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Après vous avez toute la problématique de l’espionnage industriel. | Après vous avez toute la problématique de l’espionnage industriel. Moi je travaille dans une très grande entreprise, un très grand groupe français, et je vois passer des dizaines de consultants, j’allais dire des centaines, mais je crois que c’est vrai, des centaines de consultants, tous les ans, et ces types-là, ils arrivent avec leurs <em>laptops</em>, et on s’aperçoit que leur messagerie est fournie par Google. On s’aperçoit que leurs échanges de données, ils les font avec Dropbox. Du coup, ils échangent les données qui concernent leurs clients avec des outils propriétaires qui appartiennent aux GAFAM. Et ils travaillent dans un groupe français et tout va bien, ça ne gêne personne ! Ce n’est pas chiffré. Allons-y ! C’est la fête au village. Tout ça passe par des serveurs américains. Entre parenthèse ça fait 8 000 bornes à chaque fois d’ailleurs, soit dit en passant, et du coup ça peut être à tout moment regardé par les autorités américaines. Si ça ne s’appelle pas de l’espionnage industriel, je ne sais pas comment ça s’appelle ! | ||
Après, vous avez le risque de dépendance. Par exemple Google a racheté un fournisseur de thermostats connectés qui s’appelle Nest, je ne sais pas si vous avez entendu parler de ça. Thermostat connecté : donc vous mettez le truc chez vous et Google, non seulement il lit vos mails, non seulement il voit vos photos, non seulement il a accès à vos données, mais en plus il sait combien de degrés il fait chez vous. Il fait 19 degrés chez toi. C’est cool ! Et donc il y avait une autre boîte qui s’appelait Revolv, qui fournissait aussi des thermostats connectés, eh bien Google a acheté Revolv et envoyé un courrier à tous les clients en disant : « Attention, dans trois mois vos trucs ne marcheront plus. » « Oui, mais j’ai payé ça relativement cher, quand même, je les ai installés chez moi et tout. » « Ah non, ça ne marchera plus parce qu’on n’a plus envie. On a envie de promouvoir l’autre société qu’on a rachetée parce que, de toutes façons, les deux nous appartiennent. » C’est aussi simple que ça. Ils ont ce pouvoir-là. Quand on dit que ce sont les cinq plus grosses boîtes du monde ça correspond, leur chiffre d’affaires correspond à un petit État, au PNB d’un petit État, européen. Je ne parle pas du Bangladesh. J’avais calculé que le chiffre d’affaires de Google c’était à peu près le PNB de la Hongrie. Voilà. Ils pourraient racheter un pays ces gens-là. Tout va bien ! | |||
Et puis, après, eh bien justement, pour l’instant ils sont sur Internet, mais on parle aussi de l’extension hors Internet, on parle des thermostats connectés, ça commence à envahir vos intérieurs. On parle des bagnoles connectées qui se conduisent toutes seules, etc. Pourquoi pas ! Moi je n’aime pas conduire, mais il faut quand même se poser des questions là-dessus, et puis ça commence à grignoter de plus en plus. Google, par exemple, s’est dit, bon, je tape beaucoup sur Google, mais il n’y a pas qu’eux, Google s’est dit puisqu’on est capables de faire des algorithmes qui sont capables d’aller chercher un mot-clef sur Internet que quelques secondes dans notre moteur de recherche, on est peut-être capables aussi d’utiliser les mêmes algorithmes pour aller chercher de l’ADN dans, comment ça s’appelle ? | |||
<b>Public : </b>Un génome. | |||
<b>Frédéric urbain : </b>Merci, un génome. Je n’avais plus le mot. Voilà. On est capables d’aller chercher de l’information dans un génome de la même façon qu’on va chercher de l’information sur Internet. Et ça va loin. Ça va très vite et ça marche. Après, on peut se demander jusqu’où ils vont aller ? C’est ça la question qu’on se pose. | |||
Donc nous on a réagi à ça, nous, petite association française de trente membres, on a réagi en lançant ça. On a dit : « Dégooglisons Internet ». C’est une campagne qu’on a lancée il y a trois ans et on a dit quoi avec ça ? On a dit c’est assez simple. Tiens d’ailleurs je vais me servir quand même du machin. On a dit : « Tous ces services qui sont fournis par les GAFAM, on va essayer de fournir des services équivalents, mais avec une certaine éthique. Déjà à base de logiciels libres, on va commencer par là. Ensuite on va les héberger en Europe. Ensuite on va chiffrer les données à l’intérieur de ces services, tout ce qui circule va être chiffré. Et puis on se lance. On verra bien. On a trois ans, on se propose de remplacer trente services. » Alors il y a avait des services relativement faciles. | |||
Doodle, par exemple, on a fait Framadate qui permet de prendre rendez-vous. Vous connaissez je suppose. Tout le monde donne ses disponibilités et à la fin le logiciel calcule le moment où tout le monde est disponible en même temps. Ce n’est pas super compliqué à mettre en place, on a mis un logiciel pour faire ça. Voilà. | |||
Google Docs, on a un truc qui s’appelle Etherpad, qu’on a rappelé Framapad, parce que nous, s’il n’y a pas du « frama » on n’est pas bien, on digère mal. On a remplacé Google Docs avec ça, Etherpad. Ça marche très bien. On peut travailler à plein de gens sur le même document, chacun a sa couleur. On travaille ensemble. À la fin, une fois que tout le monde s’est mis d’accord, on fait un copier-coller et on a fini. C’est extrêmement simple, ça marche. | |||
Pastebin pour échanger des informations genre mots de passe, etc., chiffrés, évidemment. Etc., etc., et à chaque fois qu’on remplaçait un service des GAFAM par un service libre en ligne, eh bien voilà, on barrait la petite coche et on disait : « Celui-là, c’est fait. » Et ça fait trois ans qu’on a lancé ça et figurez-vous que ça a très bien marché. Pourquoi ? Parce qu’auprès du grand public le « Dégooglisons Internet » a sonné très clairement dans leur tête, ils ont compris le principe de ce truc-là en disant :« Il faut arrêter de passer par les trucs des Américains. Il y en a marre. » Parce qu’on a un côté chauvin en France, c’est pour ça qu’on a pris le village gaulois. On a un côté chauvin en France, le côté « arrêtez de donner vos données aux Américains », ça marche très bien. Moi j’ai tenu un stand à la fête de l’<em>Huma</em> et je disais aux gens : « Venez m’aider à voter plus de Google ! » Alors là c’est le gros succès, il faut le dire ; ça marchait du feu de dieu. | |||
Et donc petit à petit on a remplacé Facebook, on l’a remplacé, bien sûr, on a une instance que vous avez aussi, je crois, | |||
<b>Public : </b>Il a été question d’une instance diaspora. | |||
<b>Frédéric Urbain : </b>Ouais. | |||
<b>Public : </b>On n’a pas pu la monter.(???) | |||
<b>Frédéric Urbain : </b>Donc on a une instance Diaspora qui est un réseau social. Alors on n’a pas quelques milliards d’utilisateurs comme Facebook. Nous, on est un peu plus modestes que ça. On a du monde, mais il y a quand même un peu d’écho dans les salles. Ce n’est pas encore rempli | |||
Et petit à petit, eh bien Google Agenda, par exemple on a sorti Framagenda cette année, qui est un agenda partagé. On n’a pas encore remplacé Twitter. OK, d’accord, on n’a pas encore remplacé Twitter. On n’a pas encore remplacé Gmail, parce que ça, il va falloir quelques serveurs, il va falloir un peu de sous. Mais n’empêche que petit à petit on y arrive et, petit à petit ça progresse comme ça. Et on a trente services en ligne comme ça que vous pouvez utiliser, Frama quelque chose. framaquelquechose.org. De toutes façons, si vous allez sur Framasoft, vous allez les trouver. Mais voilà, c’est ça l’idée. On a démontré, c’est ce que les Anglo-saxons appellent un POC, un <em>proof of concept</em>, c’est-à-dire qu’on a démontré que c’était possible. Le but du jeu, parce que ça on nous l’a reproché aussi. Il y a des gens qui nous ont dit : « Ouais, c’est sympa votre truc, mais si vous dites « Dégooglisons Internet », mais que tous les gens viennent chez vous au lieu d’aller chez Google, eh bien le principe de décentralisation ça ne marche pas bien. Ça va « framasoftiser » Internet, mais c’est tout ». Et ce n’est pas le but du jeu. On a dit : « Eh bien non ! On fournit une alternative, on montre que ça marche. » C’est ça le but du jeu. On explique aux gens « regardez, on y arrive ». On est une bande de trente rigolos, il y a dix informaticiens sur le lot, avec un budget de 200 000 euros par an on arrive à faire tout ça. Regardez, ça marche. Et puis vous pouvez le faire aussi. C’est ça qu’on vient expliquer. C’est ça qui est le but ultime de la manœuvre. | |||
C’est que pour sauver Internet on n’a rien trouvé de mieux que des CHATONS, avec un peu de houblon quand même. Pourquoi des CHATONS ? Qu’est-ce qu’il me raconte avec ses CHATONS. Vous avez remarqué que sur Internet des chatons il y en a partout. Ça nous plaisait bien d’utiliser des chatons. Donc on a dit : « Eh bien voilà, on va sauver Internet avec des CHATONS ». Comment ? Eh bien voilà on a dit : « Il nous faut d’autres gens qui font la même chose que nous : des hébergeurs qui s’engagent à faire des trucs bien, à base de logiciels libres. Ça c’est le principe premier parce que le logiciel libre c’est auditable, ça peut être réparé par n’importe quel informaticien qui a accès au code, puisque le code est public. C’est interopérable. C’est-à-dire que si vous prenez des données d’un logiciel libre et que vous les utilisez dans un autre logiciel libre qui fait la même chose, eh bien ça va marcher, c’est aussi simple que ça, et donc c’est intéressant. Alors tous les principes du logiciel libre, je ne vais pas revenir dessus. En tout cas voilà. Mais on s’est dit ça ne suffit pas. Ce n’est pas parce qu’on utilise du logiciel libre qu’on est clean. Loin de là. On peut très bien aller piocher dans les données privées des gens en utilisant du logiciel libre. Ce n’est pas un problème. | |||
Il y un blogueur, un spécialiste de sécurité en informatique, qui a fait un article de blog récemment en disant : « C’est bien, on a gagné avec le logiciel libre. » Comment ça on a gagné ? Eh bien oui, il y a la majorité des serveurs internet qui tournent sous Linux aujourd’hui. Dans votre téléphone, si vous avez un Android, eh bien c’est 80 %, grosso modo, de logiciel libre. Dans vos GPS, dans vos bagnoles, dans tous les objets que vous utilisez au quotidien, souvent c’est du Linux. Alors ils ne le disent pas forcément, mais ça en est. Et donc le logiciel libre, a gagné la bataille. Il est présent partout. Même Google fait du logiciel libre, verse des trucs dans <em<open source</em>. Même Microsoft. Le mec de Microsoft qui s’occupe du logiciel libre il vient sur les salons, on le charrie à chaque fois. Il en prend plein ! Mais bon ! En tout cas, il a le mérite d’être là, il est payé pour ça le pauvre gars, pour se faire chambrer toute la journée. Donc voilà ça ne suffit pas de travailler avec du logiciel libre, ce n’est pas assez, ce qu’il faut, en plus, c’est que les hébergeurs qui font ça le fassent de façon éthique, c’est-à-dire s’engagent à faire les choses bien. À chiffrer les données par exemple. À ne pas utiliser de régies publicitaires. Nous on a fait ce boulot-là. Parce que, au début, pour avoir des sous dans Framasoft, on avait, tout simplement, on avait mis de la pub. Et la régie publicitaire, je vous le donne en mille qui gérait tout ça, c’était qui ? C’était Google. Donc on a dit :« Eh bien les gars, il faut qu’on s’applique à nous-mêmes ce qu’on explique aux gens toute la journée. Et donc il faut qu’on arrête de bosser avec Google ». Ça n’a pas été simple, parce qu’une association ça a besoin, on a des serveurs qui tournent, ça a besoin d’argent, une association. Du coup on s’est dit on va se couper une source de financement importante en faisant le nettoyage de nos serveurs et en virant tout ce qui est Google de là-dedans. Ça a pris un peu de temps. On y est arrivé. Aujourd’hui on ne vit que des dons du public. Ça prouve que les gens sont contents de ce qu’on fait d’ailleurs. D’ailleurs, ce qui est intéressant c’est que quand vous vivez des dons du public, quand vous faites une connerie, ça se voit tout de suite. Ça c’est intéressant aussi, vous avez le <em>feed-back immédiat</em>. Donc voilà ! Ça c’est important. | |||
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Donc on demande aux hébergeurs qui vont venir travailler avec nous, |
Version du 5 avril 2017 à 05:33
Titre : Dégooglisons Internet
Intervenants : Frédéric Urbain
Lieu : UTC - Compiègne
Date : Mars 2017
Durée : 43 min 50
Licence de la transcription : Verbatim
Statut : Transcrit MO
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Je vais vous parler de Framasoft. Framasoft c’est quoi ? C’est une petite association, au début ce sont des profs. « Frama » ça vient de français et math tout simplement, ce sont des profs de collège et de lycée qui cherchaient des logiciels à utiliser dans les classes avec les gamins. Et bien sûr, ils n’avaient pas de budget, ça c’était un refrain connu, et donc pour trouver des logiciels, ils ont cherché des logiciels gratuits et ils sont tombés sur des gens qui leur ont dit : « Gratuit c’est bien, libre c’est mieux. » Et donc ils sont allés voir du côté du logiciel libre, ils se sont fait expliquer des choses par les gens qui savaient et ça les a intéressés, ça les a même passionnés, on va dire, et du coup ils ont lancé un annuaire de logiciels libres qu’ils ont mis sur Internet. Aujourd’hui il y a 1600 logiciels dans cet annuaire et ça a commencé comme ça. Voilà. Quelque part dans le vaste Internet, il y avait un petit annuaire qui proposait du Libre aux gens qui voulaient installer sur leurs PC des logiciels. Internet c’est une schématisation, ça.
Et puis ça a continué, ça a grossi, l’association s’est dotée d’une maison d’édition qui édite des bouquins sous licence libre, s’est dotée d’un blog qui n’est pas mal lu, on a un million et demi de visiteurs par mois sur le site, donc on a une petite audience on va dire. Et du coup, tout ça a grossi et puis, à un moment donné, on s’est aperçus que l’annuaire ce n’était plus le point d’intérêt principal des gens. Ils ne venaient plus forcément chercher des logiciels pour les installer sur leur PC. Donc l’association s’est demandé pourquoi. Et elle s’est rendu compte, finalement, que les gens n’installaient plus de logiciels sur leur PC, il y a quelques années de ça, ou en tout cas beaucoup moins, parce qu’il y avait des gens qui leur proposaient des services en ligne sur Internet, qui rendaient les mêmes services. Ça a commencé avec Google Mail, par exemple, on pouvait gérer ses mails à distance, ils étaient sur le serveur, quelque part, là-dedans, chez Google. Google Agenda qui permet de gérer, voilà ! À l’époque il y avait Picasa qui est devenu Google Photos. On pouvait gérer ses photos, partager ses photos. Génial ! Ça ne coûtait rien, c’était gratos. Il y avait du serveur illimité pour gérer ses photos et partager avec les copains.
Tout ça fait qu’on a constaté qu’il y avait des services en ligne, comme ça, qui permettaient aux gens, à partir d’un simple navigateur internet et d’une connexion, évidemment, de travailler sans forcément installer des logiciels sur leur PC. Et donc on s’est demandés qui sont les gens qui fournissent ces services. Maintenant vous avez la réponse, bien sûr, parce que ça fait quelques années de ça. Vous les avez. C’est-à-dire qu’on s’est aperçus qu’en fait les services étaient dominés, les services en ligne étaient dominés par quelques grosses entreprises. Il y a eu Google dont j’ai parlé, évidemment. Il y a eu Apple qui a eu une période de creux et qui a sévèrement remonté avec l’iPhone, évidemment. Il y a eu Facebook, il y a eu Amazon qui, au début, a commencé par vendre des bouquins et qui tout d’un coup a grossi, s’est mis à vendre n’importe quoi, tout et rien, s’est mis aussi à fournir des serveurs aux gens. Je ne sais pas si vous savez, mais il y a une grosse partie d’Internet est hébergée par des serveurs Amazon. Et là il en manque un dans l’image, c’est le M de Microsoft, parce que les gens d’habitude disent GAFA. Nous, on a ajouté le M de Microsoft, GAFAM, parce que, au début, Microsoft fournissait des logiciels qui s’installaient sur les PC et de plus en plus ils sont arrivés à faire du cloud. Aujourd’hui il y a Office 365, 360 je ne sais plus, qui permet de travailler à distance sans avoir rien installé là.
Et donc l’association s’est posé la question : mais qu’est-ce que ça implique d’avoir tous ces services fournis en ligne par ces ténors de l’Internet ? Avec quand même des particularités intéressantes. Si vous regardez par exemple Facebook, c’est particulièrement intéressant de voir Facebook, c’est que ces gens-là ne vendent pas de matériel. On peut dire Apple, OK, ils vendent du matériel. Google, ils ont essayé des glass, ils vous vendent enfin pas des glass, des lunettes. Ils vous vendent des bagnoles. Enfin Google, il vend du matériel. OK. Amazon vend des trucs. Mais Facebook ne vend rien, Facebook n’a pas de matériel et Facebook ne fait pas payer ses services. Comment ils font ? Comment ils gagnent autant d’argent ? Comment ils sont aussi puissants ? C’est là qu’il faut se poser la question. Si l’utilisateur de Facebook ne paye pas pour les services qu’il utilise, c’est peut-être bien que l’utilisateur de Facebook n’est peut-être pas le client de Facebook. C’est peut-être plutôt la chair à saucisses de Facebook, si vous me permettez l’expression. C’est-à-dire que le client de Facebook, il est ailleurs. C’est le publicitaire qui va venir toucher la personne qui utilise Facebook grâce aux données précises qui ont été données à Facebook par l’utilisateur lui-même.
Et c’est là qu’on commence à se poser des questions. Toutes ces données qui circulent sur Internet, qu’est-ce qu’il en est fait ? Où est-ce qu’elles sont ces données ? Qui les exploite ? Eh bien qui les exploite, on a déjà une partie de la réponse. Parce que si vous regardez un peu plus loin, ces grosses compagnies qui étaient relativement anecdotiques à leurs débuts, elles sont devenues, en 2016, les cinq capitalisations boursières les plus grosses du monde. C’est-à-dire que ces cinq boîtes-là, dont certaines ne vendent rien, sont aujourd’hui les plus riches du monde. C’est aussi simple que ça. Elles sont devant les pétroliers, vous avez Total qui était encore en 2006 en troisième position. Vous avez Exxon qui était premier encore en 2006. Vous avez General Electric. Vous avez des grosses boîtes comme ça, traditionnelles, qui étaient là et maintenant ces grosses boîtes, elles sont derrière. Elles sont derrière ! Ces grosses, grosses entreprises qui avaient un fric fou auparavant, elles sont largement derrière les GAFAM donc Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft. Les cinq plus grosses boîtes du monde. Ce sont quand même des questions qu’il faut se poser. Comment est-ce qu’ils sont devenus aussi puissants aussi vite, notamment pour ceux qui ne vendent rien ? Eh bien parce qu’ils vendent quelque chose quand même, mais ce qu’ils vendent c’est vous. Je pense qu’il y a des gens qui ont des comptes Facebook ici. Quelques-uns. Ouais ! Ils n’osent pas le dire. Qui a un compte Facebook ? Moi je n’en ai pas. Je peux vous dire que j’ai un compte Gmail, mais je n’ai pas de compte Facebook. Ah quand même ! Vous voyez le pourcentage. Voilà ! Et donc vous partagez plein d’informations là-dessus. Vous partagez des photos, allons-y, tout ce que vous voulez, et ces informations que vous partagez sont sur les serveurs de Facebook qui croise les données, qui récupère toutes ces informations et qui est capable de faire du ciblage précis. Facebook, on lui dit : « On cherche un étudiant de l’UTC qui est passionné d’aquariophilie », eh bien il le trouve, sans problème. Et je pense que ça ne prend pas longtemps. Donc si vous avez des poissons rouges, ça vous concerne !
Et donc l’association s’est dit « eh bien, il faut réagir là-dessus. » Parce que quand on dit on parle du cloud, l’informatique dans le nuage ! Je suppose qu’il y a beaucoup d’informaticiens du coup ici, l’informatique dans le nuage ça n’existe pas. Soyons clairs, l’informatique dans le nuage c’est l’informatique dans l’ordinateur de quelqu’un d’autre, qui n’est pas vous, et qui se trouve quelque part dans le monde et vous ne savez pas où. Et ce qui se passe, comme ce sont cinq compagnies américaines dont on parle, qui sont très souvent sur le territoire américain, avec ce que ça implique en termes de lois américaines sur le PATRIOT Act par exemple. Si la CIA veut aller chercher dans les données de Facebook, elle peut. Aujourd’hui elle est légalement autorisée à le faire, et elle ne se gêne pas d’ailleurs ! Voilà ! Le côté « ne vous inquiétez pas pour vos données, elles sont dans le cloud », eh bien si, inquiétez-vous, demandez-vous où elles sont vos données, demandez-vous qui y a accès, parce que c’est ça qui est important aujourd’hui, parce qu’avec toutes ces données on fait du fric, tout simplement, et on devient extrêmement puissant.
Ces énormes compagnies qui sont dans les cinq premières du monde, aujourd’hui elles ont le moyen de racheter n’importe quel concurrent. Je ne sais pas si vous avez entendu parler de ces histoires-là : 400 entreprises qui ont été rachetées par ces énormes machins. Vous avez Nokia, par exemple, qui était à son époque le leader du téléphone portable. Nokia été racheté par Microsoft ; ça a coûté 5,4 milliards, milliards, d’euros. Microsoft a fait un chèque de 5,4 milliards d’euros pour racheter la première boîte de téléphonie au monde à l’époque ! Nokia ! D’accord !
Vous avez WhatsApp. WhatsApp c’était un concurrent, je suppose que vous avez déjà entendu parler de WhatsApp. C’est un système de messagerie dans les pays où il n’y a pas de SMS illimités comme chez nous. C’était bien pratique. Ce sont des gars qui ont lancé ça, des anciens de Yahoo si je ne me trompe. Et ça a commencé à faire de l’ombre à Facebook. Et Facebook est arrivé, a fait un chèque, je ne sais plus, le montant est écrit en tout petit quelque part par là, ce sont encore des milliards de dollars, 19 je crois, et bam ! WhatsApp exit. C’est devenu la propriété de Facebook. Du coup Motorola. Moi j’ai un téléphone Motorola, eh bien maintenant il appartient à Apple, Motorola.
Donc toutes ces entreprises-là ont été rachetées, et ça veut dire que ces énormes boîtes, quand elles ont un concurrent, elles ont les moyens de lui couper l’herbe sous le pied, tout de suite. C’est-à-dire le petit informaticien qui a inventé sa petite start-up et qui est content de lui et qui commence à faire un peu de succès, et machin, etc., il a de fortes chances qu’on vienne frapper à sa porte en lui disant : « Écoute, je te file un peu de pognon, mais ton truc, tu le ranges, parce que tu me gênes. » C’est ça l’idée.
Ce qui nous a inquiété nous chez Framasoft, c’est ça. C’est d’abord la centralisation : vous avez quelques acteurs extrêmement riches qui font leur loi sur Internet. Qui sont incontournables ! Moi je suis venu ici avec un GPS Google, soyons clairs, je n’ai pas trouvé de truc libre qui marche mieux, donc pour l’instant j’en suis là, voilà, peut-être qu’un jour je vais y arriver !
On parlait de la collusion entre les États et GAFAM. Il y avait dans un film qui s’appelle Les Nouveaux Loups du Web, dont on fait la promotion, il y avait le directeur de la CIA, suite aux révélations Snowden, qui était venu témoigner devant la commission d’enquête et qui disait : « Eh bien écoutez, nous à la CIA, on est vachement contents que Google, Apple et Facebook existent, parce que quand on a besoin de fouiller dans la vie privée de quelqu’un, on n’a plus besoin d’embaucher des dizaines de gars pour aller enquêter. On va directement se servir à la source. » Et le plus drôle là-dedans, c’est que ce sont les gens eux-mêmes qui fournissent l’information. Ce sont les gens eux-mêmes qui alimentent Facebook, qui alimentent Apple, etc. Vous avez sans doute en tête le scandale des starlettes qui se sont fait photographier en tenue un peu légère. Eh puis il y a des pirates qui sont allés sur leur compte Apple et hop là, qui ont diffusé ça partout. Voilà. Il y a plein d’histoires comme ça, et c’est là qu’on se pose la question de la vie privée. Parce que je ne sais pas vous, on parlait tout à l’heure « je n’ai rien à cacher », une phrase qu’on entend beaucoup, moi je ne sais pas vous, mais quand je vais aux toilettes, je ferme la porte. C’est un peu la moindre des choses. Et j’en ai deux/trois autres comme ça des trucs à cacher ; franchement, j’ai des trucs, je n’ai pas envie que tout le monde le sache, clairement ! Voilà !
Et l’autre idée, c’est ce que je vous disais tout là l’heure, c’est que le produit, il faut vous demander qui est le produit dans affaire, quel est le produit dans l’affaire de ces entreprises-là. Pour eux vous n’êtes pas le client, vous êtes le produit. Ce sont vos données qu’on dissèque et qu’on vend aux publicitaires pour venir vous vendre de la soupe et ça rapporte des milliards, comme on l’a vu.
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Après vous avez toute la problématique de l’espionnage industriel. Moi je travaille dans une très grande entreprise, un très grand groupe français, et je vois passer des dizaines de consultants, j’allais dire des centaines, mais je crois que c’est vrai, des centaines de consultants, tous les ans, et ces types-là, ils arrivent avec leurs laptops, et on s’aperçoit que leur messagerie est fournie par Google. On s’aperçoit que leurs échanges de données, ils les font avec Dropbox. Du coup, ils échangent les données qui concernent leurs clients avec des outils propriétaires qui appartiennent aux GAFAM. Et ils travaillent dans un groupe français et tout va bien, ça ne gêne personne ! Ce n’est pas chiffré. Allons-y ! C’est la fête au village. Tout ça passe par des serveurs américains. Entre parenthèse ça fait 8 000 bornes à chaque fois d’ailleurs, soit dit en passant, et du coup ça peut être à tout moment regardé par les autorités américaines. Si ça ne s’appelle pas de l’espionnage industriel, je ne sais pas comment ça s’appelle !
Après, vous avez le risque de dépendance. Par exemple Google a racheté un fournisseur de thermostats connectés qui s’appelle Nest, je ne sais pas si vous avez entendu parler de ça. Thermostat connecté : donc vous mettez le truc chez vous et Google, non seulement il lit vos mails, non seulement il voit vos photos, non seulement il a accès à vos données, mais en plus il sait combien de degrés il fait chez vous. Il fait 19 degrés chez toi. C’est cool ! Et donc il y avait une autre boîte qui s’appelait Revolv, qui fournissait aussi des thermostats connectés, eh bien Google a acheté Revolv et envoyé un courrier à tous les clients en disant : « Attention, dans trois mois vos trucs ne marcheront plus. » « Oui, mais j’ai payé ça relativement cher, quand même, je les ai installés chez moi et tout. » « Ah non, ça ne marchera plus parce qu’on n’a plus envie. On a envie de promouvoir l’autre société qu’on a rachetée parce que, de toutes façons, les deux nous appartiennent. » C’est aussi simple que ça. Ils ont ce pouvoir-là. Quand on dit que ce sont les cinq plus grosses boîtes du monde ça correspond, leur chiffre d’affaires correspond à un petit État, au PNB d’un petit État, européen. Je ne parle pas du Bangladesh. J’avais calculé que le chiffre d’affaires de Google c’était à peu près le PNB de la Hongrie. Voilà. Ils pourraient racheter un pays ces gens-là. Tout va bien !
Et puis, après, eh bien justement, pour l’instant ils sont sur Internet, mais on parle aussi de l’extension hors Internet, on parle des thermostats connectés, ça commence à envahir vos intérieurs. On parle des bagnoles connectées qui se conduisent toutes seules, etc. Pourquoi pas ! Moi je n’aime pas conduire, mais il faut quand même se poser des questions là-dessus, et puis ça commence à grignoter de plus en plus. Google, par exemple, s’est dit, bon, je tape beaucoup sur Google, mais il n’y a pas qu’eux, Google s’est dit puisqu’on est capables de faire des algorithmes qui sont capables d’aller chercher un mot-clef sur Internet que quelques secondes dans notre moteur de recherche, on est peut-être capables aussi d’utiliser les mêmes algorithmes pour aller chercher de l’ADN dans, comment ça s’appelle ?
Public : Un génome.
Frédéric urbain : Merci, un génome. Je n’avais plus le mot. Voilà. On est capables d’aller chercher de l’information dans un génome de la même façon qu’on va chercher de l’information sur Internet. Et ça va loin. Ça va très vite et ça marche. Après, on peut se demander jusqu’où ils vont aller ? C’est ça la question qu’on se pose.
Donc nous on a réagi à ça, nous, petite association française de trente membres, on a réagi en lançant ça. On a dit : « Dégooglisons Internet ». C’est une campagne qu’on a lancée il y a trois ans et on a dit quoi avec ça ? On a dit c’est assez simple. Tiens d’ailleurs je vais me servir quand même du machin. On a dit : « Tous ces services qui sont fournis par les GAFAM, on va essayer de fournir des services équivalents, mais avec une certaine éthique. Déjà à base de logiciels libres, on va commencer par là. Ensuite on va les héberger en Europe. Ensuite on va chiffrer les données à l’intérieur de ces services, tout ce qui circule va être chiffré. Et puis on se lance. On verra bien. On a trois ans, on se propose de remplacer trente services. » Alors il y a avait des services relativement faciles.
Doodle, par exemple, on a fait Framadate qui permet de prendre rendez-vous. Vous connaissez je suppose. Tout le monde donne ses disponibilités et à la fin le logiciel calcule le moment où tout le monde est disponible en même temps. Ce n’est pas super compliqué à mettre en place, on a mis un logiciel pour faire ça. Voilà.
Google Docs, on a un truc qui s’appelle Etherpad, qu’on a rappelé Framapad, parce que nous, s’il n’y a pas du « frama » on n’est pas bien, on digère mal. On a remplacé Google Docs avec ça, Etherpad. Ça marche très bien. On peut travailler à plein de gens sur le même document, chacun a sa couleur. On travaille ensemble. À la fin, une fois que tout le monde s’est mis d’accord, on fait un copier-coller et on a fini. C’est extrêmement simple, ça marche.
Pastebin pour échanger des informations genre mots de passe, etc., chiffrés, évidemment. Etc., etc., et à chaque fois qu’on remplaçait un service des GAFAM par un service libre en ligne, eh bien voilà, on barrait la petite coche et on disait : « Celui-là, c’est fait. » Et ça fait trois ans qu’on a lancé ça et figurez-vous que ça a très bien marché. Pourquoi ? Parce qu’auprès du grand public le « Dégooglisons Internet » a sonné très clairement dans leur tête, ils ont compris le principe de ce truc-là en disant :« Il faut arrêter de passer par les trucs des Américains. Il y en a marre. » Parce qu’on a un côté chauvin en France, c’est pour ça qu’on a pris le village gaulois. On a un côté chauvin en France, le côté « arrêtez de donner vos données aux Américains », ça marche très bien. Moi j’ai tenu un stand à la fête de l’Huma et je disais aux gens : « Venez m’aider à voter plus de Google ! » Alors là c’est le gros succès, il faut le dire ; ça marchait du feu de dieu.
Et donc petit à petit on a remplacé Facebook, on l’a remplacé, bien sûr, on a une instance que vous avez aussi, je crois,
Public : Il a été question d’une instance diaspora.
Frédéric Urbain : Ouais.
Public : On n’a pas pu la monter.(???)
Frédéric Urbain : Donc on a une instance Diaspora qui est un réseau social. Alors on n’a pas quelques milliards d’utilisateurs comme Facebook. Nous, on est un peu plus modestes que ça. On a du monde, mais il y a quand même un peu d’écho dans les salles. Ce n’est pas encore rempli
Et petit à petit, eh bien Google Agenda, par exemple on a sorti Framagenda cette année, qui est un agenda partagé. On n’a pas encore remplacé Twitter. OK, d’accord, on n’a pas encore remplacé Twitter. On n’a pas encore remplacé Gmail, parce que ça, il va falloir quelques serveurs, il va falloir un peu de sous. Mais n’empêche que petit à petit on y arrive et, petit à petit ça progresse comme ça. Et on a trente services en ligne comme ça que vous pouvez utiliser, Frama quelque chose. framaquelquechose.org. De toutes façons, si vous allez sur Framasoft, vous allez les trouver. Mais voilà, c’est ça l’idée. On a démontré, c’est ce que les Anglo-saxons appellent un POC, un proof of concept, c’est-à-dire qu’on a démontré que c’était possible. Le but du jeu, parce que ça on nous l’a reproché aussi. Il y a des gens qui nous ont dit : « Ouais, c’est sympa votre truc, mais si vous dites « Dégooglisons Internet », mais que tous les gens viennent chez vous au lieu d’aller chez Google, eh bien le principe de décentralisation ça ne marche pas bien. Ça va « framasoftiser » Internet, mais c’est tout ». Et ce n’est pas le but du jeu. On a dit : « Eh bien non ! On fournit une alternative, on montre que ça marche. » C’est ça le but du jeu. On explique aux gens « regardez, on y arrive ». On est une bande de trente rigolos, il y a dix informaticiens sur le lot, avec un budget de 200 000 euros par an on arrive à faire tout ça. Regardez, ça marche. Et puis vous pouvez le faire aussi. C’est ça qu’on vient expliquer. C’est ça qui est le but ultime de la manœuvre.
C’est que pour sauver Internet on n’a rien trouvé de mieux que des CHATONS, avec un peu de houblon quand même. Pourquoi des CHATONS ? Qu’est-ce qu’il me raconte avec ses CHATONS. Vous avez remarqué que sur Internet des chatons il y en a partout. Ça nous plaisait bien d’utiliser des chatons. Donc on a dit : « Eh bien voilà, on va sauver Internet avec des CHATONS ». Comment ? Eh bien voilà on a dit : « Il nous faut d’autres gens qui font la même chose que nous : des hébergeurs qui s’engagent à faire des trucs bien, à base de logiciels libres. Ça c’est le principe premier parce que le logiciel libre c’est auditable, ça peut être réparé par n’importe quel informaticien qui a accès au code, puisque le code est public. C’est interopérable. C’est-à-dire que si vous prenez des données d’un logiciel libre et que vous les utilisez dans un autre logiciel libre qui fait la même chose, eh bien ça va marcher, c’est aussi simple que ça, et donc c’est intéressant. Alors tous les principes du logiciel libre, je ne vais pas revenir dessus. En tout cas voilà. Mais on s’est dit ça ne suffit pas. Ce n’est pas parce qu’on utilise du logiciel libre qu’on est clean. Loin de là. On peut très bien aller piocher dans les données privées des gens en utilisant du logiciel libre. Ce n’est pas un problème.
Il y un blogueur, un spécialiste de sécurité en informatique, qui a fait un article de blog récemment en disant : « C’est bien, on a gagné avec le logiciel libre. » Comment ça on a gagné ? Eh bien oui, il y a la majorité des serveurs internet qui tournent sous Linux aujourd’hui. Dans votre téléphone, si vous avez un Android, eh bien c’est 80 %, grosso modo, de logiciel libre. Dans vos GPS, dans vos bagnoles, dans tous les objets que vous utilisez au quotidien, souvent c’est du Linux. Alors ils ne le disent pas forcément, mais ça en est. Et donc le logiciel libre, a gagné la bataille. Il est présent partout. Même Google fait du logiciel libre, verse des trucs dans <em<open source. Même Microsoft. Le mec de Microsoft qui s’occupe du logiciel libre il vient sur les salons, on le charrie à chaque fois. Il en prend plein ! Mais bon ! En tout cas, il a le mérite d’être là, il est payé pour ça le pauvre gars, pour se faire chambrer toute la journée. Donc voilà ça ne suffit pas de travailler avec du logiciel libre, ce n’est pas assez, ce qu’il faut, en plus, c’est que les hébergeurs qui font ça le fassent de façon éthique, c’est-à-dire s’engagent à faire les choses bien. À chiffrer les données par exemple. À ne pas utiliser de régies publicitaires. Nous on a fait ce boulot-là. Parce que, au début, pour avoir des sous dans Framasoft, on avait, tout simplement, on avait mis de la pub. Et la régie publicitaire, je vous le donne en mille qui gérait tout ça, c’était qui ? C’était Google. Donc on a dit :« Eh bien les gars, il faut qu’on s’applique à nous-mêmes ce qu’on explique aux gens toute la journée. Et donc il faut qu’on arrête de bosser avec Google ». Ça n’a pas été simple, parce qu’une association ça a besoin, on a des serveurs qui tournent, ça a besoin d’argent, une association. Du coup on s’est dit on va se couper une source de financement importante en faisant le nettoyage de nos serveurs et en virant tout ce qui est Google de là-dedans. Ça a pris un peu de temps. On y est arrivé. Aujourd’hui on ne vit que des dons du public. Ça prouve que les gens sont contents de ce qu’on fait d’ailleurs. D’ailleurs, ce qui est intéressant c’est que quand vous vivez des dons du public, quand vous faites une connerie, ça se voit tout de suite. Ça c’est intéressant aussi, vous avez le feed-back immédiat. Donc voilà ! Ça c’est important.
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Donc on demande aux hébergeurs qui vont venir travailler avec nous,