Différences entre les versions de « Émission Libre à vous ! du 22 novembre 2022 »

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==Mastodon, réseau social libre et décentralisé, avec Cécile Duflot et Benjamin Sonntag = MO==
 
==Mastodon, réseau social libre et décentralisé, avec Cécile Duflot et Benjamin Sonntag = MO==
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<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons aborder notre sujet principal qui va porter aujourd’hui sur Mastodon, réseau social libre et décentralisé qui fait l’actu, avec nos deux invités que je laisserai se présenter après, Cécile Duflot et Benjamin Sonntag.
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Je rappelle que vous pouvez participer à notre conversation par téléphone au 09 72 51 55 46 ou sur le salon web dédié à l’émission sur le site causecommune.fm, bouton « chat », salon #libreavous.
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Nous allons donc parler de Mastodon, mais on va déjà laisser nos invités se présenter. On va commencer par Cécile Duflot.
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<b>Cécile Duflot : </b>Bonjour. Je suis Cécile Duflot. Je suis aujourd’hui la directrice générale d’Oxfam France, une ONG qui lutte contre la pauvreté et les inégalités. Auparavant j’ai eu un engagement politique puisque j’ai été députée, ministre et secrétaire nationale du parti écologiste Europe Écologie Les Verts.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Merci Cécile. Benjamin Sonntag.
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<b>Benjamin Sonntag : </b>Bonjour. Je suis Benjamin Sonntag, je suis gérant d’une petite entreprise d’hébergement de serveurs sur Internet qui s’appelle Octopuce et, par ailleurs, cofondateur, avec mes camarades, il y a très longtemps, de La Quadrature du Net, une association de défense des libertés à l’ère du numérique. Dans le cadre de cette émission, plus précisément, un des fondateurs d’une instance Mastodon qui s’appelle Mamot et plus récemment d’une autre qui s’appelle Piaille. On va découvrir aujourd’hui de ce dont il s’agit.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Exactement. On va en parler tout à l’heure. Pourquoi ça fait l’actu ? Ça fait l’actu notamment parce qu’un certain rachat a été fait par un milliardaire américain, Elon Musk, de Twitter. Peut-être que tout le monde ne suit pas à la fois ce qu’est Twitter et les activités récentes sur Twitter. La première question qui va être assez rapide, je précise tout de suite, le but n’est pas de parler de tous les problèmes posés par Twitter, mais d’expliquer un peu quels sont les problèmes généraux posés par Twitter globalement, les lister, et qu’est-ce que qui fait que, tout d’un coup, avec le rachat d’Elon Musk, ça a entraîné un questionnement encore plus important, donc l’arrivée de personnes sur Mastodon dont on parlera après.<br/>
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Qui veut commencer ? Cécile.
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<b>Cécile Duflot : </b>Si je commence, je vais commencer par dire les choses bien de Twitter.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Commence par dire les choses bien !
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<b>Cécile Duflot : </b>J’ai fait partie des gens qui ont eu un compte Twitter très tôt, en 2008, parce que ’étais entourée par des jeunes qui étaient très attentifs aux nouveaux sociaux et, au départ, j’étais très grognon : je ne comprenais pas comment ça marchait, je ne voyais pas du tout l’intérêt de faire un message en quelques dizaines de caractères, ça ne me permettait pas de parler de politique, je ne voyais pas du tout l’intérêt, jusqu’au jour où j’ai fait une blague. Le jour où j’ai fait cette blague, que ça a bien marché, j’ai compris et, du coup, ça m’a intéressée. J’ai trouvé que c’étaient des interactions marrantes.<br/>
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Ensuite sont arrivées plusieurs qui, pour moi, ont été fondatrices dans ma relation à Twitter. C’est d’abord la révolution en Tunisie où Twitter a joué un rôle très important ; il était utilisé pour se prévenir les uns les autres de la présence de forces armées et il a été aussi, je pense, un des outils assez décisif au moment où Ben Ali a fui la Tunisie et où la question de l’accueillir, ou plutôt d’essayer de bloquer son accueil en France qui aurait, de la part de l’avis d’un certain nombre de militants tunisiens, gelé la révolution, a été permise en partie parce que des gens identifiants qu’il s’était posé, je ne sais plus à Malte je crois, en tout cas ça a permis à un certain nombre de réagir et de bloquer son arrivée en France.<br/>
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Ensuite il y a eu #MeToo et #MeToo n’aurait pas existé dans Twitter.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Il y a cinq ans.
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<b>Cécile Duflot : </b>Voilà. Il faut dire les choses #MeToo, n’aurait pas existé sans Twitter et, en tant que femme, en tant que féministe, je considère pas qu’on a non pas une dette à l’égard de Twitter, mais quand même ! C’est un outil fabuleux, c’est un outil d’interaction mondiale, avec aussi plein de défauts, mais je voulais qu’on sache d’abord pourquoi c’était bien, ce qui fait que, potentiellement, on a envie de le remplacer, qu’on n’a pas envie de le perdre complètement.
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<b>Frédéric Couchet : </b>C’est une bonne introduction.<br/>
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Benjamin, est-ce que tu veux compléter sur la partie positive et aussi peut-être sur la partie problématique ?
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<b>Benjamin Sonntag : </b>J’ai découvert Twitter assez tôt aussi et j’ai tout de suite compris qu’il y avait une grosse différence avec Facebook, nos auditeurs qui l’utilisent peut-être aussi, s’il y en a. Avec Facebook on parle avec des gens qu’on appelle des « amis », avec des gros guillemets, surtout des gens qu’on connaît plus ou moins, mais c’est une liste précise de gens. Quand on envoie des messages sur Facebook ça part à une liste de gens et on a une petite idée de qui il s’agit.
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Avec Twitter, il y avait cette espèce de nouveauté que j’ai découverte tout de suite et je suis dit « ouah ! On a fait ça, l’humanité a fait ça ». On parle sur la place publique et tout le monde peut venir nous lire. Il y a un moteur de recherche, on peut se retrouver recommandé par d’autres gens par les retweets, etc., et tout à coup on a cette espèce de plateforme mondiale, monopolistique, privée et capitaliste – c’est un gros bémol qu’il va falloir mettre autour de ça – mais une grosse plateforme mondiale où on peut discuter entre nous complètement librement. Ça peut être super parce que tout à coup je me mets à discuter avec des gens genre un avocat connu, un chercheur en informatique du MIT, à l’autre bout du monde, qui me répond, qui est hyper-intéressé parce qu’on discute d’un sujet qu’on a en commun, un truc complètement microscopique, de niche, et des choses comme ça sont arrivées à plein de gens autour de moi qui utilisent Twitter, qui sont en interaction avec plein de gens super et c’était super.
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Moi en tant qu’homme, j’ai découvert que sur Twitter toutes les personnes que je connais, qui sont présentes comme femme sur leur profil ou avec leur prénom, se faisaient assez régulièrement harceler et Twitter ne faisait rien contre ça. Je ne compte plus le nombre de femmes qui m’ont dit « même pas en rêve j’ouvre mes DM sur Twitter ! »
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<b>Frédéric Couchet : </b>Les DM ce sont les messages directs.
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<b>Benjamin Sonntag : </b>« Même pas en rêve j’ouvre mes messages privés sur Twitter aux inconnus, sinon je reçois direct je reçois des ???, des photos de bites, des messages de harcèlement, c’est une horreur ! » Et là, en tant qu’homme, j’ai dit « mince, c’est vrai qu’il y a ça derrière ». On découvre que Twitter c’est bien mais qu’ils ont oublié un truc, ils ont fait ça à l’américaine, en gros c’est très <em>free speech</em>, il n’y a pas trop de limites à la liberté d’expression sauf que la liberté d’expression, quand on fait comme ça, c’est aussi la liberté de harceler son voisin et sa voisine. Je ne connais aucune place publique ou bar où, quand il y a un relou, il ne finit pas par se faire mettre dehors par les autres autour qui disent « c’est bon fous-lui la paix ». Le problème c’est que Twitter est une immense place publique mondiale et, pour moi, ils ont très mal géré ces aspects-là.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Les aspects haine, harcèlement.
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<b>Benjamin Sonntag : </b>Les aspects harcèlement, haine, persécution de gens sous prétexte qu’ils sont des minorités, qu’ils sont des femmes, des homosexuels et c’était un vrai problème pour moi. Et clairement, c’est peu de dire que l’arrivée d’Elon Musk n’a rien amélioré là-dessus.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Justement qu’est-ce que l’arrivée d’Elon Musk a provoqué, parce que, clairement, ça a provoqué quelque chose ? On l’a vu sur Mastodon, on en parlera tout à l’heure, mais clairement ça a provoqué quelque chose ! Mais au fond quelle est la crainte des gens par rapport à Twitter tel que les gens le connaissent aujourd’hui suite au rachat par Elon Musk ? Est-ce que c'est juste le rachat par Elon Musk, est-ce que ce sont ses annonces ? Cécile Duflot.
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<b>Cécile Duflot : </b>Ce qui est étonnant c’est que c’était à la fois une plateforme privée, mais comme il n’y avait pas, on va dire, de propriétaire bien identifié, ça restait un peu flou, du coup on avait le sentiment d’abord que Twitter réagissait sous la pression. C’est vrai qu’il régulait mal le harcèlement, qu’il régulait mal aussi la création de plein de faux comptes. Moi j’ai tout vécu, tous ces évènements négatifs, le harcèlement, l’<em>astroturfing</em> c’est-à-dire les fermes de faux comptes qui alimentaient le truc qui ne devient plus vrai : il y avait déjà un début de fatigue à l’égard de Twitter parce que c’était moins vrai qu’avant. Même si c’était des pseudonymes, et moi je n’ai aucun problème avec le pseudonymat, les interactions dont parle Benjamin c’était avec des vraies personnes derrière, ce n’était pas une personne qui activait 25 comptes. Depuis maintenant j’ai découvert que c’est assez facile à identifier, j’en ai été victime plusieurs fois, des fois de façon anecdotique sur des sujets marginaux. Du coup ça perd complètement sa saveur parce qu’on ne peut plus suivre les réponses, on n’est plus qu’émetteur, il n’y a plus d’interaction, donc ça perd une grande partie de son intérêt.
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Un, il y avait la folie d’Elon Musk et son choix, son côté très capricieux et le côté instinctif assez rapide de tout le monde qui a compris, avec ses foucades, ses licenciements, que le truc pouvait s’écrouler, que le truc pouvait disparaître. Je pense, en tout cas je fais partie de cette vague-là, qu’une grande partie de gens se sont dit « bon, ce sera quoi le plan B et tant qu’à avoir un plan B il faut un truc qui existe déjà » et là on comprend quand même que la logique libre est beaucoup plus <em>secure</em> que le fait que ça puisse être privatisé par un mec milliardaire, capricieux. Je pense que c’est vraiment cet élément-là qui a fait basculer, outre le fait qu’on se dit, évidemment, que la régulation était déjà limitée, avec Elon Musk on est parti vers le grand n’importe quoi.
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Il y a quand même un élément assez décisif que Benjamin a dit, il y avait aussi la présence d’un certain nombre de personnalités. Quand je dis personnalités, ce ne sont pas forcément des gens connus, mais des gens sur-spécialistes des fossiles de tel dinosaure qui, de temps en temps, racontent des découvertes et c’est passionnant. Mais pour ça on a besoin d’identifier que ces gens étaient vraiment les personnes qu’ils disaient être, d’où cette fameuse authentification par la coche bleue. À partir du moment où ça devenait quelque chose en vente, déjà ce n’était plus du tout la même histoire et plein ont fait la démonstration qu’on pouvait se faire passer pour vous, du coup la valeur même du réseau et du fait de savoir si c’est la bonne ou pas la bonne personne disparaissait.
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<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Benjamin là-dessus.
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<b>Benjamin Sonntag : </b>Je trouve ça intéressant. Ça fait longtemps que je suis convaincu que Twitter n’est pas la bonne réponse, en tant qu’outil numérique, pour échanger entre tout le monde parce qu’il est privatisé, parce que c’est une plateforme unique. En biologie, quand il y a un seul truc qui existe, eh bien il ne se reproduit pas et il meurt. Pour moi la vie n’existe que dans la diversité, c’est consubstantiel de ce qu’est la vie, la définition de la vie c’est la diversité et Twitter n’était pas divers. Jack Dorsey avait monté son projet, il a mis ses règles et fin du <em>game</em>. Non ! Au bout d’un moment il faut qu’il y ait de la diversité.
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Mastodon, dont on parle aujourd’hui, est un logiciel libre qui a été inventé par un Allemand, Eugen Rochko, qui a développé ce truc-là et qui, depuis, est aidé par d’autres gens. Il est parti de l’idée qu’il fallait un système qui soit décentralisé, où on puisse avoir plein de petits Mastodon et chacun gère ses petites règles, un peu comme si on disait en France il y a un bar avec une grande place autour avec plein de tireuses à bière et un seul tenancier. Non ! En fait il y a plein de bars dans plein de petits villages, on peut se déplacer, on peut aller dans le village d’à côté parce qu’on préfère les mecs et les femmes qu’on y trouve, parce que ce sont des copains ou on peut se retrouver ailleurs parce que..., etc. Il faut cette diversité.
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J’ai découvert Mastodon, je me suis dit c’est super.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Du point de vue historique. La création de Mastodon c’est en 2016. De mémoire tu as le découvrir en 2017.
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<b>Benjamin Sonntag : </b>Il y a une première explosion. Et Cécile s’était créé un compte, je m’étais créé un compte. J’avais monté une première instance, mamot.fr, avec La Quadrature du Net.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Une association de défense des libertés informatiques.
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<b>Benjamin Sonntag : </b>Une association de défense des libertés numériques. On se retrouve avec cette instance et il y a une première explosion de gens qui disent « c’est bien ce truc décentralisé » et qui viennent parce qu’ils comprennent les enjeux. On n’était quand même pas très nombreux, mondialement 100, 200, peut-être 300 000 personnes, une goutte d’eau dans l’océan des réseaux. Mais cette année, il y a 15 jours, avec le rachat de Musk , ses gabegies et ses n’importe quoi – il a licencié les trois quarts de son équipe ce qui fait que la maintenance terchnique de Twitter n’est pas assurée aujourd’hui, il faut être très clair.
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<b>Frédéric Couchet : </b>S’il y a un problème on ne sait pas si ça va redémarrer.
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<b>Benjamin Sonntag : </b>Il y a des trucs qui ne marchent déjà plus. Si on a un système de double mot de passe, comme on peut l’activer si on est peu sécurisé, ça ne marche plus. Il y a des gens qui font de la pub sur Twitter qui se barrent parce qu’ils disent que leurs outils de diffusion de pub ne marchent plus. Ils sont en train de casser le nerf financier de Twitter. C‘est en train de partie en quenouille à vitesse grand V. Suite à ça les gens ont fait comme Cécile, ils se sont dit « il faut un plan B ». J’ai vu ça dans ma communauté, notamment la cybersécurité informatique, toute une communauté de gens qui discutent sur Twitter et nous sommes plein qui ne nous connaissons que via Twitter. Et en 48 heures, jeudi dernier je crois, j’ai vu notamment toute la sphère US, tard le soir pour nous, dans la nuit, tous en train de s’exciter en disant « où se retrouve-t-on ?, parce qu’en fait machin connaît machine, machine connaît bidule ». Et entre nous, hommes et femmes du monde de la cybersécurité, nous nous sommes dit « il faut que nous nous retrouvions ailleurs. Si Twitter s’éteint là, dans une demi-heure, nous ne nous retrouvons plus, c’est notre seul moyen de communication, mais nous sommes cons ! » Une instance, une version de Mastodon, a été développée par des Américains, elle s’appelle IOC.exchange! ; tous les gens de la cybersécurité se sont retrouvés dessus. Ce qui est super c’est que moi, avec mon compte sur Mamot, je peux leur parler.<br/>
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Toute cette communauté de gens s’est retrouvée. Du jour au lendemain chacun a monté son plan B, dans son petit coin. On arrive à parler entre nous, c’est super, on peut se passer de Twitter maintenant !<br/>
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La nouvelle phase de « on quitte tous Twitter, on parallélise en ayant un plan B qui est ouvert et qui est super », là elle beaucoup plus grosse ; depuis 15 jours ça explose un peu.
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<b>Cécile Duflot : </b>Je peux dire pourquoi je ne suis pas restée sur Mastodon. En 2017 j’ai créé mon compte, je crois que c’est Benjamin qui m’en avait parlé, sauf que d’abord je ne comprenais pas, il n’y avait pas d’applis. Je fais partie des gens qui sont politiquement très convaincus par le Libre, je suis très ouverte à la question, mais je ne parle pas couramment le Python ou tout ça.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Python est un langage de programmation.
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<b>Cécile Duflot : </b>J’ai programmé un ordinateur quand j’avais 12 ans, c’était un TO7, et ça n’a jamais été mon truc. Je conçois qu’il y a plein de gens qui, face à un écran noir, mettent des deux points, des mots, tout ça, et ils parlent à leur ordinateur. Je ne fais pas du tout partie de ces gens-là et, en plus, je sais que plein de gens n’osent pas le dire, mais quand ce n’est pas assez simple et qu’ils n’y arrivent pas ils n’osent pas demander, parce qu’il y a un côté un peu snob. Je le dis, j’aime les libristes d’amour et pour toujours parce que je pense vraiment que c’est ultra-stratégique de connaître ce monde-là dans le monde dans lequel on vit, mais parfois ils ne se rendent pas compte qu’ils parlent un langage qui est un langage évident pour eux – je le dis parce que ma petite sœur, on a grandi dans la même famille, est très différente de moi – ce n’est pas un langage qui est compréhensible par beaucoup de gens. Donc il faut que ce soit facile d’accès. Mon combat c’est qu’on puisse dire à la fois c’est libre et c’est facile d’accès.<br/>
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Mastodon, à l’époque, c’était compliqué, je ne comprenais pas le truc des instances. En fait on peut expliquer beaucoup plus simplement cette histoire d’instance à plein de gens, je vais y revenir.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Tu l’expliqueras après.
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<b>Cécile Duflot : </b>En fait il n’y avait que des geeks, qui ne parlaient que de trucs de geeks, avec des mots qui étaient du français mais je n’en comprenais pas la moitié. Très rapidement je me suis sentie pas à ma place, juste pas à ma place, donc je suis repartie sur la pointe des pieds, du coup compte qui était sur je ne sais même pas sur quelle instance, bref ! Il a disparu.
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Là il s’est passé deux choses. Un, il y a d’abord eu cette idée « je ne veux pas qu’on m’enlève cet outil,les gens que je lis ». Pour moi c’est une fenêtre ouverte sur le monde. J’ai une, TL comme on dit, c'est-à-dire la liste des gens que je suis, ultra-diversifiée, j’apprends plein de choses, chaque jour qui passe. Twitter c’est un peu comme une bibliothèque. C’est vrai que les gens disent « on est sur Twitter », mais des fois, quand je m’ennuie, j’y vais, je clique sur un article que quelqu’un a envoyé, auquel je n’aurais pas du tout pensé, dans un magazine que je ne connais pas ou un site que je connais pas, et j’apprends plein de choses. Je me suis dit « mince je ne veux pas qu’on m’enlève ça. Je vais y retourner et je vais voir. »
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En fait, en même temps qu’il y a eu cette volonté d’y aller, le travail avait continué et un certain nombre de développeurs ont simplifié les choses, notamment créé des applis pour les téléphones portables qui sont, en tout cas pour celles que j’ai sur mon iPhone de base, aussi intuitives, simples et avec presque toutes les mêmes fonctionnalités que Twitter. C’est ultra-facile de changer, avec une chose différente c’est qu’effectivement il y a une liste avec tous les gens qui sont abonnés à l’instance à laquelle je suis abonnée. Une instance c’est la porte par laquelle vous rentrez dans le grand château.
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Il faut dire, Benjamin, que les gens ont l’impression que s’ils s’abonnent à une instance ils vont rester dans ce cercle-là. Pas du tout ! En fait c’est la porte d’entrée et ensuite c’est comme Twitter. Du coup, je peux lire, en français, une liste de gens que je ne connais pas, du coup je peux aussi les découvrir puisque c’est une instance francophone.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Je précise aux personnes qui sont sur le salon que tout à l’heure on donnera les noms des clients, c’est prévu dans la deuxième partie de l’émission de donner ces informations. Là on va essayer d’expliquer, Cécile a commencé à le faire, ce qu’est Mastodon.<br/>
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La partie la plus simple, sans doute, c’est que c’est un logiciel libre. Benjamin, peux-tu rappeler ce qu’est un logiciel libre ?
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<b>Benjamin Sonntag : </b>Un logiciel libre est un logiciel dont on a la recette de cuisine, c’est-à-dire qu’on peut voir comment il a été fabriqué. Non seulement on a la liberté de voir comment il a été fabriqué, mais de prendre la recette de cuisine, la modifier et redistribuer des versions modifiées et le tout librement, sans être obligé de forcément verser le coût d’une licence régulière aux grands monopoles américains en face. Donc ça a plein d’avantages parce que ça permet, certes surtout aux geeks et aux informaticiens, à tous ces gens-là qui sont quand même très nombreux, d’échanger les recettes de cuisine, de les améliorer et de construire ensemble plutôt que de construire les uns contre les autres, ce que font la plupart des autres qui font du logiciel non-libre ou propriétaire. Donc ça a quand même de super avantages.
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Mastodon est en effet un logiciel libre. Ce qui est super c’est que d’entrée de jeu ça a permis à plein de gens de venir aider à contribuer. Mastodon est sorti et, quelque mois après, il était traduit en 45 langues, comme ça [bruit d’un claquement de doigts, NdT] ! C’est super. Il y a un côté magique et ça n’a rien coûté à l’auteur du logiciel parce qu’il y a un juste un mec au Pakistan qui a dit j’ai envie que ce soit disponible en ourdu, en Iran en farsi, et il est disponible dans toutes ces langues-là. Des Bretons l’ont traduit en breton, c’est super ! Et plein de geeks ont contribué à améliorer le système, le rendre plus facile, plus ergonomique. Finalement il y a eu des applications pour Android, pour iPhone, dont on parlera tout à l’heure, c’est super ! Ça permet cette espèce de vibrionnance d’écosystème complètement fou où tout se déploie vraiment de manière assez fantastique et libre, ce qui fait qu’on peut prendre Mastodon, faire une petite modification et on ne doit rien à personne en fait. Typiquement on parlera de Piaille tout à l’heure, l’instance qu’on a montée avec Thibaut, on a choisi un côté visuel autour des oiseaux, le petit « poutou ! », quand il y a un nouveau message c’est « cui-cui » ! On n’a rien demandé à personne pour changer les fonctions de l’appli, le logo et la tête que ça a, etc.
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<b>Frédéric Couchet : </b>OK. C’est très clair sur la partie libre. La partie qui est peut-être un peu plus difficile à comprendre pour les gens qui viennent de Twitter ou les gens qui découvrent Mastodon sans être passés par Twitter, c’est, comme le disait tout à l’heure Cécile, qu’il y a une seule porte d’entrée pour Twitter qui est twitter.com, qui est gérée par une entreprise ; pour Mastodon il y a cette notion d’instance ou de serveur.<br/>
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Cécile avait commencé à expliquer un petit peu ce que sont les instances serveurs. Comment l’expliques-tu aux gens de ton entourage ?
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<b>Cécile Duflot : </b>J’explique en disant justement que Mastodon ou Twitter c’est un gros château dans lequel tout le monde peut rentrer. La différence c’est que, pour Twitter, il y a une seule porte, que c’est celui qui possède la porte, qui tient la clef, qui peut décider qui rentre et qui ne rentre pas, il peut aussi décider de fermer la porte et que plus personne ne rentre ; en l’occurrence c’est Elon Musk.<br/>
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La différence pour le château Mastodon c’est qu’il y a plein de portes, donc il faut choisir la porte par laquelle on rentre. Ça deux choses : une fois qu’on a choisi sa porte, cette porte peut choisir qu’elle ne veut pas que d’autres portes viennent, typiquement s’il y a une porte qui est un serveur de gens de l’extrême droite, etc., elle peut dire que ceux-là ne viennent pas, on ne peut pas les voir quand on vient de notre porte, donc on peut être protégé de ça ; et ça crée aussi un lieu où, dans le porche de la porte, tu peux lire tous les gens qui passent par ta porte. Mais une fois que tu es dedans, ça ne change strictement rien. Du coup, ça veut dire aussi qu’il n’y a personne qui peut décider de fermer ta porte. Mais, tu peux être aussi protégé de gens qui arrivent par des portes différentes et tu peux choisir si tu veux être dans une porte où, en fait, ce ne sont que spécialistes de la tech qui viennent et que, du coup, dans le porche tu entends des discussions autour de la tech, une porte qui parle français, une porte qui parle breton. Ce qui est particulier à comprendre c’est qu’il faut simplement choisir la porte par laquelle rentrer.<br/>
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Ensuite, pour les fonctionnalités, on fait des messages un peu plus longs que sur Twitter.
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<b>Frédéric Couchet : </b>De 500 caractères maximum.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Je vais parler en langage Twitter, on peut les re-twitter, les repartager, on peut mettre des photos, on peut mettre des vidéos. Ça ressemble vraiment beaucoup. Une fois qu’on est rentré dedans, ça ressemble vraiment beaucoup. La seule chose qui est différente c’est qu’on en peut pas reposter le message de quelqu’un.
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<b>Frédéric Couchet : </b>On reparlera de ça après, Cécile, c’est justement intéressant, ce sont certains choix technologiques qui ont été faits. On en reparlera juste après. On va finir sur la partie serveurs, vas-y.
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<b>Benjamin Sonntag : </b>Un parallèle j’aime bien faire pour faire découvrir aux gens qui ne connaissent pas Twitter et même pour ceux qui connaissent, je compare plutôt Mastodon au mail. Mon mail c’est benjamin@sonntag.fr. Si une amie qui s’appelle manon@gmail.com a envie de m’écrire, elle peut m’écrire. On a tous compris que ce sont des instances différentes parce que après le arobas ce n’est pas pareil, elle est chez gmail, moi je suis chez sonntag. J’écris aussi à Astrid qui est yahoo, j’écris aussi à Philippe sur free.fr, j’écris aussi à Jérémie sur ???. En fait, nous nous écrivons entre nous et nous ne nous sommes jamais posé la question.
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Il y a une différence : la seule différence avec Mastodon c’est que Mastodon c’est comme si on avait un mail. mais par défaut, quand on poste un message, il est posté à tout le monde, c’est public par défaut. C’est le mail avec en plus le fait que quand on ne se pose pas de question le message qu’on envoie est envoyé à tout le monde. C’est super. Ça veut dire qu’on peut s’envoyer des messages entre nous, envoyer des messages à destination d’organisations, de groupes d’utilisateurs, de listes de personnes, des gens qui nous suivent ou à ces trois personnes-là auxquelles on veut parler avec des messages privés, mais si on ne met personne en fait c’est tout le monde, tout le monde reçoit nos messages. Ça veut dire que derrière, en tant qu’humanité, il faut qu’on apprenne ce que veut dire envoyer des messages à tout le monde. Là il y a un grand pouvoir, mais c’est aussi une grande responsabilité.
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<b>Frédéric Couchet : </b>On va en parler justement un petit peu après. On va continuer à défiler la partie purement technique. J’explique juste, comme vous ne voyez pas l’écran, que sur le salon web on vous félicite pour vos comparaisons notamment sur celle avec le courriel, etc.
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On va continuer un petit peu sur la partie technique. Au niveau des messages, effectivement ce que tu disais Cécile, on peut poster des messages de 500 caractères maximum, on peut mettre des images, etc. Il y a quand même des choses qui sont un petit peu différentes. Avant de parler de ce qui n’est pas possible, peut-être expliquer, d’un point de vue graphique, qu’on a les messages qui sont envoyés par les personnes abonnées, sans algorithme, c’est peut-être important à expliquer.
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<b>Cécile Duflot : </b>Là je ne suis pas d’accord. Tout le monde croit que Twitter c’est avec un algorithme. Depuis toujours, en appuyant sur « Voir les derniers tweets », on peut avoir Twitter sans algorithme, ce qui n’est pas possible pour Facebook, je ne suis pas une spécialiste, mais j’ai compris ça, alors que pour Twitter, si on a Twitter « Avec les derniers messages », ce que j’ai toujours choisi parce que c’est chiant qu’on choisisse pour toi, en fait c’est exactement comme Mastodon.
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<b>Frédéric Couchet : </b>On va juste préciser que par défaut, sur Twitter, il y a l’algorithme. Sinon, en appuyant sur quel bouton « Voir les derniers tweets », on peut avoir la frise chronologique. Sur Mastodon c’est par défaut et, ce qui est intéressant en plus de ça, c’est qu’il y a deux fils différents : le fil de l’instance locale et le fil global.
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<b>Benjamin Sonntag : </b>Il y en a même trois.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Il y a aussi les notifications.
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<b>Benjamin Sonntag : </b>Le fil par défaut ce sont les gens dont on souhaite voir les messages de manière active, auxquels on s’est inscrit, les gens qu’on suit : lui, lui, lui, elle et lui.
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<b>Cécile Duflot : </b>En Twitter langage, c’est la TL.
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<b>Frédéric Couchet : </b>La frise chronologique.
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<b>Benjamin Sonntag : </b>Ce sont les gens auxquels je suis abonné, je veux connaître leurs messages ; c’est ce qui m’intéresse le plus, ce sont les gens que j’ai découverts, je me suis dit « OK, lui je veux le suivre, elle je veux la suivre » et je vois leurs messages, parce que je les ai choisis, ce n’est pas un algorithme et je vois d’abord leurs derniers messages.
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Ensuite il y a les messages de notification, les gens qui me répondent, qui re-pouettent mes pouets, qui les <em>forwardent</em>, qui les transmettent à d’autres gens, ce sont les notifications.
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Il y a ensuite ce qu’on appelle la <em>timeline</em> locale où on a les messages locaux. En gros ce sont tous les messages postés en public par tous les usagers, par tous les utilisateurs et utilisatrices de l’instance à laquelle je suis. C’est là où le choix de la porte d’entrée est important parce que si on est dans une communauté qui a une couleur particulière – politique, technique, industrielle, artisanale, <em>gamer</em>, peu importe – eh bien les messages de la <em>timeline</em> locale vont être très dans cette couleur. En effet pour Cécile à l’époque, l’instance c’était ???, donc c’était un peu bizarre.
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Et la <em>timeline</em> fédérée c’est <em>world company</em>, c’est le monde entier, ce sont tous les messages postés publiquement par tous les usagers de l’instance locale et qui ont des abonnés sur les autres instances distantes qu’on voit. C’est donc quelque chose de beaucoup plus verbeux, beaucoup plus bavard, beaucoup plus versatile et là on peut voir un peu tout et n’importe quoi.
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<b>Cécile Duflot : </b>Je regarde, du coup je viens de recevoir le message d’un Suisse sur Mastodon qui dit que pour un Suisse c’est très simple, c’est comme la Suisse : il y a les messages que t’envoient les gens auxquels tu t’es abonné, ensuite il y a les messages de ton canton et ensuite il y a les messages de toute la Suisse. C’est vrai que nous ne sommes pas dans un pays qui a la culture de la fédération. Pour les gens qui ont une culture de fédération, je pense que c’est très simple de faire partie de deux choses.<br/>
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Je trouve super le côté instance. La liste, en l’occurrence Piaille puisque mon compte est sur Piaille, en plus elle est francophone donc elle est facile à lire – parce qu’il manque l’option traduction automatique ; ça a vraiment changé la vie sur Twitter parce que je suis des gens coréens, japonais, donc ce n’est pas possible de les traduire – comme ça je découvre de nouvelles personnes.
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Je voudrais dire aux gens qui nous écoutent que plein de gens qui arrivent sur Mastodon disent « je ne connais personne ». Pour info, quand nous sommes arrivés sur Twitter, nous ne connaissions personne. C’est pour ça qu’il y avait ce qu’on appelait les <em>follows Friday</em> : tous les vendredis les gens envoyaient des messages avec la liste des gens qu’ils connaissaient en disant « vous pouvez les suivre, ils sont intéressants pour ci et pour ça ». Du coup maintenant, comme ça fait un moment que je suis arrivée sur Mastodon – un moment c’est une semaine ou dix jours, une dizaine de jours – je suis devenue une sorte de boussole pour un certain nombre de gens, c’est d’ailleurs assez rigolo comme statut, plein de personnes m’ont envoyé des messages pour me dire qu’ils vont regarder les gens que je suis ou les gens qui me suivent pour retrouver les gens qu’ils suivaient sur Twitter. Ça fait une sorte de boîte, c’est aussi un moyen et ça me fait marrer, c’est exactement ce qu’on faisait au début de Twitter ; ça ressemble quand même beaucoup, sauf que c’est plus durable, ça ne dépend pas d’Elon Musk et surtout le but n’est pas de gager de l’argent, donc de faire de la pub. C’est aussi ça l’élément chouette du Libre, on se dit qu’on va rester tranquillement à faire de la conversation, on ne va pas se retrouver otage de pub, du fait qu’on va utiliser nos données ou qu’on va regarder les tweets qu’on a likés ou pas pour nous envoyer telle ou telle pub, c’est aussi ça qui change tout.<br/>
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C’est la grande différence avec le Libre et je le redis, c’est pour ça que je suis très reconnaissante, c’est que ça marche parce qu’il y a des gens qui font ça bénévolement, juste parce qu’ils aiment bien, et heureusement qu’ils existent et c’est très bien !
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<b>Benjamin Sonntag : </b>Après il y a plein de modèles économiques différents. Il y a des instances qui font appel au don pour payer le matos. Pour Piaille, l’instance que Thibaut a montée il y a 15 jours, mon entreprise a dit « on te file du matos, gratos pour l’instant, on verra plus tard », parce qu’il y avait urgence d’accueillir les twittos perdus. On a ouvert une instance gratuitement, c’est mon entreprise qui offre le matériel <em>pro bono</em> ; on fait l’administration technique et la modération avec des bénévoles et des gens autour de nous et on verra. Si ça se trouve, dans 15 jours, ce truc sera organisé en association avec une gouvernance, etc. Chacun fait un peu son modèle. Il y a des entreprises qui mettent à disposition des instances Mastodon pour que d’autres professionnels discutent entre eux, etc.
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<b>Cécile Duflot : </b>En fait ça m’a fait penser un peu au modèle de Wikipédia. Je me souviens qu’au début de Wikipédia, on disait « ce truc ne peut pas marcher, ça ne peut pas reposer sur tout le monde, les gens vont forcément bidouiller ». Quand on atteint une sorte de masse critique, je le sais parce que j’ai une page qui a souvent été « attaquée », entre guillemets, en fait il y a des sortes de patrouilleurs, tu ne sais pas où ils sont, ce sont des mecs dont le truc, dans la vie, c’est de guetter les modifications, etc., et ça ne reste pas plus de 45 secondes. Et à la fin oui, j’ai aussi, au bout d’un moment, donné des sous à Wikipédia parce que je suis contente que ça existe, que je trouve ça bien. Autant jamais de la vie je ne paierai huit euros pour garder ma coche bleue, autant je sais aussi que ça coûte de l’argent d’héberger des données, donc s’il faut contribuer à ce que mes données soient stockées dans mon instance, ça ne me gênera pas plus tard, ça ne me choquera pas de payer de façon volontaire, en sachant que ce n'est pas fait pour que ça rapporte de l’argent à qui que ce soit. Ce n’est pas un modèle commercial. <br/>
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Il faut néanmoins, et je trouve ça important, que ça reste ultra-accessible. Si on veut que ça prenne le pas sur Twitter, il fait non seulement que ce soit mieux sur un plan éthique et d’esprit, mais il faut aussi que ce soit fastoche à utiliser, c’est ça qu’il faut réussir.
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<b>Frédéric Couchet : </b>On va faire une petite pause musicale courte. Nous allons écouter <em>Un fantôme dans la maison</em> par Odysseus. On se retrouve dans une minute quarante. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
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<b>Pause musicale : </b><em>Un fantôme dans la maison</em> par Odysseus.
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<b>Voix off : </b>Cause Commune, 93.1.
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<b>Frédéric Couchet : </b>Nous venons d’écouter <em>Un fantôme dans la maison</em> par Odysseus, disponible sous licence libre Art Libre.
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[Jingle]
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==Deuxième partie==
  
 
==Chronique « Pépites libres » de Jean-Christophe Becquet, vice-président de l’April, sur Philoxime (l’éthique et la philo politique expliquées avec des GIFs et des animaux rigolos) = Eve ==
 
==Chronique « Pépites libres » de Jean-Christophe Becquet, vice-président de l’April, sur Philoxime (l’éthique et la philo politique expliquées avec des GIFs et des animaux rigolos) = Eve ==

Version du 24 novembre 2022 à 11:15


Titre : Émission Libre à vous ! du 22 novembre 2022

Intervenant·e·s : Cécile Duflot - Benjamin Sonntag - Isabelle Carrère - Selda Besnier - Jean-Christophe Becquet - Frédéric Couchet - Thierry Holleville à la régie

Lieu : Radio Cause Commune

Date : 22 novembre 2022

Durée : 1 h 30 min

Podcast PROVISOIRE

Page des références de l'émission

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration : Déjà prévue

NB : transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Transcription

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Frédéric Couchet : Bonjour à toutes, bonjour à tous.
Mastodon, le réseau social libre et décentralisé, c’est le sujet principal de l’émission du jour avec également au programme la chronique d’Antanak avec Isabelle Carrère sur le réseau RéFIS, Réemploi francilien et informatique solidaire et également la chronique de Jean-Christophe Becquet qui nous parlera de Philoxime, l’éthique et la philo politique expliquées avec des GIFs et des animaux rigolos.

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l'émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l'April, l'association de promotion et de défense du logiciel libre.

Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l'April.

Le site web de l'émission est libreavous.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l'émission du jour, avec tous les liens et références utiles, et également les moyens de nous contacter. N'hésitez pas à nous faire des retours ou à nous poser toutes questions.

Nous sommes mardi 22 novembre 2022, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

À la réalisation de l'émission Thierry Holleville accompagné d’Étienne Gonnu. Bonjour Thierry.

Thierry Holleville : Bonjour. Bonne émission.

Frédéric Couchet : Merci. Nous vous souhaitons une excellente écoute.

[Jingle]

Chronique « Que libérer d’autre que du logiciel » avec Antanak sur le réseau RéFIS, Réemploi francilien et informatique solidaire = Eve

Frédéric Couchet : Alors, que dire ? Que libérer d'autre que du logiciel ? Dans la chronique d'Antanak, Isabelle Carrère et d'autres personnes actives de l'association Antanak se proposent de partager des situations très concrètes et ou des pensées mises en acte et en pratique au sein du collectif : le reconditionnement, la baisse des déchets, l'entraide sur les logiciels libres, l'appropriation du numérique par tous et toutes.

Le sujet du jour, c'est le réseau RéFIS. Et je passe la parole à Isabelle Carrère. Bonjour, Isa.

Isabelle Carrère : Merci beaucoup. Le réseau RéFIS, on en a déjà parlé, je crois, dans plusieurs chroniques d'Antanak, cette émission à laquelle nous sommes vraiment définitivement heureux de participer. Le RéFIS c'est un réseau de reconditionneurs en Île-de-France, parce qu'on ne peut pas s'occuper de tout le territoire national. L'idée était de se mettre ensemble, à plusieurs, pour pouvoir à la fois, faire des partages d'expériences, de pratiques, et aussi se soutenir sur les besoins matériels que nous pourrions avoir les uns, les unes et les autres. Et je suis très contente parce qu'aujourd'hui, il y a Selda qui est d'accord pour participer à cette chronique avec moi et qui est au téléphone avec nous. Bonjour, Selda.

Selda Besnier : Bonjour, Isabelle.

Isabelle Carrère : Ça va bien ?

Selda Besnier : Oui, merci.

Isabelle Carrère : C'est super. Je te laisse présenter un petit peu la structure dont tu es la présidente et qui fait partie, comme Antanak, du réseau RéFIS.

Selda Besnier : Je suis Selda Besnier, présidente de l'EVS Necker Falguière. EVS, c'est un espace de vie sociale, une politique de la CAF - il y en a une quarantaine dans tout Paris - ce sont des minis centres sociaux, un peu comme les maisons de quartier. Nous sommes là pour accompagner les habitants en leur proposant du soutien scolaire, des ateliers cuisine, ateliers jardinage, des sorties et bien sûr aussi de mettre en place les projets qu'ils ont envie de réaliser. Et le numérique également qui pose certains problèmes, notamment pour les seniors. Et nous faisons partie du dispositif de la Ville de Paris, « Seniors connectés », pour aider dans nos ateliers, au cas par cas, les seniors en difficulté.

On fait aussi le passe numérique, un essai ??? [5:15] pilotage pour accompagner numériquement les personnes en RSA dans leurs démarches administratives.

Isabelle Carrère : Voilà, c'est ça, c'est aussi là-dessus qu'on s'est effectivement rencontrées, retrouvées, parce que plusieurs des structures de RéFIS sont en accompagnement, en soutien, chacune avec sa façon et ses choix, à la fois politiques et de mise en œuvre. Et effectivement, c'est des sujets sur lesquels on est tous amenés à beaucoup réfléchir sur ce qui se passe dans la société : quels sont tous ceux qui sont exclus petit à petit, ou en continu, des actes administratifs et même des éléments culturels ou autres, l'ensemble du numérique au sens large dans la société.

Et puis du coup, il y a le matériel.

Selda Besnier : Il y a le matériel et aussi j'ai oublié de signaler que nous sommes la seule structure dans le quinzième à faire aussi une formation pour le logiciel libre, parce que c'est moins onéreux pour notre public, nos usagers. Donc nous récupérons des ordinateurs grâce au réseau RéFIS aussi qui nous en procure, et je tiens ici à le remercier. Et nous les reconditionnons, et après nous les donnons - nous les prêtons plutôt - à des personnes qui sont en difficulté. Quand ils ont trouvé du travail, une position plus stable financièrement, ils nous ramènent l'ordinateur qu'on avait reconditionné et prêté, et pour ceci nous signons donc une charte et nous récupérons ainsi les ordinateurs pour encore les redistribuer à d'autres qui sont dans le besoin.

Isabelle Carrère : Vous êtes uniquement sur le prêt ? Vous ne faites pas du don ?

Selda Besnier : Si, si, c'est en fait un prêt à longue durée.

Isabelle Carrère : C'est ça : si les gens ne les rapportent pas, c'est qu'ils en ont encore besoin et donc ils le conservent. Tu dis prêt, mais en fait, oui, d'accord. Nous, on aime beaucoup, à Antanak, la notion de droit d'usage. J'imagine que c'est un peu ça dont vous parlez aussi.

Selda Besnier : Oui, tout à fait.

Isabelle Carrère : Vous continuez à considérer à la fois les logiciels, les systèmes d'exploitation libres, mais aussi le matériel, comme des biens communs qui peuvent être fournis à des personnes au fur à mesure de leurs besoins. Et puis ça tourne quoi.

Selda Besnier : Oui, tout à fait.

Isabelle Carrère : Et je crois que vous faites des formations aussi.

Selda Besnier : On fait la formation les mercredis matin pour le logiciel libre. En général, c'est un atelier en trois fois. Si on constate que la personne n'est pas au point et ne maîtrise pas assez, on en ajoute d'autres, jusqu'à une maîtrise du logiciel. Et, bien évidemment, on reste toujours en contact s'il y a des difficultés qui peuvent se présenter dans le futur.

Isabelle Carrère : Tu aurais une idée du nombre de personnes que ça touche, les activités d'EVS ? Non ? C'est compliqué ?

Selda Besnier : Ce n'est pas compliqué, je n'ai pas les chiffres de temps, mais en ce qui concerne, par exemple, les seniors connectés, nous avons cette année entre 90 et 120 personnes, qui changent. Sans compter les sollicitations en dehors des vendredis et mercredis.

Isabelle Carrère : Oui, c'est ça, des demandes spontanées, sporadiques, des personnes... OK, ça marche. Nous, Antanak, sur à peu près les mêmes activités, on est majoritairement des personnes qui agissons bénévolement, à part les écrivains numériques publics. De votre côté, à EVS, par contre, il y a des financements CAF, il y a des salaires.

Selda Besnier : Il n'y a pas de salaire, pas du tout, et toutes nos prestations pour nos usagers sont gratuites. On tient beaucoup à cela.

Isabelle Carrère : Du coup,c'est simplement une subvention de la CAF et d'autres structures... ?

Selda Besnier : On est subventionné par la CAF et la Ville de Paris.

Isabelle Carrère : Et la ville aussi, d'accord. Et ça suffit à faire tout fonctionner sur le loyer et le matériel, les choses...

Selda Besnier : Il y a quelques difficultés... (Rire) Mais bon, quand on croit en ce qu'on fait, on arrive à les aplatir, à les aplanir.

Isabelle Carrère : Donc il n'y a pas de salaire. C'est un choix du dispositif ou c'est parce que les centres sociaux, ou l'équivalent de centre social dont tu parlais, c'est ça que ça signifie. C'est une obligation ou c'est un choix de votre part ?

Selda Besnier : C'est un choix de notre conseil d'administration.

Isabelle Carrère : D'accord. Et pour autant, vous arrivez à ce qu'il y ait suffisamment de personnes pour assurer l'ensemble des opérations.

Selda Besnier : Oui, on est une petite douzaine de bénévoles pour les différentes activités énumérées en introduction. Et pour tout ce qui est numérique, ça tourne autour d'un noyau du trois à quatre personnes.

Isabelle Carrère : Super. C'est pour ça que c'est intéressant, ce réseau, vraiment, parce qu'on arrive, toi tu es dans le 15e, nous on est dans le 18e, il y a d'autres structures qu'on va, j'espère, arriver à inviter aussi dans cette chronique. On avait invité Brice, du Garage numérique, il est dans le 20e.

Voilà, je pense que c'est intéressant qu'on puisse faire comme ça du partage d'expériences, et puis qu'on signale aussi aux gens ce qu'il y a plus près de chez eux. Nous, on voit à Antanak beaucoup de gens venir de très loin : « mais enfin, voyons, tu pourrais aller un peu ailleurs plutôt que jusque dans le 18e ? ».

Super. Tu voulais ajouter quelque chose, Selda ? Ou on a vu l'essentiel ?

Selda Besnier : Non. Merci de m'avoir invitée. je suis tout à fait dans la, comment dire ?, dans la philosophie de l'union fait la force. Et ça fait du bien de se retrouver plusieurs structures sur le même socle commun. Voilà.

Isabelle Carrère : Oui, voilà, c'est bien qu'on ait réussi effectivement, comme tu dis, à trouver un socle minimaliste, parce que vraiment sur les grandes lignes, on est tous en phase : sur la question du réemploi, de la réparabilité, et puis, pour la majorité d'entre nous, sur les logiciels et systèmes d'exploitation libres. C'est pas complètement le cas de toutes les structures, mais bon voilà, après, nobody is perfect, on est sur la même ligne. Merci beaucoup et donc à très bientôt, parce qu'on on a prévu de se voir, on a une réunion le 30 novembre. Donc, on va se voir pour de vrai.

Selda Besnier : Très bien, entendu, avec plaisir. Merci beaucoup, merci à toi, Isabelle.

Isabelle Carrère : Merci.

Frédéric Couchet : Eh bien, merci Selda et merci Isabelle. Donc, c'était la chronique « Que libérer d'autre que du logiciel », la chronique d'Antanak. Le réseau dont on parle, c'est donc RéFIS, Réemploi francilien et informatique solidaire, dont on aura l'occasion de reparler bientôt. Il n'a pas encore de site web, j'ai posé la question. Donc, dès qu'il aura un site web, on vous préviendra. Belle journée à toi, Isa, et au mois prochain pour refaire une chronique.

Isabelle Carrère : Merci beaucoup, absolument, au mois prochain.

Frédéric Couchet : Nous allons faire une pause musicale. Après la pause musicale, nous parlerons de Mastodon, réseau social libre et décentralisé. En attendant, nous allons écouter ??? par ???. On se retrouve dans trois minutes. Belle journée à l'écoute de Cause commune, la voix des possibles.

[Virgule musicale]

Mastodon, réseau social libre et décentralisé, avec Cécile Duflot et Benjamin Sonntag = MO

Frédéric Couchet : Nous allons aborder notre sujet principal qui va porter aujourd’hui sur Mastodon, réseau social libre et décentralisé qui fait l’actu, avec nos deux invités que je laisserai se présenter après, Cécile Duflot et Benjamin Sonntag.

Je rappelle que vous pouvez participer à notre conversation par téléphone au 09 72 51 55 46 ou sur le salon web dédié à l’émission sur le site causecommune.fm, bouton « chat », salon #libreavous.

Nous allons donc parler de Mastodon, mais on va déjà laisser nos invités se présenter. On va commencer par Cécile Duflot.

Cécile Duflot : Bonjour. Je suis Cécile Duflot. Je suis aujourd’hui la directrice générale d’Oxfam France, une ONG qui lutte contre la pauvreté et les inégalités. Auparavant j’ai eu un engagement politique puisque j’ai été députée, ministre et secrétaire nationale du parti écologiste Europe Écologie Les Verts.

Frédéric Couchet : Merci Cécile. Benjamin Sonntag.

Benjamin Sonntag : Bonjour. Je suis Benjamin Sonntag, je suis gérant d’une petite entreprise d’hébergement de serveurs sur Internet qui s’appelle Octopuce et, par ailleurs, cofondateur, avec mes camarades, il y a très longtemps, de La Quadrature du Net, une association de défense des libertés à l’ère du numérique. Dans le cadre de cette émission, plus précisément, un des fondateurs d’une instance Mastodon qui s’appelle Mamot et plus récemment d’une autre qui s’appelle Piaille. On va découvrir aujourd’hui de ce dont il s’agit.

Frédéric Couchet : Exactement. On va en parler tout à l’heure. Pourquoi ça fait l’actu ? Ça fait l’actu notamment parce qu’un certain rachat a été fait par un milliardaire américain, Elon Musk, de Twitter. Peut-être que tout le monde ne suit pas à la fois ce qu’est Twitter et les activités récentes sur Twitter. La première question qui va être assez rapide, je précise tout de suite, le but n’est pas de parler de tous les problèmes posés par Twitter, mais d’expliquer un peu quels sont les problèmes généraux posés par Twitter globalement, les lister, et qu’est-ce que qui fait que, tout d’un coup, avec le rachat d’Elon Musk, ça a entraîné un questionnement encore plus important, donc l’arrivée de personnes sur Mastodon dont on parlera après.
Qui veut commencer ? Cécile.

Cécile Duflot : Si je commence, je vais commencer par dire les choses bien de Twitter.

Frédéric Couchet : Commence par dire les choses bien !

Cécile Duflot : J’ai fait partie des gens qui ont eu un compte Twitter très tôt, en 2008, parce que ’étais entourée par des jeunes qui étaient très attentifs aux nouveaux sociaux et, au départ, j’étais très grognon : je ne comprenais pas comment ça marchait, je ne voyais pas du tout l’intérêt de faire un message en quelques dizaines de caractères, ça ne me permettait pas de parler de politique, je ne voyais pas du tout l’intérêt, jusqu’au jour où j’ai fait une blague. Le jour où j’ai fait cette blague, que ça a bien marché, j’ai compris et, du coup, ça m’a intéressée. J’ai trouvé que c’étaient des interactions marrantes.
Ensuite sont arrivées plusieurs qui, pour moi, ont été fondatrices dans ma relation à Twitter. C’est d’abord la révolution en Tunisie où Twitter a joué un rôle très important ; il était utilisé pour se prévenir les uns les autres de la présence de forces armées et il a été aussi, je pense, un des outils assez décisif au moment où Ben Ali a fui la Tunisie et où la question de l’accueillir, ou plutôt d’essayer de bloquer son accueil en France qui aurait, de la part de l’avis d’un certain nombre de militants tunisiens, gelé la révolution, a été permise en partie parce que des gens identifiants qu’il s’était posé, je ne sais plus à Malte je crois, en tout cas ça a permis à un certain nombre de réagir et de bloquer son arrivée en France.
Ensuite il y a eu #MeToo et #MeToo n’aurait pas existé dans Twitter.

Frédéric Couchet : Il y a cinq ans.

Cécile Duflot : Voilà. Il faut dire les choses #MeToo, n’aurait pas existé sans Twitter et, en tant que femme, en tant que féministe, je considère pas qu’on a non pas une dette à l’égard de Twitter, mais quand même ! C’est un outil fabuleux, c’est un outil d’interaction mondiale, avec aussi plein de défauts, mais je voulais qu’on sache d’abord pourquoi c’était bien, ce qui fait que, potentiellement, on a envie de le remplacer, qu’on n’a pas envie de le perdre complètement.

Frédéric Couchet : C’est une bonne introduction.
Benjamin, est-ce que tu veux compléter sur la partie positive et aussi peut-être sur la partie problématique ?

Benjamin Sonntag : J’ai découvert Twitter assez tôt aussi et j’ai tout de suite compris qu’il y avait une grosse différence avec Facebook, nos auditeurs qui l’utilisent peut-être aussi, s’il y en a. Avec Facebook on parle avec des gens qu’on appelle des « amis », avec des gros guillemets, surtout des gens qu’on connaît plus ou moins, mais c’est une liste précise de gens. Quand on envoie des messages sur Facebook ça part à une liste de gens et on a une petite idée de qui il s’agit.

Avec Twitter, il y avait cette espèce de nouveauté que j’ai découverte tout de suite et je suis dit « ouah ! On a fait ça, l’humanité a fait ça ». On parle sur la place publique et tout le monde peut venir nous lire. Il y a un moteur de recherche, on peut se retrouver recommandé par d’autres gens par les retweets, etc., et tout à coup on a cette espèce de plateforme mondiale, monopolistique, privée et capitaliste – c’est un gros bémol qu’il va falloir mettre autour de ça – mais une grosse plateforme mondiale où on peut discuter entre nous complètement librement. Ça peut être super parce que tout à coup je me mets à discuter avec des gens genre un avocat connu, un chercheur en informatique du MIT, à l’autre bout du monde, qui me répond, qui est hyper-intéressé parce qu’on discute d’un sujet qu’on a en commun, un truc complètement microscopique, de niche, et des choses comme ça sont arrivées à plein de gens autour de moi qui utilisent Twitter, qui sont en interaction avec plein de gens super et c’était super.

Moi en tant qu’homme, j’ai découvert que sur Twitter toutes les personnes que je connais, qui sont présentes comme femme sur leur profil ou avec leur prénom, se faisaient assez régulièrement harceler et Twitter ne faisait rien contre ça. Je ne compte plus le nombre de femmes qui m’ont dit « même pas en rêve j’ouvre mes DM sur Twitter ! »

Frédéric Couchet : Les DM ce sont les messages directs.

Benjamin Sonntag : « Même pas en rêve j’ouvre mes messages privés sur Twitter aux inconnus, sinon je reçois direct je reçois des ???, des photos de bites, des messages de harcèlement, c’est une horreur ! » Et là, en tant qu’homme, j’ai dit « mince, c’est vrai qu’il y a ça derrière ». On découvre que Twitter c’est bien mais qu’ils ont oublié un truc, ils ont fait ça à l’américaine, en gros c’est très free speech, il n’y a pas trop de limites à la liberté d’expression sauf que la liberté d’expression, quand on fait comme ça, c’est aussi la liberté de harceler son voisin et sa voisine. Je ne connais aucune place publique ou bar où, quand il y a un relou, il ne finit pas par se faire mettre dehors par les autres autour qui disent « c’est bon fous-lui la paix ». Le problème c’est que Twitter est une immense place publique mondiale et, pour moi, ils ont très mal géré ces aspects-là.

Frédéric Couchet : Les aspects haine, harcèlement.

Benjamin Sonntag : Les aspects harcèlement, haine, persécution de gens sous prétexte qu’ils sont des minorités, qu’ils sont des femmes, des homosexuels et c’était un vrai problème pour moi. Et clairement, c’est peu de dire que l’arrivée d’Elon Musk n’a rien amélioré là-dessus.

Frédéric Couchet : Justement qu’est-ce que l’arrivée d’Elon Musk a provoqué, parce que, clairement, ça a provoqué quelque chose ? On l’a vu sur Mastodon, on en parlera tout à l’heure, mais clairement ça a provoqué quelque chose ! Mais au fond quelle est la crainte des gens par rapport à Twitter tel que les gens le connaissent aujourd’hui suite au rachat par Elon Musk ? Est-ce que c'est juste le rachat par Elon Musk, est-ce que ce sont ses annonces ? Cécile Duflot.

Cécile Duflot : Ce qui est étonnant c’est que c’était à la fois une plateforme privée, mais comme il n’y avait pas, on va dire, de propriétaire bien identifié, ça restait un peu flou, du coup on avait le sentiment d’abord que Twitter réagissait sous la pression. C’est vrai qu’il régulait mal le harcèlement, qu’il régulait mal aussi la création de plein de faux comptes. Moi j’ai tout vécu, tous ces évènements négatifs, le harcèlement, l’astroturfing c’est-à-dire les fermes de faux comptes qui alimentaient le truc qui ne devient plus vrai : il y avait déjà un début de fatigue à l’égard de Twitter parce que c’était moins vrai qu’avant. Même si c’était des pseudonymes, et moi je n’ai aucun problème avec le pseudonymat, les interactions dont parle Benjamin c’était avec des vraies personnes derrière, ce n’était pas une personne qui activait 25 comptes. Depuis maintenant j’ai découvert que c’est assez facile à identifier, j’en ai été victime plusieurs fois, des fois de façon anecdotique sur des sujets marginaux. Du coup ça perd complètement sa saveur parce qu’on ne peut plus suivre les réponses, on n’est plus qu’émetteur, il n’y a plus d’interaction, donc ça perd une grande partie de son intérêt.

Un, il y avait la folie d’Elon Musk et son choix, son côté très capricieux et le côté instinctif assez rapide de tout le monde qui a compris, avec ses foucades, ses licenciements, que le truc pouvait s’écrouler, que le truc pouvait disparaître. Je pense, en tout cas je fais partie de cette vague-là, qu’une grande partie de gens se sont dit « bon, ce sera quoi le plan B et tant qu’à avoir un plan B il faut un truc qui existe déjà » et là on comprend quand même que la logique libre est beaucoup plus secure que le fait que ça puisse être privatisé par un mec milliardaire, capricieux. Je pense que c’est vraiment cet élément-là qui a fait basculer, outre le fait qu’on se dit, évidemment, que la régulation était déjà limitée, avec Elon Musk on est parti vers le grand n’importe quoi.

Il y a quand même un élément assez décisif que Benjamin a dit, il y avait aussi la présence d’un certain nombre de personnalités. Quand je dis personnalités, ce ne sont pas forcément des gens connus, mais des gens sur-spécialistes des fossiles de tel dinosaure qui, de temps en temps, racontent des découvertes et c’est passionnant. Mais pour ça on a besoin d’identifier que ces gens étaient vraiment les personnes qu’ils disaient être, d’où cette fameuse authentification par la coche bleue. À partir du moment où ça devenait quelque chose en vente, déjà ce n’était plus du tout la même histoire et plein ont fait la démonstration qu’on pouvait se faire passer pour vous, du coup la valeur même du réseau et du fait de savoir si c’est la bonne ou pas la bonne personne disparaissait.

Frédéric Couchet : D’accord. Benjamin là-dessus.

Benjamin Sonntag : Je trouve ça intéressant. Ça fait longtemps que je suis convaincu que Twitter n’est pas la bonne réponse, en tant qu’outil numérique, pour échanger entre tout le monde parce qu’il est privatisé, parce que c’est une plateforme unique. En biologie, quand il y a un seul truc qui existe, eh bien il ne se reproduit pas et il meurt. Pour moi la vie n’existe que dans la diversité, c’est consubstantiel de ce qu’est la vie, la définition de la vie c’est la diversité et Twitter n’était pas divers. Jack Dorsey avait monté son projet, il a mis ses règles et fin du game. Non ! Au bout d’un moment il faut qu’il y ait de la diversité.

Mastodon, dont on parle aujourd’hui, est un logiciel libre qui a été inventé par un Allemand, Eugen Rochko, qui a développé ce truc-là et qui, depuis, est aidé par d’autres gens. Il est parti de l’idée qu’il fallait un système qui soit décentralisé, où on puisse avoir plein de petits Mastodon et chacun gère ses petites règles, un peu comme si on disait en France il y a un bar avec une grande place autour avec plein de tireuses à bière et un seul tenancier. Non ! En fait il y a plein de bars dans plein de petits villages, on peut se déplacer, on peut aller dans le village d’à côté parce qu’on préfère les mecs et les femmes qu’on y trouve, parce que ce sont des copains ou on peut se retrouver ailleurs parce que..., etc. Il faut cette diversité. J’ai découvert Mastodon, je me suis dit c’est super.

Frédéric Couchet : Du point de vue historique. La création de Mastodon c’est en 2016. De mémoire tu as le découvrir en 2017.

Benjamin Sonntag : Il y a une première explosion. Et Cécile s’était créé un compte, je m’étais créé un compte. J’avais monté une première instance, mamot.fr, avec La Quadrature du Net.

Frédéric Couchet : Une association de défense des libertés informatiques.

Benjamin Sonntag : Une association de défense des libertés numériques. On se retrouve avec cette instance et il y a une première explosion de gens qui disent « c’est bien ce truc décentralisé » et qui viennent parce qu’ils comprennent les enjeux. On n’était quand même pas très nombreux, mondialement 100, 200, peut-être 300 000 personnes, une goutte d’eau dans l’océan des réseaux. Mais cette année, il y a 15 jours, avec le rachat de Musk , ses gabegies et ses n’importe quoi – il a licencié les trois quarts de son équipe ce qui fait que la maintenance terchnique de Twitter n’est pas assurée aujourd’hui, il faut être très clair.

Frédéric Couchet : S’il y a un problème on ne sait pas si ça va redémarrer.

Benjamin Sonntag : Il y a des trucs qui ne marchent déjà plus. Si on a un système de double mot de passe, comme on peut l’activer si on est peu sécurisé, ça ne marche plus. Il y a des gens qui font de la pub sur Twitter qui se barrent parce qu’ils disent que leurs outils de diffusion de pub ne marchent plus. Ils sont en train de casser le nerf financier de Twitter. C‘est en train de partie en quenouille à vitesse grand V. Suite à ça les gens ont fait comme Cécile, ils se sont dit « il faut un plan B ». J’ai vu ça dans ma communauté, notamment la cybersécurité informatique, toute une communauté de gens qui discutent sur Twitter et nous sommes plein qui ne nous connaissons que via Twitter. Et en 48 heures, jeudi dernier je crois, j’ai vu notamment toute la sphère US, tard le soir pour nous, dans la nuit, tous en train de s’exciter en disant « où se retrouve-t-on ?, parce qu’en fait machin connaît machine, machine connaît bidule ». Et entre nous, hommes et femmes du monde de la cybersécurité, nous nous sommes dit « il faut que nous nous retrouvions ailleurs. Si Twitter s’éteint là, dans une demi-heure, nous ne nous retrouvons plus, c’est notre seul moyen de communication, mais nous sommes cons ! » Une instance, une version de Mastodon, a été développée par des Américains, elle s’appelle IOC.exchange! ; tous les gens de la cybersécurité se sont retrouvés dessus. Ce qui est super c’est que moi, avec mon compte sur Mamot, je peux leur parler.
Toute cette communauté de gens s’est retrouvée. Du jour au lendemain chacun a monté son plan B, dans son petit coin. On arrive à parler entre nous, c’est super, on peut se passer de Twitter maintenant !
La nouvelle phase de « on quitte tous Twitter, on parallélise en ayant un plan B qui est ouvert et qui est super », là elle beaucoup plus grosse ; depuis 15 jours ça explose un peu.

Cécile Duflot : Je peux dire pourquoi je ne suis pas restée sur Mastodon. En 2017 j’ai créé mon compte, je crois que c’est Benjamin qui m’en avait parlé, sauf que d’abord je ne comprenais pas, il n’y avait pas d’applis. Je fais partie des gens qui sont politiquement très convaincus par le Libre, je suis très ouverte à la question, mais je ne parle pas couramment le Python ou tout ça.

Frédéric Couchet : Python est un langage de programmation.

Cécile Duflot : J’ai programmé un ordinateur quand j’avais 12 ans, c’était un TO7, et ça n’a jamais été mon truc. Je conçois qu’il y a plein de gens qui, face à un écran noir, mettent des deux points, des mots, tout ça, et ils parlent à leur ordinateur. Je ne fais pas du tout partie de ces gens-là et, en plus, je sais que plein de gens n’osent pas le dire, mais quand ce n’est pas assez simple et qu’ils n’y arrivent pas ils n’osent pas demander, parce qu’il y a un côté un peu snob. Je le dis, j’aime les libristes d’amour et pour toujours parce que je pense vraiment que c’est ultra-stratégique de connaître ce monde-là dans le monde dans lequel on vit, mais parfois ils ne se rendent pas compte qu’ils parlent un langage qui est un langage évident pour eux – je le dis parce que ma petite sœur, on a grandi dans la même famille, est très différente de moi – ce n’est pas un langage qui est compréhensible par beaucoup de gens. Donc il faut que ce soit facile d’accès. Mon combat c’est qu’on puisse dire à la fois c’est libre et c’est facile d’accès.
Mastodon, à l’époque, c’était compliqué, je ne comprenais pas le truc des instances. En fait on peut expliquer beaucoup plus simplement cette histoire d’instance à plein de gens, je vais y revenir.

Frédéric Couchet : Tu l’expliqueras après.

Cécile Duflot : En fait il n’y avait que des geeks, qui ne parlaient que de trucs de geeks, avec des mots qui étaient du français mais je n’en comprenais pas la moitié. Très rapidement je me suis sentie pas à ma place, juste pas à ma place, donc je suis repartie sur la pointe des pieds, du coup compte qui était sur je ne sais même pas sur quelle instance, bref ! Il a disparu.

Là il s’est passé deux choses. Un, il y a d’abord eu cette idée « je ne veux pas qu’on m’enlève cet outil,les gens que je lis ». Pour moi c’est une fenêtre ouverte sur le monde. J’ai une, TL comme on dit, c'est-à-dire la liste des gens que je suis, ultra-diversifiée, j’apprends plein de choses, chaque jour qui passe. Twitter c’est un peu comme une bibliothèque. C’est vrai que les gens disent « on est sur Twitter », mais des fois, quand je m’ennuie, j’y vais, je clique sur un article que quelqu’un a envoyé, auquel je n’aurais pas du tout pensé, dans un magazine que je ne connais pas ou un site que je connais pas, et j’apprends plein de choses. Je me suis dit « mince je ne veux pas qu’on m’enlève ça. Je vais y retourner et je vais voir. »

En fait, en même temps qu’il y a eu cette volonté d’y aller, le travail avait continué et un certain nombre de développeurs ont simplifié les choses, notamment créé des applis pour les téléphones portables qui sont, en tout cas pour celles que j’ai sur mon iPhone de base, aussi intuitives, simples et avec presque toutes les mêmes fonctionnalités que Twitter. C’est ultra-facile de changer, avec une chose différente c’est qu’effectivement il y a une liste avec tous les gens qui sont abonnés à l’instance à laquelle je suis abonnée. Une instance c’est la porte par laquelle vous rentrez dans le grand château.

Il faut dire, Benjamin, que les gens ont l’impression que s’ils s’abonnent à une instance ils vont rester dans ce cercle-là. Pas du tout ! En fait c’est la porte d’entrée et ensuite c’est comme Twitter. Du coup, je peux lire, en français, une liste de gens que je ne connais pas, du coup je peux aussi les découvrir puisque c’est une instance francophone.

Frédéric Couchet : Je précise aux personnes qui sont sur le salon que tout à l’heure on donnera les noms des clients, c’est prévu dans la deuxième partie de l’émission de donner ces informations. Là on va essayer d’expliquer, Cécile a commencé à le faire, ce qu’est Mastodon.
La partie la plus simple, sans doute, c’est que c’est un logiciel libre. Benjamin, peux-tu rappeler ce qu’est un logiciel libre ?

Benjamin Sonntag : Un logiciel libre est un logiciel dont on a la recette de cuisine, c’est-à-dire qu’on peut voir comment il a été fabriqué. Non seulement on a la liberté de voir comment il a été fabriqué, mais de prendre la recette de cuisine, la modifier et redistribuer des versions modifiées et le tout librement, sans être obligé de forcément verser le coût d’une licence régulière aux grands monopoles américains en face. Donc ça a plein d’avantages parce que ça permet, certes surtout aux geeks et aux informaticiens, à tous ces gens-là qui sont quand même très nombreux, d’échanger les recettes de cuisine, de les améliorer et de construire ensemble plutôt que de construire les uns contre les autres, ce que font la plupart des autres qui font du logiciel non-libre ou propriétaire. Donc ça a quand même de super avantages.

Mastodon est en effet un logiciel libre. Ce qui est super c’est que d’entrée de jeu ça a permis à plein de gens de venir aider à contribuer. Mastodon est sorti et, quelque mois après, il était traduit en 45 langues, comme ça [bruit d’un claquement de doigts, NdT] ! C’est super. Il y a un côté magique et ça n’a rien coûté à l’auteur du logiciel parce qu’il y a un juste un mec au Pakistan qui a dit j’ai envie que ce soit disponible en ourdu, en Iran en farsi, et il est disponible dans toutes ces langues-là. Des Bretons l’ont traduit en breton, c’est super ! Et plein de geeks ont contribué à améliorer le système, le rendre plus facile, plus ergonomique. Finalement il y a eu des applications pour Android, pour iPhone, dont on parlera tout à l’heure, c’est super ! Ça permet cette espèce de vibrionnance d’écosystème complètement fou où tout se déploie vraiment de manière assez fantastique et libre, ce qui fait qu’on peut prendre Mastodon, faire une petite modification et on ne doit rien à personne en fait. Typiquement on parlera de Piaille tout à l’heure, l’instance qu’on a montée avec Thibaut, on a choisi un côté visuel autour des oiseaux, le petit « poutou ! », quand il y a un nouveau message c’est « cui-cui » ! On n’a rien demandé à personne pour changer les fonctions de l’appli, le logo et la tête que ça a, etc.

Frédéric Couchet : OK. C’est très clair sur la partie libre. La partie qui est peut-être un peu plus difficile à comprendre pour les gens qui viennent de Twitter ou les gens qui découvrent Mastodon sans être passés par Twitter, c’est, comme le disait tout à l’heure Cécile, qu’il y a une seule porte d’entrée pour Twitter qui est twitter.com, qui est gérée par une entreprise ; pour Mastodon il y a cette notion d’instance ou de serveur.
Cécile avait commencé à expliquer un petit peu ce que sont les instances serveurs. Comment l’expliques-tu aux gens de ton entourage ?

Cécile Duflot : J’explique en disant justement que Mastodon ou Twitter c’est un gros château dans lequel tout le monde peut rentrer. La différence c’est que, pour Twitter, il y a une seule porte, que c’est celui qui possède la porte, qui tient la clef, qui peut décider qui rentre et qui ne rentre pas, il peut aussi décider de fermer la porte et que plus personne ne rentre ; en l’occurrence c’est Elon Musk.
La différence pour le château Mastodon c’est qu’il y a plein de portes, donc il faut choisir la porte par laquelle on rentre. Ça deux choses : une fois qu’on a choisi sa porte, cette porte peut choisir qu’elle ne veut pas que d’autres portes viennent, typiquement s’il y a une porte qui est un serveur de gens de l’extrême droite, etc., elle peut dire que ceux-là ne viennent pas, on ne peut pas les voir quand on vient de notre porte, donc on peut être protégé de ça ; et ça crée aussi un lieu où, dans le porche de la porte, tu peux lire tous les gens qui passent par ta porte. Mais une fois que tu es dedans, ça ne change strictement rien. Du coup, ça veut dire aussi qu’il n’y a personne qui peut décider de fermer ta porte. Mais, tu peux être aussi protégé de gens qui arrivent par des portes différentes et tu peux choisir si tu veux être dans une porte où, en fait, ce ne sont que spécialistes de la tech qui viennent et que, du coup, dans le porche tu entends des discussions autour de la tech, une porte qui parle français, une porte qui parle breton. Ce qui est particulier à comprendre c’est qu’il faut simplement choisir la porte par laquelle rentrer.
Ensuite, pour les fonctionnalités, on fait des messages un peu plus longs que sur Twitter.

Frédéric Couchet : De 500 caractères maximum.

Frédéric Couchet : Je vais parler en langage Twitter, on peut les re-twitter, les repartager, on peut mettre des photos, on peut mettre des vidéos. Ça ressemble vraiment beaucoup. Une fois qu’on est rentré dedans, ça ressemble vraiment beaucoup. La seule chose qui est différente c’est qu’on en peut pas reposter le message de quelqu’un.

Frédéric Couchet : On reparlera de ça après, Cécile, c’est justement intéressant, ce sont certains choix technologiques qui ont été faits. On en reparlera juste après. On va finir sur la partie serveurs, vas-y.

Benjamin Sonntag : Un parallèle j’aime bien faire pour faire découvrir aux gens qui ne connaissent pas Twitter et même pour ceux qui connaissent, je compare plutôt Mastodon au mail. Mon mail c’est benjamin@sonntag.fr. Si une amie qui s’appelle manon@gmail.com a envie de m’écrire, elle peut m’écrire. On a tous compris que ce sont des instances différentes parce que après le arobas ce n’est pas pareil, elle est chez gmail, moi je suis chez sonntag. J’écris aussi à Astrid qui est yahoo, j’écris aussi à Philippe sur free.fr, j’écris aussi à Jérémie sur ???. En fait, nous nous écrivons entre nous et nous ne nous sommes jamais posé la question.

Il y a une différence : la seule différence avec Mastodon c’est que Mastodon c’est comme si on avait un mail. mais par défaut, quand on poste un message, il est posté à tout le monde, c’est public par défaut. C’est le mail avec en plus le fait que quand on ne se pose pas de question le message qu’on envoie est envoyé à tout le monde. C’est super. Ça veut dire qu’on peut s’envoyer des messages entre nous, envoyer des messages à destination d’organisations, de groupes d’utilisateurs, de listes de personnes, des gens qui nous suivent ou à ces trois personnes-là auxquelles on veut parler avec des messages privés, mais si on ne met personne en fait c’est tout le monde, tout le monde reçoit nos messages. Ça veut dire que derrière, en tant qu’humanité, il faut qu’on apprenne ce que veut dire envoyer des messages à tout le monde. Là il y a un grand pouvoir, mais c’est aussi une grande responsabilité.

Frédéric Couchet : On va en parler justement un petit peu après. On va continuer à défiler la partie purement technique. J’explique juste, comme vous ne voyez pas l’écran, que sur le salon web on vous félicite pour vos comparaisons notamment sur celle avec le courriel, etc.

On va continuer un petit peu sur la partie technique. Au niveau des messages, effectivement ce que tu disais Cécile, on peut poster des messages de 500 caractères maximum, on peut mettre des images, etc. Il y a quand même des choses qui sont un petit peu différentes. Avant de parler de ce qui n’est pas possible, peut-être expliquer, d’un point de vue graphique, qu’on a les messages qui sont envoyés par les personnes abonnées, sans algorithme, c’est peut-être important à expliquer.

Cécile Duflot : Là je ne suis pas d’accord. Tout le monde croit que Twitter c’est avec un algorithme. Depuis toujours, en appuyant sur « Voir les derniers tweets », on peut avoir Twitter sans algorithme, ce qui n’est pas possible pour Facebook, je ne suis pas une spécialiste, mais j’ai compris ça, alors que pour Twitter, si on a Twitter « Avec les derniers messages », ce que j’ai toujours choisi parce que c’est chiant qu’on choisisse pour toi, en fait c’est exactement comme Mastodon.

Frédéric Couchet : On va juste préciser que par défaut, sur Twitter, il y a l’algorithme. Sinon, en appuyant sur quel bouton « Voir les derniers tweets », on peut avoir la frise chronologique. Sur Mastodon c’est par défaut et, ce qui est intéressant en plus de ça, c’est qu’il y a deux fils différents : le fil de l’instance locale et le fil global.

Benjamin Sonntag : Il y en a même trois.

Frédéric Couchet : Il y a aussi les notifications.

Benjamin Sonntag : Le fil par défaut ce sont les gens dont on souhaite voir les messages de manière active, auxquels on s’est inscrit, les gens qu’on suit : lui, lui, lui, elle et lui.

Cécile Duflot : En Twitter langage, c’est la TL.

Frédéric Couchet : La frise chronologique.

Benjamin Sonntag : Ce sont les gens auxquels je suis abonné, je veux connaître leurs messages ; c’est ce qui m’intéresse le plus, ce sont les gens que j’ai découverts, je me suis dit « OK, lui je veux le suivre, elle je veux la suivre » et je vois leurs messages, parce que je les ai choisis, ce n’est pas un algorithme et je vois d’abord leurs derniers messages.

Ensuite il y a les messages de notification, les gens qui me répondent, qui re-pouettent mes pouets, qui les forwardent, qui les transmettent à d’autres gens, ce sont les notifications.

Il y a ensuite ce qu’on appelle la timeline locale où on a les messages locaux. En gros ce sont tous les messages postés en public par tous les usagers, par tous les utilisateurs et utilisatrices de l’instance à laquelle je suis. C’est là où le choix de la porte d’entrée est important parce que si on est dans une communauté qui a une couleur particulière – politique, technique, industrielle, artisanale, gamer, peu importe – eh bien les messages de la timeline locale vont être très dans cette couleur. En effet pour Cécile à l’époque, l’instance c’était ???, donc c’était un peu bizarre.

Et la timeline fédérée c’est world company, c’est le monde entier, ce sont tous les messages postés publiquement par tous les usagers de l’instance locale et qui ont des abonnés sur les autres instances distantes qu’on voit. C’est donc quelque chose de beaucoup plus verbeux, beaucoup plus bavard, beaucoup plus versatile et là on peut voir un peu tout et n’importe quoi.

Cécile Duflot : Je regarde, du coup je viens de recevoir le message d’un Suisse sur Mastodon qui dit que pour un Suisse c’est très simple, c’est comme la Suisse : il y a les messages que t’envoient les gens auxquels tu t’es abonné, ensuite il y a les messages de ton canton et ensuite il y a les messages de toute la Suisse. C’est vrai que nous ne sommes pas dans un pays qui a la culture de la fédération. Pour les gens qui ont une culture de fédération, je pense que c’est très simple de faire partie de deux choses.
Je trouve super le côté instance. La liste, en l’occurrence Piaille puisque mon compte est sur Piaille, en plus elle est francophone donc elle est facile à lire – parce qu’il manque l’option traduction automatique ; ça a vraiment changé la vie sur Twitter parce que je suis des gens coréens, japonais, donc ce n’est pas possible de les traduire – comme ça je découvre de nouvelles personnes.

Je voudrais dire aux gens qui nous écoutent que plein de gens qui arrivent sur Mastodon disent « je ne connais personne ». Pour info, quand nous sommes arrivés sur Twitter, nous ne connaissions personne. C’est pour ça qu’il y avait ce qu’on appelait les follows Friday : tous les vendredis les gens envoyaient des messages avec la liste des gens qu’ils connaissaient en disant « vous pouvez les suivre, ils sont intéressants pour ci et pour ça ». Du coup maintenant, comme ça fait un moment que je suis arrivée sur Mastodon – un moment c’est une semaine ou dix jours, une dizaine de jours – je suis devenue une sorte de boussole pour un certain nombre de gens, c’est d’ailleurs assez rigolo comme statut, plein de personnes m’ont envoyé des messages pour me dire qu’ils vont regarder les gens que je suis ou les gens qui me suivent pour retrouver les gens qu’ils suivaient sur Twitter. Ça fait une sorte de boîte, c’est aussi un moyen et ça me fait marrer, c’est exactement ce qu’on faisait au début de Twitter ; ça ressemble quand même beaucoup, sauf que c’est plus durable, ça ne dépend pas d’Elon Musk et surtout le but n’est pas de gager de l’argent, donc de faire de la pub. C’est aussi ça l’élément chouette du Libre, on se dit qu’on va rester tranquillement à faire de la conversation, on ne va pas se retrouver otage de pub, du fait qu’on va utiliser nos données ou qu’on va regarder les tweets qu’on a likés ou pas pour nous envoyer telle ou telle pub, c’est aussi ça qui change tout.
C’est la grande différence avec le Libre et je le redis, c’est pour ça que je suis très reconnaissante, c’est que ça marche parce qu’il y a des gens qui font ça bénévolement, juste parce qu’ils aiment bien, et heureusement qu’ils existent et c’est très bien !

Benjamin Sonntag : Après il y a plein de modèles économiques différents. Il y a des instances qui font appel au don pour payer le matos. Pour Piaille, l’instance que Thibaut a montée il y a 15 jours, mon entreprise a dit « on te file du matos, gratos pour l’instant, on verra plus tard », parce qu’il y avait urgence d’accueillir les twittos perdus. On a ouvert une instance gratuitement, c’est mon entreprise qui offre le matériel pro bono ; on fait l’administration technique et la modération avec des bénévoles et des gens autour de nous et on verra. Si ça se trouve, dans 15 jours, ce truc sera organisé en association avec une gouvernance, etc. Chacun fait un peu son modèle. Il y a des entreprises qui mettent à disposition des instances Mastodon pour que d’autres professionnels discutent entre eux, etc.

Cécile Duflot : En fait ça m’a fait penser un peu au modèle de Wikipédia. Je me souviens qu’au début de Wikipédia, on disait « ce truc ne peut pas marcher, ça ne peut pas reposer sur tout le monde, les gens vont forcément bidouiller ». Quand on atteint une sorte de masse critique, je le sais parce que j’ai une page qui a souvent été « attaquée », entre guillemets, en fait il y a des sortes de patrouilleurs, tu ne sais pas où ils sont, ce sont des mecs dont le truc, dans la vie, c’est de guetter les modifications, etc., et ça ne reste pas plus de 45 secondes. Et à la fin oui, j’ai aussi, au bout d’un moment, donné des sous à Wikipédia parce que je suis contente que ça existe, que je trouve ça bien. Autant jamais de la vie je ne paierai huit euros pour garder ma coche bleue, autant je sais aussi que ça coûte de l’argent d’héberger des données, donc s’il faut contribuer à ce que mes données soient stockées dans mon instance, ça ne me gênera pas plus tard, ça ne me choquera pas de payer de façon volontaire, en sachant que ce n'est pas fait pour que ça rapporte de l’argent à qui que ce soit. Ce n’est pas un modèle commercial.
Il faut néanmoins, et je trouve ça important, que ça reste ultra-accessible. Si on veut que ça prenne le pas sur Twitter, il fait non seulement que ce soit mieux sur un plan éthique et d’esprit, mais il faut aussi que ce soit fastoche à utiliser, c’est ça qu’il faut réussir.

Frédéric Couchet : On va faire une petite pause musicale courte. Nous allons écouter Un fantôme dans la maison par Odysseus. On se retrouve dans une minute quarante. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Un fantôme dans la maison par Odysseus.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Un fantôme dans la maison par Odysseus, disponible sous licence libre Art Libre.

[Jingle]

Deuxième partie

Chronique « Pépites libres » de Jean-Christophe Becquet, vice-président de l’April, sur Philoxime (l’éthique et la philo politique expliquées avec des GIFs et des animaux rigolos) = Eve

Frédéric Couchet : Après la pause musicale, nous entendrons la chronique de Jean-Christophe Becquet sur Philoxime, l’éthique et la philo politique expliquée s avec des GIFs et des animaux rigolos. En attendant, nous allons écouter « De vague en vague » par ???. On se retrouve dans environ 3 minutes 30. Belle journée à l'écoute de Cause commune, la Voix des possibles.

Frédéric Couchet : Nous venons d'écouter « De vague en vague », par ???, disponible sous licence Art libre.

Nous passons au sujet suivant. Textes, images, vidéos ou bases de données, sélectionnée pour son intérêt pédagogique, artistique, insolite, utile, Jean-Christophe Becquet nous présente une ressource sous une licence libre. Les auteurs et autrices de ces pépites ont choisi de mettre l'accent sur les libertés accordées à leur public, parfois avec la complicité du chroniqueur. C'est la chronique « Pépites libres » de Jean-Christophe Becquet, vice-président de l’April. Bonjour Christophe.

Jean-Christophe Becquet : Bonjour Fred, bonjour à toutes, bonjour à tous.

Frédéric Couchet : Donc le thème du jour, c'est Philoxime, l’éthique et la philo politique expliquées avec des GIFs et des animaux rigolos.

Jean-Christophe Becquet : Dans les coulisses de la chronique « Pépites libres » pour la 100ᵉ édition de Libre à vous !, j'expliquais que je suis toujours à la recherche de nouvelles pépites. J'invitais les auditeurs à participer en me proposant des auteurs et des ressources méconnues sous licence libre. C'est Isabella, de l'April, qui m'a fait connaître la pépite du jour. Elle-même la tenait d'Étienne. C'est dire comme on partage les bonnes choses à l'April ! Un grand merci donc à tous les deux de m'avoir permis de découvrir Philoxime, la chaîne vidéo qui explique l'éthique et la philo politique avec des GIFs et des animaux rigolos.

Philoxime est l’œuvre de Maxime Lambrecht qui partage ses vidéos sous licence libre Creative Commons BY. Maxime est chercheur et enseignant en éthique à l'Université catholique de Louvain en Belgique. Sa thèse de doctorat en droit portait sur : « Droit d’auteur et ouverture de l’environnement numérique : responsabilité sociale contre législation ? ». Il n'est donc pas du tout surprenant que ses vidéos croisent régulièrement des sujets travaillés à l'April. C'est le cas notamment de celle intitulée, à la forme interrogative, « Abolir la propriété intellectuelle ? ». Le chercheur y questionne l'efficacité et les limites du droit d'auteur et des brevets.

Vous l'aurez compris, Maxime est clairement engagé pour un plus grand partage des savoirs et fin connaisseur du monde du Libre. D'ailleurs, sa chaîne est disponible sur une instance PeerTube.

Emmanuel Revah expliquait, dans Libre à vous !, en quoi PeerTube est plus respectueux de la vie privée des visiteurs, plus libre et même plus écologique. Je vous renvoie donc à sa chronique pour en savoir plus sur ce réseau de diffusion de vidéos décentralisé.

Philoxime a opté pour Skeptikón, une instance PeerTube dédiée à la Zététique, à l'esprit critique et au scepticisme de manière plus générale. J'ai toutefois pu constater quelques incohérences dans les mentions de licence. Par exemple, la vidéo Zoopolis – Théorie politique des droits des animaux est sous licence libre Creative Commons BY sur YouTube et sous licence non libre Creative Commons BY-NC sur PeerTube.

Maxime aborde, sur sa chaîne Philoxime, d'autres enjeux contemporains comme les changements climatiques, les pandémies, mais aussi des sujets surprenants comme les enjeux insoupçonnés du changement d'heure. On peut soutenir sa chaîne sur la plateforme française de financement participatif en ligne uTip.

Lorsqu'on lui demande quel serait son utopie pour le temps présent, Maxime répond : « Une utopie qui m'interpelle particulièrement est celle d'une économie dite du « partage » ou « collaborative », issue du mouvement des logiciels libres, qui vise à mettre en œuvre le potentiel émancipateur de la technologie pour transformer l'économie, afin de contribuer à une démocratisation de l'organisation du travail ainsi qu'à une désaliénation du travail, en se fondant dans des activités coopératives qui ont leur motivation intrinsèque ». Beau projet, n'est-il pas ?

Frédéric Couchet :

[Virgule sonore]

[Virgule musicale]

Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l'April et le monde du Libre = Eve

Frédéric Couchet : Alors, nous approchons de la fin de l'émission, nous allons terminer par quelques annonces.

[Virgule musicale]

Alors, dans les annonces, il y a un ciné blabla avec le film-documentaire « Lol, logiciel libre, une affaire sérieuse » à Bagnolet, mercredi 23 novembre 2022 de 19 heures à 21 heures. Le documentaire « Lol » qui dure 59 minutes et qui date de 2019, est désormais également disponible gratuitement sur la plateforme Imago. Je rappelle que vous retrouverez toutes les références sur le site libreavous.org.

Ce vendredi 25 novembre 2022, un apéro April est organisé dans nos locaux à Paris à partir de 19 heures.

Le même jour, Loïc Dayot, qui est membre du conseil d'administration de l'association, interviendra à La Teinturerie à Paris 20e, sur le thème « L'impact du numérique sur l'environnement et les atouts du Libre pour un numérique durable ».

Du côté d'Orléans, nos camarades de Cenabumix, un groupe d'utilisateurs et d'utilisatrices de logiciels libres de la région, organisent des rencontres sur les logiciels libres, chaque mardi de 18 heures à 20 heures et chaque vendredi de 17 heures à 19 heures.

Et la semaine prochaine, donc samedi 3 décembre 2022, à Paris, il y a la rencontre mensuelle autour du logiciel libre au Carrefour numérique de la Cité des Sciences et de l'Industrie, de 14 heures à 18 heures.

Tous ces événements sont annoncés donc sur le site de l'émission libreavous.org et également sur le site de l’agendadulibre.org, sur lequel vous pouvez trouver tous les événements en lien avec les logiciels ou la culture libre près de chez vous.

J'en profite aussi dans les annonces, comme il me reste un petit peu de temps, pour vous signaler que vous pouvez nous laisser un message sur le répondeur de la radio pour réagir à l'un des sujets de l'émission, nous poser une question ou nous laisser simplement un message. N'hésitez pas à nous faire des retours. Le numéro du répondeur, c'est le 09 72 51 55 46. Vous pouvez également nous contacter via le site libreavous.org. pour nous faire, par exemple, des suggestions de sujets à traiter, de personnes à inviter, ou nous faire des retours sur les émissions que vous avez écoutées. N'hésitez pas, nous lisons tous les messages que nous recevons.

Alors notre émission se termine. Je remercie les personnes qui ont participé à l'émission du jour : Isabelle Carrère, Selda Besnier, Benjamin Sonntag, Cécile Duflot, Jean-Christophe Becquet.

Aux manettes de la régie aujourd'hui, il a assuré comme un roi, Thierry Holleville, avec le soutien derrière d'Étienne Gonnu, vous ne pouvez pas le voir, mais Étienne est dans son fauteuil, les mains croisées derrière la tête, c'est vous dire qu'il était tranquille pour la régie. Donc, bravo à Thierry. Merci également aux personnes qui s'occupent de la post-production des podcasts, dont l'équipe de bénévoles : Samuel Aubert, Élodie Déniel-Girodon, Lang1, Julien Osman, bénévoles à l'April, et Olivier Grieco, le directeur d’antenne de la radio.

Merci également à Quentin Gibeaux, bénévole à l’April, qui découpera le podcast complet en podcasts individuels par sujet.

Vous trouverez sur notre site web libreavous.org, toutes les références utiles, ainsi que sur le site de la radio, causecommune.fm. N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu, mais aussi des points d’amélioration. Vous pouvez également nous poser toute question et nous vous y répondrons directement ou lors d’une prochaine émission. Toutes vos remarques et questions sont les bienvenues à l’adresse contact chez libreavous.org.

Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission. Si vous avez aimé cette émission, n’hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous et à faire connaître également la radio Cause Commune, la voix des possibles.

La prochaine émission aura lieu en direct mardi 29 novembre 2022 à 15 heures 30. Notre sujet principal portera sur les systèmes de gestion de version décentralisés. Ces outils permettent de gérer la chronologie de toutes les modifications qui ont été effectuées sur des fichiers, comme par exemple des codes sources de logiciels ou encore de la documentation. Nous parlerons donc avec nos invités de l'intérêt de ces systèmes avec notamment les exemples de Git et de Mercurial.

Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi 29 novembre et d'ici là, portez-vous bien.

Générique de fin d'émission : Wesh Tone par Realaze.