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'''Titre :''' Comprendre le numérique
Publié [https://www.librealire.org/1-comprendre-le-numerique-louis-derrac ici] - Octobre 2023
 
'''Intervenant :''' Louis Derrac
 
'''Lieu :''' Première visioconférence du triptyque 
 
'''Date :''' Mardi 23 mai 2023
 
'''Durée :''' 68 min 22
 
'''[https://louisderrac.com/cycle-webconferences/comprendre-le-numerique/ Vidéo]'''
 
'''[https://louisderrac.com/wp-content/uploads/2023/05/1.-Comprendre-le-numerique.mp3 Audio]'''
 
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]
 
'''Illustration : [https://louisderrac.com/wp-content/uploads/2023/06/comprendre-le-numerique.jpg Utiliser celle du site ?]'''
 
'''NB :''' <em>transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.<br/>
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.</em>
 
 
Transcription à partir du premier jet par SCRIBBE des CEMEA, puis mise en forme par Julien
 
 
==Introduction relu MO==
 
Je vous propose qu'on commence dès maintenant, car on a beaucoup de choses à se dire. S'il y a quelque chose de certain sur ce cycle de conférences, c'est que c'est assez ambitieux et chaque conférence mérite bien une heure. Le cycle sera bien sûr enregistré, donc repartagé.
 
Bienvenue tout le monde, bienvenue à toutes et bienvenue à tous.
 
Très rapidement en introduction, c'est un cycle auquel je pensais depuis quelque temps déjà. Finalement je me suis dit qu'à un moment il fallait se lancer.
 
Ce cycle découle de deux convictions qui constituent mon engagement professionnel et personnel : d'une part, le numérique n'est aujourd'hui pas compris comme l'objet politique qu'il est, donc il faut, selon moi, beaucoup plus débattre ; d’autre part, je considère que le numérique tel qu'il domine actuellement d'un point de vue économique, tel qu'il est massifié et tel qu'il est encouragé politiquement n'est pas acceptable. C'est une notion sur laquelle j'ai commencé un peu à réfléchir. Il n'est pas acceptable dans le sens où il n’est pas soutenable environnementalement et humainement ; il n'est pas acceptable parce qu'il est aujourd'hui très largement subi et beaucoup trop peu choisi, ce qui revient à la question politique ; il n’’est pas acceptable parce que, encore une fois, le numérique tel qu’il est dominant actuellement n'est pas assez émancipateur et beaucoup trop aliénant. Ce qui, on le verra, constitue un des nombreux paradoxes quand on voit l'origine du numérique.
 
À partir du moment où le numérique actuel, tel qu’il domine actuellement, n'est pas acceptable, cela veut dire qu'il faut transformer le numérique, c'est ma conviction. Pour transformer le numérique et aller vers autre chose, il faut pouvoir le critiquer, il faut se mettre d'accord sur une critique du numérique, sur une critique positive, une critique négative, une critique assez complète. Pour critiquer le numérique, il faut le comprendre. D'où le triptyque de ce cycle de conférences qui est le triptyque de mon engagement et sur lequel je voudrais créditer Bernard Stiegler, puisque c'était ce qu'il proposait au sujet des techniques : « comprendre les techniques pour pouvoir les critiquer et les transformer ».
 
Je vais me lancer assez rapidement parce qu’on a beaucoup de choses à se dire et trop peu de temps. Je vais juste vous prévenir sur le fait que vous sortirez frustré de cette conférence, parce que le format fait qu'il est beaucoup trop descendant, parce qu'on va voir des choses beaucoup trop rapidement, parce qu’on ne va pas voir des choses qui étaient pourtant indispensables, parce qu'on va voir des choses qui vous semblaient évidentes. Voyez cette conférence comme une sorte d'apéritif avant le banquet que le sujet mérite. Voyez cette conférence comme une invitation à la curiosité, à la sérendipité, cette manière de sauter de lien en lien qui est justement permise par le web. Par ailleurs, sachez que cette conférence sera suivie d'un cycle de débats qui commencera en juillet et qui continuera peut-être en septembre, à la rentrée, si on voit qu’il y a de l'intérêt.
 
Pour commencer, on en est là aujourd'hui : quand je vois les sujets du numérique, c'est vrai que c'est vertigineux de voir à quel point on est sur cette prévision d’Arthur Clarke, cet écrivain de science-fiction qui disait que toute technologie suffisamment avancée finissait par être indiscernable de la magie. Le numérique est devenu magique, il est devenu invisible aussi. Allons-y pour essayer de remettre un petit peu de concret, d'histoire, de culture, de matérialité dans ce numérique.
 
Vous retrouverez la rediffusion de cette conférence ainsi que pas mal de ressources sur mon site, j'y reviendrai à la fin, vous le retrouverez facilement. C'est une conférence qui est aussi partagée sous licence libre Creative Commons BY-SA.
 
De mon côté, qui suis-je ? Je suis un acteur indépendant et militant de l'éducation au numérique, d'une part, c'est donc vraiment le l'objet de ce cycle. Quand je dis éduquer au numérique, c'est vraiment former les citoyens d'une société numérique à un sujet qui, comme je le disais, est aujourd'hui beaucoup trop mal compris et pas du tout assez politisé. D’autre part, de la transformation alter numérique des organisations. C'est justement pour poursuivre ce raisonnement disant que si le numérique actuel n'est pas satisfaisant, il faut aller vers autre chose, il faut donc que les organisations se questionnent. Si vous voulez creuser, il y aura plus d’informations sur mon site.
 
Quelques avertissements, enfin : cette conférence est un exercice de vulgarisation, pas un travail d'expertise. Je ne suis moi-même pas un expert, je ne suis pas un conférencier professionnel. Je ne prétends pas à cette expertise. En revanche c'est un exercice d'analyse, il est forcément critiquable sur le fond et sur la forme. Et enfin, j'assume un propos engagé, donc forcément biaisé. Là aussi, c’est critiquable, débattable et on aura l'occasion d'en débattre par la suite.
 
Le cycle est en trois conférences, suivi de débats dont j’ai parlé :
    1. la première aujourd'hui pour comprendre le numérique,
    2. dans deux semaines pour le critiquer,
    3. dans un mois pour le transformer
 
Ces conférences sont à chaque fois des rencontres tout public. J'ai vu dans les inscriptions qu’il y avait beaucoup de gens qui, à mon avis, doivent déjà savoir beaucoup de choses. Ce sont des rencontres qui sont partagées sous licence libre. Je ferais vraiment le maximum pour que ces matériaux permettent à d'autres de se les réapproprier sur le principe des licences libres et ce sont trois rencontres qui sont proposées à prix libre. Même si rien ne vous est demandé financièrement pour y assister, ce sont évidemment des conférences qui ne sont pas gratuites pour moi, puisque ça me prend un temps très important pour les préparer. Si vous voulez soutenir ce travail bénévole, n'hésitez pas. Je repartagerai un lien et il se trouve aussi facilement sur le site.
 
Lançons-nous. C'est parti.
 
==TEMPS 07’09 Comprendre le numérique==
 
 
Comprendre le numérique. Commençons par une très rapide histoire sociotechnique et politique. Alors pourquoi sociotechniques ? Parce que c'est une histoire qui est à la fois sociale, elle est technique et elle est politique.
Commençons par l'ordinateur. L'ordinateur, c'était l'outil pour calculer. Pour calculer parce que dès que l'humain a commencé à se sédentariser et que la population a augmenté, il a fallu calculer plein de choses. Souvent ce sont les impôts et les stocks de récolte, ce sont les calculs pour comprendre les crues du Nil ; les égyptiens avaient déjà des papyrus où ils notaient des calculs.
Les besoins de calculs ont augmenté au fur et à mesure que les civilisations se sont complexifiées, les états-nations se sont constitués. On a donc eu les premières machines à calculer mécaniques au XVIIème  siècle, à la Renaissance.
On pense par exemple à la pascaline et à une longue histoire de ces machines à calculer.
 
Comprendre le numérique.
 
Commençons par une très rapide histoire sociotechnique et politique.<br/>
Pourquoi sociotechnique ? Parce que c'est une histoire qui est à la fois sociale, elle est technique et elle est politique.
 
Commençons par l'ordinateur. L'ordinateur, c'était l'outil pour calculer. Pour calculer parce que dès que l'humain a commencé à se sédentariser et que la population a augmenté, il a fallu calculer plein de choses. Souvent ce sont les impôts, les stocks de récolte, ce sont les calculs pour comprendre les crues du Nil ; les Égyptiens avaient déjà des papyrus où ils notaient des calculs. Les besoins de calculs ont augmenté au fur et à mesure que les civilisations se sont complexifiées, les États-nations se sont constitués. On a donc eu les premières machines à calculer mécaniques au XVIIᵉ siècle, à la Renaissance. On pense par exemple à la pascaline. Il y a donc une longue histoire de ces machines à calculer.
 
Notre histoire du numérique commence avec les ordinateurs qui, eux, se sont développés autour de la Seconde Guerre mondiale pour répondre à des besoins de calcul, à nouveau. Calculer, notamment faire des calculs pour des besoins militaires, tout ce qui était balistique, faire marcher des canons, faire marcher des navires, comprendre un certain nombre de calculs pour cibler, etc. C'était de la recherche militaire, recherche appliquée, et c'était des besoins de décryptage. On pensera notamment au film <em>Imitation Game</em> qui raconte l'histoire d’Alan Turing, un des pères fondateurs de l’informatique.
 
À la base c'était donc ce besoin de calcul, et un ordinateur, ça ressemblait à ça, c'était un énorme superordinateur qui n'avait que pour fonction de calculer ; il calculait.<br/>
Ici on voit Grace Murray Hopper, qui a créé le langage Cobol, qui fait partie des premières informatrices et programmatrices et qui travaille sur un des premiers ordinateurs. Vous voyez l'ambiance, années 50/60, de très gros ordinateurs qui ne servaient qu’à calculer, qui étaient réservés aux militaires , aux universités et aux labos de recherche.<br/>
On a eu ensuite, d'un point de vue technique, une très rapide miniaturisation avec la fameuse loi de Moore, loi auto-réalisatrice ou Moore prédisait qu’on allait réussir, en fait, à miniaturiser petit à petit une partie centrale de l'ordinateur, l'endroit où se font les calculs, justement. On est donc passé de ces énormes tubes sur la gauche au transistor, puis aux circuits intégrés, puis au microprocesseur, avec des parties de plus en plus petites. Ça a permis des baisses de coûts, ça a permis de miniaturiser la chose. Donc, dans les années 60, on a déjà des unités centrales beaucoup plus petites, qui permettent des nouveaux usages dans les entreprises, ce qu'on appelait à l'époque le <em>time sharing</em>, le partage, de temps. On pouvait donc avoir plusieurs employés qui bénéficiaient de la même unité de calcul et qui commençaient à se familiariser avec le fait d'utiliser, comme ça, un ordinateur.<br/>
Fin des années 70, on a un autre événement social, sociétal et culturel. C'est la contre-culture aux États-Unis, c'est mai 68 en France. On a ce moment très important de contestation de l'ordre établi, de remise en question des structures de la société, des institutions, du taylorisme, des formes d'organisation des entreprises. Donc on a cette contre-culture, les mouvements hippies, les hackers, les makers et tout qui se mettent à voir dans l’ordinateur qui, on le rappelle, était vraiment une machine à calculer, un outil d'émancipation, en fait un outil d'augmentation de l'humain. On voit, dans cette image, Douglas Engelbart qui anime ce qu'on appelle la mère de toutes les démos et qui, en 1968, présente pour une des premières fois un ordinateur avec une interface graphique alors qu'avant il n'y avait que des lignes de code. Il fallait taper sur un clavier et on n’avait que des lignes de code. Il présente une des premières souris. Il présente pour la première fois des liens hypertextes. Il présente un système de visioconférence qui marchait à peine, mais c'était révolutionnaire pour l'époque. C'était incroyablement en anticipation de toutes les inventions qui allaient ensuite se faire. On reviendra à ce Douglas Engelbart, parce qu’à cette époque il imaginait l'ordinateur et ce qui allait devenir le numérique comme un moyen, fondamentalement, d'augmenter l'humain, on y reviendra parce que c'est important pour comprendre le numérique. Donc les mouvements makers. Là on voit un jeune homme d'un de ces clubs d'informatique, donc de bricoleurs, de hackers, qui voulaient utiliser ces ordinateurs personnels pour en faire des outils de bidouille, d'émancipation.<br/>
Donc, de fil en aiguille, on commence à avoir des ordinateurs qui se commercialisent pour le grand public, années 80, qui se miniaturisent aussi, on l'a vu.<br/>
Et je fais un saut dans le temps, jusqu'à l'iPhone, présenté en 2007 et qui, pour le coup, était la révolution en termes d'appareil qui permet de démocratiser et même de massifier l'ordinateur et de faire en sorte qu'aujourd'hui il est dans presque toutes les poches.
 
Ensuite, on a Internet. Internet pour communiquer.<br/>
Internet, c'est une histoire qui commence, là aussi, dans les années 70 aux États-Unis, mais pas que. On a eu des réseaux semblables, par exemple en France, le réseau Cyclades.<br/>
Internet est venu, là encore, des besoins des militaires et des scientifiques qui étaient les seuls, à l'époque, à avoir des ordinateurs et ils voulaient un réseau de télécommunications, pour simplement partager de la puissance de calcul, pour pouvoir communiquer des informations, donc ils ont mis au point ce système qui présentait plusieurs, plusieurs originalités pour l'époque : il était décentralisé là où le système de téléphones était centralisé, il y avait un central qui vous dispatcher et qui maîtrisait, finalement, tout le réseau de communication alors que là le réseau permettait à chaque ordinateur d'être branché aux autres de manière décentralisée. C'est donc un réseau qui s'est peu à peu propagé. On voit ici les débuts du réseau Arpanet, un des ancêtres d'Internet. Je suis obligé d'aller très vite.
Aujourd'hui Internet est un réseau qui est devenu évidemment mondial, qui passe très largement sous les mers avec énormément de câbles sous-marins, sur lesquels j'aurai l'occasion de revenir, puisque c'est le rappel qu’internet, c'est vraiment un réseau d'ordinateurs, ce sont vraiment des câbles qui, concrètement, branchent des ordinateurs entre eux qui leur permettent de se partager des informations.
 
Et enfin le web. Le Web qui n'est pas la même chose qu'Internet, c'est une des applications d'Internet. Le mail est un autre exemple d'application d'Internet, d'ailleurs le mail a été inventé avant le Web. Donc le Web c'est cette invention de Tim Berners-Lee qui a été lancée en 1991, qui est composé globalement de trois notions :
un langage, le langage HTML qui permet de coder une page web ;
unn protocole, le protocole HTTP, qui permet de donner une adresse permettant de se rendre sur une page web. Par exemple, si je vous dis d'aller sur louisderrac.com, ça vous permettra de vous connecter à ma page web, sur laquelle est codée une page dans ce fameux langage HTML ;
et enfin, les fameux navigateurs web, ces outils qu'on utilise tous les jours aujourd'hui, que ce soit Google Chrome, Mozilla, Firefox. Safari, Microsoft Edge, qui nous permettent d'accéder à ces pages web et de les décoder.<br/>
Le web, pour le coup, c'est le carton, c'est la démocratisation d'Internet, puisque, dès les années 95, on a des premiers sites privés et commerciaux qui se lancent, avec Amazon par exemple. Et, très rapidement, on a ce Web social qui se met en place, avec peu à peu Myspace, Facebook, ???, YouTube. On parlera de Web 2.0 ou de Web social, pour parler de ce web qui permet à chacun de se créer un compte très facilement,finalement, de partager et de contribuer à ce web.
 
C'est très rapide, mais ça nous permet de comprendre comment on se retrouve aujourd'hui finalement connectés les uns aux autres sur ce format. C'est vraiment l'évolution de ces trois ensemble de technologies : d'un côté l'ordinateur qui s'est miniaturisé, de l'autre Internet et enfin le Web qui a permis de simplifier les usages et de permettre énormément de choses qu'on fait aujourd'hui sans même y penser.
 
Quand on voit l'évolution de l'ordinateur, c'est intéressant parce qu'on a l'impression d’un cycle. On est passé de ces machines à calculer des années 50 à des machines à tout faire des années 80, vraiment cette volonté d'augmenter l'humain et lui permettre de créer, de lui permettre de partager, ce qui s'est ensuite popularisé dans les années 2000, l'arrivée d'Internet et du Web, mais aussi du fameux smartphone, qui a vraiment permis de démocratiser le numérique. Et enfin, aujourd'hui, on constate qu'on est un peu revenu vers cette machine à calculer, on en reparlera : quand on pense à toutes ces questions d'intelligence artificielle, quand on pense au numérique qui permet de faire des calculs météorologiques très compliqués, qui permet de suivre le réchauffement climatique. On voit qu'on est, d'une certaine manière, revenu ou, en tout cas, qu’on n'a jamais quitté la réalité que le numérique et l'ordinateur c'est quand même, avant tout, une machine à calculer.<br/>
Il est important de se rappeler ce que dit l'histoire des sciences et des techniques, qui est qu’une invention technique ne s'explique pas uniquement par la technique. Ce n'est pas la technique qui s'impose à la société, c'est bien l'inverse, c’est la société qui explique et qui influent, en fait, les évolutions techniques. Donc, d'une certaine manière, si le numérique est ce qu'il est aujourd'hui et la manière dont l'ordinateur, Internet et le Web se sont créés, c’est vraiment été lié à la société telle qu'elle était en train de changer et qui est encore en train de changer, c'est quelque chose qu'il ne faut pas oublier. Il y a eu des évolutions qui n'étaient pas directement liées au numérique, mais qui se sont faites en même temps.
 
D'abord une augmentation massive de la population. Il ne faut pas oublier que nous étions deux milliards en 1927, trois en 1960, quatre en 1974, avec un milliard de plus quasiment tous les 14 ou 15 ans. C'est un petit en train de baisser et ça va certainement stagner, mais on a eu une augmentation massive de la population qui était liée notamment à des questions d'hygiène, de santé, d'alimentation.<br/>
On a eu une massification de l'éducation, d'abord dans les pays riches et maintenant de plus en plus dans le monde, ce qui fait qu’on avait cette jeunesse de la contre-culture, justement, qui s'est mobilisée parce que, d'une certaine manière, elle remettait en question l'ordre existant, un anti autoritarisme, une remise en cause des institutions, du patriarcat, des religions, etc., marquée par la contre-culture aux États-Unis, symbolisée aussi en France par mai 68 – même si ce mouvement dépassé et je n'en suis absolument pas spécialiste –, mais on a vraiment cette société qui a aussi été coresponsable des inventions techniques, donc de l'évolution du numérique. On peut voir aujourd'hui que l'humanité est connectée. Plus de cinq milliards de smartphones, donc à peu près le même nombre d'internautes, ce qui est à peu près le même nombre de gens sur les réseaux sociaux, c'est quasiment tout le temps cinq milliards. Ce qui fait qu'aujourd'hui, en gros, être équipé c'est être connecté, et être connecté, c'est être social, sociabilisé sur les réseaux sociaux. Vous pouvez voir qu'une minute sur Internet en 2021, c'est juste incroyable. C'est vraiment une nouvelle époque où l'humanité est résolument connectée.
 
 
La définition, les termes sont très importants. Le mot numérique était donc bien un adjectif qui permettait de qualifier tout objet, toute chose qui relevait des nombres. C’est pour cela qu’on parlait volontiers de calcul numérique, parce que les calculs sont représentés en nombre. On parlait de supériorité numérique parce qu’on avait plus de personnes d'un côté que de l'autre, c'était donc ça qui était qualifié de numérique.<br/>
Ensuite, l'adjectif numérique est devenu technique et a fini par qualifier des objets techniques qui diffusaient de l'information sous forme de nombres.<br/>
Ensuite, cet adjectif s'est étendu pour parler de beaucoup plus de choses : d'économie, de société, de transformation. On voit que cet adjectif a totalement dépassé les questions techniques.<br/>
Et enfin, c'est un des phénomènes marquants, en tout cas en langue française, cet adjectif s’est substantivé, c'est-à-dire qu'il est devenu le propre sujet. On parle maintenant « du numérique » et on voit bien que c'est très compliqué de dire « le numérique » quand on parle de choses aussi différentes qu’un réseau social comme Facebook, qu’une plateforme comme Wikipédia, qu'un ordinateur, qu’un ordinateur, qu’une intelligence artificielle, qu’une Game Boy, etc. Game Boy, peut-être mauvais exemple, mais vous voyez tous ces objets techniques qui transmettent de l'information sous forme numérique.
 
Au-delà de cette définition et du fait que le terme numérique est devenu très polysémique, avec plusieurs sens, comment est vu le numérique par le monde ? Il est vu comme une révolution, voire plusieurs. Il est vu comme un ensemble de techniques et de technologies, comme du matériel, du logiciel, des informations, une économie et une industrie, des cultures et des imaginaires, des idées et des paradoxes. On va essayer de parcourir un peu tout ça, en allant très vite.
 
Vu par les sciences humaines, et je trouve ça intéressant de marquer ça, le numérique est un phénomène pervasif, d'après Dominique Boullier, sociologue. C'est un phénomène pervasif parce que le numérique pénètre toutes nos activités, y compris les plus intimes. C'est vrai que c'est fascinant de voir à quel point le numérique est présent dans nos moments de séduction, il est présent dans notre rapport à la santé, il est présent à tous les moments de notre vie. On parle aussi de fait social total en citant Marcel Mauss qui était anthropologue, qui étudiait ces choses. On peut parler de fait social total au sens où, de la même manière, le numérique régit finalement aujourd'hui toutes nos activités, qu'elles soient économiques, juridiques, financières, sociales, etc.
 
Commençons à plonger dans ces différentes notions du numérique. L'aspect révolution d'abord.
 
Quand on parle de révolution numérique, souvent on parle de troisième ou de quatrième révolution industrielle, qui suivrait donc la première révolution industrielle avec l'invention de la machine à vapeur, la deuxième qui a vu arriver l'ère du pétrole et de l'électricité, on serait donc à cette troisième révolution industrielle de l'informatisation qui produit de la destruction créatrice telle que théorisée par l'économiste Schumpeter avec des disruptions profondes de l'économie, etc.<br/>
C'est une forme de révolution. Il y en a une autre qui est qui est aussi intéressante, c'est le fait de considérer le numérique comme une révolution cognitive au sens que nous avons aux supports de stockage, aux supports de mémoire, aux traces écrites, à notre rapport à l'écriture, à la lecture, au partage d'informations. Et là, on peut avoir une autre vision avec l’invention de l'écriture bien avant notre ère, bien avant Jésus-Christ, puisque c’était autour de moins 3300 Une invention d'ailleurs qui s'est faite à plein d'endroits dans le monde. Comme souvent avec les inventions techniques. L'écriture a donc été une de une des premières manières qu'on a eues d’extérioriser la mémoire qu'on a en nous, notre mémoire, la mémoire de notre cerveau, notre mémoire cognitive et de la déporter vers des supports extérieurs.<br/>
L'imprimerie a été une autre révolution cognitive dans le sens où elle a permis de populariser massivement la connaissance et l'information. Là aussi, c'est intéressant de faire des parallèles et de voir à quel point l'imprimerie a eu de l'influence sur la propagation de la Réforme, sur le libéralisme économique et le libéralisme des idées avec le protestantisme, de voir qu’il avait un lien, à l'époque, entre, justement, ce bouillonnement sociétal et, en même temps, cette invention qui est venue, d'une certaine manière, répondre à cette demande est à ce bouillonnement. Et aujourd'hui, dans les années 2000, le numérique, Internet, l'ordinateur, cette capacité de partager, de publier, d'échanger, etc.<br/>
J’aime beaucoup cette citation qu'on attribue à Benjamin Bayart : « L'imprimerie a permis au peuple de lire et Internet va lui permettre d'écrire. »
 
Si on veut rester dans le champ des « révolutions », entre guillemets, c'est vraiment un ensemble de révolutions avec une augmentation puissante du pouvoir d'agir individuel, cet accès illimité, ce côté partout, tout le temps, d'accès à l'information, cette capacité à publier et à partager très largement, cette capacité aussi à s'organiser collectivement sans limites spatio-temporelles.
 
Voilà pour le côté révolutionnaire. Maintenant, si on passe sur le côté technique et technologie,
 
On va commencer très vite sur les deux premières, puisque j'en ai déjà parlé. Il faut se dire que le numérique est un enchevêtrement, aujourd'hui, de trois ensembles de technologies, notamment les télécommunications, puisque, aujourd'hui, le numérique, finalement, c'est quand même très lié à Internet. Imaginez vos ordinateurs, votre smartphone, si vous n'avez pas accès à un Internet, finalement, vous n'avez plus autant d'usages qu'avec. Le numérique repose beaucoup sur ces télécommunications qui ont répondu aux besoins humains depuis très longtemps, avec le télégraphe, puis le téléphone et maintenant internet, pour communiquer, transmettre des informations.
 
Ensuite, il y a eu l'informatique. On en a parlé aussi. L'informatique, c'est vraiment un des deux cœurs, finalement, du numérique, puisque l'ordinateur c'est notre outil d'accès, en fait.
 
Enfin, je voudrais faire un petit focus sur l'intelligence artificielle, puisque, aujourd'hui, beaucoup du numérique qu'on utilise repose de près ou de loin sur, entre guillemets, ces « intelligences artificielles ». Il faut rappeler, d'abord, que les intelligences artificielles ne sont pas à proprement parler des technologies, c'est plutôt un ensemble de théories et de techniques. C’est un ensemble de concepts, aussi, qui visent à réaliser des machines capables de simuler l'intelligence humaine.
 
On va y revenir. L'intelligence artificielle est un concept qui est né dès les années 50. C'est très vieux. Il y a eu beaucoup de moments de ce qu'on appelle les hivers de l'intelligence artificielle, où les avancées ont été très lentes, et puis là, en ce moment, on est dans une période de très grande accélération.
On peut mentionner deux éléments de l'intelligence artificielle, sans trop s'y perdre, parce que ça devient vite technique et, du coup, je me perdrais moi-même.
D'un côté, il y a l'apprentissage machine qui est arrivé à partir des années 80 et qui a commencé à se popularise avec le web. C'était cette question de programmer des algorithmes pour analyser des données, essayer d'apprendre de ces données et ensuite d'appliquer. On parle souvent de ces apprentissages machine pour essayer de comprendre quelle photo est un chat, quelle photo est un chien. On programme des algorithmes, on entraîne ces algorithmes et ensuite l'algorithme finit par comprendre, en tout cas appliquer des règles pour comprendre que tel animal est un chat et que tel animal est un chien. Pour moi, l’exemple le plus marquant d'apprentissage machine, auquel nous avons tous et toutes contribué, ce sont les Google captcha où, finalement gratuitement, nous avons entraîné les machines de Google. C’était très certainement lié à leur projet de machine de voitures autonomes, puisqu'on voit ici que les images, souvent, qu'on a à traiter,  relèvent de la voirie, relève de repérer des piétons, repérer des feux, repérer des bornes à incendie, etc. Là, finalement, nous entraînons la machine humainement et c'est vraiment le cœur de du fonctionnement de beaucoup de méthodes d'apprentissage machine.
Ensuite, on a, depuis peu, ce qu'on appelle l'apprentissage profond. Pour ne pas rentrer dans le détail, puisque c'est très technique, l'apprentissage profond, c'est une nouvelle méthode qui, finalement, bénéficie des grandes innovations des dernières années, en tout cas, des deux grandes réalités des deux dernières années. D'une part, on a des puissances de calcul qui, aujourd'hui, sont énormes, comparées à ce qu'il y avait au début des années 50 justement quand les concepts se sont formés. C'est difficile de donner des ordres de grandeur, mais, par exemple, les smartphones qu'on a aujourd'hui dans nos poches, et même ceux qu'on avait déjà il y a cinq ans, sont largement plus puissants que les plus gros superordinateurs qu'on a vus dans les années 50. On a vraiment eu une miniaturisation exponentielle  des puissances de calcul. Par ailleurs, il y a ce qu'on appelle les big data, ces données qui sont massivement créées sur Internet et qui permettent d'entraîner à une toute autre échelle des programmes d'intelligence artificielle. Je trouve que c'est très parlant de passer sur cet exemple de la traduction. Longtemps la traduction automatique a été très mauvaise parce que, justement, on essayait de donner des règles empiriques, d'essayer d'expliquer algorithmiquement et d'entraîner des machines pour leur expliquer comment fonctionner une langue, comment traduire tel ou tel mot, etc. On voyait qu'il y avait tout le temps des couacs, parce que c'est très complexe, il y a beaucoup d'exceptions, il y a beaucoup de contexte. Ça demandait des typologies de règles et un nombre d'entraînements assez massif jusqu'à, finalement, cette nouvelle technique d'apprentissage profond où, en fait, l'approche a été changée. Ils sont partis, d'une part, de cette puissance de calcul renouvelée, bien plus massive qu'auparavant, et, d'autre part, sur le fait qu'il existait maintenant des données, là, en l'occurrence des données textuelles dans différentes langues. De manière massive ils sont passés chez DeepL,  c'est en tout cas l'histoire romancée que j'en ai eu, sur les documents fournis par la Commission européenne. La Commission européenne produit énormément de textes liés aux débats, liés aux travaux de la Commission, et ces textes sont publiés dans plus de 20 langues, puisque ce sont les langues reconnues de l'Union européenne. DeepL fournissait ces textes à ces machines en lui disant « essaye de comprendre la logique qu’il y a entre ce texte qui est en français, ce texte qui est en anglais et ce texte en allemand, etc. Et débrouille-toi ». Ils ont donné des milliers et des milliers de textes, la machine a mouliné, mouliné et à un moment, elle a dit : « OK, j'ai , c'est bon, j'ai compris ». Sauf que nous, nous ne comprenons pas comment elle a compris. C'est ça, pour simplifier, l'apprentissage profond.
Ça pose des questions, puisque on a du mal à expliquer le fonctionnement de ces machines une fois qu'elles ont compris.
Ça nous fait passer, finalement, au fait que le numérique, pour le comprendre, il faut comprendre que y a deux rapports à l'humain au moins.
Le premier, c'est le prolongement de ce que disait, de ce que promouvait Douglas Engelbart, souvenez-vous, dans sa mère de toutes les démos et qui voulait que l'ordinateur augmente l'humain. Il imaginait vraiment un ordinateur qui soit avec une souris, qui soit avec une interface graphique, il avait  vraiment en tête que des humains l'utilisent pour créer, pour collaborer, pour partager des informations, etc. Et ça a été vraiment dans ce prolongement que se sont insérés des gens comme Steve Jobs avec Apple, mais aussi Bill Gates avec Microsoft dans le l'épopée de l'ordinateur personnel. C'était vraiment de se dire que l'ordinateur devait être une bicyclette pour l'esprit, et cette métaphore est effectivement très puissante. On sait que Steve Jobs était un excellent marketeur et un homme avec de très bonnes formules, mais celle-ci, il faut le reconnaître ! La bicyclette permet d'aller beaucoup plus vite en mobilité et l'ordinateur allait être cette bicyclette pour notre esprit.
C'était une vision par rapport à l'humain, l'ordinateur et la machine pour augmenter l'humain.
De l'autre côté, dès les années 60, et c'est vraiment le côté de l'intelligence artificielle, des personnes, là j'ai voulu citer Irving John Good, un statisticien qui disait : « Mettons qu’une machine supra-intelligente soit une machine capable de grandement surpasser un humain, aussi brillant soit-il, alors l'intelligence humaine serait très vite dépassée. » C'est intéressant parce que, dès les années 50/60, dès les débuts de l'informatique, il y a eu finalement deux types d'équipe : ceux qui travaillaient sur le numérique qui allait augmenter l'humain, et d'autres qui travaillaient sur le numérique qui allait, en tout cas, potentiellement remplacer l'humain. Ça a amené à plein de mouvements, qui existent, les mouvements transhumanistes qui disent que, de toute de façon, c'est inéluctable, une machine va remplacer l'humain, donc il faut soit s'augmenter soi-même, là on arrive dans toutes les questions transhumanistes des cyborgs, se connecter soi-même à la machine, à Internet, etc. Ou alors de doper nos capacités cognitives, pour garder le rythme.
Bien sûr, on n'en est pas du tout là et c'est ce genre de théorie est battu en brèche par les experts actuels. C’est pour vous montrer qu'il y a une tension entre ces deux rapports à l'humain.
 
Enfin, et je vous laisse sur cette question, peut-être qu'on pourra en parler après : est-ce que ChatGPT peut être considéré comme une bicyclette de l'esprit ou est-ce que c'est une volonté de dépasser et de remplacer l'humain ?
 
Continuons toujours comprendre le numérique.
Le numérique, c'est du matériel, du logiciel, des informations.
Déjà, d'un point de vue matériel, c’est très important de se dire que le numérique c'est plein d'objets. Si on prend les objets, qu'on regarde un peu en pourcentage de ce que ça représente, si on prenait le total de ce que ça représente, presque une sorte de poids du numérique, c'est à 76 % de nos terminaux, c'est donc le numérique qu'on a chez nous : nos smartphones, nos tablettes, nos enceintes connectées, notre routeur wifi, notre télé connectée, etc. C'est 76 % des ressources.
Ensuite  ce sont les infrastructures réseau : ce sont les câbles, les antennes qui nous permettent de nous connecter en 4G, 5G, ce sont les câbles sous-marins, ce sont des espaces, des lieux physiques que je vous montrerai après, où sont branchés les réseaux internet, etc. C'est toute cette question d'infrastructure qui fait qu'en gros, à la fin, tous nos ordinateurs sont connectés les uns aux autres, quasiment.
Et enfin les centres informatiques, les centres de données, ça représente 8 %, à peu près, de la masse, et c'est là où sont stockées, finalement, les toutes les données auxquelles on accède à distance, d'une certaine manière. D'où cet adage, ce dicton populaire, qui est que le <em>cloud</em> n'existe pas,  que le <em>cloud</em>, c'est l'ordinateur de quelqu'un d'autre. On le voit avec pas mal de stickers sur certains ordinateurs. C'est très important de le rappeler. Quand on dit que nos données sont hébergées sur un <em>cloud</em>, en fait elles sont hébergées quelque part dans un centre de données.
Un centre de données, ça ressemble à ça : concrètement, ce sont plein d'ordinateurs les uns sur les autres. Ce ne sont pas des ordinateurs qui ressemblent exactement aux nôtres, parce qu'ils n’ont pas besoin d'écran, ils n’ont pas besoin de clavier, mais aussi ça reste des ordinateurs avec des puissances de calcul, du stockage, beaucoup de stockage pour le coup. C'est là que sont stockées les photos de vacances que vous stockez sur votre <em>cloud</em> personnel., c'est là que sont stockées les vidéos que vous regardez sur Netflix, etc.
 
Où sont les datacenters, ces centres de données ? Parce que c'est ça aussi. Le numérique, c'est géographique, c'est matériel. On voit qu’ils sont très largement dans les pays du nord. Ils sont très largement aux États-Unis,  là j'ai pris les GAFAM aussi, ces cinq boîtes américaines, mais on voit qu'ils sont quand même beaucoup aux États-Unis. Ensuite, ils sont un peu en Europe et un tout petit peu ailleurs. Mais, en ordre de grandeur, on a quand même beaucoup aux États-Unis, c'est quand même important de le rappeler.
En Europe, ils sont majoritairement en Irlande, parce que c'est là que sont la plupart des sièges, parce que l’Irlande est un pays ami en termes d'imposition et de réglementation. Ensuite, ils sont en général dans des pays du nord, parce que les centres de données sont des endroits où ça chauffe beaucoup, les serveurs ça chauffe, il faut les refroidir, donc ils aiment bien les pays froids. Ça aussi, c'est matériel.
En France, on n’a aucun centre de données. Quand on dit que les centres de données, en France, ne consomment pas de carbone parce que nous, nous avons le nucléaire, en fait, ils ne sont pas en France, ils sont ailleurs et ils sont dans des pays majoritairement carbonés. C'est important de se le rappeler.
Et ces centres de données, on l'imagine, sont hyper-stratégiques, en cas de conflit. Imaginez un pays qui n'a pas Google, qui n'a pas Facebook, il est très vite embêté.
Ça c’est ce à quoi ressemble un boîtier dans un centre de raccordement à Internet. Je suis chez Orange, vous êtes chez Free, je vous envoie un message ou je communique avec vous. À un moment, il faut que nos réseaux se croisent et ça se passe dans des endroits comme celui-là. Donc, là encore, c'est matériel, et enfin c'est très matériel par ces fameux câbles sous-marins dont je vous ai déjà parlé.
 
 
Ensuite, il y a le logiciel.
Il y a les systèmes d'exploitation qui permettent de faire tourner un ordinateur. C'est très majoritairement Windows qui est utilisé, 70 %. Ensuite c'est Mac, 15 %, et Linux, un logiciel libre qui est un peu la troisième voie et j'aurai l'occasion d'en reparler, surtout dans les prochaines conférences, pour parler du logiciel libre et en quoi c'est une des solutions pour un autre numérique.
Quand on a allumé son ordinateur et qu’on est  soit sur Windows, soit sur Mac, soit sur Linux on a des logiciels et donc souvent, c'est la messagerie, c’est  LibreOffice, c’est Photoshop, etc., mais, en réalité aujourd'hui, la plupart de nos usages sont sur le navigateur.
Les navigateurs, il y en a quelques-uns, c'est Google Chrome qui, là encore, est en situation hégémonique, et  ça questionne parce que ça donne beaucoup de pouvoir. D'ailleurs, Google Chrome a un modèle basé sur la publicité, donc le tracking des utilisateurs, ce sont des choses qu'on va questionner là aussi. Et ensuite, via ces navigateurs, on a accès à plein de sites web ; certains, et de plus en plus de ces sites web, sont ce qu'on appelle maintenant des web applications, des logiciels web. En fait, en gros, tout ce qu'on fait de toute façon sur un ordinateur, c'est bien logiciel.
Je voudrais vous partager quelques notions sur ce logiciel.
D'abord que « le code fait la loi », c'est très important, c'est Lawrence Lessig qui a partagé  un texte très important en 2000. Au-delà des règlements, des instances de régulation que sont la loi promulguée par des États, que  sont les normes sociales qui est le marché qui fait loi,  En fait le code s'est rajouté : aujourd'hui, quand vous utilisez un logiciel, quand vous vous êtes sur une plateforme, vous êtes soumis à la loi, en fait, de la manière dont cette plateforme est programmée. Pour vous donner un exemple, aujourd'hui, votre vision du monde dépend en grande partie de Google et de la manière dont l'algorithme de Google, de la manière dont ce code est programmé et fonctionne. C’est pareil sur Facebook, votre vision, votre fil d'actualité est totalement régi par un code qui fait loi sur la manière dont Facebook fonctionner, d'ailleurs Facebook ne tolère pas, par exemple, des photos représentant de la nudité féminine  donc les censures, ce qui est totalement extra-loi, c'est vraiment lié à la manière dont la plateforme est codée donc, en l'occurrence où des algorithmes détectent automatiquement ça et décident que ce n'est pas acceptable sur la plateforme.
Le message de Lawrence Lessig, c'est qu’il faut vraiment questionner le contrôle démocratique des gens qui font le code., les programmeurs, parce que ce sont eux qui, aujourd'hui, font la loi. On y reviendra.
 
Une autre citation que j'aime beaucoup, de Antonio Casilli, c'est qu’il n'y a pas d'algorithme. De la même manière que « le <em>cloud</em> c'est l'ordinateur de quelqu'un d'autre », l'algorithme c'est la décision de quelqu'un d'autre. Par exemple, quand les responsables de YouTube disent : « Ça n'est pas notre faute si l'algorithme de YouTube met des vidéos complotistes ou favorise Donald Trump par rapport à Hillary Clinton pur les élections, c'est l'algorithme. Vous savez, nous, on ne contrôle pas ! ». En fait, si. L'algorithme c'est la décision de quelqu'un d'autre, c'est la décision des programmeurs qui l'ont développé et la manière dont il a été pensé.
 
Une autre citation que j'aime beaucoup c’est «  l'ordinateur est fatal »,  notamment le logiciel est fatal. Benjamin Bayart disait ça dans une vidéo que je mettrai sur le site, qui n'est pas mal. En gros, quand on traite aussi aujourd'hui avec une machine, on n'a pas du tout la même interface de négociation qu'avec un humain, parce que la machine est binaire, parce que la machine comprend ce pour quoi elle a été programmée. Si, par exemple, dans une démarche administrative, on vous demande si vous êtes bleu ou rouge et que vous êtes vert, que  la machine a été programmée pour accepter que vous êtes bleu ou rouge, en fait, elle ne pourra pas gérer votre cas si vous êtes vert. Là, on se retrouve face à un des nœuds  de la numérisation des services publics puisque la bureaucratie est de fait une négociation, puisqu'on négocie avec le système en permanence, sauf quand on rentre parfaitement dans ses cases. Cette citation est assez puissante. Et là, on est toujours sur la question du logiciel.
 
Enfin, je voudrais citer Richard Stallman, qui voulait parler de la philosophie du logiciel libre, à l'inverse du logiciel propriétaire, il exprimait le logiciel libre en trois mots : <em>liberté, égalité, fraternité</em>, pour dire, en reprenant notre devise, que le logiciel libre voulait donner des libertés à ses utilisateurs. Ça fait écho à le <em>code is law</em>, le code fait la loi de Lawrence Lessig. À partir du moment où le ou les logiciels qu'on utilise façonnent autant notre vision du monde, ça paraît aujourd’hui impensable qu'on ait pas plus de liberté sur ce code, la liberté de le lire, donc de le comprendre, pas forcément nous. et c'est là où on arrive sur les questions de fraternité de Richard Stallman. Ce n'est pas forcément nous qui allons regarder le code, mais d'autres,  des développeurs, des programmeurs, des gens de la communauté, vont pouvoir regarder du code et dire : « OK, là, clairement, je vois bien que l'algorithme de YouTube est déficient parce que j'ai repéré ça, etc. »
 
Enfin, l'information. Je vais continuer à citer quelques, quelques personnes clés de l'histoire du numérique. L'information veut être libre. C'est signé Stewart Brand, un personnage de la contre-culture américaine qui a été dans beaucoup de communautés, qui a fait l'objet d'un ouvrage magistral de Fred Turner. Je vous invite à creuser. Il représentait la pensée de ce libéralisme informationnel qui voulait que l'information soit libre, sans droit d'auteur, sans contraintes, etc.
 
Là c’est une citation de. Jimmy Wales, cofondateur de Wikipédia, qui parlait déjà d'imaginer un monde informationnel dans lequel chacun pourrait avoir accès à la somme de toutes les connaissances humaines. C'est ce qu'on est en train de faire, ce côté où l'information peut être librement partagée et  accessible sur Internet.
 
Pour conclure sur cette information numérique, ce qui est notable, c'est qu'elle est copiable, stockable,  archivable, entre guillemets, en théorie, « à l'infini », sauf quand, le quand, le datacenter brûle physiquement quand il est attaqué ou quand il est en panne, etc., ce sont des choses qui peuvent arriver. C'est une information numérique qui peut être déplacée et échangée. Ça crée une tension, parce qu’il y a d'un côté la volonté de partage, l'information veut être libre, de Steward Brand et de la philosophie, par exemple, des hackers qui veulent que l'information soit libre, et, de l'autre côté, le respect des droits d'auteur. Évidemment, vous imaginez bien que, aujourd'hui, les ayants droit ont resserré les vis, ont fait respecter les droits d'auteur et on en reparlera.
 
Il y a cette notion de bien non rival, qui est très importante sur l'information numérique.
Pour y revenir, en deux secondes : si j'ai un livre, physique, et que je vous le passe, je perds possession du livre et vous, vous  en prenez possession, alors que si je vous passe un livre numérique, en fait, je garde le livre numérique que je viens de vous partager. On est vraiment sur une dimension très importante du numérique, on voit bien que cette information n'est pas en quantité limitée, c'est un bien non rival, ce qui pose justement plein de questions économiques qui remettent une peu en question les droits d'auteur ou la propriété intellectuelle, tels qu'ils sont actuellement présents, ce qui est encore un objet de lutte et de réflexion politique, mais clairement, aujourd'hui, la propriété intellectuelle et les droits d'auteurs ont gagné.
 
Je vois que le temps avance, je vais devoir commencer à accélérer un petit peu. C'est un peu un test, et j'ai eu quelques bugs.
 
Côté économie, j'ai des cours sur l'économie numérique et je pense qu'il y a beaucoup de choses sur mon site et sur Internet, n'hésitez pas à compléter.
En gros, le numérique a créé une nouvelle économie. Il y a plein d'industries qui ont été créées ad hoc pour servir ce monde : toute l'industrie du hardware qui fabrique des ordinateurs, qui fabrique des serveurs, etc., qui fabrique des consoles de jeux, et j'en passe. Toute l'industrie du software, du logiciel, avec quelques monopoles, quelques très gros acteurs, Microsoft en premier, Adobe, etc. Des industries autour des contenus et des médias. Et on a une ancienne économie qui a été bouleversée, avec beaucoup de désintermédiation notamment, ça a été le cas, ce qu'on a un peu symbolisé par l'ubérisation, cette manière qu'avait l'économie numérique de créer des plateformes qui mettaient directement en relation l'offre et la demande, qui court-circuitait un petit peu les marchés existants. Les exemples mythiques, c'est Uber qui rapproche des chauffeurs et des gens qui cherchent des courses, et qui, du coup, concurrence les taxis ; Airbnb qui rapproche des gens qui ont un appartement et d'autres qui cherchent à louer un appartement, et qui mettent en péril l’'industrie hôtelière. Dans un cas comme dans l'autre, Uber n'a aucun salarié et aucune voiture, alors qu'il est dans le business des taxis et Airbnb n'a aucun salarié, très peu de salariés, et aucun bâtiment dans son patrimoine immobilier, alors que il est dans le business de l'hôtellerie.
C'est c'est vraiment ce côté désintermédiation qui a beaucoup bouleversé l'économie et qui continue de la bouleverser, d'où une transformation numérique des organisations en cours.
Il y a des modèles économiques nouveaux qui ont été suscités par le numérique : l'économie collaborative ou du partage. On peut penser à Le bon coin, au fameux Airbnb, à toutes ces plateformes de partage  qui sont parties de cette économie du partage : j'ai un bien, je n'en profite pas tout le temps, je peux le louer, je peux le revendre d'occasion, etc.
Les modèles ce qu'on appelle les ???, puisque Wikipédia est le principal acteur qui a fait fonctionner ce modèle, c'est-à-dire à la fois une plateforme qui est massivement alimentée par sa communauté, d'où le terme crowdsourcing, la foule qui contribue et l'économie du don.
Il y a des modèles économiques de crowdfunding aussi, où la masse peut, par exemple, contribuer à financer et tout cela a suscité plein d'utopies sur la fin des banques, la fin des modèles économiques traditionnels, beaucoup d'utopies ont été un petit peu douchées depuis et on y reviendra qui ont été suscitées par ce nouveau paradigme numérique.
Et enfin, un phénomène de concentration monopolistique,  lié à plusieurs caractéristiques du numérique. Les effets réseau, le fait que plus on est nombreux sur un réseau, plus ce réseau est utile et plus il est  dur de le quitter. Pensons à Facebook aujourd'hui, trois milliards d'internautes, donc, quitter Facebook, c'est quitter ces trois milliards d'internautes. Et si vous passez sur un réseau alternatif, vous perdez tout ça et vous devez repartir de zéro.
Pareil rendement croissant : plus vous avez de gens qui utilisent votre service, plus vous avez données sur ces gens et plus votre service s'améliore. Pensons à Google où chacune de nos recherches, finalement, contribue à alimenter Google. Plus nous sommes nombreux à utiliser Google, plus Google s'améliore, puisqu'on fait plein de liens entre nos recherches, donc Google s'alimente de toutes  ces informations.
Ce qui mène à cette terminologie : les GAFAM aux États-Unis, les BATX, Baidu, Alibaba, Tencent Xiaomi en Chine, qui sont des acteurs hégémoniques et qui contribuent à ce numérique « dominant », entre guillemets, que je m'appliquerai à critiquer sur le la prochaine conférence.
 
Côté culture, là aussi je vais devoir passer assez vite.
Une énorme pop culture était propre au Web et s'est quand même mainstre ???, entre guillemets, on peut le constater. Mais, à la base, le Web a été un formidable vivier de créativité, un immense aplatissement des rapports entre créateurs et consommateurs de contenu. C'est difficile de se dire qu’avant le Web très peu de gens pouvaient créer du contenu et avoir accès à une audience et le Web a été cette incroyable opportunité pour énormément de créateurs de contenu, que ce soit dans la musique, dans la vidéo, dans les fanfictions, donc dans l'écriture, dans les blogs, etc.
De fait, il y a eu une incroyable augmentation de l'offre culturelle. On a aussi une population qui a augmenté, qui s'est enrichie, qui s’est  éduquée, c'est donc normal que l'offre culturelle ait suivie, il y a des liens avec le Web.
On a toute une pop culture qui est représentée par les challenges qu’il y a eus, les défis, les mèmes, la culture des mèmes, la culture de tous ces moments viraux qui se sont partagé sur des communautés sur des forums, sur des communautés de sous-titres, des créateurs qui se sont vraiment  créés sur Internet et qui ont acquis une certaine notoriété sur Internet, les mèmes et les gifs, les remixes et les mashups. Donc remix, le fait de reprendre un produit culturel et de le remixer, ça s'est beaucoup fait, ça se fait beaucoup dans la musique, ça se fait moins aujourd'hui parce que les ayants-droit, hop !, ont verrouillé le truc et maintenant YouTube, par exemple, détecte automatiquement les musiques que vous reprenez donc verrouille votre vidéo, ce qui change totalement cette pop culture que j'estime être en perte de vitesse.
Pour finir, je citerais Dominique Boulier : : « À l'origine favorable à l'innovation et à la créativité , le copyright – donc les droits d'auteur – s'est aujourd'hui transformé en outil de préservation juridique et commerciale de la rente des ayants-droit ».
Pareil, je ne peux pas commenter trop longuement, mais c'est à méditer.
 
Je vais finir donc sur les idées, utopies et paradoxes. Et là, je vais devoir commencer mon marathon et je prédis que j'aurais sans doute au moins cinq minutes de retard, et je m'en excuse.
Le numérique c'est beaucoup d'idées, beaucoup d'utopies et beaucoup de paradoxes et, pour moi, c'est presque le plus important. C'est pour ça qu'il va falloir aussi le critiquer et le transformer. On a eu des utopies et des contre-utopies.
Ces idées proviennent de plein de gens qui ont contribué, qui ont fait le numérique, qui ont fait le Web, qui ont fait Internet, qui ont fait l'ordinateur, les scientifiques et les chercheurs, les militaires, même  s’ils ont été très discrets ils ont beaucoup financé, ils n’ont jamais été totalement loin de cette infrastructure, notamment aux États-Unis, et on y reviendra.
Les écosystèmes de geeks, les hippies et les acteurs de la contre-culture, les hackers, les makers, les entrepreneurs et les startupeurs, des États. Autant d'acteurs du numérique qui ont des idées, parfois emmêlées, souvent en contradiction.
 
==TEMPS 45', SUITE EN BRUT SCRIBBE CEMEA==
Je vais en citer quelques-uns.
J'aime beaucoup celle-là et j'ai découvert, c'était grasshopper- qui est donc cette informaticienne et inventoriste du langage cobol. L'occasion aussi de rappeler que le numérique, l'histoire du numérique, c'était des femmes en avant, que l'histoire les les éjecte un peu trop rapidement et ça aussi j'y reviendrai.
Dans ma critique, dans la critique du numérique.
Donc joyce aux peurs. Qui disait: il est plus facile de demander le pardon après que la permission avant.
Ce que je trouve assez fascinant d'une femme qui a qui a travaillé longtemps dans la marine.
Comme quoi on voit qu'on est dans cette tension clairement culturelle entre, d'un côté, l'ordre établi et cette contradiction sept, cette opposition à l'ordre. Et donc, moi, ça m'a fait penser au film eragon huon, où il y avait cette citation.
Mieux vaut demander pardon que permission. Message reçu cinq sur cinq par facebook et beaucoup d'acteurs de la silicon valley qui avait ce moto mou façon racing.
Aller vite et casser des choses. Demandez donc permission après que fin, pardon après que voilà, et et le pardon, c'est. Mark zuckerberg est connu pour savoir le faire quand il le faut, et donc, là aussi, culture web oblige. Ça a donné évidemment toutes les tous les mêmes qu'il faut bien, c'est-à-dire cette reprise donc d'une image avec
Une variante, donc ces sept principes de même.
Aaron swartz, programmeur et activiste.
Et donc militant des libertés numériques et martyr de cette cause, puisqu'il dont il s'est suicidé suite à son à son procès, après avoir rendu public des
Des deux, deux de la connaissance scientifique.
En fait aaron schwartz. Là aussi, c'est vraiment une invitation à lire ce qu'il a écrit, ce jeune qui qui? qui est décédé de mémoire à vingt-sept ans.
C'est impressionnant ce qu'il a écrit et à quel point lui aussi a été visionnaire. Qui il écrivait sache. Crois qu'il l'a écrit en deux mille douze à peu près un. Désormais, tout le monde a un droit de parole.
Ça, c'est formidable.
Il s'agit de savoir qui est entendu. Et ça, je trouve que c'est fascinant quand on voit ce que devient, par exemple, twitter aujourd'hui, c'est-à-dire que dans l'app, dans la vision libertarienne de elon musk et de donc de beaucoup d'acteurs de la silicon valley, la liberté d'expression doit être absolue.
Sauf que c'est ça que dire une charte? c'est ok, tout le monde a droit à la parole, mais qui doit être entendu et ce que tout le monde mérite d'être entendu de la même façon? et est-ce que comment on fait en sorte? et là, on revient à ce que disait lawrence lessig: le code fait la loi. Comment programme des interfaces?
Qui donne la parole est acquis et en fonction de quoi. Et là, on voit bien que les ça aussi, on en reparlera dans la critique du numérique, mais que aujourd'hui, la plupart des plateformes sociales n'ont pas pour but de donner la parole.
À des personnes qui ont des choses intéressantes à dire, ou alors des choses pertinentes, ou alors des choses heureux, drôle, mais des personnes qui disent des choses qui viralité la plateforme et qui augmentent le chiffre d'affaires de la plateforme, et donc ça, ça se questionne.
La technologie n'est ni bonne, ni mauvaise, ni neutre.
Melvin, grands candidats, l'historien des techniques, donc, ça, c'est repris aujourd'hui beaucoup dans les réflexions sur le numérique. Un, c'est que le voilà. Le numérique n'est pas neutre, il faut sortir de ça. Il est peut-être ni bon ni mauvais, mais il n'est pas neutre non plus, en fait, il l'est.
Quand même programmé.
Avec une certaine intention par ces, par ces programmeurs. Donc, c'est souvent.
J'y viens, j'y viens après, mais c'est une île et il n'est pas neutre, et ça, c'est vraiment un des messages clés.
Julien assange. People should have j'ai. Je l'ai laissé en anglais parce que ça sonne vraiment mieux.
People crazy. Good governance, transparency, les les. Le peuple devrait avoir droit à sa vie privée. Les gouvernements devraient en revanche être tenus à une forme de transparence.
Donc, c'est le fondateur de wikileaks et c'est puissant parce qu'on voit que c'est une totale disproportion aujourd'hui dans entre ces deux droits et, en tout cas, ces deux appels qu'il a.
Donc des tensions. C'est pour ça que je parle d'idées, d'utopies de tension, ces jeux. J'ouvre un peu sur ça.
J'aime beaucoup cette, cette phrase qu'a prononcé spyder alex, une cyber militante féministe. C'était sur une émission de france inter, donc j'ai mis les références sur la page de la cnesst.
Manifester sur un réseau social, c'est comme manifester dans un centre commercial: on peut le faire, mais on n'est pas chez soi, on maîtrise pas l'espace, on n'est pas dans un espace public. C'est pas un espace public, encore une fois, qui est régi par des lois et des normes sur lesquelles la démocratie s'exerce. On est sur un espace privé.
Sur lequel le code fait la loi, et donc ça, c'est essentiel et je pense que c'est important.
De garder ça en tête.
Les personnes qui développent sont essentiellement des hommes blancs, de milieu socioprofessionnel favorisé et donc, logiquement, ils ont développé un numérique inclusif et ça, c'est totalement lié à ce que disait donc jouir.
Algérien, psg, melvin grandi berg, et ça, ça a été repris vraiment par beaucoup de philosophes des techniques. C'est que comme ce sont des hommes blancs, de ces aspects plus qui, qui ont codé, notamment dans la silicon valley, je dis, je rajouterai, ce sont souvent des américains avec un système de valeurs américain. Forcément, le, le numérique qu'ils ont développé n'est pas inclusif i, il est biaisé par leur
Vécu par leur sexe, par leur, leur rapport au monde, etc. Et donc c'est pas du tout.
Un numérique qui convient à la l'entièreté de la population.
Contre un autre message, donc de john perry barlow, en quatre vingt seize, donc autre époque, autre moment, et voyait un homme blanc américain plutôt favorisé.
Qui disait: nous créons un monde où tous peuvent entrer, sans privilège ni préjugé dicté par la race, le pouvoir économique, la puissance militaire ou le lieu de naissance. Ça, c'est vraiment l'utopie des pionniers, citer le fait de dire: nous allons créer un monde, le monde numérique, internet, le web.
Ou, il n'y aura pas de préjugés, il n'y aura pas de racisme. Ii, il n'y aura pas de de de privilèges. Et en fait, c'était, c'était incroyable, le monde des sociologues comme dominique boullier ou dominique cardon le distribuer en france, c'était, c'était très naïf de croire que, en fait, c'est cette révolution technique allait changer.
Allez créer des révolutions sociales. En fait, c'est pas du tout comme ça que ça s'est passé, évidemment.
Le numérique n'a pas changé les rapports sociaux, n'a pas changé des likes, des notions de capital social, de capital économique, de capital culturel, tel que c'était théorisé par un, par bourdieu, et donc, là aussi, on y reviendra. Au contraire, à ce qu'on constate- et ça c'est ce que dit félix reggae, militant des libertés numériques- c'est que l'information accentue les rapports de pouvoir.
Plus qu'elle légalise les rapports de force. Felix tréguier et il a. Il a écrit que internet, l'utopie déchue un nom, puis, y voit, il constate qu'il y a même eu un retournement, en fait, contre les militants d'internet. Avec aujourd'hui un ana, un numérique, un internet qui est tellement au service des états, tellement contre, de plus en plus contrôlé, et qui sert de plus en plus.
La surveillance, ça aussi, on en parlera abondamment dans deux semaines, ce qu'on appelle le capitalisme de surveillance et la surveillance de masse opérée par les, par les états. Voilà, c'est que vraiment, à l'informatique, que qui était parti comme une utopie d'émancipation, de d'augmentation de l'humain, de l'individu, d'augmentation des libertés individuelles, se retourne finalement contre.
Et contre ceux qui ont cru dans cette utopie, et donc je finis par un horrible tableau.
Pour pourvoir un peu les lister. Voilà donc, il y avait cette, ses utopies. Internet va donner accès à la connaissance pour toutes et tous, mais une méritocratie ascendante.
Par le peuple et pour le peuple. La réalité, c'est que la démocratisation d'internet s'est opérée sous des formes ségréguées, hâtives.
C'est ce que dieudonné notamment dominique passiez quand elle étudie l'internet des familles populaires.
Le numérique, il accroît les inégalités sociales et économiques existantes. On le voit quand on fait de la numérisation des services publics. Les personnes les plus touchées sont les personnes qui étaient déjà les plus précaires.
Le numérique va permettre l'émancipation des individus et renforcer les libertés, alors il l'affaire. Mais d'un autre côté, le numérique renforce aussi certaines formes d'aliénation, quand on pense à la manière dont les réseaux sociaux aujourd'hui,
Sont programmés pour capter l'attention.
Pour limiter certains contenus, etc.
Il limite certaines libertés aussi par le contrôle, la censure, la surveillance de masse. Donc ça, ça dépend aussi des pays dont on parle, mais c'est une, c'est une réalité.
Il y avait cette utopie aussi que le numérique et internet allait être un nouvel espace, une nouvelle frontière. Il y avait vraiment cette comparaison avec l'afp, la conquête de l'ouest, cette nouvelle frontière où il n'y aurait plus de règles, chacun pourrait créer, s'exprimer librement, donner du pouvoir. Donc, c'était un espace de grande liberté, d'originalité créatrice. Mais internet a et est en train d'être peu à peu.
Réguler et canaliser par l'état et des marchés.
Notamment les gafam et des ayants droit, et on y reviendra.
Pareil le numérique.
Que ce soit l'ordinateur personnel et internet.
Devait décentraliser le pouvoir vers le citoyen. C'était l'originalité de la tech, des technologies numériques, c'est que l'ordinateur il peut dans, il peut être chez nous. Oui, c'est pas une technologie centralisée.
Internet, c'est un réseau décentralisé. On peut très bien fonctionner.
Avec un internet- donc ça s'appellera plus internet, mais avec un réseau aux citoyens à une échelle municipale, à une échelle locale, à une échelle de quartier et si c'est théoriquement tout à fait possible techniquement,
Mais on voit que le numérique, aujourd'hui recentre, alise le pouvoir vers quelques puissants.
Soit les gafam. Aujourd'hui, quatre vingt dix pour cent des huttes et des internautes utilisent google comme moteur de recherche cuve. Que peuvent faire ces ces quatre vingt dix pourcents, dont on fait partie du coup, s'il n'y a plus google pour accéder au web? on voit bien que le web s'est fortement centralisé autour de google.
Puisque, pour beaucoup de gens, aller sur le web c'est passer par google.
Il s'est resserré autour des, de certains influenceurs et de certains états.
Pareille utopie libertalia va utopie et idéologie.
L'idéologie libertarienne qui est très puissant dans la silicon valley. Elle partait du principe que l'etat est nulle inutile, dépassée. Et si les start-ups, c'est le numérique, c'est, c'est, c'est c'est ces nouveaux outils techniques qui vont permettre de, de, de de s'en passer en fait de ces étapes, parce que on n'en aura plus besoin. On va créer une monnaie numérique qui qui fera clip, on aura
Plus besoin des banques, va créer des instances de, de de d'échanges, de communication, qui feront qu'on aura plus besoin des états, etc. Donc, ça, c'est vraiment dans dans cet ensemble de deux croyances très propre à la silicon valley, dont on pourrait parler pendant des heures.
Mais la réalité, c'est que ça contre utopie et on contre idée de ce libertarianisme, afficher la silicon valley, profondément liée au complexe militaro-industriel américain et dépend largement de la commande publique. Donc, c'est vrai que c'est pour les experts, c'est toujours amusant de dire de devoir et le masque afficher des des idéologie libertarienne, tout en sachant que la
Plupart de ces entreprises n'existent ou ne fonctionnent encore aujourd'hui que parce que il est quasiment sous perfusion de la commande publicain, quand on pense à space x.
Aux usines tesla, etc.
Pareil transhumanisme. L'intelligence artificielle va résoudre les problèmes de l'humanité en dépassant notre propre intelligence humaine limitée. La réalité, ce que disent des chercheuses comme times nyt, guy brooke et joe brooks, qui s'est fait licencier récemment deux de google, c'est ce que l'intérêt de l'intelligence artificielle aujourd'hui.
Pose déjà des problèmes réels, concrets. En fait, qui faut pas fantasmer sur une intelligence artificielle forte un jour.
Dont il faut se préoccuper. La réalité, c'est qu'il faut déjà réguler.
L'existant des multiples problèmes causés par le fait que ces machines, dont dont j'ai essayé de vous expliquer, rûle des rudiments. Elle fonctionne aujourd'hui sur des données d'apprentissage qui sont biaisées, puisque ces données d'internet ou les données statistiques, ces données sont biaisées puisque internet n'est pas du tout une représentation parfaite du monde.
Voilà ce qui amène à du racisme, des fausses informations, etc.
Voilà donc pour conclure.
Avec dix minutes de retard, ce qui est plutôt décent.
Le numérique. On a fait une petite épopée sur cette première conférence. C'est le fruit d'une histoire sociotechnique riche, complexe, passionnante, fulgurante et aussi très paradoxale. Je trouve vraiment beaucoup de d'utopie, de croyances, de d'idéologies qui, aujourd'hui, sont percutées au mur des réalités, aux murs de la sociologie, aux mur de durer.
Réel des états, de la complexité du monde.
Du fait aussi que, d'humains étant,
Ultra complexe et ultra.
Divers, avec, par exemple, beaucoup d'humains qui font des choses mauvaises. En fait, pas c'est, c'est évidemment arrivé dans le monde numérique et donc les pionniers qui espéraient un monde idéal, évidemment, se rendaient pas compte que, au début, ils étaient entre eux, entre pionniers, entre blancs.
Ces aspects plus qu'il n'avait pas trop de problèmes, etc. Et donc y pas beaucoup de problèmes au tout début d'internet. Mais évidemment, le internet s'est développé et s'est démocratisée, donc il a l'âme.
Y a vraiment un.
Maintenant toutes les tares, un peu de l'humanité, parce que l'humanité est temps et encore.
Très complexe.
Voilà donc, c'est une somme d'inventions techniques qui sont le fruit de leur époque. C'est très matériel. J'ai mis deux points d'exclamation. Le numérique, c'est très, très matériel. Donc, ça a plein d'impact, dont on parlera dans deux semaines, des impacts environnementaux notamment.
Mais aussi des impacts géopolitiques, politiques, etc. Donc, c'est nous, c'est un objet politique, le numérique. Il est certainement pas neutre et on le développera à partir de la prochaine conférence.
Et enfin,
C'est parce qu'il est porteur de nombreux enjeux politiques, économiques, sociaux et philosophiques que le message clé, c'est qu'il faut:
Continuer à le comprendre, le critiquer, le transformer pour, au final, je l'espère, avoir beaucoup plus de débats.
Citoyens et de débats politiques dans nos différentes échéances politiques nationales et internationales.
Surtout en lien avec les enjeux de notre époque, un des enjeux d'urgence environnementale ou, je le dirais, le numérique a un impact vraiment non négligeable.
Les enjeux de justice sociale vont là encore, le numérique a un enjeu vraiment non négligeable, et donc ma conclusion, c'est: au-delà de ce cycle de conférences, n'hésitez pas à être curieux et continuer de creuser ces sujets.
Voilà, merci beaucoup pour votre attention.
Pour rappel, il y a une page qui est dédiée.
A cette conférence est qui et qui permettra de voilà deux.
Deux, d'aller plus loin, de partager cette recette, ce webinaire fin, cette vidéo de deux mètres plein de ressources. Donc, j'y travaille et si vous avez demandé des choses à rajouter, des critiques, fin. Voilà des des compléments, je les intégrerait évidemment.
Et n'hésitez pas aussi, si vous le souhaitez, à soutenir ce travail qui dit que, voilà, c'est pas du tout une obligation, mais c'est vrai que c'est un travail bénévole et militant. Et donc, en gros, c'est aussi une manière de voir si ce genre de format peut fonctionner en étant non pas financé par des, par des clients indépendants nés.
Par le public. Voilà, merci beaucoup.

Dernière version du 7 octobre 2023 à 16:26


Publié ici - Octobre 2023