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'''Titre :''' À l’école du Big Data
Publié [https://www.april.org/a-l-ecole-du-big-data-les-amis-d-orwell ici] - Novembre 2018
 
'''Intervenants :''' Collectif Souriez vous êtes filmés
 
'''Lieu :''' Émission <em>Les Amis d'Orwell</em> - Radio libertaire
 
'''Date :''' novembre 2018
 
'''Durée :''' 1 h 28 min 34
 
'''[http://souriez.info/A-l-ecole-du-Big-Data Écouter]''' ou '''[http://lambda.toile-libre.org/orwell/Orwell-2018-2-11-Big-data-ecole.mp3 télécharger le podcast]'''
 
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]
 
'''Illustration :'''
 
'''NB :''' <em>transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.<br/>
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.</em>
 
'''Statut :''' Transcrit MO
 
==Description==
 
Comment l’Éducation nationale prend des libertés avec les données personnelles de 13 millions d’élèves.
 
==Transcription==
 
<b> ??? : </b>Bonsoir. C’est l’heure des<em>Amis d’Orwell</em> sur Radio libertaire. Aujourd’hui beaucoup de monde autour de la table. On va vous parler du Big Data à l’école, comment l’Éducation nationale prend des libertés avec les données personnelles de 13 millions d’élèves, autant que ça, effectivement. Autour de la table on a cinq personnes avec moi. Il y a Lise aujourd’hui qui assure la technique. Lise aux manettes, super.
 
<b>Lise : </b>Oui. Bonsoir.
 
<b> ??? : </b>Je suis avec Flo qui est une des intervenantes de ce soir qui m’a aidé à préparer l’émission. Flo on a écouté un morceau de Lola Lafon.
 
<b>Flo : </b>Oui, c’était Lola Lafon <em>Le bilan de compétences</em>.
 
<b> ??? : </b>On va vous parler notamment des compétences telles qu’on les définit ainsi à l’école. On va vous parler des principaux fichiers scolaires en activité aujourd’hui. Dans <em>Les Amis d’Orwell</em> on en a parlé assez souvent depuis une dizaine d’années en mettant l’accent sur le livret scolaire unique, ce qui s’appelle le LSU, parfois on appelle ça aussi le LSUN, pour numérique. Nous parlerons aussi de Pronote ; c’est une sorte d’usine à gaz numérique éditée par une boîte privée qui équipe 80 à 90 % des collèges et des lycées en France. Nous parlerons aussi d’une grande campagne d’évaluation nationale que le ministère impose aux élèves depuis cette rentrée ; ça se déroule en CP, en 6e et en seconde, je crois.
 
<b>Flo : </b>Oui.
 
<b> ??? : </b>C’est ça. Et surtout de la manière dont le ministère de l’Éducation nationale gère les données personnelles des enfants. C’est un peu la face cachée de l’« École de la confiance », parce qu’il faut rappeler que c’est le slogan génial qu’a trouvé le ministre de l’Éducation nationale, monsieur Blanquer, pour nous endormir à l’image du serpent du <em>Livre de la jungle</em>.<br/>
Je vais donner un petit peu la parole pour que chacun se présente. D’abord Flo, encore une fois.
 
<b>Flo : </b>Bonsoir. Je suis institutrice sur Paris et mère d’un élève de 6e.
 
<b> ??? : </b>On va faire un petit tour de table.
 
<b>Thomas : </b>Thomas. AED, enfin surveillant dans un collège à Paris.
 
<b> ??? : </b>AED c’est donc ?
 
<b>Thomas : </b>Assistant d’éducation. « ED » c’est pour éducation.
 
<b> ??? : </b>Dans un collège à Paris.
 
<b>Édouard : </b>Édouard pareil, assistant d’éducation dans le même collège à Paris, avec Thomas
 
<b>Jean-Marc : </b>Jean-Marc professeur des écoles en CP, donc concerné directement par les évaluations de cette année, dans une école élémentaire de Paris aussi.
 
<b>Yohan </b>Yohan, professeur dans un collège à Villepinte en Seine-Saint-Denis.
 
<b> ??? : </b>En Seine-Saint-Denis.<br/>
On va commencer par parler du Big Data. Peut-être qu’il faut parler de quoi ça parle. Ça vous parle le Big Data, en fait, si on fait un petit tour de table.
 
<b>Flo : </b>C’était la colle du soir ! Bonsoir.
 
<b> ??? : </b>La colle du soir. C’est quoi le Big Data ?
 
<b>Flo : </b>Allez, donne la réponse !
 
<b>Yohan : </b>Je dirais que c’est le fait de ficher. Toutes les informations qu’on a, les mettre sur des serveurs et d’avoir tout pour une durée indéterminée à disposition, pour ceux d’en haut.
 
<b> ??? : </b>Pour moi le Big Data c’est un amas d’informations sur tout et n’importe quoi. En fait ça ne concerne pas simplement des gens ; ça peut concerner tout simplement des informations sur la température qu’il fait, sur le nombre d’hectolitres, le volume d’eau qui est dépensé au niveau d’une commune.<br/>
Évidemment, quand on parle du Big Data à l’école, ça ne veut pas dire que le ministère de l’Éducation nationale est devenu hier soir une filiale de Facebook, mais c’est un petit peu que ça sous-entend. Facebook et toutes les grosses compagnies internets font du Big Data pour « servir », entre guillemets, les internautes de publicité ciblée. On parle aussi de Big Data dans les villes, dans la gestion des réseaux d’eau et des réseaux électriques, des réseaux d’énergie.<br/>
À l’école, ça veut dire tout simplement que les élèves sont fichés numériquement, on va le voir, et surtout selon leur état-civil, c’est-à-dire fichés nominativement. S’accumule sur leur dos – sans évidemment qu’ils soient complètement au courant, parfois pas du tout, notamment évidemment leurs tuteurs et leurs parents c’est la même chose – une masse énorme d’informations qui concernent leur comportement à l’école, leur assiduité et, de plus en plus sur leur niveau, sur leurs résultats scolaires.
 
Donc effectivement on peut se demander pourquoi l’Éducation nationale a besoin de recueillir autant d’informations sur les élèves et surtout en maintenant des bases de données qui ne restent pas au niveau des établissements, qui sont partagées au niveau académique, parfois au niveau national ; tout ça avec le nom des élèves et, évidemment, il y a un grand projet politique depuis une vingtaine d’années. C’est même parti du niveau européen : il y a eu des directives, il y a eu des mesures qui, aujourd’hui, arrivent à échéance, en fait. L’injonction c’est que chaque personne aura sur son compte une sorte de CV numérique qui s’accumule au fur et à mesure de sa scolarité et après au niveau de ses études supérieures et cela arrivera à alimenter ce qu’on appelle le compte personnel de formation qui est censé être présent dans le compte personnel d’activité qui a été voté par la loi El Khomri il y a deux ans, effectivement cette fameuse loi travail et c’était un des articles qui est passé.
 
Ça c’est, je dirais, la théorie, c’est le basique. Maintenant si on en vient justement à entrer dans les détails, tout à l’heure on a parlé de ces fameuses évaluations nationales. On va faire encore une fois un tour de table ; chacun prend la parole. Est-ce qu’on fait aussi un petit point sur les fichiers qui existent aujourd’hui dans l’Éducation nationale ?
 
<b>Flo : </b>Peut-être juste pour rappeler, pour avoir une idée de l’ampleur des dégâts si j’ose dire.
 
<b> ??? : </b>Les fichiers à l’école ça commence à trois ans. C’est ça. Il faut savoir que la scolarité est obligatoire, comme vous le savez, de six à seize ans et au niveau des données personnelles ça commence à trois ans parce que dès l’entrée en maternelle, même dès inscription de l’enfant qui est sans doute en crèche à l’école maternelle, ça se passe au mois de juin, tous les parents ont connu ça, au mois de juin il faut inscrire son enfant à l’école maternelle pour la rentrée de septembre, eh bien dès l’inscription l’enfant reçoit un matricule comme une espèce de tampon, un code barre sur le front ; ça s’appelle l’INE, c’est l’identifiant national élève et cet INE est versé dans une base nationale, c’est même un répertoire, et qui le suivra tout sa scolarité. Il rentre à l’école maternelle avec un premier fichier, lui qui est académique, qui s’appelle Base Élèves, qui maintenant a été rebaptisé, qui s’appelle Onde o, n, d, e. Ça veut dire quoi Onde déjà ? Outil numérique pour la direction d’école, c’est joli encore ! Base Élèves, il y a eu une grosse lutte il y a une dizaine d’années autour de ce fichier qui, justement, voulait rassembler à la fois les éléments d’état-civil, les éléments qui concernent les parents, mais également tout ce qui était relevé de notes, comportement de l’enfant, absences et notamment aussi des données de santé c’est-à-dire qui relèvent des suivis éventuels qui peuvent lui être proposés s’il est en situation de handicap. C’est ça ?
 
<b>Flo : </b>Il y a avait la nationalité aussi à l’époque quand c’est sorti.
 
<b> ??? : </b>Donc Base Élèves en 2008 a été un petit peu refondue, à l’époque le ministre c’était Darcos, donc le fichier Base Élèves est sorti un peu édulcoré et aujourd’hui toutes les données qui ont été enlevées de Base Élèves il y a dix ans sont réapparues il y a deux ans dans le fameux livret scolaire unique numérique.<br/>
Ça c’est le premier maillon, en fait, de fichage républicain. Ce qu’on peut dire c’est qu’à l’école ça commence par l’INE plus le fichier Base Élèves qui a été rebaptisé Onde.
 
Ensuite il y a le fichier Siècle qui prend le relais au niveau du second degré, donc dès le collège. Je vois qu’il y a pas mal de gens qui prennent des notes autour de la table ; c’est super !
Siècle, en fait, là aussi c’est une grosse usine à gaz. Dans Siècle il y a différents modules, par exemple pour repérer les décrocheurs ; les décrocheurs ce sont les élèves qui sortent ou qui sont susceptibles de sortir du système parce qu’ils sont en échec scolaire permanent ou qui se répète.
 
Il y a aussi deux passerelles informatiques qu’on appelle Affelnet qui gèrent les affectations, c’est-à-dire en sortie de l’école et en sortie du collège pour affecter les enfants dans l’établissement suivant et vous connaissez tous Parcoursup qu’on ne présente plus ; Parcoursup a remplacé une application qui s’appelait Admission Post-Bac et qui là gère concrètement par algorithme l’affectation des élèves. Là on est vraiment dans le Big Data final à la sortie de la terminale.
 
Il y a encore énormément d’autres applications. Tout à l’heure on parlera aussi de Pronote qui est une application qui est plutôt gérée dans les collèges, qui bientôt va apparaître dans les écoles.<br/>
C’est ça qu’il faut voir, c’est qu’il y a des fichiers qui sont gérés par l’administration, Onde et Siècle, et derrière, tout autour, il y a des logiciels, des progiciels qui sont vendus aux collèges et aux lycées pour, je dirais, créer des interfaces un peu sympa ; Pronote en est une.
 
Il y a aussi des ENT, est-ce que ça vous dit quelque chose. Les ENT sont des environnements numériques de travail qui sont, justement, des manières de présenter pour les parents, pour les élèves, pour les profs, de manière ergonomique l’accès à tous ces fichiers.
 
Et tout ça, en fait, ça participe aussi à l’acceptation du système puisque, évidemment il y a des facilités d’accès ; il n’y a quasiment plus de cahier de textes, tout est géré en ligne. On relève aussi les notes des enfants en ligne ; on fait l’appel en ligne et, effectivement, ça fait partie du sujet qui sera évoqué aujourd’hui avec nos invités.
 
Ça c’était donc le décor. Est-ce qu’on peut commencer maintenant par parler de la campagne d’évaluation nationale. Première question qu’est-ce qui existait avant ? Qu’est-ce que ça change ? Et qu’est-ce que ça implique au niveau des données personnelles des élèves ? Je ne donne pas la parole ; chacun l’a prend à l’arrache.
 
==13’ 51==
 
<b>Jean-Marc : </b> Jean-Marc.

Dernière version du 30 novembre 2018 à 15:05


Publié ici - Novembre 2018