« Émission Libre à vous ! diffusée mardi 15 mars 2022 sur radio Cause Commune » : différence entre les versions

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<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons commencer par parler de Libre éducatif. Notre invité : Alexis Kauffman, chef de projet logiciels et ressources éducatives libres et mixité dans les filières du numérique, ministère de l’Éducation nationale. Bonjour Alexis.
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons commencer par parler de Libre éducatif. Notre invité : Alexis Kauffman, chef de projet logiciels et ressources éducatives libres et mixité dans les filières du numérique, ministère de l’Éducation nationale. Bonjour Alexis.
==Tracim, logiciel libre d’aide à la collaboration d’équipe, avec Damien Accorsi, dirigeant, et Charline Rageade, facilitatrice de projets et SCRUM Master de la société Algoo==
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui va porter sur la collaboration d’équipe avec notamment le logiciel libre Tracim. Nos invités du jour Damien Accorsi et Charline Rageade de la société  Algoo. Les deux personnes invitées sont à distance. On va vérifier qu’elles sont là.<br/>
Bonjour Damien.
==Chronique « À cœur vaillant, la voie est libre » de Laurent et Lorette Costy sur le thème « L’arobase dans les peintures rupestres du courriel »==
<b>Frédéric Couchet : </b>Comprendre Internet et ses techniques pour mieux l’utiliser, avec des logiciels libres et services respectueux des utilisatrices et utilisateurs, pour son propre bien en particulier et celui de la société en général, c’est la chronique « À cœur vaillant, la voie est libre » de Laurent Costy administrateur de l’April et de sa fille Lorette. Le titre de la chronique du jour : « L’arobase dans les peintures rupestres du courriel ». La chronique a été enregistrée. On se retrouve dans neuf minutes.
[Virgule sonore]
<b>Laurent Costy : </b><em>Hi, this is Jenny. I am sending you my intimate photos as I promised</em> [Prononcé par une voix féminine à l’accent parfait, NdT]. Tu as vu ma puce, je fais des progrès en anglais pour la prononciation ! Je prends des phrases qui me passent sous les yeux et m’entraîne à les prononcer !
<b>Lorette Costy : </b>Euh, bravo papa, c’est très bien ! Peut-être plus <em>promised</em> que « praumisède » en fait. Et tu l’as lu où cette phrase ? Il y avait un lien aussi ?
<b>Laurent Costy : </b>C’est <em>promised</em>, je vais encore m’entraîner pour la prononciation. Pour la phrase, c’est un courriel personnel, c’est ma vie privée, ça ne te regarde pas. Mais ça veut dire quoi exactement ?
<b>Lorette Costy : </b>Bah, c’est ta vie privée, ça ne me regarde pas ! Mais je me demande comment on peut recevoir de tels courriels !
<b>Laurent Costy : </b>Toi, je te vois venir ! Tu veux que je t’explique les dessous intimes du courriel, son histoire, son fonctionnement, toussa.
<b>Lorette Costy : </b>Bof ! Mais j’ai bien capté que c’était le sujet de la chronique. D’ailleurs, tu n’es pas obligé, à chaque fois, de te torturer sur des introductions sinueuses puisque le thème de la chronique est annoncé à chaque fois en fait !
<b>Laurent Costy : </b>Tu as raison. Prends une feuille et un stylo, aujourd’hui, cours sur les courriels. Je ne veux pas entendre un bit basculer de 0 à 1 et vice versa. Vivement l’avènement des ordinateurs quantiques.
<b>Lorette Costy : </b>Vas-y papa, t’es chaud là, lâche-toi ! Balance la sauce ! Commence par le commencement et remonte dans l’histoire d’Internet.
<b>Laurent Costy : </b>Comme souvent, ce sont les complexes militaro-industriels qui innovent car, stratégiquement, ça peut se révéler un avantage militaire et commercial.
<b>Lorette Costy : </b>Ce sont donc des militaires qui ont envoyé le premier courriel ? C’était quoi le message ? Genre « Haut les mains, vous êtes cernés ! »
<b>Laurent Costy : </b>Tu as le sens de la formule, tu devrais être générale des armées. Mais non, ce n’était pas ce message mais presque. C’est Ray Tomlinson, alors sous contrat avec le gouvernement américain pour le projet Arpanet, qui va faire converger deux programmes pour envoyer et recevoir du texte.
<b>Lorette Costy : </b>Arpanet, laisse-moi essayer de deviner, Agence pour la Recherche Pacifique Neutre Éthique et Transparente.
<b>Laurent Costy : </b>Ta tentative ressemble à s’y méprendre aux géniales idées de Framasoft quand il s’agit de trouver un acronyme comme celui des chatons.org ! Mais il manque le deuxième « a » de Arpanet dans ton essai de déclinaison de l’acronyme.
<b>Lorette Costy : </b>Ah oui ! Ça ne peut pas être ça du coup.
<b>Laurent Costy : </b>Effectivement. Et même si leurs intentions étaient sans aucun doute celles que tu pointes, hum !, ils sont restés plus modestes : Advanced Research Projects Agency Network, autrement dit projet de recherches avancées en réseau de l’agence, branche du département de la Défense des États-Unis. On y est donc.
<b>Lorette Costy : </b>Ça fait pas un peu beaucoup d’argent investi pour envoyer des gifs de chats qui se gaufrent à papy pour son anniversaire ?
<b>Laurent Costy : </b>Tout doux Tonnerre ! On n’en est pas encore à envoyer des images. Il a d’abord fallu que Ray Tomlison associe le couple de programmes Send Message/Readmail avec le programme CopyNet qui permettait de copier simultanément un fichier sur les 15 ordinateurs d’Arpanet. Avec 200 lignes de code, il est parvenu à créer deux boîtes aux lettres électroniques sur deux ordinateurs situés côte à côte et à envoyer un message d’un ordinateur à l’autre.
<b>Lorette Costy : </b>Moi aussi je peux faire croire que je fais communiquer deux ordinateurs qui sont l’un à côté de l’autre : je déclare deux écrans sur le premier ordinateur, je fais semblant de brancher le second ordinateur et le tour est joué !
<b>Laurent Costy : </b>Je crois que tu confonds prestidigitation et informatique ma chérie mais, je le note ! La prochaine fois que je n’arriverai pas à mettre deux ordinateurs en réseau – ce qui ne saurait tarder étant donné mon incompétence – je ferai ça et je pourrai ainsi usurper en toute quiétude !
<b>Lorette Costy : </b>Oui ? En plus tu es devenu un expert sur ce plan !
<b>Laurent Costy : </b>Ouais ! Mets ta mère dans le métavers !
<b>Lorette Costy : </b>Naaaaan, je décooooonne ! Papa, tu es super sensible parfois. Et quel message d’espoir pour l’humanité a-t-il fait transiter par ce réseau, prémices d’Internet, ce cher Ray Tomlison  ?
<b>Laurent Costy : </b>Sans doute une traduction anglaise de l’un de tes mots de passe préféré, qwertyuiop, les premières lettres du clavier anglo-saxon. On reviendra un jour sur les mots de passe et la sécurité. J’ai des choses truculentes et des anecdotes incroyables à raconter !
<b>Lorette Costy : </b>Je n’en doute pas un seul instant. Ça va être une vraie fête. Youpi ! Et pour revenir sur le message transmis, on sent que c’était moins bien préparé que le voyage sur la lune. Il aurait pu se fouler un peu plus avec un truc du genre « un petit tapotage pour Tomlison, un grand tchoukoutchouk pour l’humanité », ou genre « Coucou, tu veux faire coco ? » ou, à minima, un traditionnel <em>Hello World!</em>
<b>Laurent Costy : </b>Bien essayé poussine ! Mais cette tradition, comme tu l’appelles, est venue plus tard. Ça vient d’un dessin animé dans lequel on voyait justement un poussin qui sortait d’un œuf et qui disait « Pioupiou, bonjour le monde, pioupiou ! ».
<b>Lorette Costy : </b>Tu as un peu recontextualisé en rajoutant des pioupious et sa petite voix, non ?
<b>Laurent Costy : </b>Oui et j’en profite ! Comme tu es devenue un peu spécialiste du projet GNU, je précise ici que, de cette expression <em>Hello World!</em> est née le projet GNU Hello qui fait figure d’exemple canonique pour l’empaquetage d’un programme GNU et va jusqu’à servir de modèle aux normes de codage GNU ainsi qu’aux pratiques en vigueur au sein du projet. Bref !, dire bonjour est important dans le monde du Libre !
<b>Lorette Costy : </b>Hyper spécialiste tu veux dire. GNU, c’est la partie philosophique, éthique et sociale dans GNU/Linux, non ?
<b>Laurent Costy : </b>5/5 ! Coeff 4, ça nous fait même 20/20. Mais on s’égare ! Dommage ! Pour adresser son message, Ray Tomlison avait besoin de séparer le destinataire du nom de la machine. Il a pensé à la première lettre du clavier, le « Q ». Mais il y avait trop de risques qu’elle soit confondue avec une lettre dans le nom de la personne ou de la machine.
<b>Lorette Costy : </b>Il a donc pensé au « W » en se disant que si un décret passait pour interdire l’usage du « W » dans tous les noms et prénoms du monde, ça pouvait être jouable. Je n’ai jamais entendu parler de ce décret, donc je pense qu’il a laissé tomber.
<b>Laurent Costy : </b>Trêve du passage en revue de l’alphabet ! Ray ne cherchait pas une personne avec un caractère susceptible d’utiliser un clavier dans le présent, mais bien un caractère que plus personne n’utilisait tout en étant quand même présent sur le clavier. Tu me suis ?
<b>Lorette Costy : </b>Oui ! Il faut peut-être synthétiser ta pensée confuse. En fait, il cherchait simplement un caractère non utilisé sur le clavier. Et, il a trouvé l’arobase ! Mais qu’est-ce qu’elle faisait là cette arobase si justement elle ne servait à rien à la base ?
<b>Laurent Costy : </b>Bah, elle attendait l’invention du courrier électronique pardi ! Il y a des caractères, comme ça, qui savent se tapir dans l’ombre, se faire oublier pour mieux surgir dans la lumière de la fibre optique !
<b>Lorette Costy : </b>Mais papa, zéro rapport, un jour tu m’as dit : « il ne faut pas jeter l’eau du bain avec le bébé, elle peut toujours servir à laver le 4 x 4 ! ». Je retiens donc « fibre optique » de tes propos précédents et le range dans le coffre spacieux du dit véhicule désormais propre. Mais en vrai, quoi donc qu’elle faisait là cette arobase surgissante ?!
<b>Laurent Costy : </b>Tu ne me crois pas ! J’ai exploré le fin fond du Web pour essayer d’apporter une réponse à cette question. J’ai été pris dans le vortex infernal des hyperliens et j’ai même regardé une vidéo passionnante de plus d’une heure pour cela !
<b>Lorette Costy : </b>Tu peux passer ta synthèse en double vitesse de lecture, par contre, parce qu’on  arrive bientôt à la fin de la chronique ? Vite !
<b>Laurent Costy : </b>OK, je fais court et un peu mystérieux aussi. Pour la présence de l’arobase sur le clavier de Ray Tomlinson, c’est un reste des signes utilisés par les commerçants américains. Selon le site arobase.org, qui reprend l’histoire du mail et de l’arobase, les commerçants l’utilisaient pour indiquer un prix unitaire. <em>2 books @ $10</em>, où le «at » est une arobase, et se lisait « 2 livres à 10 dollars pièce ». Les machines à écrire, commercialisées à partir de 1873, 100 ans avant la naissance de ton père, ont intégré ce caractère sur leur clavier pour satisfaire commerciaux et comptables. Et les concepteurs des premiers claviers de systèmes informatiques ont alors repris ensuite ce caractère sur leurs modèles.
<b>Lorette Costy : </b>C’est presque captivant et intéressant ! Mais tu ne dis pas d’où vient le signe en lui-même ?
<b>Laurent Costy : </b>C’est bien là que ça se complique, car les origines déchirent les spécialistes ou celles et ceux qui pensent l’être. On identifie en fait trois origines possibles :<br/>
@ serait une abréviation de la préposition latine « ad » qui signifie « chez, vers, à ».<br/>
D’autres disent que c’est une unité de mesure de poids et de volume qui viendrait de l’arabe <em>ar-rouba</em> signifiant quatre ou quart.<br/>
Enfin, ce serait, pour d’autres, une confusion calligraphique due à un mauvais usage du mot français « à » par des marchands étrangers.
<b>Lorette Costy : </b>J’imagine que ce n’est pas simple de cerner la réalité. Si ma pratique du Web se confirme, les personnes qui défendent telle ou telle hypothèse n’arrêtent pas de s’auto-référencer et de renforcer leurs croyances plus ou moins inconsciemment ?
<b>Laurent Costy : </b>C’est bien la conclusion de Marc Smith, professeur de paléographie, si, ça existe ! L’arobase est sans doute un avatar de tout ça ! Bon, l’@ étant posé, je vais pouvoir commencer à t’expliquer les courriels dans les quatre ou cinq prochaines chronique. Je te poutoute et te donne rendez-vous la prochaine fois. On essaiera de causer sans doute encore un peu histoire mais aussi de protocoles…
<b>Lorette Costy : </b>Ho, là, là, y’a encore tout ça  sur le courriel ? Bon, je me prépare pour que tes explications sur les protocoles protoadhèrent et je te fais la bise mon paparobase !
[Virgule sonore]
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous sommes de retour en direct. C’était la chronique de Laurent et Lorette Costy, apprendre des choses intéressantes et utiles tout en s’amusant.<br/>
Nous approchons de la fin de l’émission. Nous allons terminer par quelques annonces.
[Virgule musicale]
==Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l'April et le monde du Libre==
<b>Frédéric Couchet : </b>On va commence par un peu d’auto-promo radiophonique

Version du 16 mars 2022 à 14:50


Titre : Émission Libre à vous ! diffusée mardi 15 mars 2022 sur radio Cause Commune

Intervenant·e·s : Alexis Kauffman - Charline Rageade - Damien Accorsi - Laurent Costy - Lorette Costy - Frédéric Couchet - Étienne Gonnu à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 15 mars 2022

Durée : 1 h 30 min

Podcast provisoire

Références concernant l'émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration : Déjà prévue

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
La collaboration d’équipe en présentiel et en télétravail, on est en plein dedans depuis au moins deux ans ! Eh bien ce sera le sujet de l’émission du jour, on parlera notamment du logiciel libre Tracim. Avec également au programme la journée du Libre éducatif prévue à Lyon le 1er avril et aussi une chronique sur le thème « L’arobase dans les peintures rupestres du courriel ». Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.

Le site web de l’émission c’est libreavous.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire tout retour ou à nous poser toute question.

Nous sommes mardi 15 mars 2022, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
Une vitre nous sépare mais cela n’empêche pas une belle collaboration d’équipe. Il est à la réalisation de l’émission du jour, c’est mon collègue Étienne Gonnu. Bonjour Étienne.

Étienne Gonnu  : Salut Fred.

Frédéric Couchet : Nous vous souhaitons une excellente écoute.

[Jingle]

Interview d’Alexis Kauffman, chef de projet logiciels et ressources éducatives libres et mixité dans les filières du numérique, ministère de l’Éducation nationale, sur la Journée du libre éducatif, 1er avril 2022, Lyon

Frédéric Couchet : Nous allons commencer par parler de Libre éducatif. Notre invité : Alexis Kauffman, chef de projet logiciels et ressources éducatives libres et mixité dans les filières du numérique, ministère de l’Éducation nationale. Bonjour Alexis.







Tracim, logiciel libre d’aide à la collaboration d’équipe, avec Damien Accorsi, dirigeant, et Charline Rageade, facilitatrice de projets et SCRUM Master de la société Algoo

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui va porter sur la collaboration d’équipe avec notamment le logiciel libre Tracim. Nos invités du jour Damien Accorsi et Charline Rageade de la société Algoo. Les deux personnes invitées sont à distance. On va vérifier qu’elles sont là.
Bonjour Damien.
















Chronique « À cœur vaillant, la voie est libre » de Laurent et Lorette Costy sur le thème « L’arobase dans les peintures rupestres du courriel »

Frédéric Couchet : Comprendre Internet et ses techniques pour mieux l’utiliser, avec des logiciels libres et services respectueux des utilisatrices et utilisateurs, pour son propre bien en particulier et celui de la société en général, c’est la chronique « À cœur vaillant, la voie est libre » de Laurent Costy administrateur de l’April et de sa fille Lorette. Le titre de la chronique du jour : « L’arobase dans les peintures rupestres du courriel ». La chronique a été enregistrée. On se retrouve dans neuf minutes.

[Virgule sonore]

Laurent Costy : Hi, this is Jenny. I am sending you my intimate photos as I promised [Prononcé par une voix féminine à l’accent parfait, NdT]. Tu as vu ma puce, je fais des progrès en anglais pour la prononciation ! Je prends des phrases qui me passent sous les yeux et m’entraîne à les prononcer !

Lorette Costy : Euh, bravo papa, c’est très bien ! Peut-être plus promised que « praumisède » en fait. Et tu l’as lu où cette phrase ? Il y avait un lien aussi ?

Laurent Costy : C’est promised, je vais encore m’entraîner pour la prononciation. Pour la phrase, c’est un courriel personnel, c’est ma vie privée, ça ne te regarde pas. Mais ça veut dire quoi exactement ?

Lorette Costy : Bah, c’est ta vie privée, ça ne me regarde pas ! Mais je me demande comment on peut recevoir de tels courriels !

Laurent Costy : Toi, je te vois venir ! Tu veux que je t’explique les dessous intimes du courriel, son histoire, son fonctionnement, toussa.

Lorette Costy : Bof ! Mais j’ai bien capté que c’était le sujet de la chronique. D’ailleurs, tu n’es pas obligé, à chaque fois, de te torturer sur des introductions sinueuses puisque le thème de la chronique est annoncé à chaque fois en fait !

Laurent Costy : Tu as raison. Prends une feuille et un stylo, aujourd’hui, cours sur les courriels. Je ne veux pas entendre un bit basculer de 0 à 1 et vice versa. Vivement l’avènement des ordinateurs quantiques.

Lorette Costy : Vas-y papa, t’es chaud là, lâche-toi ! Balance la sauce ! Commence par le commencement et remonte dans l’histoire d’Internet.

Laurent Costy : Comme souvent, ce sont les complexes militaro-industriels qui innovent car, stratégiquement, ça peut se révéler un avantage militaire et commercial.

Lorette Costy : Ce sont donc des militaires qui ont envoyé le premier courriel ? C’était quoi le message ? Genre « Haut les mains, vous êtes cernés ! »

Laurent Costy : Tu as le sens de la formule, tu devrais être générale des armées. Mais non, ce n’était pas ce message mais presque. C’est Ray Tomlinson, alors sous contrat avec le gouvernement américain pour le projet Arpanet, qui va faire converger deux programmes pour envoyer et recevoir du texte.

Lorette Costy : Arpanet, laisse-moi essayer de deviner, Agence pour la Recherche Pacifique Neutre Éthique et Transparente.

Laurent Costy : Ta tentative ressemble à s’y méprendre aux géniales idées de Framasoft quand il s’agit de trouver un acronyme comme celui des chatons.org ! Mais il manque le deuxième « a » de Arpanet dans ton essai de déclinaison de l’acronyme.

Lorette Costy : Ah oui ! Ça ne peut pas être ça du coup.

Laurent Costy : Effectivement. Et même si leurs intentions étaient sans aucun doute celles que tu pointes, hum !, ils sont restés plus modestes : Advanced Research Projects Agency Network, autrement dit projet de recherches avancées en réseau de l’agence, branche du département de la Défense des États-Unis. On y est donc.

Lorette Costy : Ça fait pas un peu beaucoup d’argent investi pour envoyer des gifs de chats qui se gaufrent à papy pour son anniversaire ?

Laurent Costy : Tout doux Tonnerre ! On n’en est pas encore à envoyer des images. Il a d’abord fallu que Ray Tomlison associe le couple de programmes Send Message/Readmail avec le programme CopyNet qui permettait de copier simultanément un fichier sur les 15 ordinateurs d’Arpanet. Avec 200 lignes de code, il est parvenu à créer deux boîtes aux lettres électroniques sur deux ordinateurs situés côte à côte et à envoyer un message d’un ordinateur à l’autre.

Lorette Costy : Moi aussi je peux faire croire que je fais communiquer deux ordinateurs qui sont l’un à côté de l’autre : je déclare deux écrans sur le premier ordinateur, je fais semblant de brancher le second ordinateur et le tour est joué !

Laurent Costy : Je crois que tu confonds prestidigitation et informatique ma chérie mais, je le note ! La prochaine fois que je n’arriverai pas à mettre deux ordinateurs en réseau – ce qui ne saurait tarder étant donné mon incompétence – je ferai ça et je pourrai ainsi usurper en toute quiétude !

Lorette Costy : Oui ? En plus tu es devenu un expert sur ce plan !

Laurent Costy : Ouais ! Mets ta mère dans le métavers !

Lorette Costy : Naaaaan, je décooooonne ! Papa, tu es super sensible parfois. Et quel message d’espoir pour l’humanité a-t-il fait transiter par ce réseau, prémices d’Internet, ce cher Ray Tomlison  ?

Laurent Costy : Sans doute une traduction anglaise de l’un de tes mots de passe préféré, qwertyuiop, les premières lettres du clavier anglo-saxon. On reviendra un jour sur les mots de passe et la sécurité. J’ai des choses truculentes et des anecdotes incroyables à raconter !

Lorette Costy : Je n’en doute pas un seul instant. Ça va être une vraie fête. Youpi ! Et pour revenir sur le message transmis, on sent que c’était moins bien préparé que le voyage sur la lune. Il aurait pu se fouler un peu plus avec un truc du genre « un petit tapotage pour Tomlison, un grand tchoukoutchouk pour l’humanité », ou genre « Coucou, tu veux faire coco ? » ou, à minima, un traditionnel Hello World!

Laurent Costy : Bien essayé poussine ! Mais cette tradition, comme tu l’appelles, est venue plus tard. Ça vient d’un dessin animé dans lequel on voyait justement un poussin qui sortait d’un œuf et qui disait « Pioupiou, bonjour le monde, pioupiou ! ».

Lorette Costy : Tu as un peu recontextualisé en rajoutant des pioupious et sa petite voix, non ?

Laurent Costy : Oui et j’en profite ! Comme tu es devenue un peu spécialiste du projet GNU, je précise ici que, de cette expression Hello World! est née le projet GNU Hello qui fait figure d’exemple canonique pour l’empaquetage d’un programme GNU et va jusqu’à servir de modèle aux normes de codage GNU ainsi qu’aux pratiques en vigueur au sein du projet. Bref !, dire bonjour est important dans le monde du Libre !

Lorette Costy : Hyper spécialiste tu veux dire. GNU, c’est la partie philosophique, éthique et sociale dans GNU/Linux, non ?

Laurent Costy : 5/5 ! Coeff 4, ça nous fait même 20/20. Mais on s’égare ! Dommage ! Pour adresser son message, Ray Tomlison avait besoin de séparer le destinataire du nom de la machine. Il a pensé à la première lettre du clavier, le « Q ». Mais il y avait trop de risques qu’elle soit confondue avec une lettre dans le nom de la personne ou de la machine.

Lorette Costy : Il a donc pensé au « W » en se disant que si un décret passait pour interdire l’usage du « W » dans tous les noms et prénoms du monde, ça pouvait être jouable. Je n’ai jamais entendu parler de ce décret, donc je pense qu’il a laissé tomber.

Laurent Costy : Trêve du passage en revue de l’alphabet ! Ray ne cherchait pas une personne avec un caractère susceptible d’utiliser un clavier dans le présent, mais bien un caractère que plus personne n’utilisait tout en étant quand même présent sur le clavier. Tu me suis ?

Lorette Costy : Oui ! Il faut peut-être synthétiser ta pensée confuse. En fait, il cherchait simplement un caractère non utilisé sur le clavier. Et, il a trouvé l’arobase ! Mais qu’est-ce qu’elle faisait là cette arobase si justement elle ne servait à rien à la base ?

Laurent Costy : Bah, elle attendait l’invention du courrier électronique pardi ! Il y a des caractères, comme ça, qui savent se tapir dans l’ombre, se faire oublier pour mieux surgir dans la lumière de la fibre optique !

Lorette Costy : Mais papa, zéro rapport, un jour tu m’as dit : « il ne faut pas jeter l’eau du bain avec le bébé, elle peut toujours servir à laver le 4 x 4 ! ». Je retiens donc « fibre optique » de tes propos précédents et le range dans le coffre spacieux du dit véhicule désormais propre. Mais en vrai, quoi donc qu’elle faisait là cette arobase surgissante ?!

Laurent Costy : Tu ne me crois pas ! J’ai exploré le fin fond du Web pour essayer d’apporter une réponse à cette question. J’ai été pris dans le vortex infernal des hyperliens et j’ai même regardé une vidéo passionnante de plus d’une heure pour cela !

Lorette Costy : Tu peux passer ta synthèse en double vitesse de lecture, par contre, parce qu’on arrive bientôt à la fin de la chronique ? Vite !

Laurent Costy : OK, je fais court et un peu mystérieux aussi. Pour la présence de l’arobase sur le clavier de Ray Tomlinson, c’est un reste des signes utilisés par les commerçants américains. Selon le site arobase.org, qui reprend l’histoire du mail et de l’arobase, les commerçants l’utilisaient pour indiquer un prix unitaire. 2 books @ $10, où le «at » est une arobase, et se lisait « 2 livres à 10 dollars pièce ». Les machines à écrire, commercialisées à partir de 1873, 100 ans avant la naissance de ton père, ont intégré ce caractère sur leur clavier pour satisfaire commerciaux et comptables. Et les concepteurs des premiers claviers de systèmes informatiques ont alors repris ensuite ce caractère sur leurs modèles.

Lorette Costy : C’est presque captivant et intéressant ! Mais tu ne dis pas d’où vient le signe en lui-même ?

Laurent Costy : C’est bien là que ça se complique, car les origines déchirent les spécialistes ou celles et ceux qui pensent l’être. On identifie en fait trois origines possibles :
@ serait une abréviation de la préposition latine « ad » qui signifie « chez, vers, à ».
D’autres disent que c’est une unité de mesure de poids et de volume qui viendrait de l’arabe ar-rouba signifiant quatre ou quart.
Enfin, ce serait, pour d’autres, une confusion calligraphique due à un mauvais usage du mot français « à » par des marchands étrangers.

Lorette Costy : J’imagine que ce n’est pas simple de cerner la réalité. Si ma pratique du Web se confirme, les personnes qui défendent telle ou telle hypothèse n’arrêtent pas de s’auto-référencer et de renforcer leurs croyances plus ou moins inconsciemment ?

Laurent Costy : C’est bien la conclusion de Marc Smith, professeur de paléographie, si, ça existe ! L’arobase est sans doute un avatar de tout ça ! Bon, l’@ étant posé, je vais pouvoir commencer à t’expliquer les courriels dans les quatre ou cinq prochaines chronique. Je te poutoute et te donne rendez-vous la prochaine fois. On essaiera de causer sans doute encore un peu histoire mais aussi de protocoles…

Lorette Costy : Ho, là, là, y’a encore tout ça sur le courriel ? Bon, je me prépare pour que tes explications sur les protocoles protoadhèrent et je te fais la bise mon paparobase !

[Virgule sonore]

Frédéric Couchet : Nous sommes de retour en direct. C’était la chronique de Laurent et Lorette Costy, apprendre des choses intéressantes et utiles tout en s’amusant.
Nous approchons de la fin de l’émission. Nous allons terminer par quelques annonces.

[Virgule musicale]

Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l'April et le monde du Libre

Frédéric Couchet : On va commence par un peu d’auto-promo radiophonique