« Émission Libre à vous ! diffusée mardi 22 février 2022 sur radio Cause Commune » : différence entre les versions

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'''Titre :''' Émission Libre à vous ! diffusée mardi 22 février 2022 sur radio Cause Commune
Publié [https://www.librealire.org/emission-libre-a-vous-diffusee-mardi-22-fevrier-2022-sur-radio-cause-commune ici] - Mars 2022
 
'''Intervenant·e·s :''' 
 
'''Lieu :'''  Radio Cause Commune
 
'''Date :''' 22 février 2022
 
'''Durée :''' 1 h 30 min
'''[https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/backups/output-2022-02-22-15h29.mp3 Podcast PROVISOIRE ]'''
 
'''[https://www.libreavous.org/133-mobicoop-covoiturage-libre-et-gratuit-la-levee-d-anonymat-sur-internet Références concernant l'émission]'''
 
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]
 
'''Illustration :''' Déjà prévue
 
'''NB :''' <em>transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.<br/>
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.</em>
 
==Transcription==
<b>Voix off : </b><em>Libre à vous !</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Bonjour à toutes. Bonjour à tous.<br/>
Le covoiturage libre, sans commission et coopératif, est-ce possible de nos jours ? Réponse dans quelques minutes avec Mobicoop, ce sera le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme la levée de l’anonymat sur Internet par Typhaine Bonnet et aussi la « météo opensourciste », vous aurez sans doute deviné qu’il s’agit d’une chronique de Luk.<br/>
Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.
 
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de <em>Libre à vous !</em>, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.<br/>
Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.
 
Le site web de l’émission c’est libreavous.org. Vous pouvez y trouver d’ores et déjà une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire tout retour ou à nous poser toute question.
 
Nous sommes mardi 22 février 2022, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.<br/>
 
Nous allons donc parler aujourd’hui de covoiturage et peut-être aussi d’auto-stop. Selon la célèbre bande dessinée de Fabcaro,<em>Zaï zaï zaï zaï</em>, pour faire du covoiturage ou de l’auto-stop, il vaut mieux connaître les paroles de plein de chansons pour être dans la dynamique de groupe de la personne ou de la famille qui vous conduit. Si vous ne connaissez pas, je vous encourage la lecture de cette BD déjantée et/ou d’aller voir l’adaptation qui sort prochainement au cinéma.<br/>
Une personne qui connaît des tas de chansons, c’est ma collègue Isabella Vanni qui réalise l’émission du jour. Bonjour Isa.
 
<b>Isabella VCanni : </b>Bonjour Fred.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous vous souhaitons une excellente écoute.
 
[Jingle]
 
==Chronique « In code we trust » de Typhaine Berger, avocate au cabinet Dune sur la levée d’anonymat sur Internet==
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Évoquer le code à la main une règle de droit ou un procès en lien avec les œuvres, les données, les logiciels ou les technologies, c’est la chronique In code we trust, « Dans le code nous croyons », de Tiphaine Bonnet, avocate au cabinet Dune.<br/>
Bonjour Typhaine.
 
<b>Typhaine Berger : </b>Bonjour Fred.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
[Virgule musicale]
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Après la pause musicale nous parlerons de covoiturage libre, sans commission et coopératif avec Mobicoop.<br/>
La pause musicale, comme souvent, est une découverte via le site auboutdufil.com. Une petite description très courte de la musique que j’ai trouvée sur ce site : « Grâce à sa positivité communicative, son rythme enjoué et son saxophone expressif, <em>What You Want</em> est une musique inspirante qui captera votre attention et vous aidera à rester concentré sur n’importe quelle activité répétitive, comme la couture, la broderie ou le tricot, le dessin ou le coloriage, la peinture ou encore le bricolage.<br/>
Nous allons donc écouter <em>What You Want</em> par LiQWYD and Luke Bergs. On se retrouve dans environ 2 minutes 30. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
 
<b>Pause musicale : </b><em>What You Want</em> par LiQWYD and Luke Bergs.
 
<b>Voix off : </b>Cause Commune, 93.1.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous venons d’écouter <em>What You Want</em> par LiQWYD and Luke Bergs, disponible sous licence libre Creative Commons Attibution, CC By. Vous trouverez une présentation de l’artiste sur le site auboutdufil.com et toutes les références sur libreavous.org
 
[Jingle]
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons passer au sujet suivant.
 
[Virgule musicale]
 
==Mobicoop le covoiturage libre, sans commission et coopératif avec Bastien Sibille et Bénédicte Rozes==
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui va porter sur le covoiturage libre, sans commission, coopératif avec nos invités : Bastien Sibille, président de Mobicoop et Bénédicte Rozes, directrice générale de Mobicoop. Nous allons déjà vérifier que les deux invités sont avec nous.<br/>
Bonjour Bastien.
 
<b>Bastien Sibille : </b>Bonjour Fred.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Bonjour Bénédicte.
 
<b>Bénédicte Rozes : </b>Bonjour Fred. Bonjour tout le monde.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>On va simplement commencer par une petite question traditionnelle, une petite présentation personnelle rapide. On va commencer par Bénédicte Rozes.
 
<b>Bénédicte Rozes : </b>Je suis donc Bénédicte Rozes, directrice générale de Mobicoop. Je travaille depuis maintenant six ans sur les questions de mobilité, plutôt rurales et périurbaines. Je viens du dispositif Rezo Pouce, donc un dispositif d’auto-stop déployé en zones rurales et périurbaines qui part de l’idée de faciliter en fait l’auto-stop, de ne surtout pas remettre ??? dans la circulation mais de s’appuyer sur les flux, donc de remettre l’auto-stop au goût du jour .
 
<b>Frédéric Couchet : </b>OK. Merci Bénédicte. J’espère que c’est compréhensible pour les gens qui nous écoutent, n’hésitez pas à nous le dire sur le salon web de la radio parce qu’il y avait quelques coupures.<bR/>
On va passer maintenant à la présentation de Bastien Sibille.
 
<b>Bastien Sibille : </b>Fred, tu as déjà résumé ce que je fais, l’essentiel de mes journées puisque je suis le président du directoire de la coopérative Mobicoop, c’est ce qui m’occupe pour l’essentiel. Je suis également engagé dans la coopérative Enercoop dont je suis administrateur et membre du bureau et je travaille depuis maintenant une vingtaine d’années sur les questions d’innovation sociale numérique, c'est-à-dire savoir comment on peut utiliser le numérique pour améliorer la relation avec les gens, les façons de produire, de consommer, etc. Je suis notamment pas mal intervenu ces derniers temps sur la question des plateformes coopératives dans toute la dimension collaborative de l’économie numérique et des façons de l’envisager autrement.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>OK. On va aborder notre premier sujet tout simplement. J’ai dit que le titre est « covoiturage libre, sans commission et coopératif ». On va essayer d’expliquer les quatre mots. Le premier paraît à peu près évident, mais on va quand même essayer de le rappeler, c’est quoi déjà le covoiturage ? Bastien.
 
<b>Bastien Sibille : </b>C’est très simple. Le covoiturage c’est le fait de partager sa voiture pour un trajet en ne partageant que les frais liés au trajet, c’est-à-dire qu'il n’y a pas de rémunération de la personne qui conduit. On est bien dans un partage des frais d’essence, des frais de péage. On va d’un point A à un point B en emmenant d’autres personnes dans sa voiture.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Pour la plupart des gens qui ont entendu parler de covoiturage, peut-être même qui pratiquent le covoiturage, il y a un nom qui revient assez rapidement, BlaBlaCar, qui doit sans doute être en situation de gros monopole en France et ailleurs. Finalement on pourrait se dire s’il y a déjà un acteur, une plateforme qui existe, comme BlaBlaCar, pourquoi une autre plateforme ? Est-ce que BlaBlaCar pose des problèmes et quels problèmes ? Qui veut expliquer les problèmes que peut poser une plateforme comme BlaBlaCar ? Qui veut commencer ? Bénédicte ou Bastien ?
 
<b>Bénédicte Rozes : </b>Je vais parler du point de vue des utilisateurs et utilisatrices. Le choix de Mobicoop c’est de ne pas commissionner, ça veut dire que les sommes intégralement versées du passager vers le conducteur sont finalement remises au conducteur, Mobicoop ne prend aucune commission dans les transactions. ??? qui est important, comme l’a dit Bastien, c’est qu’au final le coût du trajet n’est pas lié à une offre, à une demande, mais il est lié à une distance et ça permet au conducteur, finalement, de rentrer dans ses frais, mais en aucun cas il n’est lucratif.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>D’un point de vue technique pour les gens qui nous écoutent, notamment sur le salon web, est-ce que c’est compréhensible parce qu’il y a beaucoup de coupures de mon côté, je ne sais pas si vous avez les mêmes ? Il y a beaucoup de réverbération. On va essayer de continuer comme ça. On comprend les grandes lignes. Si on a souci, peut-être qu’on basculera Bénédicte en téléphone, on va voir.<br/>
Je ne sais plus quand BlaBlaCar s’est créé. D’ailleurs Bastien Sibille, d’un point de vue historique, quand s’est créé Mobicoop et à quelle occasion ? Dans quel contexte ?
 
<b>Bastien Sibille : </b>C’est une histoire qui commence à être un peu ancienne, si on prend l’histoire courte du numérique, parce que Mobicoop vient d’une plateforme qui s’appelle covoiturage libre et covoiturage libre est née au moment où BlaBlaCar a trouvé son modèle économique c'est-à-dire qu'il s’est mis à imposer une commission. BlaBlaCar qui était avant covoiturage.fr a réalisé, autour de 2010, une levée de fonds sur un modèle économique basé sur la commission et, à ce moment-là, s’est transformé en BlaBlaCar. Là, toute une partie de la communauté des utilisateurs de ce qui s’est appelé BlaBlaCar a été assez énervée en fait, il faut le dire, par l’imposition de cette commission. Peut-être un mot là-dessus quand même parce que c’est important, pourquoi les gens ont-ils été énervés ? Les gens étaient énervés parce que le fait de covoiturer c’est avant tout le fait de faire un acte de solidarité en ouvrant sa voiture, en permettant à quelqu’un d’autre de bénéficier d’un trajet, de partager un moment, de partager un déplacement ; ce n’est pas rien de partager sa mobilité, c’est quelque chose d’assez intime. Que cet acte de solidarité, soudainement, soit mis sur le marché, c’est-à-dire qu’il soit marchandisé, qu’on lui donne une valeur, et, qui plus est, que cette valeur soit en partie captée par la plateforme de médiation qu’était BlaBlaCar, a fait que tout un tas de gens qui ont dit ce n’est pas possible. L’acte de solidarité que je fais quand je partage ma voiture doit rester dans le domaine de la solidarité, ne doit pas devenir à la fois source de rémunération pour une plateforme d’intermédiation et, qui plus est, source de rémunération pour des actionnaires qui ont fortement investi dans la plateforme d’intermédiation. C’est comme ça qu’est né covoiturage libre. C’est une plateforme qui a vécu presque de rien pendant plusieurs années. Il y avait quelques bénévoles. Le fondateur, Nicolas Raynaud, a mis beaucoup d’énergie ; après il y a eu des bénévoles qui ont été plus ou moins lointains. On peut noter, ??? d’elle-même a réussi à faire vivre cette plateforme jusqu’à ce que plusieurs personnes se rencontrent, transforment cette association covoiturage libre en une coopérative qui s’est appelée Mobicoop et ça c’était en 2018.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Dans le point suivant on va justement détailler Mobicoop. Je fais un point technique par rapport à Bénédicte. Bénédicte, si tu peux regarder sur le salon Mumble, Isabella, ma collègue qui est en régie, t’a donné un numéro de téléphone pour appeler. On va essayer de passer par téléphone, ce sera sans doute plus efficace.<br/>
Je vais poursuivre avec Bastien en attendant. Avant de parler de Mobicoop, sur ce que tu viens d’expliquer, finalement, ce qui était reproché quelque part à BlaBlaCar c’était un peu de trahir l’esprit du covoiturage, notamment peut-être, comme tu le disais, on partage les frais de route et on s’arrange entre nous. Je ne sais pas, je ne suis pas utilisateur de ce genre de plateforme, est-ce qu’il n‘y avait pas une tendance pour les utilisateurs, peut-être, à considérer finalement les gens du covoiturage comme des sortes de « professionnels » entre guillemets, taxi ou autre, donc de perdre ce côté humain ? Est-ce que c‘était un des reproches qu’on faisait à BlaBlaCar ?
 
<b>Bastien Sibille : </b>Deux éléments dans ma réponse.<br/>
Le premier parce que je suis souvent conduit à ça dans la presse et après c’est un peu inconfortable : nous ne nous opposons pas à BlaBlaCar, c'est bien qu’il y ait eu BlaBlaCar. BlaBlaCar a permis à la question du covoiturage de devenir une question beaucoup plus connue du grand public. Le covoiturage était jusque-là assez marginal, je dirais, et il a acquis une vraie visibilité.<br/>
Une fois que j’ai dit ça, je crois qu’il faut, dans le monde, qu’il y ait une forme de biodiversité des acteurs, donc à côté et en face de BlaBlaCar des acteurs qui, eux, soient plus coopératifs et ne soient pas des sociétés de capitaux. Pourquoi ? Précisément par rapport à ce que tu viens de dire Fred. C’est-à-dire que ce que les gens ont décrié dans l’action de BlaBlaCar sur le covoiturage c’est que BlaBlaCar étant une société de capitaux, BlaBlaCar a conduit le covoiturage à devenir un acte proche du marché, c’est-à-dire à moitié commercialisé et c'est ce à quoi tu fais référence quand tu dis quand les gens entant dans une voiture avaient presque l’impression de faire appel à un chauffeur. Pourquoi ? Parce qu’il avait eu une forme de marchandisation de l’acte de partager sa voiture. Du coup, ce n’était plus un acte de partage de la voiture, mais c’était un acte, finalement, de « je vends mon siège arrière sur mon trajet ». Quand on achète, on n’est pas dans le même rapport à l’autre que quand on partage quelque chose avec lui. En ce sens, la mise sur le marché du covoiturage par BlaBlaCar pose problème ou pose question et c'est à cette question que Mobicoop cherche à répondre.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Super. Je précise qu’on a récupéré Bénédicte normalement au téléphone, on va pouvoir poursuivre. Justement on a parlé des questionnements, des soucis posés par la plateforme BlaBlaCar, on va arriver aux réponses proposées par Mobicoop. Ce que je disais en introduction c’est d’ailleurs sur le site de Mobicoop, je vais rappeler le site, c’est mobicoop.fr et on parlera tout à l’heure de cet aspect coopératif, la page d’accueil du site indique « covoiturage libre, sans commission, coopératif ».<br/>
On va essayer d’expliquer un petit peu ces trois points. On va revenir sur le point peut-être le plus « simple », entre guillemets, qui est le deuxième, on l’a déjà un petit peu abordé, sans commission. Bénédicte comment cela fonctionne-t-il soit pour quelqu’un qui veut proposer sa voiture pour faire du covoiturage ou pour quelqu’un qui cherche un covoiturage d’un point de vue financier ? Est-ce qu’il faut s’inscrire sur le site ? Est-ce qu’il y a quelque chose à payer ? Comment cela se passe-t-il ? Comment gère-t-on cet aspect sans commission qui est indiqué sur la plateforme ?
 
<b>Bénédicte Rozes : </b>Effectivement il y a une inscription sur notre site. Je suis conducteur,                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  conductrice, j’inscris mon trajet sur notre plateforme ; je suis passagère, je fais une recherche et je trouve le covoiturage qui me va bien. Là, en fait, le prix est fixé en fonction de la distance et la somme que, passagère, je vais verser sera donc calculée. Il y a un double intérêt pour le conducteur : il s’assure que son trajet est publié, la rémunération ne fait que couvrir les frais, il n’y a rien de lucratif, donc au niveau de ses impôts il n’y a aucun risque ; c’est un partage de voiture.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. C’est effectivement l’aspect sans commission et finalement le seul coût reste le partage entre les deux personnes des frais de déplacement, je suppose que c’est, par exemple, l’essence et le péage.
 
<b>Bénédicte Rozes : </b>Exactement.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Et ça les regarde. C’est l’aspect sans commission de Mobicoop. Je précise tout de suite, pour les personnes qui écoutent, qui se disent « finalement, si Mobicoop ne prend pas d’argent à ce niveau-là comment Mobicoop se finance ? » On en parlera dans le point suivant sur le modèle économique de Mobicoop.<br/>
Deuxième point, on va dire le point coopératif, on reviendra au point libre après. On va parler de cet aspect coopératif, donc « mobi », « coop », qu’est-ce que vous mettez derrière ce terme coopératif ? Bastien pour commencer.
 
<b>Bastien Sibille : </b>C’est très simple, nous sommes une coopérative. On est un type de coopérative spécifique, nous sommes une coopérative d’intérêt collectif, c’est-à-dire que peuvent entrer à notre capital, donc dans notre assemblée générale, à peu près l’ensemble des parties prenantes de notre aventure, c’est-à-dire les utilisateurs, les salariés, les financeurs, les collectivités territoriales qui s’appuient sur nous et un certain nombre de partenaires. Aujourd’hui, quand on convoque l’assemblée générale, on convoque à peu près 1200 personnes, ça veut dire qu’il y a 1200 personnes qui ont pris des parts sociales et qui regardent comment la coopérative est gérée, regardent les comptes, élisent le conseil de surveillance, le conseil de surveillance nomme le directoire. C’est un fonctionnement démocratique dans lequel le capital n’intervient pas puisque chaque personne qui participe à l’assemblée générale, quel que soit le volume de capital de la coopérative qui lui appartient, ne représente qu’une seule voix au moment du vote. C’est ça la grande différence entre une coopérative et une société de capitaux : quand la personne lève la main dans une société de capitaux, sa voix est pondérée par le capital qu’elle détient, c’est-à-dire que si elle détient 70 % du capital, elle va représenter 70 % des votes. Chez Mobicoop, quel que soit le niveau de capital, une main que se lève = une main qui se lève. C’est ça une coopérative.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Bénédicte, tu veux réagir ?
 
<b>Bénédicte Rozes : </b>Effectivement on a un format démocratique ancien, mais je voulais quand même préciser qu’on a également une spécificité, on est agréé « Entreprise solidaire d’utilité sociale » parce que, dans notre raison d’être, on a vraiment cette vocation à une mobilité partagée, une mobilité inclusive. Effectivement le format coopératif c’est une appropriation de l’outil Mobicoop par ses sociétaires, la coopérative appartient à 1200 personnes et il y a aussi cet aspect, en filigrane, d’entreprise solidaire d’utilité sociale.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. J’ai deux questions. Je vais commencer par la première qui est toute simple : une personne qui souhaite utiliser le service Mobicoop est-elle obligée de devenir sociétaire ? Ou pas ?
 
<b>Bénédicte Rozes : </b>Non. On a des utilisateurs qui ne sont absolument pas sociétaires. L’intérêt d’être sociétaire c’est de peser sur l’avenir de la coopérative, de participer à nos réflexions, d’enrichir ce collectif en fait.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Ma deuxième question. Vous venez de dire qu’il y a 1200 sociétaires au niveau de Mobicoop, est-ce que vous avez une idée du nombre de personnes qui utilisent Mobicoop, c’est-à-dire qui ne sont pas sociétaires ?
 
<b>Bastien Sibille : </b>C’est difficile, mais c’est un peu ce que j’allais dire pour répondre à la question d’avant. Mobicoop a à peu près 500 000 comptes utilisateurs. Sur ces 500 000 comptes utilisateurs, 50 % sont sur notre plateforme nationale, 50 % qui sont sur les plateformes régionales que nous opérons pour le compte de collectivités locales. On estime que sur cette enveloppe de 500 000 comptes il y en a à peu près 50 % qui sont actifs. C’est une estimation, c’est extrêmement difficile pour nous d’avoir des statistiques exactes pour un certain nombre de raisons qu’on détaillera peut-être par la suite. Ça répond aussi un peu à la question d’avant. Tu vois bien qu’entre 500 000 comptes dont 50 % sont actifs et 1200 sociétaires, la très vaste majorité de nos utilisateurs ne sont pas sociétaires, mais ils savent que s’ils veulent l’être un jour, les portes de la coopérative leur sont ouvertes.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Je vais relayer une question qui est sur le salon web. D’ailleurs je précise aux personnes qui nous écoutent en direct qu’elles peuvent venir sur le salon web de la radio, sur le site causecommuine.fm, bouton « chat », salon #libreavous. Nous diffusons, nous sommes le 22 février 2022 et il est presque 16 heures. Il y a une question sur les 500 000 personnes : est-ce que c’est en France ou à l’international ?, parce que ça paraît beaucoup pour les gens.
 
<b>Bastien Sibille : </b>Oui, c’est en France. Il y a un peu des velléités, notamment dans les pays limitrophes de la France, mais pour l’instant on n’a pas poussé ces feux-là parce qu’on voulait bien asseoir notre position et nos modes de fonctionnement en France. Donc là je parle de 500 000 comptes français. Attention, j’ai bien dit que j’estimais que 50 % étaient inactifs, c’est-à-dire que 500 000 comptes c’est à travers notre histoire, donc ça ne représente pas des utilisateurs actifs. Néanmoins, effectivement, c’est quand même assez important et ça montre deux choses. Ça montre que le covoiturage est devenu quelque chose de connu par les gens ; ils font appel à ce genre de service. La deuxième chose, le fait qu’il n’y ait pas de commission sur les trajets ça a compté effectivement pour tout un tas de gens et c’est pour ça qu’ils utilisent notre plateforme qui est, malgré son petit nombre d’utilisateurs, parce que la remarque « il semblerait bien que ça fait beaucoup d’utilisateurs », mais il faut voir qu’en face BlaBlaCar affiche, je crois, plus de 20 millions d’utilisateurs. Ce petit nombre, montre qu’il y a aussi des gens qui sont attachés à ces valeurs un peu historiques du covoiturage.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>En plus Bastien est magnifique parce qu’il anticipe les questions qui ont été posées sur le salon web alors qu’il n’y est pas, effectivement il y avait une question sur BlaBlaCar. Je vais laisser réagir Bénédicte, mais je vais d’abord relayer la question suivante parce que c’est dans le même type de questions de statistiques, je sais que ce n’est pas forcément évident de répondre : combien de trajets quotidiens, en moyenne, sont permis par la plateforme ? Peut-être que Bénédicte veut répondre ou Bastien, si vous savez l’information bien sûr.
 
<b>Bénédicte Rozes : </b>Je suis incapable de répondre à cette question.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Bastien, est-ce que tu as l’information ?
 
<b>Bastien Sibille : </b>Non, je peux essayer de la retrouver pendant le fil de l’émission, je vais regarder.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Bastien regardera et s’il retrouve on vous le dira dans le cours de l’émission, sinon on mettra ça sur le site web. Par contre je crois que Bénédicte voulait réagir.
 
<b>Bénédicte Rozes : </b>C’était par rapport au nombre d’utilisateurs et utilisatrices. C’est vrai que 50 000, comme disait Bastien, ça peut sembler beaucoup, mais c’est à pondérer puisqu’on est sur un territoire national, donc c’est vrai qu’il y a tout un enjeu d’aller chercher des covoitureurs sur les territoires pour que chacun puisse trouver un conducteur ou un passager qui colle à son déplacement.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Tout à fait. On vient de me faire remarquer que j’avais dit un gros juron en direct à la radio, c’est possible, effectivement !<br
Je vais poursuivre sur les questions en termes de nombre de personnes avant de changer un petit peu de sujet, ça peut être intéressant même si on va détailler après le modèle économique de Mobicoop. Dans Mobicoop combien êtes-vous de personnes salariées ou autres, quel que soit le statut ?
 
<b>Bénédicte Rozes : </b>Nous sommes 30 salariés sur divers métiers. On a évidemment des développeurs, mais on a aussi des chefs de projets, des animateurs et animatrices puisque certes l’outil numérique est nécessaire, mais ce n’est pas parce qu’on met une plateforme à disposition des personnes qu’elles vont se l’approprier spontanément et être à l’aise avec les outils. On a une équipe d’animateurs et animatrices qui vont justement accompagner, interroger la mobilité pour faire en sorte que des personnes qui, potentiellement, pourraient covoiturer passent à l’acte et deviennent des covoitureurs réguliers. Donc des animateurs et animatrices, des chefs de projet, des développeurs, un pôle mobilisation aussi puisque, Bastien l’a dit, il y a 1200 sociétaires chez Mobicoop, donc il faut dynamiser ce sociétariat, l’animer, créer des espaces de discussion, donc il y a un gros travail aussi à ce niveau-là.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>J’ai une question sur l’aspect coopératif : est-ce que vous êtes proches de structures comme Enercoop, l’énergie renouvelable qui est aussi sous forme coopérative ? TeleCoop dans le téléphone mobile ? Est-ce que vous êtes proches de ces structures-là ?
 
<b>Bénédicte Rozes : </b>Je vais laisser répondre Bastien.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Bastien Sibille.
 
<b>Bastien Sibille : </b>Oui, volontiers. Réponse positive. Oui, absolument, nous en sommes tout à fait proches. Je suis proche d’Enercoop puisque aujourd’hui j’en suis administrateur et membre du bureau, donc je suis toutes les semaines sur le dossier. Au-delà de ça et de façon, je crois, intéressante pour le secteur, on a créé une alliance de coopératives qui s’appelle l’alliance Les LICOORNES, avec deux « O », qui est un peu un jeu de mots et une façon de rappeler à ces grandes entreprises qu’on appelle des licornes parce qu’elles ont eu une valorisation d’un milliard de dollars, supérieure à un milliard de dollars, alors que leur apport social et écologique est très fortement questionnable. On a créé cette alliance Les LICOORNES pour montrer qu’on peut créer de la valeur sociale et écologique sous forme coopérative. Dans cette alliance il y a les gens que tu mentionnes, il y a TeleCoop, il y a Enercoop, mais il y a aussi CoopCircuits, Label Emmaüs, Railcoop, Commown qui fait de la distribution de Fairphone et autres matériels IT ; il y a Citiz qui fait de l’autopartage, Mobicoop sur la mobilité partagée et la Nef, banque éthique, donc nous sommes neuf coopératives dans cette alliance. Je crois que nous partageons des choses très fortes et, parmi celles-ci, la conscience de la radicalité dont on doit faire preuve aujourd’hui dans la transformation de l’économie par rapport aux enjeux de crise écologique, donc l’importance de mettre l’écologie, l’humain, avant la question financière et du résultat, même si, en tant que structures économiques, nos résultats sont équilibrés.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>J’espère que les candidats et candidates aux prochaines élections t’écouteront !<br/>
Avant de changer de sujet, j’ai une petite question sur le type de trajets proposés dans le covoiturage. Il y a les trajets sans doute réguliers, liés à l’emploi. Il y a les trajets occasionnels. Est-ce qu'il y a aussi des covoiturages qu’on appelle de crise, c’est-à-dire, par exemple, quand il y a des pannes ou des grèves, etc. Est-ce que ce sont les trois types de covoiturage qui existent, en gros, qui sont gérés sur la plateforme ou est-ce qu’il y en a d’autres ?
 
<b>Bénédicte Rozes : </b>Il y a ces trois covoiturages et, chez Mobicoop, on a développé aussi du covoiturage solidaire pour rendre service, pour accompagner une personne sur un entretien, une personne empêchée, une personne âgée, qui peuvent effectivement être des trajets qui peuvent se rattacher à du covoiturage ponctuel. Évidemment covoiturage domicile travail, covoiturage plus ponctuel. En fait covoiturage du quotidien, covoiturage ponctuel et effectivement covoiturage dans le cadre de grèves ou autre. C’est vrai qu’on se positionne chez Mobicoop, on n’est pas là pour concurrencer les transports en commun, on est là pour compléter. On a parlé de notre coopérative. On a quand même trois valeurs fondamentales chez Mobicoop : la question de la solidarité, la question de l’environnement, la question des communs. Effectivement la question environnementale est très prégnante. L’idée de Mobicoop ce n’est surtout pas de vider les transports en commun mais plutôt de compléter et de proposer une solution de déplacement on va dire vertueuse, en tout cas une mobilité partagée pour que l’impact de la voiture soit partagé entre plusieurs passagers. Et quand il y a du transport en commun, encourageons et remplissons nos transports en commun.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. J’ai une question sur le salon. On demande de rappeler le nom de l’alliance citée par Bastien, c’est bien LICOORNES avec deux « O » et avec « S » ou c’est un autre nom ?
 
<b>Bastien Sibille : </b>Les LICOORNES avec deux « O » comme il y a deux « o » dans coopérative.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>J’ai mis le site et on mettra toutes les références sur le site de l’émission libreavous.org.<br/>
On va bientôt faire une pause musicale mais, avant, je voudrais quand même poursuivre un petit peu sur ce sujet-là et, après la pause musicale, on abordera le sujet du logiciel libre. Récemment, si je me souviens bien c’est l’an dernier, Mobicoop et Rezo Pouce ont fusionnés. Toi, Bénédicte tu es de Rezo Pouce et Rezo Pouce, si j’ai bien compris, c’est plutôt l’auto-stop. J’aurais envie de vous poser la question : pourquoi cette fusion ?
 
<b>Bénédicte Rozes : </b>Pourquoi cette fusion ? Tout simplement parce que déjà Mobicoop et Rezo Pouce travaillaient ensemble depuis plusieurs années. On était en train de développer des services similaires. Mobicoop était en SCIC, Rezo Pouce en SCIC également, donc des sociétés coopératives d’intérêt collectif qui étaient en train de développer des solutions concurrentes, du coup c’était un peu incohérent. C’est-à-dire que continuer à travailler individuellement c’aurait peut-être été une bonne chose pour nos égos personnels, en tout cas en termes de coopérative et de projet collectif, il nous a semblé assez logique et évident de fusionner pour travailler en complémentarité. Rezo Pouce, historiquement, c’était de l’auto-stop, mais on avait aussi du covoiturage, on a aussi développé une solution de transport solidaire. Sans se parler on était de développer les mêmes projets, donc on s’est dit qu’il était temps d’être un peu intelligents et de jouer sur nos complémentarités pour être une coopérative plus forte et proposer une diversité de services à nos clients en fait.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>OK. On va faire une pause musicale. Bastien, est-ce que tu veux ajouter un mot sur ce sujet avant la pause musicale ?
 
<b>Bastien Sibille : </b>Bénédicte a bien parlé.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>OK. Super.<br/>
Nous allons faire une pause musicale. C’est encore une découverte du site auboutdufil.com. On va écouter un artiste russe qui s’appelle Serjo De Lua, qui a pour pseudonyme Keys of Moon. « Il compose essentiellement au piano et ses musiques sont toujours instrumentales. Sans texte, un artiste n’a plus que la musique pour transmettre un message ou communiquer une émotion à l’auditeur et à l’auditrice. Keys of Moon l’a bien compris : en jouant avec le rythme et l’intensité du morceau, il parvient à créer des musiques expressives et chargées d’émotions. Le morceau que nous allons écouter, qui s’appelle <em>The Epic Hero</em>, est une musique épique. Ce titre de musique cinématique pourrait tout à fait être la bande-son d’une scène épique au cinéma, au théâtre ou dans un jeu vidéo. À l’écoute, on se plonge volontiers dans une histoire d’héroïsme, de combats et de sacrifices. »<br/>
Nous allons donc écouter <em>The Epic Hero</em> par Keys of Moon. On se retrouve dans 2 minutes 30. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
 
<b>Pause musicale : </b><em>The Epic Hero</em> par Keys of Moon.
 
<b>Voix off : </b>Cause Commune, 93.1.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous venons d’écouter <em>The Epic Hero</em> par Keys of Moon, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By.
 
[Jingle]
 
==Deuxième partie==
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous sommes toujours en direct
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
[Virgule musicale]
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Après la pause musicale, nous entendrons la chronique de Luk sur le thème « météo opensaourciste », je me demande encore de quoi il va nous parler.<br/>
Pour la pause musicale, on va écouter un artiste qu’on a déjà écouté, Niwel, qui, toujours selon le magnifique site auboutdufil.com est « un jeune producteur français. Étudiant en médecine, il voit la musique comme un passe-temps, bien qu’il soit déjà à son âge un artiste et multi-instrumentiste accompli. De son vrai nom Joseph Shimoni, il joue de la musique depuis l’enfance. Après avoir appris le piano, le violon ou encore la mandoline, il s’est consacré à la musique assistée par ordinateur. Pour ce féru de musiques électroniques, ce passe-temps est vite devenu une véritable passion 1 Durant un voyage au Japon, Niwel a visité un village de montagne authentique de la préfecture de Gifu : Takayama. Dans son titre électro chill <em>Takayama</em>, Niwel rend hommage à un village qui l’a profondément marqué lors d’un voyage.
Nous allons écouter, comme vous l’avez deviné, <em>Takayama</em> par Niwel. . On se retrouve dans trois minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
 
<b>Pause musicale : </b><em>Takayama</em> par Niwel.
 
<b>Voix off : </b>Cause Commune, 93.1.
 
<b>Frédéric Couchet : </b>je suppose que vous avez voyagé, comme moi, avec ce titre.
 
[Jingle]
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons passer au sujet suivant.
 
[Virgule musicale]
 
==Chronique « La pituite de Luk » sur le thème « Météo opensourciste »==
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons poursuivre avec la chronique de Luk sur le thème « Météo opensourciste ». C’est une chronique enregistrée. On se retrouve dans moins de quatre minutes.
 
[Virgule sonore]
 
<b>Luk : </b>Avis de tempête en matière de fric et d’informatique. De gros amoncellements de thune ont été rapportés au-dessus du logiciel libre ces dernières semaines dans la presse. Est-ce que les développeurs vont bientôt chanter sous une pluie de pognon frais en faisant des claquettes ? Peut-être que les 200 000 euros de <em>bug bounty</em> que l’Europe finance pour sécuriser une poignée de logiciels libres suffiront ; <em>bug bounty</em> c'est de l'anglais et ça veut dire « cent balles et un mars » en bon français !<br/>
Probablement que les cinq millions de l’Open Source Security Foundation seront plus efficaces pour les métamorphoser en Gene Kelly. Le Gene Kelly de 1952, je précise, pas celui de 1997, soit un an après sa mort. Elle destine ce budget à deux projets très modestement appelés Alpha et Omega.
 
L'Alpha et l'Oméga, cette expression bien connue, symbolise normalement l'éternité du Christ. Jésus revient donc enfin et, contre toute attente, il est opensourciste. Il va faire de nouveaux miracles, comme boucher les trous de sécu des logiciels libres par imposition des mains, ou transformer des bugs en features. Quand on croit qu’il s’est élevé dans le ciel il y a 2 022 ans, ce n’est pas si absurde d’imaginer qu’il puisse redescendre parmi nous par l’informatique en nuage.
 
J'entends déjà les jérémiades des développeurs, petits ou moins petits, qui veulent gâcher ce bel esprit festif : financer la sécurité ne leur permettra toujours pas de vivre décemment de leur boulot. Quel cruel manque d'ambition ! Il faut savoir s'adapter, si le marché veut de la sécurité, il faut lui en vendre. Donc à toi, développeur libriste, voici mes conseils d’expert en <em>open marketing digital</em>.<br/>
Premier conseil : Soigne tes bugs, bordel ! Excuse mon emportement mais si on veut toucher de belles primes, il faut pouvoir fournir de beaux bugs retords et dangereux qui offriront un délicieux sentiment de soulagement à tes clients. Il te faudra une seconde identité, un truc du genre Satoshi Cacapopo, pour jouer sur les deux tableaux, bien évidemment.<br/>
Second conseil, maximise le pouvoir de nuisance de ton logiciel dès sa conception. Les humains oublient volontiers un risque lointain quand on leur refile de la facilité et du clinquant. Tu dois considérer que les fonctionnalités, si pertinentes de ton projet chéri, toutes tes optimisations aux petits oignons, ne sont que des produits d'appel pour placer des bugs qui, eux, rapporteront. Le bug est créateur de valeur, c’est ton <em>core business</em>.<br/>
Troisième conseil : l’important est de savoir menacer sans paraître hostile. Le développeur de faker.js et colors.js qui a saboté ses logiciels récemment est un contre-exemple à ne pas suivre. Faire tout péter chez ses utilisateurs c’est bien. Oui, ça les motive à mettre la main à la poche mais ça doit avoir l’air d’un accident. La communication est la clé et il faut trouver le juste équilibre, savoir prendre l’air contrit sans néanmoins s’aplatir, s’excuser en restant digne et passer beaucoup de temps à communiquer sur le fait qu’on fait des nuits courtes en buvant beaucoup de café pour sauver le monde.<br/>
Mais peut-être que mes conseils sont déjà dépassés à cause des 30 millions de France Relance. Peut-être que la volonté française de pousser une stratégie logiciel libre pour les collectivités européennes irriguera prochainement les développements libres. Si ça se trouve, les développeurs d’openCimetière, OpenDébitDeBoisson ou d’OpenHygiène feront bientôt des keynotes qui déchaîneront la presse informatique, reléguant les costards-cravates des applications corporate au rang de pathétiques dinosaures.<br/>
 
À l’inverse, il y a des menaces de sécheresse supplémentaire en Californie. Après l’eau qui refuse de tomber du ciel, il semblerait que les averses de dollars connaissent quelques très légers ralentissements. Facebook a ainsi rapporté que l’App Tracking Transparency d’Apple lui aura fait perdre 10 milliards en un an. La météo californienne est également menacée par l’anticyclone RGPD qui se renforce dans le ciel européen et qui pousse Google Analytics hors de son territoire. Quand on constate qu’un nombre grandissant de sites de presse imposent le paiement d’abonnement à qui refuse de bouffer leurs cookies publicitaires, peut-être que le climat Californien sera affecté par cette perte de capacité de surveillance des Européens.
 
Enfin bon ! Je dis ça je dis rien. On connaît la fiabilité des prédictions météo ! Et en plus, il n’y a plus de saison mes braves gens.
 
[Virgule sonore]
 
<b>Frédéric Couchet : </b>C’était la chronique enregistrée de Luk qui est quand même très fort. Il est capable d’enregistrer une chronique, de nous parler de Google Analytics alorsqu’on vient juste d’en parler. En plus il est un petit peu sadique parce qu’en nous parlant de Jésus revient, il vient de me mettre en tête le « Jésus reviens, Jé-ésus reviens. Jésus reviens parmi les tiens » de Patrick Bouchitey dans le film <em>La vie est un long fleuve tranquille</em>, je ne sais plus dans quelles années. Apparemment ma collègue qui est en régie, a eu la même idée que moi. On aurait pu anticiper et passer <em>Jésus reviens</em>, mais on ne va pas le faire.<br/>
En tout cas c’était la chronique de Luk sur le thème « Météo opensourciste ». Vous retrouverez toutes les références dont il a parlé sur le site libreavous.org<br/>
Nous approchons de la fin de l’émission. Nous allons terminer par quelques annonces.
 
[Virgule musicale]
 
==Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l'April et le monde du Libre==
 
<b>Frédéric Couchet : </b>Oui Isabella, nous avons les mèmes goûts musicaux, nous

Dernière version du 1 mars 2022 à 18:56


Publié ici - Mars 2022