Différences entre les versions de « L'affaire Cambridge Analytica : les réseaux sociaux, ces objets (géo)politiques mal identifiés »

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'''Titre :''' L'affaire Cambridge Analytica : les réseaux sociaux, ces objets (géo)politiques mal identifiés
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Publié [https://www.librealire.org/l-affaire-cambridge-analytica-les-reseaux-sociaux-ces-objets-geo-politiques-mal-identifies ici] - Juillet 2023
 
'''Intervenantes : ''' Marie Peltier - Asma Mhalla
 
 
'''Lieu :''' <em>CyberPouvoirs</em> - France Inter
 
 
 
'''Date :''' 16 juillet 2023
 
 
'''Durée :''' 33 min
 
 
'''[https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/23984-16.07.2023-ITEMA_23440415-2023F51115S0197-22.mp3?podcast=podcast09/23984-16.07.2023-ITEMA_23440415-2023F51115S0197-22.mp3&geoipcountry=IT&provider=public&br=51115&stationname=France+Inter Podcast]'''
 
 
 
'''[https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/cyberpouvoirs/cyberpouvoirs-du-dimanche-16-juillet-2023-2289227 Page de présentation du podcast]'''
 
 
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]
 
 
 
'''Illustration :''' À prévoir
 
 
 
'''NB :''' <em>transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.<br/>
 
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.</em>
 
 
==Description==
 
 
 
Asma Mhalla revient sur l'affaire Cambridge Analytica, l’un des plus grands scandales récents, symbole de manipulations de l’opinion, d’ingérences, de réseaux sociaux comme nouveaux pouvoirs. Avec Marie Peltier, Asma Mhalla s’aventure aux confins des conspirationnismes florissants.
 
 
 
==Transcription==
 
 
 
<b>Asma Mhalla : </b>Aujourd’hui, dans <em>CyberPouvoirs</em>, les réseaux sociaux, ces objets politiques et géopolitiques si mal identifiés, avec Marie Peltier, professeure et spécialiste des complotismes.
 
 
 
<b>Marie Peltier, voix off : </b>La personne complotiste est une militante qui adhère à une vision du monde. Ce n’est pas juste celle qui va croire aux trucs les plus farfelus, les <em>Illuminati</em> ou que sais-je, c’est aussi la personne lambda qui va dire « je ne crois plus les médias » et Dieu sait qu’il y en a beaucoup.
 
 
 
<b>Asma Mhalla : </b>Bonjour. Je suis Asma Mhalla et mon job consiste à décrypter les nouvelles formes de pouvoir et de puissance qui sont en train de se recomposer actuellement autour de la question technologique. Et chaque semaine, nous allons nous plonger dans une grande affaire pour tirer méticuleusement le fil de cette histoire, lever le voile sur ce qui est en train de se jouer en coulisses, déchiffrer ensemble les enjeux politiques, géopolitiques qui s’affrontent et qui nouent le cœur de ces nouveaux jeux de pouvoir et de puissance de ce début de 21e siècle.<br/>
 
Aujourd’hui, cette affaire est l’affaire Cambridge Analytica.<br/>
 
<em>CyberPouvoirs</em> sur France Inter, c’est parti.
 
 
 
<b>Voix off : </b>Il y a une entreprise, qui s’appelle Cambridge Analytica, qui a participé à la campagne de Donald Trump pour la présidentielle américaine, qui est accusée d’avoir siphonné les données de dizaines de milliers d’utilisateurs de Facebook. C’est une entreprise, un sous-traitant de Cambridge Analytica, qui a créé, en 2014, un quiz. À l’époque, il est possible de récupérer non seulement les données personnelles des gens qui répondent à ce quiz, mais également de tous leurs amis. C’est pour cela qu’ils ont réussi à récupérer autant de données.<br/>
 
On est passé très rapidement d’un scandale Cambridge Analytica à un scandale Facebook. Pourquoi ? Parce qu’à l’époque des faits, Facebook autorise parfaitement cette aspiration de données personnelles. Du coup, on accuse Facebook d’avoir laissé faire et de ne pas avoir suffisamment protégé les données personnelles des utilisateurs.
 
 
 
<b>Voix off : </b><em>CyberPouvoirs</em>. Asma Mhalla sur France Inter.
 
 
 
<b>Asma Mhalla : </b>L’affaire du jour, c’est donc Cambridge Anaytica. Combien de documentaires, d’émissions, d’articles, de livres, de films, ont été dédiés à l’affaire ? Ça reste, à ce jour, LE grand cas d’école, parce que c’est LE premier scandale, LE grand cas d’histoire des réseaux et même, je dirais, d’Internet, qui symbolise à ce point les dérives, les manipulations, les failles du système. Et cette affaire, en substance, c’est quoi ?<br/>
 
D’un côté, on a tout un tas de données illégalement captées par un certain Aleksandr Kogan, chercheur russe, et vendues à Cambridge Analytica.<br/>
 
De l’autre côté, on a donc cette société britannique, Cambridge Analytica, qui a réussi à agréger toutes les données récoltées, personnelles ou, d’ailleurs, pas spécialement personnelles, mais qui ont toujours présenté un intérêt électoral pour manipuler des électeurs par le biais de messages les ciblant spécifiquement en fonction de leur profil psychologique sur les réseaux sociaux, Facebook en tête, à l’époque. Et c’était d’ailleurs surtout au profit d’un certain Steve Bannon, un des grands idéologues de l’<em>alt-right </em> américaine, l’extrême-droite américaine, qui était alors en charge de la campagne présidentielle de l’inénarrable Donald Trump. Et en <em>guest-star</em> de l’affaire on retrouve Mark Zuckerberg, celui qui n’a sans doute rien voulu savoir, mais Facebook était au courant de cette collecte de données pas très nette dès 2015.
 
 
 
<b>Voix off : </b>Monsieur Zuckerberg il s’agit d’une séance du conseil de discipline. Vous êtes accusé d’avoir intentionnellement d’avoir forcé la sécurité, violé les règles du copyright, violé les lois sur la vie privée avec votre site web www.facemash.com. Vous êtes également accusé d’avoir enfreint le règlement de l’université sur la diffusion des images numériques.
 
 
 
<b>Asma Mhalla : </b>Je me souviendrai toujours de ces séquences malaisantes de Mark Zuckerberg qui présentait de plates excuses désincarnées devant le Sénat. <em>Last but not least</em>, le fameux chercheur russe, le fameux Aleksandr Kogan, qui aurait été à la botte du Kremlin. Franchement, tous les ingrédients du thriller politique sont là.<br/>
 
Donc si on résume, Cambridge Analytica c’est quoi ? Ce sont trois choses : la première c’est que tout d’un coup on se rend compte de la possibilité, du potentiel de manipulation personnalisée de masse, écoutez bien cet oxymore, « personnalisée de masse », et le micro-ciblage politique de chaque électeur potentiel à des fins électorales.<br/>
 
La deuxième chose, c’est une affaire d’ingérence étrangère. Christopher Wylie, l’un des lanceurs d’alerte de l’affaire, va affirmer que Cambridge Analytica, je cite et j’ouvre les guillemets, « utilisait des chercheurs russes qui avaient partagé des informations avec des entreprises et des cadres liés au FSB, les services de sécurité russes. »<br/>
 
Enfin et surtout, c’est la prise de conscience collective du rôle stratégique de nos données personnelles. Ces données qui sont parfois sensibles, que malgré toutes les réglementations du monde, on va tous, quand même, lâcher dans la nature du cyberespace par confort ou par ignorance ou les deux à la fois. Ce que vous mangez, ce que vous regardez, achetez, likez, <em>sharez</em>, <em>followez</em> sur Internet est gardé et a une portée hautement politique. Bref ! Chaque citoyen, vous, nous, moi, est une cible, donc nous sommes des acteurs de ce qui se joue, à l’insu de nous-mêmes, sur nos réseaux sociaux mais surtout dans nos cerveaux.
 
 
 
<b>Voix off : </b>L’affaire Cambridge Analytica, les réseaux sociaux ces objets géopolitiques mal identifiés.
 
 
 
<b>Asma Mhalla : </b>Et alors ?, me demanderez-vous et à juste titre. Ce scandale nous dit quoi de ce que sont les réseaux sociaux dans le fond ? Ce sont des espaces publics, mais qui sont aussi des entreprises privées, et ça c’est un énorme paradoxe. Ce sont aussi des espaces de luttes géopolitiques et de confrontations idéologiques, c’est la fameuse militarisation des réseaux sociaux, c’est-à-dire que tout d’un coup ces espaces deviennent des outils de la guerre hybride. Et enfin, ce sont des espaces d’influence politique. Le cas de Elon Musk rachetant Twitter en est l’ultime preuve s’il en fallait.
 
 
 
<b>Elon Musk, voix off du traducteur : </b>Twitter est devenu, qu’on le veuille ou non, une sorte de place du village où chacun doit avoir la possibilité de parler librement tant que c’est dans les limites du cadre légal.
 
 
 
<b>Asma Mhalla : </b>Et avec tout ça, est-ce que les réseaux sociaux sont, dans le fond, devenus, antidémocratiques ? Peut-être. Dans leur forme actuelle en tout cas, ils sont oui, nervurés de failles : failles de modération, ingérences étrangères, des informations à échelle industrielle, amplification des polarisations : c’est-à-dire qu’on va essentiellement brutaliser le débat public, vous allez être essentiellement exposé à des contenus radicaux, aux émotions négatives qui vont, dans le fond, brutaliser le débat public. Mais surtout, ils posent, sur la table de notre discussion collective, un doute philosophique majeur : qu’est-ce que doit être désormais la liberté d’expression, son cadre, ses limites à l’heure des réseaux sociaux ? Bref ! Vous voyez où je veux en venir. Nos vieilles démocraties occidentales ne maîtrisent plus tellement leur modèle politique et Cambridge Analytica c’est, pour moi, le symbole de tout cela, c’est une bascule qui va marquer la fin, la fin de nos utopies initiales, de l’idéal qu’on avait eu autour d’Internet, qui va marquer, dans le fond, le retour au réel distordu par ces fameuses manipulations politiques.
 
 
 
En définitive, les réseaux sociaux nous donnent à voir une facette inédite de ces nouvelles formes de pouvoir, de cyber-pouvoirs et, dans nos démocraties déjà si fragilisées, ces espaces risquent d’ailleurs de devenir des accélérateurs insurrectionnels, des coefficients multiplicateurs des complotismes, des séparationismes [séparatismes?] [8 min 40]. Rappelez-vous l’invasion du Capitole en 2021, les émeutes de Brasilia en 2023 ; plus récemment encore en France, les émeutes récentes.<br/>
 
Et c’est pour discuter de ce point-là précis, le risque complotiste augmenté de la technologie, que j’ai eu très envie d’inviter sur Inter Marie Peltier, l’une des plus grandes spécialistes de la question complotiste.
 
 
 
<b>Pause musicale : </b> : <em>Another brick in the wall (part 2)</em> par Pink Floyd.
 
 
 
<b>Asma Mhalla : </b>C’était Pink Floyd sur France Inter. Vous écoutez toujours <em>CyberPouvoirs</em> et on parle des réseaux sociaux, ces étranges objets politiques.
 
 
 
<b>Voix off : </b>France Inter, Asma Mhalla , <em>CyberPouvoirs</em>.
 
 
 
==12’ 43==
 
 
 
<b>Asma Mhalla : </b>Je suis très heureuse
 

Dernière version du 22 juillet 2023 à 15:10


Publié ici - Juillet 2023