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| '''Titre :''' Utilisation de l'expression "Propriété intellectuelle"
| | Publié [http://www.april.org/utilisation-de-lexpression-propriete-intellectuelle-richard-stallman-albert-jacquard ici] |
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| '''Intervenant :''' Richard Stallman - Albert Jacquard
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| '''Lieu :''' Conférence "Garantir les libertés publiques pour préserver les biens communs"
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| '''Date :''' Décembre 2010
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| '''Durée :''' 07 min 35
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| '''[http://libreacces.org/?Garantir-le-partage-la-diffusion Lien]''' vers la '''vidéo''' - [https://www.youtube.com/watch?v=uN3REwTUx2Q Autre lien]
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| ==Transcription==
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| == 00' ''transcrit MO''==
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| ==Intervention de Richard Stallman sur l'utilisation de l'expression « Propriété intellectuelle » lors de la conférence « Garantir les libertés publiques pour préserver les biens communs »==
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| '''Richard Stallman :''' Il y a beaucoup d'expressions de propagande qui sont des mauvais noms. Et quand il y a un mauvais nom, c'est facile à corriger, on choisit un autre nom. Donc si eux disent « pirate » ou « piraterie », moi je dis « partage ». C'est facile. J'ai remplacé un nom par un autre nom. Mais le problème, avec ce faux concept de, entre guillemets, « propriété intellectuelle » est beaucoup plus profond. On ne peut pas dire la chose que les autres appellent « la propriété intellectuelle », parce qu'il n'y a pas de telle chose. Cette chose n’existe pas. Voici l’erreur, voici la confusion. Donc remplacer le nom ne suffit pas, et dire la chose que les autres appellent « propriété intellectuelle » ne suffit pas, parce que l'erreur est dans supposer qu'il y ait une telle chose.
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| ==Réaction d'Albert Jacquard==
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| '''Albert Jacquard :''' C'est un mot que je trouve extrêmement dangereux. En écoutant Stallman, je vois une image qui s'imposerait à moi, c'est celle de l’arc-en-ciel. Quand on parle de l’arc-en-ciel de quoi parle-t-on ? Et on peut se disputer pour savoir où commence cet arc-en-ciel, où il va, etc. Toutes questions qui sont absurdes, puisqu'on parle d'un arc-en-ciel comme s'il existait, or, on sait maintenant, bien sûr, qu'il n’existe pas. Mais le simple fait de parler d'un arc-en-ciel est en train de nous propulser dans une direction qui va nous faire dire des sottises, et on posera la question : « Mais où commence-t-il ? Où s’arrête-t-il ? Quel est le nombre des couleurs, etc ? ». Et on dira n'importe quoi. Autrement dit, chaque fois que je parle d'arc-en-ciel, je parle d'un objet dont je peux dire que je l'ai perçu, mais dont je sais pertinemment qu'il n'existe pas. Par conséquent, je ne vais pas élaborer toute une législation à propos des arcs-en-ciel. À qui appartient-il cet arc-en-ciel que vous, vous voyez, que moi je vois ? Je l'ai vu avant vous ; vous l'avez vu après moi ; c'est moi qui suis le premier. C'est de l'absurdité. Et c'est cette image-là qui s'imposait à mon esprit lorsque j'ai écouté le discours qu'on vient d'entendre, et qui est magnifiquement clair.
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| Autrement dit, derrière le mot « propriété intellectuelle », se camoufle, au fond, un désir de tromper. Parler de « propriété intellectuelle », c'est parler un, de propriété, deux, d'idées, d'intelligence, et à chaque fois on ne sait plus de quoi on parle.
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| Mais on peut imaginer que c'est la propriété, c'est le droit de possession qui va être exclusif sur un certain nombre de raisonnements. C'est ça que j’appellerais la « propriété intellectuelle », c'est le fait que, pour utiliser les résultats de telle ou telle activité, telle intelligence, je dois payer ou ne pas payer. Au fond, propriété signifie mise à l'intérieur du système économique. Autrement dit, donner du sens à la valeur d'une idée, ce qui est une idée assez pittoresque, complètement absurde. Quelle est la valeur de la poussée d’Archimède ? C'est une idée extraordinaire qu'a eue Archimède, de remplacer un objet par la quantité d'eau que l'on peut mettre à sa place. C'est très astucieux. J'imagine Archimède s'apercevant de ce qu'il a découvert et ayant suivi des cours d'économie disant « mon idée, voilà ce qu'elle vaut ». Évidemment c'est absurde.
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| Eh bien, pour moi, « propriété intellectuelle », c'est complètement à côté de toute réalité. D'autre part, l’activité intellectuelle, comment est-ce qu'elle se déroule ? Comment est-ce qu'elle peut déboucher sur le monde de l'appropriation ? Ça me semble invraisemblable, étant donné que, quand l'un d'entre nous a une idée, elle lui vient à l'esprit, comment peut-il dire que c'est lui qu'il l'a trouvée ou un autre ? Tous ceux qui écoutent leur propre activité intellectuelle, se rendent compte que ce qu'il y a de plus riche dedans c'est ce qui vient de l'extérieur. Chaque fois que j'ai une idée, cette idée elle s'est forgée en moi, bien sûr, mais cette idée elle a été provoquée, très certainement, par le contact avec un autre, qui disait peut-être le contraire, qui disait la même chose, mais, en tout cas, ce qui me rend intelligent, c'est ma capacité à rencontrer l'autre et non pas ma capacité à imaginer tout seul comme un grand, des idées nouvelles.
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| Une idée ne peut pas appartenir à quelqu'un, sinon, on débouche sur l'impossibilité, par exemple, d’être poète. Lorsque Rimbaud dit « je est un autre », c'est une idée astucieuse, mais est-ce que c'est une idée de Rimbaud tout seul ? Ou est-ce que c'est un jeu qu'il a créé dans ses discussions avec d'autres ? Personne ne le sait, lui-même ne le sait pas. Par conséquent, ça ne peut pas être approprié. Finalement, il ne reste rien du mot « propriété intellectuelle ».
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| Il y a des appropriations monstrueuses, comme l'appropriation de la possibilité de guérir quelqu'un avec un nouveau médicament. L'idée que ça soit soumis à un droit d'entrée, alors c'est ça l'objectif de la « propriété intellectuelle », cette idée-là me semble au minimum barbare, et au pire monstrueuse.
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