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'''Titre :''' Tout ça est-ce de la science fiction ?
Publié [https://www.librealire.org/tout-ca-est-ce-de-la-science-fiction ici] - Septembre 2023
 
'''Intervenant :''' Olivier alias Greenman
 
'''Lieu :''' Centre des Abeilles - Quimper - Entrée Libre #3
 
'''Date :''' 18 mai 2023
 
'''Durée :''' 1 h 08 mib 04
 
'''[https://peertube.ecologie.bzh/w/6Zx32skw4Ma1SbgaNter14 Vidéo]'''
 
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]
 
'''Illustration :''' À prévoir
 
'''NB :''' <em>transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.<br/>
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.</em>
 
==Transcription==
 
Je suis administrateur système Linux et également administrateur de bases de données. Je suis aussi, avant tout, un passionné de SF, c’est un peu ça qui m’a conduit vers l’informatique, quelque part. Depuis ma plus tendre enfance, ou presque, j’ai lu énormément de bouquins et d’œuvres différentes de science-fiction. Vu le thème cette année d’Entrée libre 3 [Internet fiction ou réalité ?], en discussion avec Brigitte, nous avons considéré qu’il serait intéressant de voir ce thème-là, notamment de voir si toutes les évolutions technologiques qu’on a eues ces dernières années étaient, ou non, quelque chose qui était déjà prévu, quelque part, par la science-fiction.
 
Pour pouvoir attaquer sur le sujet, il va falloir quand même, avant toute chose, que je fasse un petit point sur le fait que mes lectures m’ont conduit à aller m’orienter assez rapidement vers le logiciel libre. Mes expériences initiales d’informatique : alors que j’étais en troisième, notamment avec le fameux stage de troisième, j’avais eu l’occasion de voir un service informatique fonctionner et je n’avais pas vraiment compris ce qui se passait dans ce service informatique. Ce qui fait que je me suis d’abord éloigné de l’informatique, je suis parti dans la chimie et finalement, vu qu’il n’y a pas de boulot dans la chimie en France, je me suis tourné plus tard vers l’informatique et c’est ainsi que je suis devenu administrateur système puis DBA.
 
Pour attaquer le sujet, il va falloir que je fasse un petit rappel ou que je présente quelques notions sur les objets techniques, notamment la vision des objets techniques qu’avait un philosophe français, Gilbert Simondon, qui a longuement discouru sur le sujet, notamment au travers d’une première œuvre qu’il avait écrite dans les années 50, qui s’appelle <em>Du mode d’existence des objets techniques</em>. À partir de là, on pourra aller voir un petit peu comment ça se passe au niveau de l’informatique aujourd’hui, les évolutions qu’on a eues entre les tout débuts de l’informatique, dans les années 60, et ce qu’on a de nos jours. Et voir que l’informatique correspond à un objet magique selon ce que présentait Simondon dans <em>Du mode d’existence des objets techniques</em>.<br/>
À partir de là, je pense que nous serons suffisamment équipés pour aller voir un petit peu ce dont il est sujet dans la science-fiction, notamment les grands thèmes qu’on va retrouver de nos jours, à la fois les algorithmes, les robots et les IA qu’on ira examiner, d’abord dans ce qu’il existe dans la littérature puis dans ce qui existe aujourd’hui réellement dans ce qu’on appelle des IA, dans ce qu’on a comme robots déjà existants et utilisables aujourd’hui et, dans une moindre mesure, pour les algorithmes.
 
Dans <em>Du mode d’existence des objets techniques</em>, Gilbert Simondon a essayé de décrire, de reprendre un petit peu, de définir une certaine classification des objets techniques. Il a essayé de définir ce qui faisait un objet technique en particulier. Si on prend, par exemple, un moteur à essence, un moteur à essence est un moteur très particulier. Quand on va en discuter, on va avoir l’habitude de parler de moteur au sens général, on ne fera pas forcément la différence entre un moteur électrique d’une Tesla et un moteur thermique qui permet de faire avancer une voiture. Or, ce sont deux objets sur lesquels on a eu une énorme rupture technologique, ce n’est pas du tout la même manière de réaliser la propulsion. S’il y en a, parmi vous, qui ont déjà conduit des voitures électriques, ils auront pu constater que, notamment sur la phase d’accélération, ce n’est pas du tout la même chose et ce n’est pas non plus comparable spécifiquement avec une voiture automatique thermique.
 
Dans cette définition des objets techniques, il a pris en compte, il a essayé de visualiser de quelle manière évoluait un objet technique. Si on prend les tout premiers moteurs thermiques, par exemple, ces tout premiers moteurs thermiques étaient quasiment des blocs moteurs sans absolument aucune forme aérodynamique ou quoi que ce soit. Ces formes aérodynamiques sont arrivées petit à petit, au fur et à mesure des évolutions du moteur lui-même, parce qu’on s’est rendu compte, si on voulait plus de performance, qu’une meilleure circulation de l’air, par exemple autour du bloc moteur, permettrait de faire évoluer ce dernier et d’en obtenir de meilleures performances.
 
Au fur et à mesure qu’un objet technique va se complexifier, on va ajouter justement des petites évolutions autour d’un mode de propulsion comme le moteur, on va se rendre compte que l’objet technique devient de plus en plus difficile à interpréter pour l’utilisateur. Aujourd’hui, si on ouvre le capot d’une voiture avec un moteur thermique, c’est complètement fermé, on ne voit plus du tout comment fonctionne le moteur, là où si on prend un moteur de 2CV on peut raisonnablement et avec un peu de logique comprendre comment fonctionne le moteur juste en ouvrant le capot.<br/>
À partir de ce moment-là, on va commencer à développer potentiellement, en tant qu’utilisateur, une pensée magique vis-à-vis de ce moteur puisqu’on n’a plus de moyen intellectuel, logique, de comprendre comment fonctionne notre outil.
 
Bien évidemment, si on applique cette chose-là à l’informatique, avec toutes les évolutions qu’on a eues depuis les années 60, on en est arrivé à peu près au même point. C’était quelque chose d’extrêmement technique au départ, qui n’était vraiment disponible que pour un certain nombre d’universitaires et de chercheurs et, petit à petit, dans les années 80, avec l’arrivée des premiers ordinateurs qui présentaient un bureau graphique, on s’est retrouvé avec une complexité qui était masquée pour l’utilisateur qui fait que, bien souvent, pour les utilisateurs Windows par exemple, quand ça ne fonctionne pas, on redémarre et on espère que ça fonctionne la fois d’après. Souvent c’est le cas, pas tout le temps non plus !
 
Dans <em>Du mode d’existence des objets techniques</em>, il y avait une citation que j’aime bien, Simondon disait : « Loin d’être surveillant d’une troupe d’esclaves, l’homme est l’organisateur permanent d’une société d’objets techniques qui ont besoin de lui comme les musiciens ont besoin d’un chef d’orchestre ». Là encore, si on applique ça à l’informatique, en réalité on n’a pas un seul humain qui va être chef d’orchestre de l’intégralité de notre machine. On va avoir tout un tas d’humains qui vont être capables de préciser, de savoir comment fonctionne tel ou tel composant de l’ordinateur, de manière à organiser la totalité comme un objet technique utilisable, comme un système technique, puisqu’il sera composé de plusieurs objets techniques, Simondon fait une différence à ce niveau-là. À partir de ce moment-là, on va avoir une complexité d’autant plus grande qu’il sera difficile, pour une seule personne, de comprendre l’intégralité du fonctionnement de la machine. Je ne pense pas avoir encore rencontré, jusqu’à maintenant, de personne qui soit capable de m’expliquer absolument toutes les parties de bout en bout, tous les fonctionnements, tous les processus techniques qui rentrent en jeu dans le fonctionnement d’un ordinateur. Il faudrait, pour cela, que j’interroge probablement 10/15/20 personnes différentes qui ont chacune leur domaine de spécialisation, donc, pour nous utilisateurs finaux, il s’avère que nous n’avons plus du tout de possibilité intelligible de comprendre comment fonctionne l’intégralité de la machine.
 
Cette notion-là est importante parce que, finalement, avant l’apparition de certaines évolutions dont on parlera juste après, l’ordinateur, si on regarde dans la science-fiction, par exemple dans <em>Le Monde des non-A</em> qui a été écrit en 1945 par A. E. van Vogt, quand il décrit les ordinateurs, c'est un ensemble de tubes, de lumières, qui vont permettre de faire circuler de l’information. Ce qui fait que quand on lit ce livre-là, dans sa version originale, la description des machines et des ordinateurs, il faut être capable quand même de se projeter assez en arrière, pour le coup, pour arriver à imaginer que c’est effectivement une machine, c’est effectivement un ordinateur dont il est question. D’ailleurs Simondon dans <em>Du mode d’existence des objets techniques </em> envisage un paquet d’évolutions possibles pour les technologies de l’information et lui aussi présente les lampes et des matériels qu’on n’utilise aujourd’hui qu’en tant qu’ampoules comme des outils qui rentreront dans le traitement de l’information pour arriver à fournir un système d’information complet.
 
Aujourd’hui, nous connaissons principalement les diodes et nous les utilisons en tant qu’ampoules. Mais, quand on lit <em>Du mode d’existence des objets techniques </em>, il nous décrit des triodes, des quadrodes, les cinq, je ne sais plus comment il les nomme, jusqu’aux heptodes, parlant de plein de versions de diodes. Nous en sommes restés et nous n’utilisons aujourd’hui que les diodes, mais lui imaginait que ce serait plein de variantes différentes et un peu plus complexes que ces diodes, donc avec plus de pôles disponibles sur les ampoules, qui permettraient de faire le traitement de l’information.
 
Là encore, que ce soit dans la science-fiction avec van Vogt ou que ce soit dans le domaine de la philosophie et de la mécanologie avec Simondon, dans tous les cas, grosse erreur, on est tombé à côté. Pourquoi ? Parce qu’en 1947 on invente le transistor, les tout premiers modèles de transistor, et on met presque 15 ans à arriver à les utiliser réellement dans le traitement de l’information. Ce n’est qu’à partir de la fin des années 50 qu’on commence à observer les premières machines qui utilisent des transistors et qui sont des prémices d’ordinateurs et c’est complètement différent de l’image qu’on avait préalablement de ces différentes machines. Finalement, pour nous un transistor représente simplement une broche à trois pattes, une qui va servir à ouvrir le canal et deux autres qui vont servir à recevoir un signal et à envoyer un signal. Si on passe un courant dans cette première patte, on va permettre au courant de passer du collecteur à l’émetteur. On va retrouver ce mode de fonctionnement un petit plus loin, c’est finalement ce qui va permettre de faire du courant ou pas de courant, 1 – 0 ou 1 – 1.<br/>
Aujourd’hui, et depuis les années 60, on retrouve les transistors dans tous les composants des ordinateurs. On les retrouve aussi bien dans les processeurs, que dans la RAM, que dans les disques durs SSD ou dans les contrôleurs de disques mécaniques. Si vous voyez à quoi ressemblait un ancien disque, avant le SSD, c’était un disque à plateau qui ressemblait en miniaturisé et en version magnétique à un bon vieux disque vinyle tout ce qu’il y a de plus classique et ça fonctionnait de manière tout à fait similaire à celle d’un disque vinyle.
 
Dans les débuts de l’informatique, on avait principalement des 0 et des 1 et il fallait taper notre code informatique directement dans le langage de la machine. Ça se fait encore aujourd’hui dans certains cas, quand on veut avoir une performance optimale en utilisant ce qu’on appelle un assembleur, programmer en assembleur.
 
Dans les années 70, on a les développements des premiers systèmes d’exploitation, des premiers langages informatiques. Ces systèmes d’exploitation restent encore très basiques, on ne les a pas vu populariser et arriver dans les foyers de tout un chacun à cette époque-là. Pour cela, il a fallu le travail de chercheurs, notamment les chercheurs du laboratoire Xerox qui était situé à Palo Alto, qui ont inspiré très fortement les premiers designs de bureau chez Apple, parce que Steve Jobs, notamment, avait vu fonctionner ces premiers environnements de bureau et à l’époque, pour arriver à représenter pour nous autres, utilisateurs finaux, ce qui allait être un dossier par rapport à ce qu’on connaissait dans le travail bureautique classique, dans le travail administratif par exemple, ils ont repris finalement cette intercalaire qu’on utilisait pour ranger nos différents dossiers dans un tiroir. Si aujourd’hui encore, quand on ouvre un dossier sur un ordinateur, on retrouve ce symbole d’intercalaire, c’est grâce aux chercheurs du laboratoire Xerox et c’est pour cela que c’est quelque chose que l’on retrouve aussi bien dans l’environnement Mac que dans l’environnement Windows ou, pour les plus spécialisés d’entre vous, dans l’environnement Linux.<br/>
Ce sont également eux qui ont développé les systèmes des pointeurs qui nous permettraient d’interagir avec l’environnement graphique, qui étaient symbolisés par une petite main ou par une petite flèche qu’on retrouve encore aujourd’hui sur les pointeurs dans nos différents systèmes d’exploitation.
 
Finalement, depuis l’invention du transistor, on n’a pas eu de saut technologique, on n’a pas eu de grandes avancées technologiques, ça fonctionne toujours sur une base de transistor, depuis les années 60 jusqu’en 2023. On commence à parler de l’informatique quantique, je n’en parlerai pas pendant cette conférence parce que je n’y connais rien, toujours est-il qu’il est possible que ce soit la prochaine grande évolution. Quand il avait décrit ce mode de fonctionnement, Simondon n’arrivait pas à préciser, dans les années 50/60, ce qui allait formaliser cette évolution et ces bonds technologiques.<br/>
Finalement, quelques années plus tard, avec les relectures d’un certain Vincent Bontems, que vous retrouverez dans la bibliographie finale, ils ont identifié que ces évolutions et ces sauts technologiques représentent une courbe logarithmique. Si vous connaissez la loi de Moore, c’est une courbe logarithmique qui nous dit qu’au bout un moment on n’arrivera plus à dépasser une certain puissance parce qu’on aura atteint la miniaturisation maximale, faisable, pour un transistor et cette limite est plus ou moins atteinte aujourd’hui. On est en train de parler de transistors moléculaires qui ne font que les atomes et on ne pourra pas descendre plus bas que ça sur une technologie basée sur le transistor. La technologie en elle-même a évolué. On a eu tout un tas d’avancées techniques là-dedans, ça a été d’abord très rapide et on atteint un palier qu’aujourd’hui on ne sait pas dépasser autrement qu’en multipliant les processeurs, en multipliant la mémoire vive, en multipliant les disques durs.
 
À ce titre-là, on discutait un petit peu plus tôt avec l’un d’entre vous que je ne vois pas mais qui doit être dans le coin, qui me disait que sur les disques durs on a eu une évolution importante, on a eu les SSD, ces disques durs qui n’utilisent plus de disques à plateau et de disques magnétiques. Finalement le SSD, dans sa manière de mettre en œuvre le stockage, est « relativement proche », je vais mettre des guillemets autour, du stockage qu’on réalise et de la manière de réaliser le stockage dans la mémoire RAM, ce n’est pas très différent techniquement dans la mise en œuvre, à la différence qu’un SSD, quand on éteint la machine, va conserver les informations alors que la RAM, quand on éteint la machine, va retomber à aucune information enregistrée dedans.
 
Finalement, nous sommes en haut d’une courbe et peut-être que l’informatique quantique derrière, va nous faire amorcer un nouveau saut, une nouvelle évolution technologique mais, de mon point de vue, ça reste encore à prouver, il y a encore beaucoup de choses à prouver sur l’informatique quantique.
 
Voilà pour cette petite notion sur l’objet technique qu’est un ordinateur et, à partir de là, on va pouvoir commencer à aller examiner ce que sont les algorithmes dans la science-fiction, les IA puis les robots, dans le désordre : les algorithmes, les robots et puis les IA.
 
==17’ 55==
 
===Les algorithmes dans la SF===
 
Dans la science-fiction, les algorithmes sont relativement très peu traités finalement. Par contre, on les retrouve régulièrement en tant qu’outil de décision. Par exemple, dès <em>Le Monde des non-A</em>, dans le bouquin de van Vogt – à chaque fois j’ai envie de l’appeler van Gogh, mais ce n’est pas lui – on a une machine qui va nous servir à prendre des décisions, notamment à évaluer si tel ou tel citoyen peut accéder à certaines responsabilités particulières dans le monde en question. C’est une machine qu’il appelle alors « la machine des jeux », un truc fait de lampes et de tubes, etc., qui va être chargée d’évaluer si les différentes personnes qui vont passer le test de la machine des jeux sont effectivement aptes à obtenir les fonctions ou les responsabilités qu’elles souhaitent avoir. Dans ce cas, c’est effectivement un algorithme qui est utilisé.<br/>
Un autre cas beaucoup plus récent, c’est dans <em>La Zone du Dehors</em> d’Alain Damasio, un livre de science-fiction qui est une référence à <em>1984</em>, que l’auteur a souhaité actualiser par rapport aux évolutions qu’il y avait eu entre-temps, qui a été rédigé, qui est sorti en 2004, qui est un clin d’œil à <em>1984</em> de George Orwell. Dans <em>La Zone du Dehors</em>, les différents citoyens de la société sont nommés en fonction d’un algorithme, ce qui fait que le personnage principal a un nom absolument abscons, Captp, que le président du monde s’appelle A, que le ministre de la Culture s’appelle C, B je ne sais plus qui c’est, le ministre de l’Éducation c’est E et ainsi de suite. Petit à petit chaque personne n’a plus de nom, plus de prénom, est uniquement désignée par cette suite de caractères qui indique sa position dans l’organisation sociale. Là encore c’est un algorithme qui est en jeu, qui réévalue chaque année, en fonction des différentes actions qui ont été enregistrées au fur et à mesure de l’année pour les différentes personnes habitant dans ce monde. Les personnages sont renommés d’une année sur l’autre en fonction de leur évolution dans l’organisation sociale.
 
===Les algorithmes dans la vie réelle===
 
En fait, dans la vie réelle, on connaît les algorithmes depuis très longtemps.<br/>
La définition rapide, la première qui se situe sur l’article Wikipédia nous dit : « Un algorithme c’est une suite finie, non ambiguë — ça se discute — d’instructions et d’opérations permettant de résoudre une classe de problèmes ». Finalement, du coup, l’algorithme de Facebook serait pour nous une suite finie et non ambiguë, d’instructions, d’opérations permettant de résoudre une classe de problèmes, donc d’arriver à savoir quelle personne veut voir quelle personne, etc. La question de l’ambiguïté se pose. Si on parle de l’algorithme de Facebook ou de l’algorithme de Google, cette question est ambiguë pour nous, on peut avoir un sentiment d’ambiguïté vis-à-vis de cette sélection d’informations. Mais, si on avait absolument toutes les données disponibles dans la construction de cet algorithme, que ce soit celui de Facebook ou celui de Google, il serait possible d’arriver à identifier que oui, cette proposition qu’on vient de nous mettre en premier résultat de notre recherche n’est pas du tout ambiguë, elle a été définie par un millier, des milliers, des centaines de milliers de paramètres qui rentrent dans le cadre d’une équation, elle nous fournit une réponse qui n’est pas forcément la bonne, pas forcément celle qu’on attend, mais qui n’est pas ambiguë du point de vue de l’algorithme lui-même.
 
Finalement, ce n'est rien d’autre qu’une répétition, une automatisation d’un ensemble d’instructions qui ont été codées par des humains avec leurs propres défauts, leurs propres biais d’analyse et qui vont, du coup, possiblement, se planter magistralement sur la personne qu’ils pensent, le « client final » entre guillemets, qui va utiliser l’algorithme. Ils vont avoir tout un tas de présupposés dépendant de leur culture, de leur vie, de l’expérience, qui va pouvoir les amener un algorithme qui sera potentiellement faux vis-à-vis d’un utilisateur qui n’a pas du tout la même culture, la même expérience, etc.
 
Si on remonte dans le temps, ce sont les Babyloniens qui ont développé les tout premiers algorithmes sous la forme d’exemples. On a des tablettes, écrites en cunéiforme, qui présentent la résolution de problèmes sous la forme de différents exemples. Ce sont les premiers balbutiements de l’algorithme. Le plus ancien et le plus célèbre c’est le calcul du PGCD d’Euclide.<br/>
Finalement, à chaque fois qu’on a automatisé la résolution de problèmes à l’aide d’équations, quand on a voulu résoudre les équations polynomiales par exemple, on a continué à utiliser des algorithmes. Les algorithmes sont donc quelque chose qui existe depuis l’aube des temps, quasiment depuis le début des mathématiques.
 
Pour resituer un petit peu la chose, les Babyloniens, par exemple, ne comptaient pas en base 10, ils utilisent une base 60 qui a donné pour nous l’horloge et les 60 secondes ou les 60 minutes d’une heure. On doit cela directement ça aux Babyloniens parce que, eux, comptaient sur une base 60.<br/>
Notre ordinateur lui, ne sait faire que des 0 et des 1, il compte en binaire ou, en mathématiques, en base 2.<br/>
Autre exemple possible. Les Mayas savaient compter en base 2 et ils savaient également compter en base 20. C’est un des rares peuples, à ma connaissance, qui était capable de faire des transitions d’une base à l’autre, au moins avant la Renaissance, je dis peut-être une bêtise là-dessus, il faudrait que je vérifie.<br/>
Le zéro est arrivé bien après. Le zéro n’est arrivé, pour nous, qu’au milieu du Moyen Âge, si je ne dis pas de bêtise sur le sujet, et on n’avait pas besoin d’avoir la totalité des connaissances qu’on a en mathématiques aujourd’hui pour arriver créer et utiliser des algorithmes.
 
Finalement, on va avoir une petite difficulté à retrouver les algorithmes réellement dans la science-fiction parce que bien souvent, et si je reprends la définition de Barjavel, « la science-fiction c’est un fait de science à partir duquel on développe une fiction ». C’est une fiction qui va se baser sur un fait de science sur lequel on va considérer, par exemple, le développement de la théorie de la relativité générale, partons sur celle-là. Si on prend la théorie de la relativité générale, on va pouvoir et on va avoir en science-fiction tout un tas d’œuvres qui vont être dérivées et qui vont partir de ce principe-là bien avant même qu’on ait vraiment la théorie de la relativité restreinte à la générale ou des évolutions un peu plus tardives dans les sciences. Des écrivains vont prendre cette théorie et imaginer des univers qui vont nous permettre, du coup, de questionner cette théorie scientifique.
 
Les algorithmes sont aujourd’hui bien présents, on les croise à tout bout de champ sur Internet dans les choix et les recherches qu’on va effectuer, que ce soit sur des réseaux sociaux ou via des moteurs de recherche, on en a à tous les niveaux, mais c’est quelque chose qui est présent depuis très longtemps et qui n’a pas vraiment été intégré par la science-fiction, qui n’a pas été vraiment été testé par la science-fiction. La science-fiction a plutôt testé les usages de ces algorithmes et les modifications que pourraient apporter ces immenses machines de calcul que sont les ordinateurs, du coup la possibilité de produire des algorithmes d’autant plus complexes qu’on a une grande capacité de calcul.
 
On peut peut-être faire une petite question ou deux à ce moment-là, vu que je suis allé vite.
 
<b>Public : </b>Je ne comprends le troisième paragraphe, le troisième point.
 
<b>Greenman : </b>C’est vrai ?
 
<b>Public : </b>Je ne vois quels systèmes, après j’ai du féminin pluriel qui arrive.
 
<b>Greenman : </b>Oui, « si celle-ci », il manque un petit « si », effectivement, c’est une typo.
 
<b>Public : </b>Après, c’est au pluriel alors que ça devrait être au singulier, c’est ça ?
 
<b>Greenman : </b>C’est ça, probablement. En effet. C’est la science-fiction qui peut questionner les usages qui sont faits des algorithmes, mais elle ne questionne pas ou elle ne part pas du principe. Il n’y a pas d’histoire, à mon sens, parce que je n’ai pas lu, non plus, l’intégralité de la science-fiction disponible, il n’y a pas d’élément central, enfin de livre dont le seul élément central soit un algorithme. Je pense que c’est dû au fait que les algorithmes sont bien antérieurs à la naissance de la science-fiction. Si on essaie de remonter à l’origine de science-fiction, généralement on la place avec <em>Frankenstein ou le Prométhée moderne</em> de Mary Shelley qui remonte en 1818. C’est l’ouvrage précurseur qui n’est pas encore, d’ailleurs à l’époque, pas du tout considéré comme de la science-fiction, qu’on considère simplement comme le précurseur de la science-fiction. À partir de ce moment-là, la science-fiction qui s’attache à prendre un fait de science et à essayer d’en développer une fiction n’a pas forcément posé de question à ce que sont les algorithmes dans la science. En science-fiction, on l’a questionné en tant qu’outil mais pas en tant que tel.<br/>
Cette conférence est une première, il est possible qu’il y ait des petits trucs à revoir.
 
<b>Public : </b>Ça s’explique aussi par le postulat d’une des conférences qu’on a vues plus tôt : un algorithme n’est que la formalisation de choix humains. Ce n’est pas vraiment de la science. On peut étudier les algorithmes, mais si on part du principe que ce ne sont que des choix humains, il n’y a pas besoin d’intérêt à mettre cela comme de la science-fiction.
 
<b>Greenman : </b>En effet.
 
<b>Public : </b>Peut-être que le potentiel fictionnel de l’algorithme n’est pas en termes de l’étude ???
 
<b>Greenman : </b>C’est aussi une possibilité, qu’il ne soit pas hyper-intéressant. Cela dit dans le questionnement, les questions qu’on se pose vis-à-vis de ces algorithmes, si on prend le cas de <em>La Zone du Dehors</em> par exemple, c’est un ouvrage qui questionne vraiment l’organisation de la société déterminée par un algorithme de classement des différents citoyens en fonction de leurs capacités, de leurs actions, etc., au fur et à mesure d’une année. On a quand même un petit de questionnements à ce niveau-là, mais plus sur l’usage, à quoi on utilise l’algorithme, que sur l’algorithme lui-même.
 
<b>Public : </b>Tu as dit que tu allais parler tout à l’heure des IA et les IA sont des algorithmes.
 
<b>Greenman : </b>Sont composées d’algorithmes. Oui, c‘est quelque chose qu’on retrouve forcément un peu plus intriqué derrière.
Une autre question ?
 
Je vais pouvoir commencer à parler des robots.
 
===Les robots dans la SF===
 
Les robots sont apparus dans la science-fiction relativement tard, en tout cas le terme robot en lui-même. Il a été forgé par un certain Karel Čapek, j’espère que je le dis bien, j’ai essayé sur Wikipédia avant, normalement c'est comme ça. C’est lui qui va avoir l’idée du terme. En fait ce n’est pas tout à fait lui qui va avoir l’idée du terme, c’est son frère, mais c’est le premier à l’avoir écrit notamment dans une pièce qui s’appelle <em>R. U. R.</em>, <em>Rossum's Universal Robots</em>, qui est sortie en 1920, donc relativement tôt, bien avant Asimov. C’est un dérivé du slave ancien <em>rob</em>, qui est toujours utilisé en tchèque aujourd’hui sous la forme <em>robota</em> qui veut dire « servage » ou « travail ».<br/>
Karel Čapek voit les robots comme des ouvriers qui pourraient remplacer les humains dans les usines pour pouvoir réaliser un travail. Finalement, on retrouve une idée assez commune de l’abandon du travail manuel à des machines qui pourraient remplacer complètement l’ensemble de l’humanité pour le travail.<br/>
Si vous avez l’occasion de voir cette pièce, elle peut toujours être jouée aujourd’hui, elle a été jouée en France trois ou quatre ans après la parution de la pièce de théâtre en Tchéquie, ce serait dommage que je vous divulgue l’intrigue finale, cependant sachez que ça ne se passe forcément hyper-bien. On y retrouve une influence qu’on aura dans beaucoup d’œuvres de science-fiction qui vont traiter des robots.<br/>
On retrouve également cette racine en slovaque et en slovaque on dit <em>robotnik</em> pour « ouvrier » ; ça n’a aucun lien avec un certain Robotnik que certains d’entre vous pourront avoir connu dans les années 80, peut-être, sur des jeux vidéos, dont Jim Carrey avait pris le rôle dans un film relativement récent, essayant de ressusciter une licence qu’ils auraient dû laisser enterrée.
 
==34’ 18==
 
Quand on parle de robots

Dernière version du 19 septembre 2023 à 05:46


Publié ici - Septembre 2023