« Utiliser OpenStreetMap dans/pour l'Économie Sociale et Solidaire » : différence entre les versions
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<b>Vincent Bergeot : </b>Merci Jean-Christophe. J’ai posé quelques liens, j’a fait mon Jean-Christophe dans la discussion publique en posant des liens.<br/> | |||
Je propose que l’on passe à la suite avec Christophe Biez de Latitude-Cartagène. Je prendrai un temps très court en fin pour qu’il nous reste du temps après pour pouvoir échanger, on débordera sans doute un peu de 15 heures, comme on l’avait annoncé, mais pas trop non plus.<br/> | |||
Christophe je propose de te mettre la présentation et de te partager. Je te définis comme présentateur. Vous devez maintenant voir la présentation. À toi. | |||
<b> | <b>Christophe Biez : </b>Par fait. Merci Vincent. Bonjour à tous.<br/> | ||
Je suis Christophe de Latitude-Cartagène. Aujourd’hui l’idée, c’est de faire un retour d’expérience sur comment nous ici, à Latitude-Cartagène, on peut utiliser les données d’OpenStreetMap.<br/> | |||
Latitude-Cartagène est une SCOP. À ce titre-là on appartient, de facto, à l’Économie Sociale et Solidaire, même si je trouve qu’on est une branche un peu particulière, à l’intérieur de ça, on fait quand même partie de l’ESS. | |||
Tout à l’heure Aurore expliquait que ça représente beaucoup d’emplois. Ce qu’il faut savoir c’est que les SCOP, à l’intérieur de ce milieu-là, on n’est pas tout à fait à 70 000 emplois, un tout petit peu moins, en tous les cas c’est un des objectifs que la ???SCOP se fixe. On est environ une trentaine de salariés. Donc, par rapport à notre secteur d’activité, ça commence à devenir un petit peu important et, à l’intérieur de ces 30 salariés, à ce jour on est 16 associés.<br/> | |||
C’est une entreprise qui est spécialisée en cartographie et on a plus de 30 ans, ce qui veut dire qu’on a vécu pas mal de révolutions technologiques et qu’on les a plus ou moins, enfin on a bien réussi à les absorber.<br/> | |||
On est spécialisé dans les domaines du transport, dans le tourisme et dans la cartographie institutionnelle. Notre développement actuel est plutôt basé sur la mobilité, notamment sur la question de l’information aux voyageurs. | |||
Quelques grandes étapes de l’entreprise sous l’angle technique et l’angle de la data.<br/> | |||
J’aime à dire que certains de mes collègues, ici à Latitude, ont commencé leur carrière en faisant des cartes à la main. Donc la première révolution technique majeure, fondamentale, c’est l’arrivée de l’informatique, c’est l’arrivée de l’ordinateur, on va dire l’informatisation à grande échelle et ça date des années 80, pour nous.<br/> | |||
La deuxième c’est justement l’arrivée progressive de la donnée par l’intermédiaire des SIG, fin des années 90 pour nous ici à Latitude-Cartagène.<br/> | |||
On est la première entreprise, en France, à réaliser une grande carte qui était pour le Parc national de la Vanoise, avec les données IGN, sans que ça soit l’IGN qui produise directement la carte. C’était une coédition avec le Parc national et à l’époque c’était Latitude.<br/> | |||
Et puis une révolution qui a, comment dire, une évolution qui a commencé fin des années 2000, début des années 2010, c’est ce que j’appelle l’<em>open data</em> au sens large du terme. Et j’aime à dire que, pour moi, OSM fait un peu partie de cette transition d’un point de vue de Latitude et de l’évolution, en tous les cas, des produits qu’on a pu proposer après à nos clients.<br/> | |||
Par rapport à OSM, l’histoire de la Latitude-Cartagène et d’OSM débute justement à l’entrée des années 2010. En 2012, je me souviens que c’est moi qui fais les premiers tests pour faire un petit carto-guide à un moment donné du côté de Thonon. On s’interrogeait, on entendait de plus en plus parler de cette donnée. Moi j’ai été formé à l’IGN, j’étais quand même pas forcément pro, en tous les cas je maîtrisais bien les données de l’IGN, j’ai dit qu’est-ce que c’est que ça, comment ça marche, c’est quoi la qualité des données, l’homogénéité ? Ce sont des questions qu’on s’est clairement posées pendant quelque temps. On revenait de temps en temps, on faisait des tests.<br/> | |||
Et en 2014 on a réellement commencé à se dire il y a vraiment un truc à faire. Il faut savoir qu’OSM, par rapport à ce qu’on avait en tant qu’entreprise privée, nous donnait la possibilité d’avoir accès à des données relativement homogènes, relativement qualitatives, mais surtout territoire français. Chose qu’auparavant, en fait, on n’avait pas, ou via l’acquisition de la donnée, qui, en fonction du type de nos clients pouvait être compliqué. Si on avait des clients de la sphère publique, pas de problème, c’était le RGE [Reconnu Garant de l'Environnement], ça fonctionnait, mais si on était dans la sphère privée, eh bien là c’était très problématique.<br/> | |||
Donc on a commencé, on a continué à travailler et on a progressivement mis en place des chaînes de traitement. Qu’est-ce que c’est une chaîne de traitement ? C’est une chaîne de récupération de données, une chaîne de formalisation cartographique qui amène, en fait, à une optimisation du temps sur un certain nombre de process qui étaient avant très manuels et qui deviennent de plus en plus automatisés.<br/> | |||
Naturellement des questions sont apparues après, c’est-à-dire qu’on se sert maintenant de cette donnée et comment Latitude-Cartagène peut contribuer à l’écosystème d’OpenStreetMap.<br/> | |||
La réponse qui a été faite en 2017 – j’ai noté 2017, mais c’est peut-être 2016 ou 2018, je ne sais plus trop – c’est devenir, a minima, sponsor d’OpenStreetMap France et la réflexion est toujours en cours. Il y a des contributeurs au sein de Latitude-Cartagène mais ce n’est pas forcément une politique affirmée, en tous les cas. | |||
Je voulais vous faire voir quelques exemples un peu d’industrialisation de nos produits et justement ce que la base de données d’OSM nous a permis de concevoir en termes de produits.<br/> | |||
Le premier exemple ce sont les totems Vélib. Vélib c’est le système de vélos en partage sur Paris. Lors du changement de contrat, de mémoire en 2017, où c’est passé à Smovengo, Smovengo nous a contactés pour produire en fait la partie print qui est au dos de ces totems-là. On a construit une solution basée en partie sur les données OpenStreetMap, sur la ??? également, pour produire 1400 plans, 1400 plans qu’on appelle géo-centrés, géo-orientés. Autrement dit, pour vous, ça veut dire 1400 fichiers uniques. Donc 1400 fichiers uniques, il était hors de question qu’on les produise de manière artisanale, de manière très classique, donc c’est un process qui a été très fortement industrialisé. Si je prends cet exemple-là c’est que je pense, pour moi, que ce projet marque, en fait, une rupture ici à Latitude-Cartagène sur le fait qu’on ait été capables de le faire. On a perdu un peu d’argent, mais, en tous les cas les cas, on a franchi un cap non négligeable grâce à ce projet-là, naturellement grâce aux données d’OpenStreetMap et à leur qualité qui était très homogène sur l’agglomération parisienne.<br/> | |||
Toujours sur l’agglomération parisienne des choses que l’on fait très régulièrement, qui sont actuellement complètement intégrées à nos chaînes de production, je vous ai mis deux exemples, c’est ce qu’on appelle des plans de bassin, ce sont des plans de représentation des transports en commun plutôt en banlieue, en l’occurrence sur la banlieue parisienne, et des plans de lignes. Ce sont des documents dont on va dire la base, en tous les cas le fond de carte, est basé sur de la donnée OpenStreetMap.<br/> | |||
Tout n’est pas rose, quand même, dans le monde d’OpenStreetMap, sur la qualité, etc.<br/> | |||
Là je vous fais voir un document dans un autre univers, on est plutôt dans le domaine du tourisme. On est du côté du département du Doubs, du côté du Loue-Lison. Lorsqu’on a réalisé ce carto-guide, en 2016, eh bien je peux vous assurer qu’on a beaucoup transpiré. On a orienté, à un moment donné, la solution en faisant la promotion d’OpenStreetMap, notamment en expliquant à notre client qui était un office de tourisme qu’il n’aurait pas de droits à payer, de droits de licence, que je ne dise pas de bêtises. Donc les licences étaient libres, on était en licence ODBL, donc, naturellement, il n’y aurait pas de droit par exemple à l’IGN pour la publication de ce document-là. L’office du tourisme a été séduit puisque ça permettait de rentrer dans son budget. Par contre, en fait, sur ce type de plan-là, sur ce territoire-là, on a connu beaucoup de désagréments par rapport à la qualité, notamment sur la question des lieux dits. Tout à l’heure Aurore évoquait la question des problèmes de majuscules, de minuscules, bref ! Là, en tous les cas sur la qualité qui était recherchée, ça a été assez compliqué puisqu’il a fallu quand même remettre en qualité pas mal la donnée, chose qui n’avait pas été forcément prévue au départ.<br/> | |||
Donc deux types de projets que l’on a pu faire ici à Latitude. | |||
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<b>Vincent Bergeot : </b>Super. Merci beaucoup Christophe |
Version du 4 août 2021 à 08:23
[Catégorie:Transcriptions]]
Titre : Utiliser OpenStreetMap dans/pour l'Économie Sociale et Solidaire
Intervenant·e·s : Aurore Médieu - Jean-Christophe Becquet - Christophe Biez - Vincent Bergeot - Stéphane Branquart
Lieu : Les rencontres numériques Pays Basque
Date : 2 juillet 2021
Durée : 1 h 6 min 50
Licence de la transcription : Verbatim
Illustration :
NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.
Transcription
Vincent Bergeot : Bonjour. Bonjour à tous. C’est parti pour une heure environ dans le cadre des rencontres numériques Pays basques autour de la question d’un numérique responsable et éthique, la question d’utiliser OpenStreetMap dans et pour l’Économie Sociale et Solidaire. On va avoir trois intervenants en particulier qui se présenteront mieux par la suite, mais rapidement, Aurore Médieu, de la structure ESS France, Jean-Christophe Becquet de l’April et d’Apitux, Christophe Biez de Latitude Cartagène et puis un quatrième qui fait aussi office d’animateur de ce webinaire, Vincent Bergeot, avec plusieurs casquettes, je les précise à chaque fois, Teritorio, une casquette professionnelle sur tout ce qui est OpenStreetMap, OpenStreetMap France dont je suis également membre et l’UMR Passages, qui est une unité mixte, de recherche en tant que chercheur associé.
De quoi va-ton parler cet après-midi ? Justement d’OpenStreetMap et de l’Économie Sociale et Solidaire. Je fais une brève introduction à la question en mettant quelques définitions, je ne vais pas les pousser très loin, mais juste déjà rappeler qu’OpenStreetMap, souvent qualifié de Wikipédia de la carte, c’est avant tout une base de données cartographiques, une base de données cartographiques qui est internationale, qui est ouverte, avec une licence définissant l’usage que l’on peut faire et une base de données qui est collaborative. On peut, voire on doit, contribuer à OpenStreetMap quand on le souhaite, si on le veut, en fonction de ses compétences, de ses envies, de ses centres d’intérêt.
Aujourd’hui c’est plus de six millions de comptes qui ont été ouverts, mais en réalité c’est 1,5 million de contributeurs. C’est plus de 8 milliards de données, ça représente tous les jours deux millions de données qui sont modifiées, en continu, tout le temps, tous les jours, 24 heures sur 24, partout dans le monde.
C’est très rapide, on pourra y revenir, bien sûr, s’il y a des questions après.
L’autre mot, qui était le mot important pour la présentation, c’est la question de l’Économie Sociale et Solidaire, ESS. De quoi parle-t-on quand on parle d’ESS ? On parle de structures qui sont des structures qui sont définies comme appartenant à l’ESS à partir du moment où elles ont de ces statuts : association, coopérative, mutuelle, fondation et des sociétés commerciales de l’ESS. Qu’est-ce que c’est ? C’est un emploi sur huit du secteur privé aujourd’hui en France. C’est un secteur qui a aussi été renforcé par la loi dite loi Hamon de 2014, loi dite ESS de 2014, avec deux extraits que je pose là qui est « un mode d’entreprendre et de développement économique adapté à tous les domaines de l’activité humaine ». Ce n’est pas réservé au social, ce n’est pas réservé que à la solidarité, c’est une Économie Sociale et Solidaire. Avec un deuxième point qui est posé dans la loi qui parle d’« un but poursuivi qui est autre que le seul partage des bénéfices », donc qui pose aussi un certain nombre de cadres par rapport à la question du modèle économique de la structure.
Si je parle un peu d’OpenStreetMap et j’ai volontairement sorti le Wikipédia de la cartographie parce que, dans Wikipédia, la question des activités économiques n’est pas forcément toujours très bien vue, là où, dans OpenStreetMap, la question des activités économiques est assez courante, voire très courante, puisque dès le départ, en 2004, c’est aussi un entrepreneur qui lance OpenStreetMap, qui a deux casquettes. Il a une casquette qui est l’intérêt à partager de la donnée cartographique, mais il a aussi une activité d’entrepreneur et, de fait, il y a des activités économiques autour d’OpenStreetMap depuis le début et ça continue, c’est encore le cas aujourd’hui.
J’ai mis volontairement trois exemples dans un premier temps, plutôt franco-français, avec, en particulier depuis quelques mois, un enjeu très important pour l’IGN, Christophe nous en parlera peut-être aussi tout à l’heure avec toutes les questions que ça pose, avec énormément de questionnements de la part de l’IGN sur la question des géo-communs avec, du coup, un regard particulier sur ce qui se passe autour d’OpenStreetMap.
La SNCF qui depuis de nombreuses années utilise OpenStreetMap, contribue, participe à OpenStreetMap, est présente aussi au niveau des différentes rencontres annuelles qu’on peut avoir.
Enfin je montrais un exemple, vous aurez des liens si vous les voulez en téléchargeant la présentation, une liste sur le wiki, une liste ouverte de services commerciaux basés sur OpenStreetMap, qui est transparente et qui est mise en place sur le wiki.
Quand on parle des activités économiques, ce ne sont pas juste celles que je viens de vous citer. En fait on parle aussi d’Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, MACBox, ESRI et j’en passe quelques centaines, qui sont toutes des structures – là on a quasiment ce que l’on appelle habituellement les GAFAM – on a quasiment l’ensemble de ces entreprises qui sont toutes des utilisatrices et/ou des contributrices à OpenStreetMap.
Utilisatrices d’OpenStreetMap, ça veut dire quoi ? Ça veut dire les fonds de cartes et les fonds de plans d’Apple ; ça veut dire que le fond de carte de géolocalisation sur l’application Facebook est un fond de carte qui utilise aussi les données OpenStreetMap ; Pokémon Go utilise de la donnée OpenStreetMap ; le Flight Simulator qui est sorti aussi récemment, avec quelques anecdotes qui ont fait sourire la communauté, vous chercherez pour les trouver, utilise aussi de la donnée OpenStreetMap. C’est aussi du routage pour se déplacer d’un point A à un point B dans des pays, par exemple, où il y a peu de données cartographiques ; c’est aussi de la 3D et ainsi de suite. Tout ça ce sont des utilisations d’OpenStreetMap diverses et variées.
Stéphane : Vincent tu m’avais dit qu’à ce stade-là, une petite intervention pour faire le lien avec ce qu’on a vu ce matin. Là on parle de grandes réutilisations par des sociétés et d’adressage de grands besoins. Ce matin on a présenté les témoignages de ce que font de plus en plus des collectivités territoriales et des offices de tourisme. Derrière les offices de tourisme il y a une activité économique de promotion du territoire ou d’information des visiteurs qui se fait de plus en plus autour de la donnée OpenStreetMap, donc les activités économiques sont vraiment multiples.
Vincent Bergeot : Merci Stéphane. J’avais volontairement sorti la question des collectivités publiques pour ça.
Et enfin ce sont aussi des entreprises qui sont contributrices à OpenStreetMap. Quand je parle de contributrices, Apple, aujourd’hui, c’est plus de 700 contributeurs à OpenStreetMap. L’équipe Facebook ce sont des dizaines de personnes qui travaillent à la fois sur des développements de logiciels, sur des logiciels de détection de vandalisme dans OpenStreetMap et ainsi de suite. Elles contribuent toutes à cette base qui est une base dont la licence garantit aussi la réutilisation, le partage et le nécessaire commun numérique que c’est.
Les précédentes ce n’était pas tout à fait de l’Économie Sociale et Solidaire, soyons clairs.
C’est aujourd’hui l’occasion de discuter, de présenter, de partager des exemples de projets qui se font dans ce champ de l’Économie Sociale et Solidaire avec plusieurs mots clés qui vont sans doute revenir ou que j’ai eu envie de montrer aussi, le fait que ça va permettre de collaborer, de travailler à plusieurs, le fait que ça va permettre de partager, de mettre en partage des données.
On a souvent aussi, selon les échelles, le fait d’avoir des données homogènes qui vont permettre de réfléchir à l’échelle d’un territoire national voire international.
Je l’ai quand même mis, réduire aussi sa dépendance aux GAFAM, à tous ces services qui ont effectivement des particularités d’usage de nos données personnelles en particulier qui sont vraiment questionnantes.
Et, non anodin, le fait que ces données sont effectivement gratuites. Récupérer les données est gratuit. Après il y a, comme je le disais, un ensemble d’usages qui en est fait.
Je vais m’arrêter là pour cette première partie et je vais demander à Aurore de prendre la main, de sortir son micro coupé, je pourrai te partager, quand tu le souhaites, l’écran. Tu vas devenir présentatrice. Je sors la présentation. Aurore à toi, je te laisse te présenter. On a dit cinq/dix minutes par intervenant. À toi.
10’ 15
Aurore Médieu : Merci beaucoup Vincent pour l’invitation aujourd’hui.
Je suis responsable de la transition écologique et de l’économie circulaire chez ESS France, la ??? française de l’Économie Sociale et Solidaire, donc aujourd’hui OSS et ESS, ça a du sens qu’on puisse être présents.
Peut-être vous faire voir cette infographie. Je vais essayer de grossir, mais pour vous rendre compte qu’en France l’ESS représente 164 000 entreprises qui elles-mêmes comptent plus de 222 000 établissements et ça représente un petit plus de 10 % de l’emploi en France.
Il y a une autre infographie que je voulais vous faire voir sur l’ESS, au-delà de ce qu’a rappelé Vincent, et je n’y reviens pas, sur comment c’est défini par la loi et les statuts, c’est que l’ESS est présente est présente dans tous les secteurs d’activité qui vous entourent, en l’occurrence tous les secteurs d’activité économique. Donc on n’est pas sur des projets qui sont, on va dire, à la marge de la société, sur des choses qui n’impacteraient pas l’économie et votre quotidien.
Je vais juste couper deux secondes le partage pour pouvoir vous voir en vidéo parce que c’est plus sympa avant de vous faire voir ce que fait Carteco parce que je n’ai qu’un seul écran aujourd’hui.
Pourquoi on intervient aujourd’hui sur le lien entre ESS et OpenStreetMap, c’est parce que, depuis trois ans, on travaille au projet qui s’appelle maintenant Carteco. D’où ça vient à l’origine ? Un certain nombre de collectivités ou de structures de type directions régionales de l’ADM(???) régions, donc des institutions publiques principalement mais pas que, aussi, de plus en plus, des entreprises, je pense à Enedis par exemple ou à d’autres qui veulent faire des achats responsables, sollicitent les chambres régionales de l’ESS que l’on anime au niveau national, puisque la loi ESS fixe aussi que chaque région doit compter une chambre régionale de l’ESS. Donc elles leur demandent notamment de réaliser des actions de sourcing de structures de l’ESS qui œuvrent sur la transition écologique et, en particulier, historiquement plutôt sur l’économie circulaire. Un exemple très concret : une collectivité qui veut déployer une politique de réemploi sur son territoire a envie d’identifier une structure de type recyclerie avec laquelle elle pourrait travailler et, en l’occurrence, un certain nombre d’acteurs de l’économie circulaire et de la transition écologique sont issus de l’ESS.
Il y a trois ans, quand on s’est posé cette question, on s’est dit on va partir des données de l’observatoire puisque ESS France porte l’observatoire national de l’ESS, c’est une des missions régaliennes qui lui est confiée. Donc on a regardé dans les listes et ce dont on s’est aperçu c’est que le seul niveau des qualifications de ces données c’était le code NAF, donc autant vous dire pas grand-chose pour pouvoir identifier les activités de manière fine. En plus, la plupart des activités sur la transition écologique étaient enregistrées sans « Autres », donc ça n’aidait pas trop pour aller les identifier.
Résultat, on s’est dit il va falloir qu’on se mette à travailler à la qualification de ces données, mais, d’un autre côté, on faisait le constat qu’il y a quand même un certain nombre de cartes et d’outils, d’annuaires de cartographies qui voient le jour un petit partout et que ces éléments-là, en fait, sont souvent financés par de l’argent public, sans forcément se parler, se mettre en commun – on ne peut pas empêcher des gens et des institutions de faire des cartes puisque chacun a envie de faire ses cartes sur son périmètre et, d’une institution à l’autre, on varie un peu de périmètre, donc on a bien conscience de ça. Seulement on s’est dit nous, si on veut porter un projet d’envergure comme celui-ci, il faut qu’on réfléchisse en amont le modèle économique de notre outil, notamment sur la question animation et l’actualisation des données. C’est une chose, par exemple, de faire une mission de stage de six mois pour faire une liste de 500 structures en Nouvelle-Aquitaine, puisqu’on est sur la Nouvelle-Aquitaine, avec Teritorio, c’en est une autre ensuite de la faire vivre et de pouvoir garantir que les données vont être mises à jour et actualisées régulièrement. J’ai envie de vous dire, après deux ans de travail, que le jour où on publie la carte, si on ne pense pas son actualisation, la carte est déjà avec des données obsolètes. On a pu l’observer par ailleurs dans le cadre de notre projet.
Donc dès le début on s’est posé la question de comment on fait pour pouvoir permettre une actualisation forte des données sur le modèle, pardon Vincent, de Google Maps, puisque finalement on voit bien quand même sa capacité à avoir des données qui sont mises à jour régulièrement par les entreprises elles-mêmes ou les citoyens. Pour nous la réponse a été OpenStreetMap. Je m’explique.
La carte aujourd’hui, je vais peut-être la partager parce que ça sera plus clair pour vous, est stockée sur l’outil qu’on appelle Gogocarto qui est un logiciel en accès libre. C’est important aussi pour nous, côté ESS, d’avoir cet engagement sur le logiciel libre.
Vincent Bergeot : Il n’y a que moi qui ne vois pas la carte. Pardon. Ah voilà. Il faut juste lui laisser le temps d’arriver. Ça charge.
Aurore Médieu : Vincent, tu peux peut-être partager, si tu veux bien, le lien carteco-ess.org dans le chat, puis les personnes peuvent se rendre sur la carte directement pour qu’on ne perde pas trop de temps pour les interventions des autres personnes.
Vincent Bergeot : On la voit.
Aurore Médieu : C’est bon ?
Vous voyez que c’est une donnée qui est quand même très qualifiée. Je ne vais pas rentrer dans tout le détail de Carteco parce que je n’ai que dix minutes, vous pourrez poser des questions après, je préfère vraiment faire le lien avec OSM puisque c’est l’objet de la rencontre d’aujourd’hui.
Pour pouvoir avoir ces données qui soient actualisées – je continue le fil que j’avais commencé – on s’est dit, finalement il faut qu’on puisse utiliser une base de données partagée, ouverte, entre toutes les structures qui pourraient être concernées par ce périmètre économie circulaire et ESS et qui viendraient co-alimenter une même donnée. L’idée a été de développer un outil de transfert de données entre, d’un côté, OpenStreetMap et Gogocarto, Gogocarto dans son ensemble. C’est-à-dire que ce module, qu’on a développé grâce notamment à un développeur de Gogocarto, Sebastian Castro, permet de faire pour Carteco mais aussi pour Transiscope qui sont les cartes qui ont été faites sur Gogocarto. Ça n’est pas pour rien d’ailleurs qu’on a choisi Gogocarto, c’est parce que dans l’anticipation de l’animation de ces communautés qui pourraient disposer de données qui recouperaient notre domaine économie circulaire et ESS, on avait identifié Gogocarto comme étant un point de ralliement de communautés un peu similaires. Le Transiscope et Près De Chez Nous en sont des exemples assez flagrants. Vous avez aussi récemment OSM Ouest-France qui utilise cet outil pour faire sa carte.
Aujourd’hui notre enjeu technologique, notamment le lien avec OSM, le versement des données de Carteco vers OSM ou d’OSM vers Carteco est possible. On ne le fait pas systématiquement pour le moment de carte de Carteco vers OSM parce que, vous qui connaissez bien OSM, il y a vrai besoin de contrôle de la qualité de la donnée, le nom, le format de nom avec des majuscules au bon endroit, des accents au bon endroit, le fait de pouvoir bien géolocaliser, vérifier le numéro de voie, le nom de la voie, et puis des détails qui sont importants dans le cadre d’OSM, par exemple mettre un format de numéro de téléphone en mode international pour pouvoir respecter aussi les normes de saisie d’OSM.
Évidemment quand on utilise, c’est à nous, utilisateurs, de nous plier aux règles de l’outil qu’on va utiliser. C’est très important, je le rappelle, parce que ça fait vraiment partie de toute la formation qu’on peut transmettre avec Vincent auprès des CRESS, des Chambres régionales de l’ESS, qui vont être les modératrices de cette donnée ; en back-office de l’outil, chaque CRESS a la modération, pour sa région, des données qui sont enregistrées. Vous voyez, par exemple tous les points bleus sont les points qui ont été validés. Ici vous avez un point gris, ça veut dire une structure qui s’est référencée, par exemple elle s’est référencée, je ne suis pas en mode admin. donc je ne sais pas la date, mais elle s’est référencée la dernière semaine ???, elle est venue se référencer et il y a eu il me semble que c’est, je ne sais pas encore si c’est ???, Centre-Val de Loire ou Nouvelle-Aquitaine, c’est un peu entre tout ça. Ce sera la charge ??? de venir valider sa donnée de structure et de pouvoir dire « oui, cette structure relève bien de l’ESS, je la connais dans mon territoire » et valider l’activité qu’elle a référencée.
Maintenant, l’étape qu’il nous reste à faire. c’est finalement de convaincre toute la communauté Gogocarto c’est d’utiliser ce module-là qui permet le lien avec OpenStreetMap.
L’enjeu est double : quand on partage de la donnée sur OpenStreetMap depuis Carteco c’est de pouvoir alimenter OpenStreetMap avec tous les points qu’on va référencer pour qu’ils se trouvent dans la base de données OpenStreetMap, mais ce n’est pas juste parce qu’on voulait contribuer au commun et qu’on est gentils, qu’on voulait faire ce module, c’est aussi pour notre propre intérêt. Demain, si vous avez une recyclerie qui est stockée sur Carteco et sur la carte de Zéro Ouest France, par exemple, que vous êtes un utilisateur et que vous venez mettre à jour les horaires d’ouverture de la recyclerie sur la carte de Zéro Ouest-France, de fait parce que les deux cartes seraient connectées au module de transfert de données vers OpenStreetMap, la CRESS concernée de notre côté chez Carteco recevrait une notification de mise à jour et serait en mesure de valider ou non la mise à jour des horaires d’ouverture qui a été faite sur la carte de Zéro Ouest-France en même temps sur Carteco. Ce qui permet d’optimiser la mise à jour et l’actualisation des données entre les cartes et d’éviter de sur-solliciter les structures pour qu’elles ne répondent pas à 40 enquêtes par an sur les mêmes données.
C’était vraiment ça notre objectif par rapport à OpenStreetMap.
Je laisse la main Vincent.
Vincent Bergeot : Peut-être que l’on peut, avant d’enchaîner, profiter effectivement de questions ou de réactions. L’idée c’était aussi qu’il puisse y avoir des réactions de tout un chacun, donc là, en particulier sur ce premier point autour de Carteco, il y a des choses qui s’échangent dans la discussion. Si certains souhaitent ajouter quelque chose, poser des questions, prenons ce temps-là. Si personne, on enchaînera, vu les gens présents ici, on peut parler pendant à peu près 48 heures non stop.
Aurore Médieu : Peut-être, en attendant les questions, juste une communication qui a été échangée dans le chat. Sur le déploiement on avait commencé ce projet avec sept régions pilotes, que sont la Nouvelle-Aquitaine, l’Île-de-France, Les Pyas de la Loire, Auvergne-Rhône-Alpes, Mayotte, Corse et Guyane. Ce qui est très intéressant aussi c’est qu’on a embarqué des territoires ultramarins dans le projet, que, du coup, on est en démarrage de la phase d’intégration numéro 2 avec prévues Bretagne, Franche-Comté, Occitanie, Hauts-de-France, Centre-Val de Loire, Paca. Vous voyez qu’on va assez vite sur le déploiement sur les autres territoires. Ces sept premières CRESS pilotes ont effectivement reçu plusieurs formations de trois heures chacune par Vincent sur la contribution à OSM en particulier et ensuite sur l’usage de Gogocarto et du back-office de Gogocarto. L’idée c’est bien que les CRESS reçoivent une formation sinon, vous comprenez bien, le point que je disais sur la qualité des données qui doivent être ensuite transférées sur OSM ne serait pas garantie.
Vincent Bergeot : Merci Yohan. J’ai coupé effectivement. Il y avait peut-être un écho, désolé.
Romain, décidément, en Gand Est, pas de chance. Ça viendra. Il faut aller les convaincre.
Aurore Médieu : côté Grand Est, donc ça viendra.
Vincent Bergeot : Du coup, est-ce que par rapport à ce déploiment attendu ou sur d’autres points il y a des questions plus spécifiques à poser à Aurore ?
Il y avait un lien qui allait se faire après avec Jean-Christophe, en particulier sur deux niveaux que sont la question des licences qui sont utilisées. Jean-Christophe en te laissant aussi la main pour te présenter et ton lien, évidemment à OpenStreetMap, et puis la question, là aussi, des enjeux autour des licences, que ça soit au niveau des logiciels peut-être aussi autour des données.
24’ 24
Christophe Becquet : Merci beaucoup Vincent.
Jean-Christophe Becquet. Je m’exprime avec deux casquettes.
D’abord je suis vice-président de l’association April. L’April c’est l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Souvent, pour expliquer, je dis que l’April c’est un Greenpeace du logiciel libre, c’est-à-dire que, depuis pal mal d’années, nous sommes un lobby qui intervient auprès des élus, auprès des cabinets ministériels, auprès des associations pour faire entendre la cause du logiciel libre.
Et puis une deuxième casquette, professionnelle, Apitux, j’exerce comme consultant, je suis expert-conseil sur le logiciel libre, l’open data et OpenStreetMap. Je travaille notamment beaucoup avec des acteurs des territoires – communes, communautés de communes, départements, offices de tourisme – ou des associations qui peuvent être, par exemple, des groupements professionnels sur thématiques en lien avec les territoires.
Ce que je voulais effectivement vraiment préciser au sujet d’OpenStreetMap c’est le caractère libre d’OpenStreetMap et ce que ça implique, ce que ça permet d’avoir un outil libre.
Je m’insurge contre la formulation qui est souvent utilisée qui est de dire qu’OpenStreetMap est libre de droits ; je préfère la formation « libre par le droit ». En effet, si OpenStreetMap est libre c’est parce que les contributeurs d’OpenStreetMap ont choisi, ensemble, d’adhérer à une licence qui est une licence libre. C’est très important de comprendre qu’un projet libre ce n’est pas un projet qui n’a pas de licence mais c’est un projet qui a une licence libre. Si un projet n’a pas de licence, contrairement à une idée reçue, si ce n’est pas marqué en bas de la page « copyright ou droits réservés », eh bien malgré tout, tout est interdit. Lorsqu’il n’est pas précisé que les réutilisations sont permises, alors elles sont interdites. Le droit d’auteur est un droit qui s’applique par défaut, sans avoir aucune formalité à accomplir dès la création de l’œuvre, l’œuvre pouvant être un logiciel, une image, une musique, une base de données. Dès lors que cette œuvre voit le jour, le droit d’auteur s’applique et le droit d’auteur interdit quasiment toutes les réutilisations, à part quelques exceptions au droit d’auteur comme le droit de copie privée ou le droit de citation, mais on est sur des exceptions et le principe du droit d’auteur c’est qu’il faut obtenir l’autorisation des ayants droit, des détenteurs des droits, pour pouvoir copier, utiliser, modifier, là, pour ce qui nous intéresse, la base de données en l’occurrence.
Donc ce qui fait qu’on peut avoir confiance dans OpenStreetMap c’est que la base de données OpenStreetMap est sous une licence libre. Le fait que la base de données OpenStreetMap soit sous licence libre ça veut dire que personne ne pourra jamais retirer ce caractère libre, personne ne pourra le remettre en cause, on a l’assurance de la pérennité de cette liberté des données. Tout nouveau contributeur qui vient abonder la base de données OpenStreetMap a connaissance, de manière très claire, des règles qui s’appliquent et qui s’appliqueront à ses contributions. Et lorsqu’on réutilise des données OpenStreetMap, de la même manière, on a une formulation très claire de ce qui est permis et de ce qui est demandé en retour. Ce qui est permis c’est tout type de réutilisation, sans restriction, que ce soit pour un usage, comme l’a dit Vincent en introduction, commercial ou non commercial, quel que soit l’usage et même les usages qu’on n’a pas encore imaginés aujourd’hui sont permis par la licence à condition de respecter quelques contraintes en retour, les contraintes étant de devoir citer l’auteur, créditer les contributeurs OpenStreetMap à chaque réutilisation de la base de données , de ne pas mettre de verrous sur cette base de données et, dans le cas où on partagerait une base de données dérivée de la base de données OpenStreetMap – modifiée, actualisée, complétée, améliorée – de la partager à son tour sous la même licence, c’est donc ce qu’on appelle l’hérédité de la licence. La base de données OpenStreetMap est sous licence héréditaire c’est-à-dire qu’elle se propage aux versions dérivées de la base de données OpenStreetMap.
Cette licence c’est vraiment le contrat qui va créer un cercle de confiance entre les contributeurs, les réutilisateurs. Les contributeurs et les réutilisateurs sont très divers. Ils sont très divers dans leurs profils, ils sont très divers dans leurs motivations. Il y a des contributeurs qui contribuent à titre bénévole, militant ; il y a des contributeurs passionnés qui contribuent autour d’une thématique qui les intéresse, qui peut être les transports publics, qui peut être la randonnée, qui peut être les équipements, les aménagements cyclables. On peut contribuer à OpenStreetMap parce qu’on est passionné par une thématique. On peut aussi contribuer à OpenStreetMap parce qu’on vit ou on aime un territoire et qu’on veut améliorer les données sur ce territoire. On peut contribuer à OpenStreetMap parce qu’on a une motivation professionnelle ou associative. La qualité et le dynamisme de la base de données OpenStreetMap résulte de la diversité de ces profils de contributeurs et de leurs motivations. Encore une fois la licence est ce qui permet à tout le monde de travailler de manière claire, transparente, en sachant précisément ce qu’on accepte lorsqu’on vient contribuer au projet.
Effectivement Aurore disait tout à l’heure que la base de données de Google est d’une qualité impressionnante que ce soit dans son exhaustivité, dans sa mise à jour et, après tout, pourquoi on ne travaillerait avec la base de données Google puisque les entreprises, les acteurs de l’ESS pour le sujet qui nous intéresse cet après-midi, pourraient très bien aller mettre à jour leurs données dans Google et on utiliserait cette base de données.
Ça pose un certain nombre de problèmes. Le premier problème que ça pose c’est que la licence des données Google ne nous autorise pas à les utiliser sans restriction. On est obligé d’accepter les conditions de réutilisation qui sont celles de Google, mais surtout on ne maîtrise pas l’évolution de ces conditions d’utilisation. On l’a constaté par le passé sur Google Maps, les conditions d’utilisation peuvent changer. Un service qui était, il y a quelques années, gratuit, peut devenir payant, un petit peu cher pour certains utilisateurs. Et puis, dans un troisième temps, devenir beaucoup plus cher pour presque tous les utilisateurs. Ce service peut s’arrêter, il peut y avoir des interdictions d’utiliser ce service pour tel et tel usage, pour telle et telle thématique, sur tel et tel territoire et ça, on ne le maîtrise absolument pas.
La force d’OpenStreetMap, ce que permet OpenStreetMap par rapport à une base de données comme celle de Google ou n’importe quel autre base de données propriétaire, privatrice, donc le contraire de libre, c’est cette pérennité, c’est cette assurance, c’est cette confiance sur la durée de la possibilité de pouvoir continuer à condition constante à contribuer à OpenStreetMap, à réutiliser les données d’OpenStreetMap.
Cette question des licences est vraiment importante, c’est un des fondements du Libre.br/>
Au départ le Libre vient du logiciel. Richard Stallman invente le logiciel libre en 1984 et, pour formaliser la notion de logiciel libre, une des premières choses qu’il fait c’est d’écrire une licence de logiciel libre qui définit de manière très précise ce qu’est un logiciel libre, un logiciel qu’on a le droit d’utiliser sans restriction aucune, de copier, d’étudier, de modifier. Ce sont les quatre libertés qui définissent un logiciel libre et il écrit ces libertés dans une licence pour les formaliser, pour les spécifier de manière claire, non ambiguë et pour tout le monde.
Ces licences ont été écrites au départ pour des logiciels et, ce qui va se passer au cours du temps, c’est qu’on va voir apparaître des licences qui vont essayer d’appliquer les principes qui sont ceux, au départ, du logiciel libre à d’autres types d’objets comme des images, des musiques, des photos ou des bases de données. Donc la licence ODBL, Open Database License, la licence d’OpenStreetMap, est une licence qui reprend les principes du logiciel libre, mais qui les traduit, qui les transpose à un objet qui est d’une nature un petit peu différente, qui est l’objet base de données.
Je pense que c’est vraiment important d’avoir à l’esprit cette notion de projet sous licence libre et de comprendre l’importance de cette licence comme contrat de confiance pour travailler ensemble sur un projet collaboratif, commun. Une fois qu’on a ça, une fois qu’on a ce cadre de confiance, alors chacun peut venir selon sa disponibilité, selon ses motivations contribuer ponctuellement, modérément, énormément à la base de données, en toute sérénité.
Voilà un petit peu ce que je voulais partager avec vous sur le caractère libre d’OpenStreetMap. Je le redis, à l’avenir dites plutôt « OpenStreetMap est « un projet libre » ou « un projet sous licence libre » ou « un projet libre par le droit » et évitez la formulation « OpenStreetMap est un projet libre de droits » ou pire la formulation « OpenStreetMap est une base de données gratuite » parce que OpenStreetMap n’est pas une base de données gratuite, c’est une base de données libre et une base de données libre c’est beaucoup plus puissant, beaucoup plus noble et beaucoup plus beau. Donc c’est important de respecter et de répéter ce caractère libre d’OpenStreetMap.
Je vous remercie et je reste bien entendu disponible pour l’échange et pour répondre à d’éventuelles questions sur les licences.
36’ 05
Vincent Bergeot : Merci Jean-Christophe. J’ai posé quelques liens, j’a fait mon Jean-Christophe dans la discussion publique en posant des liens.
Je propose que l’on passe à la suite avec Christophe Biez de Latitude-Cartagène. Je prendrai un temps très court en fin pour qu’il nous reste du temps après pour pouvoir échanger, on débordera sans doute un peu de 15 heures, comme on l’avait annoncé, mais pas trop non plus.
Christophe je propose de te mettre la présentation et de te partager. Je te définis comme présentateur. Vous devez maintenant voir la présentation. À toi.
Christophe Biez : Par fait. Merci Vincent. Bonjour à tous.
Je suis Christophe de Latitude-Cartagène. Aujourd’hui l’idée, c’est de faire un retour d’expérience sur comment nous ici, à Latitude-Cartagène, on peut utiliser les données d’OpenStreetMap.
Latitude-Cartagène est une SCOP. À ce titre-là on appartient, de facto, à l’Économie Sociale et Solidaire, même si je trouve qu’on est une branche un peu particulière, à l’intérieur de ça, on fait quand même partie de l’ESS.
Tout à l’heure Aurore expliquait que ça représente beaucoup d’emplois. Ce qu’il faut savoir c’est que les SCOP, à l’intérieur de ce milieu-là, on n’est pas tout à fait à 70 000 emplois, un tout petit peu moins, en tous les cas c’est un des objectifs que la ???SCOP se fixe. On est environ une trentaine de salariés. Donc, par rapport à notre secteur d’activité, ça commence à devenir un petit peu important et, à l’intérieur de ces 30 salariés, à ce jour on est 16 associés.
C’est une entreprise qui est spécialisée en cartographie et on a plus de 30 ans, ce qui veut dire qu’on a vécu pas mal de révolutions technologiques et qu’on les a plus ou moins, enfin on a bien réussi à les absorber.
On est spécialisé dans les domaines du transport, dans le tourisme et dans la cartographie institutionnelle. Notre développement actuel est plutôt basé sur la mobilité, notamment sur la question de l’information aux voyageurs.
Quelques grandes étapes de l’entreprise sous l’angle technique et l’angle de la data.
J’aime à dire que certains de mes collègues, ici à Latitude, ont commencé leur carrière en faisant des cartes à la main. Donc la première révolution technique majeure, fondamentale, c’est l’arrivée de l’informatique, c’est l’arrivée de l’ordinateur, on va dire l’informatisation à grande échelle et ça date des années 80, pour nous.
La deuxième c’est justement l’arrivée progressive de la donnée par l’intermédiaire des SIG, fin des années 90 pour nous ici à Latitude-Cartagène.
On est la première entreprise, en France, à réaliser une grande carte qui était pour le Parc national de la Vanoise, avec les données IGN, sans que ça soit l’IGN qui produise directement la carte. C’était une coédition avec le Parc national et à l’époque c’était Latitude.
Et puis une révolution qui a, comment dire, une évolution qui a commencé fin des années 2000, début des années 2010, c’est ce que j’appelle l’open data au sens large du terme. Et j’aime à dire que, pour moi, OSM fait un peu partie de cette transition d’un point de vue de Latitude et de l’évolution, en tous les cas, des produits qu’on a pu proposer après à nos clients.
Par rapport à OSM, l’histoire de la Latitude-Cartagène et d’OSM débute justement à l’entrée des années 2010. En 2012, je me souviens que c’est moi qui fais les premiers tests pour faire un petit carto-guide à un moment donné du côté de Thonon. On s’interrogeait, on entendait de plus en plus parler de cette donnée. Moi j’ai été formé à l’IGN, j’étais quand même pas forcément pro, en tous les cas je maîtrisais bien les données de l’IGN, j’ai dit qu’est-ce que c’est que ça, comment ça marche, c’est quoi la qualité des données, l’homogénéité ? Ce sont des questions qu’on s’est clairement posées pendant quelque temps. On revenait de temps en temps, on faisait des tests.
Et en 2014 on a réellement commencé à se dire il y a vraiment un truc à faire. Il faut savoir qu’OSM, par rapport à ce qu’on avait en tant qu’entreprise privée, nous donnait la possibilité d’avoir accès à des données relativement homogènes, relativement qualitatives, mais surtout territoire français. Chose qu’auparavant, en fait, on n’avait pas, ou via l’acquisition de la donnée, qui, en fonction du type de nos clients pouvait être compliqué. Si on avait des clients de la sphère publique, pas de problème, c’était le RGE [Reconnu Garant de l'Environnement], ça fonctionnait, mais si on était dans la sphère privée, eh bien là c’était très problématique.
Donc on a commencé, on a continué à travailler et on a progressivement mis en place des chaînes de traitement. Qu’est-ce que c’est une chaîne de traitement ? C’est une chaîne de récupération de données, une chaîne de formalisation cartographique qui amène, en fait, à une optimisation du temps sur un certain nombre de process qui étaient avant très manuels et qui deviennent de plus en plus automatisés.
Naturellement des questions sont apparues après, c’est-à-dire qu’on se sert maintenant de cette donnée et comment Latitude-Cartagène peut contribuer à l’écosystème d’OpenStreetMap.
La réponse qui a été faite en 2017 – j’ai noté 2017, mais c’est peut-être 2016 ou 2018, je ne sais plus trop – c’est devenir, a minima, sponsor d’OpenStreetMap France et la réflexion est toujours en cours. Il y a des contributeurs au sein de Latitude-Cartagène mais ce n’est pas forcément une politique affirmée, en tous les cas.
Je voulais vous faire voir quelques exemples un peu d’industrialisation de nos produits et justement ce que la base de données d’OSM nous a permis de concevoir en termes de produits.
Le premier exemple ce sont les totems Vélib. Vélib c’est le système de vélos en partage sur Paris. Lors du changement de contrat, de mémoire en 2017, où c’est passé à Smovengo, Smovengo nous a contactés pour produire en fait la partie print qui est au dos de ces totems-là. On a construit une solution basée en partie sur les données OpenStreetMap, sur la ??? également, pour produire 1400 plans, 1400 plans qu’on appelle géo-centrés, géo-orientés. Autrement dit, pour vous, ça veut dire 1400 fichiers uniques. Donc 1400 fichiers uniques, il était hors de question qu’on les produise de manière artisanale, de manière très classique, donc c’est un process qui a été très fortement industrialisé. Si je prends cet exemple-là c’est que je pense, pour moi, que ce projet marque, en fait, une rupture ici à Latitude-Cartagène sur le fait qu’on ait été capables de le faire. On a perdu un peu d’argent, mais, en tous les cas les cas, on a franchi un cap non négligeable grâce à ce projet-là, naturellement grâce aux données d’OpenStreetMap et à leur qualité qui était très homogène sur l’agglomération parisienne.
Toujours sur l’agglomération parisienne des choses que l’on fait très régulièrement, qui sont actuellement complètement intégrées à nos chaînes de production, je vous ai mis deux exemples, c’est ce qu’on appelle des plans de bassin, ce sont des plans de représentation des transports en commun plutôt en banlieue, en l’occurrence sur la banlieue parisienne, et des plans de lignes. Ce sont des documents dont on va dire la base, en tous les cas le fond de carte, est basé sur de la donnée OpenStreetMap.
Tout n’est pas rose, quand même, dans le monde d’OpenStreetMap, sur la qualité, etc.
Là je vous fais voir un document dans un autre univers, on est plutôt dans le domaine du tourisme. On est du côté du département du Doubs, du côté du Loue-Lison. Lorsqu’on a réalisé ce carto-guide, en 2016, eh bien je peux vous assurer qu’on a beaucoup transpiré. On a orienté, à un moment donné, la solution en faisant la promotion d’OpenStreetMap, notamment en expliquant à notre client qui était un office de tourisme qu’il n’aurait pas de droits à payer, de droits de licence, que je ne dise pas de bêtises. Donc les licences étaient libres, on était en licence ODBL, donc, naturellement, il n’y aurait pas de droit par exemple à l’IGN pour la publication de ce document-là. L’office du tourisme a été séduit puisque ça permettait de rentrer dans son budget. Par contre, en fait, sur ce type de plan-là, sur ce territoire-là, on a connu beaucoup de désagréments par rapport à la qualité, notamment sur la question des lieux dits. Tout à l’heure Aurore évoquait la question des problèmes de majuscules, de minuscules, bref ! Là, en tous les cas sur la qualité qui était recherchée, ça a été assez compliqué puisqu’il a fallu quand même remettre en qualité pas mal la donnée, chose qui n’avait pas été forcément prévue au départ.
Donc deux types de projets que l’on a pu faire ici à Latitude.
47’ 05
Vincent Bergeot : Super. Merci beaucoup Christophe