Vers un futur sous le signe des libertés informatiques

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Titre : Vers un futur sous le signe des libertés informatiques

Intervenant·e·s : Isabella Vanni - Pierre-Yves Gosset - Agnès Crepet - Audrey Neveu

Lieu : Lyon - MiXiT

Date : 30 avril 2024

Durée : 25 min 43

vidéo

Présentation de l'interview

Licence de la transcription : Verbatim

Illustration : À prévoir

NB : Transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

Description

Rejoignez-nous pour une plongée au cœur des initiatives de Framasoft et de l'April, deux acteurs majeurs du logiciel libre, visant à remodeler notre interaction avec la technologie et à promouvoir une inclusivité tangible dans le monde numérique.

Transcription

Audrey Neveu : Bienvenue sur MiXiT on air pour cette nouvelle après-midi d’interviews.
Nous sommes avec deux invités avec qui nous allons parler de logiciels libres, ce qui nous tient beaucoup à cœur. Je vais vous laisser vous présenter.

Isabella Vanni : Moi, c’est Isabella Vanni, je fais partie de l’équipe salariée de l’April qui est l’association de promotion et de défense du logiciel libre dans l’espace francophone.

Pierre-Yves Gosset : Je suis Pierre-Yves Gosset, je suis coordinateur des services numériques d’une association qui s’appelle Framasoft, une association d’éducation populaire aux enjeux du numérique et des communs culturels.

Audrey Neveu : Voilà. On vous a invités tous les deux justement parce que ce sont des thèmes qui sont chers à notre petit cœur, qui sont importants à MiXiT. On voulait discuter un petit peu avec vous parce que toi, Pierre-Yves, tu vas nous parler de cloud, en fait, cet après-midi. Qu’est-ce qui a motivé ce lancement de Framaspace par Framasoft ?

Pierre-Yves Gosset : À Framasoft, ça fait maintenant dix ans cette année qu’on essaye de proposer des alternatives aux Big Tech, notamment aux GAFAM, des alternatives comme Framapad en alternative à Google Docs, Framadate en alternative à Doodle, et plein d’autres. Aujourd’hui on a 16 services alternatifs, on accueille environ deux millions de personnes tous les mois. La difficulté qu’on identifiait, c’était essentiellement la problématique que les associations, nous sommes une association, faisaient appel aux produits de Google, Microsoft ou équivalent, pour travailler entre elles. Or, pour nous qui sommes très attachés à la loi de 1901, c’était quand même très compliqué de dire, en tant qu’association, on n’est pas en capacité de proposer des alternatives éthiques qui permettent finalement de mettre en cohérence les valeurs associatives et les outils que les utilisateurs et les utilisatrices utilisent pour travailler ensemble. On a donc proposé Framaspace dont je peux parler maintenant ou tout à l’heure.

Audrey Neveu : Vas-y.

Pierre-Yves Gosset : Framaspace est un service gratuit, proposé par Framasoft, qui est basé sur le logiciel qui s’appelle Nextcloud, une solution libre, qui permet d’avoir à la fois de la gestion de fichiers, du partage de fichiers, mais aussi de l’agenda, du kanban, des petites cartes à la Trello qu’on peut déplacer pour s’organiser, de la visio, etc.
On propose ça et on s’est dit qu’on allait le proposer gratuitement parce que ce qui nous intéressait, c’était de toucher notamment les petites associations et les collectifs militants qui n’ont pas les moyens, souvent, de se dire, par exemple, « je vais prendre un espace Nextcloud à trois euros par compte et par mois » parce que c’est le collectif LGBT de Mont-de-Marsan qui a, tout simplement, zéro euro sur son compte en banque. On s’est donc dit « on a les capacités techniques de proposer ce service-là, par contre, on va le proposer gratuitement ». Il y a un objectif politique, derrière, qu’on n’a jamais caché, c’est comment « réempouvoir » les associations qui, pour moi, font complètement partie de ce qui nous permet de faire société, c’est-à-dire que quand l’État est défaillant, ce sont souvent les associations qui agissent derrière, elles sont donc à la fois à la pointe de la lance sociale, mais elles sont aussi, souvent, le dernier filet de sécurité avant que vous vous retrouviez en précarité ou autre, je pense, par exemple, aux Restos du cœur, c’est tout de suite ce me qui vient en tête. Du coup, ces associations-là ils ont des valeurs. C’est donc comment on faisait s’articuler ces valeurs, comment rendre cohérente ces valeurs avec les outils qu’elles utilisent.
On propose jusqu’à 10 000 espaces Nextcloud, potentiellement plusieurs centaines de milliers de comptes, gratuitement, à des associations, des collectifs militants, des syndicats en disant « on sait faire de l’hébergement de service ». Aujourd’hui, on héberge 1000 Nextcloud à destination de ces petites associations et collectifs et ça marche plutôt bien, on est donc plutôt contents parce que c’est un vrai pari technique de savoir faire ça. On en a beaucoup discuté avec l’équipe qui édite le logiciel Nextloud, qui est allemande. On nous a dit qu’on était quasiment les premiers à faire ça de cette façon-là, d’habitude, on monte des choses avec du Kubernetes, des choses assez complexes techniquement qui coûtent, du coup, assez cher. Nous, on fait ça pour un coût qui est relativement dérisoire, puisque Framasoft est une petite association, nous sommes 40 adhérentes et adhérents, nous sommes 11 salariés et on va dire que nous sommes trois, essentiellement, à gérer ce projet.

Audrey Neveu : Comment gérez-vous le support parce que, du coup, 10 000, ça commence à faire ?

Pierre-Yves Gosset : À Framasoft, on a plutôt un très bon support qui est proposé sur les différents outils. Sur celui-là on s’est dit « ça va être trop compliqué de s’engager sur le support », on a donc décidé de faire un support communautaire. On dit aux gens : « Si vous avez un problème avec votre espace, sur l’usage de votre espace, posez votre question sur le forum », du coup, ce sont des utilisateurices qui se répondent les uns les autres, ça me va très très bien, ça fait moins de travail ! Et si c’est un problème technique, de fond, à ce moment-là, effectivement, il y a un système où on peut nous écrire et on est on dépanne. Pour l’instant, on a su répondre à peu près à toutes les demandes qui étaient posées. On traite quand même 5 à 6000 messages de support par an sur l’ensemble du réseau Framasoft pour deux millions d’utilisateurices par mois.

Agnès Crepet : Deux millions !

Pierre-Yves Gosset : Tous les services, l’ensemble des services ce sont deux millions de personnes par mois.

Agnès Crepet : Tous les services. Pas que Framaspace.

Pierre-Yves Gosset : Oui. Ça commence à faire du monde. Le plus gros service est essentiellement Framadate qui est massivement utilisé dans tout le secteur associatif, mais aussi en entreprise, qui est une alternative à Doodle pour trouver des dates. Tu as déjà utilisé Framadate.

Audrey Neveu : On se sert effectivement de Framadate, on se sert de Framaforms et j’ai pensé à vous parce que, récemment, j’ai été obligée, parce que quelqu’un m’a envoyé un Doodle, le truc est devenu immonde, il y a de la pub partout, de la pub porno !

Pierre-Yves Gosset : En plus !

Audrey Neveu : J’avais mon petit frère !

Pierre-Yves Gosset : Zéro publicité, zéro exploitation des données, parce que c’est un tout petit logiciel. En fait, il ne coûte vraiment pas grand-chose à maintenir. Du coup, on accueille quasiment un million de personnes par mois sur la suite.

Audrey Neveu : Je peux confirmer que le support est de qualité et répond ultra-vite.

Pierre-Yves Gosset : J’ai noté que MiXiT a utilisé aussi Framaforms pour faire les questionnaires.

Audrey Neveu : Évidemment !

Agnès Crepet : Un million c’est sur toutes les suites, les solutions

Pierre-Yves Gosset : Les deux millions, c’est sur l’ensemble de la suite. Les principaux services qu’on a sont Framadate, ensuite Framaforms ; un service qui est très utilisé, pourtant on a très peu de statistiques, dessus, c’est Framalistes, des listes de discussion, on envoie, en gros, 250 000 mails par jour sur Framalistes, ce qui est quand même assez conséquent et on est le plus gros serveur de listes de discussion « ONG », entre guillemets, de la planète, que je sache. C’est quand même fabuleux !
Framaspace vise, à un moment donné, à dire que les associations doivent pouvoir relever la tête. Pour moi, il y a vraiment une question de dignité derrière, se dire que ce n’est pas parce que nous sommes des associations qu’on doit dépendre d’entreprises pour gérer nos outils numériques. On est capable, grâce au logiciel libre, parce que nous ne développons Nextcloud, de proposer ce logiciel-là à plusieurs milliers d’associations. On espère qu’il y en aura, demain, encore plus. Quand on est un syndicat, mettre ses données chez Google, ça me perturbe un petit peu.
On s’engage à ne faire aucune exploitation des données derrière, aucune exploitation commerciale des données, on ne fait vraiment que de l’exploitation technique et ça marche plutôt bien.
Aujourd’hui, on est à 1000 assos, je pense qu’on atteindra entre 2000 et 3000 à la fin de l’année ; c’est plutôt conséquent.

Audrey Neveu : On vous le souhaite !

Pierre-Yves Gosset : Essayons !

8 ‘ 40

Audrey Neveu : Est-ce que tu veux parler