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Salut tout le monde. Je veux vous parler aujourd'hui du libre pour nous organiser dans les collectifs militants. | Salut tout le monde. Je veux vous parler aujourd'hui du libre pour nous organiser dans les collectifs militants. | ||
Je suis Numahell et je suis développeuse web. J'utilise du logiciel libre depuis plus de vingt ans, je crois. J'ai milité dans un groupe d'utilisateurs et d'utilisatrices de logiciel libre pendant presque aussi longtemps, notamment pour l'organisation d'un événement annuel entre 2009 et 2015. En 2016, je m'en suis éloignée pour rejoindre des militances un peu plus large que le logiciel libre : l'écologie ou les communs. Et aujourd'hui [2022], je fais partie notamment d'Alternatiba <ref>[https://alternatiba.eu/ Alternatiba]</ref>, un mouvement citoyen pour le climat et la justice sociale, dans le groupe toulousain ; du collectif Point commun <ref>[https://twitter.com/PointCommuns Flux Twitter de PointCommuns]</ref>, un collectif qui met à disposition des services libres pour les collectifs de commoneurs ; du Pic <ref>[https://www.le-pic.org/ Le Pic]</ref>, un hébergeur web associatif pour les associations, situé à côté de Toulouse et membre du collectif des CHATONS [https://www.chatons.org/ CHATONS] | Je suis Numahell et je suis développeuse web. J'utilise du logiciel libre depuis plus de vingt ans, je crois. J'ai milité dans un groupe d'utilisateurs et d'utilisatrices de logiciel libre pendant presque aussi longtemps, notamment pour l'organisation d'un événement annuel entre 2009 et 2015. En 2016, je m'en suis éloignée pour rejoindre des militances un peu plus large que le logiciel libre : l'écologie ou les communs. Et aujourd'hui [2022], je fais partie notamment d'Alternatiba <ref>[https://alternatiba.eu/ Alternatiba]</ref>, un mouvement citoyen pour le climat et la justice sociale, dans le groupe toulousain ; du collectif Point commun <ref>[https://twitter.com/PointCommuns Flux Twitter de PointCommuns]</ref>, un collectif qui met à disposition des services libres pour les collectifs de commoneurs ; du Pic <ref>[https://www.le-pic.org/ Le Pic]</ref>, un hébergeur web associatif pour les associations, situé à côté de Toulouse et membre du collectif des CHATONS [https://www.chatons.org/ CHATONS] ; et enfin, de Framasoft <ref>[https://framasoft.org/ Framasoft]</ref>, une association d'éducation populaire au numérique et aux communs culturels. | ||
==Pourquoi ce thème ?== | ==Pourquoi ce thème ?== |
Version du 24 octobre 2022 à 19:51
Titre : Le libre pour s'organiser dans les collectifs militants
Intervenant : Numahell
Lieu : Faiseuses du web 2021
Date : 28 mai 2021
Durée : 17 min 18
Licence de la transcription : Verbatim
Illustration : À prévoir
NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.
Transcription
Salut tout le monde. Je veux vous parler aujourd'hui du libre pour nous organiser dans les collectifs militants.
Je suis Numahell et je suis développeuse web. J'utilise du logiciel libre depuis plus de vingt ans, je crois. J'ai milité dans un groupe d'utilisateurs et d'utilisatrices de logiciel libre pendant presque aussi longtemps, notamment pour l'organisation d'un événement annuel entre 2009 et 2015. En 2016, je m'en suis éloignée pour rejoindre des militances un peu plus large que le logiciel libre : l'écologie ou les communs. Et aujourd'hui [2022], je fais partie notamment d'Alternatiba [1], un mouvement citoyen pour le climat et la justice sociale, dans le groupe toulousain ; du collectif Point commun [2], un collectif qui met à disposition des services libres pour les collectifs de commoneurs ; du Pic [3], un hébergeur web associatif pour les associations, situé à côté de Toulouse et membre du collectif des CHATONS CHATONS ; et enfin, de Framasoft [4], une association d'éducation populaire au numérique et aux communs culturels.
Pourquoi ce thème ?
J'avais envie de vous parler des usages du Libre dans le collectif militant. Ça fait un moment que j'essaye de proposer dans certains d'entre eux, notamment à Alternatiba Toulouse, des outils libres pour nous organiser, et d'accompagner les camarades dans leurs choix et leur utilisation. Actuellement, j'essaye de prendre un peu de recul pour savoir comment analyser ce qui est fait au quotidien dans ces collectifs militants, du point de vue de l'organisation via des outils numériques, libres ou non. Tout ce que je vais dire n'est qu'à l'état de réflexion. Il y a certainement de nombreux biais dans ce que je vais dire : le biais de confirmation, parce que je reste convaincue par la nécessité d'utiliser du libre. Et le biais de - je ne sais pas comment il s'appelle - j'ai un profil technique, donc j'ai des facilités à utiliser ces outils. En résumé, je vais vous parler du Libre dans nos collectifs, de quels outils utiliser pour nous organiser, comment les choisir et quelques bonnes pratiques à l'usage.
Alors pourquoi faire l'effort du Libre, alors que les outils proposés par les GAFAM sont tellement confortables ? Un petit rappel sur le logiciel libre. C'est un logiciel pour lequel on a la liberté de l'utiliser, de l'étudier, de le copier et de le modifier, et de distribuer ces modifications. Et pour étudier et modifier ce logiciel, le code source doit être ouvert.
Donc, pourquoi choisir un outil libre, alors que les outils proposés par les GAFAM et autres sont tellement plus confortables ? Il y a plusieurs raisons à cela. D'abord vous voulez protéger votre vie privée : c'est la plus évidente, et par là-même aussi celle de tous les membres du collectif, pas seulement la vôtre. Ensuite, peut-être que votre collectif est critique vis-à-vis du modèle des GAFAM, qui captent l'atten tion pour diffuser la publicité, ou exploitent les données utilisateur, et ont un bien grand, trop grand pouvoir. Et vous souhaitez avoir une cohérence avec les valeurs de votre collectif. Ou alors parce que vous avez potentiellement envie de contribuer plus facilement pour améliorer cet outil.
Alors pourquoi ça n'est pas le seul critère ? Parce que le Libre, c'est bien une condition nécessaire, mais pas suffisante.
Pour s'organiser en ligne, il faut donc un logiciel libre en ligne hébergé par un serveur web : il va être hébergé sur un serveur web maintenu par vous ou bien par un hébergeur. Un hébergeur web doit répondre également aux critères de respect des données personnelles.
Vous devrez trouver un hébergeur internet pour vos outils avec des critères selon les services fournis, par exemple la confidentialité ou le risque de censure. Il y a d'autres critères à prendre en compte : est-ce que les outils envisagés sont accessibles ? Est-ce qu'ils sont conviviaux et intuitifs ? Est-ce que c'est compliqué à installer ou à configurer ? Est-ce qu'ils qui restent sobres, énergétiquement parlant ? Est-ce qu'ils respectent également votre attention ?
Quels outils libres pour nous organiser ?
Quels outils libres proposer pour nous organiser ? D'abord, quels sont nos besoins ? Nous avons besoin de nous organiser collectivement, gérer nos membres, organiser des réunions, prendre des décisions et se répartir les tâches. Communiquer en interne, échanger et diffuser des informations dans nos groupes de travail. Collaborer également sur des fichiers, des agendas, partager des agendas. Éditer des documents. Et également c ommuniquer vers l'extérieur. Mais ça, je ne vais pas du tout en parler dans cette présentation, ou très peu.
Alors, quels outils pour quels usages ?
Communiquer en interne
Il y a plusieurs choix pour communiquer en interne. En fait, il y a trop de choix.
Donc, on a les listes de discussion par mail : Sympa Sympa, Mailman GNU Mailman, par exemple.
Les forums de discussion : Discourse Discourse, Loomio Loomio
Les messageries instantanées comme Rocket Chat w.rocket.chat/ Rocket Chat, Matrix Matrix, Mattermost Mattermost ou même Signal sur mobile Signal, ou IRC IRC qui est un peu l'ancêtre de tout le monde.
Hum, ça fait beau coup trop de choix. La plupart permettent quand même d'avoir des notifications mail. Discours et ??? sont quand même relativement utilisables en mobile et Matrix, Rocket Chat et Mattermost ont une application mobile. Signal est nativement mobile, par contre, on est obligé de d'avoir un smartphone pour pouvoir se créer un compte sur Signal.
Partager es fichiers et des agendas
Vous aurez besoin de stocker vos documents de votre collectif et noter les dates des réunions et des événements. Pour cela, Nextload Nextload est la plus indiquée, même si le design pourrait être vraiment amélioré. Il fonctionne avec des applications (plugin), des fichiers, agendas, contacts, etc. Et peut être très extensible grâce à ça.
Il y a des applications intéressantes, comme Deck, qui est une sorte de kanban, un tableau de cartes, une sorte de Trello ; Talk, qui est en fait une messagerie instantanée intégrée à Next Cloud et qui permet de faire des appels ; Circle, un outil pour gérer des groupes restreints, privés, cachés ; Collective, pour des pages internes ; Forms, qui permet de créer des formulaires.
Donc, on pourrait faire pas mal de choses rien qu'avec NextCloud NextCloud.
Ensuite, il est possible de faire de l'édition collaborative avec les plugin disponibles : OnlyOffice OnlyOffice ou Collabora Online Collabora Online. Ça nécessite un petit peu plus au niveau de l'installation.
Organiser une réunion
Pour choisir une date de réunion, Framadate est souvent le plus facile. Mais si vous utilisez déjà Loomio, il existe des sondages de type dates dans Loomio. Vous diffuserez ensuite l'invitation sur votre outil de communication interne préférée. Et pendant la réunion, si c'est à distance, vous aurez besoin d'un outil de visio : il existe pour cela Big Blue Button ou Jitsi, et d'une application de prise de notes avec Etherpad Etherpad ou Hedgedoc HedgeDoc.
Donc sur entraide.chatons.org, il y a pas mal d'outils disponibles pour faire ce genre de choses et pas besoin d'inscription.
Alors pour s'organiser collectivement, il y a des fonctionnalités peu connues dans Mobilizon, qui peuvent être utiles pour les collectifs : - la gestion de groupe et de ses membres ; - dans un groupe, l'accès à un forum de discussion interne ; - la possibilité d'ajouter des collections et des liens de ressources ; - la publication de billets d'actualité, en plus des événements ; - et les événements non listés, seulement accessible par lien.
Jusqu'à présent, je n'ai pas eu l'occasion de tester ça dans un collectif, mais ça peut être utile.
Dans les collectifs que je côtoie
Dans les collectifs que je côtoie, les outils récurrent : il y a quelques constats que j'en tire pour le moment, les outils récurrents sont Next Cloud et les pads. Je ne parle pas de la visioconférence. Il existe tro p d'outils de discussion différents, p arfois trois peuvent coexister pour un même collectif, c'est beaucoup trop. Et dans un collectif, même de petite taille, quatre-cinq personnes, on a réussi à utiliser plus de trois outils pour nous organiser : le site web, les chats, les pads et Next Cloud.
Et la complexité augmente si on est dans une organisation de type fédération avec des membres, ou de type équipe nationale avec des groupes locaux. Une équipe nationale ou une fédération vont probablement pas utiliser les mêmes outils de communication que ces groupes locaux, ses membres. Donc il va falloir faire le lien.
Comment choisir un ou des outils numériques ?
J'en suis au début de ma réflexion, donc, c'est tout à fait questionnable. J'ai une proposition méthodologique que j'ai pu rencontrer lorsque la team Alternatiba nationale a choisi son outil de communication interne, en l'occurrence Rocket Chat Rocket Chat. Même s'il n'est pas complètem ent adopté, notamment par les groupes locaux, cette façon de procéder a permis une large adoption parmi les membres plus actifs de ces groupes, même dans les groupes locaux.
Voilà ce que je propose : priorisez d'abord vos critères de choix en fonction de vos besoins. Ensuite sélectionnez des outils candidats en fonction de ces critères et présentez-les au collectif. Faites-les tester ensuite par des volontaires sur un temps assez long pour leur laisser le temps de refaire des retours. Et enfin, choisissez, et donc renoncez.
Anticiper l'adoption de l'outil
Alors on peut anticiper l'adoption de l'outil. Il sera plus facilement adopté s'il est déjà utilisé par ailleurs, si vous l'avez choisi collectivement et si vous l'avez fait tester par des volontaires. Alors attention, ça ne signifie pas mettre en place immédiatement, et yolo vous changez tous les six mois, et regardez j'ai un nouvel outil. Les militant·es de collectifs ne sont pas des bêta-testeur·euses.
Éviter la surcharge numérique
Essayez aussi d'éviter la surcharge numérique. Dans l'idéal, qui n'existe pas, si possible limitez à trois outils maximum utilisés par l'ensemble du collectif. Ça peut être plus passe parce que certains groupes de travail auront besoin d'outils spécifiques. Et surtout pour la communication interne, essayez d'avoir un seul outil, au moins un principal sur lequel vous êtes sûr envoyer toutes les informations importantes.
Connaître vos utilisateur·ices
Ensuite, il est bon de connaître vos utilisateurs et utilisatrices, s'i ls ont des facilités ou non à utiliser le numérique, les outils qui utilisent déjà ou le matériel qu'ils utilisent le plus souvent. Leur façon préférée de recevoir l'information : par notification, par ma il ou sur un site web. Leur préférence sur l'organisation de l'information reçue, plus ou moins structurée. Un forum de discussion offre une messagerie structurée alors que sur une messagerie instantanée, ce sont des discussions au fil de l'eau. Ou leur souhait aussi de ne pas être trop envahi par le numérique qui est assez partagé.
Les difficultés rencontrées
Vous pourrez rencontrer des difficultés. Les gens n'ont pas envie : par exemple « Ah le libre, ça ne marche pas, on veut de l'efficace », ou « Je connais bien tel outil : pourquoi je devrais changer ? ». Ou « je ne me suis pas enco re connecté, j'ai oublié comment faire. » L'appréhension aussi : « L'informatique, je n'y connais rien à rien », ou « je m'y perds avec tous ces outils ». Ou l'infobésité aussi, de souffrir de trop de numérique, de problèmes matériels et de connexion, uu encore des outils inadaptés, donc pas intuitifs, pas accessibles ou pas disponibles pour un smartphone.
A l'usage, comment ça peut se passer ?
Accompagnez
Je vous conseille d'être à plusieurs pour administrer les outils en place au cas l'une de vous n'est pas disponible, et également pour animer et modérer les outils de discussion. Proposez régulièrement à tous vos membres des mini formations ou des sessions de questions-réponses sur les outils, ça peut les aider grandement. Et répondez à des questions annexes.
Documentez
Une page « gare centrale » est bienvenue pour lister les outils utilisées, mais pas seulement. Elle peut être aussi utile pour expliquer votre fonctionnement, dont vous pouvez englober les outils utilisés dans votre fonctionnement, ce qui est même mieux.
Documentez aussi l'utilisation des outils, ou alors en passant des liens vers des documentations existantes, et également comment les configurer, les administrer, pour passer le relais, en fait, à d'autres membres qui seraient motivés pour vous rejoindre dans l'équipe d'animation ou de maintenance.
Requestionnez vos usages
Et régulièrement requestionnez vos usages, parce qu'un outil peut ne plus être utilisé. Autant le composter : sauvegardez ce que vous voulez garder et désactivez-le, débranchez-le. Votre collectif peut avoir évolué, ou alors les outils eux-mêmes peuvent avoir évolué, ne plus être adaptés.
Ressources
Je vais vous montrer quelques ressources pour trouver de la documentation et pour aller plus loin.
Donc vous avez notamment : - Le Guide Resolu Guide Resolu qui est classé en trois parties : collaborer, communiquer, o rganiser. Dans chacune des parties, vous allez retrouver donc Next Cloud pour collaborer, Jitsi ou Mattermost pour communiquer. Les métacartes « Numérique éthique », faites par Lilian Ricaud et Mélanie Lacayrouze en creative commons CC BY SA : c'est une soixantaine de cartes qui sont disponibles sur internet gratuitement et auxquelles vous pouvez contribuer, mais également sous forme d'un jeu de cartes qui est en cours d'impression.
Elles sont organisées en cartes « usages » pour préciser les usages d'un outil numérique et proposer des alternatives, en cartes « critères », formulées sous forme de questions pour affiner vos besoins -on en a parlé - et cartes « Concepts » pour expliquer un petit peu les concepts essentiels, je ne sais pas : capitalisme de surveillance, ce genre de chose, les communs, aussi.
- La documentation Framasoft, où il y a pas mal de guides, notamment, et puis sur chaque outil libre qui sont disponibles, mis à disposition par Framasoft, il y a une documentation assez précise. Par exemple, vous allez voir sur Framavox - basée sur Loomio, on en a parlé - avec vraiment des tutoriels très précis.
- Entraide.chatons.org : ce sont les services libres en ligne qui sont accessibles sans connexion, sans création de compte. Donc, vous aurez de la rédaction collaborative avec des pads, la visioconférence, la prise de rendez-vous avec Framadate, du tableur collaboratif, partage de fichiers, d'images, etc. Même un tableau de post-it.
- Le forum chaton.org. Si jamais vous souhaitez en fait héberger et administrer vous-même les outils, vous trouverez des réponses et vous pourrez poser des questions.
- Si vous cherchez un hébergeur, vous pourrez également passer par le site web des CHATONS Les CHATONS où il y a pas mal de choses intéressantes. C'est le collectif des hébergeurs alternatifs transparents, ouverts, neutres et solidaires qui proposent des outils libres, des services libres, en ligne ou pas, pour tout le monde, ça dépend des chatons, pour vous aider, en fait, à sortir des GAFAM.
- Et enfin, pour en apprendre plus, le mooc CHATONS Mooc CHATONS qui propose tout un cours. En tout cas, le premier module : Internet ; Les GAFAM, c'est quoi, et Quelles solutions pour lutter contre ça.
Voilà un petit peu quelques ressources. Et donc place à la discussion. Merci, et à tout de suite.