« L'intelligence artificeille au service de l'Armée » : différence entre les versions
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Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l’April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.</em> | Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l’April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.</em> | ||
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<b>Margot Haddad : </b>Un choix d’investissement a pu étonner aujourd’hui, celui du supercalculateur. Vous assumez un retour à la souveraineté industrielle et, pourtant, vous avez choisi une offre américaine, alors qu’il y avait une production entièrement française avec Atos. | |||
<b>Sébatien Lecornu : </b>Merci de me poser la question, parce j’ai quand même vu beaucoup de commentaires sur les réseaux sociaux, y compris de certains politiques qui ont manqué, une fois de plus, l’occasion de se taire.<br/> | |||
Pour acheter ce supercalculateur, vous avez deux offres : une offre américano-française et une offre française, lesquelles, toutes les deux, vont acheter leurs puces de GPU à une entreprise américaine, qui est Nvidia aux États-Unis, laquelle fournit et produit 95 % des puces GPU dans le monde, des micropuces de GPU.<br/> | |||
Comme d’habitude, dans notre débat politique médiatique du moment, un certain nombre de personnes se sont émues en disant « comment ça, on privilégie les Américains à une offre française ! ». Il va falloir qu’elles me montrent, sur une carte de France, où est l’entreprise qui produit les puces !<br/> | |||
En fait la souveraineté ne se décrète pas, elle se conquiert.<br/> | |||
Et si le premier groupe a réussi à l’emporter, c’est, deuxième chose, parce qu’il y a un marché public. Ça va rassurer aussi celles et ceux qui nous regardent. C’est de se dire que l’argent du contribuable fait quand même l’objet d’une mise en concurrence. La souveraineté n’est pas une rente de situation, contrairement à ce que certains aussi ont pu considérer.<br/> | |||
Puis trois, beaucoup confondent si souveraineté et sécurité. Vous savez, les ordinateurs du ministère des Armées, leur application c’est Microsoft. On n’a pas développé un système de software propre ministère. Le vrai sujet de la sécurité, ce sont les habilitations secret Défense, c’est la nationalité des personnes qui ont le droit de rentrer dans ces réseaux. Est-ce que ces infrastructures sont connectées au réseau ? Ce n’est pas le cas du supercalculateur.<br/> | |||
Maintenant, ce qu’il va falloir faire, plutôt que de faire des tweets. Je suis un peu agacé de cette affaire parce qu’elle nous entretient dans une médiocrité qui nous fait faire du surplace. Après, on ne peut pas reprocher aux médiocres d’être médiocres, mais quand même. Là, on tient vraiment une urgence qui est d’avoir ce supercalculateur, qui va seulement durer deux ans, dans deux ans, il est périmé et c’est fini. En revanche, ce qui est urgent, c’est d’avoir nos premières applications militaires classifiées secret Défense en matière d’IA. C’est pour cela que je les invite tous, y compris ceux qui se disent gaullistes, à regarder ce que le général De Gaulle disait à l’armée de l’air au début des années 60 : « Je veux que les forces aériennes stratégiques – pour emmener la bombe – démarre vite. Vous devez produire cette bombe et, si vous n’arrivez pas à la produire vite, dans un premier temps, je vous autorise à l’acheter. »<br/> | |||
Donc la souveraineté, y compris la conquête de puissance, de capacité, ça ne se décrète pas par un tweet, ça se construit. Et la filière GPU en Europe, ce n’est pas pour demain matin, il va donc falloir forcément être patient. Soit on attend, soit on n’attend pas. |
Version du 29 octobre 2024 à 12:09
Titre : L'intelligence artificielle au service de l'Armée
Intervenant·e·s : Sébastien Lecornu - Margot Haddad
Lieu : Émission Face à Margot Haddad - LCI
Date : 25 octobre 2024
Durée : 2 min 33
Licence de la transcription : Verbatim
Illustration : À prévoir
NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l’April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.
Transcription
Margot Haddad : Un choix d’investissement a pu étonner aujourd’hui, celui du supercalculateur. Vous assumez un retour à la souveraineté industrielle et, pourtant, vous avez choisi une offre américaine, alors qu’il y avait une production entièrement française avec Atos.
Sébatien Lecornu : Merci de me poser la question, parce j’ai quand même vu beaucoup de commentaires sur les réseaux sociaux, y compris de certains politiques qui ont manqué, une fois de plus, l’occasion de se taire.
Pour acheter ce supercalculateur, vous avez deux offres : une offre américano-française et une offre française, lesquelles, toutes les deux, vont acheter leurs puces de GPU à une entreprise américaine, qui est Nvidia aux États-Unis, laquelle fournit et produit 95 % des puces GPU dans le monde, des micropuces de GPU.
Comme d’habitude, dans notre débat politique médiatique du moment, un certain nombre de personnes se sont émues en disant « comment ça, on privilégie les Américains à une offre française ! ». Il va falloir qu’elles me montrent, sur une carte de France, où est l’entreprise qui produit les puces !
En fait la souveraineté ne se décrète pas, elle se conquiert.
Et si le premier groupe a réussi à l’emporter, c’est, deuxième chose, parce qu’il y a un marché public. Ça va rassurer aussi celles et ceux qui nous regardent. C’est de se dire que l’argent du contribuable fait quand même l’objet d’une mise en concurrence. La souveraineté n’est pas une rente de situation, contrairement à ce que certains aussi ont pu considérer.
Puis trois, beaucoup confondent si souveraineté et sécurité. Vous savez, les ordinateurs du ministère des Armées, leur application c’est Microsoft. On n’a pas développé un système de software propre ministère. Le vrai sujet de la sécurité, ce sont les habilitations secret Défense, c’est la nationalité des personnes qui ont le droit de rentrer dans ces réseaux. Est-ce que ces infrastructures sont connectées au réseau ? Ce n’est pas le cas du supercalculateur.
Maintenant, ce qu’il va falloir faire, plutôt que de faire des tweets. Je suis un peu agacé de cette affaire parce qu’elle nous entretient dans une médiocrité qui nous fait faire du surplace. Après, on ne peut pas reprocher aux médiocres d’être médiocres, mais quand même. Là, on tient vraiment une urgence qui est d’avoir ce supercalculateur, qui va seulement durer deux ans, dans deux ans, il est périmé et c’est fini. En revanche, ce qui est urgent, c’est d’avoir nos premières applications militaires classifiées secret Défense en matière d’IA. C’est pour cela que je les invite tous, y compris ceux qui se disent gaullistes, à regarder ce que le général De Gaulle disait à l’armée de l’air au début des années 60 : « Je veux que les forces aériennes stratégiques – pour emmener la bombe – démarre vite. Vous devez produire cette bombe et, si vous n’arrivez pas à la produire vite, dans un premier temps, je vous autorise à l’acheter. »
Donc la souveraineté, y compris la conquête de puissance, de capacité, ça ne se décrète pas par un tweet, ça se construit. Et la filière GPU en Europe, ce n’est pas pour demain matin, il va donc falloir forcément être patient. Soit on attend, soit on n’attend pas.