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<b> Florence Chabanois : </b>Bonjour tout le monde.<br/>
<b> Florence Chabanois : </b>Bonjour tout le monde.<br/>
En préparant cette chronique, j’ai demandé à Frédéric Couchet, de l’April, s’il y avait des consignes particulières, des choses à faire ou à ne pas dire. Il m’a dit « globalement non, à part, peut-être, faire attention aux blagues limites ». S’il y a une chose que je ne sais pas faire, c’est raconter des blagues et de ne pas être la seule à en rire. Alors, je vais essayer les devinettes. C’est parti.<br/>
En préparant cette chronique, j’ai demandé à Frédéric Couchet, de l’April, s’il y avait des consignes particulières, des choses à faire ou à ne pas dire. Il m’a dit « globalement non, à part, peut-être, faire attention aux blagues limites ». S’il y a une chose que je ne sais pas faire, c’est raconter des blagues et de ne pas être la seule à en rire. Alors, je vais essayer les devinettes. C’est parti.<br/>
C’est l’histoire d’Adam récupère son fils Marwann après un festival. Sur la route, Marwann raconte les œuvres de peintres qu’il a admirées, les chanteurs qui l’ont fait danser et les philosophes avec qui il a débattu. C’est assez atypique comme festival. Tout à coup, un camion percute la voiture. Le père meurt sur le coup. Marwann est transporté d’urgence à l’hôpital. Sur la table d’opération, la personne qui va l’opérer se fige « je ne peux pas l’opérer, c’est mon fils ! », Comment ça, son fils ? Vous avez peut-être imaginé un couple gay, une famille recomposée, un enfant adopté, de la résurrection, un prêtre, un enfant caché, une hallucination, des extraterrestres. Alors que la personne qui opère est simplement sa mère. Si vous avez trouvé bravo !, parce que ce n’est pas si fréquent
 
C’est l’histoire d’Adam, qui récupère son fils Marwann après un festival. Sur la route, Marwann raconte les œuvres de peintres qu’il a admirées, les chanteurs qui l’ont fait danser et les philosophes avec qui il a débattu. C’est assez atypique comme festival. Tout à coup, un camion percute la voiture. Le père meurt sur le coup. Marwann est transporté d’urgence à l’hôpital. Sur la table d’opération, la personne qui va l’opérer se fige : « je ne peux pas l’opérer, c’est mon fils. »。
 
''Comment ça, son fils ?'' Vous avez peut-être imaginé un couple gay, une famille recomposée, un enfant adopté, de la résurrection, un prêtre, un enfant caché, une hallucination, des extraterrestres. Alors que la personne qui opère est simplement sa mère. Si vous avez trouvé bravo ! parce que ce n’est pas si fréquent.


Une « personne », c’est bien un homme, une femme ou une personne non binaire ? Comment se fait-il qu’ici on projette un homme, malgré tout ?<br/>
Une « personne », c’est bien un homme, une femme ou une personne non binaire ? Comment se fait-il qu’ici on projette un homme, malgré tout ?<br/>
Ces termes supposément neutres, les épicènes, ne font pas le poids face aux biais et sexisme intériorisé, quand bien même nous sommes tous et toutes d’accord qu’il y a des femmes chirurgiennes et des mères !
Ces termes supposément neutres, les épicènes, ne font pas le poids face aux biais et sexisme intériorisé, quand bien même nous sommes tous et toutes d’accord qu’il y a des femmes chirurgiennes et des mères !


À l’école, vous avez appris, comme moi, la règle de la primauté masculine, le fameux masculin qui l’emporte sur le féminin. Pourtant, pendant la majorité de l’Histoire française, il y avait aussi l’accord de proximité, un accord avec le genre le plus proche comme dans « nos destins et nos mœurs différentes » de La Fontaine et l’accord à la majorité qui était employé.<br/>
À l’école, vous avez appris, comme moi, la règle de la primauté masculine, le fameux "masculin qui l’emporte sur le féminin". Pourtant, pendant la majorité de l’Histoire française, il y avait aussi l’accord de proximité, un accord avec le genre le plus proche comme dans « nos destins et nos mœurs différentes » de La Fontaine, et l’accord à la majorité qui étaient employés.<br/>
La primauté masculine est devenue la règle exclusive au XVIIIe siècle seulement. C’est compréhensible, à cette époque, dans une Académie exclusivement composée d’hommes, où le grammairien Beauzée disait : « Le genre masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle. » [Prononcé avec une voix grave, NdT] ; que l’historien et grammairien Scipion Dupleix affirmait : « Parce que le genre masculin est le plus noble, il prévaut tout seul contre deux ou plusieurs féminins, quoi qu’ils soient plus proches de leur adjectif. »[Prononcé avec une voix grave, NdT]<br/>
La primauté masculine est devenue la règle exclusive au XVIIIe siècle seulement. C’est compréhensible, à cette époque, dans une Académie exclusivement composée d’hommes, où le grammairien Beauzée disait : « Le genre masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle. » [Prononcé avec une voix grave, NdT] ; que l’historien et grammairien Scipion Dupleix affirmait : « Parce que le genre masculin est le plus noble, il prévaut tout seul contre deux ou plusieurs féminins, quoi qu’ils soient plus proches de leur adjectif. »[Prononcé avec une voix grave, NdT]<br/>
OK ! On a compris, au XVIIIe siècle, l’argument de la noblesse, ça marche.<br/>
OK ! On a compris, au XVIIIe siècle, l’argument de la noblesse, ça marche.<br/>
Rappelons-nous également qu’à cette époque, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen nait, et ne s’applique… qu’aux hommes, comme mentionné. Les femmes étaient considérées civilement incapables, comme les enfants. Elles ont été écartées après la Révolution alors qu’elles avaient initié, contribué et porté cette Révolution. On a coupé la tête d’Olympe de Gouges qui avait fait l’affront d’écrire une <em>Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne</em> et de réclamer un suffrage universel. Mais ça, c’était il y a 300 ans. Qu’en est-il trois siècles plus tard ?<br/>
Rappelons-nous également qu’à cette époque, la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen nait, et ne s’applique… qu’aux hommes, comme mentionné. Les femmes étaient considérées civilement incapables, comme les enfants. Elles ont été écartées après la Révolution alors qu’elles avaient initié, contribué et porté cette Révolution. On a coupé la tête d’Olympe de Gouges qui avait fait l’affront d’écrire une <em>Déclaration des droits de la Femme et de la Citoyenne</em> et de réclamer un suffrage universel. Mais ça, c’était il y a 300 ans. Qu’en est-il trois siècles plus tard ?<br/>


Eh bien, en 2024, on pense un peu plus aux femmes. Sur les annonces d’emploi, par exemple, on met souvent le métier au masculin, puis H/F entre parenthèses pour montrer qu’un poste est ouvert aux hommes ET aux femmes, quand même ! Nous sommes sauvées. En 2024 aussi, le statu quo vit bien : on n’aime pas changer ses habitudes, surtout si cela implique un « nouveau » caractère qui montre que les femmes existent aussi. Par contre, si vous mettez une parenthèse à la place d’un point médian, cela passe crème
Eh bien, en 2024, on pense un peu plus aux femmes. Sur les annonces d’emploi, par exemple, on met souvent le métier au masculin, puis "H/F" entre parenthèses pour montrer qu’un poste est ouvert aux hommes ET aux femmes, quand même ! Nous sommes sauvées. En 2024 aussi, le statu quo vit bien : on n’aime pas changer ses habitudes, surtout si cela implique un « nouveau » caractère qui montre que les femmes existent aussi. Par contre, si vous mettez une parenthèse à la place d’un point médian, cela passe crème.


Quand vous entendez « les gars », « le mec qui », « les chercheurs », « les organisateurs », « les chanteurs » ou même « les philosophes » et « les peintres », qui sont « neutres », qu’est-ce que vous voyez mentalement ? Des hommes !<br/>
Quand vous entendez « les gars », « le mec qui », « les chercheurs », « les organisateurs », « les chanteurs » ou même « les philosophes » et « les peintres », qui sont « neutres », qu’est-ce que vous voyez mentalement ? Des hommes !<br/>
Marine Spaak, dans sa bande dessinée <em>Sea, sexisme and Sun</em> m’a ouvert les yeux il y a quelques années.<br/>
Marine Spaak, dans sa bande dessinée <em>Sea, sexisme and Sun</em> m’a ouvert les yeux il y a quelques années.<br/>
S’il y a 500 manifestANTES dans un groupe, on dit « les manifestanTES ». Si l’une d’entre elle emmène son fils, ou un chien, cela se transforme en « les manifestants ».<br/>
S’il y a 500 manifestANTES dans un groupe, on dit « les manifestanTES ». Si l’une d’entre elle emmène son fils, ou un chien, cela se transforme en « les manifesTANTS ».<br/>
Quand on vous racontera l’histoire de ces très nombreux manifestTANTS, vous allez projeter des hommes dans votre imaginaire. C’est comme cela qu’on efface les actions et la présence des femmes dans la vie et dans l’Histoire, grâce à cette règle de grammaire du XVIIIe siècle.
Quand on vous racontera l’histoire de ces très nombreux manifestTANTS, vous allez projeter des hommes dans votre imaginaire. C’est comme cela qu’on efface les actions et la présence des femmes dans la vie et dans l’Histoire, grâce à cette règle de grammaire du XVIIIe siècle.


Pour ne plus être aussi phallocentrés, les solutions ne manquent pas. Vous en utilisez certainement déjà quelques-unes :
Pour ne plus être aussi phallocentrés, les solutions ne manquent pas. Vous en utilisez certainement déjà quelques-unes :
<ul>
<ul>
<li>les formules englobantes : au lieu de dire « les footballeurs », on parle d’« équipe de football » ;</li>
<li>les '''formules englobantes''' : au lieu de dire « les footballeurs », on parle d’« équipe de football » ;</li>
<li>on peut s’adresser directement aux personnes : au lieu dire « le job de rêve des étudiants », on peut dire « découvrez le job de vos rêves » ;</li>
<li>on peut '''s’adresser directement aux personnes''' : au lieu dire « le job de rêve des étudiants », on peut dire « découvrez le job de vos rêves » ;</li>
<li>les épicènes, les fameux « neutres » : au lieu de « bonjour les gars », on dit « bonjour tout le monde » ; on parle « des droits humains » plutôt que « des droits de l’Homme > » et, au lieu de parler de « fraternité », on peut parler « d’adelphité » ou, encore mieux, de « solidarité » ;</li>
<li>les '''épicènes''', les fameux « neutres » : au lieu de « bonjour les gars », on dit « bonjour tout le monde » ; on parle « des droits humains » plutôt que « des droits de l’Homme > » et, au lieu de parler de « fraternité », on peut parler « d’adelphité » ou, encore mieux, de « solidarité » ;</li>
<li>il y a aussi les abréviations : au de dire « les développeurs », on peut dire « les devs ».</li>
<li>il y a aussi les '''abréviations''' : au lieu de dire « les développeurs », on peut dire « les devs ».</li>
</ul>
</ul>

L’inconvénient de ces formulations inclusives « discrètes » est qu’elles sont justement trop discrètes pour bousculer une domination masculine terriblement bien intégrée. Les femmes restent invisibilisées, on projette des hommes par défaut, comme dans la devinette.<br/>

L’inconvénient de ces formulations inclusives « discrètes » est qu’elles sont justement trop discrètes pour bousculer une domination masculine terriblement bien intégrée. Les femmes restent invisibilisées, on projette des hommes par défaut, comme dans la devinette.<br/>
Pour y remédier, il y a
 le double, on doublonne les genres. Par exemple : « le mec ou la nana qui », « mesdames et messieurs », « les auditrices et les auditeurs », « celles et ceux qui ».

 C’est ce que j’utilise le plus, car le doublet est explicite sur plusieurs genres et qu’on a du mal à projeter plusieurs choses en même temps si on ne les explicite pas. L’inconvénient du doublet, c’est qu’il invisibilise les personnes non binaires, donc le X de F/H/X. 
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Pour y remédier, il y a
 le '''doublet''', on doublonne les genres. Par exemple : « le mec ou la nana qui », « mesdames et messieurs », « les auditrices et les auditeurs », « celles et ceux qui ».

 C’est ce que j’utilise le plus, car le doublet est explicite sur plusieurs genres et qu’on a du mal à projeter plusieurs choses en même temps si on ne les explicite pas. L’inconvénient du doublet, c’est qu’il invisibilise les personnes non binaires, donc le X de F/H/X. 
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Pour casser la binarité et surtout le masculin exclusif, vous pouvez jouer avec notre langue vivante et employer des termes plus novateurs :
Pour casser la binarité et surtout le masculin exclusif, vous pouvez jouer avec notre langue vivante et employer des termes plus novateurs :
<ul>
<ul>
<li>les formules contractées : « celleux » pour celles et ceux, « toustes », « froeurs » pour « frère et sœur », « mèf » pour mec et meuf, « les auditeurices » pour auditrices et auditeurs, « les copaines », « utilisataires » pour utilisateurs et utilisatrices ;</li>
<li>les '''formules contractées''' : « celleux » pour celles et ceux, « toustes », « froeurs » pour « frère et sœur », « mèf » pour "mec et meuf", « les auditeurices » pour "auditrices et auditeurs", « les copaines », « utilisataires » pour "utilisateurs et utilisatrices" ;</li>
<li>la controversée formule tronquée avec un point médian, aussi possible avec slash, un tiret ou des parenthèses ;</li>
<li>la controversée '''formule tronquée''' avec un point médian, aussi possible avec slash, un tiret ou des parenthèses ;</li>
<li>vous avez aussi la possibilité d’employer le féminin et d’écrire les « E », marquant ce féminin en majuscule pour désigner tous les genres, comme « clientE », avec « E » majuscule ;</li>
<li>vous avez aussi la possibilité d’employer le '''féminin et d’écrire le « E » marquant ce féminin, en majuscule''' pour désigner tous les genres, comme « clientE », avec « E » majuscule ;</li>
<li>vous pouvez également utiliser l’accord de proximité qui permet de ne pas effacer toujours le même genre ;</li>
<li>vous pouvez également utiliser '''l’accord de proximité''' qui permet de ne pas effacer toujours le même genre ;</li>
<li>et enfin, utiliser les formes féminisées, celles qui existaient et qu’on a supprimées, ou des nouvelles, comme autrice, plutôt qu’auteurE, qui se prononce de la même façon que « auteur », au masculin, sans « e », peintresse, mairesse, doctoresse.</li>
<li>et enfin, utiliser les '''formes féminisées''', celles qui existaient et qu’on a supprimées, ou des nouvelles, comme "autrice" (plutôt que "auteurE" qui se prononce de la même façon que « auteur », au masculin, sans « e »), "peintresse", "mairesse", "doctoresse".</li>
</ul>
</ul>
L’idée n’est pas de n’avoir qu’une seule façon de faire, car elles ont toutes des inconvénients, mais de piocher dans ces outils, d’alterner, pour casser le masculin unique. D’ailleurs, certains livres alternent les genres en référent à un « manager » parfois avec « il », parfois avec « elle ».
L’idée n’est pas de n’avoir qu’une seule façon de faire, car elles ont toutes des inconvénients, mais de piocher dans ces outils, d’alterner, pour casser le masculin unique. D’ailleurs, certains livres alternent les genres en référent à un « manager » parfois avec « il », parfois avec « elle ».
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<b>Julie Chaumard : </b>Merci Isabella.<br/>
<b>Julie Chaumard : </b>Merci Isabella.<br/>
Aujourd’hui pour la première de la chronique « À la rencontre du Libre », nous allons interviewer Salomé Yahia-Cherif, une jeune femme qui travaille pour la coopérative Les Tiilleuls.<br/>
Aujourd’hui pour la première de la chronique « À la rencontre du Libre », nous allons interviewer Salomé Yahia-Cherif, une jeune femme qui travaille pour la coopérative Les-tilleuls.coop. <br/>
Salomé bonjour, ravie de faire cette première chronique avec toi. Est-ce que tu m’entends ?<br/>
Salomé bonjour, ravie de faire cette première chronique avec toi. Est-ce que tu m’entends ?<br/>
Salomé travaille pour la coopérative Les Tilleuls qui a été créée en 2011 et qui est dirigée aujourd’hui par Kévin Dunglas, un des fondateurs historiques, et par Marion Agé qui est également directrice technique.<br/>
Salomé travaille pour la coopérative Les-tilleuls.coop qui a été créée en 2011 et qui est dirigée aujourd’hui par Kévin Dunglas, un des fondateurs historiques, et par Marion Agé qui est également directrice technique.<br/>
Salomé, si tu es là, peux-tu nous en dire sur toi et sur cette coopérative ?
Salomé, si tu es là, peux-tu nous en dire sur toi et sur cette coopérative ?


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<b>Salomé Yahia-Cherif : </b>Merci à vous de me recevoir aujourd’hui.<br/>
<b>Salomé Yahia-Cherif : </b>Merci à vous de me recevoir aujourd’hui.<br/>
Je me présente. Je suis Salomé, je fais partie de l’équipe commerciale chez les-tilleuls.coop.<br/>
Je me présente. Je suis Salomé, je fais partie de l’équipe commerciale chez Les-tilleuls.coop.<br/>
Pour vous en dire un peu plus sur qui nous sommes, nous sommes une société de services. Nous accompagnons nos clients via des prestations de services web, que ce soit en développement, en <em>consulting</em>, en formation, etc. Et notre particularité, vous l’aurez compris, c’est que nous sommes une coopérative.
Pour vous en dire un peu plus sur qui nous sommes, nous sommes une société de services. Nous accompagnons nos clients via des prestations de services web, que ce soit en développement, en <em>consulting</em>, en formation, etc. Et notre particularité, vous l’aurez compris, c’est que nous sommes une coopérative.


<b>Julie Chaumard : </b>Merci Salomé. Cela fait plaisir de voir une bonne parité femmes-hommes à la direction des Tilleuls avec ce duo de dirigeants. Qu’en est-il pour le reste des salariés de la communauté et quelles actions faites-vous, aux Tilleuls, pour permettre un bon équilibre et ne pas vous retrouver avec beaucoup plus d’hommes que de femmes ? Je pense que c’est sûrement le cas, tu vas nous dire, parce que c’est le domaine technique qui contient encore aujourd’hui plus d’hommes.
<b>Julie Chaumard : </b>Merci Salomé. Cela fait plaisir de voir une bonne parité femmes-hommes à la direction des Tilleuls avec ce duo de dirigeants. Qu’en est-il pour le reste des salariés de la communauté et quelles actions faites-vous, aux Tilleuls, pour permettre un bon équilibre et ne pas vous retrouver avec beaucoup plus d’hommes que de femmes ? Je pense que c’est sûrement le cas, tu vas nous dire, parce que c’est le domaine technique qui contient encore aujourd’hui plus d’hommes.


<b>Salomé Yahia-Cherif : </b>Effectivement, comme tu l’as dit, on a deux cogérants, Kévin et Marion. C’est quelque chose qui est très important pour nous ; ça toujours été un choix d’avoir une cohérence mixte.<br/>
<b>Salomé Yahia-Cherif : </b>Effectivement, comme tu l’as dit, on a deux cogérants, Kévin et Marion. C’est quelque chose qui est très important pour nous ; ça toujours été un choix d’avoir une cogérance mixte.<br/>
On a aussi plusieurs femmes parmi les postes à responsabilité, des postes assez élevés chez nous, que ce soit dans l’équipe, par exemple, chefferie de projet, en marketing, en développement.<br/>
On a aussi plusieurs femmes parmi les postes à responsabilité, des postes assez élevés chez nous, que ce soit dans l’équipe, par exemple, chefferie de projet, en marketing, en développement.<br/>
On travaille beaucoup, au niveau de notre attractivité, pour attirer plus de femmes parce qu’au niveau de nos effectifs, on a effectivement plus de développeurs que de développeuses. Pour cela, on essaye d’instaurer un maximum d’égalité, ça fait partie de notre ADN en tant que coopérative. On propose, par exemple, une grille de salaires qui ne fait pas de différences selon le genre, ce qui est quand même assez normal, mais qui n’est pas toujours intégrée partout. On propose aussi des congés menstruels et d’autres mesures, par exemple un réel suivi pour le retour des congés maternité.
On travaille beaucoup, au niveau de notre attractivité, pour attirer plus de femmes parce qu’au niveau de nos effectifs, on a effectivement plus de développeurs que de développeuses. Pour cela, on essaye d’instaurer un maximum d’égalité, ça fait partie de notre ADN en tant que coopérative. On propose, par exemple, une grille de salaires qui ne fait pas de différences selon le genre, ce qui est quand même assez normal, mais qui n’est pas toujours intégrée partout. On propose aussi des congés menstruels et d’autres mesures, par exemple un réel suivi pour le retour des congés maternité.
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<b>Julie Chaumard : </b>D’accord, c’est bien. As-tu des exemples de ces clients ?
<b>Julie Chaumard : </b>D’accord, c’est bien. As-tu des exemples de ces clients ?


<b>Salomé Yahia-Cherif : </b>Oui. On travaille avec des clients qui sont assez connus, on va dire, comme France TV, Arte. On travaille aussi avec Décathlon, avec Médiapart. On est donc dans tous les types de secteurs. On travaille aussi pas mal avec les médias, les fédérations sportives, le retel ??? [1 h 21 min 09], c’est assez diversifié.
<b>Salomé Yahia-Cherif : </b>Oui. On travaille avec des clients qui sont assez connus, on va dire, comme France TV, Arte. On travaille aussi avec Décathlon, avec Médiapart. On est donc dans tous les types de secteurs. On travaille aussi pas mal avec les médias, les fédérations sportives, le retail, c’est assez diversifié.


<b>Julie Chaumard : </b>Donc, ces clients utilisent l’écosystème du logiciel libre, parce que vous, en tant que Tilleuls, vous êtes basés sur l’écosystème ou sur le logiciel libre.
<b>Julie Chaumard : </b>Donc, ces clients utilisent l’écosystème du logiciel libre, parce que vous, en tant que Les-Tilleuls.coop, vous êtes basés sur l’écosystème ou sur le logiciel libre.


<b>Salomé Yahia-Cherif : </b>Oui, exactement. En fait, nous sommes experts, nous sommes reconnus pour notre expertise en logiciel libre, à la fois par nos contributions à plusieurs logiciels et frameworks très connus comme Symfony, Laravel, Caddy, etc.<br/>
<b>Salomé Yahia-Cherif : </b>Oui, exactement. En fait, nous sommes experts, nous sommes reconnus pour notre expertise en logiciel libre, à la fois par nos contributions à plusieurs logiciels et frameworks très connus comme Symfony, Laravel, Caddy, etc.<br/>
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La prochaine émission <em>Libre à vous !</em> aura lieu en direct mardi 10 septembre 2024 à 15 heures 30. Notre sujet principal portera sur Minetest, un moteur de jeu vidéo libre.
La prochaine émission <em>Libre à vous !</em> aura lieu en direct mardi 10 septembre 2024 à 15 heures 30. Notre sujet principal portera sur Minetest, un moteur de jeu vidéo libre.
Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi 10 septembre et d’ici là, portez-vous bien.
Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi 10 septembre et d’ici là, portez-vous bien.
<b>Générique de fin d’émission : </b><em>Wesh Tone</em> par Realaze.
<b>Générique de fin d’émission : </b><em>Wesh Tone</em> par Realaze.

Dernière version du 4 septembre 2024 à 20:14


Titre : Émission Libre à vous ! diffusée sur Radio Cause Commune le mardi 3 septembre 2024

Intervenant·es : Florence Chabanois - Brigitte alias la reine des elfes - Salomé Yahia-Cherif - Julie Chaumard - Isabella Vanni - Frédéric Couchet à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 3 septembre 2024

Durée : 1 h 30 min

Podcast PROVISOIRE

Présentation de l'émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration : Déjà prévue

NB : Transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·es mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription[modifier]

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Isabella Vanni : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
J’espère que vous avez passé un bel été. Pour ma part, je suis ravie de vous retrouver pour cette nouvelle émission de Libre à vous !, la première de la saison 8.
Parcours libriste avec lareinedeselfes, c’est le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme deux nouvelles chroniques : « F/H/X » de Florence Chabanois qui nous parlera de formulations excluantes et invisibilisantes et aussi « À la rencontre du Libre » de Julie Chaumard qui, pour sa première chronique, interviewera une personne de la coopérative basée sur le logiciel libre, Les Tilleuls.
Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous ! l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Je suis Isabella Vanni, coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April.

Le site web de l’émission est libreavous.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens, références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou à nous poser toute question.

Nous sommes mardi 3 septembre 2024, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

À la réalisation de l’émission, mon collègue Frédéric Couchet. Salut Fred.

Frédéric Couchet : Salut Isa. Belle émission.

Isabella Vanni : Nous vous souhaitons une excellente écoute.

[Jingle]

Chronique « F/H/X » de Florence Chabanois - « Formulations excluantes et invisibilisantes »[modifier]

Isabella Vanni : Nous allons commencer par une nouvelle chronique, « F/H/X ». Statistiques éclairantes, expériences individuelles et conseils concrets. « F/H/X » est votre rendez-vous mensuel pour comprendre et agir en faveur de l’égalité des genres.
C’est une chronique proposée par Florence Chabanois, présidente de l’association La Place Des Grenouilles.
Aujourd’hui, Florence intervient à distance, je m’assure tout de suite qu’elle est bien avec nous.
Bonjour Florence.

Florence Chabanois : Bonjour.

Isabella Vanni : Quel sujet vas-tu traiter pour ta première chronique ?

Florence Chabanois : Aujourd’hui, on va parler des formules excluantes et invisibilisantes. Tu m’entends bien ?

Isabella Vanni : Je t’entends très bien et je te laisse la parole.

Florence Chabanois : Bonjour tout le monde.
En préparant cette chronique, j’ai demandé à Frédéric Couchet, de l’April, s’il y avait des consignes particulières, des choses à faire ou à ne pas dire. Il m’a dit « globalement non, à part, peut-être, faire attention aux blagues limites ». S’il y a une chose que je ne sais pas faire, c’est raconter des blagues et de ne pas être la seule à en rire. Alors, je vais essayer les devinettes. C’est parti.

C’est l’histoire d’Adam, qui récupère son fils Marwann après un festival. Sur la route, Marwann raconte les œuvres de peintres qu’il a admirées, les chanteurs qui l’ont fait danser et les philosophes avec qui il a débattu. C’est assez atypique comme festival. Tout à coup, un camion percute la voiture. Le père meurt sur le coup. Marwann est transporté d’urgence à l’hôpital. Sur la table d’opération, la personne qui va l’opérer se fige : « je ne peux pas l’opérer, c’est mon fils. »。

Comment ça, son fils ? Vous avez peut-être imaginé un couple gay, une famille recomposée, un enfant adopté, de la résurrection, un prêtre, un enfant caché, une hallucination, des extraterrestres. Alors que la personne qui opère est simplement sa mère. Si vous avez trouvé bravo ! parce que ce n’est pas si fréquent.

Une « personne », c’est bien un homme, une femme ou une personne non binaire ? Comment se fait-il qu’ici on projette un homme, malgré tout ?
Ces termes supposément neutres, les épicènes, ne font pas le poids face aux biais et sexisme intériorisé, quand bien même nous sommes tous et toutes d’accord qu’il y a des femmes chirurgiennes et des mères !

À l’école, vous avez appris, comme moi, la règle de la primauté masculine, le fameux "masculin qui l’emporte sur le féminin". Pourtant, pendant la majorité de l’Histoire française, il y avait aussi l’accord de proximité, un accord avec le genre le plus proche comme dans « nos destins et nos mœurs différentes » de La Fontaine, et l’accord à la majorité qui étaient employés.
La primauté masculine est devenue la règle exclusive au XVIIIe siècle seulement. C’est compréhensible, à cette époque, dans une Académie exclusivement composée d’hommes, où le grammairien Beauzée disait : « Le genre masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle. » [Prononcé avec une voix grave, NdT] ; que l’historien et grammairien Scipion Dupleix affirmait : « Parce que le genre masculin est le plus noble, il prévaut tout seul contre deux ou plusieurs féminins, quoi qu’ils soient plus proches de leur adjectif. »[Prononcé avec une voix grave, NdT]
OK ! On a compris, au XVIIIe siècle, l’argument de la noblesse, ça marche.
Rappelons-nous également qu’à cette époque, la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen nait, et ne s’applique… qu’aux hommes, comme mentionné. Les femmes étaient considérées civilement incapables, comme les enfants. Elles ont été écartées après la Révolution alors qu’elles avaient initié, contribué et porté cette Révolution. On a coupé la tête d’Olympe de Gouges qui avait fait l’affront d’écrire une Déclaration des droits de la Femme et de la Citoyenne et de réclamer un suffrage universel. Mais ça, c’était il y a 300 ans. Qu’en est-il trois siècles plus tard ?

Eh bien, en 2024, on pense un peu plus aux femmes. Sur les annonces d’emploi, par exemple, on met souvent le métier au masculin, puis "H/F" entre parenthèses pour montrer qu’un poste est ouvert aux hommes ET aux femmes, quand même ! Nous sommes sauvées. En 2024 aussi, le statu quo vit bien : on n’aime pas changer ses habitudes, surtout si cela implique un « nouveau » caractère qui montre que les femmes existent aussi. Par contre, si vous mettez une parenthèse à la place d’un point médian, cela passe crème.

Quand vous entendez « les gars », « le mec qui », « les chercheurs », « les organisateurs », « les chanteurs » ou même « les philosophes » et « les peintres », qui sont « neutres », qu’est-ce que vous voyez mentalement ? Des hommes !
Marine Spaak, dans sa bande dessinée Sea, sexisme and Sun m’a ouvert les yeux il y a quelques années.
S’il y a 500 manifestANTES dans un groupe, on dit « les manifestanTES ». Si l’une d’entre elle emmène son fils, ou un chien, cela se transforme en « les manifesTANTS ».
Quand on vous racontera l’histoire de ces très nombreux manifestTANTS, vous allez projeter des hommes dans votre imaginaire. C’est comme cela qu’on efface les actions et la présence des femmes dans la vie et dans l’Histoire, grâce à cette règle de grammaire du XVIIIe siècle.

Pour ne plus être aussi phallocentrés, les solutions ne manquent pas. Vous en utilisez certainement déjà quelques-unes :

  • les formules englobantes : au lieu de dire « les footballeurs », on parle d’« équipe de football » ;
  • on peut s’adresser directement aux personnes : au lieu dire « le job de rêve des étudiants », on peut dire « découvrez le job de vos rêves » ;
  • les épicènes, les fameux « neutres » : au lieu de « bonjour les gars », on dit « bonjour tout le monde » ; on parle « des droits humains » plutôt que « des droits de l’Homme > » et, au lieu de parler de « fraternité », on peut parler « d’adelphité » ou, encore mieux, de « solidarité » ;
  • il y a aussi les abréviations : au lieu de dire « les développeurs », on peut dire « les devs ».


L’inconvénient de ces formulations inclusives « discrètes » est qu’elles sont justement trop discrètes pour bousculer une domination masculine terriblement bien intégrée. Les femmes restent invisibilisées, on projette des hommes par défaut, comme dans la devinette.
Pour y remédier, il y a
 le doublet, on doublonne les genres. Par exemple : « le mec ou la nana qui », « mesdames et messieurs », « les auditrices et les auditeurs », « celles et ceux qui ».

 C’est ce que j’utilise le plus, car le doublet est explicite sur plusieurs genres et qu’on a du mal à projeter plusieurs choses en même temps si on ne les explicite pas. L’inconvénient du doublet, c’est qu’il invisibilise les personnes non binaires, donc le X de F/H/X. 

Pour casser la binarité et surtout le masculin exclusif, vous pouvez jouer avec notre langue vivante et employer des termes plus novateurs :

  • les formules contractées : « celleux » pour celles et ceux, « toustes », « froeurs » pour « frère et sœur », « mèf » pour "mec et meuf", « les auditeurices » pour "auditrices et auditeurs", « les copaines », « utilisataires » pour "utilisateurs et utilisatrices" ;
  • la controversée formule tronquée avec un point médian, aussi possible avec slash, un tiret ou des parenthèses ;
  • vous avez aussi la possibilité d’employer le féminin et d’écrire le « E » marquant ce féminin, en majuscule pour désigner tous les genres, comme « clientE », avec « E » majuscule ;
  • vous pouvez également utiliser l’accord de proximité qui permet de ne pas effacer toujours le même genre ;
  • et enfin, utiliser les formes féminisées, celles qui existaient et qu’on a supprimées, ou des nouvelles, comme "autrice" (plutôt que "auteurE" qui se prononce de la même façon que « auteur », au masculin, sans « e »), "peintresse", "mairesse", "doctoresse".

L’idée n’est pas de n’avoir qu’une seule façon de faire, car elles ont toutes des inconvénients, mais de piocher dans ces outils, d’alterner, pour casser le masculin unique. D’ailleurs, certains livres alternent les genres en référent à un « manager » parfois avec « il », parfois avec « elle ».

À part ça, quel candidat verriez-vous au poste de Premier ministre ? D’après une étude évoquée dans une vidéo de Scilabus, on répond 15 % de femmes à cette question, donc 85 % d’hommes. Par contre, quand on demande « quel candidat ou quelle candidate verriez-vous au poste de Premier ministre », on cite trois fois plus de femmes, même si on reste en dessous de 40 % de femmes. L’étude ne le dit pas, mais qu’est ce qui se passerait si au lieu de dire « quel Premier ministre on verrait », on demandait « quelle PremièRE ministre on verrait ? »

Je sais qu’on n’aime pas changer ses habitudes, que c’est casse-pieds, que ça demande un effort conscient, surtout au début. Nous sommes des milliers, des millions à le faire, comme pour cette chronique, et je vous assure qu’aucun humain n’a été blessé pendant cet enregistrement.
Aimeriez-vous que tout soit au féminin tout le temps ? Qu’on vous dise « Bonjour Mesdames », « on mange où ce midi, les meufs », alors que vous êtes cinq hommes et une femme, ou qu’il y a zéro femme ? Tout le temps, partout ? Qu’est-ce que cela plante comme graine selon vous ? Qu’est-ce que cela fait d’évoluer dans un monde où la langue exclut, efface la majorité de la population ? Si vous êtes curieux, curieuse, je vous invite à jeter un œil sur La Féminine Universelle où, littéralement, tout est au féminin pour, justement, goûter l’inverse.

Isabella Vanni : Merci Florence pour cette belle entrée en matière, vraiment bravo. Je vois Fred qui applaudit, heureux, depuis là depuis la régie. C’est avec grand plaisir que je te dis au mois prochain pour une prochaine chronique « F/H/X ».

Florence Chabanois : Merci.

Isabella Vanni : Nous allons maintenant faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Isabella Vanni : Après la pause musicale, nous parlerons du Parcours libriste de lareinedeselfes. Pour l’instant nous allons écouter Clair Obscur par A Virtual Friend. On se retrouve dans environ quatre minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Clair Obscur par A Virtual Friend.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Isabella Vanni : Nous venons d’écouter Clair Obscur par A Virtual Friend, disponible sous licence libre Creative Commons CC By 3.0. Ce titre a été proposé par Vincent de l’équipe musique, merci à lui. Vincent est par ailleurs le développeur de la base de musiques libres que nous utilisons, l’équipe de Libre à vous !, pour collecter et documenter les titres pour les pauses musicales de l’émission. Occasion pour moi de vous indiquer que vous pouvez retrouver cette base de données sous le site libreavous.org et que vous pouvez chercher de la musique libre par artiste, titre, genre et type de licence

[Jingle]

Isabella Vanni : Nous allons poursuivre par le sujet principal.

[Virgule musicale]

Parcours libriste avec lareinedeselfes[modifier]

Isabella Vanni : Nous allons poursuivre notre sujet principal qui porte aujourd’hui sur le Parcours libriste de lareinedeselfes.
N’hésitez pas à participer à notre conversation au 09 72 51 55 46 ou bien sur le salon web dédié à l’émission sur le site causecommune.fm, bouton « chat ».

J’ai la chance d’avoir avec moi sur le plateau Brigitte, alias lareinedeselfes, c’est comme ça qu’on te connaît sur les internets, la chance parce que tu es venue exprès de Quimper, donc merci à toi pour avoir pour avoir fait ce voyage, pour intervenir en direct depuis le studio de la radio.
Beaucoup de personnes ont réagi, notamment sur Mastodon, quand on a annoncé que tu parlerais, que tu interviendrais dans l’émission, parce que tu es très connue dans le réseau de Mastodon. Mais peut-être, sans doute, que des personnes qui nous écoutent ne te connaissent pas du tout. Donc, la première question est presque obligatoire presque : pourquoi te fais-tu appeler lareinedeselfes sur les réseaux, parce que c’est quand même bizarre ?, et, en plus, c’est tout attaché, attention !

lareinedeselfes : Je suis lareinedeselfes depuis que je suis arrivée, pas sur les réseaux sociaux, sur le site de Linux Quimper où il me fallait un pseudo.

Isabella Vanni : Linux Quimper, c’est un GUL.

lareinedeselfes : C’est un GUL, un groupe d’utilisateurs de Linux dans la région de Quimper.
Lorsque j’ai découvert qu’il y avait des linuxiens à Quimper, je me suis précipité pour aller les croiser sur leur page Facebook, à l’époque j’étais sur Facebook et, ensuite, je suis allée m’inscrire sur leur forum. Mais les forums me faisaient très peur, c’était un endroit que je trouvais un peu bizarroïde, les gens ne parlaient pas comme moi, je ne comprenais rien de ce qu’ils racontaient. Parois, j’avais l’impression qu’ils étaient en train de se disputer, ils ne se parlaient pas très bien. Quand des gens n’avaient peut-être pas lu la doc – je n’en sais rien, je ne suis pas à leur place – automatiquement il y avait ce « RTFM », je suis allée chercher ce que c’était, c’était Read the fucking manual, je ne connais pas grand-chose en anglais, mais j’ai quand même réussi à comprendre ce que c’était.

Isabella Vanni : Ce n’est quand même pas très accueillant ?

lareinedeselfes : Ce n’est pas très accueillant, ce n’est pas très gentil, en plus on sait pas si les gens n’ont pas essayé de lire. Donc, se contenter de cette réponse !

Isabella Vanni : Tu as quand même résisté. Tu es quand même restée sur les forums.

lareinedeselfes : Ouais, mais je ne suis pas allé m’inscrire sur tous. Finalement si, je suis inscrite sur pratiquement tous les forums ! Sur tous les forums où ça cause Linux, je dois être inscrite, je ne vais pas forcément causer dessus, mais j’ai dû aller m’inscrire quand même !
Mais là, j’avais envie d’y aller et il fallait que je trouve un pseudo, du coup je me suis dit que quand je lisais ces forums, j’avais l’impression de participer à une arène, de regarder une arène.

Isabella Vanni : Parce que qu’il y avait des conflits.

lareinedeselfes : Les gens causaient. On ne savait pas trop si c’était une bagarre ou pas, si c’était gentil ou pas. En plus, vu que je ne comprenais pas tout ce qu’ils racontaient, je me disais « c’est un peu comme le langage des elfes ».

Isabella Vanni : Je trouve que c’est très poétique, j’ai beaucoup aimé.

lareinedeselfes : Je me suis dit, au lieu d’être dans une arène, de regarder, je vais devenir la reine de ces elfes que je ne comprends pas.

Isabella Vanni : Et voilà le pseudo !

lareinedeselfes : Et voilà mon pseudo ! C’est devenir la personne qui va pouvoir parler avec ces elfes. Je suis arrivé à causer avec des elfes, je ne comprends pas forcément tout ce qu’ils disent, mais j’arrive à décortiquer un petit peu et puis, finalement, ces elfes sont vachement sympas.

Isabella Vanni : Voilà, il n’y a pas que des bagarreurs et des bagarreuses, il y a aussi des gens sympas !
Je t’ai demandé de trouver une petite présentation pour l’annonce de cette émission, tu as donné cette présentation : je suis Brigitte, alias lareinedeselfes, qui se définit comme une noob éternelle des internets, habitante de Mastodon, utilisatrice de logiciels et de services libres, qui aime partager ce qu’elle apprend sur son site internet ou lors des ateliers d’accompagnement au numérique qu’elle anime dans un centre social.
Déjà, utilisatrice de logiciels et de services libres, je crois que tu n’utilises plus Facebook.

lareinedeselfes : Ça fait longtemps ! Ça n’a pas été simple de quitter Facebook. Ces types de plateformes ont le chic de te dire que c’est quand même dommage de ne plus pouvoir voir untel. On a fait avec des potes de Mastodon.

Isabella Vanni : Un réseau de microblogging décentralisé.

lareinedeselfes : Un des logiciels qui peuplent le Fédiverse, parce qu’il y a plein d’autres logiciels de microblogging. Celui sur lequel je suis ainsi inscrite fonctionne avec le logiciel Mastodon, mais je peux communiquer avec d’autres personnes qui utilisent d’autres logiciels.

Isabella Vanni : C’est la magie des logiciels libres.
Je suis surprise aussi quand tu dis que tu aimes partager ce que tu apprends, que tu fais aussi de l’accompagnement au numérique dans un centre social et, en même temps, tu veux continuer à te définir comme une noob, ce qui veut dire un peu grande débutante, éternelle, des internets. Je vois un peu une contradiction entre le fait que tu as fait tellement de progrès, que tu as appris tellement de choses qu’aujourd’hui tu es accompagnatrice et, en même temps, tu te définis noob éternelle. Pourquoi ?

lareinedeselfes : J’aime bien ce mot, noob. Au départ il est péjoratif, ça montre ceux qui ne savent pas et, si je ne me trompe pas, c’était souvent utilisé sur des plateformes de jeux vidéo où celui qui posait les questions pénibles, du coup, faisait son noob, il était toujours en train de poser des questions et j’espère bien ne pas arrêter de poser des questions et que je serai toujours une noob. Le jour où j’arrêterai de poser des questions, effectivement, je ne serai plus une noob, mais peut-être que je ne serai plus sur Internet non plus.

Isabella Vanni : D’accord. D’ailleurs tu es connue pour être une personne qui pose plein de questions, au point que quelqu’un a fini par t’appeler la grenouille.

lareinedeselfes : Non, pas la grenouille, la rainette.
La rainette, qui est une petite grenouille, parce que je n’arrêtais pas de faire « quoi, quoi et pourquoi ». À force de dire « quoi, quoi et pourquoi », tous mes amis du Fédiverse si on finit par me dire « bonjour la rainette ».

Isabella Vanni : Qui te va bien.

lareinedeselfes : Et ça me va très bien. Je suis très contente d’être une rainette. Une rainette, c’est donc une petite grenouille et il y a une histoire qui traîne sur les internets, qui parle d’un informaticien qui rencontre une grenouille qui parle, et cette grenouille voudrait que l’informaticien l’embrasse pour devenir une princesse. Je n’ai pas du tout envie qu’on m’embrasse, je n’ai pas du tout envie de devenir une princesse, par contre, l’informaticien gardait la grenouille dans sa poche. En tant que rainette, mes copains informaticiens ou mes copaines du Fédiverse me transportent dans leur poche, comme ça je peux participer aux conversations et, quelquefois, je peux poser ma question ou essayer de comprendre ce qu’ils se racontent.

Isabella Vanni : Voilà ! Vous avez déjà un bel aperçu de qui est Brigitte, alias lareinedeselfes. Dans Libre à vous !, on aime bien aussi poser une question très simple : qui es-tu en général ? Que fais-tu aujourd’hui ? Quelle a été ta formation ? On a compris que tu n’as pas vraiment une formation d’informaticienne. Peux-tu nous présenter un petit peu qui tu es ?

lareinedeselfes : Je suis née en 1963, je peux donc maintenant voyager avec la carte senior ! Je n’ai pas fait d’études en informatique, je suis allée à l’école jusqu’au premier trimestre de terminale, j’ai quitté l’école en disant que j’en avais assez que tout tourne autour d’un bac que, peut-être, je n’aurai pas ou peut-être que j’aurai eu. Ça m’agaçait que tout tourne autour de ça, j’avais envie d’apprendre, pas d’apprendre pour avoir quelque chose derrière, donc je suis partie. Mes profs ont essayé de me retenir, mais ils savaient que, de toute façon, quand j’avais décidé quelque chose c’était terminé. En plus j’avais fait une expérience avec mon prof d’histoire-géo, je lui avais dit : « Là, il n’y a plus de partage – on va y revenir parce que, pour moi, le partage est un moment hyper-important –, tu fais ton cours, les gens écrivent, vas-y, fais l’expérience, redis trois fois la même chose en changeant quelques mots et tu vas voir que tout le monde va noter trois fois la même chose en changeant quelques mots ». On a fait l’expérience, après c’était la récré. Au début, il m’a dit : « Non, ce n’est pas vrai, ce n’est pas possible ! – Si, personne ne t’écoute et j’en ai marre d’être la seule à qui tu vas poser des questions parce que tu as envie d’avoir un retour, toi et les autres profs. Donc, j’en ai marre d’être ta seule, je me tire et vous vous débrouillez avec votre bac que les autres vont passer. » Après, il est allé regarder sur les feuilles si ce que j’avais dit était réel, il m’a dit : « OK ! Prends bien soin de toi. Au revoir. »

Isabella Vanni : Et il t’a comprise !

lareinedeselfes : Et il m’a comprise. Je pense que j’ai toujours posé des questions depuis que je suis toute petite. À l’école ça a toujours été ça.
Le sujet d’avant était super. Je me souviens, quand j’étais à l’école, on a dit que c’était l’égalité hommes-femmes. Je suis allée voir ma maîtresse, j’étais en primaire, et je lui ai dit « c’est bon, maintenant pour les règles d’orthographe, ça change aussi ». Elle m’a dit « oh la, la Brigitte, on n’en est pas encore là ! ».
J’ai toujours essayé de décortiquer tout ce qui se passait, tous les objets aussi, dès qu’il y a une machine je ne peux pas m’empêcher de la démonter, si elle ne fonctionne pas, il va falloir que je la démonte pour voir comment ça marchait avant.

Isabella Vanni : Tout à l’heure, dans le métro, tu me disais que tu avais aussi bidouillé ton téléphone parce qu’il avait un souci. Tu n’as pas vraiment réussi à le faire marcher, mais c’était plus fort que toi !

lareinedeselfes : Oui, c’est plus fort ! Si ça ne fonctionne pas bien, comme je veux, il faut que je le démonte pour voir ce qu’il se passe ou alors je change le système qui est dessus, mais ce n’est pas toujours possible. Si ça ne fonctionne pas, ça ne fonctionne pas ! Ça ne me dérange pas si je n’ai pas réussi, parce qu’on apprend aussi de ses erreurs et du fait que ce qu’on a essayé a été pire que ce qu’on a voulu faire, ce n’est pas grave, on fera mieux la prochaine fois et puis on peut continuer à avancer.

Isabella Vanni : La raison pour laquelle tu es là aujourd’hui, l’une des raisons, c’est que j’ai eu la chance d’assister à la première conférence que tu as donnée à l’occasion du festival Pas Sage En Seine en juin 2024. Le festival Pas Sage En Seine a lieu tous les ans à Choisy-le-Roi, en Île-de-France, et c’est une occasion pour avoir un village avec plusieurs associations du Libre et aussi pour proposer plusieurs ateliers et conférences grand public, d’ailleurs de plus en plus grand public. Je vous conseille de vous noter cela dans l’agenda, si vous habitez en Île-de-France, ne ratez pas le festival Pas Sage En Seine en juin. J’ai trouvé ta conférence super, déjà d’un point de vue formel, parce que c’était bien structuré, mais aussi parce que parce que tu as dit des choses très fortes qui sont qui sont restées dans ma mémoire, d’ailleurs je l’ai je les ai même notées. Par exemple, à un moment, tu as dit qu’à la maison il y avait un ordinateur sous Windows parce que c’est ce qu’on se retrouve sur la machine quand on l’achète dans un magasin, hélas ! Il y avait des virus, le réparateur t’avait dit que c’était un peu normal et tu as dit « non, attendez, il existe forcément autre chose que Windows ». Tu es donc allée sur un moteur de recherche, tu as tapé « autre chose que Windows » et c’est comme cela que tu as découvert qu’il y avait des systèmes d’exploitation alternatifs. J’avais le même problème avec les virus, quand j’avais Windows, et je ne me suis jamais posé cette question !

lareinedeselfes : C’est vrai que c’était un ordinateur familial, donc tous les enfants passaient dessus, j’ai quatre enfants, mes trois gars et moi-même utilisions cet ordinateur.
Je dis toujours que l’ignorance peut aussi être une chance parce que, du coup, on va chercher.
Mon fils cherchait les paroles d’une chanson paillarde pour chanter dans le car. Il avait 14 ans, je trouvais que c’était tout à fait normal. Par contre, ce qui me dérangeait, c’était qu’à chaque fois que j’allais faire une recherche, je récupérais le nom de sa chanson. Outre le fait que ça soit désagréable d’avoir les recherches des autres, je me disais « il a 14 ans, il m’a posé la question, mais il aurait pu ne pas me la poser, c’est sa vie, il n’y a rien de répréhensible là-dedans et c’est tout à fait logique qu’il ait envie de faire des trucs avec ses potes ! » Et qui n’a pas eu envie de chanter une chanson paillarde lorsqu’il était adolescent. Qu’on soit fille ou garçon, les chansons chantées entre nous, c’est quand même rigolo !

Isabella Vanni : C’est donc la question de la vie privée.

lareinedeselfes : C’était la vie privée. Je me suis dit « moi ça ne me dérange pas, mais si mon fils avait été dans une autre famille où ça aurait posé question, c’est quoi cette machine qui ne respecte pas la vie privée de mon fils ! » Ce n’est pas juste un fait qui va faire que je vais changer et passer à autre chose, c’est une accumulation de plusieurs petites choses. D’une, le respect de la vie privée. En fait, là, j’ignorais qu’il exite de l’historique de recherche de navigation. Voilà pourquoi l’ignorance est une bonne chose. Cette ignorance-là m’a fait poser la question sur la vie privée.
Ces virus arrivaient parce que mon dernier passait son temps à télécharger des jeux vidéo et, avec, il y avait plein de virus. On n’arrêtait pas d’acheter des antivirus, il y avait quand même des virus qui passaient, ça n’aurait pas dû se faire. Là aussi, j’aurais pu savoir que même si on a un super système d’exploitation, même en faisant attention aux endroits où on navigue on peut attraper un virus, mais je ne le savais pas et c’est pour cela que c’est vachement bien parce que je me suis dit « je vais changer ce qu’il y a sur la machine ». Je ne savais pas ce que c’était qu’un système d’exploitation, je ne savais pas ce que c’était qu’un navigateur. Je vais sur le truc où il y a écrit « recherche ».

Isabella Vanni : Tu ne savais pas que c’était un moteur de recherche, tu savais juste qu’on pouvait faire des recherches.

lareinedeselfes : Je savais qu’on pouvait faire des recherches là-dessus, donc je lui ai demandé « Autre chose que Windows ». C’est là qu’il m’a amenée sur des sites qui parlaient de Linux. À l’époque, je travaillais comme aide-soignante, j’avais donc des horaires un peu compliqués. Dès que je pouvais, j’allais regarder, j’allais lire, essayer de savoir, parce que ce n’est quand même pas rien : on achète une machine, puis on se dit « peut-être que je vais casser toute la machine », il fallait quand même que j’aille bien lire.

Isabella Vanni : Bien creuser la question avant de franchir le pas.

lareinedeselfes : Au bout d’un moment, un an, il m’a fallu un an. Dès que j’avais un moment j’allais chercher et, au bout d’un an de recherches, j’ai pris mon dernier fils et je lui ai dit « tu m’installes ce truc Linux dont ils parlent parce que ça m’a l’air vachement bien, c’est ce que je veux sur la machine, apparemment ça ne va pas tout casser, donc tu me l’installes. » Il a gravé un disque, il a installé une Ubuntu et je sais exactement quelle année, c’est pratique, c’était l’Ubuntu 14, et j’ai démarré ma liberté d’utilisation de mon ordinateur.

Isabella Vanni : C’était un moment fondamental !

lareinedeselfes : Jai eu l’impression de m’approprier cette machine, je venais de décider ce que j’y mettais, tous les logiciels. En plus, je pouvais retirer ce que je voulais, en remettre d’autres, faire ce que j’avais envie et ça ne cassait pas tout. J’ai trouvé ce moment extraordinaire. Mon fils me l’avait installée en anglais et j’ai quand même réussi à découvrir comment changer la langue et, rien que de faire ça, c’était moi qui l’avais fait ! Depuis j’adore ! Pour moi, le logiciel libre c’est quelque chose qui est essentiel. Il y a des gens qui savent faire, qui ont cet esprit de partage et qui veulent bien que d’autres utilisent ce qu’ils ont fait. Et, en plus il y a même le droit de transformer. Les logiciels, mais les licences libres aussi. David Revoy fait de merveilleux dessins en licence libre, je vais chercher ses dessins sur Krita.

Isabella Vanni : David Revoy a d’ailleurs été invité dans l’émission Libre à vous !. C’est effectivement un dessinateur extraordinaire.

lareinedeselfes : Quand je veux faire une affiche, je vais, par exemple, prendre un de ses dessins, aller chercher sur Krita, un logiciel libre de graphisme qu’il utilise, donc je peux aller chercher son fichier et j’ai le droit d’utilisation fichier, de le transformer, d’utiliser l’image que j’ai transformée en créditant, en disant où j’ai pris l’image de départ. C’est extraordinaire ! Je ne sais pas dessiner, alors, quand j’ai besoin de faire une affiche, David est celui chez qui je vais aller piocher pour aller mettre un super fond, un super dessin. Je vais aussi utiliser les dessins de Gee qui est chroniqueur ici, dans Libre à vous !. Pareil, j’ai accès à ses fichiers, je peux transformer ce qu’il a dessiné, en faire ce que je veux.
Et c’est un monde où ce devrait être tout le temps comme ça. Quoi qu’on fasse, ça devrait faire partie du monde dans lequel on vit : on a un pot commun, on a besoin, on prend sans exagérer, puisque chacun aura confiance en l’autre. Je sais bien qu’on dit arfois que je suis une Bisounours.

Isabella Vanni : En plus d’une rainette !

lareinedeselfes : En plus d’une rainette, je suis une Bisounours, mais je n’ai pas non plus envie de changer parce que je rêve d’un monde où tout le monde a sa place, même si ce n’est pas la réalité, mais je peux continuer à rêver.

Isabella Vanni : On peut continuer à rêver !
Après cette belle déclaration d’amour pour le logiciel libre, les licences libres et le partage, je te propose de faire une pause musicale. Là, tu as parlé de ton expérience individuelle, mais, après, tu es allée chercher d’autres personnes, comme toi, qui utilisent des logiciels et, grâce à ces personnes, tu as fait encore plein de choses pour partager tes connaissances avec les autres.
Je vous propose de faire une pause musicale. Nous allons écouter Airship Thunderchild par Otto Halmén. On se retrouve dans environ deux minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Airship Thunderchild par Otto Halmén.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Isabella Vanni : Nous venons d’écouter Airship Thunderchild par Otto Halmén, qui est disponible sous licence Libre Creative Commons CC By 3.0.

[Jingle]

Deuxième partie 45’ 52[modifier]

Isabella Vanni : Nous allons poursuivre notre discussion. Je suis Isabella Vanni, de l’April, et le sujet principal de cette émission est consacré au parcours libriste de Brigitte, alias lareinedeselfes, qui est avec moi ici au studio.
N’hésitez pas à participer à notre conversation au 09 72 51 55 46 ou bien sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causeommune.fm, bouton « chat ».
Nous en étions à la découverte d’un système d’exploitation libre, donc alternatif à Windows, qui t’a donné la liberté de décider ce que tu pouvais mettre sur ton ordinateur, mais c’était une expérience individuelle, et tu as eu assez vite envie de voir s’il y avait d’autres personnes, comme toi, qui faisaient cette expérience. Je te laisse parler de tes potes parce que je sais que, pour toi, c’est hyper-important de parler aussi des personnes qui t’ont entourée et appris plein de choses, donc carte blanche. Vas-y, c’est leur moment.

lareinedeselfes : Oui. Depuis Facebook, ’ai d’abord rencontré les gens de Linux Quimper, et j’ai donc envoyé mon premier message à quelqu’un qui va avoir beaucoup d’importance pour moi après, c’est René.

Isabella Vanni : Salut René, qui nous écoute.

lareinedeselfes : René, qui cause sur les réseaux sociaux, parce qu’il cherchait des gens pour filer un coup de main pour les distributions d’ordinateurs qui se font au Centre social des Abeilles, toujours à Quimper. René est l’instigateur de ces distributions, il a commencé en 2009. J’ai donc proposé de filer un coup de main pour préparer la salle et être là. Ils ont dit oui. J’ai aussi rencontré Pierrot qui est à Linux Quimper.
Et, un beau jour, ils m’ont parlé de Diaspora, d’un endroit où ils allaient, qui était différent de Facebook, qui ressemblait à peu, mais c’était du logiciel libre, donc, je suis allée sur Diaspora. Dans ma conférence, je raconte que la première fois je me suis trompée d’espace, puisque Diaspora c’est aussi un logiciel qui fédère avec d’autres, c’est ce qu’on appelle la fédération, ce sont des logiciels qui sont installés sur des serveurs, il peut y en avoir partout dans le monde, il faut s’inscrire au bon endroit. Le serveur qui accueille un logiciel Diaspora s’appelle un pod et, lors ma première inscription, je me suis inscrite sur un pod anglophone, encore une fois, donc je n’ai rien compris et là je me suis dit « les autres m’ont parlé de ce logiciel, ça veut dire que ça doit exister en français ». Il n’y avait pas de menu pour changer la langue sur le Diaspora, sur le pod sur lequel j’étais, je me suis dit « je vais chercher Diaspora en français, sur Internet » et je suis arrivée sur Framasphère. Framasphère, c’était le pod de Framasoft, à l’époque je n’en savais rien, j’ai pris le premier où, au moins, on causait français, j’ai été accueillie non pas par un bot mais par un humain, parce que souvent, sur les forums, il y a un bot qui vient te dire « tu es inscrit sur tel forum ».

Isabella Vanni : Un robot qui réagit.

lareinedeselfes : Au début, je croyais que j’étais un bot, j’ai discuté avec lui comme avec un bot et j’ai découvert que c’était un humain, un humain super gentil, c’est donc aussi mon pote, c’est SPF qui était derrière, qui m’a beaucoup accompagnée, qui m’a donné confiance pour aller parler sur cet espace dont je ne comprenais pas trop le fonctionnement, j’avais peur de passer pour une idiote. Il m’a accompagnée, il m’a réconfortée, il m’a dit « vas-y, de toute façon je ne suis pas loin, je vais suivre ce que tu dis et je suivrai aussi les réponses qui te seront faites ».

Isabella Vanni : Un super accueil.

lareinedeselfes : Et là je me suis dit « waouh !, il n’y a pas ça sur Facebook, il n’y a pas tout ce côté humain ! ». Sur ce pod, il y avait donc un humain qui m’accompagnait et, en plus, il y avait des humains super chouettes derrière. Là j’ai commencé à poser des questions, à rencontrer des gens qui m’ont beaucoup aidée, style Lapinux ??? [51 min 23] et d’autres qui sont venus après. Là, j’ai découvert aussi Framasoft, que j’ai suivie, et à chaque fois qu’ils proposaient quelque chose, j’allais tester, j’allais essayer, je ne savais pas tout faire, ce n’était pas grave, j’allais voir ce que c’était et après je disais « je n’ai pas su faire ! » ou bien « j’ai réussi ! ». Ils étaient contents et, gentiment, ils me répondaient. Personne ne m’a prise pour une imbécile, du coup j’ai pu progresser, faire une première étape.

Isabella Vanni : Framasoft, on va le rappeler, est une association d’éducation populaire au numérique qui fait plein de choses, qui, notamment, met à disposition des services en ligne pour dégoogliser Internet. Je sais que tu avais envie de tout tester, tu as même testé le service en ligne pour faire un site web.

lareinedeselfes : Il y avait un Framasite, évidemment j’ai essayé ! Pour faire un Framasite, il faut mettre des choses dedans, j’ai mis des choses dedans. Après je me suis dit « je peux peut-être faire un site pour pouvoir accompagner des gens qui étaient comme moi au début. Je vais leur expliquer ce qu’est un navigateur, un moteur de recherche, comme cela, quand ils auront oublié, ils pourront retrouver ». J’ai commencé à faire quelques articles et j’avais aussi envie de présenter des associations, donc, j’ai aussi fait une page pour présenter, Framasoft, l’April la Quadrature du Net.

Isabella Vanni : La Quadrature du Net est une autre association très importante, qui s’occupe de défendre la vie privée sur Internet.

lareinedeselfes : Ils n’avaient pas la possibilité d’aller de rencontrer les gens que je rencontrais, alors je me suis dit « je vais faire un lien entre les gens que je rencontre, je vais essayer de traduire ce que j’ai pu comprendre pour que d’autres puissent aussi avoir cette information ». Donc, voilà comment est né mon blog.
Pendant très longtemps Framasoft a ouvert beaucoup de services, ça demandait beaucoup d’efforts, beaucoup de disponibilité. Il y a des services qui sont aussi utilisés par des spammeurs, qui sont détournés. Du coup, avec tous ces gens, ça demande beaucoup de présence salariée ou bénévole. À un moment donné, il a fallu arrêter des services pour que les salariés de Framasoft se sentent beaucoup mieux et j’en suis contente.

Isabella Vanni : Mais d’autres associations ont pris le relais !

lareinedeselfes : En plus, comme il y avait les chatons. CHATONS est le Collectif des Hébergeurs Associatifs Transparents Ouverts Neutres et Solidaires.

Isabella Vanni : C’est un collectif qui recueille beaucoup de structures, d’ailleurs pas qu’associatives, je crois qu’il y a aussi des personnes, des individus, des entreprises, qui proposent justement des services libres et décentralisé parce que logiciel libre permet de pouvoir installer d’innombrables fois, sur un propre serveur, le logiciel.

lareinedeselfes : Oui, et puis c’est important aussi que Framasoft ne soit pas le Google français, c’est ce qu’ils avaient toujours dit.

Isabella Vanni : Même si libres, ils ne veulent pas de centralisation.

lareinedeselfes : Ils ne veulent pas de centralisation, donc c’est important que les chatons existent, que Framasoft existe, parce que, sans Framasoft, la petite grenouille que je suis, la petite rainette que je suis, n’aurait pas rencontré tous ces gens qui m’ont appris plein de choses. Framasoft a été une association hyper-importante pour moi, elle l’est toujours, et ils m’ont demandé d’être membre de l’association.

Isabella Vanni : Félicitations !

lareinedeselfes : Merci.

Isabella Vanni : C’est plutôt par cooptation, si j’ai bien compris.

lareinedeselfes : J’ai été cooptée, donc, maintenant, je suis membre officiel de Framasoft. Au début je me suis demandé, comme je demande souvent, je t’ai demandé « pourquoi veux-tu m’inviter ? », à Framasoft « pourquoi voulez-vous de moi comme membre ? Je suis juste une petite reine des elfes ».

Isabella Vanni : Qu’est-ce qu’ils t’ont répondu ?

lareinedeselfes : Parce que je suis moi !

Isabella Vanni : Voilà ! On a tout compris. Tu disais que Framasoft a été un moment important. Un autre moment important, c’est aussi Mastodon.

lareinedeselfes : Mastodon a commencé à se faire bien connaître, des gens de Framasoft sont allés le tester et qui ont dit « tiens, et si on le proposait » et nous sommes plein de Diaspora à être partis sur Mastodon. J’ai toujours un compte Diaspora, je n’y vais plus beaucoup. La plupart des gens qui y étaient sont partis sur Mastodon, sur Framapiaf qui est l’ instance de Framasoft, quand ils ont fait l’annonce. Quand ils ont fait l’annonce, je ne sais plus si l’April avait commencé en même temps.

Isabella Vanni : Nous sommes arrivés pas loin, avec notre service pouet.chapril.org.

lareinedeselfes : Je me souviens qu’en même temps que Framasoft, il y avait La Quadrature, il y avait eu un article et, après, il y a eu d’autres articles disant « il y a aussi d’autres instances françaises » et ils les ont nommées. J’ai essayé plein d’instances et, une fois que je suis dessus, je rencontre des gens qui ont des instances, ce sont des copains et j’ai envie de tester leur instance.

Isabella Vanni : On a compris que tu aimes bien tester les choses.

lareinedeselfes : J’ai testé plusieurs autres logiciels, Pleroma. J’ai aussi essayé ??? [58 min 22], un logiciel super sympa qui permet d’écrire des petits textes, voire des grands, qui fait partie de la fédération, donc, depuis mon compte Mastodon, je peux aussi lire des comptes ??? sur d’autres des instances. La fédération, c’est rigolo ! Ce n’est pas toujours facile à expliquer, ce qui est rigolo n’est pas toujours simple à expliquer. En tout cas, c’est un espace où tout le monde peut communiquer – je vais arriver à montrer que j’ai appris des choses –, parce qu’on utilise le même langage, ou protocole, qui est ActivityPub.

Isabella Vanni : Là, je dis chapeau !

lareinedeselfes : Que Diaspora n’utilise pas, du coup on ne peut pas causer avec Diaspora.

Isabella Vanni : C’est pour cela que je t’ai posé la question « pourquoi te définis-tu noob ? » ! Tu en sais beaucoup plus que la moindre personne qui utilise Mastodon.

lareinedeselfes : S’il n’y avait pas eu Mastodon et tous ces gens qui sont super géniaux, je n’aurais jamais appris tout ça.

Isabella Vanni : Une fois que tu as appris tout cela, ce n’était pas suffisant. Tu t’étais fait plein de potes, comme tu disais tout à l’heure. Pendant la pause musicale, tu me rappelais que, pour toi, c’est une façon de rencontrer des humains, c’est une autre façon de rencontrer des humains. Le fait qu’on ne se voit pas finalement ce n’est pas gênant.

lareinedeselfes : On se rencontre d’abord sur le Net et, après, on peut se voir physiquement. Je n’ai pas tous les mots pour pouvoir vraiment expliquer, de tout en bout, toutes ces choses qui sont hyper-importantes, notamment la vie privée sur Internet et tout ça, donc, sur Mastodon, j’ai demandé si quelqu’un voulait venir faire une conférence à Quimper.

Isabella Vanni : Après avoir appris des choses, tu avais aussi envie de les partager.

lareinedeselfes : Oui, parce que c’est dommage de ne les garder que pour soi. Stéphane Bortzmeyer a dit « si tu veux, je viens ».

Isabella Vanni : Pour les personnes qui ne connaîtraient pas, Stéphane Bortzmeyer est une personne très connue dans le dans le monde du Libre, spécialiste d’Internet, pionnière du chiffrage pour les communications entre particuliers. C’est une personnalité, on peut dire que c’est un peu une star dans le monde du Libre francophone et là, en toute simplicité, il vient donner une conférence.

lareinedeselfes : Ce truc-là, de gens qui sont hyper-connus, ça m’a fait rire parce que je n’en savais rien. Des copains, à Linux Quimper, m’ont dit « dis donc, tu causes avec du grand monde ! – Comment ça ? – Stéphane Bortzmeyer, Tristan Nitot, Laurent Chemla. – Stéphane Bortzmeyer a juste dit qu’il venait causer et il m’a expliqué plein de choses. » Après, je suis allée regarder « ah ouais quand même ! », je m’en fiche, c’est mon mastopote !

Isabella Vanni : Mastopote, pote sur Mastodon.

lareinedeselfes : Tristan Nitot est aussi mon mastopote, il peut avoir fait plein de choses, ça reste mon mastopote.

Isabella Vanni : Très connu, lui aussi, dans le monde du Libre. Il a, par ailleurs, fondé Mozilla France.

lareinedeselfes : Mais je n’en savais rien quand je suis allée causer avec lui, qu’il a répondu à mes questions. C’est pour cela que je dis que cet espace-là est extraordinaire. Ils peuvent être connus, ils ne me connaissaient pas et ils ont quand même répondu à mes questions.

Isabella Vanni : Tu disais que tu as déjà fait venir Stéphane Bortzmeyer à Quimper, pour une première conférence et tu ne t’es pas arrêtée là.

lareinedeselfes : Il a fait une conférence « Web et vie privée » et je ne me suis pas arrêtée là. Stéphane a dit « j’ai trouvé ça bien, à Quimper », il l’a dit aussi aux autres, sur Mastodon, « j’ai trouvé ça super, Quimper, donc, la prochaine fois, je reviens. » Juin est passé, il y avait Pas Sage En Seine et j’ai fait dit « et si on faisait pareil à Quimper ? » À Pas Sage En Seine, j’avais l’impression qu’il y avait tous mes copains de Mastodon ou du Fédiverse. Pour moi, Capitole du Libre était quelque chose de tellement énorme que je me disais « jamais on ne va faire quelque chose comme Capitole du Libre ! »

Isabella Vanni : Ça t’aurait plu, mais tu n’étais pas sûre !

lareinedeselfes : De toute façon, on n’a pas la place, au centre social, pour faire quelque chose d’aussi gros que Capitole du Libre, pour moi c’est quelque chose de gigantesque.

Isabella Vanni : Capitole du Libre est un autre événement majeur autour du logiciel libre qui a lieu en novembre à Toulouse.

lareinedeselfes : Voilà. Et c’est un truc gigantesque ! Nous sommes un tout petit centre social, l’équipe de Pas Sage En Seine faisait ça dans une médiathèque, je me suis dit « médiathèque, centre social » ça peut peut-être le faire au niveau espace, on peut peut-être réussir à trouver quelque chose qui tienne la route. Là, des copains ont dit « super idée », ils ont commencé à dire « moi je viens, je présente ça, je présente ça ». Ça a toujours été sur mon compte privé, personne n’a rien vu et j’en suis très très contente.

Isabella Vanni : En fait, tu as lancé cette idée d’événement que tu as appelé « Entrée Libre » et tu as fait trois éditions, quand même !

lareinedeselfes : J’ai fait trois éditions. La première édition c’était en 2019 et c’était pour fêter les dix ans des distributions d’ordinateurs au centre social. Je voulais mettre en avant René qui est un mec extraordinaire. En plus, je sais qu’il est en train d’écouter, tu as vu, je ne t’ai pas dit que j’allais causer de toi ! C’était pour lui que je voulais faire ce premier.

Isabella Vanni : Tu m’as dit que c’était comme un cadeau.

lareinedeselfes : Pour moi, c’était lui offrir un cadeau. Je n’ai jamais pensé en faire d’autres après. Je voulais juste faire un Entrée Libre pour les dix ans de distribution.

Isabella Vanni : C’était quand même sur plusieurs jours, il y avait des personnes à héberger, il y avait le planning à faire, il y avait les annonces à faire pour que les gens viennent. Tu dis que tu ne l’as pas fait toute seule, plein de gens se sont proposés, mais, en fait, il faut quelqu’un qui pilote le projet. Tu es devenue une organisatrice d’événement, que tu le veuilles ou pas.

lareinedeselfes : Ce qui était bien, c’est que ce n’étaient que des gens que je connaissais. Sur la suite, après, il n’y a pas toujours eu les mêmes à chaque fois, il y a eu, grosso modo, une grande partie de gens qui étaient les mêmes mais pas tout le temps, il y a eu des gens en plus. J’avais besoin de bien connaître les gens qui venaient parce que c’était aussi faire attention à eux. Je l’ai dit, j’aime mes mastopotes, il est hors de question qu’on leur fasse du mal, donc je veux, autour d’eux, tout pour bien les accueillir.

Isabella Vanni : Qu’ils se sentent bien, qu’ils se sentent bien accueillis.

lareinedeselfes : Une de mes potes a du mal avec trop de monde, je lui ai installé un coin dans la bibliothèque pour qu’elle puisse s’isoler, elle avait la clé. Il est hors de question que mes potes transgenres se fassent emmerder par des imbéciles. J’avais donc à cœur que ce soit vraiment des gens que je connaisse bien parce que je veux en prendre soin, ce sont mes amis.

Isabella Vanni : Tu as donc fait cet événement avec eux et avec elles, pour eux et pour elles, et ça s’est bien passé, au point que tu as eu envie d’en faire deux autres éditions.

lareinedeselfes : Non, ce n’est pas moi ! Ce sont elles et eux. Ce sont mes potes qui ont dit : « On refait ça l’année prochaine ou dans deux ans. – Ben non. – Ben si ! »

Isabella Vanni : Tu n’avais pas le choix, tu étais tellement contente de les voir !

lareinedeselfes : J’étais tellement heureuse de les voir et tellement heureuse de faire cet événement pour les gens qui viennent écouter, parce que je voudrais que la connaissance soit partagée et, en plus, j’ai envie de présenter aussi mes copaines de Mastodon.

Isabella Vanni : Parlons justement du public, quel était le public que tu convoitais pour les conférences ?

lareinedeselfes : La consigne était que leur discours soit complètement accessible, il fallait donc que ce soit des gens qui soient débutants ou qui se posent des questions sur leur usage, qui soient dans le questionnement. Je ne voulais pas que des conférences, je voulais aussi des ateliers, et je ne voulais pas avoir d’ateliers en même temps qu’une conférence.

Isabella Vanni : Tu dis que ce sont les autres qui ont fait, mais c’est c’est toi qui as organisé, c’est toi qui étais à la tête et qui décidais.

lareinedeselfes : C’est effectivement moi qui ai choisi les repas parce que je trouve que c’est hyper-important, on avait un temps de repas, je voulais qu’il soit respecté, et adapté pour tout le monde.

Isabella Vanni : Tu m’as dit une chose incroyable : des gens sont venus depuis l’Est de la France pour assister à une d’édition d’Entrée Libre.

lareinedeselfes : Pour la première édition d’Entrée Libre, des gens sont venus au camping de Quimper parce qu’ils avaient entendu parler d’Entrée Libre sur l’Agenda du Libre.

Isabella Vanni : L’Agenda du Libre est un site où on peut trouver un agenda avec des événements autour du logiciel libre, de la culture libre, et, en même temps aussi, un annuaire d’organisation. Ils avaient donc vu sur l’agenda.

lareinedeselfes : Ils avaient bien 70 ans. Ils ont fait toute la route pour venir. Peut-être qu’ils écoutent cette émission aujourd’hui, en tout cas merci, parce que tout cet effort, au niveau transport, ce n’est quand même pas simple de venir dans une ville qu’on ne connaît pas. Je les ai déjà remerciés, mais je les remercie encore.

Isabella Vanni : Avec plaisir ! Nous sommes très contents de t’avoir ici. D’ailleurs, je suis navrée que le temps file si vite et on n’a plus beaucoup de temps. J’avais préparé encore plein d’autres questions, c’est difficile de choisir, là je parle, du coup on perd encore du temps !

lareinedeselfes : Je vais peut-être parler juste d’un truc en vitesse.

Isabella Vanni : Voilà, une chose que tu veux dire.

lareinedeselfes : Sur Mastodon, Laurent Chemla avait présenté Caliopen, un logiciel, une messagerie sécurisée. Il n’a pas eu les financements qu’il cherchait. Je pense qu’il continue à travailler dessus et qu’il y a plein de bénévoles qui travaillent dessus puisque c’est devenu une association. Je ne pense pas qu’elle soit arrêtée. En tout cas, j’ai été testeuse de cette messagerie. Vous avez bien compris que je n’y connais rien pour tester un truc qui va être mis, après, à disposition d’un public et tout ça. Quand j’ai posé à Laurent la question, à savoir s’il voulait bien que je teste, il m’a dit « bien sûr, je n’attends que ça ! ». C’est « viens, ça me fait très plaisir » et c’est génial !

Isabella Vanni : Tester les applications, c’est finalement une autre façon de contribuer au Libre.
Brigitte, je te propose de te poser les autres questions que j’avais une autre fois, tu es la bienvenue quand tu veux. Malheureusement le temps coule et je dois passer au sujet suivant.
Encore un grand merci pour être venue depuis la Bretagne jusqu’ici pour parler en direct. C’était un vrai plaisir.

lareinedeselfes : Merci à vous et merci à mes mastopotes.

Isabella Vanni : Merci aux mastopotes de Brigitte.
Nous allons maintenant faire une pause musicale.

[Virgile musicale]

Isabella Vanni : Après la pause musicale, nous nous entendrons la première chronique de Julie Chaumard qui interviewera une personne de la coopérative Les Tilleuls.Isabella Vanni : On se retrouve dans environ trois minutes. Nous allons écouter Devil’s Gonna Git You> par Doctor Deathray. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Devil’s Gonna Git You> par Doctor Deathray.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Isabella Vanni : Nous venons d’écouter Devil’s Gonna Git You> par Doctor Deathray, disponible sous licence Creative Commons CC By SA. C’est un titre déniché par Joseph, de l’équipe musique de Libre à vous !, merci à lui. Il s’agit d’une reprise d’une chanson de Bessie Smith, célèbre blues woman américaine des années 20 du 20e siècle, bien sûr.

[Jingle]

Isabella Vanni : Je suis Isabella Vanni de l’April, nous allons passer au sujet suivant.

[Virgule musicale]

Chronique « À la rencontre du Libre de Julie Chaumard » - Interview de Salomé Yahia-Cherif « Les Tilleuls - Une coopérative basée sur le logiciel libre »[modifier]

Isabella Vanni : Nous allons poursuivre avec la chronique « À la rencontre du Libre » de Julie Chaumard. Il s’agit, là aussi, d’une toute nouvelle chronique. Julie parcourt le monde à la recherche de personnes ou d’organisations utilisatrices et contributrices au logiciel libre pour recueillir leurs pratiques et leurs besoins. Pour sa première chronique, elle interviewe Salomé Yahia-Cherif, Business Developer, pour la coopérative Les Tilleuls.
Julie est en studio avec moi, son invitée intervient à distance. Je vous laisse la parole pour votre échange.

Julie Chaumard : Merci Isabella.
Aujourd’hui pour la première de la chronique « À la rencontre du Libre », nous allons interviewer Salomé Yahia-Cherif, une jeune femme qui travaille pour la coopérative Les-tilleuls.coop.
Salomé bonjour, ravie de faire cette première chronique avec toi. Est-ce que tu m’entends ?
Salomé travaille pour la coopérative Les-tilleuls.coop qui a été créée en 2011 et qui est dirigée aujourd’hui par Kévin Dunglas, un des fondateurs historiques, et par Marion Agé qui est également directrice technique.
Salomé, si tu es là, peux-tu nous en dire sur toi et sur cette coopérative ?

Salomé Yahia-Cherif : Bonjour à toutes et à tous. Est-ce que vous m’entendez bien ?

Julie Chaumard : Oui, bonjour Salomé, merci.

Salomé Yahia-Cherif : Merci à vous de me recevoir aujourd’hui.
Je me présente. Je suis Salomé, je fais partie de l’équipe commerciale chez Les-tilleuls.coop.
Pour vous en dire un peu plus sur qui nous sommes, nous sommes une société de services. Nous accompagnons nos clients via des prestations de services web, que ce soit en développement, en consulting, en formation, etc. Et notre particularité, vous l’aurez compris, c’est que nous sommes une coopérative.

Julie Chaumard : Merci Salomé. Cela fait plaisir de voir une bonne parité femmes-hommes à la direction des Tilleuls avec ce duo de dirigeants. Qu’en est-il pour le reste des salariés de la communauté et quelles actions faites-vous, aux Tilleuls, pour permettre un bon équilibre et ne pas vous retrouver avec beaucoup plus d’hommes que de femmes ? Je pense que c’est sûrement le cas, tu vas nous dire, parce que c’est le domaine technique qui contient encore aujourd’hui plus d’hommes.

Salomé Yahia-Cherif : Effectivement, comme tu l’as dit, on a deux cogérants, Kévin et Marion. C’est quelque chose qui est très important pour nous ; ça toujours été un choix d’avoir une cogérance mixte.
On a aussi plusieurs femmes parmi les postes à responsabilité, des postes assez élevés chez nous, que ce soit dans l’équipe, par exemple, chefferie de projet, en marketing, en développement.
On travaille beaucoup, au niveau de notre attractivité, pour attirer plus de femmes parce qu’au niveau de nos effectifs, on a effectivement plus de développeurs que de développeuses. Pour cela, on essaye d’instaurer un maximum d’égalité, ça fait partie de notre ADN en tant que coopérative. On propose, par exemple, une grille de salaires qui ne fait pas de différences selon le genre, ce qui est quand même assez normal, mais qui n’est pas toujours intégrée partout. On propose aussi des congés menstruels et d’autres mesures, par exemple un réel suivi pour le retour des congés maternité.

Julie Chaumard : Il faut aussi que les femmes se sentent capables de devenir développeur, que ça vienne depuis l’enfance et avec le système éducatif.
Pour en revenir aux Tilleuls, quels sont exactement les services que vous vendez ?

Salomé Yahia-Cherif : C’est très diversifié. Comme je l’ai dit au début, soit on peut accompagner nos clients en développement, que ce soit dans leur équipe ou en autonomie. On fait aussi du consulting, tout ce qui va être conseil, audit, etc., de l’hébergement, de la formation et nos clients sont assez diversifiés, ça va de la très grande entreprise à la petite start-up locale.

Julie Chaumard : D’accord. Donc, dans vos clients, il y a une part public/privé ?

Salomé Yahia-Cherif : Oui. On travaille beaucoup avec des acteurs publics, notamment via des appels d’offres, mais on travaille aussi avec des clients privés. Je dirais qu’on a quand même beaucoup plus de clients privés à l’heure actuelle.

Julie Chaumard : D’accord, c’est bien. As-tu des exemples de ces clients ?

Salomé Yahia-Cherif : Oui. On travaille avec des clients qui sont assez connus, on va dire, comme France TV, Arte. On travaille aussi avec Décathlon, avec Médiapart. On est donc dans tous les types de secteurs. On travaille aussi pas mal avec les médias, les fédérations sportives, le retail, c’est assez diversifié.

Julie Chaumard : Donc, ces clients utilisent l’écosystème du logiciel libre, parce que vous, en tant que Les-Tilleuls.coop, vous êtes basés sur l’écosystème ou sur le logiciel libre.

Salomé Yahia-Cherif : Oui, exactement. En fait, nous sommes experts, nous sommes reconnus pour notre expertise en logiciel libre, à la fois par nos contributions à plusieurs logiciels et frameworks très connus comme Symfony, Laravel, Caddy, etc.
Nous avons aussi développé nos propres logiciels libres qui sont API Platform qui vous permet de créer des API standardisées. Une API va vous permettre de communiquer entre deux outils, entre deux applications, c’est un peu comme un pont en fait. Donc API Platform et FrankenPHP, un serveur d’applications qui va vous permettre d’améliorer vos performances, les performances de vos applications.
Nous sommes aussi auteurs et autrices d’ouvrages et nous donnons des conférences sur le logiciel libre. Ça fait vraiment partie de notre ADN.
En tant que coopérative on croit beaucoup et on défend le logiciel libre et l’accès à toutes et à tous à un Web, on va dire accessible. Nous contribuons au quotidien que ce soit dans nos projets internes ou dans les projets clients.

Julie Chaumard : Vous avez donc à cœur de participer à l’écosystème, à l’enrichissement et au déploiement du logiciel libre.

Salomé Yahia-Cherif : Exactement !

Julie Chaumard : Pourquoi les clients achètent-ils vos services ? Quel est, pour eux, la valeur ajoutée du logiciel libre ?

Salomé Yahia-Cherif : Ils ne les achètent pas. Ils achètent nos services parce qu’on met en place les prestations. Comme je l’ai dit, ce sont effectivement des logiciels libres qu’on propose. Ça permet de nombreux avantages, on est quand même assez reconnus dans ce milieu-là, notamment des avantages de performance. On permet aussi d’avoir accès à des fonctionnalités qui ne sont pas dans certains logiciels payants. Un gros avantage c’est que c’est gratuit pour nos clients, ils ont vraiment accès à une communauté et à énormément de ressources, ce qui leur permet aussi de développer des fonctionnalités très personnalisées dans leurs applications.

Julie Chaumard : Comme tu nous dis, les clients achètent vos services et pas les logiciels libres, pour bien de préciser.
D’après ce que je comprends, le logiciel libre et l’écosystème du Libre est aussi important pour la souveraineté des données. D’ailleurs à ce propos, j’ai lu ce matin dans un article de l’April que, pour la Cour des comptes les objectifs sont encore insatisfaisants dans la promotion des logiciels libres, il y a donc encore du travail à faire, notamment au niveau de l’État. Ça rejoint justement la question que je voulais te poser par rapport à l’évolution du logiciel libre pour vous : depuis 13 ans que la coopérative existe, est-ce que vous observez une croissance dans l’utilisation du logiciel libre et une demande aussi de la part des acteurs ?

Salomé Yahia-Cherif : Pour nous, le logiciel libre est effectivement en croissance. On le remarque parce qu’on a beaucoup plus de demandes qu’avant, que ce soit sur les logiciels qu’on a créés ou pour les accompagner à l’utilisation des logiciels libres existants. Je pense que la croissance du logiciel libre repose aussi sur le fait que ça permet de mutualiser les coûts, c’est quand même un point non négligeable dans le développement web, c’est un vrai avantage. Et on remarque de plus en plus que le secteur se professionnalise et que de plus en plus de grandes entreprises nous contactent pour mettre en place le logiciel libre dans leur organisation, notamment en France.

Julie Chaumard : C’est super. Merci d’avoir donné le ressenti et ce que vous vivez aux Tilleuls. La Cour des comptes parle de mutualiser, comme tu dis, ça a l’air d’être un des nerfs de la guerre.
Pour finir, la note finale de cette chronique, Salomé, tu vas nous parler d’un événement que Les Tilleuls propose maintenant depuis quatre ans, qui est une conférence à Lille, qui est aussi accessible en ligne. Cela s’appelle l’API Platform Conference, cela se déroule les 19 et 20 septembre. Salomé, peux-tu nous dire ce que l’on va découvrir à cette conférence ?

Salomé Yahia-Cherif : Bien sûr. Tu as déjà donné pas mal d’infos. Cette conférence sera orientée autour du framework API Platform et autour de son écosystème. L’idée c’est qu’on accueille nos 700 participantes et participants pour assister à des conférences de personnalités assez connues, que ce soit du logiciel libre ou de l’écosystème d’API Platform en général. Plusieurs coopératrices et coopérateurs vont aussi avoir la parole à cette occasion.
L’idée c’est d’accueillir des personnes pendant deux jours pour leur faire profiter un peu des nouveautés qu’on peut apporter dans le logiciel libre, notamment sur API Platform.

Julie Chaumard : C’est un grand événement, nous avons hâte de voir ses retombées.
En tout cas, merci beaucoup, Salomé, pour ton intervention, d’avoir répondu à nos questions.
On pourra retrouver tous les liens et les infos de cette chronique et sur Les Tilleuls sur la page de l’émission Libre à vous ! et à bientôt pour une prochaine rencontre avec les personnes qui font le Libre.

Salomé Yahia-Cherif : Merci beaucoup.

Isabella Vanni : Merci à Julie Chaumard pour cette première chronique. Donc rendez-vous le mois prochain.
Nous approchons de la fin de l’émission, nous allons terminer par quelques annonces.

[Virgule sonore]

Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l’April et le monde du Libre[modifier]

Isabella Vanni : Cause Commune vous propose un rendez-vous convivial chaque premier vendredi du mois à partir de 19 heures 30, dans ses locaux, à Paris au 22 rue Bernard Dimey, dans le 18e arrondissement, une réunion d’équipe ouverte au public avec apéro participatif à la clé. Occasion de découvrir le studio, de rencontrer les personnes qui animent les émissions. La prochaine soirée-rencontre aura lieu vendredi 6 septembre et Frédéric Couchet, délégué général de l’April, sera présent à cet événement.

Le Premier samedi du Libre revient samedi 7 septembre, de 14 à 18 heures à la Cité des sciences et de l’industrie à Paris, dans le 19e. Vous pouvez y aller pour aider ou trouver de l’aide pour installer un système d’exploitation libre sur votre ordinateur ou téléphone, ainsi que pour installer des logiciels et applications libres ou alors les configurer si elles sont déjà installées.

Les soirées de contribution au Libre reviennent aussi chaque deuxième jeudi du mois, une façon conviviale de se réunir entre utilisatrices et utilisateurs afin de contribuer à un projet libre. La prochaine aura lieu le 12 septembre 2024, de 19 à 21 heures 30 à la Fondation pour le progrès de l’homme.

Une nouvelle édition du Capitole du Libre aura lieu les 16 et 17 novembre à Toulouse. L’appel à participation est ouvert jusqu’à dimanche 15 septembre pour proposer un stand, une conférence, un atelier, donc dépêchez-vous.

Notre émission se termine.

Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission : Florence Chabanois, Brigitte alias lareinedeselfes, Julie Chaumard, Salomé Yahia-Cherif.
Aux manettes de la régie aujourd’hui, Frédéric Couchet.
Merci également aux personnes qui s’occupent de la post-production des podcasts : Samuel Aubert, Élodie Déniel-Girodon, Lang 1, Julien Osman, bénévole à l’April et Olivier Grieco qui est le directeur d’antenne de la radio.
Merci aussi aux personnes qui découpent le podcast complet des émissions en podcasts individuels par sujet : Quentin Gibeaux, bénévole à l’April, et Frédéric Couchet.

Vous retrouverez sur notre site web, libreavous.org, toutes les références utiles ainsi que sous le site de la radio, causecommune.fm.
N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu mais aussi des points d’amélioration.
Vous pouvez également nous poser toute question et nous y répondrons directement ou lors d’une prochaine émission. Toutes vos remarques et questions sont les bienvenues à l’adresse contact@libreavous.org.

Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission. Si vous avez aimé cette émission, n’hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous et à faire connaître également la radio Cause Commune, la voix des possibles.

La prochaine émission Libre à vous ! aura lieu en direct mardi 10 septembre 2024 à 15 heures 30. Notre sujet principal portera sur Minetest, un moteur de jeu vidéo libre. Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi 10 septembre et d’ici là, portez-vous bien.

Générique de fin d’émission : Wesh Tone par Realaze.