après l'avoir récupéré tel quel, vous avez le droit de lui donner après avoir fait des modifications ou avoir fait faire des modifications. Ces quatre lois sont super importantes. Une licence qui va être libre est une licence qui respecte ça strictement. Dans le monde on a des licences libres et on a celles qui ne sont pas libres. Celles qui ne sont pas libres, souvent, à tort, on les appelle licences propriétaires. Il n'y a pas de raison de les appeler licences propriétaires. Vous êtes propriétaire du code que vous écrivez, même si vous avez défini ou distribué votre logiciel sous une licence libre. Vous êtes toujours propriétaire. Pour moi le contraire de libre, c'est être en prison. Être en prison c'est être privé de quelque chose. En gros le contraire de licences libres ce sont les licences que moi j'appelle privatrices, je ne suis pas le seul, et puis je ne suis pas le premier ; je ne pense pas que je suis celui qui le dise le plus fort. On en parlera un petit peu tout à l'heure.
Une licence non libre ou privatrice, c'est en gros une licence qui restreint une des quatre. C'est-à-dire que si on a une des quatre libertés qui est restreinte, on est dans une licence qui est privatrice. Elle vous prive d'une des libertés qui sont là. Ça se voit très nettement, on le verra tout à l'heure si on a un peu de temps de parler des logiciels qui ont été libérés, il y a plein de codes de logiciels qui ont été libérés. Libérés ça veut dire qu'avant on était en prison. On a libéré par exemple le code de Mozilla, on a libéré le code de StarOffice. On en reparlera un petit peu tout à l'heure.
A l'opposé des logiciels sous licence libre, on a souvent des logiciels sous licence qu'on dit non libre donc privatrice qui sont généralement des trucs que vous ne lisez pas. Enfin la plupart du temps quand on démarre un logiciel on ne fait pas attention à ça. Quand vous démarrez votre iPhone, c'est-à-dire un super iPhone, vous cliquez plein de fois sur « J'accepte », vous n'avez pas lu le truc écrit en tout petit très, très long, ce qu'on appelle le Contrat de Licence Utilisateur Final. La plupart du temps c'est un contrat comme une licence libre. Dans ce contrat on fixe explicitement des cadres à l'utilisation de ce que vous avez acheté, ou de ce qu'on vous a donné. Il n'y a aucune notion d'argent entre libre, non libre. On peut avoir un truc libre, on en parlera tout à l'heure, qui est payant, un truc non libre qui est gratuit. Un truc non libre, la CLUF que vous connaissez la plus, souvent, sans vraiment l'avoir lue en entier c'est la CLUF de Microsoft, qui, en gros fixe l’utilisation prévue du logiciel auquel vous avez accès, je reviendrai par exemple sur un cas 'particulier de CLUF qui est un peu perverse. On vous interdit généralement de faire de la rétro-ingénierie, c'est-à-dire qu'on ne vous donne pas le source, on ne vous donne pas le code source de votre logiciel mais on vous interdit d’aller le construire, de le regarder.
On peut vous l'interdire, ça ne veut pas pour autant dire que vous n'allez pas pouvoir le faire. On ne vous empêche pas techniquement de le faire. On vous empêche légalement de le faire. Après techniquement on peut essayer vous empêcher, mais vous savez bien qu'il n'y a aucune mesure de contrainte technique qui tient très longtemps. Plus ça va plus on va réussir à les casser. Et enfin on vous interdit de la copier. Ça c'est généralement ce qu'on voit dans les CLUFS, donc dans les contrats de licence d'utilisateur final.
J'insiste sur le fait que je n'ai pas parlé d'argent. Je prends un exemple précis. Vous êtes tous ici étudiants, vous avez tous, plus ou moins, eu un jour ou l'autre, à faire à Microsoft parce que vous étiez intéressé par un programme. Je dis Microsoft, mais je pourrais dire Apple ou IBM, par un programme qui s'appelle par exemple le programme Academic Alliance ou le programme University chez IBM, etc, dans lequel on vous donne accès gratuitement à tout un tas de logiciels, par exemple le programme MS??? donc de Microsoft est un programme auquel on donne accès à tous les étudiants, gratuitemen,t à tous les outils de développement de Microsoft. Vous avez le droit de tout récupérer gratuitement chez Microsoft et complètement, enfin version complète. Pourtant il y a une CLUF. Ce n'est parce qu'on vous donne accès gratuitement à un truc que c'est un logiciel libre. On vous donne accès à quelque chose en vous privant d'un certain nombre de libertés. Par exemple si vous lisez bien les termes des licences de ce genre de programme, on vous interdit d'utiliser ces logiciels en dehors du cadre universitaire. On vous interdit de faire de l'argent avec, par exemple. On vous interdit plein de choses. En gros tous ces CLUFS sont souvent des choses qui sont privateurs au sens, non pas privateurs d'argent, mais privateurs de vraies libertés d’utilisation. C'est vraiment sur l'utilisation que la plupart du temps on a une privation. C'est pour cela que la liberté zéro a été rajoutée. En fait quand les libertés ont été crées pour le Logiciel Libre, on a commencé par les trois. Puis il en manquait une, et comme elle paraissait plus importante que les autres, on l'a mise en premier. Ce n'est pas parce qu'en informatique on commence par compter par zéro ça tombait bien, mais ce n’était pas vraiment pour ça. La liberté d'utilisation a été vraiment celle qui a été rajoutée en dernier, quand Stallman a créé tout ça, on en reparlera tout à l'heure.
Du coup il y a une petite technique qui a été utilisée ou qui est souvent mise en avant par les gens qui défendent le Logiciel Libre pour dire on respecte la loi, c'est simplement qu'on va bien faire comprendre que a priori le droit d'auteur nous intéresse mais on ne veut pas s'en servir comme il a été prévu mais en le détournant. Donc on fait ce qu'on appelle du copyleft et vous avez ici une phrase qu'on trouve dans la définition du copyleft selon la FSF. En gros pour mettre un logiciel sous copyleft, c'est super simple, on le met d’abord sous copyright, et puis après on rajoute ce qu'on veut derrière. C'est-à-dire qu'en gros on dit ce logiciel m'appartient, c'est moi qui l'ai édité, c'est moi qui en suis l'auteur et j'en fais ce que je veux, et du coup, je rajoute comme contrainte sur la licence que j'y applique les quatre libertés enfin le respect des quatre libertés que je viens de citer. C'est un truc qu'on fait très souvent.
Ce qu'il faut bien comprendre là-dedans c'est qu'il y a un aspect viral. Dans les quatre libertés et dans le copyleft, c'est qu'on oblige un logiciel sous copyleft à rester sous copyleft tout au long de sa vie. C'est-à-dire que vous ne pouvez pas dire j'ai un logiciel libre que j'ai récupéré, j'en fais ce que je veux, je le ferme, je ne distribue plus le code, je fais de l'argent avec, je le distribue sans vous donner le code. Vous ne pouvez pas faire ça. Il y a un vrai aspect viral, on en reparlera un petit tout à l'heure si on un petit peu de temps, c'est un des reproches qu'on a fait aux licences libres, c'est qu'elles sont virales. Quand vous mettez une licence copyleft, quand vous mettez un logiciel sous copyleft, il ne peut plus quitter le copyleft, plus jamais, légalement. Si quelqu’un lui faisait quitter le copyleft, vous pourriez l'attaquer au tribunal et vous gagneriez. C'est ce qui s'est passé plusieurs fois déjà, à chaque fois que quelqu'un a essayé de s’attribuer du code qui était sous copyleft et qu'on a pu le prouver devant un tribunal, la personne qui a, ou l'entreprise, l'organisation, ça se fait souvent dans le monde embarqué, qui a mis le logiciel sous copyright sans mettre le copyleft, a perdu et a dû payer des sommes importantes et surtout a dû ouvrir le code, c'est ça qui est important. Les sommes ne sont pas très au centre du débat là-dedans.
Donc il a un aspect viral qui est super important dans la copyleft. Ça c'est une technique qui est mise en place, vous comprenez bien que cette technique c'est un peu du hacker, en gros on bidouille le truc. On a une loi qui ne nous intéresse pas tellement, qui a une interprétation commune qui ne nous intéresse pas tellement, eh bien on essaye de la détourner. On va revenir tout de suite après.
19'41
Il y a quelques exemples de logiciels, de licences libres. J’imagine que vous avez tous accès à un terminal Linux puisque vous êtes tous des étudiants sérieux, pour ça, on va en lire une de licence, il y en a une qui est très connue qui est la plus répandue, c'est ce qu'on appelle la GPL, vous l'avez un peu partout, qui est la GNU, General Public Licence, le G n'a rien à voir avec GNU, on verra tout à l'heure ce que c'est GNU quand je ferai un petit peu d'historique, mais la General Public Licence, c'est une licence publique générale qui, en gros, assure les quatre libertés dont je vous parlais tout à l'heure. Il y a un préambule sur comment ça fonctionne et puis, ensuite, on donne les termes et les conditions de la licence. Elle existe anglais et uniquement en anglais. Elle a été traduite en français, mais, a priori, la traduction française n'a pas de valeur légale. Il y a d'autres licences qui s'y rapprochent. La première c'est qu'elle s’applique à n'importe quoi et vous pouvez faire n'importe quoi avec, la liberté zéro. La seconde c'est que vous pouvez copier et redistribuer comme vous voulez, la troisième c'est que vous pouvez la modifier et la quatrième c'est que vous pouvez distribuer des versions modifiées. Ce truc-là vous y avez accès tout le temps, partout, si vous avez une machine. Pour être précis, si vous avez un téléphone portable, en cherchant un peu vous allez la trouver, en cherchant un peu avec les systèmes d’exploitation qui tournent aujourd'hui sur téléphone portable aussi bien l'ioOS que Android , il y a du code GPL là-dedans, ne serait-ce que via les ???.
Il y a plein d'autres licences sur lesquelles on reviendra un petit peut tout à l'heure, mais avant de poursuivre, il faut vraiment abattre quelques malentendus autour du Logiciel Libre. Il y a un problème de fond avec tout ça, le Logiciel Libre, c'est qu'historiquement ça vient de l'anglais. On le verra tout à l'heure, c'est un américain qui a créé le mouvement du libre et en anglais libre ça se dit free. Sauf que gratuit en anglais ça se dit free aussi. Du coup il y a un problème c'est que beaucoup de gens ont interprété la création de la licence, de la GPL et puis de tout ce qui est venu après, comme étant le développement du Logiciel Libre, du free software, comme du logiciel gratuit. Du coup on a fait une distinction assez claire dans les discours, en tout cas certains la font de manière assez claire entre deux choses, entre free as free speech, libre comme dans la liberté d'expression et puis as a free beer, comme, vous avez compris ce que ça veut dire, aller boire un coup gratos. Donc il y a deux choses complètement différentes. Le free dont on parle c'est le free comme free speech pas comme free beer. Du coup ça veut dire que libre égal gratuit, ce qu'on a dans la tête, ce que les gens ont dans la tête, ce qu'on a essayé de vous mettre dans la tête, c'est faux ! On peut très bien avoir un Logiciel Libre qui soit payant. Ça vous parait toujours un peu bizarre, mais il y a plein d'explications possibles. Ça peut être payant tout simplement parce que la production du logiciel, ou la construction du binaire pour un système d'exploitation particulier coûte de l'argent à l'auteur et que l’auteur n'a pas envie de produire le binaire, de vous le distribuer et de payer de l'argent. C'est le cas par exemple avec ce qui se passe aujourd'hui avec les markets places. Quand vous mettez un logiciel en ligne sur un market place, sur le market place, enfin sur l'App Store, je ne sais pas comment vous appelez ça en fonction de votre téléphone, sur l'App Store Apple, vous devez payer, vous devez participer d'une manière ou d'une autre au dépôt du logiciel. Donc l'auteur a besoin d'argent pour déposer le binaire. Il se peut très bien qu'on vous donne un logiciel en vous le faisant payer. On a toujours les quatre libertés.
Pour le coup, moi ça m'est arrivé il n'y a pas très longtemps, j'ai un gamin qui a cinq ans, qui joue pas mal avec un truc qui s'appelle Gcompris, qui est une suite ludique créée par un français et j'ai voulu l'installer sur une machine avec un système d’exploitation non libre, privateur qui s’appelle Mac OS 10 et pour le coup le logiciel est gratuit, libre et disponible sur toutes les distributions Linux. On reparlera tout à l'heure de ce que c'est qu'une distribution Linux mais j'imagine que vous savez ce que c'est. Sous Mac OS ou sous Windows il est payant. C’est-à-dire qu'en gros vous avez une version bridée. Si vous voulez la version complète, il faut payer. C'est ridicule, on paye deux ou trois euros. Mais on paye un truc libre ; on paye un truc dont on a les sources. J'aurais très bien pu aller récupérer les sources tout seul et les recompiler et ça ne m'aurait rien coûté. D'accord ! Sauf que ça ne me plaisait pas et du coup j'ai payé un logiciel qui est complètement libre. Pour le coup la licence c'est vraiment la GPL. Donc libre égal gratuit, ça c'est un truc qu'il faut s'enlever de la tête. C'est vraiment faux !
Ensuite libre différent de commercial. Ça aussi il faut se l'enlever de la tète. Commercial ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'en gros vous êtes payé pour faire un truc. Quand vous faites un travail vous touchez de l'argent de quelqu'un, de la personne pour qui vous faites le travail. On peut très bien imaginer qu'on est en train de faire un travail qui va ensuite, donc pour vous développer un logiciel, qui va ensuite être distribué sous licence libre. Il faut juste trouver quelqu’un pour le payer. Ce quelqu’un pour le payer ça pourrait être par exemple une administration. Il n'y a aucune raison qu'une administration ne paie pas ses fonctionnaires quand ses fonctionnaires développent du logiciel. Les gens qui sont au fond là-bas, ils sont administrateurs système dans un bâtiment pas bien loin d'ici, ils sont payés pour le travail qu'ils font. Et pourtant ils produisent du logiciel donc libre, et qui est la plupart du temps libre, si on leur demande gentiment, je pense qu'ils le mettront sous logiciel libre.
Donc en gros libre et commercial ça peut très bien se marier. Pour le coup il y a beaucoup d'entreprises aujourd'hui en France qui vivent du Logiciel Libre. Il y a même une branche professionnel complète, des syndicats, pardon, d'entreprises complets, comme par exemple le syndicat des sociétés de service en Logiciel Libre dont on peut citer Linagora, on peut citer Smile, etc, qui ne sont pas des petits des SSII. Ce sont des SSII spécialisées dans le Logiciel Libre . Je prends l'exemple de Smile qui est sur Lille par exemple, c'est entre sept et huit cents personnes en France. Ce n'est pas une petite SSII. C'est entre cinquante et soixante quinze millions, je ne me rappelle plus exactement, de chiffre d'affaires. Ce sont des gens qui font de l'argent avec du Logiciel Libre. Donc on peut très bien vivre du Logiciel Libre. Libre et commercial ça peut très bien aller ensemble. Il ne faut pas imaginer que libre c'est un truc d'anarcho communistes qui vont doucement mal raser, qui ne pas bons et qui vont aller limite ???. Ce n'est pas du tout ça. Libre c'est simplement qu'on vous donne des libertés et donner des libertés ça permet à des gens de faire un ??? pour tous. Il ne faut pas les confondre.
Ensuite il ne faut pas imaginer, et j'en ai un petit peu parlé tout à l'heure, que le téléchargement gratuit ça veut dire que c'est libre. Je reprends l'exemple de MS ??? ou de Apple ou de IBM University. On vous donne accès gratuitement à des choses. Ce n'est pas pour autant que vous avez le droit d'en faire ce que voulez. La plupart du temps c'est ce que vous faites, c'est-à-dire que vous téléchargez, vous installez, vous ne regardez pas le truc, vous faites « J'accepte » et puis pouf on n'en parle plus. D'accord ? Ça c'est illégal. C'est-à-dire que quand vous avez un contrat il faut lire le contrat et l'accepter. Quand vous acceptez un contrat, vous acceptez tous les termes du contrat et dans les termes du contrat il est par exemple dit explicitement que vous n’avez pas le droit de faire autre chose que de préparer de l'enseignement. Je parle par exemple aux chercheurs qui sont dans la salle, la plupart du temps dans les programmes de Microsoft Academic Alliance, vous n'avez pas le droit d'utiliser les logiciels du programme MS ???, qui a changé de nom maintenant donc la licence a peut-être changé, vous n’aviez pas le droit il y a encore deux, trois ans d'utiliser les logiciels de ce programme-là pour faire de la recherche, ni pour faire de l'exploitation. Vous aviez le droit d'en faire de l'enseignement. C'est super pervers parce que vous comprenez bien que moi sur mon portable je ne fais pas que de l'enseignement ou que de la recherche, je fais les deux : mon portable me sert aux deux. Une fois que j'ai installé un logiciel qui est sous cette licence-là, comment je peux prouver que ce que je suis en train de faire est simplement de la recherche ou simplement de l'enseignement.
Vous comprenez que derrière il y a le capitalisme qui récupère tout ça, c'est-à-dire que l'idée c'est de vous familiariser avec un outil surtout quand vous êtes étudiant, et quand vous êtes parti vous êtes habitué à ce truc-là. À un moment ou un autre vous serez prescripteur en l’entreprise de ces logiciels qui vous facilitent la vie entre guillemets parce que, en gros, on vous l'a donné et puis ils remplissent directement une fonction qui était nécessaire pour votre formation. Donc téléchargement égal libre, ça aussi c'est faux !
Et enfin accès aux sources égal libre, ça c'est faux aussi. Ça c'est un point très important, très dur dont on va parler un tout petit peu après. Quand on a accès aux sources d'un programme, ce n'est pas pour autant qu’il est libre. Le meilleur exemple, c'est que l'armée en France a accès au code de Microsoft Windows. Microsoft Windows n'est pas libre, alors sous certaines conditions, certains bouts de code, certaines universités, certaines équipes ont accès au code de Microsoft Windows. Il n'est pas libre pour autant. Ce qu'on vous montre comment fonctionne un truc qui est libre. Historiquement les premiers logiciels qui étaient installés, on en reparlera tout à l'heure, sur les machines, sur les gros systèmes étaient des logiciels dont on avait les sources. Quand je suis arrivé ici moi les logiciels qu'on récupérait, je parle de ???, étaient des logiciels dont on avait les sources pourtant c’était un logiciel était privateur, édité par une entreprise qui nous faisait payer et qui nous interdisait de le modifier. En revanche elle nous montrait le code pour qu'on sache comment ça fonctionne. D'accord ? Ce n'est pas parce qu'on vous montre le code d'un logiciel que vous avez le droit de considérer que vous pouvez en faire ce que vous voulez.
Ça ce sont des malentendus qu'il faut vraiment oublier. Libre ça ne vaut pas dire tout ça. Ça ne veut pas simplement dire les choses qui sont malhonnêtes en gros.
28' 10
Après, super rapidement, maintenant qu'on a défini un peu ce que c'est que le libre, donc en gros les quatre libertés, utiliser, modifier, enfin regarder, modifier, copier et distribuer, il faut un peu comprendre d'où ça vient tout ça. Au début des années 60, 70, en fait dans le monde de l'informatique, dans les technologies de l'information, il n'y avait qu'une seule catégorie d'entreprises qui marchait bien, c'étaient les constructeurs. Je vous ai donné quelques noms, vous en connaissez encore quelques-uns. IBM j'imagine que vous le connaissez encore, qui se porte encore pas trop mal, HP pas trop mal non plus, DEC un peu moins bien. Mais les gros de l'informatique c'étaient les gens qui fabriquaient des ordinateurs. Ça coûtait très très cher, c’était très très gros. Il faut bien comprendre que ça a perduré. Aujourd'hui IBM, si vous regardez bien, si vous vous êtes intéressé un peu au marché de l’information et au marché de l'emploi sur lequel vous allez vous retrouver, IBM n'est pas sous la convention Syntec. IBM est sous la convention UIMM, c'est-à-dire qu'IBM est considéré comme une industrie métallurgique. C'est comme ça qu'IBM est traité aujourd'hui en France.
Des gros constructeurs étaient des gens qui avaient le pouvoir. Donc le logiciel, en gros il n'y avait pas d'industrie, c’était gratuit. Ça coûtait tellement cher d’acheter une machine que le logiciel de toutes façons était fourni avec. Et la plupart du temps les développements se faisaient sur le mode un peu universitaire c'est-à-dire que les équipes discutaient entre elles, aussi bien entre IBM et DEC, plein de protocoles ont été définis par l'un, utilisés par l'autre, etc, il n'y avait pas tellement de concurrence sur le logiciel. La concurrence se faisait sur la rapidité du processeur, sur la quantité d'espace mémoire, etc. Donc il n'y avait pas d'industrie du logiciel du tout.
Début des années 80, il y deux trucs qui ont commencé à apparaître, ce sont les ordinateurs personnels, aussi bien des trucs qu'on montait tout seul, genre ZX80 pour ceux qui connaissent, ou un peu plus loin l'Altair et puis après les grosses machines, les IBM PC, l'informatique s'est miniaturisée grâce au développement technologique et puis du coup on a réussi à faire des ordinateurs qui ont réussi à aller un peu partout. Avant c’était compliqué, si on regarde il y a 45 ans ici à l'université, il y avait un ordinateur. Ça ne fait pas beaucoup ! A partir de 80, entre 80 et 83, le PC c'est 83, entre 83 et 88 on est passé de 20 000 ordinateurs en France à plu de 5 millions ou 6 millions, donc on a une progression très importante. N'importe qui pouvait récupérer un ordinateur.
Du coup les gens qui faisaient de l'informatique pour jouer, pour lesquels le logiciel c’était vraiment un hobby ou c’était des gens qui faisaient un peu de recherche, ont commencé à se dire il y a peut-être un filon, il y a peut-être de l'argent à se faire. Un des premiers à faire ça, c'est 76, 1976, c'est Bill Gates qui était dans un groupe, un petit club de hobbyistes, des gens qui se rencontraient pour monter des ordinateurs, pour écrire des logiciels, etc, il s'est dit eh bien à partir de maintenant, il a envoyé, il y avait dans ce club, un peu comme la ??? par exemple vous aviez un journal hebdomadaire dans lequel chacun peut donner un truc, écrire un programme ou n'importe quoi, lui il a écrit une lettre en disant, lettre ouverte aux hobbyistes en disant ça commence à bien faire, moi j'ai écrit un logiciel, tout le monde s'en sert, sans me demander, sans me payer mon travail. Il n'y pas de raison qu'un logiciel qui a été développé ne soit pas payé, c'est-à-dire que le développeur du logiciel ne soit pas payé. Après, il a raison, sur le fond il a raison, il n'y pas de raison qu'un travail ne soit pas rémunéré. Chaque peine mérite son salaire. En fait il a fait ce courrier, puis ça a commencé à se répandre.
Au début des années 80 on a commencé à voir plein de gens qui ont quitté le milieu des hobbies, des gens qui faisaient ça pour le fun et qui sont allés créer des boîtes. Bill Gates s'est allié avec d'autres pour créer Microsoft. Il y en a d'autres, des gens qui sont partis créer Sun, des gens qui ont créé Oracle, qui ont créé Lotus, qui ont créé plein de grosses boîtes qui aujourd’hui sont les plus grosses industries. Donc l'industrie du logiciel a commencé à arriver à partir de 1980, en gros autour de 1980.
En 83, un chercheur ou un ingénieur du MIT, le MIT vous le savez c'est l'université américaine ???, qui s'appelle Richard Stallman dont je ne vous ai pas montré de photo, mais si on a un peu de temps après, vous imaginez à peu près qui c'est, c'est un monsieur barbu, gros, avec des cheveux…, qui a vraiment l'air d'un ??? a créé un truc qui s'appelait le projet GNU. GNU c'est un TLA, donc c'est un acronyme de trois lettres qui veut dire GNU's not UNIX , c'est récursif. En gros l'idée c'est qu'il travaillait au MIT dans un laboratoire d'intelligence artificielle, il avait accès à plein de logiciels et puis du jour au lendemain on a commencé à lui dire eh bien non tu n'as plus d'accès aux sources, tu n'as plus accès au code que tu utilises. Si jamais tu veux le distribuer, eh bien c'est terminé, il faut que tu payes, etc. Donc il s'est dit, ben moi UNIX, mais UNIX, pour ceux qui ne connaissent pas, c'est quand même le système le plus répandu, qui est créé autour des années 70, créé au début par AT&T puis qui ensuite s'est diffusé. Une branche a été créée par l'université de Berkeley, donc l’université ,et une autre par tous les industriels et chaque constructeur d'ordinateurs a pris un bout d'UNIX pour faire le sien. IBM a fait AIX, HP a fait HP UX, DEC a fait ???, etc, donc chacun avait sa version d'UNIX avec son code à lui. Le code était ouvert au début, il n'y avait pas une licence du tout dessus, chacun l'a pris, en a fait ce qu'il a voulu et puis a commencé à le fermer.
Stallman s'est dit eh bien moi je ne peux plus travailler, du coup ce que je vais faire c'est que je vais créer le projet GNU. Ça paraissait complètement délirant. Il est tout seul, dans son coin et il se dit moi je vais réécrire UNIX, un truc qui existait depuis 10 ans, refaire tout seul. Après il a créé une fondation pour pouvoir supporter ça pour pouvoir vivre de ça, qu'il a appelée la FSF, Free Software Fondation, Fondation du Logiciel Libre et puis finalement ça n'a pas bien marché tout de suite mais il a réussi à créer des choses. Il faut comprendre que les gens dont je parle, Bill Gates comme Stallman comme plus tard Torvalds, sont des informaticiens qui sont un peu forts. Stallman il a écrit Emacs, il a écrit GCC, il a écrit ???, il a écrit deux ou trois trucs qui servent aujourd'hui encore. Il a, en gros, réécrit tous les outils qui lui servaient. La seule chose qu'il n'a pas réussi à écrire, c'est le noyau du système. Vous savez tous ce que c'est qu'un noyau de système, c'est le truc qui nous sert vraiment de ressource sur la machine. Il avait commencé à le faire, le truc n'est toujours pas terminé. Il s’appelle Hurd. Pourquoi ? Pour plein de raisons. D'abord parce qu'il n'y pas eu beaucoup d'énergie autour de ça, et puis parce que c'était une idée un peu originale à l'époque, autour des micronoyaux qui a mis du temps à vraiment accrocher.
Tout ça c'est basé autour d'une idée. Il faut bien comprendre que c'est que Stallman et tous les gens qui gravitent autour de ça. C'est un truc assez vieux, c'est ce qu'on appelle les hackers. Hacker ça n'a vraiment pas la connotation qu'on vous en met dans la presse. Hacker en gros on le traduit en français par bidouilleur : c'est un mec qui bidouille, un mec qui veut savoir comment marche quelque chose. Il y a un philosophe, enfin un étudiant, ce n'est pas un philosophe, un étudiant finnois, qui a développé toute une littérature autour de l'éthique du hacker, que je vous conseille de lire, qui oppose ça à l'éthique protestante. L'éthique protestante est en gros l'éthique du travail. Le travail c'est un devoir moral et quand on fait un travail c'est pour être travail et pour rien d'autre. Ça c'est l'éthique du protestant. L'éthique du protestant c'est je travaille parce ça fait du bien à la société et parce que je vais être payé. Je vais échanger mon temps contre de l'argent.
L'éthique du hacker est définie autrement. Un hacker c'est quelqu'un qui fait quelque chose parce que ça lui plaît. Dans le travail qu'il fait il y a un intérêt intrinsèque, il y a un truc qui lui plaît vraiment dans ce qu'il fait. Donc en gros vous comprenez bien que l'énergie et la manière dont on va travailler est différente quand on suit l'éthique hacker et quand on suit l'éthique protestante.
Stallman comme d'autres, à l'époque, baignent quand même pas mal autour, pour le coup, vraiment des hippies et compagnie et donc ont une vue de la société qui est un peu différente de celle qu'on a aujourd’hui, on y reviendra peut-être un petit peu, dans laquelle il faut s'épanouir d'abord par ce qu'on fait et pas simplement par la capacité à engranger de l’argent. Donc tout ça ce sont quand même des choses qu'il faut avoir en tête, parce que le Logiciel Libre n'est pas né de n'importe quoi. On est vraiment dans l'éthique du hacker, le plaisir de ce qu'on fait plutôt que le devoir moral. Ensuite en 91, il y a un étudiant de licence, à Helsinki, qui s'appelle Linus Torvalds qui crée et qui distribue sous licence GPL, donc la licence dont j'ai parlé tout à l'heure, le noyau d'un système d'exploitation qu'il a appelé Linux pour faire une blague, parce que tous les systèmes d'exploitation finissent par X : HP UX, IRIX, AIX, etc, donc il a crée le sien en inversant les choses, il l'a appelé Linux, c'était les débuts d'Internet, de l'internet, il a distribué le code sous GPL et puis il a dit voila si ça vous intéresse, jouez avec, faites-moi des remontées, corrigez le code. Il a tout distribué, un peu sous la même idée que Tanenbaum, qui faisait ça, donc Andrew Tanenbaum qui était un enseignant, un peu comme moi mais en moins bon ! Et qui donnait des cours de système d'exploitation, dans lequel le cours, pendant un semestre, c'était d'écrire un système d'exploitation qui s'appelait Minix. Torvalds a fait pareil mais pour lui, pour jouer et pour le coup il l'a fait sur une machine particulière qui était un PC, sur lequel il y avait un processeur assez récent, enfin, un 286 à l'époque. Il l'a distribué en 91 sous GPL puis alors là c'est parti.
En gros ce qui manquait pour que le système UNIX puisse être remplacé complètement par des logiciels libres, c’était le cœur du système. Stallman avait réussi à faire quasiment tout ce qui était autour, de l'éditeur au compilateur en passant pas tous les outils qui permettent de faire de la gestion de documentation, du traitement de texte, etc, donc tout avait été écrit sauf le noyau. Le noyau il fallait encore utiliser un HP UX, un Solaris ou alors un AIX, etc. Là en 91, il y a Linux qui apparaît dans une première version. Du coup il y a des gens qui ont commencé à dire ben voila on a un noyau de système d'exploitation, on a des outils libres, on est capables de faire un truc complet. On va prendre tout ça et puis distribuer ça au grand public sous la forme d'un joli truc tout prêt à utiliser sans avoir le code source mais en donnant le code source à ceux qui le veulent. C'est ce qu'on a appelé les distributions Linux, ou plus exactement les distributions GNU-Linux. Le noyau Linux avec les outils GNU autour.
Ça, ça arrive en 93, la première ça va être ???, puis après on a Debian qui est arrivé Redhat, ect, qui sont arrivés, quelques français s'y sont mis un peu plus tard, n'ont pas eu beaucoup de succès comme Mandriva par exemple, mais en gros on a commencé à faire en sorte qu'installer un système d'exploitation, complet, avec le noyau et les outils soit facile entre guillemets. Aujourd'hui c'est trivial. Aujourd'hui vous bootez, enfin vous démarrez avec un clé USB, ça mais c'est le même principe.Donc en gros une distribution Linux c'est un ensemble de logiciels qu'on a choisi pour vous, qu'on a pré-compilés pour vous, juste pour votre matériel, donc vous vous avez juste à le copier sur votre matériel. C'est possible pourquoi ? Parce que le code est ouvert, parce qu'on a le droit de redistribuer le code, parce qu'on a le droit de le modifier, etc. En gros on a pris le noyau Linux, on a pris les outils GNU, on les adaptés à notre sauce, on les a mis sur un support et on les a distribués. Et si vous vouliez les sources, vous pouvez les avoir.
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Donc en 93 on a commencé à avoir les distributions qui sont apparues et en 98