« Ces pépites du monde libre... » : différence entre les versions
Aucun résumé des modifications |
m (sphyngomélinase -> sphingomyélinase) |
||
Ligne 47 : | Ligne 47 : | ||
'''Delphine :''' Ça progresse et puis ça veut dire aussi qu'on peut y arriver, finalement. À force de volonté. | '''Delphine :''' Ça progresse et puis ça veut dire aussi qu'on peut y arriver, finalement. À force de volonté. | ||
'''Jean-Paul Smets :''' Bah oui en travaillant la nuit, le week-end, à écrire des procédures bureaucratiques, Nicolas Heurtel arrive à faire avancer les choses. Et donc quand j'ai lu le document, ce qui est assez génial, c'est que ça explique également le fonctionnement probable du Covid, comment ça marche. Parce qu'en fait on a une enzyme qui a été découverte avec des biologistes allemands et Nicolas Heurtel qui s'appelle | '''Jean-Paul Smets :''' Bah oui en travaillant la nuit, le week-end, à écrire des procédures bureaucratiques, Nicolas Heurtel arrive à faire avancer les choses. Et donc quand j'ai lu le document, ce qui est assez génial, c'est que ça explique également le fonctionnement probable du Covid, comment ça marche. Parce qu'en fait on a une enzyme qui a été découverte avec des biologistes allemands et Nicolas Heurtel qui s'appelle sphingomyélinase-acide, qui combinée à une graisse qui s'appelle la céramide, explique comment en fait le virus pénètre dans les cellules. Donc apparemment le virus de la Covid 19 active la sphingomyélinase-acide, ensuite elle produit un gel, le gel permet aux récepteurs à CO2 du virus de se concentrer, de pénétrer la cellule, en créant une réaction inflammatoire importante. Donc là, Nicolas Heurtel s'est dit : « Est-ce que c'est ça le mécanisme ? ». Donc il a repris toutes les données, il a regardé tous les patients qui prenaient des antidépresseurs. Certains de ces antidépresseurs inhibent la sphingomyélinase-acide, d'autres non. Et bien il s'est rendu compte que les antidépresseurs qui inhibent la sphingomyélinase-acide sont ceux en fait qui permettent d'éviter une forme grave. | ||
'''Delphine :''' Mais ça veut dire donc que on commence à savoir comment fonctionne la maladie Covid-19 ? | '''Delphine :''' Mais ça veut dire donc que on commence à savoir comment fonctionne la maladie Covid-19 ? | ||
'''Jean-Paul Smets :''' Alors presque, c'est pas encore à 100 %, il y a encore quelques essais à faire, mais on en est quasiment sûrs. Parce qu'il a ensuite pris en fait les bases de sang, qui s'appellent les biobanques, qui contiennent le sang congelé de patients, et il s'est mis à mesurer dans chaque échantillon de sang quelle était la quantité de | '''Jean-Paul Smets :''' Alors presque, c'est pas encore à 100 %, il y a encore quelques essais à faire, mais on en est quasiment sûrs. Parce qu'il a ensuite pris en fait les bases de sang, qui s'appellent les biobanques, qui contiennent le sang congelé de patients, et il s'est mis à mesurer dans chaque échantillon de sang quelle était la quantité de sphingomyélinase-acide et de céramide. Il s'est rendu compte que plus il y a de sphingomyélinase-acide et de céramide, plus en fait on a une forme grave. On sait aussi que les personnes âgées et les personnes obèses ont naturellement beaucoup de sphingomyélinase-acide et de céramide. Donc apparemment, un test sur une goutte de sang, et on peut prédire à n'importe qui s'il risque ou non de faire une forme grave du Covid. | ||
'''Delphine :''' Oh génial, moi j'aimerais bien me faire tester. | '''Delphine :''' Oh génial, moi j'aimerais bien me faire tester. | ||
Ligne 59 : | Ligne 59 : | ||
'''Delphine :''' Parce que ? | '''Delphine :''' Parce que ? | ||
'''Jean-Paul Smets :''' Bah parce que c'est pas un test courant et donc Nicolas Heurtel a monté une start-up qui s'appelle Fiasmacare et qui va probablement bientôt commercialiser en France et partout dans le monde un test permettant à chacun de savoir combien il a de | '''Jean-Paul Smets :''' Bah parce que c'est pas un test courant et donc Nicolas Heurtel a monté une start-up qui s'appelle Fiasmacare et qui va probablement bientôt commercialiser en France et partout dans le monde un test permettant à chacun de savoir combien il a de sphingomyélinase-acide dans le sang et de céramide et donc de savoir s'il risque une forme grave du Covid. | ||
'''Delphine :''' Donc le test n'était pas disponible alors il monte une start-up et il crée son test. | '''Delphine :''' Donc le test n'était pas disponible alors il monte une start-up et il crée son test. |
Version du 6 octobre 2022 à 15:16
Vidéo source: https://www.bsmart.fr/video/11544-smart-tech-partie-27-janvier-2022
Delphine : Vous êtes sur le plateau de Smart Tech, de retour sur la chaîne B SMART. On parle d'innovation, de société numérique ici. On terminera d'ailleurs l'émission avec, vous verrez, une batterie assez étonnante : la plus longue et la plus souple du monde. Mais d'abord nous avons rendez-vous avec le monde du libre et Jean-Paul Smets, le PDG de Rapid.Space. Bonjour Jean-Paul.
Jean-Paul Smets : Bonjour Delphine.
Delphine : Alors je disais en introduction, l'activité dans ce monde du libre elle est très très riche ce mois-ci. Avec des nouveautés logicielles, matérielles et aussi dans les médicaments, dont vous nous aviez déjà parlé, qui sont issus de la recherche open source pour traiter le Covid 19 notamment. On va démarrer avec l'actu logicielle.
Jean-Paul Smets : Alors ce mois-ci, c'est la sortie de KiCad 6. KiCad c'est le logiciel qui sert, en fait, à concevoir les cartes mères, les stations de base 5G, les objets connectés… C'est un logiciel libre qui est l'équivalent, pour ceux qui connaissent, du logiciel propriétaire Altiom ou encore Eagle, et c'est un logiciel qui a une énorme communauté dans le monde.
Delphine : KiCad, K-I-C-A-D, c'est ça ?
Jean-Paul Smets : Oui.
Delphine : Qui est à l'origine de KiCad ?
Jean-Paul Smets : C'est Jean-Pierre Charas, qui travaillait à l'Institut Universitaire Technologique de Grenoble, qui a en fait créé KiCad en 1994, il y a 30 ans. Ensuite le projet aujourd'hui est géré par Way Stanbow (?) et a reçu le soutien du Centre Européen de Recherche Nucléaire, le même centre qui a inventé le web en 1989.
Delphine : Alors côté mat-, alors pardon, j'ai oublié de vous demander qui utilisait KiCad, parce que vous avez cité les applications mais…
Jean-Paul Smets : Des gens qui font des ordinateurs, des drones, des téléphones. Par exemple ? aux États-Unis ou la société finlandaise FCQ qui est dans le domaine de la sécurité et fabrique des clés USB programmables. Et le gros fabricant européen de matériel électronique européen qui utilise KiCad est une société bulgare qui s'appelle Olymex.
Delphine : Ok, alors justement parlons matériel. Matériel, il y a eu une annonce cette semaine : un nouvel ordinateur pour l'edge computing.
Jean-Paul Smets : Oui, alors Olymex fabriquait déjà un ordinateur à base de processeurs européens STM 32 MP, de style micro, ça ressemblait un peu à un Raspberry Pi, mais un peu plus solide pour les applications industrielles. Et là, ils sortent une nouvelle machine, encore avec un processeur européen de la société NXP, qui appartenait avant à Philips, il s'appelle le IM X8 M+, toujours des noms magnifiques.
Delphine : ???
Jean-Paul Smets : Mais, mais il est capable de faire 2300 milliards d'opérations par seconde avec un système d'accélération neuronale pour l'intelligence artificielle pour par exemple faire de la reconnaissance optique de défauts dans les usines ou de la reconnaissance faciale dans les caméras intelligentes. Et donc on a là un premier outil solide de edge-computing en Europe, peut-être bientôt de space-computing puisqu'Olymex équipe de nombreux satellites russes.
Delphine : Et donc c'est du matériel libre ?
Jean-Paul Smets : Tout est libre, le code de l'ordinateur, qui a été fait avec KiCad, peut être téléchargé sur GitHub. Et ce qui est vraiment étonnant c'est que Olymex, avec du processeur européen, de la fabrication en Europe, tout européen et tout libre, fait 35 % de résultat d'exploitation. Comme quoi on peut gagner beaucoup d'argent avec le libre.
Delphine : Mais vous nous le dites à chaque fois, on va finir par le prendre en considération je l'espère au-delà de Smart Tech. On termine avec l'autre nouvelle du mois, c'est une nouvelle qui nous vient de l'AP-HP.
Jean-Paul Smets : Oui, alors, Nicolas Heurtel qui avait en fait découvert un traitement prometteur de la Covid 19 en travaillant avec les équipes de l'entrepôt de données de santé des hôpitaux de Paris. En fait il avait vu qu'un certain nombre d'antidépresseurs comme la fluvoxamine ou la fluoxétine qui est le nom scientifique du Prozac pouvaient en fait potentiellement soigner la Covid 19. Et bah en fait a de nouveaux succès, d'une part de plus en plus de gens utilisent sa molécule, et ensuite il a trouvé un test qui permet de découvrir qui va faire ou pas une forme grave du Covid. Et donc, par exemple, aujourd'hui, John Hopkins aux États-Unis, l'Université du Washington, l'État de l'Ontario au Canada et la Société Médicale du Canada recommandent officiellement l'usage de la fluvoxamine pour le traitement de la covid 19 et on a aujourd'hui 850 nouveaux patients qui l'utilisent aux États-Unis tous les jours selon les statistiques.
Delphine : Et oui parce que tu nous avait expliqué ça, effectivement, et tu nous avais aussi dit pourquoi on pouvait pas aujourd'hui le prescrire en France.
Jean-Paul Smets : Parce qu'en fait lorsque l'on veut prescrire en France une vieille molécule pour une nouvelle maladie sans qu'il y ait un risque juridique pour le médecin qui le prescrit, il faut faire une nouvelle autorisation de mise sur le marché pour une nouvelle indication. Et le problème c'est qu'en fait une vieille molécule, libre, c'est pas cher, c'est pas très rentable, et les bénéfices que peut faire le laboratoire qui est indispensable pour l'autorisation de mise sur le marché, bah ces bénéfices sont trop faibles pour payer les assurances pour l'éventuel risque d'effets indésirables. Et donc on a un système bloqué.
Delphine : Bloqué parce que on a des procédures encore trop lourdes ?
Jean-Paul Smets : Alors, Nicolas Heurtel, c'est pas son travail, m'a envoyé un document de 129 pages, il a rédigé lui-même, une demande d'usage dans un cadre de prescription compassionnelle, de la fluvoxamine en France. Et donc on a aujourd'hui maintenant des grandes chances que de pouvoir l'utiliser, peut-être dans un ou deux mois. C'est très intéressant parce que c'est une molécule qui a fait l'objet de plusieurs essais cliniques randomisés, donc toutes les données sont publiques, et en plus qui n'a pas le problème de l'interaction médicamenteuse que contient le Ritonavir qu'on trouve dans la molécule paxlovire de Pfizer. Donc ça progresse.
Delphine : Ça progresse et puis ça veut dire aussi qu'on peut y arriver, finalement. À force de volonté.
Jean-Paul Smets : Bah oui en travaillant la nuit, le week-end, à écrire des procédures bureaucratiques, Nicolas Heurtel arrive à faire avancer les choses. Et donc quand j'ai lu le document, ce qui est assez génial, c'est que ça explique également le fonctionnement probable du Covid, comment ça marche. Parce qu'en fait on a une enzyme qui a été découverte avec des biologistes allemands et Nicolas Heurtel qui s'appelle sphingomyélinase-acide, qui combinée à une graisse qui s'appelle la céramide, explique comment en fait le virus pénètre dans les cellules. Donc apparemment le virus de la Covid 19 active la sphingomyélinase-acide, ensuite elle produit un gel, le gel permet aux récepteurs à CO2 du virus de se concentrer, de pénétrer la cellule, en créant une réaction inflammatoire importante. Donc là, Nicolas Heurtel s'est dit : « Est-ce que c'est ça le mécanisme ? ». Donc il a repris toutes les données, il a regardé tous les patients qui prenaient des antidépresseurs. Certains de ces antidépresseurs inhibent la sphingomyélinase-acide, d'autres non. Et bien il s'est rendu compte que les antidépresseurs qui inhibent la sphingomyélinase-acide sont ceux en fait qui permettent d'éviter une forme grave.
Delphine : Mais ça veut dire donc que on commence à savoir comment fonctionne la maladie Covid-19 ?
Jean-Paul Smets : Alors presque, c'est pas encore à 100 %, il y a encore quelques essais à faire, mais on en est quasiment sûrs. Parce qu'il a ensuite pris en fait les bases de sang, qui s'appellent les biobanques, qui contiennent le sang congelé de patients, et il s'est mis à mesurer dans chaque échantillon de sang quelle était la quantité de sphingomyélinase-acide et de céramide. Il s'est rendu compte que plus il y a de sphingomyélinase-acide et de céramide, plus en fait on a une forme grave. On sait aussi que les personnes âgées et les personnes obèses ont naturellement beaucoup de sphingomyélinase-acide et de céramide. Donc apparemment, un test sur une goutte de sang, et on peut prédire à n'importe qui s'il risque ou non de faire une forme grave du Covid.
Delphine : Oh génial, moi j'aimerais bien me faire tester.
Jean-Paul Smets : Mais ces tests ne sont pas disponibles dans les labos.
Delphine : Parce que ?
Jean-Paul Smets : Bah parce que c'est pas un test courant et donc Nicolas Heurtel a monté une start-up qui s'appelle Fiasmacare et qui va probablement bientôt commercialiser en France et partout dans le monde un test permettant à chacun de savoir combien il a de sphingomyélinase-acide dans le sang et de céramide et donc de savoir s'il risque une forme grave du Covid.
Delphine : Donc le test n'était pas disponible alors il monte une start-up et il crée son test.
Jean-Paul Smets : Et il y va…
Delphine : Pour le commercialiser…
Jean-Paul Smets : C'est ça.
Delphine : Il est impressionnant ce Docteur Heurtel.
Jean-Paul Smets : Bah il fait de l'informatique, il fait de la médecine, il monte une start-up, il fait tout ! On a plein de gens comme ça en France, je pense qu'on en trouvera d'autres, et c'est quand même ce qui est très agréable d'habiter ici.
Delphine : Merci beaucoup, Jean-Paul Smets, PDG de Rapid.Space, pour nous faire découvrir ce monde du libre et toutes les personnes finalement qui l'animent, avec un grand talent. À suivre dans Smart Tech, c'est notre séquence « Et demain », on va s'intéresser à une batterie unique en son genre.