« Mieux inclure la diversité de genre pour mieux agir, le cheminement de l'April » : différence entre les versions

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(Page créée avec « Catégorie:Transcriptions '''Titre :''' Mieux inclure la diversité de genre pour mieux agir, le cheminement de l'April '''Intervenant·es :''' Isabella Vanni '''Lieu :''' Choisy-le-Roi - Pas Sage en Seine 2024 '''Date :''' 31 mai 2024 '''Durée :''' 54 min 40 '''[https://video.passageenseine.fr/w/8ft8bNU18wxuQhTjY1qPEn Vidéo]''' '''[https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/un-monde-connecte/shoshana-zuboff-et-le-capitalisme-de-surveillance-... »)
 
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==Transcription==
==Transcription==
Bonjour. Bienvenue à cette conférence qui s’intitule « Mieux inclure la diversité de genre pour mieux agir, le cheminement de l’April ».<br/>
Je suis Isabella Vanni, je fais partie de l’équipe salariée de l’April. Si vous ne connaissez pas cette association, ne paniquez pas, je vais vous faire une petite présentation.<br/>
Tout d’abord, je voulais dire je suis très contente d’avoir assisté à la conférence précédente, déjà parce que j’ai aimé la conférence, le sujet m’intéressait et ça m’a permis de reposer ma voix, parce que je suis en même temps sur le stand de l’April, dans le village associatif, et, comme je parle beaucoup avec les personnes, je la perds facilement. Là, je l’ai bien reposée, donc, je pourrai parler beaucoup pour vous, d’autant plus que je suis très bavarde. Vous aurez peut-être compris, en regardant mon nom, que je suis d’origine italienne, j’ai la nationalité franco-italienne, je suis née et j’ai grandi en Italie et j’y ai vécu jusqu’à 31 ans. Donc, si je parle beaucoup, que je suis vraiment très bavarde, que j’ai un débit important, pensez « ah oui, elle est née en Italie, tout va bien », mais si, un bout d’un moment, vous n’arrivez vraiment plus à me suivre, faites un geste, faites-moi comprendre qu’il faut que je baisse le débit, je suis consciente que parfois je parle trop vite et que je parle trop. Du coup, cette conférence est en italien. Non ! Je plaisante, tout va bien, ça va bien se passer.
==L'April==
L’April. Ça, c’est le logo. Comme vous voyez, je ne suis pas très maline, je n’ai pas pris un vectoriel, c’est moche, c’est pixelisé, du coup ça fait un petit rappel sur le pixellé???[1 min 58] de Superflu dans la conférence précédente.<br/>
L’April est une association qui fait la promotion et la défense du logiciel libre, c’est pour cette raison que nous sommes aussi ici à Pas Sage en Seine. C’est une association qui est née, qui existe depuis 1996, donc, ça fait un petit paquet d’années déjà. Au départ, l’association s’occupait surtout de promouvoir le logiciel libre et puis, à partir de 2000, il y a « promotion et défense » parce qu’on s’est rendu compte en tant qu’association, pas moi personnellement parce que je n’étais pas encore dans l’association, qu’il y avait un risque pour le logiciel libre, qu’il y avait des lois qui pouvaient aller à l’encontre du logiciel libre, qu’il fallait donc faire aussi ce qu’on appelle du plaidoyer politique. C’est donc pour cela que notre <em>tagline</em> c’est effectivement : promouvoir et défendre le logiciel libre.<br/>
C’est une association nationale, dans le sens où on a des membres partout en France et aussi ailleurs.<br/>
Actuellement, on a un peu plus de 2500 membres et vous voyez, dans la diapo, qu’il y a surtout des personnes physiques, des personnes comme vous, et puis on a un peu moins de 300 personnes morales de différents types, vous voyez là quelques exemples : un peu moins de 200 entreprises, je crois, une centaine d’associations, une dizaine de collectivités dont la ville de Paris.<br/>
J’ai mis en exergue que les personnes physiques qui le souhaitent peuvent afficher une petite présentation sur notre site, il y a un trombinoscope, ce n’est pas une obligation, bien évidemment, ça permet aussi de se connaître entre nous pour les personnes qui le souhaitent et j’ai mis en exergue ce pourcentage-là : parmi nos membres, il y a uniquement 8 % des personnes qui se déclarent « femme ». Aujourd’hui, si vous allez sur notre formulaire d’adhésion, vous n’êtes pas obligé d’exprimer votre genre, mais, parmi les personnes qui ont choisi de l’exprimer, il n’y a que 8 % de femmes, et ça nous pose problème, on le verra tout à l’heure.
Comme je vous disais, c’est une association qui fait aussi du plaidoyer politique. Le plaidoyer politique, ça ne s’improvise pas, il faut avoir des connaissances juridiques et il faut aussi avoir du temps : on fait de la veille juridique, on analyse les projets de loi, on propose des amendements, on écrit des communiqués de presse, on contacte les parlementaires. Tout cela demande des compétences et du temps. On s’est rendu compte qu’il fallait avoir une personne salariée, c’est donc un peu comme ça que l’association est devenue une association qui emploie. Aujourd’hui, l’équipe compte quatre personnes, l’équivalent de trois temps pleins et demi, ma collègue, en charge des relations membres, a choisi de travailler en temps partiel. Comme vous le voyez, en termes de représentation féminine, ça va déjà un peu mieux, on est dans la parité.
Beaucoup de bénévoles interviennent, agissent au sein de l’association ou à ses côtés, parce qu’on n’est pas obligé d’être membre de l’association pour plein d’activités qu’on fait à l’April, c’est quelque chose qu’on n’arrête pas de dire : vous n’êtes pas obligé d’être membre, par exemple pour vous inscrire à des listes ou pour participer à certains projets.<br/>
On va dire qu’on a entre 30 et 40 bénévoles qui s’engagent vraiment sur la durée, par exemple sur des projets réguliers et puis il y en a plein aussi qui interviennent ponctuellement, par exemple pour tenir notre stand dans des événements.<br/>
J’ai mis quelques chiffres qui peuvent être parlants. À l’April, on a choisi d’encourager les bénévoles à « bénévaloriser leurs actions «, c’est-à-dire à remplir un formulaire, qui se remplit très vite, pour dire combien d’heures ils ont dédié à l’association, si le travail était qualifié 1, 2, 3, on a seulement trois niveaux. Ça nous permet de le valoriser et de le mettre dans notre compte de résultat, sachant que plein de bénévoles de l’April ne « bénévalorisent » pas par choix, ce n’est pas une obligation, donc, peut-être que, potentiellement, il y a beaucoup plus d’heures et l’équivalent de beaucoup plus de temps pleins que ce que l’on a collecté en tant qu’information.
Je ne sais pas si vous connaissez cet évènement, ce sont c’est les Geek Faëries, un événement qui a lieu à Selles-sur-Cher, un festival de l’imaginaire, il y a beaucoup de mangas, des gens qui se déguisent, des jeux vidéo, des jeux de rôle aussi. Il se trouve qu’on a deux bénévoles qui sont passionnés de ça et cette cotte de maille a été faite main par la personne qui la porte. C’est pour vous dire qu’on peut aller très loin et pour vous dire aussi que l’April participe forcément sur des événements libristes, qui affichent effectivement une promotion du logiciel libre, ce qui est évident, mais on essaye aussi de participer à des événements où on peut trouver des personnes qui ont cette curiosité, qui sont potentiellement intéressées en savoir plus, donc pourquoi pas les Geek Faëries, pourquoi pas à la Fête de l’Huma en septembre, pourquoi pas d’autres événements grand public.<br/>
Il nous arrive aussi de donner des cours à l’université. Une ancienne membre du conseil d’administration, toujours membre de l’April, donne, par exemple, régulièrement, chaque année, des cours à Polytech Sorbonne, si bien que Polytech Sorbonne a fini pour adhérer à l’association.<br/>
On peut participer à des débats publics, des tables rondes, si on nous invite, on y va volontiers.<br/>
Et puis, on a des bénévoles qui sont encore plus investis, parce qu’ils décident de rentrer dans le conseil d’administration donc ils deviennent, en fait, les dirigeantes et dirigeants de l’association. On en a neuf et ce n’est pas mal, on n’a pas la parité, mais on a quand même quatre femmes sur neuf. Je tiens vraiment à signaler ça, parce que, si vous avez vu, l’équipe salariée et le conseil d’administration sont deux leviers d’action pour arriver à recruter des femmes, on verra ça tout à l’heure.
==Constat==
Commençons par un constat.<br/>
Récemment, une personne membre de l’April, qui a participé à l’assemblée générale qui a eu lieu à la mi-mars, nous a un peu contestés par rapport à nos actions pour l’inclusivité en disant « vous ne citez pas vraiment des pourcentages ou alors je suis pas sûre que les pourcentages que vous citez soient vrais. »<br/>
Je suis allée chercher sur l’Insee, édition 2023 sur l’année 2022, donc, là, je suis vraiment entre deux coussins, je peux vous présenter les chiffres :<br/>
les femmes occupent, en 2022, 24 % des emplois dans les professions du numérique, donc on est à un quart environ ;<br/>
et parmi ces femmes, dans ce quart de femmes qui travaillent dans ces métiers, dans ce secteur, seulement 36 % ont des métiers purement techniques, par exemple informatique et systèmes d’information. Je vous laisse faire le calcul, c’est vraiment une partie très minoritaire.<br/>
Ça va peut-être un peu mieux au niveau de la formation.<br/>
Le problème c’est qu’elles ne tiennent pas, soit elles ne trouvent pas, soit elles trouvent et elles quittent au bout de cinq ans, en tout cas, elles quittent plus facilement que les hommes, donc c’est assez problématique.<br/>
Là j’ai honte, parce que, après, je fais une conférence avec de super beaux dessins et j’ai fait ce truc horrible, désolée. La prochaine fois, Gee, je t’appelle. En tout cas, j’espère qu’on comprend, en fait ça n’a pas toujours été comme ça, il y a jamais eu un pourcentage plus important de femmes que d’hommes dans l’informatique, ça n’a jamais été le cas, on n’a jamais eu la parité absolue, mais il y a eu un moment où la part des femmes dans l’informatique était quand même très importante. Je n’ai pas le pourcentage mais ce n’était pas ridicule. Pourquoi ? En fait, à l’époque, le métier de la personne qui code, qui développe, était un petit peu associé, en fait, c’était comme une prolongation des métiers de secrétariat, c’était un métier de bureau, ce n’était pas un métier de force, de chantier, donc, dans les années 60, par exemple, on le considérait comme complètement adapté à une femme.<br/>
Et puis des choses se sont passées à partir des années 80 et tout s’est écroulé. Je pense que vous avez une idée, peut-être, je ne suis pas méchante, je ne prétends pas la réponse, de l’une des causes qui peuvent avoir provoqué cela.<br/>
Tu es un génie ! <br/>
Ça c’est Openclipart, car je ne sais pas très bien dessiner. Quand j’étais enfant, ce n’était pas mal, mais après j’ai abandonné, donc je me suis dit « je prends tout déjà fait ». C’est une image Openclipart. J’en profite pour dire que vous pouvez trouver, sur le Web, des images sous licence libre que vous pouvez réutiliser à condition de créditer.<br/>
Oui, le pognon ! Comme vous le savez, à partir des années 80, il y a un essor de l’informatique, ça devient central pour l’économie, c’est donc un travail, un métier qui se valorise, de très bonnes carrières, des très bons salaires sont associés à ce métier. Comme on est dans système patriarcal, désolée, mais, à un moment, il faut le dire, c’est arrivé au bout de je sais pas combien de minutes, il fallait le dire ! À chaque fois qu’un métier se valorise, il se masculinise et à chaque fois qu’un métier se dévalorise, il se féminise, ce n’est pas moi qui le dis, ce sont des études, je n’ai pas de statistiques, mais c’est comme cela et ça a eu un impact énorme.<br/>
En plus, comme les métiers de l’informatique prenaient de plus en plus de place les formations, les écoles pour devenir informaticienne/informaticien, ont augmenté, il y avait de plus en plus de places pour se former à ces métiers et qui est-ce qui a pris ces places, ces nouvelles places ? Ce sont les bonhommes. Les femmes n’ont pas arrêté d’aller dans les formations, c’est qu’il n’y avait plus de places, car elles ont été colonisées, clairement, par des hommes, donc, à la sortie, ce sont eux qui ont pris les postes.<br/>
Et puis, il y a aussi eu l’arrivée du micro-ordinateur.
Ce que je suis en train de vous dire, en fait l’historique de cette chute drastique, est très bien expliqué par Isabelle Collet dans son ouvrage <em>Les oubliées du numérique</em>. On trouve beaucoup d’interviews d’Isabelle Collet sur le Web et, comme c’est un sujet qui est très cher à l’April, on trouve aussi beaucoup de transcriptions de ses interviews sur notre site Libre à lire ! Donc, si vous n’avez pas le temps d’écouter un podcast, vous pouvez lire ses interviews. Elle a aussi été interviewée aussi dans notre émission de radio <em>Libre à vous !</em>.<br/>
Donc, dans les années 80, il y a aussi l’arrivée du micro-ordinateur à la fois dans les foyers et à la fois dans les entreprises. Comme c’est un objet technique, eh bien les micro-ordinateurs ont été offerts notamment aux petits garçons qui se sont mis à faire des jeux vidéo. Une anecdote personnelle, j’y tiens : j’ai été la première, dans ma classe, à 15 ans, à avoir un Amiga 500. Je suis très fière, parce que c’est mon père qui a tenu à me l’offrir. Je faisais aussi surtout des jeux vidéo là, mais on pouvait aussi travailler, créer des fichiers, faire des tableaux, etc. ; c’est pour dire que j’ai eu la chance de ne pas avoir une éducation si genrée que ça. C’était complètement normal, pour mes parents, pour mon père en particulier, de m’offrir un micro-ordinateur. Mais la réalité a voulu que ce soient surtout les petits garçons qui soient équipés de ça et il y a eu une sorte de fausse continuité entre le micro-ordinateur avec lequel on faisait surtout des jeux vidéo et le micro-ordinateur de l’entreprise sur lequel on bossait.<br/>
Je sais qu’il faudrait plus d’images, mais, en gros, on s’imagine « il bidouille sur son ordi toute la journée, donc, il va forcément faire une école d’ingénieur, c’est super parce qu’après il sera informaticien, il aura une belle carrière, il gagnera beaucoup ». Et on ne se raconte pas cette histoire pour les filles !
==17’ 15==
Et puis il y a ça.

Version du 13 juin 2024 à 04:48


Titre : Mieux inclure la diversité de genre pour mieux agir, le cheminement de l'April

Intervenant·es : Isabella Vanni

Lieu : Choisy-le-Roi - Pas Sage en Seine 2024

Date : 31 mai 2024

Durée : 54 min 40

Vidéo

Présentation du podcast

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration : À prévoir

NB : Transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Description

Comme ailleurs, la domination masculine est un problème dans le monde informatique et dans les communautés libristes. Pour ne pas entretenir ce statu quo et permettre aux femmes et minorités de genre de s'y sentir à leur aise, ilfaut prendre ses responsabilités et agir. L'April, l'association de promotion et de défense du logiciel libre, se propose de présenter et de discuter des actions qu'elle mène depuis quelques années sur la diversité de genre et l'inclusion au sein de l'association et dans ses activités.

Transcription

Bonjour. Bienvenue à cette conférence qui s’intitule « Mieux inclure la diversité de genre pour mieux agir, le cheminement de l’April ».
Je suis Isabella Vanni, je fais partie de l’équipe salariée de l’April. Si vous ne connaissez pas cette association, ne paniquez pas, je vais vous faire une petite présentation.
Tout d’abord, je voulais dire je suis très contente d’avoir assisté à la conférence précédente, déjà parce que j’ai aimé la conférence, le sujet m’intéressait et ça m’a permis de reposer ma voix, parce que je suis en même temps sur le stand de l’April, dans le village associatif, et, comme je parle beaucoup avec les personnes, je la perds facilement. Là, je l’ai bien reposée, donc, je pourrai parler beaucoup pour vous, d’autant plus que je suis très bavarde. Vous aurez peut-être compris, en regardant mon nom, que je suis d’origine italienne, j’ai la nationalité franco-italienne, je suis née et j’ai grandi en Italie et j’y ai vécu jusqu’à 31 ans. Donc, si je parle beaucoup, que je suis vraiment très bavarde, que j’ai un débit important, pensez « ah oui, elle est née en Italie, tout va bien », mais si, un bout d’un moment, vous n’arrivez vraiment plus à me suivre, faites un geste, faites-moi comprendre qu’il faut que je baisse le débit, je suis consciente que parfois je parle trop vite et que je parle trop. Du coup, cette conférence est en italien. Non ! Je plaisante, tout va bien, ça va bien se passer.

L'April

L’April. Ça, c’est le logo. Comme vous voyez, je ne suis pas très maline, je n’ai pas pris un vectoriel, c’est moche, c’est pixelisé, du coup ça fait un petit rappel sur le pixellé???[1 min 58] de Superflu dans la conférence précédente.
L’April est une association qui fait la promotion et la défense du logiciel libre, c’est pour cette raison que nous sommes aussi ici à Pas Sage en Seine. C’est une association qui est née, qui existe depuis 1996, donc, ça fait un petit paquet d’années déjà. Au départ, l’association s’occupait surtout de promouvoir le logiciel libre et puis, à partir de 2000, il y a « promotion et défense » parce qu’on s’est rendu compte en tant qu’association, pas moi personnellement parce que je n’étais pas encore dans l’association, qu’il y avait un risque pour le logiciel libre, qu’il y avait des lois qui pouvaient aller à l’encontre du logiciel libre, qu’il fallait donc faire aussi ce qu’on appelle du plaidoyer politique. C’est donc pour cela que notre tagline c’est effectivement : promouvoir et défendre le logiciel libre.
C’est une association nationale, dans le sens où on a des membres partout en France et aussi ailleurs.
Actuellement, on a un peu plus de 2500 membres et vous voyez, dans la diapo, qu’il y a surtout des personnes physiques, des personnes comme vous, et puis on a un peu moins de 300 personnes morales de différents types, vous voyez là quelques exemples : un peu moins de 200 entreprises, je crois, une centaine d’associations, une dizaine de collectivités dont la ville de Paris.
J’ai mis en exergue que les personnes physiques qui le souhaitent peuvent afficher une petite présentation sur notre site, il y a un trombinoscope, ce n’est pas une obligation, bien évidemment, ça permet aussi de se connaître entre nous pour les personnes qui le souhaitent et j’ai mis en exergue ce pourcentage-là : parmi nos membres, il y a uniquement 8 % des personnes qui se déclarent « femme ». Aujourd’hui, si vous allez sur notre formulaire d’adhésion, vous n’êtes pas obligé d’exprimer votre genre, mais, parmi les personnes qui ont choisi de l’exprimer, il n’y a que 8 % de femmes, et ça nous pose problème, on le verra tout à l’heure.

Comme je vous disais, c’est une association qui fait aussi du plaidoyer politique. Le plaidoyer politique, ça ne s’improvise pas, il faut avoir des connaissances juridiques et il faut aussi avoir du temps : on fait de la veille juridique, on analyse les projets de loi, on propose des amendements, on écrit des communiqués de presse, on contacte les parlementaires. Tout cela demande des compétences et du temps. On s’est rendu compte qu’il fallait avoir une personne salariée, c’est donc un peu comme ça que l’association est devenue une association qui emploie. Aujourd’hui, l’équipe compte quatre personnes, l’équivalent de trois temps pleins et demi, ma collègue, en charge des relations membres, a choisi de travailler en temps partiel. Comme vous le voyez, en termes de représentation féminine, ça va déjà un peu mieux, on est dans la parité.

Beaucoup de bénévoles interviennent, agissent au sein de l’association ou à ses côtés, parce qu’on n’est pas obligé d’être membre de l’association pour plein d’activités qu’on fait à l’April, c’est quelque chose qu’on n’arrête pas de dire : vous n’êtes pas obligé d’être membre, par exemple pour vous inscrire à des listes ou pour participer à certains projets.
On va dire qu’on a entre 30 et 40 bénévoles qui s’engagent vraiment sur la durée, par exemple sur des projets réguliers et puis il y en a plein aussi qui interviennent ponctuellement, par exemple pour tenir notre stand dans des événements.
J’ai mis quelques chiffres qui peuvent être parlants. À l’April, on a choisi d’encourager les bénévoles à « bénévaloriser leurs actions «, c’est-à-dire à remplir un formulaire, qui se remplit très vite, pour dire combien d’heures ils ont dédié à l’association, si le travail était qualifié 1, 2, 3, on a seulement trois niveaux. Ça nous permet de le valoriser et de le mettre dans notre compte de résultat, sachant que plein de bénévoles de l’April ne « bénévalorisent » pas par choix, ce n’est pas une obligation, donc, peut-être que, potentiellement, il y a beaucoup plus d’heures et l’équivalent de beaucoup plus de temps pleins que ce que l’on a collecté en tant qu’information.

Je ne sais pas si vous connaissez cet évènement, ce sont c’est les Geek Faëries, un événement qui a lieu à Selles-sur-Cher, un festival de l’imaginaire, il y a beaucoup de mangas, des gens qui se déguisent, des jeux vidéo, des jeux de rôle aussi. Il se trouve qu’on a deux bénévoles qui sont passionnés de ça et cette cotte de maille a été faite main par la personne qui la porte. C’est pour vous dire qu’on peut aller très loin et pour vous dire aussi que l’April participe forcément sur des événements libristes, qui affichent effectivement une promotion du logiciel libre, ce qui est évident, mais on essaye aussi de participer à des événements où on peut trouver des personnes qui ont cette curiosité, qui sont potentiellement intéressées en savoir plus, donc pourquoi pas les Geek Faëries, pourquoi pas à la Fête de l’Huma en septembre, pourquoi pas d’autres événements grand public.
Il nous arrive aussi de donner des cours à l’université. Une ancienne membre du conseil d’administration, toujours membre de l’April, donne, par exemple, régulièrement, chaque année, des cours à Polytech Sorbonne, si bien que Polytech Sorbonne a fini pour adhérer à l’association.
On peut participer à des débats publics, des tables rondes, si on nous invite, on y va volontiers.
Et puis, on a des bénévoles qui sont encore plus investis, parce qu’ils décident de rentrer dans le conseil d’administration donc ils deviennent, en fait, les dirigeantes et dirigeants de l’association. On en a neuf et ce n’est pas mal, on n’a pas la parité, mais on a quand même quatre femmes sur neuf. Je tiens vraiment à signaler ça, parce que, si vous avez vu, l’équipe salariée et le conseil d’administration sont deux leviers d’action pour arriver à recruter des femmes, on verra ça tout à l’heure.

Constat

Commençons par un constat.
Récemment, une personne membre de l’April, qui a participé à l’assemblée générale qui a eu lieu à la mi-mars, nous a un peu contestés par rapport à nos actions pour l’inclusivité en disant « vous ne citez pas vraiment des pourcentages ou alors je suis pas sûre que les pourcentages que vous citez soient vrais. »
Je suis allée chercher sur l’Insee, édition 2023 sur l’année 2022, donc, là, je suis vraiment entre deux coussins, je peux vous présenter les chiffres :
les femmes occupent, en 2022, 24 % des emplois dans les professions du numérique, donc on est à un quart environ ;
et parmi ces femmes, dans ce quart de femmes qui travaillent dans ces métiers, dans ce secteur, seulement 36 % ont des métiers purement techniques, par exemple informatique et systèmes d’information. Je vous laisse faire le calcul, c’est vraiment une partie très minoritaire.
Ça va peut-être un peu mieux au niveau de la formation.
Le problème c’est qu’elles ne tiennent pas, soit elles ne trouvent pas, soit elles trouvent et elles quittent au bout de cinq ans, en tout cas, elles quittent plus facilement que les hommes, donc c’est assez problématique.
Là j’ai honte, parce que, après, je fais une conférence avec de super beaux dessins et j’ai fait ce truc horrible, désolée. La prochaine fois, Gee, je t’appelle. En tout cas, j’espère qu’on comprend, en fait ça n’a pas toujours été comme ça, il y a jamais eu un pourcentage plus important de femmes que d’hommes dans l’informatique, ça n’a jamais été le cas, on n’a jamais eu la parité absolue, mais il y a eu un moment où la part des femmes dans l’informatique était quand même très importante. Je n’ai pas le pourcentage mais ce n’était pas ridicule. Pourquoi ? En fait, à l’époque, le métier de la personne qui code, qui développe, était un petit peu associé, en fait, c’était comme une prolongation des métiers de secrétariat, c’était un métier de bureau, ce n’était pas un métier de force, de chantier, donc, dans les années 60, par exemple, on le considérait comme complètement adapté à une femme.
Et puis des choses se sont passées à partir des années 80 et tout s’est écroulé. Je pense que vous avez une idée, peut-être, je ne suis pas méchante, je ne prétends pas la réponse, de l’une des causes qui peuvent avoir provoqué cela.
Tu es un génie !
Ça c’est Openclipart, car je ne sais pas très bien dessiner. Quand j’étais enfant, ce n’était pas mal, mais après j’ai abandonné, donc je me suis dit « je prends tout déjà fait ». C’est une image Openclipart. J’en profite pour dire que vous pouvez trouver, sur le Web, des images sous licence libre que vous pouvez réutiliser à condition de créditer.
Oui, le pognon ! Comme vous le savez, à partir des années 80, il y a un essor de l’informatique, ça devient central pour l’économie, c’est donc un travail, un métier qui se valorise, de très bonnes carrières, des très bons salaires sont associés à ce métier. Comme on est dans système patriarcal, désolée, mais, à un moment, il faut le dire, c’est arrivé au bout de je sais pas combien de minutes, il fallait le dire ! À chaque fois qu’un métier se valorise, il se masculinise et à chaque fois qu’un métier se dévalorise, il se féminise, ce n’est pas moi qui le dis, ce sont des études, je n’ai pas de statistiques, mais c’est comme cela et ça a eu un impact énorme.
En plus, comme les métiers de l’informatique prenaient de plus en plus de place les formations, les écoles pour devenir informaticienne/informaticien, ont augmenté, il y avait de plus en plus de places pour se former à ces métiers et qui est-ce qui a pris ces places, ces nouvelles places ? Ce sont les bonhommes. Les femmes n’ont pas arrêté d’aller dans les formations, c’est qu’il n’y avait plus de places, car elles ont été colonisées, clairement, par des hommes, donc, à la sortie, ce sont eux qui ont pris les postes.
Et puis, il y a aussi eu l’arrivée du micro-ordinateur.

Ce que je suis en train de vous dire, en fait l’historique de cette chute drastique, est très bien expliqué par Isabelle Collet dans son ouvrage Les oubliées du numérique. On trouve beaucoup d’interviews d’Isabelle Collet sur le Web et, comme c’est un sujet qui est très cher à l’April, on trouve aussi beaucoup de transcriptions de ses interviews sur notre site Libre à lire ! Donc, si vous n’avez pas le temps d’écouter un podcast, vous pouvez lire ses interviews. Elle a aussi été interviewée aussi dans notre émission de radio Libre à vous !.

Donc, dans les années 80, il y a aussi l’arrivée du micro-ordinateur à la fois dans les foyers et à la fois dans les entreprises. Comme c’est un objet technique, eh bien les micro-ordinateurs ont été offerts notamment aux petits garçons qui se sont mis à faire des jeux vidéo. Une anecdote personnelle, j’y tiens : j’ai été la première, dans ma classe, à 15 ans, à avoir un Amiga 500. Je suis très fière, parce que c’est mon père qui a tenu à me l’offrir. Je faisais aussi surtout des jeux vidéo là, mais on pouvait aussi travailler, créer des fichiers, faire des tableaux, etc. ; c’est pour dire que j’ai eu la chance de ne pas avoir une éducation si genrée que ça. C’était complètement normal, pour mes parents, pour mon père en particulier, de m’offrir un micro-ordinateur. Mais la réalité a voulu que ce soient surtout les petits garçons qui soient équipés de ça et il y a eu une sorte de fausse continuité entre le micro-ordinateur avec lequel on faisait surtout des jeux vidéo et le micro-ordinateur de l’entreprise sur lequel on bossait.
Je sais qu’il faudrait plus d’images, mais, en gros, on s’imagine « il bidouille sur son ordi toute la journée, donc, il va forcément faire une école d’ingénieur, c’est super parce qu’après il sera informaticien, il aura une belle carrière, il gagnera beaucoup ». Et on ne se raconte pas cette histoire pour les filles !

17’ 15

Et puis il y a ça.