https://wiki.april.org/api.php?action=feedcontributions&user=Neox&feedformat=atomApril MediaWiki - Contributions de l’utilisateur [fr]2024-03-29T06:36:30ZContributions de l’utilisateurMediaWiki 1.35.13https://wiki.april.org/index.php?title=Fete_du_Libre_a_Ivry_2021&diff=93984Fete du Libre a Ivry 20212021-09-03T16:34:39Z<p>Neox : /* Présences stand April */ Présence de neox</p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Stand_historique]]<br />
<br />
==Présentation==<br />
<br />
Une nouvelle édition de la Fête du Libre à Ivry, organisée par l'[https://e2li.org/ Ecole du Logiciel Libre (E2L)], aura lieu le '''week-end des 9 et 10 octobre 2021'''. Au programme : conférences, stands d'information, exposition des panneaux de l'[https://www.expolibre.org Expolibre], présentation des projets de l'école, atelier photos.<br />
<br />
[https://e2li.org/FeteDuLibre.php Plus d'information sur l'événement]<br />
<br />
À cette occasion, l'April est invitée à tenir un stand.<br />
<br />
==Jours et horaires d'ouverture==<br />
<br />
* Samedi 9 octobre 2020 : de 10 h 00 à 18 h 00<br />
* Dimanche 10 octobre 2020 : de 10 h 00 à 18 h 00<br />
<br />
==Lieu==<br />
<br />
Espace Robespierre, salles 4 et 5 au 2ème étage<br />
<br>2 rue Robespierre<br />
<br>94200 Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne)<br />
<br />
Voir le [https://www.openstreetmap.org/way/79149277 plan].<br />
<br />
==Accès==<br />
<br />
Métro : Ligne 7, station Mairie d’Ivry (terminus sud).<br />
<br />
==Tenir un stand==<br />
<br />
Que dois-je faire ? Comment ça se passe ? <br />
<br />
C'est très simple : il s'agit principalement d'engager la discussion avec les personnes visitant le stand pour leur présenter les principes du logiciel libre et leur présenter les différents acteurs (GULL, April ou autre, suivant les interlocuteurs).<br />
<br />
Pour nos actions récentes, vous pouvez consulter les dernières lettres d'actualité :<br />
<br />
https://www.april.org/fr/lettre-d-information-publique<br />
<br />
Nos derniers communiqués de presse :<br />
<br />
https://www.april.org/fr/communiques<br />
<br />
==Présences stand April==<br />
<br />
Si vous avez des disponibilités, vous pouvez nous aider à tenir le stand April quelques heures : n'hésitez pas à vous manifester ! :-)<br />
<br/>Vous pouvez vous inscrire '''en modifiant le tableau ci-dessous''' (note : il est nécessaire d'avoir/de créer un compte April MediaWiki, différent de votre compte membre, pour modifier la page).<br />
<br />
Vous pouvez aussi envoyer un courriel à '''evenements AT april POINT org'''.<br />
<br />
{|border="1" cellpadding="10" <br />
|----------------------------- ----------<br />
!Nom<br />
!N° membre le cas échéant (*) <br />
!Samedi 9 octobre<br>matin<br>(à partir de 9h15 pour l'installation)<br />
!Samedi 9 octobre<br>après-midi<br />
!Dimanche 10 octobre<br>matin<br/><br />
!Dimanche 10 octobre<br>après-midi + démontage<br />
!Remarques<br />
|-<br />
|Adrien Bourmault (neox)<br />
|11451<br />
|Dès 9h15<br />
|Tout l'après-midi<br />
|Dès 10h00<br />
|Tout l'après-midi<br />
|RAS<br />
|-<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|-<br />
|'''Total'''<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|- <!!!!!!------- NE RIEN INSCRIRE SOUS CETTE LIGNE ------><br />
!Nom<br />
!N° membre le cas échéant (*) <br />
!Samedi 9 octobre<br>matin<br>(à partir de 9h15 pour l'installation)<br />
!Samedi 9 octobre<br>après-midi<br />
!Dimanche 10 octobre<br>matin<br/><br />
!Dimanche 10 octobre<br>après-midi + démontage<br />
!Remarques<br />
|}<br />
<br />
<br />
* Pour retrouver vos coordonnées au cas où nous ne connaîtrions pas votre pseudonyme :-)<br />
<br />
==Documents de sensibilisation==<br />
<br />
Les documents de sensibilisation et les panneaux de l'Expolibre seront remis à (à venir), qui se chargera de les apporter sur le stand.<br />
<br />
==Photos==<br />
<br />
N'hésitez pas à prendre des photos du stand April, de l'équipe bénévoles (oui, oui : on adore voir nos bénévoles en action ! :-) ) et de l'événement pour nourrir notre galerie : https://photos.april.org/<br/>Les conditions de soumission des photos sont indiquées en bas de chaque page de la galerie.<br />
<!--<br />
<br />
==Chiffres==<br />
<br />
--><br />
==Points forts, points de vigilance ==<br />
<br />
Voir le fonctionnement sur la page [[Les Points Forts et les Points de Vigilance]]<br />
<br />
Consulter les point relatifs aux éditions [[Fete_du_Libre_a_Ivry#Points_forts.2C_points_de_vigilance | 2019]] et [[Fete_du_Libre_a_Ivry_2020#Points_forts.2C_points_de_vigilance | 2020]].<br />
<br />
Points forts (+)<br />
<br />
* <br />
<br />
Points de vigilance (-)<br />
<br />
*</div>Neoxhttps://wiki.april.org/index.php?title=Libre_%C3%A0_vous_!_Radio_Cause_Commune_-_Transcription_de_l%27%C3%A9mission_du_16_f%C3%A9vrier_2021&diff=91872Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 16 février 20212021-02-18T09:36:24Z<p>Neox : Corrections/remplissage</p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Transcriptions]]<br />
<br />
'''Titre :''' Émission <em>Libre à vous !</em> diffusée mardi 16 février 2021 sur radio Cause Commune<br />
<br />
'''Intervenant·e·s :''' Vincent Calame - Adrien Bourmault - Baptiste Lemoine - Isabella Vanni - Luk - Frédéric Couchet - Étienne Gonnu à la régie<br />
<br />
'''Lieu :''' Radio Cause Commune<br />
<br />
'''Date :''' 16 février 2021<br />
<br />
'''Durée :''' 1 h 30 min<br />
<br />
'''[https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/backups/output-2021-02-16-15h29.mp3 Podcast provisoire]''' <br />
<br />
[https://www.april.org/libre-a-vous-diffusee-mardi-16-fevrier-2021-sur-radio-cause-commune Page des références utiles concernant cette émission]<br />
<br />
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]<br />
<br />
'''Illustration :'''<br />
<br />
'''NB :''' <em>transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.<br/><br />
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.</em><br />
<br />
==Transcription==<br />
<br />
<b>Voix off : </b> Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. <br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Bonjour à toutes. Bonjour à tous.<br/><br />
Des démarches pro-libres dans l’éducation, c’est le sujet principal de l’émission du jour, avec également au programme la chronique de Vincent Calame sur le thème de la légende dorée de la communauté spontanée et, en fin d’émission, peut-être la présence exceptionnelle de Luk pour sa chronique sur le thème « Je suis suprémaciste ».<br />
<br />
Vous êtes sur la radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM et en DAB+ en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.<br />
<br />
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de <em>Libre à vous !</em>, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.<br />
<br />
Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.<br/><br />
Le site web de l’April c’est april.org, vous pouvez y trouver une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou nous poser toute question.<br />
<br />
Nous sommes mardi 16 février 2021, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.<br />
<br />
À la réalisation de l’émission pour le démarrage Adrien Bourmault et, pour la suite, Étienne Gonnu. Bonjour les amis.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Salut.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Salut. <br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Pour participer à notre conversation aujourd’hui 09 72 51 55 46 ou via le salon web de la radio sur causecommune.fm, bouton « chat », sur le salon #libreavous. <br/><br />
<br />
Tout de suite place au premier sujet.<br/><br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==Chronique « Jouons collectif » de Vincent Calame, sur le thème « Viens à l'aventure avec nous »==<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Vincent Calame<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
Nous allons faire une petite pause musicale.<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons écouter un morceau qui, je crois, avait été suggérée par Vincent dans une précédente émission qui s’appelle <em>La valse des vieux sabots</em> par Les bretons de l'est. On se retrouve dans deux minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.<br />
<br />
<b>Pause musicale : </b><em>La valse des vieux sabots</em> par Les bretons de l'est.<br />
<br />
<b>Voix off : </b>Cause Commune, 93.1.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous venons d’écouter <em>La valse des vieux sabots</em> par Les bretons de l'est disponible sous licence Art Libre. Vous retrouverez les références sur le site de l’April, april.org, et sur le site de la radio, causecommune.fm.<br />
<br />
Vous écoutez toujours l’émission <em>Libre à vous !</em> sur radio Cause commune, la voix des possibles, 93.1 FM en Île-de-France et en DAB+, partout dans le monde sur le site causecommune.fm.<br/><br />
<br />
Nous allons poursuivre avec notre sujet principal.<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==Démarches pro-Libre dans l'éducation==<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons donc poursuivre avec notre sujet principal qui va porter sur les démarches pro-libre dans l’éducation. N’hésitez pas à participer à notre conversation au numéro au 09 50…, non, ce n’est pas ce numéro-là, je ne vais pas le dire, je sais que ce n’est pas le bon. En tout cas vous pouvez participer sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causecommune.fm, bouton « chat » et ce sujet long va être animé par ma collègue Isabella Vanni à qui je passe la parole immédiatement.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Merci Fred. Bonjour à tout le monde.<br/><br />
Aujourd’hui nous avons avec nous Adrien Bourmault, bénévole à l’April et étudiant du supérieur en informatique, et Baptiste Lemoine, ingénieur free-lance en recherche et développement logiciel, parent d’élève, également bénévole à l’April. Merci d’avoir accepté notre invitation. Tous les deux vous vous êtes vu proposer, voire imposer, un service non libre et non respectueux des données personnelles, soit par votre établissement éducatif soit par celui de votre enfant et vous avez alors entrepris des démarches pour alerter vos interlocuteurs sur les enjeux d’une informatique libre et loyale. Nous allons en savoir plus lors de notre échange.<br/><br />
Bonjour.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Salut.<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Bonjour.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Pour commencer, je vous propose de vous présenter très brièvement. Adrien, tu veux commencer ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Je m’appelle Adrien Bourmault. Je suis bénévole à l’April, entre autres à la régie de <em>Libre à vous !</em> aujourd’hui juste avant qu’Étienne prenne le relais, également coanimateur système du Chapril pour le service XMPP et étudiant en informatique à Paris.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Merci. Baptiste.<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Je fais des sites web en tant que free-lance depuis un paquet de temps. Je suis aussi bénévole au Chapril pour le service Mobilizon.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Merci beaucoup. On peut rentrer dans le vif de la question. Comme je disais en introduction, votre établissement ou celui de votre enfant vous a proposé, voire imposé, un service non libre, non respectueux de vos données personnelles. Je voudrais savoir de quel logiciel, de quel service il s’agissait. Baptiste, tu veux commencer ?<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Pour ma part c’est dans l’école maternelle de ma fille qu’on nous a imposé l’utilisation du logiciel Klassroom qui est un logiciel qui permet de faire un blog pour la classe et d’échanger avec les professeurs.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Très bien. Quelle a été ta réaction ? Tu as compris tout de suite qu’il s’agissait d’un logiciel propriétaire, qu’il pouvait y avoir des problèmes aussi côté respect des données personnelles ?<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Tout à fait, oui. À l’inscription, on nous a demandé notre mail pour parler entre professeurs et parents et ensuite, par mail, on nous a dit « tiens, inscrivez-vous là ». Donc c’était un petit peu comme Gaston Lagaffe qui dit « je t’ai fait un courrier pour dire que je t’ai envoyé un mail », c’était un peu drôle au début. Ensuite je suis allé voir un petit peu en quoi le logiciel consistait. J’ai tout de suite vu dans mon navigateur qu’il y avait un certain nombre de <em>trackers</em> qui étaient présents et des choses qui étaient impossibles à désactiver. Je me suis dit « tiens ! », ça m’a rappelé ce que j’ai vu du RGPD, le Règlement général sur la protection des données et je me suis dit qu’il y avait un petit problème. Je suis allé un peu plus loin pour vois ça et j’en ai alerté l’enseignante qui a ensuite demandé à ce qu’on se rencontre pour en parler.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Si j’ai bien compris, il n’y a pas eu de choix. On vous a dit : « Voilà, ça c’est le logiciel avec lequel nous allons communiquer ».<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Exactement. C’est bien ça. On nous a dit « inscrivez-vous là ». S’il y a eu une concertation moi je ne lai pas eue. S’il y a eu des propositions d’autres choses, on ne les a pas vues. On était devant le fait accompli, « on va utiliser ça, maintenant il faut vous inscrire là pour profiter de ce qu’on va faire avec ».<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Est-ce qu’il y avait une autre façon de communiquer avec les enseignants ? C’est-à-dire que les courriels étaient aussi envisagés ou c’était le seul canal ?<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Tout à fait. L’académie fournit des adresses mails spéciales aux enseignants qui ne sont pas leur adresse personnelle. Comme ça ils peuvent diffuser auprès des parents sans être embêtés sur la gestion des contacts. Donc il y a d’autres moyens de communiquer. Il y a aussi le carnet rouge qu’on donne aux enfants, qui est ensuite transmis aux parents. Quand on est dans une classe avec plein de gamins on ne peut pas discuter individuellement avec les parents à la fin des cours comme on le ferait avec une micro crèche où il n’y a que dix personnes et là on a vraiment le temps de faire la transmission de ce qui s’est passé dans la journée. Là il y a d’autres moyens de communiquer. Il y avait même l’e-mail qui est moyen tout à fait simple et constructif de faire des échanges. Ce qui a été choisi c’est donc une solution logicielle privatrice.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Est-ce qu’il y a eu une présentation exhaustive de ce logiciel ?<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Non. On a dû découvrir le truc en allant sur le site et c’est pareil pour les professeurs. J’ai eu un retour comme quoi les enseignants ont dû se débrouiller pour apprendre à s’en servir. Ils ont d’abord reçu une présentation de la part de gens qui font du marketing pour la boîte de Klassroom et ensuite on leur a dit « regardez, notre truc est vachement bien, c’est gratuit, vous pouvez avoir plus de choses si vous payez ». Et voilà ! Ils ont peut-être eu, à un moment, une présentation mais c’est par un effet d’influence dans l’école que des gens se sont dit « ce serait bien qu’on utilise tous ça ».<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>OK ! Merci pour cette première présentation. Je vais passer la parole à Adrien. De quel logiciel propriétaire s’agissait-il dans ton cas ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>On a voulu nous proposer, enfin nous imposer l’utilisation du logiciel Zoom, en fait tout simplement pour donner à la fois les cours, les TD, les TME, Travaux machine encadrés, et également les examens. Ça a d’abord commencé par les cours. On nous a dit que les cours auraient lieu sur telle adresse, merci de vous y connecter à l’heure, évidemment sans avoir présenté avant quel était l’outil, sans jamais avoir expliqué ce qu’on allait y faire exactement, ça s’est fait vraiment très vite, comme ça, tout simplement en donnant l’adresse. Déjà, à partir de ce moment-là, j’étais réticent à utiliser le logiciel, j’ai écrit quelques mails à mes enseignants qui ne m’ont jamais répondu. Le moment où j’ai commencé un petit peu à m’exciter, c’est-à-dire que je me suis dit il va falloir que je réagisse, que j’aille plus haut. Donc j’ai envoyé un mail au directeur de l’UE.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Tu peux expliquer ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>C’est l’Unité d’enseignement, en gros c’est la matière. Je lui ai écrit un mail, il m’a répondu assez sèchement que c’était son choix et qu’il était libre de faire ce qu’il voulait. J’ai été encore plus haut, j’ai envoyé un mail à la directrice des études de mon UFR [Unité de formation et de recherche]. Ce qui s’est passé c’est qu’au départ elle a défendu son enseignant et finalement, sous mes menaces de porter plainte auprès de la CNIL ça a bougé et j’ai pu, ensuite, proposer des alternatives. Mais au départ sans aucune concertation ni même les syndicats des étudiants ni même les représentants étudiants n’étaient au courant de ce choix de logiciel : ça avait fait en amont par les dirigeants de l’université sans avoir consulté personne.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Est-ce que tous les professeurs ont proposé ce logiciel ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Quasiment tous. Tous ont au moins cité ce nom-là. Certains ont décidé de faire autre chose après avoir été soit contactés par moi soit en ayant eux-mêmes réfléchi mais tous ont déjà au moins cité le nom du logiciel.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>D’accord. Si j’ai bien compris ils vous ont proposé, voire imposé ces logiciels sans les présenter, sans expliquer pourquoi. Normalement il faut demander un consentement éclairé aux personnes qui utilisent des logiciels qui prévoient aussi l’utilisation des données personnelles. Et cette question, ce consentement ne vous a pas, non plus, été demandé ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>D’ailleurs on ne m’a jamais orienté vers le Délégué à la protection des données ou quoi que ce soit dans ce style-là. Je ne sais toujours pas, à l’heure actuelle, qui est responsable de la collecte et du traitement des données personnelles.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Je crois que tu m’avais dit que tu avais essayé de le contacter.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>J’avais essayé. J’avais demandé à la directrice des études de m’orienter vers cette personne et jamais ça n’a été fait parce qu’on ne m’a jamais répondu à ce sujet.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>D’accord. C’est assez incroyable. Je fais une petite parenthèse. Si vous allez sur Internet – je parle à nos auditeurs et auditrices – il y a, en fait, sur des sites, le site du ministère de l’Éducation nationale ou le site que la CNIL a consacré au numérique à l’école, l’informatique à l’école, des pages qui expliquent ce qu’est le RGPD, le Réglement général sur la protection des données. On explique ce qu’est un Délégué à la protection des données. Il y a des listes avec tous les contacts, toutes les adresses pour contacter son délégué. Ce Délégué à la protection des données personnelles a vraiment la fonction de conseiller, de veiller à ce que les données personnelles soient respectées. Ce que veux dire par là c’est qu’il y a des choses qui, sur le papier, sont mises en place pour la tutelle, pour sauvegarder les données personnelles des élèves et des étudiants. Mais il y a visiblement quelque chose qui bloque, il y a une communication qui ne passe pas.<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Tout à fait. Il y a plusieurs points qui n’allaient pas. Je tiens quand même à noter qu’on nous a demandé si on voulait s’opposer, enfin si on voulait ou pas qu’on publie des photos de nos enfants dans Klassroom. Ça aurait pu être n’importe quel autre logiciel, ça aurait pu être tout et n’importe quoi parce que la protection de l’image existe bien en dehors de l’utilisation d’Internet. Je ne me souviens si on nous l’a demandé avant ou après que j’ai fait ma réaction par mail pour dire « attention, méfiez-vous quand même de ce truc-là, j’ai repéré que ça ne respecte pas le RGPD, il faudrait peut-être que vous en parliez à vos supérieurs ». Donc on nous a bien demandé de rayer la mention inutile entre « J’accepte qu’on publie des photos de mon enfant sur ce logiciel » ou « Je n’accepte pas ». Ça on nous l’a demandé dans le carnet de correspondance, le cahier avec un petit imprimé papier. C’est là que j’aurais bien aimé avoir l’historique vraiment précis de comment ça s’est passé parce que c’était en septembre. On nous a demandé est-ce qu’on s’oppose ou pas.<br/><br />
En fonction de ça, il fallait ensuite qu’ils décident comment ils allaient interagir avec ce logiciel s’il y avait des parents qui s’opposaient au truc. En fait ça les a désorientés parce que, clairement, moi j’ai marqué tout de suite « je ne veux absolument pas qu’il y ait des infos relatives à ma fille sur ce site et cette application », parce qu’il y a un site et une application. Pour leur dire que ce n’était pas juste une de mes lubies, je leur ai fait un lien vers le rapport d’Exodus Privacy à propos de Klassroom, donc de l’application.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Est-ce que tu peux dire ce qu’est Exodus Privacy ?<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Exodus Privacy est une association qui examine tous les pisteurs qu’on peut trouver dans des applications. Eux vont nous dire précisément voila les autorisations qui sont demandées par telle application, à quelles entreprises sont envoyés vos données, comment ça fonctionne. Tout ça ce sont des choses qu’on peut auditer relativement facilement et, bien sûr, il y a toute une partie qu’on ne peut pas auditer quand c’est privateur à moins d’être considéré comme un criminel.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Très bien ! OK ! Je suivais ce qu’est Exodus Privacy. J’ai aussi eu l’occasion de l’utiliser pour des applications libres.<br/><br />
En ce qui concerne le droit à l’image dont tu parlais, c’est quelque chose qui existe bien évidemment au-delà des services informatiques qu’on peut proposer aux parents d’élèves. Le droit à l’image est aussi très cadré. C’est-à-dire que normalement, pour publier la photo d’un enfant, il faut l’accord des deux parents et, de plus, il faut que soit indiqué précisément pour quel usage l’image sera utilisée, donc il faut qu’il y ait un cas spécifique et aussi dans le temps. Il faut faire gaffe aussi. Je voulais savoir si la question sur le consentement pour le droit à l’image avait été faite dans les règles de l’art en ce qui te concerne.<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Ce n’est pas évident. Ce n’est vraiment pas évident, parce que du coup l’intérêt, si j’ai bien compris le besoin qui était derrière ça, c’était suite au confinement les parents voulaient voir ce que faisaient leurs enfants, ils voulaient les voir en image et ils voulaient que ce travail-là soit fait par des professeurs.<br/><br />
Au début, je me dis que c’est un peu bizarre comme besoin. Il y a des parents qui ont peut-être trouvé le moyen de l’avoir. Du coup, quand on fait des rapports visuels, un texte qui dit aujourd’hui on a fait ça, on fait tel montage, on a appris, on a fait telle chanson, du coup il y a des enregistrements qui sont faits et s’il y a des enfants qui ne doivent pas être inclus dans les enregistrements, c’est compliqué parce que la classe n’a pas une taille infinie, on ne peut pas prendre de tous les angles qu’on veut, quand on enregistre on ne peut pas faire tout à fait ce qu’on veut et, théoriquement, même la main d’un enfant pour qui on a dit « je ne veux pas qu’il y a la photo de cet enfant-là », on n’est pas censé la prendre en photo si les parents s’opposent. Dès qu’on fait des trucs de groupe c’est un peu compliqué à vraiment mettre en place. Donc, même si on veut bien faire les choses, c’est compliqué à respecter. <br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Très bien.<br/><br />
Je passe à nouveau la parole à Adrien qui nous faisait un teaser, un petit teaser tout à l’heure, c’est-à-dire qu’effectivement au-delà de Zoom, il y avait aussi la possibilité d’utiliser un logiciel qui est libre, respectueux des données personnelles et qui, de façon incroyable ou pas, était à disposition, c’est-à-dire qu’il était déjà installé et disponible pour les professeurs. Tu peux nous en parler plus s’il te plaît ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>En fait le problème venait du fait que de la façon dont est organisée l’université, on a deux administrations. D’abord l’administration de l’UFR, qui est l’Unité de formation et de recherche, et l’administration générale de l’université. L’organisation générale avait décidé d’acheter des licences pour Zoom qu’elle fournissait donc à tous les UFR, y compris l’UFR d’informatique, de physique, de chimie ou de je ne sais quoi, et il y avait l’administration de notre UFR, celui d’informatique qui avait décidé, dont certains membres avaient décidé de mettre en place un serveur BigBlueButton dans l’ENT, l’Environnement numérique de travail de l’université.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>On va rappeler brièvement ce qu’est BigBlueButton pour les personnes qui ne connaissent pas.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>BigBlueButton est un outil de visioconférence, avec un tableau intégré, la possibilité de mettre une présentation, de faire du partage d’écran, avec un <em>chat</em> en live pour discuter rapidement, poser des questions. Il y a aussi des notes partagées, intégrées. Il y a plein de choses très sympas et ça avait été mis en place sur Moodle, sur l'ENT qui est un logiciel qui est utilisé quasiment par toute l’université, que je connais. Et ça avait été mis en place. Simplement que des enseignants s’étaient dit « j’ai le choix entre les deux propositions de l’administration » et beaucoup se sont tournés vers la proposition de l’administration générale qui, pour eux apparemment, paraissait plus commode, alors que ça demandait aux étudiants de créer un compte sur Zoom, alors que pourtant, avec BigBlueButton, on n’avait pas besoin de créer de compte, c’était déjà intégré avec nos identifiants de l’ENT. Personnellement je n’ai pas compris quelle était la commodité supplémentaire à part d’utiliser un truc américain parce que c’est américain. <br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Ou parce que c’était déjà connu, ou parce que peut-être qu’ils l’utilisaient déjà à titre personnel. Surtout, ce que tu dis, c’est compliqué : au moment où la faculté met à disposition deux solutions, les enseignants peuvent aussi avoir tendance à faire confiance à ce que l’université propose.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Oui, tout à fait puisque, en plus, l’administration générale présente ce contrat comme évidemment tout à fait légal, il est légal. Simplement, il ne précise pas qu’il faudrait pouvoir consentir ou non à l’usage des données personnelles et aucun des enseignants n’est allé lire les conditions générales d’utilisation. Aucun ! Et aucun ne nous a présenté ça comme étant d’accepter les conditions d’utilisation du présent logiciel. Quand on nous a envoyé un lien vers Zoom il n’y avait pas marqué « attention, en utilisant Zoom vous devez créer un compte, donc accepter les conditions d’utilisation ». Ça été ma première réaction, c’est de dire « vous me demandez de créer un compte sur un service qui dit qu’il va traiter commercialement mes données. Et si je ne veux pas, qu’est-ce que je fais ? »<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Tout à fait. C’est assez incroyable parce que, si j’ai bien compris, dans les deux cas les enseignants ont accepté cette solution sans se poser trop de questions par rapport à cette question des droits et de la protection des données personnelles. Si j’ai bien compris c’était un sujet qui n’était même pas dans leur radar de réflexion.<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>C’est le genre de chose qui n’est absolument pas réfléchi parce qu’il y a toute une chaîne de commandement qu’il faut suivre. Quand on est dans l’éducation, de ce que j’en compris, c’est un peu comme l’armée : il ne faut pas tout le temps surmonter les ordres qu’on nous donne au-dessus. Si on nous recommande tel truc ce n’est même pas dans notre intérêt d’aller dire « vous êtes sûr que machin ? », c’est direct chantage à l’emploi. Chantage à l’emploi c’est encore quand ça se passe bien, d’après ce que j’ai vu. Questionner, remettre en cause les choses qui viennent d’une hiérarchie qui a beaucoup de pouvoirs sur les gens c’est toujours compliqué. C’est vrai dans n’importe quel métier qui fonctionne avec le même type de fonctionnement vertical. Rechercher des choses ce n’est même pas de l’ordre du possible, envisageable.<br/><br />
Même en dehors de ça, je ne les blâme pas non plus parce que je sais que qu’on est sous l’eau quand on travaille avec beaucoup d’enfants et même quand on ne travaille pas avec des enfants ou des jeunes adultes ou des adultes, c’est hyper-compliqué de faire proprement de la recherche sur tout ce qui est possible. Il faut juste qu’on ait vent d’un truc, qu’on nous le vende bien, qu’on nous dise que ça existe, rien que proposer des alternatives existantes ce sont des choses que les gens n’ont pas.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Tu parlais de hiérarchie. Tu as même évoqué l’armée comme façon de fonctionner. Pourtant, si on remonte dans la hiérarchie, le ministère de l’Éducation nationale a diffusé un document, une circulaire, tout au début de la pandémie, on était au printemps 2020, où il faisait un focus, très bien fait par ailleurs, très détaillé – vous trouverez les références sur la page de l’émission d’aujourd’hui –, c’était un focus à la fois sur Zoom et sur Discord, ce n’était pas sur Klassroom, le logiciel dont tu nous as parlé. C’est une circulaire qui a été réceptionnée par chaque académie et chaque académie l’a, à son tour, relayée. Ça venait du ministère et c’était marqué « ce type de logiciel est à proscrire ».<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Exactement. C’est : on vous interdit d’utiliser ce truc-là.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Ce n’était pas marqué « on vous interdit », c’est là toute la nuance. En français « à proscrire » ça veut dire je ne vous recommande pas de le faire. <br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Ce n’est pas un ordre.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Après est-ce que ça a un pouvoir impératif, légal, contraignant, jusqu’à quel point, je ne sais pas. Mais c’est quand même assez détaillé, il y a toutes les raisons pour lesquelles il ne faut pas utiliser ces logiciels. Même la CNIL a fait une page sur le site qu’elle consacre à l’informatique à l’école – vous trouverez à nouveau les références sur la page de l’émission d’aujourd’hui – où c’est très bien détaillé, ce qu’est le RGPD, le Règlement général sur la protection des données, ce qu’il faut faire pour les enseignants, les parents, etc. En fait les informations sont là.<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Exactement.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Après il y a aussi le choix des outils et il y a aussi le fait que chaque académie, chaque collectivité devrait mettre à disposition un ENT, un Espace numérique de travail. Quelques collectivités essayent de le faire dans les règles de l’art et d’autres n’ont pas les moyens ou la volonté de le faire. Donc il y a plusieurs choses en jeu. Je dis ça, juste pour ne pas tout mettre sur les épaules des enseignants.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Bien sûr. Je constate que l’Éducation nationale a quand même essayé un petit peu de pousser vers le logiciel libre puisqu’ils ont mis en place Apps.education.fr. La région Île-de-France a aussi mis en place des choses, notamment une instance BigBlueButton qui est sur l’ENT Île-de-France. Donc tout n’est pas non plus complètement à jeter. Il y a des choses bien qui ont été faites. Le problème c’est que, apparemment, il y a aussi des chefs d’établissement qui permet des initiatives autres que ce qui a été proposé par le ministère.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Tu as très bien fait de rappeler Apps.education.fr, on l’a mis dans les références, parce que c’est une plateforme qui a été développée par des agents de l’État. En fait, après, chaque académie pouvait proposer les mêmes services sur une plateforme dédiée et il y avait justement des outils complètement libres à disposition des enseignants pour leur travail. Donc quelque chose de magnifique, quelque chose de très important pour le mouvement du logiciel libre en France et qui a vu la lumière dans une période compliquée pour tout le monde, pendant la pandémie. C’était vraiment une très belle nouvelle.<br/><br />
On va poursuivre notre échange. On a parlé un petit peu des logiciels qu’on vous a proposés, de vos réactions. Je voulais savoir un petit peu quelles démarches vous avez mises en place, d’ailleurs tu en as déjà un peu parlé, pour essayer de décoincer un peu la situation. Toi, si j’ai bien compris, tu ne pouvais pas assister aux cours et tu ne pouvais même passer l’examen vu que tu ne voulais pas que tes données soient commercialisées.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Au départ je n’ai pas pu assister aux cours en direct. En négociant un petit peu j’ai quand même dit que j’avais tout à fait le droit de refuser de faire ce partage des données personnelles, en plus pour un traitement commercial. On m’a proposé de m’envoyer les cours en différé. Ça s’est fait peut-être pendant un mois ou deux, l. Là on est au tout premier confinement, on est en mars de l’année dernière. Finalement, ce qui s’est passé, c’est qu’on a arrêté de m’envoyer des cours ou on m’a envoyé des cours via Zoom en fait. Ça c’est arrivé, c’est-à-dire qu’on m’envoie un lien Zoom différé, qui est un lien Zoom qui contient une vidéo. Évidemment les <em>anti-trackers</em> qui sont sur mon navigateur m’ont permis d’avoir une page blanche, c’était super. Donc j’ai fini par demander à des camarades de m’envoyer les cours, tout simplement, de les télécharger sur ce lien Zoom parce que, eux, n’avaient pas de problème à l’utiliser et de m’envoyer la vidéo. Franchement c’était assez moyen !<br/><br />
D’autres yeux qui avaient commencé à utiliser Zoom ont fini par écouter mes arguments et certains professeurs sont tombés d’accord avec moi et m’ont proposé des alternatives. Ils ont proposé d’être sur les deux en même temps et quelques-uns ont même carrément basculé sur BigBlueButton.<br/><br />
On disait tout à l’heure qu’il y avait Apps.education.fr pour l’enseignement secondaire, dans le supérieur il y a aussi des initiatives globales que j’ai découvertes assez récemment. La semaine dernière j’ai découvert qu’il y a une instance BigBlueButton du CNRS qui est mise en place pour les maths, qui est donc accessible par tous les professeurs qui sont connectés à Renater. En fait Renater c’est le grand réseau internet des chercheurs et enseignants-chercheurs en France et un peu dans le monde. On peut, avec ses identifiants-là, se connecter sur cette instance BigBlueButton et donner des cours. Ça s’appelle greenlight.lal.cloud.math.cnrs.fr/, je le mets là dans le salon. C’est une instance BigBlueButton qui est ouverte à tous les enseignants du supérieur quand ils sont titulaires. Malheureusement, quand ils sont contractuels, ils n’ont pas toujours les habilitations pour le faire, en tout cas tout titulaire peut le faire.<br/><br />
Tout simplement j’ai proposé ce genre d’alternative, j’ai même proposé cette instance-là et certains profs ont été d’accord pour l’utiliser. Sinon, pour le reste, j’ai tout simplement dû demander à mes camarades de m’envoyer les vidéos.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Ce n’est pas génial pour un étudiant de voir ses droits à suivre des cours bafoués de cette façon.<br/><br />
Je vous propose de faire une petite pause musicale et je laisse la parole à Fred qui connaît le titre et qui pourra vous le présenter. <br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>En plus, c’est moi qui l’ai choisie.<br/><br />
Juste avant ça, soutien absolu aux personnels de l’Éducation nationale et le je vous encourage à écouter l’<em>Antenne libre</em> que j’avais animée le 14 novembre dernier avec notamment trois enseignantes de Seine-Saint-Denis qui étaient intervenues par téléphone même quatre, voire cinq parce qu’il y avait aussi Pablo et Vincent-Xavier. En tout cas on avait consacré deux heures d’émission le 24/11/2020 aux conditions des professeurs dans cette période très compliquée. Donc soutien absolu aux personnels de l’Éducation nationale.<br/><br />
On va écouter une musique qu’on a déjà écoutée, mais je l’adore, vous allez bouger, je vous le promets. Ça s’appelle <em>Requiem for a fish</em> par The Freak Fandango Orchestra. On se retrouve dans quatre minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.<br />
<br />
<b>Pause musicale : </b><em>Requiem for a fish</em> par The Freak Fandango Orchestra<br />
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<b>Voix off : </b><br />
<br />
==Deuxième partie==<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Je vous avais dit que ça allait bouger. Nous venons d’écouter <em>Requiem for a fish</em> par The Freak Fandango Orchestra. La musique est disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA.<br />
<br />
Vous écoutez toujours l’émission <em>Libre à vous !</em> sur radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM et en DAB+ en Île-de-France, partout dans le monde sur le site causecommune.fm.<br />
<br />
Nous allons poursuivre notre sujet principal qui concerne les démarches pro-Libre dans l’Éducation nationale avec Isabella Vanni, Baptiste Lemoine, Adrien Bourmault. Je vous repasse la parole.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Merci Fred.<br/><br />
On a présenté un petit peu la situation vécue par nos deux personnes invitées, les démarches qu’elles ont faites auprès de leurs enseignants, auprès de leurs établissements. Je voulais savoir un petit peu comment s’est finalement terminée cette expérience. Par exemple Baptiste, quand tu as interpellé l’enseignante plus précisément, comment ça s’est terminé par rapport à l’usage que tu ne voulais pas faire de Klassroom.<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Il y a eu un bain de sang ! Non ! On a discuté. J’ai commencé par faire de la recherche sur ce que je pouvais lui proposer comme alternatives.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Très bien.<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Je connaissais quelques ??? du style si on veut faire un blog on peut faire ça avec plein de choses. J’ai même vu qu’il y a des lycées qui utilisent Mastodon pour communiquer par classe, ils font des espaces privés et tout le monde n’y a pas accès. Etalab avait mis en place un truc pour ça.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Tu peux rappeler ce qu’est Etalab ?<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Etalab c’est la section <em>open data</em> du gouvernement, ce sont ceux qui font data-gouv.fr. C’est un espace où on peut trouver énormément de données sous licence libre. C’est à partir de là, par exemple, qu’on peut suivre les infos sur le Covid par le ministère de la Santé. Sur ce site il y a plein d’administrations qui sont invitées à publier des documents publics là-dessus.<br/><br />
J’ai fait des recherches. Je me suis souvenu de ce que fait Framasoft avec « Dégooglisons » parce qu’on peut tout à fait utiliser ces outils-là pour faire des tas de choses, que ce soit de la rédaction, de la publication, de la visio. Comme tu disais on peut utiliser BigBlueButton,. Il y en plein qui sont déjà en place par des chatons et par d’autres donc par des collectifs de bénévoles qui mettent ces choses-là en place.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Tu as cité CHATONS. Tu sais qu’à chaque fois qu’on dit « CHATONS », on est obligé d’expliquer l’acronyme. Est-ce que tu es préparé ?<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Mince ! Je suis prêt. C’est le Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires. Donc il y a plein de choses qui sont en place, qui existent et que les gens peuvent utiliser gratuitement et le tout sans <em>trackers</em> dans tous les sens.<br/><br />
Je suis même allé chercher un peu plus loin ce qui n’allait pas dans Klassroom : les bases de données sont chez Google, les médias sont chez Amazon et ce sont des trucs qu’on ne pourrait pas désactiver même s’il y avait un bouton, sinon le site ne marche plus, tout simplement. <br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>On vous invite tous à vérifier où sont hébergées vos données, où est hébergé le service que vous utilisez, ça peut être une bonne action à faire.<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Exactement. Même si c’est marqué dessus « on est conforme au RGPD », c’est tout de même important de savoir qu’il y a des boîtes qui, techniquement, ne peuvent pas se conformer au RGPD parce qu’elles sont un territoire qui, en particulier, correspond à des lois ; il y a le CLOUD Act qui oblige à faire de la collecte de données. Donc oui, il y a un détail sur ça. Au début j’ai un petit peu essayé de dire pourquoi la protection des données c’est important, pourquoi ce n’est pas juste une contrainte qui est un peu emmerdante et tout. Je n’étais pas en train de sortir les documents de Snowden à la professeure, parce que je sais que c’est un truc complexe à comprendre, tout le côté critique de la vie privée n’est pas évident à saisir – Klassroom c’est avec un « k » voilà, c’est ça.<br/><br />
Les problématiques de vie privée sont des sujets complexes qu’on ne peut pas expliquer en deux secondes. Du coup, quand on fait une réunion de dix minutes avec un professeur, s’il ne connaît pas déjà le sujet, il ne va y voir que des contraintes. Donc il y a beaucoup de choses comme ça qui sont difficiles à aborder avec le grand public. Ça demande du temps, ça demande de faire des recherches. Moi je fais de la recherche mais ce n’est pas le métier de tout le monde et c’est quelque chose qu’on essaye de développer et ça prend du temps.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Par ailleurs, je me permets de dire que des formations sont effectivement prévues pour les enseignants, pour qu’ils puissent justement appréhender les enjeux liés à la protection des données personnelles. Tout à l’heure on a presque fait attention d’être un peu polémiques avec les enseignants avec lesquels vous avez parlé ???, mais en fait c’est quelque chose, comme tu disais, qui demande du temps. Il y a des formations qui sont prévues, mais quand les enseignants peuvent-ils participer à ces formations ? C’est compliqué : s’ils participent à ces formations ils doivent être remplacés. Je ne suis même pas sûre qu’il y ait assez de « réservistes », entre guillemets, pour pouvoir les remplacer dans les classes. En fait, il y a des choses qui sont très bien sur le papier, mais après il faut aussi donner aux enseignants la possibilité de s’approprier de ces informations. Visiblement ce n’est pas fait.<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Pour ça il faut donner des moyens à l’éducation et c’est quelque chose qu’on ne fait pas trop dans notre pays, de manière globale. Il y a même des enseignants qui n’ont pas le droit de dire du mal de comment est géré leur ministère. Donc il y a des lois, comme ça, des lois qui empêchent les gens d’être informés ou de communiquer librement sur ce qui se passe mal dans leur truc. Communiquer sur comment ça se passe mal c’est un peu le point de départ de toute amélioration. Il faut déjà se rendre compte qu’il y a un problème et si on n’est pas plein à s’en rendre compte c’est impossible de faire avancer les choses, c’est David contre Goliath. Quand on est dedans c’est peut-être plus facile de faire avancer les choses, mais, de mon point de vue extérieur, il faut déjà comprendre ça marche pour savoir à qui s’adresser et ensuite trouver les bonnes formules, trouver les bonnes infos, communiquer avec les bonnes personnes, ce n’est déjà pas évident.<br/><br />
Dans un premier temps quand j’ai dit ça, quand j’ai fait mon retour à la professeure, elle s’est sentie tout de suite accablée comme quoi elle participait à faire un truc absolument horrible et que c’était atroce ce qu’elle faisait en forçant les gens à utiliser ça. Elle était prise entre deux feux. D’un côté elle voulait répondre à un besoin des parents et, de l’autre côté, il fallait qu’elle fasse un truc en plus de ses heures de travail pour répondre à ce besoin. C’est comme si je lui disais « ce que vous faites c’est criminel, ce n’est vraiment pas sympa ».<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>J’imagine que tu n’as pas vraiment utilisé ces termes. Au contraire, tu as été très constructif. Le fait de chercher des alternatives, de lui dire qu’il existait d’autres choses, de prendre le temps de parler avec elle, c’est une démarche constructive.<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Je me suis excusé. Je lui ai dit ce n’est pas vous que j’accuse, j’essaye de voir si c’est possible de faire autre chose. Même au niveau contraintes légales, je ne sais pas si elle a le droit d’utiliser d’autres choses. Ce que j’ai fait c’est m’orienter vers d’autres gens qui connaissent un peu mieux les métiers de l’éducation. J’ai demandé au sein de l’association Framasoft, j’ai demandé sur Mastodon à des gens que je connais pas, j’ai demandé un peu partout ce qu’on pouvait faire, comment ça fonctionne. Il y a en a qui m’ont dit « tu peux contacter le Délégué à la protection des données, tu peux voir à l’académie de Versailles, à l’académie de ce que tu veux » et eux font des recommandations. C’est-à-dire qu’ils n’imposent pas aux gens d’utiliser telle ou telle solution, ils leur disent : « Vous pouvez faire ça. Si vous ne faites pas, tant pis, débrouillez-vous !, et même si vous voulez utiliser débrouillez-vous !» parce que, apparemment, les professeurs se retrouvent tout seuls quand ils adoptent un logiciel. L’enseignante me disait que pour prendre en main le truc ça lui a pris cinq heures. Le premier jour elle s’est retrouvée à minuit à essayer de mettre en place les photos, d’écrire les trucs, de comprendre comment configurer le truc et elle était vraiment toute seule.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Finalement elle était très volontaire, elle voulait faire quelque chose de bien. C’est juste qu’elle manquait d’informations sur l’importance de faire attention à ce qu’on utilise.<br/><br />
Je redonne la parole à Adrien pour savoir un petit peu comment s’est terminée, finalement, cette aventure. Est-ce que tu as réussi à trouver le bon interlocuteur ou la bonne interlocutrice ? Est-ce que, finalement, tu as réussi à obtenir de ne pas utiliser Zoom ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Moi, en plus, ce n’était pas vraiment le même référentiel. Je suis dans une université qui parle d’informatique, donc ce sont des profs qui font de l’informatique au quotidien, certains sont des chercheurs, c’est leur domaine. L’une des UE où c’était le plus compliqué, donc Unité d’enseignement, la matière où c’était le plus compliqué d’obtenir un résultat ça a été une UE de réseau, même une UE des technologies du Web. Je n’allais pas leur apprendre ce qu’est le traçage ou ce qu’est un cookie, ils savent tout ça !, c’est leur métier. Et justement c’est ça, apparemment, qui les a le plus crispé, c’est que je vienne leur dire que ce n’était ps conforme à ce que je voulais, que je n’étais pas d’accord de partager mes données personnelles avec ces outils-là. Eux me disaient : « Moi j’ai choisi ça et je le fais en connaissance de cause puisque c’est mon métier ! »<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Quand c’est comme ça à qui on s’adresse ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Justement, c’est bien le problème puisque je n’ai jamais trouvé de Délégué aux données personnelles. La seule chose que j’ai pu faire c’est de menacer la directrice d’aller déposer une plainte. Ce qui s’est passé c’est que, finalement, elle a entendu raison, elle est allée parler à l’enseignant et j’ai obtenu ensuite un arrangement uniquement pour l’examen. Là c’était dans le cadre d’un examen qu’on voulait me faire passer sur Zoom. Je n’allais pouvoir passer un examen en différé. Là on m’a fait « oui, OK, on va essayer de trouver un arrangement » et j’ai réussi à passer l’examen sur BigBlueButton quand tout le monde était sur Zoom.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>C’est-à-dire que l’enseignante, en fait, n’a pas réagi à tes arguments, elle a réagi à la menace de plainte.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>La directrice des études. Elle est ensuite allée voir l’enseignant de cette UE qui, lui, a décidé de suivre ce qu’on lui disait, c’est-à-dire évitons la plainte, faisons passer l’examen parce que là il n’y a pas le choix et ensuite on reviendra sur Zoom pour les cours et il se débrouillera comme avant.<br/><br />
Donc ça s’est résolu comme ça, j’ai pu passer mon examen, j’ai eu mon UE et tout va bien. Maintenant ce n’est pas fini, ça continue. Actuellement je suis encore en train d’envoyer des mails pour dire que je ne suis pas d’accord d’utiliser Zoom. Je suis encore en train d’essayer de convaincre des professeurs d’utiliser autre chose qu’un outil propriétaire qui, en plus, demande le consentement à l’utilisation commerciale de nos données personnelles. J’y arrive petit à petit. Il y a certaines UE qui m’ont dit OK, mais j’ai encore, actuellement, des UE qui veulent encore m’obliger à utiliser Zoom, même Discord. Alors là, franchement !<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Est-ce qu’on peut dire de quoi il s’agit pour Discord ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Discord c’est tellement éloigné des principes mêmes de l’éducation que je ne sais pas cer que ça fait là ! C’est censé être un truc de <em>chat</em> pour les jeux vidéo, ça n’a vraiment rien à voir ! Bon !<br/><br />
Je vois une question d’Étienne. Effectivement j’ai sollicité les syndicats. La réponse a été « on s’en fout de ton truc, nous on veut revenir en cours en présentiel ». C’est tout ce qu’on m’a répondu.<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Pas cool !<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Au moins une petite victoire, on peut dire : tu as quand même obtenu de faire l’examen sur la plateforme BigBlueButton. Pour ce qui concerne Baptiste, est-ce que tu as pu obtenir quelque chose ?<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Ce que j’ai obtenu c’est que, au final, en invoquant le droit à l’image, l’enseignante ne prenne pas de photos à publier sur Klassroom sur lesquelles on puisse vraiment reconnaître les enfants. Ce n’est pas vraiment une victoire parce que, au final, tout le monde a été obligé de s’inscrire et va rester dessus parce que l’enseignante continue de publier des choses dessus.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Donc toi aussi tu as finalement ouvert un compte ?<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Moi non. Je peux faire des photos moi-même de ma fille.<br/><br />
C’est vrai qu’on prend beaucoup moins de précautions quand on va se diriger vers un logiciel qui est détenu par une entreprise qui pèse 1,4 millions d’euros que quand on fait intervenir un photographe dans une école. Aux enseignants j’ai dit « j’ai une entreprise, je me permets de publier vos photos. — OK, c’est cool, c’est quoi votre entreprise ? — C’est moi, je fais des photos, je publie sur mon ordinateur. Vous mettez des photos des enfants sur mon ordinateur, ça va bien se passer ! » Je pense que n’importe qui paniquerait si on lui disait ça, que ce soit moi ou quelqu’un d’autre ! Il y a des questions qu’on ne se pose pas et il faut arriver à le reconnaître. C’est comme l’étendue de notre ignorance. Pour n’importe qui, même si on est un expert dans un domaine, on ne peut pas tout savoir, c’est pour ça que c’est important de pouvoir communiquer des infos et, à plusieurs, de remettre en question de ce qu’on sait, la méthode par laquelle on prend des infos. <br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>À propos de communiquer les infos, pour l’instant on a parlé des enseignants, mais il y a d’autres personnes qui pouvaient être des alliés dans vos démarches, c’est-à-dire les autres parents d’élèves pour toi Baptiste ou les autres étudiants en ce qui concerne Adrien. Avez-vous fait des démarches auprès de ces potentiels alliés ?<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Effectivement est-ce qu’on s’est entraidés avec d’autres parents d’élèves ?, pour ma part je n’ai pas trop pu, du fait des conditions sanitaires, les gens s’évitent le plus possible le matin et le soir.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Ça n’aide pas !<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>On comprend. On a le mail de l’école, mais on n’a pas les contacts des autres parents. En plus, comme on vient d’arriver dans la ville, on ne connaît pas les autres parents. Donc l’isolement est vraiment très fort. Il y a même des gens qui reconnaissent que ça cause des problèmes psychologiques à l’échelle mondiale qui sont sans précédent. Du fait de cet isolement il y a des choses normales, enfin des choses qu’on peut obtenir normalement, comme la protection des données, tout ça c’est hyper-compliqué. J’avais vraiment l’impression de partir en croisade pour un truc hyper-banal, rien que dire que je n’ai pas envie qu’on se serve de tel truc pour publier des infos sur ma fille. Tous les parents devraient pouvoir demander ça et que ce soit entendu.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Est-ce que tu as identifié un canal possible, potentiel, de communication pour parler avec les autres parents ?<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Oui, du coup, j’ai identifié d’autres choses. Au début de l’année on s’est un petit peu mobilisés avec les autres parents pour ouvrir une nouvelle classe, parce que quand il y a 31 ou 32 élèves par classe en maternelle c’est compliqué pour les professeurs et pour tout le monde. Ça n’a pas abouti, mais, comme ça, on a pu ouvrir le dialogue avec d’autres parents et avec la FCPE [Fédération des conseils de parents d'élèves], c’est un genre de syndicat des parents qui se bat pour des choses diverses et améliorer la qualité de vie dans l’école. Je leur mis en place un <em>newsgroup</em>, une liste de diffusion pour communiquer en gagnant beaucoup de temps sur la gestion des adresses. On a pu communiquer un petit peu comme ça. Je n’ai pas été plus loin parce qu’il y a toujours une dynamique de pouvoir et d’influence dans les groupes et si je disais « c’est moi qui ai demandé qu’on ne voie pas la photo de vos enfants sur tel truc », eux ne comprenant pas du tout le souci de la protection des données, c’est ce qui est arrivé en réunion de parents d’élèves ils ont dit « c’est dommage, on n’aura pas les photos de nos gamins ! »<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>C’est toute la difficulté de promouvoir des outils respectueux des données personnelles, c’est-à-dire qu’il faut aussi prendre en compte les sensibilités, le manque d’informations de ces interlocuteurs, il faut amener les choses de la bonne façon, étape par étape, et peut-être que tu ne voulais pas tout de suite rentrer…<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Je ne voulais pas tout de suite me brouiller avec tout le monde. À ce moment-là je me suis dit je ne vais pas l’expliquer en deux secondes.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Je me permets juste d’intervenir parce que je vois une question sur le salon web et j’ai vécu, enfin ma fille a vécu exactement la même chose. C’est KriKri qui fait une remarque : le pire c’est que certains enfants peuvent avoir honte de parents qui ne font pas comme tout le monde. Je rappelle que j’ai eu le même cas : un jour ma fille au téléphone s’excusait d’utiliser LibreOffice alors qu’en fait, normalement, c’était une obligation dans l’Éducation nationale. Est-ce que tu as le même cas que ce que signale KriKri sur le salon web ?<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>J’aimerais bien, mais je n’ai pas du tout de contacts avec es autres parents.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Comme tu disais tu viens d’arriver dans l’école.<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Ça fait six mois qu’on est dans l’école et on n’a toujours pas pu trop discuter avec les autres parents<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>C’est clair que le contexte sanitaire, aujourd’hui, n’aide pas. Espérons que ça puisse être plus facile bientôt.<br/><br />
Adrien, par rapport à la recherche de potentiels alliés, est-ce que tu as fait des démarches dans ce sens ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Oui j’ai cherché, j’ai beaucoup cherché et je suis tombé sur le mur de WhatsApp, vraiment ! Je me suis aperçu que tout le monde se parlait via WhatsApp, via Discord, via tous les trucs que je ne veux pas utiliser, que je refuserai toujours d’utiliser. Grâce à un professeur qui a fait une erreur, qui a envoyé un mail sans cacher les adresses des autres élèves, j’ai pu créer une liste de diffusion. Donc j’ai pu envoyer ma réponse au professeur qui disait « nous allons utiliser Zoom » à tous les élèves en même temps. Je me suis donc fait connaître parce que, en fait, ils n’étaient même pas au courant de mon existence alors que ça faisait peut-être six mois que je faisais mes démarches avec les enseignants. J’ai pu exposer mon point de vue. J’ai eu quelques réponses bienveillantes, quelques-uns qui étaient d’accord avec moi mais ne voulaient pas se lancer dans une croisade, et puis, carrément, des réponses désobligeantes me disant que j’étais indésirable et que je les empêchais d’étudier et d’avoir leur UE. Bon ! Je n’ai pas répondu à ces gens-là. Je me suis dit qu’il y aurait peut-être des gens avec qui je pourrais… Non ! Finalement je n’ai pas pu avoir d’alliés sur ce coup-là. Si j’avais dit que je voulais rouvrir les cours en présentiel, là, par contre, j’aurais eu 100 % d’alliés. Mais non !<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Ça manque beaucoup.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Les protéger de l’utilisation commerciale de leurs données sans consentement, non, ça ne touche pas assez. Et on est en informatique. Je rappelle ça, quand même !<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>J’ai failli le dire. On est dans quand même des études d’informatique, théoriquement on devrait être le plus au courant des enjeux par rapport à l’utilisation de logiciels propriétaires ou de logiciels hébergés par des entreprises américaines, etc. J’imagine que ça a dû être un peu frustrant quand même.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Heureusement j’ai des enseignants, certains – la plupart du temps ce sont ceux qui travaillent dans le domaine de l’architecture du système d’exploitation – qui sont les plus sensibilisés au logiciel libre. Certains sont à fond derrière la FSF, un est même membre de la FSF, je crois, la <em>Free Software Foundation</em>, la Fondation pour le logiciel libre, fondation américaine. Certains étaient vraiment à fond derrière moi, qui m’ont dit « super, on te soutient ». Par contre, pas plus que ça ! On te soutient verbalement, ça ne veut pas dire qu’on va aller voir notre collègue enseignant pour lui dire tu pourrais faire un effort.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Soutien moral. Ça aussi c’est dommage. Parce que toi, finalement, tu as fait de la promotion du logiciel libre.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>De la sensibilisation, carrément.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>De la sensibilisation. Entre collègues aussi on pourrait imaginer qu’il pourrait y avoir des démarches dans ce sens.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Ça c’est le problème de cloisonnement qui existe beaucoup dans l’université, qui va d’ailleurs de pair avec l’autonomie des universités. En plus d’être complètement autonomes du ministère de l’Enseignement supérieur, il y a des gros conseils d’administration qui dirigent les universités. En plus, les UFR sont complètement cloisonnées entre elles, les unités de formation, et dans les UFR, les UE sont elles-mêmes un peu cloisonnées. C’est-à-dire qu’on a des enseignants qui ne parlent pas beaucoup entre eux ; certains sont dans des laboratoires différents. Ces laboratoires ne sont peut-être pas à côté, ils sont à l’autre bout de la fac, on ne sait pas trop et ces gens ne se parlent pas beaucoup ; ceux qui sont dans un même lieu se parlent, et encore !, quand ce n’est pas entre contractuels. Les contractuels, apparemment, ne parlent à personne. <br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>C’est vraiment dommage. En fait il n’y a pas des moments, des lieux de rencontre, d’échange, alors qu’on penserait que dans l’éducation c’est aussi une chose importante d’échanger son point de vue avec ses collègues je pense que c’est même primordial, avoir d’autres points de vue pour réfléchir à comment on enseigne, à comment on peut s’améliorer. Il y a aussi des enjeux liés à l’organisation même.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Et puis il y a aussi peut-être un autre enjeu qui est celui de l’enrichissement personnel des enseignants eux-mêmes. C’est-à-dire que certains manquent peut-être de culture. Je vois par exemple des enseignants de technologie du Web qui ne connaissent pas la différence entre logiciel libre et l’expression « libre de droit ». J’ai eu cet exemple, un professeur de technologie du Web qui m’a dit : « Ah oui, vous voulez parler de ce logiciel libre de droit ». Je leur ai dit : « Pardon ! Je parle de logiciel libre ». En fait, ils n’avaient aucune idée de ce que c’était. Je me demande si c’est l’éducation qu’ils ont eux-mêmes suivie, le cursus qu’ils ont suivi qui ne leur a jamais appris ou ils n’ont peut-être pas eu le temps de se mettre dans cette recherche-là. Je m’interroge : si vraiment il y a besoin de faire de la formation informatique à des profs d’informatique c’est qu’il y a un problème dans leur cursus.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>On est mal !<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Ça pourrait être intéressant. Il y a bien un cursus spécial, il y a un truc qui parlait d’essayer de faire du OpenStreetMap, éduquez-vous à la protection des données, c’est inscrit dans les programmes pour apprendre au lycée. Il y a un cours spécialement pour ça, j’avais regardé son programme, il y a des choses qui sont vraiment sympas. C’est beaucoup mieux que ce que j’avais eu quand j’étais au lycée où il y avait le Brevet informatique et Internet qui disait « vous savez faire un tableur, vous savez écrire un truc dans une page web, c’est bon, vous êtes calé ». Et encore, à l’époque, on se méfiait beaucoup plus de ce qu’on pouvait trouver sur Internet. On nous disait « attention c’est dangereux, ne publiez pas des informations sur vous, faites gaffe quand vous mettez des photos ».<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>C’est vrai. Il y avait un principe de prudence qui primait.<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Une prudence qu’on ne retrouve pas du tout aujourd’hui. Il y avait même les gens qui étaient beaucoup plus sensibles à se dire « tiens, moi je peux publier des choses, tout le monde a voix au chapitre ». Il y avait même des gens qui étaient extrêmement techniques qui disaient « moi j’ai un blog qui tourne sur mon ordinateur. Ce n’est pas une autre machine quelque part qui le fait tourner ». Aujourd’hui il y a des gens qui me disent : « Dis-moi comment ça marche le <em>cloud</em>. Il y a vraiment un truc avec les nuages ? il y a des fils reliés à des nuages. Il y a des tours ? Comment ça se passe ? — Non, désolé, le nuage c’est juste l’ordinateur de quelqu’un d’autre ! »<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b> C’est bien d’évoquer ça, parce que, comme on le disait au début de l’émission, en fait il y a les informations, il y a des sites, il y a des formations qui sont prévues pour les enseignants et pour les élèves. Peut-être qu’on ne fait pas assez pour que, finalement, on s’assure que l’information passe. <br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Je voudrais réagir à une question. D’accord, il y a une petite différence entre logiciel libre et respect de la vie privée et des données personnelles. Sauf qu’on ne peut pas être sûr qu’un logiciel respecte vraiment la vie privée et les données personnelles, en tout cas nos choix en termes de données personnelles, si le logiciel n’est pas libre. La seule façon de pouvoir étudier le fonctionnement du programme et peut-être même le modifier si jamais ça ne va pas c’est que le logiciel soit libre. C’est différent mais, en fait, c’est compliqué lié.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>C’est la première brique, c’est la brique nécessaire.<br/><br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Tout à fait.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Notre échange est presque fini, on a encore quelques minutes. Je voulais savoir si vous pouviez nous dire ce que vous retenez de cette expérience ? Les aspects positifs, négatifs pour conclure notre discussion.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Je ne parlerai pas sur le négatif, je ne vais parler que de positif. Dans les aspects positifs, ce qu’il faut retenir c’est qu’il y a des alternatives, elles existent, elles sont partout, simplement ce qu’il faut faire c’est les présenter, c’est sensibiliser, dialoguer. En fait le dialogue c’est la première chose qu’il faut faire. Il ne faut pas s’énerver. Il faut commencer par dialoguer et présenter ce qui existe. Ensuite, quand on a peut-être un terrain d’entente, on en profite pour aller encore plus loin et présenter des choses encore mieux. On commence par le petit, dire on a la possibilité de faire ça pour un cours, peut-être pas pour tous. On présente des alternatives qui marchent pour certaines à faire pendant l’UE, mais on ne parle pas de tout, tout de suite. Petit à petit, si on voit que l’enseignant réagit plutôt, bien on peut lui présenter carrément la solution complète où on peut faire tous les cours sur des logiciels libres et, s’il est d’accord, eh bien tant mieux, tout ira bien.<br/><br />
Dans les alternatives qu’on a on a évidemment celles qui sont déjà installées par les universités, ça existe, il y a des fois des ENT, des Environnements numériques de travail, qui ont des systèmes de logiciels libres tout à fait utilisables pour les cours. Sinon on peut se tourner vers les chatons qui ont des choses qui sont très bien. Je n’ai pas envie de faire du prosélytisme, mais il y a Chapril, Chapril existe.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>C’est la contribution de l’association April au Collectif CHATONS.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Sinon, il y a évidemment les services du CNRS qui fonctionnent aussi très bien.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Quelle sera ta prochaine démarche ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Là, actuellement, je suis en train de lutter encore Zoom, contre une UE de technologie du Web. Je leur ai proposé le service du CNRS. J’attends une réponse. Si ça ne marche pas, eh bien je vais encore aller voir, on remontera encore plus haut, c’est tout.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>D’accord. Tu nous tiendras au courant.<br/><br />
Baptiste un petit bilan, points positifs sur ce retour.<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>En bilan : il faut toujours se poser des questions lorsqu’on inclut un intermédiaire technique dans son flux de travail. Lorsque les gens entre dans une cage dorée, ce n’est pas parce que c’est une cage, c’est parce qu’elle est dorée. Donc c’est essentiel de se poser les bonnes questions quand on manque de temps, quand on n’a pas le temps de chercher beaucoup de choses, il faut pouvoir s’entraider avec les autres. Je suis super content d’avoir déjà reçu beaucoup d’ide de la part des autres personnes que j’ai sollicitées. J’ai pu trouver le Délégué à la protection des données et je retire de ça qu’il n’a pas tant d’efforts que ça à faire pour obtenir des choses vraiment concrètes, des choses vraiment utiles dans la défense des libertés des gens et qu’on puisse voir un peu plus sur le long terme.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Pas mal la métaphore de la cage dorée. Je la réutiliserai.<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>C’est pour ça que c’est aussi important d’avoir des beaux logiciels pour attirer le chaland.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Très bien. Est-ce qu’il y a une question que je vous ai pas posée, à laquelle vous auriez voulu répondre ? On me dit qu’il y a une minute de temps. Donc je vous propose le mot de la fin, de faire un message pour conclure notre échange en 20 secondes chacun.<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Gros soutien à tous les gens qui bossent dans l’éducation parce que ce n’est franchement pas facile, surtout en ce moment. Il y a des gens qui sont volontaires, je tiens à le souligner, des gens qui veulent faire du Libre parce qu’ils ont compris, ils sont sensibles à toutes ces valeurs.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>D’ailleurs je crois me souvenir que tu as trouvé une école qui voulait faire une démarche.<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Exactement, j’ai une école et d’autres organismes qui veulent mettre en place des choses libres.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Ce n’est pas l’école de ta fille.<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Non, malheureusement, c’est une autre, mais voilà, ça existe.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Ils ont envie de se libérer d’un point de vue informatique. Très bien. Adrien.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Moi je crois que j’ai à peu près tout dit. On peut toujours reparler de Chapril et dire qu’on a des services qui peuvent aider, visio.chapril.org qui permet de faire des visioconférences. Chez les chatons il y a BigBlueButton de ethicit.fr qui permet de faire des visioconférences adaptées à l’éducation, avec un tableau blanc intégré, possibilité de présentations, partage d’écran, qui permet d’avoir beaucoup d’utilisateurs en même temps, ce que ne permet pas toujours le logiciel Jitsi, donc ça aussi à conseiller. Si on veut vraiment être dans les clous pour l’éducation c’est mieux d’utiliser les instances faites par les universités ou celle du CNRS. Celle du CNRS est parfaite pour ça, je la conseille à tous les enseignants qui n’auraient pas ça dans leur université. Allez sur greenlight.lal.cloud.math.cnrs.fr/. j’ai envoyé l’adresse un peu plus tôt dans le salon web.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>On va le rajouter dans les références.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>L’URL est super.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Si quelqu’un a réussi à le noter on mettra les références sur les sites de l’April et de la radio.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Merci beaucoup pour ce retour d’expérience et pour vos démarches. Les logiciels libres et respectueux de nos données personnelles sont un peu loin d’être encore la norme dans les établissements éducatifs, mais on a vu ensemble que les choses commencent à bouger et qu’il y a des alternatives. Vous avez contribué à faire bouger les choses avec vos actions de sensibilisation. Donc merci à vous pour ça et merci d’avoir participé à notre émission d’aujourd’hui.<br />
<br />
<b>Baptiste Lemoine : </b>Merci à vous.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Merci à tout le monde.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Merci à vous trois.<br/><br />
Donc le sujet principal c’étaient la démarches pro-Libre dans l’éducation avec Isabella Vanni, Adrien Bourmault, Baptiste Lemoine. On a déjà parlé de Chapril, mais je vais rappeler, chapril.org, vous trouverez différents services libres et loyaux, on a parlé de visioconférence, d’audio conférence, de messagerie instantanée pour sortir de WhatsApp si vous voulez, pour gérer des évènements avec Mobilizon, en plus les deux animateurs de ces services sont en face de moi, Baptiste et Adrien. On peut aussi créer un sondage et, plus globalement, l’ensemble des services libres et loyaux c’est chatons.org, n’hésitez pas à y aller.<br/><br />
Pour finir, pensez à mes trois profs préférées Coralie, Émilie et Cécile, qu’elles profitent de leur repos bien mérité actuellement.<br />
<br />
On va faire musicale<br />
<br />
[Virgule suivant]<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>On va encore bouger dans cette pause musicale d’un autre style. Nous allons écouter <em>Agger</em> par Stone From The Sky. On se retrouve dans quatre minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles. <br />
<br />
<b>Pause musicale : </b><em>Agger</em> par Stone From The Sky.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous venons d’écouter <em>Agger</em> par Stone From The Sky, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions. Si je me souviens bien, il y a deux ans on avait fait une interview de Dimitri de ce groupe français. Vous retrouverez sur le site de l’April, april.org, et sur causecommune.fm.<br />
<br />
Vous écoutez toujours l’émission <em>Libre à vous !</em> sur radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM et en DAB+ en Île-de-France, partout dans le monde sur le site causecommune.fm.<br />
<br />
Nous allons passer au sujet suivant.<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==Chronique « La pituite de Luk » sur le thème « Je suis suprémaciste »==<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons passer au dernier sujet avec la chronique</div>Neoxhttps://wiki.april.org/index.php?title=Libre_%C3%A0_vous_!_Radio_Cause_Commune_-_Transcription_de_l%27%C3%A9mission_du_26_janvier_2021&diff=91649Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 26 janvier 20212021-01-28T19:57:03Z<p>Neox : Modifications de mes tirades et de ce que j'ai pu identifier</p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Transcriptions]]<br />
<br />
'''Titre :''' Émission <em>Libre à vous !</em> diffusée mardi 26 janvier 2021 sur radio Cause Commune<br />
<br />
'''Intervenants :''' Éric Fraudain - Emmanuel Gil Peyrot - Nicolas Vérité - Adrien Bourmault - Luk - Frédéric Couchet - Isabella Vanni à la régie<br />
<br />
'''Lieu :''' Radio Cause Commune<br />
<br />
'''Date :''' 26 janvier 2021<br />
<br />
'''Durée :''' 1 h 30 min<br />
<br />
'''[ Écouter ou enregistrer le podcast provisoire]''' <br />
<br />
[https://www.april.org/libre-a-vous-diffusee-mardi-26-janvier-2021-sur-radio-cause-commune Page des références utiles concernant cette émission]<br />
<br />
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]<br />
<br />
'''Illustration :'''<br />
<br />
'''NB :''' <em>transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.<br/><br />
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.</em><br />
<br />
==Transcription==<br />
<br />
<b>Voix off : </b><em>Libre à vous !</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Bonjour à toutes. Bonjour à tous.<br/><br />
Quitter WhatsApp pour une messagerie instantanée libre, ce sera le sujet principal de l’émission du jour. Également au programme, Éric Fraudain va nous faire découvrir l’artiste norvégien Vexento. Et en fin d’émission la chronique de Luk qui portera sur Elon Musk, Signal et moi. Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.<br />
<br />
Vous êtes sur la radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM et en DAB+ en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.<br />
<br />
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de <em>Libre à vous !</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.<br />
<br />
Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.<br/><br />
Le site web de l’association c’est april.org, vous pouvez trouver une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. <br />
<br />
Nous sommes mardi 26 janvier 2021, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.<br />
<br />
À la réalisation de l’émission aujourd’hui ma collègue Isabella Vanni. Bonjour Isabella.<br />
<br />
<b>Isabella Vanni : </b>Bonjour.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Si vous souhaitez réagir, poser une question pendant ce direct, n’hésitez pas à vous connecter sur le salon web de la radio. Pour cela rendez-vous sur le site causecommune.fm, cliquez sur « chat ». et retrouvez-nous sur le salon dédié à l’émission.<br/><br />
<br />
Nous vous souhaitons une excellente écoute et tout de suite place au premier sujet.<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==Chronique « Le fil rouge de la musique libre » par Éric Fraudain, créateur du site Au Bout Du Fil : présentation de l’artiste Vexento==<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>« Le fil rouge de la musique libre ». Dans cette chronique, Éric Fraudain, créateur du site Au Bout Du Fil, nous fait découvrir des artistes ayant opté pour la libre diffusion de leurs œuvres musicales.<br/><br />
Bonjour Éric.<br />
<br />
<b>Éric Fraudain : </b>Bonjour Frédéric.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Aujourd’hui Éric tu vas nous faire découvrir l’artiste norvégien Vexento. <br />
<br />
<b>Éric Fraudain : </b>Tout à fait.<br/><br />
Il y a des musiques qui ont un véritable pouvoir d’apaisement et que l’on est forcé d’écouter dans une sorte de transe hypnotique, comme si le monde autour de nous avait soudain cessé d’exister. Le titre que je vous propose d’écouter aujourd’hui, <em>Now</em>, fait indéniablement partie de ces musiques.<br/><br />
Il a été composé par Vexento, un musicien d’à peine plus de vingt ans et qui pourtant possède déjà le talent et la sensibilité d’un artiste accompli. Il est très jeune, mais il a déjà un style bien à lui, ce qui n’est pas donné à tous les musiciens de sa génération. De son vrai nom Alexander Hansen, cet artiste est d’origine norvégienne, mais il vit aujourd’hui au Canada. C’est peut-être l’habitude de côtoyer des paysages grandioses où la nature est encore préservée qui a donné à Vexento cette sensibilité exacerbée qu’ont les artistes.<br/><br />
N’attendons plus. Je vous propose d’écouter <em>Now</em> de Vexento, une musique publiée sous la licence Creative Commons By, Attribution 3.0. À tout de suite.<br />
<br />
<b>Écoute de <em>Now</em> de Vexento</b><br />
<br />
<b>Éric Fraudain : </b>Vous venez de découvrir <em>Now</em> de Vexento, une musique publiée sous la licence Creative Commons By, Attribution 3.0.<br/><br />
Vexento décrit sa passion pour la musique comme une échappatoire à la réalité. C’est aussi pour lui une manière d’exprimer ses émotions et d’organiser les pensées qui fusent sans arrêt dans son esprit. Son répertoire est essentiellement instrumental, bien que de temps en temps il lui arrive de poser une voix sur quelques titres, dont <em>Now</em>.<br/><br />
Sa musique est expressive. À travers les notes, les rythmes, les tempos et les sonorités, on décèle les émotions qu’il a lui-même ressenties et cherché à transmettre. Lorsqu’il compose, ce sont ses émotions qui le guident, et c’est pour cette raison que Vexento ne réduit pas sa musique à un style unique. Il explore la musique électronique sous tous les angles pour créer des morceaux plutôt dansants ou plutôt chill, des rythmes joyeux ou mélancoliques, des sonorités riches ou dépouillées. <em>Now</em> est l’un de ses titres dépouillés, sobre, avec une mélodie simple mais efficace, au piano.<br/><br />
Ce morceau a beau faire plus de cinq minutes, pourtant il semble court, probablement parce qu’il se compose de deux parties qui sont différentes, mais qui vont parfaitement ensemble, comme s’il s’agissait de deux morceaux d’un medley ou d’une playlist. La première partie commence tout doucement puis monte en crescendo jusqu’à une rupture brusque, qui laisse place à une deuxième partie plus lente et plus douce. Je trouve que cette progression est menée de manière très intelligente, car c’est aussi cette rupture qui fait l’originalité et l’âme du morceau.<br/><br />
Je vous disais que <em>Now</em> est un morceau parfait pour se détendre et s’apaiser. Vexento avoue écouter ce genre de musique lorsqu’il est stressé. Cela lui permet de se concentrer uniquement sur le moment présent, sur les émotions qu’il ressent au moment précis où il écoute la musique. C’est sûrement pour ça que ce morceau s’intitule <em>Now</em>. Même si Vexento avait plus souvent l’habitude d’écouter ce genre de musiques que de les composer, il s’est lancé afin de faire ressentir les mêmes sensations à ses fans. <em>Now</em> a été très bien accueillie sur Soundcloud et Spotify. Ça tombe bien, car Vexento est un artiste très sensible aux réactions de ses fans et n’hésite pas à prendre en compte leurs retours pour faire évoluer sa musique. Il y aura donc plus de morceaux dans ce style à l’avenir !<br/><br />
<em>Now</em> est un morceau libre de droits que vous pouvez télécharger et réutiliser pour vos propres vidéos sous certaines conditions. C’est la bande parfaite pour animer une vidéo de paysages en <em>time-lapse</em> ou des images qui véhiculent une émotion particulière.<br/><br />
Merci pour votre écoute et à très bientôt sur « Le fil rouge de la musique libre »<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Merci Éric pour cette belle découverte donc Vexento.<br/><br />
C’était la chronique de Éric Fraudain, auboutdufil.com, sur lequel vous pouvez retrouver plusieurs musiques Vexento avec les analyses de Éric. On va continuer tout à l’heure à écouter Vexento et comme tu l’as dit le site web de l’artiste est soundcloud.com/vexento.<br/><br />
Je te remercie Éric et je te souhaite une bonne fin de journée.<br />
<br />
<b>Éric Fraudain : </b>Bonne journée à toi aussi. Merci à tous.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>À bientôt.<br />
On va faire une pause musicale.<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>On va continuer avec Vexento et avec mon titre préféré, je pense, des trois que nous allons écouter aujourd’hui. Là vous allez entendre une musique beaucoup plus rythmée, avec une mélodie qui, vous l’entendez, démarre en sifflotant, calme, apaisante et qui sera ensuite enrichie par des sonorités électriques et un rythme marqué à la batterie.<br/><br />
Nous allons écouter <em>Spark</em> par Vexento. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles. <br />
<br />
<b>Pause musicale : </b><em>Spark</em> par Vexento.<br />
<br />
<b>Voix off : </b>Cause Commune, 93.1.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous venons d’écouter <em>Spark</em> par Vexento, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By. Je vous rappelle le site de l’artiste soundcloud.com/vexento et vous pouvez trouver une présentation sur le site de notre programmateur musical Éric Fraudain, auboutdufil.com.<br/><br />
<br />
Vous écoutez l’émission <em>Libre à vous !</em> sur radio Cause commune, la voix des possibles, 93.1 FM et en DAB+ en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.<br/><br />
<br />
Nous allons passer au sujet principal.<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==Les messageries instantanées libres avec Adrien Bourmault, Emmanuel Gil Peyrot, Nicolas Vérité==<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons poursuivre avec notre sujet principal qui va porter aujourd’hui sur les messageries instantanées, notamment suite aux polémiques autour de WhatsApp, Nous allons donc parler de WhatsApp, de Telegram, de Signal, de XMPP, de Jami, de décentralisation, de gouvernance. Ne vous inquiétez pas, les invités vont vous expliquer ça de façon toute simple, la plus simple possible. Nos invités justement. En studio avec moi Adrien Bourmault. Bonjour Adrien.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Bonjour.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Au téléphone normalement avec nous Emmanuel Gil Peyrot. Bonjour Emmanuel.<br />
<br />
<b>Emmanuel Gil Peyrot : </b>Bonjour<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Et Nicolas Vérité.<br />
<br />
<b>Nicolas Vérité : </b>Bonjour Fred. Bonjour Adrien. Bonjour Emmanuel.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Parfait Tout le monde est là. Je précise que Adrien Bourmault a proposé ce sujet sur les messageries instantanées et l’a en très grande partie, en majeure partie, préparé, donc je vais plus jouer un rôle d’animateur même si évidemment je me suis quand même penché un peu sur la question, parce que je ne vais pas juste me contenter de lire des fiches, même si j’ai une fiche sous les yeux.<br/><br />
N’hésitez pas à participer à notre conversation sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causecommune.fm, bouton « chat » et vous nous rejoignez sur le salon #libreavous, si vous avez des questions ou des réactions sur ce sujet.<br />
<br />
Début d’année 2021 l’application de messagerie instantanée WhatsApp a publié un message pour avertir les personnes utilisatrices de l’application que ses conditions d’utilisation allaient changer et qu’elles impliqueraient désormais d’accepter de partager davantage de données avec Facebook, à qui appartient WhatsApp, je le rappelle, depuis 2014, dans un but commercial. En cas de refus les personnes ne pourraient plus utiliser la messagerie à partir du 8 février 2021. Il y a eu une levée de boucliers contre cette pratique, on va y revenir en détail en début d’émission. Ça concerne à priori à peu près deux milliards d’utilisateurs et d’utilisatrices. Des messageries alternatives, autres messageries comme Telegram et Signal, ont vu arriver des millions d’utilisateurs et d’utilisatrices. On va parler de tout cela.<br/><br />
On va d’abord commencer par une petite présentation individuelle rapide des trois personnes invitées. On va commencer par les personnes qui sont au téléphone. On va commencer par Nicolas Vérité.<br />
<br />
<b>Nicolas Vérité : </b>Bien. Je me présente, Nicolas et Vérité comme la vérité. J’ai été contributeur et je suis toujours contributeur du monde XMPP. On va détailler ce que c’est plus tard, mais j’ai été dans la XSF, donc la XMPP Standards Foundation, la fondation qui gère l’évolution du protocole. Attention c’est très technique. J’ai fait de la <em>board directors</em>, de la comm’ team, enfin de diverses teams. J’ai aussi participé à la communauté JabberFR, puis j’ai travaillé de manière professionnelle autour du monde de XMPP. Accessoirement j’ai aussi été le président de LinuxFR.org, que vous connaissez bien, pendant une dizaine d’années. Voilà !<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Merci pour cette présentation. Effectivement LinuxFR.org est le site principal francophone d’information autour du logiciel libre et si vous ne connaissez pas je vous encourage à y aller, car vous serez informé de toutes les actualités autour du logiciel libre, linuxfr.org.<br/><br />
Deuxième petite présentation, toujours au téléphone, Emmanuel Gil Peyrot.<br />
<br />
<b>Emmanuel Gil Peyrot : </b>Bonjour. Moi c’est Emmanuel ou linkmauve comme beaucoup de gens me connaissent sur Internet. J’ai aussi été et je suis d’ailleurs toujours membre de la XSF en ayant été notamment membre du <em>Council</em>, le groupe élu pour la gouvernance des protocoles et son évolution. Je suis également président et administrateur de l’association JabberFR pour la promotion des messageries instantanées libres, standards et ouvertes ; on fournit aussi des services autour de XMPP. Je suis également contributeur à différents clients et serveurs XMPP, notamment Gajim et Prosody si vous les connaissez.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>OK. Merci Emmanuel. On va finir en studio par Adrien Bourmault.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Moi c’est Adrien Bourmault. Je suis coanimateur du service XMPP du Chapril, groupe de travail, initiative de l’April, faisant partie du CHATONS. Je suis également mainteneur de l’entrée de Conversations, l’application Conservations dans le <em>Free Software Directory</em>, c’est-à-dire le dictionnaire de la FSF des logiciels libres.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Merci Adrien. Je précise aux auditeurs et auditrices de l’émission que vous allez entendre beaucoup de mots clés. Ne vous inquiétez pas, les personnes vont expliquer et résumeront en plus, en fin d’émission, l’essentiel à retenir. De toute façon sur les sites april.org et causecommune.fm, il y aura une page avec toutes les références utiles consacrées à l’émission. Ne vous inquiétez pas.<br/><br />
On va commencer par la première partie de notre échange qui va être l’introduction, qui va être la polémique WhatsApp. D’ailleurs je précise qu’il y a déjà une réaction de Jean-Luc sur le salon web qui précise que les changements de condition d’utilisation de WhatsApp ne concernaient, à priori, que les utilisateurs hors d’Europe. Effectivement, vu que, en Europe, on n’est pas concernés à priori suite au RGPD, le Réglement général sur la protection des données. On va revenir dessus. Après ça se discute et, de toute façon, entre ce qui est annoncé et ce qui est fait dans la réalité, ce sont souvent deux choses différentes dans ces systèmes privateurs. En tout cas on va commencer par la polémique WhatsApp. Peut-être, Adrien, vas-tu commencer par nous rappeler ce qu’est cette polémique concrètement ? Qu’est-ce qui a été annoncé et quels sont les problèmes ? En tout cas pourquoi ça a généré tant de bruit sur certains réseaux et dans la presse ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>En fait, c’est une polémique qui est née d’un changement de virgule, si on pouvait résumer ça. En fait, déjà depuis 2016, WhatsApp partageait énormément de données avec Facebook, étant donné qu’il avait été racheté en 2014 et rapidement les conditions d’utilisation de WhatsApp incluaient des partages de données avec Facebook, simplement ce partage de données n’était pas totalement clair. En fait, les conditions d’utilisation étaient assez opaques et il était difficile de comprendre ce qui était vraiment partagé.<br/><br />
Le changement qui est arrivé cette année rend plus clair les données collectées et comment elles sont partagées avec Facebook, à ceci près qu’elles suppriment également un point essentiel qui était qu’on pouvait refuser jusqu’alors le partage des données avec Facebook par une option dans l’application. Cette option disparaît totalement et il n’est donc plus possible de ne pas partager les données avec Facebook.<br/><br />
L’autre chose qui s’ajoute c’est la création du partage de ses données personnelles par la vente à des comptes WhatsApp Business, ce qui permettrait en fait à des professionnels de pouvoir faire de la publicité ciblée simplement en achetant à WhatsApp des packs de contacts ou de données qui sont normalement anonymisées, évidemment, mais comment sont-elles anonymisées ?, nous, utilisateurs, ne pouvons pas le savoir.<br/><br />
Ce que cette polémique nous montre, simplement, c’est que ce changement de virgule qui était censé rendre plus claires les conditions et peut-être aider à la popularité de WhatsApp et à ce que son image soit améliorée a été complètement contre-productif et a amené à la polémique qu’on connaît.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Pour compléter, Emmanuel Gil Peyrot ou Nicolas Vérité sur la polémique WhatsApp, pour que les gens comprennent bien ce qui s’est passé. Je suppose que parmi les auditeurs et auditrices il y a des gens qui utilisent WhatsApp, mais pas forcément tout le monde, juste pour bien comprendre, à moins que le résumé d’Adrien ait été parfait. Nicolas.<br />
<br />
<b>Nicolas Vérité : </b>Oui, le résumé d’Adrien était parfait, de toute façon. Je vais juste paraphraser en disant que c’est effectivement d’un changement de virgule. On connaît très bien l’appétence pour Facebook et donc d’Instagram et WhatsApp à sucer les données, les mettre dans un puits sans fond et les exploiter à des buts mercantiles, évidemment c’est pour afficher de la publicité.<br/><br />
Qu’est-ce qui s’est passé ? Eh bien une réaction populaire et ça ce n’est pas complètement maîtrisé. À mon avis ça ressemble ce qui est un ensemble de faits qui ont tous convergé entre eux. Il y a eu la censure ou plutôt le bannissement de Trump et de ses partisans sur cette plateforme, donc peut-être que ça indique un ras-le-bol, une peur de la censure et de l’exploitation des données. C’est comme ça que je le lis en tout cas. Emmanuel a peut-être un avis différent.<br />
<br />
<b>Emmanuel Gil Peyrot : </b>Non, je le partage plutôt bien. Il y a eu un tout qui s’est fait en ce début d’année, où il y a vraiment eu énormément de gens qui ont été à la fois victimes et à la fois spectateurs de ces différentes plateformes qui contrôlent les communications, comme quoi c’était très problématique de leur donner autant de pouvoir sur nos vies, sur nos processus de décision, sur les personnes avec qui on peut, par exemple, entrer en contact par exemple.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Adrien tu veux réagir.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Je repense justement à la question sur les conséquences de ces changements sur l’Europe. Il y a bien un changement sur l’Europe, il n’y a pas de problème là-dessus, simplement c’est moins franc qu’avec les autres pays. En Europe, en fait, on est protégé par le RGPD, le Réglement général sur la protection des données, qui limite un petit peu la casse. Le problème étant qu’on ne pourra pas, avec le RGPD, vendre des données, WhatsApp ne pourra pas vendre des données à n’importe qui, à des tiers par exemple. Il sera obligé de vendre inter WhatsApp, intra WhatsApp. Ce qui va se passer c’est qu’en Europe il y aura quand même de la vente de données, surtout de la vente de listes de contacts, mais qui se fera via les comptes WhatsApp Business. C’est-à-dire qu’une entreprise possédant un compte sur WhatsApp Business pourra acheter une liste de contacts, mais ça ne pourra pas être vendu par exemple à Google, ça ne pourra pas être vendu à un publicitaire extérieur. C’est la seule nuance que le RGPD nous enlève.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Si je comprends bien et je ne vais pas paraphraser, je vais citer l’Electronic Frontier Foundation qui est la fondation américaine qui se bat pour les libertés informatiques, qui a réagi, qui dit, en fait, « la bonne nouvelle est que globalement cette mise à jour ne fait aucun changement extrême dans la manière dont WhatsApp partage ses données avec sa société mère Facebook. La mauvaise nouvelle est que ces changements extrêmes ont, en fait, eu lieu il y a quatre ans ». Donc la fondation, l’Electronic Frontier Foundation, estime que cette réaction actuelle est due en grande partie au fait que les gens ont découvert ces changements dont ils n’avaient pas forcément confiance, lapsus révélateur, conscience. En fait, c’est un défaut de communication et les gens, finalement, se sont rendu compte de ce qui se passait depuis quelques années et que ce qui allait changer était finalement à la marge, une virgule comme tu as dit Adrien. C’est ça ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Oui, c’est exactement ça.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Est-ce que sur cette introduction quelqu’un veut rajouter quelque chose. J’ai bien, sur le salon web, la question de Sarah et on va la prendre, c’est justement le sujet d’après. Sur la polémique WhatsApp est-ce que vous souhaitez ajouter quelque chose ?<br />
<br />
<b>Nicolas Vérité : </b>Il y a un signal fort, lapsus aussi, Brian Acton un des cofondateurs de WhatsApp, qui a été racheté par Facebook, s’est éclipsé de son rôle justement dû à des clashes avec Mark Zuckerberg sur l’exploitation des données. Plus tard il a rejoint le bateau Signal. C’est un signal fort, si vous m’autorisez à parler ainsi, Fred.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Je t’autorise tout à fait surtout que ça va être le sujet d’après. Effectivement on va parler de Signal, je ne me souviens plus du nom de l’un des cofondateurs de Facebook qui a participé au financement de Signal il y a quelques années. On va prendre la question vu que le sujet suivant c’est Signal, Telegram, les alternatives. Suite à la polémique WhatsApp des utilisateurs et utilisatrices se sont tournés vers des alternatives considérées communément comme peut-être plus éthiques, plus libres que WhatsApp. La question de Sarah notamment c’est : « on est d’accord que ce changement de conditions, du moins le bad buzz autour de ça, même compris, a lancé une grande vague vers des alternatives type Signal. Est-ce que ça a été le cas avec Telegram ou avec d’autres systèmes ? » On va détailler ce que sont Signal et Telegram. De mémoire, on parle de millions d’utilisateurs et d’utilisatrices qui ont rejoint Signal et Telegram. On va commencer par ces deux alternatives. Celle qui a sans doute fait plus de buzz c’est Signal.<br/><br />
Par contre j’ai oublié une question qu’on avait prévue dans l’introduction. On parle de messagerie instantanée. Il serait quand même bien de définir ce qu’on entend aujourd’hui par messagerie instantanée, notamment pour la majorité des utilisateurs et utilisatrices. Adrien, peut-être que tu veux faire ça ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Oui. J’imagine qu’il y a plusieurs définitions possibles. Aujourd’hui, quand on parle de messagerie instantanée, on parle d’un dispositif qui permet d’envoyer des messages de façon à pouvoir soutenir par écrit une conversation interactive. Je pense que c’est comme ça qu’on peut la définir. Le mail ne rentre pas dans la discussion instantanée, puisque ce n’est pas instantané, on a besoin d’attendre une réponse, on peut même parfois attendre l’envoi et il n’y a pas de sûreté de la réception dans un temps donné. Ce que nous permet la messagerie instantanée, normalement, c’est de pouvoir soutenir une conversation dans le temps réel. J’imagine que c’est comme ça qu’on pourrait la définir. <br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>C’est une définition. Je ne connais pas WhatsApp, je me suis quand même posé de savoir quelles fonctionnalités il y avait. Tu parles de messages, on peut imaginer que ce sont des messages textes type SMS, mais en gros, dans les fonctionnalités dont les gens ont besoin dans ce type de messagerie aujourd’hui – parce que le plus important c’est ce dont les gens ont besoin – ce sont donc des messages textuels, mais il y a aussi, je crois, des notions de groupe pour parler à plusieurs, il y a des échanges de fichiers, donc images, vidéos, est-ce qu’on peut aussi passer des appels téléphoniques par ces messageries instantanées ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Oui. En effet les gens ont plusieurs besoins. Ça dépend évidemment des groupes de personnes. Effectivement aujourd’hui la messagerie instantanée la plus communément répandue, comme définition, ce sera effectivement la possibilité d’avoir des conversations un à un, des groupes privés, peut-être parfois des salons publics, la possibilité de faire des appels audio ou vidéo, de partager des fichiers, des images, des vidéos. C’est effectivement le partage multimédia en fait, tout simplement.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Nicolas et Emmanuel, est-ce que vous ajouter quelque chose sur cette définition ou tentative de définition d’une messagerie instantanée de nos jours ?<br />
<br />
<b>Nicolas Vérité : </b>Oui, tout à fait. J’ai juste un petit truc. En fait oui, on est sur des messages courts, temporaires, parfois enregistrés ou archivés donc ça nous permet d’être plus réactifs, plus rapides dans une conversation.<br/><br />
Je veux différencier deux grands types de messagerie instantanée, si les gens me permettent. En fait il y a une génération qui a explosé au début d’Internet qui était la messagerie instantanée sur ordinateur. On peut citer les anciens ICQ et MSN propriétaires. Puis il y a eu la génération mobile. Donc on a tout passé en mobile quand il y a eu l’avènement de l’iPhone. C’est WhatsApp qui a emporté tous les suffrages, il y a eu d’autres qui ont suivi derrière dont Telegram et Signal. Aujourd’hui, depuis un peu moins d’une dizaine d’années, on voit une génération de messageries instantanées orientées entreprise. Là il s’agit de mettre la conversation de groupes au centre pour la collaboration des collaborateurs de l’entreprise.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Ce point est intéressant, même si aujourd’hui on s’adresse plus potentiellement à des usages personnels, il y a effectivement cet aspect entreprise qui est important.<br/><br />
On va justement parler de Signal, Telegram. On va commencer par Signal. J’ai retrouvé les chiffres. La base installée serait passée de 10 millions à plus de 50 millions en quelques heures. On est évidemment très loin des 1,5 ou 2 milliards d’utilisateurs et d’utilisatrices de WhatsApp. En tout cas il y a eu une vraie grosse migration vers Signal. Déjà première question : c’est quoi Signal ? Deuxième question qui suivra : pourquoi les gens ont commencé à migrer vers Signal ?, et après on parlera de Telegram. C’est quoi Signal ? Peut-être Emmanuel Gil Peyrot.<br />
<br />
<b>Emmanuel Gil Peyrot : </b>Je voudrais d’abord ajouter quelque chose d’autre à propos de la messagerie instantanée qui est que contrairement à l’e-mail, on a traditionnellement différents services pour la messagerie instantanée. C’est-à-dire que quelqu’un qui va être par exemple chez WhatsApp ne va pas pouvoir communiquer avec quelqu’un qui est chez Signal ou Telegram ou tout ça. C’est quelque chose qui a été choisi au fil du temps par les différentes grandes entreprises qui possèdent ces outils de communication, mais qui n’a rien du tout d’inné, c’est vraiment un choix technologique qui a été fait. Et, du coup, ça fait une surabondance de différents protocoles, différents logiciels, qu’on doit installer sur nos téléphones par exemple pour communiquer avec les différentes personnes qu’on a autour de soi.<br/><br />
Signal est effectivement une alternative à WhatsApp ou à n’importe quelle autre application de messagerie instantanée qu’on a mentionnée juste avant et qui a pour avantage d’être gérée par une association, contrairement à une entreprise, contrairement à WhatsApp notamment qui est gérée maintenant par Facebook et qui promeut énormément la confidentialité des messages en disant qu’ils n’ont pas accès au contenu des messages, qu’ils n’ont pas accès aux groupes des gens avec qui on communique, qu’ils n’ont pas accès à énormément de choses et, surtout, qu’ils ne gardent aucune trace de ces échanges. Encore une fois, c’est une question de confiance qu’on va avoir envers la plateforme.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Si je compare, si je comprends bien, Signal n’est pas simplement une alternative qui repose sur le même système privateur que WhatsApp. Déjà, comme tu le dis, c’est géré par une association à but non lucratif, alors que WhatsApp appartient à Facebook et avant c’était déjà une entreprise. Si je comprends bien il y a du chiffrement de bout en bout, avec un chiffrement qui utilise un protocole qui est connu, testé, ouvert et je pense que je laisserai réagir les experts sur le sujet, notamment sur cette partie-là. Par contre ça reste un outil centralisé. Sur ces deux points-là qui veut réagir ? Nicolas, Adrien. Nicolas, avantage au téléphone.<br />
<br />
<b>Nicolas Vérité : </b>Oui, je veux bien. Avantage au téléphone, merci beaucoup. Effectivement c’est de l’<em>open source</em>, par contre il y a également une entreprise. Il y a une fondation, mais il y a aussi une entreprise. L’histoire de Signal a été mouvementée. C’est passé par plusieurs noms, plusieurs implémentations, ça a périclité, c’est revenu sous forme de fondation.<br/><br />
Effectivement ça utilise du chiffrement, c’est comme ça qu’on dit, du chiffrement, sinon on appelle ça de la crypto, c’est crypté, c’est chiffré et c’est centralisé. Ça veut dire qu’il n’y a qu’un seul serveur Signal qui est d’ailleurs situé aux États-Unis, contrairement à des ??? comme XMPP ou l’e-mail. On a un serveur sur lequel on a 10, 20 ou 100 000 utilisateurs qui peuvent parler avec d’autres personnes sur d’autres serveurs. Ça ce sont des réseaux de type décentralisé, on n’est pas centralisé, on est décentralisé et ces serveurs communiquent entre eux. C’est-à-dire que tous les utilisateurs de chacun des serveurs peuvent communiquer entre eux, on appelle ça de la fédération.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. On abordera évidemment ces points : décentralisation, fédération. On va poursuivre sur Signal et sur la partie centralisée. Tu as donc dit, pour que les gens comprennent bien, qu’il y a un serveur, en tout cas il y a signal.org sur lequel les gens s’inscrivent avec des serveurs qui sont hébergés, tu viens de dire aux États-Unis. Pour être plus précis, juste avant en préparant l’émission, je crois que Adrien était encore plus précis que ça. Adrien où sont ces fameux serveurs de la Fondation Signal ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>En fait il n’y a pas un seul serveur, il y en trois qui sont en cluster.<br/><br />
Donc notamment un premier serveur, celui qui sert à la connexion sur signal.org et à la création de son compte, c’est un serveur qui est hébergé chez Amazon Web Services, c’est le premier serveur, aux États-Unis évidemment.<br/><br />
Le deuxième aussi aux États-Unis qui sert à héberger les conversations de groupes qui est chez Google Cloud qui est donc hébergé là-bas en tant que machine virtuelle.<br/><br />
Le troisième serveur chez Microsoft Azur qui, lui, sert à gérer les grosses quantités de fichiers, ce qu’on appelle un Content Delivery Network qui permet le téléchargement de fichiers, le passage de grosses données, des choses comme ça, partage de fichiers et parfois aussi de vidéos parce qu’il y a aussi un serveur TURN là-dessus.<br/><br />
Donc oui, les trois sont aux États-Unis.<br/><br />
Je rebondis sur une question que j’ai vue sur le <em>chat</em> sur la gouvernance de Signal. En fait Signal est beaucoup présentée dans les médias comme étant une fondation à but non lucratif. C’est vrai qu’il y a une Fondation Signal mais ce n’est pas elle qui paye les employés de Signal et ce n’est pas elle non plus qui possède la propriété intellectuelle du code qui est marquée sur la licence, le fameux copyright. En fait c’est la société Signal Messenger LLC, une société à responsabilité limitée, de droit américain, qui est financée en grande partie par la fondation Signal, mais pas seulement, il y a aussi des investisseurs extérieurs, elle n’est pas cotée en bourse – encore heureux –, mais il y a des possibilités d’investir. Du coup, il y a bien derrière une société à responsabilité limitée, donc à but lucratif, il ne faut pas l’oublier. La Fondation Signal ne sert qu’à recevoir des dons défiscalisables selon le droit américain.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. C’est important. On va aussi en parler parce que sur le salon web il y a peetah qui parle de la licence du serveur. Quand je parle du serveur je fais évidemment une simplification, il y a beaucoup plus de serveurs qui gèrent tout ça, il y a beaucoup plus de machines, mais on fait une simplification pour que ce soit plus simple. Juste préciser que l’application qu’on utilise sur le téléphone pour Signal est une application qui est en logiciel libre, par contre le serveur, la partie logicielle sur le serveur n’est pas du tout sous licence libre, c’est bien ça ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>En fait si, le serveur est libre, mais il y a une énorme latence entre l’installation des mises à jour sur le serveur et la publication du code. En fait il y a une partie du temps où, après une mise à jour du serveur, le serveur est propriétaire avent que le code soit publié.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Je crois qu’Emmanuel veut régir là-dessus. Vas-y.<br />
<br />
<b>Emmanuel Gil Peyrot : </b>Notamment parce qu’on n’a aucune garantie sur le fait que le code du serveur soit effectivement celui qui est utilisé ensuite chez Signal. C’est un énorme problème qui est partagé par la grande majorité des messageries puisque, dès qu’il y a un serveur, l’administrateur du serveur peut faire les modifications qu’il veut.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Nicolas.<br />
<br />
<b>Nicolas Vérité : </b>On est obligé de faire confiance au code. Par contre, on est sur une licence AGPL, Affero GPL v3, ça veut dire qu’on est obligé de fournir à nouveau le code si on veut ré-exploiter le serveur. Maintenant, si on exploite un serveur, si on met en œuvre un serveur finaliste, un serveur Signal, on n’aura que quelques utilisateurs autour de soi, sa famille, ses proches, etc. et ce serveur ne sera pas interconnecté avec le serveur officiel de signal.org.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Je crois qu’on comprend bien que l’intérêt qu’il peut y avoir pour des utilisateurs et utilisatrices au niveau de Signal, ce côté centralisation qui peut permettre de retrouver plus facilement effectivement ses amis.<br/><br />
Signal a bénéficié de soutiens de poids, on pourrait dire de coups d’accélérateur. Il y a Elon Musk récemment et je crois que Luk va en parler dans sa chronique après, mais beaucoup plus important, à mon sens, c’est Edward Snowden, le lanceur d’alerte, je ne sais plus si c’est dès 2014 ou 2015, qui encourageait les gens à utiliser Signal. À votre connaissance est-ce que Edward Snowden, lanceur d’alerte américain qui a révélé des pratiques, a révélé des documents qui montraient l’ampleur de la surveillance américaine, utilise encore Signal ? Et finalement pourquoi un tel lanceur d’alerte dit qu’il faut utiliser Signal ? Adrien.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Il utilise toujours Signal, il le conseille même encore. Là où on peut se poser quand même des questions c’est que son argument principal c’est « j’utilise Signal parce que je ne suis pas encore mort ». On peut se poser la question : est-ce qu’il a une totale confiance ou est-ce qu’il dit ça de façon cynique ?, je ne sais pas trop, je ne suis pas là pour analyser les propos d’Edward Snowden. Il l’utilise encore, il n’utilise pas uniquement ça, il utilise aussi IRC à des moments, il parle aussi via XMPP avec l’EFF.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>L’EFF c’est l’Electronic Frontier Foundation dont je parlais tout à l’heure.<br/><br />
Sur cette position par rapport à Snowden sur Signal, Emmanuel et Nicolas, est-ce que vous voulez ajouter quelque chose ?<br />
<br />
<b>Nicolas Vérité : </b>Snowden se protège de toute lecture de ses messages par du chiffrement. En fait, il pourrait avoir l’équivalent sur une autre application, par exemple sur XMPP.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Emmanuel.<br />
<br />
<b>Emmanuel Gil Peyrot : </b>Je voudrais ajouter aussi que la méthode de chiffrement qui a été créée par Signal, donc qui s’appelait à l’époque Axolotl de nos jours Signal Protocol, a été réutilisée notamment par WhatsApp qui l’a intégrée dans son système de chiffrement de la messagerie suite, justement, aux révélations de Edward Snowden, en fait pour faire un peu taire les polémiques autour de ça, autour du fait que Facebook pouvait accéder à tous les messages de tous les utilisateurs de WhatsApp. Ça a été utilisé aussi par d’autres, notamment le protocole qu’on appelle OMEMO sur XMPP utilise le même protocole, le Signal Protocol. On n’est pas du tout les seuls, parce que c’est complètement intégrable dans d’autres protocoles de nos choix.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Et c’est un protocole qui est publié, qui a donc subi des analyses, etc., contrairement à des protocoles de chiffrement privés, qui ne sont pas publiés, dans lesquels, finalement, la sécurité repose exclusivement dans la confiance qu’on a dans la structure, qui sont souvent des entreprises qui sont basées, en fait, sur la publicité, sur nos données personnelles.<br/><br />
Tu veux ajouter quelque chose ?<br />
<br />
<b>Nicolas Vérité : </b>En effet, ce protocole de chiffrement est libre, mais il n’est pas standardisé, c’est-à-dire qu’il y a plein de paires d’yeux d’experts qui ont revu ce protocole, qui l’ont amélioré, donc il est relativement fiable, par contre il n’a jamais été standardisé. C’est pour ça que ça peut poser éventuellement problème.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>On va faire une petite pause musicale et on se retrouve juste après. Nous allons poursuivre notre découverte de Vexento. On va écouter <em>Shifting winds</em>. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.<br />
<br />
<b>Pause musicale : </b><em>Shifting winds</em> par Vexento.<br />
<br />
<b>Voix off : </b><br />
<br />
==Deuxième partie==<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous coupons un petit peu pour avancer dans la discussion puisque il y a plein de choses intéressantes et le temps file vite. Nous venons d’écouter en partie <em>Shifting winds</em> par Vexento, que vous pouvez retrouver sur le site de l’artiste soundcloud/vexento, qui est disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By.<br />
<br />
Vous écoutez l’émission <em>Libre à vous !</em> sur radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM et en DAB+ en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.<br/><br />
<br />
Nous discutons actuellement avec Adrien Bourmault, Emmanuel Gil Peyrot et Nicolas Vérité de messagerie instantanée.<br/><br />
Avant la pause musicale on a parlé de la polémique WhatsApp. On a ensuite parlé un petit peu de Signal sur lequel beaucoup de personnes ont commencé à migrer. À un moment vous avez entendu des termes comme décentralisation, fédération ou gouvernance.<br/><br />
Là on va aborder le sujet peut-être le plus compliqué de l’émission, parce que quelque chose dont, sans doute, vous n’avez pas l’habitude qui est donc la décentralisation et d’autres solutions alternatives à Signal. On reviendra sur Signal tout à l’heure parce que j’ai bien vu la question de Marie-Odile sur le salon web. N’hésitez pas à venir sur le salon web de la radio parce qu’aujourd’hui c’est festival, il y a une discussion parallèle sur le salon web, donc site causecommune.fm, bouton « chat », vous allez sur le salon #libreavous, il y a des échanges en parallèle, c’est très intéressant.<br/><br />
On va maintenant aborder la question de l’alternative on va dire véritablement libre, décentralisée, et notamment le mot clé qu’on a déjà entendu tout à l’heure XMPP. Qui veut commencer par expliquer un petit peu ce qu’est la décentralisation par rapport aux solutions qu’on a vues juste avant et qui étaient des solutions centralisées. C’est quoi la décentralisation ? Peut-être Adrien ou Nicolas, je ne sais pas. Nicolas. Adrien me fait un signe, donc Nicolas Vérité. <br />
<br />
<b>Nicolas Vérité : </b>Oui. La décentralisation est un bien grand mot qui paraît un peu barbare. On dit que les gens n’ont pas forcément l’habitude, peut-être qu’ils en ont l’habitude. En fait, dans un contexte générique, c’est-à-dire un État décentralise à travers une fédération par exemple d’États ou de départements ou de régions. On sait ce qu’est la décentralisation.<br/><br />
Qu’est-ce que la décentralisation au niveau technique ? Soit on a un serveur massivement centralisé où il y a un milliard d’utilisateurs. Si ce serveur tombe, c’est tout le monde qui est privé de ce service. Si ce serveur est piraté, c’est tout le monde qui est impacté. Si ce serveur se retrouve avec des données volées ou envolées, ce sont tous les utilisateurs qui sont impactés. Donc l’idée c’est de diviser, non pas diviser pour mieux régner, mais diviser pour que personne ne règne. En gros, on va faire plusieurs serveurs qui vont communiquer entre eux. Ça veut dire que chaque utilisateur sera sur un serveur et pourra communiquer avec tous les utilisateurs du réseau qui sont sur chacun des autres serveurs, sur tous les serveurs. Ça veut dire que si un serveur tombe, un serveur de dix ou de mille utilisateurs, ce sont seulement ces dix ou ces mille utilisateurs qui sont impactés. Si ses données sont volées, ce sont seulement ces utilisateurs qui sont impactés.<br/><br />
Est-ce que cette introduction vous convient ?<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Cette introduction me convient et je vais évidemment laisser Emmanuel et Adrien compléter. En fait oui, comme tu le dis, en informatique il y a quand même un aspect décentralisation que les gens connaissaient, même s’ils le connaissent peut-être de moins en moins, c’est le courriel dont parlait tout à l’heure Adrien. Quand on envoie un courriel en fait on peut envoyer un courriel à d’autres personnes qui sont hébergées ailleurs que chez nous. Je dis que c’est de moins en moins le cas parce que, malheureusement, il y a de plus en plus de gens qui sont chez Gmail et compagnie. En tout cas, effectivement, c’est une décentralisation qui est connue.<br/><br />
Emmanuel, est-ce que tu veux compléter cette partie, juste la partie décentralisation avant qu’on aborde XMPP en tant que tel ?<br />
<br />
<b>Emmanuel Gil Peyrot : </b>Oui, bien sûr. L’exemple du mail est vraiment très frappant parce que pour nous c’est vraiment normal de ne pas être obligé d’être chez un fournisseur en particulier, Gmail comme tu le mentionnes, mais on peut être très bien chez Free ou chez Yahoo ou tout ça et, quand même, pouvoir communiquer avec quelqu’un qui est chez Gmail. On peut aussi avoir chacun son propre service à la maison. J’ai d’ailleurs commencé suite à la conférence de Benjamin Bayart, « Internet libre ou le Minitel 2.0 », qui nous incite chacun à avoir son propre serveur à la maison. Ce n’est pas beaucoup plus compliqué que d’avoir un ordinateur quelconque et ça permet de reprendre en main ses communications.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Pas beaucoup plus compliqué, je ne suis pas tout à fait d’accord, ça dépend évidemment des compétences. Effectivement l’auto-hébergement est une chose dont on parlera un jour en détail dans l’émission.<br/><br />
Là on va revenir sur XMPP. Tout à l’heure, dans l’introduction, on a dit <em>Extensible Messaging and Presence Protocol</em>, excusez-moi pour mon anglais, en français « Protocole extensible de présence et de messagerie ». Adrien, en fait, c’est quoi XMPP ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Je ne suis pas la personne la mieux placée pour définir XMPP. Je dirais que XMPP c’est d’abord un protocole avant d’être quoi que ce soit d’autre, qui n’est pas forcément orienté uniquement messagerie instantanée. Avec XMPP on peut faire énormément de choses, mais, effectivement, on peut utiliser XMPP pour gérer une messagerie. Oui c’est un protocole.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>C’est quoi un protocole ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>En fait, je dirais que c’est une recette afin de définir comment vont se passer les échanges entre plusieurs clients, des serveurs ou non. Un protocole, c’est un peu une façon de gérer des échanges.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Peut-être que Nicolas Vérité qui a été membre de la fondation justement en charge de rédiger ou de documenter le protocole XMPP peut apporter des précisions ?<br />
<br />
<b>Nicolas Vérité : </b>Tout à fait. En fait, la personne la mieux placée c’est Emmanuel puisqu’il a été membre du Council de la XSF.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Emmanuel alors. Vas-y Emmanuel.<br />
<br />
<b>Emmanuel Gil Peyrot : </b>Pour moi les principales choses à retenir de XMPP c’est que c’est libre donc n’importe qui peut l’implémenter. C’est standard, c’est-à-dire qu’il y a un groupe, en fait une association la XSF dont Nicolas vient de parler, qui gère la gouvernance du protocole, c’est-à-dire comment vont se passer les évolutions, s’il y a un nouveau cas d’utilisation on va se décider tous ensemble, parler en fait la même langue pour échanger entre différents logiciels sur la même base. Il est ouvert, donc n’importe qui peut utiliser ce logiciel sans avoir besoin de payer par exemple des droits d’accès aux spécifications et chacun peut aussi apporter sa propre pierre à l’édifice des extensions.<br/><br />
Du coup, quand on parle de XMPP, en général on ne parle pas que du protocole mais aussi de tout le réseau fédéré qu’il y a autour avec de multiples clients, énormément de plateformes différentes, différents serveurs logiciels qui peuvent ensuite être déployés sur un serveur matériel pour ensuite donner accès à un service. Chacun de ces services peut avoir les conditions d’utilisation de son choix. Par exemple certains vont, comme WhatsApp ou Signal, demander l’utilisation d’un numéro de téléphone mais ce n’est pas obligé. On peut parfaitement se créer un compte en donnant juste son nom d’utilisateur et c’est bon, on est sur le réseau.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. En fait ça décrit comment des machines, dans ce cadre-là décentralisées, vont communiquer entre elles, et aussi les clients, c’est-à-dire les logiciels que les personnes utilisent, pour échanger des informations qui peuvent être textuelles, comme on l’a dit tout à l’heure, qui peuvent être des images, qui peuvent être des appels téléphoniques. Si je comprends bien une différence fondamentale par rapport à ce qu’on a évoqué tout à l’heure, au début WhatsApp et ensuite Signal, c’est qu’on ne va as dire « allez sur xmpp.org pour trouver toutes les personnes avec qui vous allez vouloir échanger », il faut plutôt trouver un site qui propose des services XMPP. Est-ce que c’est ça Adrien ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Oui, c’est un peu ça en fait. XMPP c’est vraiment la partie protocole. Si on veut trouver une façon d’accéder à XMPP, il y a quand même, je crois, sur xmpp.org, une page qui présente les différents clients qui existent. On peut quand même, à partir de xmpp.org, trouver une façon de retrouver ses amis.<br/><br />
Une fois qu’on a trouvé un client, après il suffit de rejoindre un serveur et là c’est peut-être, je dirais, la partie la plus compliquée en fait de la décentralisation, c’est que choisir comme serveur ? C’est évidemment là qu’il faut faire son choix, qu’il faut apprendre à choisir j’imagine. C’est important d’avoir plusieurs choix puisque c’est la seule façon d’être vraiment libre.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Nicolas, vas-y.<br />
<br />
<b>Nicolas Vérité : </b>Si je peux revenir là-dessus. En fait sur le site de la XSF qui est à l’adresse xmpp.org, nous on liste quelques logiciels effectivement, on n’est pas les plus à jour et puis on met tout le monde à égalité, on veut être neutres. On a un point de vue neutre de choix, on a des logiciels qui ne sont pas les meilleurs, qui sont parfois un petit peu obsolètes. Ça c’est dit.<br/><br />
Maintenant, il y a deux services qui sont formidables qui sont JabberFR et Chapril. Vous pouvez en parler mieux que moi, Adrien et Emmanuel.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>On va commencer par Emmanuel, JabberFR.<br />
<br />
<b>Emmanuel Gil Peyrot : </b>JabberFR est un service où on a pour vocation d’être un peu un point de ralliement de la communauté francophone sur XMPP. Pour ça on ne met pas en avant notre système de messagerie instantanée, on met plus en avant des ressources, c’est-à-dire un wiki, des salons et évidemment aussi un serveur sur lequel vous pouvez créer un compte. Ça a vraiment pour but d’être un point d’entrée vers le monde XMPP, vers le réseau XMPP. On encourage notamment les gens à utiliser leur propre domaine, s’ils en ont un, pour pouvoir migrer sur un autre service s’ils le souhaitent, tout en faisant partie de la communauté du réseau XMPP.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Évidemment Adrien va parler du Chapril. Une personne peut choisir de rester sur WhatsApp, une personne peut choisir d’aller vers Signal, mais si une personne veut se dire « tiens, la décentralisation c’est bien – parce que, comme tu l’as expliqué tout à l’heure Nicolas, ça fonctionne bien dans plein de domaines qu’on connaît depuis longtemps – donc je vais sur jabberfr.org ou je vais sur chapril.org et je peux me créer un compte ? » Comment ça marche concrètement ? Est-ce que je dois fournir un numéro de téléphone ? Comment ça marche la création d’un compte ? Deuxième question, évidemment essentielle : comment je retrouve mes amis ? Adrien pour Chapril et rappelle ce qu’est le Chapril, s’il te plaît.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Évidemment. Chapril est un membre du CHATONS, je prononce bien le « S », c’est le Collectif des Hébergeurs, Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires. C’est très important de garder le « S » de « Solidaires ». Les chatons ont pour objectif de donner une alternative aux GAFAM et autres, c’est-à-dire que ça permet aux personnes de se libérer, de trouver un service qui soit éthique et respectueux de leur vie privée et de leurs données personnelles.<br/><br />
Ce qu’a fait Chapril, le travail de Chapril a été de contribuer. L’April a voulu contribuer à ce formidable projet en proposant également des services et notamment un service XMPP qui, je crois, a commencé l’année dernière, donc c’est assez récent, mais qui est tout à fait prêt aujourd’hui à donner son aide.<br/><br />
Comment ça marche ? En fait sur chapril.org, nous avons un sous-site chapril.org/xmpp, sur lequel vous avez quelques informations rapides sur XMPP – comment ça marche, pourquoi, pourquoi une nouvelle messagerie – et vous avez la possibilité de commencer immédiatement avec un client qu’on vous propose, c’est-à-dire une application pour vous connecter selon votre système.<br/><br />
Imaginons que j’aie un Android, que faire ? Et on vous explique comment installer telle application.<br/><br />
Sur un Android « googleglisé », c’est-à-dire qui contient des logiciels de Google, on préférera blabber, l’application blabber.im qui permet de s’installer facilement et de se créer un compte immédiatement dans l’application en choisissant son serveur dans une liste. Chapril.org est évidemment dans la liste.<br/><br />
Si vous êtes sur un téléphone Android non « googlelisé », par exemple avec LineageOS ou /e/ ou quelque chose d’autre, vous pourrez utiliser Conversations qui sera sur le magasin F-Droid, un magasin d’applications libres d’Android.<br/><br />
Et si vous êtes sur un système tel que GNU/Linux ou Windows, il y a également des choix possibles. Notamment, sur GNU/Linux, on conseillera Dino et, sur Windows, on conseillera Gajim.<br/><br />
Il y a évidemment d’autres possibilités et vous pourrez tout simplement chercher en allant par exemple sur le salon du Chapril dont l’adresse xmpp vous sera donnée dans un message de bienvenue et vous pourrez venir poser vos questions dans le salon. Il y a évidemment le salon JabberFR, on ne les oublie pas, et vous pourrez évidemment rejoindre le salon et poser des questions.<br/><br />
Généralement on est tous ouverts aux nouveaux, on aime bien aider, c’est un peu notre chose préférée.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Ce qu’il faut bien retenir de ces explications, tout à l’heure on parlait d’auto-hébergement, là il n’y a pas besoin de se dire je vais installer un serveur pour pouvoir rentrer dans ce réseau XMPP, on peut le faire si on a les compétences, mais beaucoup plus simplement on va sur un service qui propose déjà la création de compte, ça peut être jabberfr.org ou par exemple chapril.org et il y en a d’autres. La création de compte est très simple. Il y a, en plus, un accompagnement qui est fait avec de la documentation et, comme tu l’as dit, il y a aussi un groupe, un salon de discussion sur le Chapril, chapril.org, qui permet de retrouver d’autres personnes. C’est simple à faire. Mais la question qui vient après c’est : comment on retrouve les gens qui sont sur d’autres réseaux ? Est-ce qu’ils doivent se connecter sur le même service ? Comment fait-on concrètement ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Non, pas besoin du tout, il suffit de s’échanger des adresses comme pour des mails, finalement. Il faut voir la décentralisation de XMPP, qu’on appelle plutôt fédération dans ce cas-là, exactement comme le principe des e-mails. Vous donnez votre adresse à quelqu’un, il peut vous donner son adresse en échange et vous vous envoyez immédiatement des messages, quel que soit votre serveur ou votre service.<br/><br />
En fait il faut voir aussi peu la décentralisation du point de la gouvernance, ça va ensemble, moi je pense ça comme ça. Tout à l’heure on posait la question, effectivement chapril.org, jabberfr.org sont gouvernés par des associations à but non lucratif.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Et des gens sympas !<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Et de gens sympas, qu’il ne faut pas non plus prendre pour des chatons. Enfin, ce sont des chatons…<br/><br />
Il faut évidemment comprendre ça comme ça. Cette décentralisation permet d’avoir plus d’acteurs et de faire mieux son choix dans la confiance qu’on va apporter à son hébergement.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accords. Nicolas, Emmanuel, est-ce que vous voulez ajouter quelque chose.<br />
<br />
<b>Nicolas Vérité : </b>Emmanuel, vas-y.<br />
<br />
<b>Emmanuel Gil Peyrot : </b>Là-dessus je voudrais mentionner que JabberFR est aussi un chaton, comme Adrien le dit, et que, du coup, on aimerait que d’autres membres de ce Collectif rejoignent notre initiative, en fait, comme Chapril l’a fait par la suite et j’espère beaucoup d’autres <br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>On va juste rappeler le site Web du CHATONS, « CHATONSSS » comme dit Christian Pierre Momon c’est chatons.org, avec un « s », sur lequel vous allez trouver plein de services éthiques et libres. Certains chatons proposent des comptes XMPP, donc permettent de rejoindre la fédération XMPP.<br/><br />
Sur le salon web il y avait une question : est-ce que c’est possible de migrer d’un service à l’autre sans perte de données ? Est-ce que c’est facile faire ? Ce qui est magique c’est qu’il y a une réponse : « C’est aussi simple que de changer de fournisseur courriel, il faut prévenir ses contacts de cette nouvelle adresse », un petit peu comme tu l’expliquais tout à l’heure.<br/><br />
Je regarde le temps qui passe. Avant d’aborder les derniers sujets, notamment les mots de conclusion parce que ça file vite. J’avais quand même deux questions. Je crois qu’il y a deux types différents de public qui pourraient notamment se poser des questions par rapport à la problématique WhatsApp-Facebook, etc.<br/><br />
Première partie : la réaction de la plupart des personnes qui ont un compte WhatsApp, mais qui ont aussi un compte Facebook, j’en ai questionné quelque-unes qui disent : « On a déjà un compte Facebook, donc on n’est plus à ça près ! » Que répondez-vous à ces personnes quand on leur parle de la polémique WhatsApp, qu’elles ont bien vue, mais comme elles ont aussi un compte Facebook, elles disent : « On a déjà un compte Facebook, on n’est plus à ça près ». Adrien.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Je répondrais qu’on est toujours à quelque chose près. De toute façon, si on prend en compte que la surveillance est déjà maximale, s’arrêter à un moment ça veut dire que ce qu’on va faire dans le futur ne sera pas enregistré. Imaginons que, dans une hypothèse très étrange, j’aie actuellement un compte Facebook et que ça y est, là je m’arrête, je ferme mon compte Facebook. Ça veut dire que dans les quelques mois qui suivent je serai en tout cas moins surveillé. Peut-être que je vais faire une action qui n’aura pas été enregistrée et qui ne me vaudra pas d’avoir d’autres problèmes.<br/><br />
N’oublions pas que l’enregistrement des données personnelles par Facebook et ces acteurs-là qui sont évidemment soumis au CLOUD Act qui il a été rappelé sur le salon web, une loi américaine qui permet aux services de renseignement d’accéder, quasiment portes ouvertes, aux serveurs, n’oubliez que ces données sont accessibles rétroactivement. Imaginons qu’une dictature se mette en place dans quelques années et que toutes ces entreprises donnent sur un plateau d’argent toutes ces données personnelles, analysables rétroactivement, eh bien là on aura quelque chose à cacher et à regretter.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Sur cette question, en tout cas sur cette réaction que peuvent avoir certaines personnes est-ce que vous avez un commentaire Nicolas et/ou Emmanuel ?<br />
<br />
<b>Nicolas Vérité : </b>En fait, moi je remets la question dans l’autre sens : « Qu’est-ce que ça te coûte d’avoir trois applications de mail, trois applications de <em>chat</em> et trois applications de réseaux sociaux par exemple ? — Elles sont toutes gratuites. —Super ! Mais en fait tu payes avec tes données, tu payes avec ton intimité, avec tes relations avec tes gens proches. Est-ce que tu es prêt à conserver ça ? »<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>D’ailleurs ça me fait penser, on précise qu’aller sur XMPP ce n’est pas forcément quitter WhatsApp. Il y a des gens qui peuvent avoir plusieurs messageries instantanées en fonction de leurs groupes d’amis ou de leurs groupes professionnels. On peut très bien découvrir, d’ailleurs c’est un peu comme les chatons. On peut rejoindre des chatons pour utiliser des services comme le partage de fichiers, d’images ou d’agendas sans pour autant de tout abandonner de son côté. C’est important : sur son téléphone on peut avoir plusieurs applications en même temps.<br/><br />
Emmanuel, sur cette réaction qu’ont les gens qui ont à la fois un compte WhatsApp et Facebook, est-ce que tu voulais apporter un commentaire ?<br />
<br />
<b>Emmanuel Gil Peyrot : </b>Oui, bien sûr. Là-dessus je suis assez d’accord avec Nicolas sur le fait que ça coûte relativement peu d’avoir plusieurs applications. Mais j’ai trouvé beaucoup plus préférable, à une époque, par exemple avec MSM où, finalement, j’avais dit à toutes mes relations de venir sur XMPP, à l’époque sur JabberFR. J’avais, au final, trouvé ça beaucoup plus intéressant humainement. C’était un peu comme actuellement avec Facebook où on va avoir des centaines et des centaines d’amis avec qui on n’a pas forcément envie de partager toute sa vie privée. Et avoir une alternative pour eux, je veux dire pour les gens avec qui ont a vraiment envie de communiquer, je trouvais ça très intéressant.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Le temps file. Ça va être la dernière question, je vous avais prévenu avant de cette question et j’espère que vous avez préparé. Je vous précise, restez en ligne après, enfin écoutez la suite de l’émission parce que la chronique d’après est aussi consacrée à ce sujet-là, mais je ne sais pas du tout ce que Luk va raconter, j’espère qu’il aura écouté l’émission pour éventuellement en tenir compte.<br/><br />
On a parlé de beaucoup de choses, on a employé plein de mots clés, même s’il y a les références sur april.org et causecommune.fm, en moins de deux minutes chacun, quels sont pour vous les éléments clés à retenir, que vous voulez faire passer.<br/><br />
On va commencer par Emmanuel Gil Perrot.<br />
<br />
<b>Emmanuel Gil Peyrot : </b>Garder le contrôle de nos données, de nos communications au final ce n’est pas si compliqué que ça, C’est vraiment quelque chose que je conseille à tout le monde. Par pas si compliqué que ça, je veux dire pas plus compliqué, au final, que d’utiliser WhatsApp. XMPP demande carrément même moins de données, par exemple on n’a même pas besoin de donner son numéro de téléphone pour l’utiliser.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>D’accord. Merci Emmanuel.<br/><br />
Nicolas Vérité.<br />
<br />
<b>Nicolas Vérité : </b>Pour moi, j’ai mis des mots clés : liberté, indépendance, ouverture, pérennité et écologie dans une certaine mesure.<br/><br />
Liberté pourquoi ? Parce qu’on peut choisir son <em>provider</em>, son fournisseur de service. On peut héberger son propre service, on peut choisir son client.<br/><br />
Indépendance des grands, des géants de la tech qu’ils soient américains, chinois ou russes.<br/><br />
Ouverture de ce protocole de communication, un moyen de communication qui garantit le mot clé suivant c’est la pérennité de ce protocole. Il existe déjà depuis deux décennies et il va continuer.<br/><br />
Pourquoi je dis écologie à la fin ? Parce qu’en fait on réutilise du code et des savoirs qui ont été exploités depuis longtemps, qui ont été mis à jour, revus depuis longtemps. En fait, on ne gâche pas de l’énergie à faire de nouvelles choses qui ont déjà été inventées ailleurs.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Merci Nicolas. En tout cas on sent le professionnel qui prépare bien.<br/><br />
Donc la pression sur Adrien Bourmault pour les deux minutes de conclusion.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Je dirais qu’il faut retenir c’est qu’il y a des alternatives à WhatsApp, des alternatives qui ne sont pas forcément celles auxquelles on s’attend, évidemment. Bien qu’elles ne soient pas toutes parfaites, ça dépend de ses goûts, de son réseau. Il y a évidemment un prix à payer pour la liberté.<br/><br />
Je dirais que Signal est une solution, mais elle n’est pas parfaite. C’est mieux que WhatsApp, mais on peut aller encore plus loin.<br/><br />
Si on est capable de faire plus alors il faut aller voir du côté de XMPP ou de Jami, on n’en a pas parlé pendant l’émission, mais Jami est un protocole qui est aussi décentralisé, disons dans une dimension un peu supérieure, le but étant d’aller jusqu’au pair à pair, mais ça demande encore un peu plus de technique, de savoir.<br/><br />
En fait, l’alternative qu’on va choisir va dépendre de nos compétences et de ce qu’on a envie de faire, de ce qu’on a envie de se donner comme moyens. Il y a forcément des moyens de se libérer à différentes échelles et je pense, comme le disait RMS, Richard Matthew Stallman, que chaque pas vers le Libre est important.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Merci Adrien.<br/><br />
Je vais préciser pour les personnes qui voudraient faire un pas supplémentaire vers le Libre, les deux sites de référence chapril.org sur lequel vous retrouverez un certain nombre de services dont la création de comptes XMPP et jabberfr.org si vous voulez un autre fournisseur de comptes XMPP. Toutes les autres références sont sur le site de l’April et sur le site de la radio, donc april.org et causecommune.fm.<br/><br />
Je remercie Adrien Bourmault, Emmanuel Gil Peyrot, Nicolas Vérité pour ce bel échange et je pense qu’on abordera à nouveau ce sujet évidemment dans d’autres émissions.<br/><br />
Je vous précise que le sujet d’après, la chronique, est consacrée à la messagerie instantanée, je ne sais pas ce que Luk va raconter.<br/><br />
En tout cas je vous remercie et je vous souhaite de passer une belle fin de journée et à bientôt.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Merci beaucoup.<br />
<br />
<b>Nicolas Vérité : </b>Merci.<br />
<br />
<b>Emmanuel Gil Peyrot : </b>Merci beaucoup Fred.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>On va faire une pause musicale.<br />
<br />
[Virgule sonore]<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons faire une pause musicale. On va changer d’artiste. On va passer de la Norvège à la Finlande. Nous allons écouter <em>Sylvan Waltz</em> par Otto Halmén. On se retrouve dans deux minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.<br />
<br />
<b>Pause musicale : </b><em>Sylvan Waltz</em> par Otto Halmén.<br />
<br />
<b>Voix off : </b><br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous venons d’écouter <em>Sylvan Waltz</em> par l’artiste Otto Halmén. Ce morceau est disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By. Le site de l’artiste c’est ottohalmen.bandcamp.com. Vous retrouverez les références sur le site de la radio, causecommune.fm, sur le site de l’April, april.org, car vous écoutez toujours l’émission <em>Libre à vous !</em> sur radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM et en DAB+ en Île-de-France et partout dans le monde sur causecommune.fm.<br />
<br />
Nous allons passer à notre sujet suivant.<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==Chronique « La pituite de Luk » intitulée « Elon Musk, Signal et moi »==<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Nous allons poursuivre par la chronique « La pituite de Luk » qui va apparemment porter sur un sujet proche de celui qu’on vient d’aborder parce que le titre que Luk m’a envoyé c’est « Elon Musk, Signal et moi ».<br/<br />
Luk, c’est à toi.<br />
<br />
<b>Luk : </b>Oui Fred. Désolé, il va falloir faire vite, j’ai une partie de Jacques à dit en cours. Tu comprendras que je n’avais pas le temps de venir au studio, j’ai des trucs sérieux à faire !<br/><br />
Enfin Jacques a dit, le truc du moment c’est plutôt « Elon a dit ». Récemment Facebook a donc décidé de changer les conditions d’utilisation de WhatsApp. Alors Elon Musk a dit : « Use signal » et tout le monde a suivi !<br/><br />
Le truc fabuleux là-dedans c’est qu’en fait ça fait déjà trois ans que WhatsApp récupère une « terachiée » de données personnelles et les mixe avec celles de Facebook. Le seul truc qui change est que l’option de refus, bien cachée dans le menu de configuration, va être supprimée. J’ai du mal à croire que tous les gens qui migrent vers du Libre savaient vraiment ce qu’ils lâchaient comme intimité à Facebook ou bien qu’ils avaient activé l’<em>opt-out </em>en 2017. L’Europe avait pourtant mis 110 millions de prunes à Facebook à cause de ça et le récent changement qui a fait réagir ne concerne pas, de toute façon, les Européens grâce au RGPD. Mais tout ça ne pèse rien face à Elon Musk qui a dit : « Use signal ». Deux mots ! Alors que nous, misérables militants libristes, avons passé des centaines heures à parler sur des stands, en conférences, à installer des distrib, à écrire des articles, à aider les gens sur des forums ! C’était donc ça le secret pour convaincre le plus grand nombre, il suffisait d’être l’homme le plus riche du monde. Avoir des arguments, c’est très surfait !<br />
<br />
Il faut quand même bien comprendre que la vie en société est une énorme partie de Jacques à dit. Livrée à elle-même, la masse fonce tout droit et ne réagit que si sa tête se fracasse contre le mur. Mais elle « panurge » aussi aux injonctions d’un gourou sans avoir besoin d’une raison tangible. Elle migre sur Signal juste parce qu’Elon l’a dit, tout en se moquant de la désillusion des supporters de Trump et de QAnon .<br/><br />
Summum de l’absurdité, la société Signal Advance, qui n’est pas l’éditeur de la messagerie éponyme et qui n’a même pas déclaré de chiffre d’affaires en 2019, a vu le cours de son action augmenter de 11 560 % avant de redescendre. Le pire c’est que les investisseurs ne sont même pas stupides, ils jouent juste à une super partie de Jacques a dit spéculative.<br/><br />
<br />
Récemment la fine fleur libriste a publié une tribune sur la nécessité d’une politique européenne fondée sur le Libre et qui serait menée par la France. Soyons sérieux, ça fait plus de 20 ans que les élites françaises regardent le train passer. La stratégie qui nous a donné le Minitel a échoué. Depuis, ils ont joué à « Bill a dit » puis « Steve a dit », maintenant c’est le tour d’Elon Musk de donner le ton. Ce qui change c’est que Musk ne fait pas sa fortune sur l’enfermement des utilisateurs de logiciels. Cette migration vers le Libre n’est pas une prise de conscience, c’est juste un coup de bol !<br />
<br />
Ce jeu social me fait penser à la façon dont les populations de souris ou de bactéries pullulent quand elles ont accès à une abondante source de nourriture. Jacques a dit : « Bouffons tout et copulons ! » Le surnombre épuise la ressource au-delà de sa capacité de renouvellement, la famine s’installe. Jacques a dit : « Crevons de faim ». Si la source de nourriture parvient à se reconstituer une nouvelle explosion démographique s’enclenche et le cycle recommence.<br />
<br />
Elon Musk, lui, envoie une voiture dans l’espace, fume des pétards, vend son non lance-flammes et parvient à faire rêver en affirmant qu’il sauvera une infime minorité de l’humanité en l’envoyant sur Mars pendant que le reste du monde agonisera sur Terre. Et ça marche !<br/><br />
Je constate qu’à l’heure où la Sibérie se transforme en gigantesque bourbier qui relâche des quantités terrifiantes de méthane dans l’atmosphère, que ni Musk, ni les libristes visionnaires ne font vraiment mieux que les bactéries. C’est d’ailleurs mon explication au paradoxe de Fermi. Les extra-terrestres nous ignorent parce que nous sommes une intelligence incapable de prendre son évolution en main. En cela nous sommes aussi insignifiants que le premier micro-organisme venu.<br/><br />
Puisque c’est là notre nature, allons-y gaiement ! Parler à la radio c’est aussi vouloir jouer.<br/><br />
Maintenant que je sais qu’il faut être l’homme le plus riche du monde pour se faire entendre, j’en appelle au sens du devoir des vrais libristes qui nous écoutent. Luk a dit : « Faites de moi un homme indécemment pété de thune pour faire avancer la cause. Envoyez des lingots d’or s’il vous plaît, ça prendra moins de place pour que je les range sous mon lit ».<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Luk, je te promets que si tu viens au studio la prochaine fois il y aura des lingots d’or. On sera peut-être confinés la prochaine fois, je ne sais pas.<br/><br />
Je précise, je crois que tu as déjà abordé ce sujet dans un Décryptualté, ce qui me donne l’occasion de dire que chaque lundi soir, au pire le mardi matin, avec ton camarade Manu, tu nous fais pendant 15 minutes un décryptage de l’actualité. On retrouve les podcasts sur april.org. Ça dure une quinzaine de minutes. Je crois que tu as récemment abordé ce sujet avec Manu.<br />
<br />
<b>Luk : </b>Oui.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Adrien tu voulais éventuellement réagir. Je crois que Adrien Bourmault, qui intervenait dans le sujet précédent, voulait éventuellement réagir rapidement. On rallume son micro. Vas-y<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Ce qu’il est surtout important à retenir c’est qu’il y a bien une incidence quand même sur les citoyens européens. Il ne faut pas oublier que bien que le RGPD existe il ne protège pas complètement, il est insuffisant. Le RGPD ne demande qu’à avoir un consentement libre et éclairé, qui est d’ailleurs tout à fait relatif, pour le traitement commercial des données personnelles, mais il n’empêche pas le traitement des données personnelles. Dans le cas de WhatsApp, les changements qui ont été faits, c’est-à-dire le fait d’empêcher de pouvoir désactiver le partage des données avec Facebook et le fait de rendre plus claires les conditions, donc de bien lister ce qui est partagé avec Facebook, est effectif et ça marche en Europe. Les citoyens européens, notamment français, sont visés par ces changements. Aujourd’hui un citoyen français ne pourra plus empêcher le partage avec Facebook de ses données personnelles, notamment listes de contacts, métadonnées de messages et, normalement pas le contenu puisqu’il est chiffré.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Là tu la ramènes moins Luk !<br />
<br />
<b>Luk : </b>J’attends les sous !<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Tu attends les sous pour t’acheter des pétards et fumer à la radio comme Elon Musk ?<br />
<br />
<b>Luk : </b>Si j’ai l’argent, je n’ai plus besoin d‘avoir des arguments. Ce sera totalement superflu.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Effectivement. C’est vrai que l’appel d’Elon Musk a été impressionnant. Pour les personnes qui veulent la référence sur les pétards je pense que vous cherchez sur un moteur de recherche. De mémoire c’est une interview d’Elon Musk à la radio américaine où ça fumait beaucoup de pétards. Je rappelle qu’en France, évidemment nous ne pouvons pas le faire parce que c’est interdit et, en plus, le CSA nous surveille.<br/><br />
Luk, je te remercie. J’espère peut-être te voir un jour au studio parce que, effectivement, ça fait quand même deux ans maintenant que tu fais cette chronique et on ne t’a jamais vu au studio. En fait, je doute même de ton existence des fois.<br />
<br />
<b>Luk : </b>Moi-même je doute de mon existence !<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>En tout cas merci Luk. C’était « La pituite de Luk » qui fait aussi, comme je le disais tout à l’heure, le Décryptualité qui est publié chaque lundi soir, un podcast de 15 minutes de décryptage de l’actualité du logiciel libre et des libertés informatiques, avec son camarade Manu.<br/><br />
Luk, je te souhaite une belle fin de journée et à bientôt.<br />
<br />
<b>Luk : </b>Salut tout le monde.<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Ciao.<br/><br />
On va passer aux annonces de fin. <br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l'April et le monde du Libre==<br />
<br />
<b>Frédéric Couchet : </b>Les annonces de fin.<br/><br />
Comme chaque jeudi, enfin je suppose, ma collègue va le préciser, la réunion du groupe Sensibilisation de l’April se réunit en ligne de 17 heures 30 à 19 heures 30, accueil à partir de 17 heures 15. C’est une réunion ouverte à toute personne qui souhaite travailler. Le groupe travaille actuellement sur le jeu de plateau coopératif, pédagogique, le Jeu du Gnou. Toutes les informations sont sur le site de l’April, april.org.<br/><br />
Le même soir il y a une Soirée de Conversations autour du Libre, également en ligne, proposé par nos amis de Parinux à partir de 21 heures, ce sera beaucoup plus technique parce que ça va parler de Proxmox. Le Libre est pour tout le monde ! C’est une solution d’hyperviseur libre basé sur Debian qui émule, pourquoi je lis ça, en fait c’est incompréhensible !, c’est quelque chose de vraiment très technique, si vous voulez mettre un environnement qui permet de virtualiser, c’est-à-dire, comment on pourrait explique virtualisation simplement ?, je crois qu’on va oublier. Si ça vous intéresse vous allez simplement sur parinux.org, c’est assez technique, c’est Proxmox, donc solution d’hyperviseur libre. En tout cas ces Soirées de Conversations autour du Libre ont lieu chaque jeudi à partir de 21 heures, l’accueil est à partir de 20 heures 30 et ça utilise BigBlueButton pour la solution de visioconférence.<br/><br />
Côté April, je crois que c’est Jitsi qui est utilisé comme serveur de visioconférence et vous pouvez trouver sur CHATONS, chatons.org, des structures qui proposent des services de visioconférence que vous pouvez utiliser.<br/><br />
Nos amis de Wikipédia ont fêté récemment leur 20 ans, donc Internet qui est un outil avant tout de partage et de mise en relation d’êtres humains a favorisé les pratiques de partage et Wikipédia en est un magnifique exemple. Donc félicitations et merci aux contributrices et contributeurs de Wikipédia. Si vous voulez en savoir plus sur Wikipédia, notamment un petit peu les coulisses, je vous renvoie aux émissions <em>Libre à vous !</em> du 5 mars et du 9 avril 2019 avec Pierre-Yves Beaudouin et Nadine Le Lirzin. Les podcasts sont disponibles sur april.org et sur causecommune.fm. Vous pourrez apprendre plein de choses sur comment fonctionne Wikipédia. Donc deux émissions et peut-être qu’on aura l’occasion d’en refaire une au cours de l’année pour voir un petit peu les évolutions.<br/><br />
Vous pouvez trouver tous les autres évènements sur l’Agenda du Libre, agendadulibre.org, car même en période actuelle où effectivement les évènements sont réduits, il y a des évènements en ligne qui vous permettent de contribuer, qui vous permettent peut-être même de contribuer plus facilement, parce que vous pouvez participer à des évènements qui ont lieu partout en France voire dans le monde. <br/><br />
Je vous rappelle également que vous pouvez également laisser un message sur le répondeur de la radio si vous voulez réagir à l’un des sujets de l’émission, poser une question. N’hésitez pas à nous faire des retours. Le numéro du répondeur est 09 72 51 55 46.<br/><br />
Je vous rappelle également que l’émission, et plus globalement la radio, est contributive. Le sujet principal d’aujourd’hui c’est Adrien qui l’a proposé. Donc n’hésitez pas à proposer des sujets, des musiques, des personnes à inviter. Vous trouverez sur les sites april.org et causeconmmune.fm les différents moyens de nous contacter. Vous pouvez également contribuer aux autres actions de l’April ou aider la radio par un don bénévole ou par des actions bénévoles. En effet, l’April participe à cette belle aventure que représente Cause Commune. Cause Commune est une radio associative, la radio n’est constituée que de bénévoles, mais elle a besoin de soutiens financiers, notamment pour payer les frais matériels, ne serait-ce que la location du studio, la diffusion sur la bande FM, les serveurs. Donc nous vous encourageons à aider la radio en faisant un don. Toutes les infos sont sur le site causecommune.fm. Vous pouvez aussi aider en consacrant du temps et vous pouvez également proposer des idées d’émission, la grille de Cause Commune n’est pas totalement remplie, n’hésitez pas à proposer des idées d’émission. Vous allez sur causecommune.fm et vous pouvez entrer en contact avec les responsables.<br />
<br />
Notre émission se termine.<br/><br />
Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission du jour : Éric Fraudain, Luk, Adrien Bourmault, Nicolas Vérité, Emmanuel Gil Peyrot.<br/><br />
Aux manettes de la radio aujourd’hui ma collègue Isabella Vanni.<br/><br />
Merci également à l’équipe qui s’occupe de la post-production des podcasts : Samuel Aubert, Élodie Déniel-Girodon, Olivier Humbert, Lang1, Sylvain Kuntzmann, Olivier Grieco, Quentin Gibeaux, beaucoup de personnes, mais elles ne travaillent pas toutes sur le même podcast, elles se relaient.<br />
<br />
Vous pouvez trouver sur le site web de l’April, april.org, une page avec toutes les références utiles ainsi que sur le site de la radio, causecommune.fm. N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu mais aussi des points d’amélioration. Vous pouvez également nous poser toute question, nous y répondrons directement ou lors d’une prochaine émission.<br />
<br />
Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission du jour.<br/><br />
Si vous avez aimé cette émission n’hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous. Faites également connaître la radio Cause Commune, la voix des possibles.<br />
<br />
La prochaine émission aura lieu en direct le 2 février 2021 à 15 heures 30. Notre sujet principal portera normalement sur l’engagement pour le logiciel libre de Télécom Saint-Étienne, une école d’ingénieurs.<br />
<br />
Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi 2 février et d’ici là, portez-vous bien.<br />
<br />
<b>Générique de fin d'émission : </b><em>Wesh Tone</em> par Realaze.</div>Neoxhttps://wiki.april.org/index.php?title=Discours_de_Richard_Stallman_%C3%A0_l%27occasion_des_35_ans_de_la_FSF&diff=91269Discours de Richard Stallman à l'occasion des 35 ans de la FSF2021-01-07T16:27:15Z<p>Neox : Petite typo</p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Transcriptions]]<br />
<br />
'''Titre :''' Intervention de Richard Stallman à l'occasion des 35 ans de la <em>Free Software Foundation</em><br />
<br />
'''Intervenant :''' Richard Matthew Stallman<br />
<br />
'''Lieu :''' <em>Free Software Foundation</em>, Boston USA<br />
<br />
'''Date :''' 9 octobre 2020<br />
<br />
'''Durée :''' 11 min 56<br />
<br />
'''[https://framatube.org/videos/watch/d4aab174-50ca-4455-bb32-ed463982e943 Visualiser la vidéo : <em>A prerecorded message from RMS by FSF founder Richard Stallman</em>]'''<br />
<br />
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]<br />
<br />
'''Illustration :'''<br />
<br />
'''NB :''' <em>transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.<br/><br />
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.</em> <br />
<br />
Transcrit et traduit par Adrien Bourmault (neox)<br />
<br />
==Transcription==<br />
<br />
Hello, I'm Richard Stallman. <br />
<br />
37 years ago, I launched the development of the GNU operating system. The aim was to develop a complete operating system including applications and utilities as well as the basic core, so that users would be able to do all their computing without ever running a non-free program. They would be able to do all their computing in freedom.<br/><br />
35 years ago, I launched the Free Software Foundation to raise funds to support GNU development. Of course nowadays, the Free Software Foundation does other things to support free software and the free software movement, in addition to supporting the development of GNU. <br />
<br />
37 years ago the way you did computing was by loading programs into your computer: applications, utilities, games, and so on and each of these programs was at least somewhat general purpose. So a text editor would let you add text for any use whatsoever or a file transfer program would let you transfer files to any machine for whatever purpose it might be and so all we had to develop was these general-purpose programs and people could do whatever they wanted to do.<br/><br />
Then about 30 years ago the World Wide Web began. It was some years before we had a free graphical browser. But once we did people could use all sorts of websites and what you did with the website it was you accessed information. You just looked at it or you downloaded it and you navigated around in it and once browsers could do these things, they would work with any website, but companies started pressuring to get more control over users browsers and what they did for or to the user. They converted browsers into platforms for sending a computer program to run directly for the user and these programs came straight out of someone else's website and they ran which is not a wise way to do things.<br/> <br />
Well now we have to pressure websites to please, allow everything to work if the user doesn't run JavaScript code or at least make the JavaScript code free software, so users are not running non-free software and we have to build up community practices of making modified versions or patches for you to use on the JavaScript that comes from websites. We have to pressure the websites to keep their interfaces stable so that these things don't have to be changed over and over so that users can get control over what's happening when they point their browsers websites.<br/> <br />
The next big problem in Computing came with smartphones because the companies that made them encouraged every organization to make its own app. These apps were all proprietary and the result was we can't possibly replace those millions of apps. We have to try to persuade organizations to let people connect through websites. At least that's something we can try to handle and we already know how you need to do it if we can. <br />
<br />
This year things have got worse again, covid-19 led social institutions to react by pushing people to do everything through non free apps and servers that mistreat people. I'm resisting this pressure. Absolutely 100%. I simply won't let any organization pressure me into running nonfree software: one way or another I refuse.<br/> <br />
Often I refuse by saying “I can't use that. Can we talk by phone? Is there some way I can mail you a check?” whatever it might be and I'm rather stubborn and persistent and creative in looking for ways to deal with organizations and not run non-free software. But unfortunately, there are many things. I just can't do: I can't participate in a class, I can't go to a lecture, I can't listen to a concert, I can't do quite a number of things but the most important thing is they'll generally offer some sort of alternative. You just have to look for one and try to invent one. However, this sort of resistance is not enough. <br />
<br />
What we want is to be able to participate in societies activities without running non-free software. This will require convincing many organizations to change, something that we have tried a little bit to do in the past but we've never succeeded on a wide scale. But now we must.<br/> <br />
The first stage is already happening. There are free programs that schools can use for their classes which replace things like Zoom or Google and Microsoft things. We need to start convincing classes to change and then convincing schools and school departments to change. Professor Sussman at MIT is teaching his classes using Jitsi. I know music teachers who were teaching their students using Jitsi some are starting to use BigBlueButton.<br/> <br />
The very beginnings have already been achieved their examples for others to follow. However, they're not entirely convenient yet. We need to make them a little more convenient but in parallel with that we need to organize: a major city public school tried using BigBlueButton for a class and was surprised that the results were very good. It was not merely as good as using Zoom. They got much better results that the children liked it better. So it would be really great if they publish the results. How we're going to convince them to publish the results that they got? I'm not completely sure, but we're just at the beginning of trying, but you see the kind of thing that we need to organize to do. <br />
<br />
In the meantime there ways you could personally resist: if a school wants you to use zoom see if the school will give you a phone number to call in with an ordinary phone to listen to the activity on zoom. In other words you can connect to a zoom presentation for audio only without running the zoom program or any other particular program. If you can get a copy of the video material or a recording of the video of the class, you could put that together with listening in the class. Ideally if you get the material in advance you could look at that while you're listening. And if you can't get it in advance, maybe you can find a friend in the class who's willing to point a camera per screen and send the video to you. And this way you can get the same results. At least it enables you not to run Zoom. And if you tell your classmates how you're avoiding running zoom and why it's important enough to you to go to this trouble, it will show them that there's something important here something that's important enough to you that you're willing to go to some trouble to avoid running these programs. You'll have a chance to tell them about ideas they haven't thought about before.<br />
Sometimes, other activities you do give you a chance to pressure others to use ethical Computing, so they can talk with you. I'm going to be giving a presentation this week, a remote presentation, using GNU Jami to communicate with the people attending. So, the people running the activity are going to communicate with me through Jami and then use other software to stream what's on the screen and that method makes it possible to use almost any communication system any free program that works for you. You can ask them to install and it will work for the presentation. When you give presentations you can say “Okay, I'll give this presentation but I don't want to do this through Zoom. Zoom is an unjust program. I don't want to be involved in treating the attendees unjustly and I don't want to be treated unjustly myself. So please use a different program when that's free.”<br />
<br />
The job we still have to do is enormous but we've already achieved an enormous amount. We have ramped up through many orders of magnitude. And now we have a couple more to do. We'll have to teach people the importance of freedom and fortunately the constantly increasing amount of computerized repression that's going on is going to help us get the point across. So let's get going. <br />
<br />
Happy hacking.<br />
<br />
===Traduction===<br />
<br />
Bonjour, je suis Richard Stallman. <br />
<br />
Il y a 37 ans, j'ai lancé le développement du système d'exploitation GNU. L'objectif était de développer un système d'exploitation complet comprenant des applications et des utilitaires ainsi que le cœur du système de base, afin que les utilisateurs puissent faire tout leur travail informatique sans jamais exécuter un programme non libre. Ils seraient ainsi capables de faire tout leur travail informatique en toute liberté.<br/><br />
Il y a 35 ans, j'ai lancé la <em>Free Software Foundation</em> [Fondation pour le logiciel libre] afin de collecter des fonds pour soutenir le développement de GNU. Bien sûr, aujourd'hui, la <em>Free Software Foundation</em> fait d'autres choses pour soutenir le logiciel libre et le mouvement du logiciel libre, en plus de soutenir le développement de GNU. <br />
<br />
Il y a 37 ans, on faisait de l'informatique en chargeant des programmes dans l'ordinateur : applications, utilitaires, jeux, etc., et chacun de ces programmes avait au moins un but assez général, chacun de ces programmes était au moins quelque peu général. Un éditeur de texte vous permettait d'ajouter du texte pour n'importe quel usage ; un programme de transfert de fichiers vous permettait de transférer des fichiers vers n'importe quelle machine, quel que soit son usage.<br/><br />
Puis, il y a environ 30 ans, le World Wide Web a vu le jour. C'était quelques années avant que nous n'ayons un navigateur graphique libre. Mais une fois que nous l'avons fait, les gens pouvaient utiliser toutes sortes de sites web et, avec le site web, ils accédaient à de l'information. Une fois que les navigateurs ont pu faire cela, ils fonctionnaient avec n'importe quel site web, mais les entreprises ont commencé à faire pression pour avoir plus de contrôle sur les navigateurs des utilisateurs et sur ce qu'ils faisaient pour ou à l'utilisateur. Elles ont converti les navigateurs en plates-formes permettant d'envoyer un programme informatique à exécuter directement pour l'utilisateur et ces programmes sont sortis directement du site web de quelqu'un d'autre et ils ont été exécutés, ce qui n'est pas une façon judicieuse de faire les choses.<br/><br />
Nous devons maintenant faire pression sur les sites web pour qu'ils laissent tout fonctionner si l'utilisateur n'exécute pas le code JavaScript ou, au moins, pour qu'ils en fassent un logiciel libre. Les utilisateurs n'exécutent donc pas de logiciels non libres et nous devons mettre en place des pratiques communautaires consistant à créer des versions modifiées ou des correctifs que vous pourrez utiliser sur le code JavaScript provenant des sites web. Nous devons faire pression sur les sites web pour qu'ils gardent leurs interfaces stables afin que ces choses ne soient pas modifiées à l'infini et que les utilisateurs puissent contrôler ce qui se passe lorsqu'ils visitent les sites web avec leur navigateur.<br />
<br />
Un nouveau problème est apparu en informatique avec les smartphones, car les sociétés qui les fabriquent ont encouragé chaque organisation à créer sa propre application. Ces applications étaient toutes propriétaires et le résultat était que nous ne pouvions pas remplacer ces millions d'applications. Nous devons essayer de persuader les organisations de laisser les gens se connecter par le biais de sites web. Au moins, c'est quelque chose que nous pouvons essayer de gérer et nous savons déjà comment vous devez le faire si nous le pouvons. <br />
<br />
Cette année, les choses ont encore empiré, la Covid-19 a amené les institutions sociales à réagir en poussant les gens à tout faire par le biais d'applications et de serveurs non libres qui maltraitent les gens. Je résiste à cette pression. Absolument à 100 %. Je ne laisserai tout simplement aucune organisation me pousser à utiliser des logiciels non libres ; d'une manière ou d'une autre, je refuse.<br/><br />
Souvent, je refuse en disant « Je ne peux pas utiliser ça. Peut-on se parler par téléphone ? » Quoi qu'il en soit, je suis plutôt têtu, persistant et créatif dans ma recherche de moyens de traiter avec les organisations et de ne pas utiliser de logiciels non libres. Malheureusement, il y a beaucoup de choses que je ne peux tout simplement pas faire : je ne peux pas participer à un cours, je ne peux pas aller à une conférence, je ne peux pas écouter un concert, je ne peux pas faire un certain nombre de choses, mais le plus important, c'est qu'ils offrent généralement une sorte d'alternative. Il suffit d'en chercher une et d'essayer d'en inventer une. Cependant, ce genre de résistance ne suffit pas.<br />
<br />
Ce que nous voulons, c'est pouvoir participer aux activités de la société sans utiliser de logiciels non libres. Il faudra pour cela convaincre de nombreuses organisations de changer, ce que nous avons un peu essayé de faire dans le passé mais que nous n'avons jamais réussi à faire à grande échelle. Mais maintenant, nous devons le faire.<br/><br />
La première étape est déjà en cours. Il existe des programmes libres que les écoles peuvent utiliser pour leurs cours et qui remplacent des choses comme Zoom ou Google et des choses de Microsoft. Nous devons commencer à convaincre les classes de changer et ensuite convaincre les écoles et les départements scolaires de changer. Le professeur Sussman, du MIT, donne ses cours en utilisant Jitsi. Je connais des professeurs de musique qui enseignent à leurs élèves en utilisant Jitsi ; certains commencent à utiliser BigBlueButton.<br/><br />
Les tout débuts ont déjà été réalisés ; ils servent d'exemple aux autres. Cependant, ils ne sont pas encore tout à fait pratiques. Nous devons les rendre un peu plus pratiques, mais, en parallèle, nous devons nous organiser : une grande école publique de la ville a essayé d'utiliser BigBlueButton pour une classe et a été surprise par les résultats. Ce n'était pas seulement aussi bon que l'utilisation de Zoom : ils ont obtenu de bien meilleurs résultats, ce que les enfants préféraient. Ce serait donc vraiment bien s'ils publiaient les résultats. Comment allons-nous les convaincre de publier les résultats qu'ils ont obtenus ? Je n'en suis pas tout à fait sûr, mais nous n'en sommes qu'au début de nos efforts, mais vous voyez le genre de chose à faire et nous devons nous organiser pour le faire.<br />
<br />
En attendant, il existe des moyens de résister personnellement : si une école veut que vous utilisiez Zoom, voyez si l'école vous donnera un numéro de téléphone à appeler avec un téléphone ordinaire pour écouter l'activité sur Zoom. En d'autres termes, vous pouvez vous connecter à une présentation Zoom pour l'audio uniquement sans avoir à lancer le programme Zoom ou tout autre programme particulier. Si vous pouvez obtenir une copie du verbatim vidéo ou un enregistrement de la vidéo de la classe, vous pouvez combiner cela avec l'écoute en classe. Idéalement, si vous obtenez le verbatim à l'avance, vous pouvez le regarder pendant que vous écoutez. Et si vous ne pouvez pas l'obtenir à l'avance, vous pouvez peut-être trouver un ami dans la classe qui est prêt à pointer une caméra sur son écran et à vous envoyer la vidéo. De cette façon, vous obtiendrez les mêmes résultats. Au moins, cela vous permet de ne pas lancer Zoom. Et si vous dites à vos camarades de classe comment vous évitez de lancer Zom et pourquoi il est important pour vous de vous donner ce mal, cela leur montrera qu'il y a quelque chose d'important ici, quelque chose qui est assez important pour vous pour que vous soyez prêt à vous donner du mal pour éviter de lancer ces programmes. Vous aurez l'occasion de leur parler d'idées auxquelles ils n'avaient pas pensé auparavant.<br/><br />
Parfois, d'autres activités que vous faites vous donnent l'occasion de faire pression sur les autres pour qu'ils utilisent l'informatique éthique, afin qu'ils puissent parler avec vous. Je vais faire une présentation cette semaine, une présentation à distance, en utilisant GNU Jami pour communiquer avec les personnes présentes. Ainsi, les personnes qui dirigent l'activité vont communiquer avec moi via Jami et ensuite utiliser d'autres logiciels pour diffuser en continu ce qui est à l'écran et cette méthode permet d'utiliser presque n'importe quel système de communication, n'importe quel programme libre qui fonctionne pour vous. Vous pouvez leur demander de l'installer et cela fonctionnera pour la présentation. Lorsque vous faites des présentations, vous pouvez dire « D'accord, je vais faire cette présentation, mais je ne veux pas la faire par le biais de Zoom. Zoom est un programme injuste. Je ne veux pas être impliqué dans le traitement injuste des participants et je ne veux pas être moi-même traité injustement. Alors, s'il vous plaît, utilisez un autre programme qui soit libre ».<br />
<br />
Le travail qu'il nous reste à faire est énorme, mais nous avons déjà accompli énormément de choses ; nous sommes passés par de nombreux ordres de grandeur ; maintenant, il nous en reste encore quelques-unes à faire. Nous devrons enseigner aux gens l'importance de la liberté et heureusement, la répression informatisée qui ne cesse de s'intensifier va nous aider à faire passer le message. Alors, allons-y. <br />
<br />
<em>Happy hacking</em>.</div>Neoxhttps://wiki.april.org/index.php?title=Chapril&diff=91033Chapril2020-12-11T21:41:01Z<p>Neox : </p>
<hr />
<div>{{Boite<br />
| titre = Bienvenue sur le sommaire du Wiki du groupe Chapril :-)<br />
| bordure = red | fond = lavender | flotte = center | couleurTitre = gold | largeur = 100%}}<br />
[[Fichier:chapril-logo-x90.png]]<br />
<br />
Cette page wiki est une zone de regroupement et d'organisation des travaux du groupe de travail Chapril.<br />
<br />
Page officielle du groupe de travail Chapril : https://www.april.org/groupes/chapril.<br />
<br />
Description wiki : [[Nomenclature_des_groupes_de_travail#Chapril]]<br />
<br />
Pages du groupe de travail Chapril : https://wiki.april.org/w/Cat%C3%A9gorie:Chapril<br />
<br />
La mise en place du Chapril s'est aussi faite par des mini-chantiers.<br />
<br />
Étude pour le [[Chapril:Logo|choix du logo]].<br />
<br />
N'hésitez pas à vous inscrire sur la [https://listes.april.org/wws/subscribe/chapril liste de diffusion du groupe de travail chapril de l'April ]<br />
<br />
{{BoiteFin}}<br />
<br />
{{Boite<br />
| titre=Évenements<br />
| bordure=orange<br />
| fond=lavender<br />
| flotte=left<br />
| couleurTitre=gold<br />
| largeur=49%}}<br />
* 09/02/2016 : lancement du projet Chatons : https://framablog.org/2016/02/09/chatons-le-collectif-anti-gafam/<br />
* Septembre 2016 : [[Chapril:201609 chaton ou non|discussions]] autour de la création d'un « chatons » april ou non<br />
* 11/10/2016 : inscription sur Chatons.org : https://chatons.org/fr/chaton/april<br />
* 11/2016 : création du [[Nomenclature_des_groupes_de_travail#Chapril|groupe de travail Chapril]]<br />
* 11/2016 : Édouard Dausque devient le premier responsable du groupe Chapril<br />
* 10-11/12/2016 : [[Chapril:20161210 Reflexion CHATONS |April camp inclus des discussions autour du projet chatons]]<br />
* 10/12/2016 : [https://www.lemonde.fr/pixels/article/2016/12/10/framasoft-des-chatons-armes-de-logiciels-libres-pour-contrer-google_5046752_4408996.html| le journal Le Monde annonce la décision de l'April]<br />
* 01/02/2017 : réservation du nom de domaine <nowiki>chapril.org</nowiki><br />
** https://agir.april.org/issues/1856<br />
** https://listes.april.org/wws/arc/chapril/2017-02/msg00002.html<br />
* 16/05/2017 : [[Chapril:20170516 Etude matériel chaton|Pré-réunion pour étude du matériel nécessaire pour initier le projet]]<br />
* 02-03-04/06/2017 : [https://photos.april.org/index.php?/category/180 Hackathon Chapril]<br />
* 24-26/11/2017 : [[Chapril:20171124 Adminsys Camp|Adminsys Camp]]<br />
* ??? : renommage de la liste de diffusion chaton@april.org en chapril@april.org<br />
* 05-06/05/2018 : [[Chapril:20180505|Adminsys camp]]<br />
** choix du logo Chapril<br />
* 27/05/2018 : [[Chapril:20180527 Reflexion CHATONS |Réflexions CHATONS]]<br />
* 01/11/2018 : [[Chapril:20181101 Chapril champ|Chapril Camp]]<br />
* 01/11/2018 : ouverture du Chapril en mode pilote<br />
* 08/11/2018 : ouverture officielle du Chapril<br />
* 02/12/2018 : réunion adminsys Chapril<br />
* 05/12/2018 : Quentin Gibeaux devient le nouveau responsable du groupe Chapril<br />
* 24/03/2019 : [[Chapril:2019-03-24:Atelier_AG_Camp | AG Camp, atelier Chapril, accueil de candidats animateurs]]<br />
* 24/04/2019 : réunion adminsys Chapril<br />
** validation de l'intégration d'un serveur Minetest par Paul-Clément<br />
** validation de l'intégration d'un serveur XMPP par Pitchum<br />
* 29/05/2019 : [[Chapril:2019-05-29-reunion sprint adminsys | réunion adminsys Chapril]]<br />
* 15&16/06/2019 : April camp Paris<br />
* 26/06/2019 : [[Chapril:2019-06-26-reunion sprint adminsys | réunion adminsys Chapril]]<br />
* 04/09/2019 : [[Chapril:2019-09-04-reunion sprint adminsys | réunion adminsys Chapril]]<br />
* 25/09/2019 : [[Chapril:2019-09-25-reunion sprint adminsys | réunion adminsys Chapril]]<br />
* 13/10/2019 : mise en ligne de la v2 de www.chapril.org \o/<br />
* 24/10/2019 : [[Chapril:2019-10-24-reunion CHATONS | réunion du collectif CHATONS]]<br />
* 30/10/2019 : [[Chapril:2019-10-30-reunion sprint adminsys | réunion adminsys Chapril]]<br />
* 01/11/2019 : [[Chapril:2019-11-01-camp_busterisation | camp bustérisation du Chapril]]<br />
* 16-17/11/2019 : [[Chapril:2019-11-16-capitole_du_libre | Capitole du libre à Toulouse (conférences, stand CHATONS, réunion CHATONS…)]]<br />
* 27/11/2019 : [[Chapril:2019-11-27-reunion sprint adminsys | réunion adminsys Chapril]]<br />
* 27/11/2019 : Christian P. MOMON devient le nouveau responsable du Chapril<br />
* 29/11/2019 : [[Chapril:Services:www#Favicon | un nouveau favicon Chapril (v2) par Antoine B.]]<br />
* 05/12/2019 : Laurent annonce sur chapril@april.org la pré-ouverture du service valise.chapril.org \o/<br />
* 07-08/12/2019 : [[Chapril:2019-12-07-april_camp | April camp à Paris]]<br />
* 20/12/2019 : annonce de la portée n°9<br />
* 27/12/2019 : Romain et Christian annoncent sur chapril@april.org la pré-ouverture du service drop.chapril.org \o/<br />
* 30/12/2019 : ouverture officielle du service valise.chapril.org sur chapril@april.org<br />
* 30/12/2019 : ouverture officielle du service drop.chapril.org sur chapril@april.org<br />
* 08/01/2020 : [[Chapril:2020-01-08-reunion sprint adminsys | réunion adminsys Chapril]]<br />
* 28/01/2020 : communication sur les deux nouveaux services :<br />
** [https://www.april.org/stockez-vos-fichiers-agendas-contacts-avec-nexcloud-notre-nouveau-service-libre-chapril publication d'un actu April sur drop.chapril.org ]<br />
** [https://www.april.org/stockez-vos-fichiers-agendas-contacts-avec-nexcloud-notre-nouveau-service-libre-chapril publication d'un actu April sur valise.chapril.org ]<br />
** [https://pouet.april.org/@aprilorg/103560906673052517 pouet sur valise.chapril.org]<br />
** [https://pouet.april.org/@aprilorg/103560898501897763 pouet sur drop.chapril.org]<br />
* 05/02/2020 : [[Chapril:2020-02-05-reunion sprint adminsys | réunion adminsys Chapril]]<br />
* 11/02/2020 : annonce nouveaux services dans l'émission ''Libre à vous !'' n°53<br />
* 13/02/2020 : réunion mensuelle CHATONS<br />
* 04/03/2020 : réunion mensuelle Chapril<br />
* 17/02/2020 : adoption de la v2 de la charte CHATONS : https://framagit.org/framasoft/CHATONS/issues/138#note_547427<br />
* 27/02/2020 : ouverture de la forge de l'April<br />
* 04/03/2020 : réunion mensuelle Chapril<br />
* 11/03/2020 : réunion mensuelle CHATONS<br />
* <del>22/03/2020 : atelier Chapril au week-end AGO April</del> week-end AG reporté<br />
* 08/03/2020 : ouverture officielle du service xmpp.chapril.org<br />
* 19/03/2020 : [https://agir.april.org/issues/4326 Réunion COVID19, pour parler stratégie CHATONS]<br />
* 20/03/2020 : ouverture officielle du service mumble.chapril.org<br />
* 01/04/2020 : réunion mensuelle Chapril<br />
* <del>05/04/2020 : conférence Chapril aux JDLL par Christian (Cpm)</del> JDLL 2020 annulées<br />
* 16/04/2020 : réunion mensuelle CHATONS<br />
* 06/05/2020 : réunion mensuelle Chapril<br />
* 13/05/2020 : réunion mensuelle CHATONS<br />
* 21/05/2020 : début analyse candidatures 10e portée CHATONS<br />
* 23/05/2020 : pré-ouverture du service visio.chapril.org<br />
* 10/06/2020 : Hurdman devient animsys de pad.chapril.org et minetest.chapril.org<br />
* 03/06/2020 : réunion mensuelle Chapril<br />
* 11/06/2020 : réunion mensuelle CHATONS<br />
* 21/06/2020 : annonce 10e portée CHATONS<br />
* 02/07/2020 : ouverture officielle du service XMPP, [https://www.april.org/une-messagerie-instantanee-xmpp-notre-nouveau-service-chapril actualité April]<br />
* 02/07/2020 : ouverture officielle du service visio.chapril.org, [https://www.april.org/visioconference-simple-et-securisee-notre-nouveau-service-chapril actualité April] <br />
* 02/07/2020 : réunion mensuelle Chapril<br />
* 15/07/2020 : [https://agir.april.org/issues/4547 réunion mensuelle CHATONS]<br />
* 13/08/2020 : [https://agir.april.org/issues/4647 réunion mensuelle CHATONS]<br />
* 01/09/2020 : réunion mensuelle Chapril<br />
* 30/10/2020 : intégration des nouveaux animsys PhilippeA et Tykayn<br />
* 27-28-29/11/2020 : camp adminsys<br />
* 28/11/2020 : intégration du nouvel animsys Neox<br />
* 30/11/2020 : pré-ouverture du service forge.chapril.org<br />
* 01/12/2020 : pré-ouverture du service benevalibre.chapril.org<br />
* 02/12/2020 : réunion mensuelle Chapril<br />
* 08/12/2020 : ouverture officielle du service benevalibre.chapril.org<br />
<br />
{{BoiteFin}}<br />
<br />
{{Boite <br />
| titre=Liens pratiques<br />
| bordure=orange<br />
| fond=lavender<br />
| flotte=right<br />
| couleurTitre=gold<br />
| valign=top<br />
| largeur=49%}}<br />
* [https://www.chapril.org/ Page d’accueil Chapril]<br />
* [https://status.chapril.org Status des services Chapril]<br />
* [https://agir.april.org/projects/chapril Projet Chapril sur agir]<br />
* [https://admin.chapril.org Documentation AdminSys Chapril]<br />
* [https://listes.chapril.org Gestionnaire les listes Chapril]<br />
* [[Chapril:services:candidats | Services candidats au Chapril]]<br />
* [[Chapril:services:Plan d'intégration d'un nouveau service | Plan d'intégration d'un nouveau service]]<br />
* [[Chapril:services:comparatif_voip | Comparatif de solution VOIP]]<br />
{{BoiteFin}}<br />
<br />
{{Boite <br />
| titre=Services Chapril<br />
| bordure=orange<br />
| fond=lavender<br />
| flotte=right<br />
| couleurTitre=gold<br />
| valign=top<br />
| largeur=49%}}<br />
Services infra :<br />
* admin.chapril.org ;<br />
* grafana.chapril.org ;<br />
* icinga.chapril.org ;<br />
* listes.chapril.org ;<br />
* statistiques.chapril.org ;<br />
* [[Chapril:Services:status|status.chapril.org]].<br />
* [[Chapril:Services:www|www.chapril.org]].<br />
<br />
Services actifs :<br />
* [[Chapril:Services:benevalibre|benevalibre.chapril.org]] ;<br />
* [[Chapril:Services:date|date.chapril.org]] ;<br />
* [[Chapril:services:drop|drop.chapril.org]] ;<br />
* [[Chapril:Services:forge|forge.chapril.org]] ;<br />
* [[Chapril:Services:mobilizon|mobilizon.chapril.org]] ;<br />
* [[Chapril:services:mumble|mumble.chapril.org]] ;<br />
* [[Chapril:Services:pad|pad.chapril.org]] ;<br />
* [[Chapril:Services:paste|paste.chapril.org]] ;<br />
* [[Chapril:Services:pouet|pouet.chapril.org]] ;<br />
* [[Chapril:services:valise|valise.chapril.org]] ;<br />
* [[Chapril:services:visio|visio.chapril.org]] ;<br />
* [[Chapril:Services:xmpp|xmpp.chapril.org]].<br />
<br />
Services en préparation :<br />
* [[Chapril:Services:kanban|kanban.chapril.org]] ;<br />
* [[Chapril:Services:minetest|Minetest]] ;<br />
* [[Chapril:Services:libreofficeonline|LibreOfficeOnline]] ;<br />
* [[Chapril:Services:formulaire|Formulaire]].<br />
<br />
Services en recherche d'animateur :<br />
* Scrumble ;<br />
* Framapic ;<br />
* Tiny RSS ;<br />
* Wallabag ;<br />
* …<br />
<br />
{{BoiteFin}}<br />
<br />
[[Category:Chapril|Chapril]]<br />
[[Catégorie:Groupe_de_travail]]</div>Neoxhttps://wiki.april.org/index.php?title=Chapril:services:xmpp&diff=91032Chapril:services:xmpp2020-12-11T21:40:35Z<p>Neox : </p>
<hr />
<div>[[Category:Chapril]]<br />
{{Boite<br />
| titre = xmpp.chapril.org<br />
| bordure = red | fond = lavender | flotte = center | couleurTitre = gold | largeur = 100%}}<br />
* Page : https://xmpp.chapril.org<br />
* Animateurs : pitchum et Adrien Bourmault (neox)<br />
* Support utilisateur : xmpp-support@chapril.org<br />
* Agir : https://agir.april.org/projects/xmpp<br />
* Projet source : https://github.com/processone/ejabberd<br />
* Documentation admin : https://admin.chapril.org/doku.php?id=admin:services:xmpp.chapril.org<br />
{{BoiteFin}}<br />
<br />
<br />
<br />
Notes :<br />
<br />
* ouverture du service : janvier 2020, avec serveur ejabberd<br />
* [[Chapril:services:xmpp:comparatif2019]]<br />
* [[Chapril:services:xmpp:choix nom]]</div>Neoxhttps://wiki.april.org/index.php?title=Libre_%C3%A0_vous_!_Radio_Cause_Commune_-_Transcription_de_l%27%C3%A9mission_du_1er_d%C3%A9cembre_2020&diff=90948Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 1er décembre 20202020-12-03T19:29:11Z<p>Neox : L'application se nomme Conversations</p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Transcriptions]]<br />
<br />
'''Titre :''' Émission <em>Libre à vous !</em> diffusée mardi 1er décembre 2020 sur radio Cause Commune<br />
<br />
'''Intervenant·e·s :''' Béatrice Pradillon - Marie-Odile Morandi - Laurent Costy - Christian-Pierre Momon - Adrien Bourmault - Jean-Christophe Becquet - Étienne Gonnu - Isabella Vanni à la régie<br />
<br />
'''Lieu :''' Radio Cause Commune<br />
<br />
'''Date :''' 1er déCembre 2020<br />
<br />
'''Durée :''' 1 h 30 min<br />
<br />
'''[https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/backups/output-2020-12-01-15h29.mp3 Écouter ou enregistrer le podcast PROVISOIRE]''' <br />
<br />
[https://www.april.org/libre-a-vous-diffusee-mardi-1er-decembre-2020-sur-radio-cause-commune Page des références utiles concernant cette émission]<br />
<br />
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]<br />
<br />
'''Illustration :'''<br />
<br />
'''NB :''' <em>transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.<br/><br />
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.</em><br />
<br />
==Transcription==<br />
<br />
<b>Voix off : </b><em>Libre à vous !</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Bonjour à toutes. Bonjour à tous.<br/><br />
« Au cœur de l’April (dé)confinée », c’est le sujet principal de l’émission du jour. Également au programme les résultats du label Territoire Numérique Libre 2020 et aussi la chronique Pépites libres de Jean-Christophe aujourd’hui sur le jeu La sagesse et/ou folie des foules.<br/><br />
Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.<br />
<br />
Vous êtes sur la radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 en Île-de-France et en DAB+ et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.<br/><br />
<br />
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de <em>Libre à vous !</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Étienne Gonnu chargé de mission affaires publiques pour l’April.<br/><br />
Le site web de l’April c’est april.org, vous pouvez y trouver une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou nous poser toute question.<br />
<br />
Nous sommes mardi 1er décembre 2020, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.<br />
<br />
À la réalisation de l’émission aujourd’hui ma collègue Isabella Vanni. Bonjour Isa.<br />
<br />
<b>Bonjour Isabella : </b>Bonjour Étienne.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Si vous voulez réagir, poser une question pendant ce direct, n’hésitez pas à nous contacter. Pour ce faire vous pouvez vous connecter sur le salon web de la radio. Pour cela rendez-vous sur le site de la radio, causecommune.fm, cliquez sur « chat » et retrouvez-nous ensuite sur le salon dédié à l’émission. Vous pouvez aussi participer à nos échanges en appelant le 09 72 51 55 46, vous retrouverez le numéro sur le site de la radio.<br />
<br />
Nous vous souhaitons une excellente écoute.<br />
<br />
Nous allons passer au premier sujet.<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==Les résultats de l’édition 2020 du label Territoire Numérique Libre (TNL).==<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons commencer, comme je vous le disais, par parler des résultats du label Territoire Numérique Libre, le label TNL, édition 2020, dont la remise des prix a eu lieu ce matin, à distance bien sûr, étant donné le contexte sanitaire.<br/><br />
J’ai le plaisir de recevoir par téléphone normalement Béatrice Pradillon, responsable communication de l’Adullact . Bonjour Béatrice.<br />
<br />
<b>Béatrice Pradillon : </b>Bonjour Étienne.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Béatrice, première question très simple : est-ce que tu pourrais déjà nous rappeler ce qu’est l’Adullact et l’objet de ce label ?<br />
<br />
<b>Béatrice Pradillon : </b>Tout à fait. Déjà merci pour l’invitation. L’Adullact c’est l’Association des développeurs et utilisateurs de logiciels libres dans les administrations et collectivité territoriales, qui existe depuis 2002, donc on a 18 ans, on est majeurs cette année. Notre cœur de métier ce sont les collectivités et les services publics. On s’adresse vraiment à eux et notre activité, on va dire, c’est de conseiller les collectivités, de les aider à coordonner leurs actions en ce qui concerne le développement des logiciels libres métier.<br/><br />
Il y a quelques années on a eu l’idée toute simple, en réponse à d’autres labels existant comme les labels Ville ou Village Fleuri, Villes Internet que tout le monde connaît, et on s’est dit pourquoi ne pas créer un label qui, en fait, récompense, fait la promotion des initiatives des collectivités en faveur des logiciels libres et des licences ouvertes. Partant de là on a constitué à la fois un comité d’organisation autour de nous avec différents acteurs du Libre et des services publics, bien sûr l’Adullact, l’April, l’Aful, l’association Déclic, le cluster Naos en Nouvelle-Aquitaine [Nouvelle-Aquitaine open source] et en représentant des collectivités, la commune de Saint-Martin-d’Uriage qui était d’ailleurs partante depuis le début pour nous accompagner.<br/><br />
Depuis on a été également soutenus par d’autres structures, mais l’idée c’était de créer un label pour vraiment permettre aux collectivités à la fois d’auto-évaluer leur démarche en faveur du Libre, mais aussi de récompenser vraiment les projets libres et de les faire connaître aux autres collectivités.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Merci pour cette présentation très claire. Effectivement, comme l’as dit, l’April est membre de ce jury depuis le début on a tout de suite souhaité soutenir cette initiative. Pareil, on pense qu’il est important de faire du lien, on sait que la communication, communiquer sur les initiatives vertueuses est quelque chose d’important.<br/><br />
Là c’est le TNL 2020, ça fait depuis 2016, donc c’est la cinquième édition. Est-ce que tu peux peut-être nous rappeler comment ce label fonctionne ? Tu as parlé d’un jury. On peut dire aussi que derrière il y a un questionnaire. Est-ce que tu peux nous donner plus de détails sur comment fonctionne, tout simplement, ce label, de la candidature au résultat ?<br />
<br />
<b>Béatrice Pradillon : </b>En fait, c’est un label qui fonctionne de manière annuelle. En général on a une campagne de candidatures qui démarre un petit peu avant l’été, à la fin du printemps.<br/><br />
Les collectivités ont un formulaire en ligne qu’elles doivent renseigner. Il y a cinq grandes thématiques : la stratégie ; l’interopérabilité et l’accessibilité qu’on a mises ensemble ; les logiciels et systèmes libres pour, bien sûr, savoir ce qu’elles utilisent sur leurs ordinateurs ; la partie écosystème et communication : quelles sont, par exemple, les entreprises du numérique libre sur leur territoire, est-ce qu’il y a des <em>fab labs</em>, est-ce qu’elles forment leurs agents, est-ce qu’elles organisent des évènements autour du Libre ; et enfin, en dernier, l’ouverture des données publiques.<br/><br />
Donc les collectivités répondent à ces cinq thématiques, elles ne sont pas forcément obligées d’être compétentes sur chacune des thématiques. On a, par exemple, des collectivités qui ne font pas encore d’<em>open data</em>, mais ce n’est pas grave, ça n’empêche pas de candidater.<br/><br />
À la clôture des candidatures, tous les dossiers sont réunis, ils sont examinés par un jury composé des structures qui sont au comité d’organisation et également du Conseil national du logiciel libre. Ensuite on organise une remise des labels en fin de l’année, fin novembre début décembre, où sont décernés les labels qui sont gradés du niveau 1 au niveau 5 ; ce ne sont pas des arobases, ce sont des <em>copyleft</em>. Chaque année les collectivités peuvent renouveler leur label ou essayer de progresser, d’obtenir le niveau supérieur.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Super. Je vais rappeler rapidement pour nos auditeurs et auditrices qui ne seraient pas familiers du concept que <em>copyleft</em> c’est donc la gauche d’auteur qui s’oppose au copyright qui veut dire droit d’auteur en anglais, dans le droit anglo-saxon. En gros ça porte cette idée qu’on maintient dans l’espace commun, dans l’utilisation commune, la liberté d’utilisation sur les ressources en cause. C’est quelque chose d’assez central dans les licences libres même si toutes les licences libres ne sont pas des <em>copyleft</em>, mais on ne va pas rentrer dans ce niveau de détail.<br/><br />
Je disais en ouverture, tu as évoqué la remise des labels, elle a donc eu lieu ce matin dans des conditions particulières, peut-être que tu pourrais nous dire justement quel outil a été utilisé, parce que je pense que c’est un aspect important et ce qu’on peut dire de ces résultats de cette année, de cette édition 2020 des TNL.<br />
<br />
<b>Béatrice Pradillon : </b>J’ai oublié de préciser tout à l’heure que depuis cinq ans on a récompensé 60 collectivités en tout. C’est assez intéressant de dire qu’on commence à toucher de plus en plus de collectivités. Et cette année, effectivement avec le contexte sanitaire, on a décidé de faire ça en visioconférence. Bien sûr on a utilisé un logiciel libre, donc on a été sur une Instance BigBlueButton qu’on avait déjà utilisée au sein de l’Adullact pour notre assemblée générale qui a eu lieu en juin dernier. On l’a utilisée pour la remise des labels. Ça fonctionne très bien, comme tous les outils libres, il n’y a pas de souci. Du coup ça a permis d’avoir une autre dynamique qui était aussi intéressante. Parfois les gens sont peut-être moins timides, finalement, quand ils sont ne sont pas en vrai devant une scène mais qu’ils sont à l’oral avec un micro. Donc on a eu beaucoup d’interactions inintéressantes ce matin, c’était très intéressant.<br/><br />
Les résultats de ce label 2020. on a eu 27 candidatures cette année. C’est un tout petit moins que l’année dernière. Je pense que c’est dû à la fois au contexte sanitaire, mais aussi aux élections municipales, parce que quand on a de nouvelles équipes qui se mettent en place en quelques mois avant de participer à un label, les élus ne sont pas forcément acculturés au Libre si l’équipe a changé. Il y a aussi un travail de l’équipe technique dans la DSI de devoir sensibiliser un peu les élus à ce qui a été fait en interne et pourquoi ce label existe, etc. Ce qui fait qu’après une année d’élections on s’attend à peut-être un petit peu plus de travail de la part des DSI pour pouvoir porter de nouveau ce label.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Tout à fait.<br />
<br />
<b>Béatrice Pradillon : </b>C’est effectivement une petite difficulté durant cette année un peu particulière.<br/><br />
Au niveau des résultats 2020, sur les 27 candidats on a eu des collectivités un petit peu de tous les niveaux. On a eu deux lauréats de niveau 2, six collectivités de niveau 3, une quinzaine de niveau 4, donc on a énormément de bons élèves, des collectivités qu’on a vu progresser d’année en année et qui reviennent régulièrement pour renouveler leur label.<br/><br />
On a des collectivités comme la ville Lyon, la ville de Fontaine, la ville d’Angoulême qui sont des habitués, le département de la Gironde également. Nous avons eu enfin trois collectivités niveau 5, le niveau 5 c’est le meilleur niveau du label. Cette année y ont accédé le département de la Gironde, le GIP Recia qui est un regroupement d’intérêt public qui a une mission territoriale et qui est vraiment dévoué au Libre depuis des années, et la ville d’Arles qui, comme on le sait, est un gros contributeur au niveau des logiciels libres en France. Ces trois collectivités ont accédé au niveau 5.<br/><br />
Le jury a également décerné quatre mentions spéciales à la ville de Vandœuvre-lès-Nancy pour leur meilleure première candidature ; à la ville de Ladevèze-Rivière pour la meilleure petite collectivité, c’est une petite ville de 220 habitants qui, avec les moyens qu’on imagine, arrive à mettre en place une politique assez ambitieuse et pour nous c’est vraiment la preuve concrète que le Libre peut vraiment se développer partout, a sa place partout. On aime avoir ce genre de collectivité qui porte vraiment ce message-là.<br/><br />
On a également le meilleur projet citoyen pour la ville de Voisins-le-Bretonneux qui justement, durant le confinement, a mis en place un outil libre de visio, Jitsi, à l’intention des administrés et entreprises, ils ont également fait des formations offertes auprès de leur public pour rompre l’isolement des personnes les plus âgées durant cette période difficile. Voilà, ça leur permet aussi de faire connaître un outil libre auprès du grand public, donc vraiment chapeau à eux.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Je permets de t’interrompre avant que tu nous parles du dernier prix spécial. Nous avons reçu Christophe Boissonnade qui est délégué numérique de la ville de Voisins-le-Bretonneux la semaine dernière, dans l’émission du 24 novembre, et effectivement on sentait la passion avec laquelle il porte ces projets enfin l’engagement qu’il y met, l’importance pour lui quand il parlait d’inclusion numérique. J’invite d’ailleurs toutes les personnes à écouter ce podcast et cet échange très intéressant qui n’est pas encore disponible sur le site de l’April, mais ça ne devrait pas tarder.<br/><br />
Excuse-moi. Il y avait effectivement un quatrième prix spécial. Je te rends la parole.<br />
<br />
<b>Béatrice Pradillon : </b>Tout à fait. J’allais dire qu’un exemple comme celui de la vile de Voisins-le-Bretonneux c’est vraiment ce genre de choses qu’on a envie de mettre en avant, on a envie de mettre en lumière ce genre de projet tellement exceptionnel et qu’on pourrait tellement facilement porter dans toutes les collectivités. C’est ce genre de choses qui font la raison d’être du label, c’est très intéressant.<br/><br />
Le dernier coup de cœur du jury c’est pour la ville d’Abbeville, dans le Nord, à la fois pour la motivation exceptionnelle de leurs équipes et élus et ils ont également un projet de jardin connecté, très intéressant qui mélange en fait le label TNL et Ville et Village Fleuri. On a hâte d’en savoir plus là-dessus.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Tu évoquais ce tout petit village et ma collègue, sur le salon web de la radio, sur le salon de l’émission, précise qu’il y avait effectivement des toutes petites collectivités et c’est vrai que c’est très intéressant à voir.<br/><br />
C’est la cinquième édition. De mémoire c’est la troisième pour laquelle j’ai le plaisir de représenter l’April dans le jury, dans le comité du jury. C’est intéressant de voir le délicat exercice, on va dire, comment on fait vivre un label dans le temps et comment on le fait évoluer, etc., notamment pour intégrer des réalités en fait très éparses dans un questionnaire, ce qui n’est pas évident. C’est-à-dire à la fois pour qu’il soit juste vis-à-vis d’une toute petite collectivité, vis-à-vis de très grandes collectivités comme des départements, et faire entrer tout ça pour un label équilibré, c’est vrai que l’exercice n’est pas simple, mais en tout cas intéressant.<br/><br />
Je ne sais pas s’il y a des perspectives futures pour le label ou si tu souhaites réagir à ce commentaire.<br />
<br />
<b>Béatrice Pradillon : </b>Tout à fait. J’ai envie de dire qu’au niveau des perspectives, comme pour tous les labels, on aurait envie de toucher plus de monde, on aurait envie que davantage de collectivités sachent que ce label existe. Je pense qu’il y a vraiment beaucoup plus de collectivités, qu’on ne connaît parfois pas, qui ont des initiatives intéressantes au niveau du Libre, qui ont des stratégies mises en place et qui devraient pouvoir communiquer dessus de façon plus forte.<br/><br />
Effectivement, dans la perspective d’évolution, le formulaire de candidature du label évolue déjà chaque année. On essaie de coller au mieux à la fois aux réalités du terrain, aux enjeux du numérique, et c’est pour ça qu’en fait c’est un exercice difficile effectivement, à la fois de garder une certaine cohérence d’année en année, mais chaque année le formulaire évolue. Par exemple au départ, en 2016, la thématique accessibilité n’était pas présente dans le questionnaire, elle est arrivée un petit peu après et l’année prochaine on aimerait bien intégrer la thématique de la frugalité numérique, de l’écologie numérique, parce que je pense qu’on ne peut pas parler de numérique aujourd’hui sans parler de cet aspect-là.<br/><br />
Donc le questionnaire évolue et les collectivités vont devoir aussi faire évoluer leurs réponses pour pouvoir, par exemple, conserver le même niveau de label avec des critères qui évoluent, bien sûr.<br/><br />
La dernière petite chose, le mot de la fin, j’ai envie de dire qu’aujourd’hui on a de plus en plus de collectivités qui accèdent au niveau 5. On a l’impression, quand on accède au niveau 5, que c’est fini, on a gagné, alors qu’en fait pas du tout. Il y a encore une marge de progression au sein de ce palier et aujourd’hui, avec le comité, on réfléchit à la manière de pouvoir récompenser un jour, quand ça arrivera sur notre bureau, un dossier qui soit 100 % libre. Avoir un niveau vraiment d’excellence parce qu’arriver au niveau 5 ne veut certainement pas dire avoir terminé le travail. Il y a toujours beaucoup de choses à libérer, de solutions à adopter. Voilà. On veut montrer qu’il y a encore une marge de progression possible et que l’excellence est possible. On espère l’avoir un jour.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Ça me parait être un très beau mot de conclusion, pour avoir des vrais territoires numériquement libres avec des citoyens et des citoyennes libres sur ces territoires.<br/><br />
Grand merci d’avoir partagé ce retour avec nous, Béatrice. J’imagine que les résultats seront bientôt en ligne pour que chacun et chacune puisse les consulter.<br />
<br />
<b>Béatrice Pradillon : </b>Normalement c’est prévu demain matin, tout sort en ligne et visible.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Parfait. Merci beaucoup. Je te souhaite une très bonne fin de journée.<br />
<br />
<b>Béatrice Pradillon : </b>Merci beaucoup. Au revoir.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Au revoir. Nous avons échangé avec Béatrice Pradillon, responsable communication de l’Adullact.<br/><br />
Je vous propose à présent de faire une petite pause musicale.<br />
<br />
[Virgule musicale] <br />
<br />
Aujourd’hui notre programmateur musical Éric Fraudain, du site auboutdifil.com, nous fait découvrir trois morceaux de Zezinho Fernandes, un artiste originaire de Panaji, la capitale de la région de Goa au sud-ouest de l’Inde. Sa musique pourtant semble bien davantage évoquer le rythme et la sonorité de la Samba brésilienne. Je vous propose pour commencer de découvrir <em>Amor Amor</em> par Zezinho Fernandes. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles. <br />
<br />
<b>Pause musicale : </b><em>Amor Amor</em> par Zezinho Fernandes.<br />
<br />
<b>Voix off : </b><br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous venons d’écouter <em>Amor Amor</em> par Zezinho Fernandes, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By, qui permet la réutilisation, la modification, la diffusion, le partage de cette musique pour toute utilisation, y compris commerciale, à condition de créditer l’artiste, le nom, la source ??? finale, d’indiquer la licence et d’indiquer si des modifications ont été effectuées. Vous retrouverez les références sur causecommune.fm, et sur april.org et vous trouverez une présentation de l’artiste sur le site auboutdufil.com.<br />
<br />
Vous écoutez toujours l’émission <em>Libre à vous !</em> sur radio Cause commune la voix de possibles, 93.1 en Île-de-France et partout ailleurs sur le site causecommune.fm. Je suis Étienne Gonnu en charge des affaires publiques pour l’April.<br />
Passons maintenant au sujet suivant.<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==« Au cœur de l'April (dé)confinée », épisode 2. Plusieurs personnes actives au sein de l'April parleront des groupes de travail, des activités de l'April, son fonctionnement. Nous parlerons également des coulisses de l'émission==<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Est-ce qu’on a tout le monde ? OK. Le but de ce sujet c’est de vous présenter un peu l’April, comme nous l’avions fait le 17 novembre, le sujet est « Au cœur de l’April (dé)confinée ». Normalement j’ai le plaisir de recevoir Laurent Costy, Marie-Odile Morandi, Adrien Bourmault, Christian-Pierre Momon pour nous parler, justement, de leur engagement à l’April et pour le Libre en général. Est-ce que vous êtes tous les quatre avec moi ?<br />
<br />
<b>Marie-Odile Morandi : </b>Oui.<br />
<br />
<b>Laurent Costy : </b>Oui<br />
<br />
<b>Christian-Pierre Momon : </b>Oui.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Adrien, est-ce que tu es là.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Oui, je suis là.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>OK. Tous les quatre, c’est parfait. Petit propos introductif peut-être pour resituer de quoi on parle. On parle de l’April qui, depuis 1996, est l’association de promotion et de défense du logiciel libre et diffuse l’esprit du Libre. L’émission <em>Libre à vous !</em> est un de nos projets, mais il en a bien d’autres. On va essayer de vous faire découvrir les coulisses de l’association, quelques actions, découvrir des personnes, ici des bénévoles, moi-même étant une personne salariée, nos actions sont complémentaires et importantes, qui nous permettent d’avoir une association vivante et active pour la promotion et la défense du logiciel libre. On va donc tenter de diffuser l’esprit de l’April.<br/><br />
Lors du premier confinement nous avions déjà réalisé deux épisodes sur ce principe. Vous pouvez d’ailleurs écouter les podcasts des émissions du 16 juin 2020 et 7 juillet 2020. Il s’agit aujourd’hui du deuxième épisode de ce deuxième confinement après l’émission du 17 novembre.<br/><br />
J’avais demandé à chacun de préparer une petite présentation en une minute, pour vous présenter et ce que vous faites à l’April. Marie-Odile.<br />
<br />
<b>Marie-Odile Morandi : </b>Bonjour à toutes et à tous. Je suis Marie-Odile Morandi. J’étais enseignante de Technologie-Collège au lycée Stendhal de Milan, qui est un des lycées français à l’étranger. Aujourd’hui je suis à la retraite. Au sein de l’April je m’occupe particulièrement du groupe Transcriptions et, à l’occasion, je relis les communiqués, les lettres d’information et les écrits divers produits par les permanents et quelquefois par des membres de l’association quand ils me le demandent.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Et on te le demande souvent. Je te remercie chaudement de ton aide avec ces relectures régulières. Merci beaucoup Marie-Odile.<br/><br />
Laurent Costy. Il redémarre, il a eu un bug. On va passer à Christian-Pierre Momon, CPM pour les intimes.<br />
<br />
<b>Christian-Pierre Momon : </b>Bonjour. Christian-Pierre Momon. Je suis développeur informatique, consultant en informatique. Je suis membre du conseil d’administration de l’April et je suis responsable du groupe Chapril.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Efficace. Super. Et Adrien Bourmault.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Je suis Adrien. J’ai 22 ans. Je suis membre associé bénévole de la <em>Free Software Foundation</em> depuis 2018, adhérent de l’April depuis juillet dernier. J’ai fait beaucoup d’actions au sein de l’association, allant de la régie de l’émission <em>Libre à vous !</em> – dans un futur pas trop lointain – à la co-animation assez récente maintenant du service XMPP du Chapril – j'espère qu’on abordera un petit peu le sujet – en passant par des petites transcriptions et traductions sporadiques et des actions diverses contre la diffusion des logiciels privateurs dans la vie de tous les jours. En dehors de ça, je fais aussi des contributions à l’application Conversations et au projet GNU.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Beaucoup de sujets à aborder, effectivement, et on pourra parler du Chapril, je sais que Christian le fera aussi avec plaisir.<br/><br />
On attend que Laurent puisse se reconnecter à la ligne. Adrien, tu dis que tu es un membre très récent de l’April, on sait que Marie-Odile et Christian sont tous les deux, comme Laurent, membres du conseil d’administration de l’April, déjà, ce que je voulais souligner, ce sont les profils différents et votre ancienneté à l’April. Il y a des profils techniques pour le coup, comme Adrien et Christian, donc une diversité qui est assez représentative, je pense, de l’April elle-même.<br/><br />
J’avais une question maintenant qu’on a déjà une première idée de qui vous êtes et d’où vous parlez, j’aimerais laisser un peu plus de temps à chacun et chacune pour nous dire pourquoi le Libre vous tient à cœur, comment vous avez rencontré l’April et pourquoi vous avez décidé de vous engager dans cette association. Marie-Odile, reprenons le même ordre.<br />
<br />
<b>Marie-Odile Morandi : </b>Entendu. En juillet 2011, l’April avait organisé un April Camp. April Camp, il y en a eu un la semaine dernière, c’est une réunion des membres, des bénévoles, des adhérents, etc., ça se déroule sur deux jours, et il y en avait eu un fin juillet 2011. En surfant sur le réseau j’ai découvert cet April Camp [j’ai pu entendre des discussions, des échanges, écouter ce qui se passait. Ce que j’entendais me plaisait et je me suis sentie motivée. D’autant plus que l’heure de la retraite allait arriver, qu’on nous dit qu’il faut préparer la transition… Vous connaîtrez ça un jour, je vous le souhaite !] Je me suis donc demandé comment je pouvais participer. Je me suis tournée vers les transcriptions, puisque, en fait, c’était la façon la plus simple pour moi, il n’y a pas besoin de compétences particulières. [J’ai commencé à relire et corriger des transcriptions, je me suis inscrite à la liste Transcriptions, vous retrouverez toutes les liens sur la page dédiée à l’émission d’aujourd’hui, et j’ai adhéré à l’association en septembre 2011. Petit à petit, j’ai commencé à faire des nouvelles transcriptions et c’était parti !, Note de l’orateur]<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>On s’entend à nouveau, c’est le principal. On ne sait pas qui a entendu quoi. Tant pis ! Ce sont les aléas du direct. Christian est-ce que tu peux parler de toi, ta rencontre avec l’April, les motivations de ton engagement pour le Libre et pourquoi tu as choisi de t’engager à l’April ?<br />
<br />
<b>Christian-Pierre Momon : </b>Ça remonte à un petit peu loin, dans les années 1980. Avant la création de l’April j’ai eu une vision de ce que pouvait apporter l’outil informatique comme bénéfice pour l’humanité. J’avais une vision de plein de choses que ça pouvait apporter. J’ai fait des études d’informatique et, à la fin de mes études, j’ai participé à la création d’une association qui s’appelait ??? et naturellement ça a été un vecteur d’échanges avec d’autres associations, d’autres personnes qui avaient la même idée, à la fin des années 1990, de faire des choses. C’est comme ça que j’ai fait des choses avec l’April à l’époque. Déjà à l’époque il y avait quelqu’un qui s’appelait Richard Stallman, qui portait un message qui était très attirant, très épanouissant. Depuis je n’ai eu d’effort que de répondre à ce message.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Parfait. Adrien, pour toi cet engagement est bien plus récent, tu nous as dit que ça date de juillet. Comment as-tu entendu parler de l’April ? Pourquoi as-tu souhaité t’y engager, sachant que tu nous disais que tu es déjà engagé pour le Libre à la <em>Free Software Foundation</em>, la Fondation pour le logiciel libre. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu de ce parcours, s’il te plaît ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>J’ai approché les ordinateurs très tôt dans ma vie, mais ce n’est qu’en 2016 que j’ai vraiment découvert ce qu’est que le logiciel libre en testant une distribution GNU/Linux, qui s’appelle Kali Linux. J’ai ensuite découvert l’existence du projet Debian, projet très démocratique. À la suite de ça, je me suis intéressé à l’existence de GNU et Linux et c’est à cette période que j’ai appris, notamment, les langages de programmation système, donc à la fin de mon lycée. Mais pour que je puisse, j’allais dire, m’investir vraiment dans le logiciel libre il a fallu un déclic. Ça été en mars 2018 avec l’éclatement médiatique du scandale Cambridge Analytica – Facebook était pointé du doigt au sujet des données personnelles, vous vous en rappelez sûrement – en écho aux révélations de Snowden que je n’avais pas vraiment comprises en 2013. À ce moment-là j’ai décidé de supprimer mes comptes Google, Facebook, Amazon, d’installer Debian à la place de Windows, et je me suis aperçu que je n’étais pas libre et que des programmes informatiques cherchaient à contrôler mon existence et mes choix.<br/><br />
Parallèlement à ça je suis entré à l’Université, j’ai rencontré un ami très important qui s’appelle Julian, avec lequel on a commencé un projet de système d’exploitation libre avec pour but d’apprendre et de l’utiliser aussi pédagogiquement pour nos cours particuliers, on l’a appelé OS/K [OS on Kaleid, note de l'orateur]. Au moment de le publier [sur notre dépôt, note de l'orateur], sur un coup de tête, je me suis inscrit à la FSF, et suis donc depuis membre associé de la FSF et j’ai commencé à contribuer assez périodiquement.<br/><br />
En 2020, alors que je discute avec Richard Stallman au sujet de l’application StopCovid qui présentait des problèmes de licence propriétaire, il me propose de contacter Frédéric Couchet à l’April. L’échange ne donnera pas grand-chose parce que, en fait, il n’y a pas grand-chose à faire [la situation sera résolue par l'ouverture de tickets en masse sur le dépôt de l'INRIA, note de l'orateur], mais le mal est fait. Je connais à présent l’April, à laquelle je vais adhérer en juillet 2020 et, depuis, je crois que j’ai bien envahir la sphère de l’association !<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Oui. Tu es présent et actif. On en est tous très heureux d’ailleurs. Ce qui nous fait d’ailleurs chaudement plaisir quand on t’entend parler, c’est que tu parles de GNU/Linux, de logiciel privateur, on voit déjà le souci, la rigueur de ton engagement. C’est quelque chose de très important. Les puristes que nous sommes, ce n’est pas un terme péjoratif, apprécieront largement.<br/><br />
Est-ce que nous avons Laurent avec nous ?<br />
<br />
<b>Laurent Costy : </b>Oui, je vous entends est-ce que vous m’entendez ?<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Parfaitement. Quel plaisir !<br />
<br />
<b>Laurent Costy : </b>Laurent déjà est-ce que tu peux te présenter rapidement, ce que tu fais à l’April ? Et, plus largement, nous dire globalement comment tu as rencontré l’April, ton engagement pour le Libre et pourquoi tu as souhaité t’engager dans notre association ?<br />
<br />
<b>Laurent Costy : </b>Je m’appelle Laurent Costy. Je suis membre du conseil d’administration de l’April maintenant depuis, bonne question, plusieurs années on va dire. Je dirais trois,quatre ans maintenant. Peut-être quatre, cinq, je ne sais plus vraiment.<br />
<br />
<b>Marie-Odile Morandi : </b>Plus que ça !<br />
<br />
<b>Laurent Costy : </b>Plus que ça, je ne sais plus trop. J’ai connu l’April au milieu des années 2000 on va dire. Je viens du milieu associatif en tant que professionnel, je travaille dans le milieu associatif, et c’est vrai que très tôt un de mes questionnements et, on va dire, mon dada au sein de l‘April c’est la question du lien entre les logiciels libres et les associations. Les associations en général et, plus particulièrement parce c’est mon milieu, les associations d’éducation populaire. Je suis convaincu que les valeurs défendues au sein des associations d’éducation populaire sont très convergentes avec les valeurs du logiciel libre. Pas toutes, en tout cas il y a une sphère de connexion extrêmement importante entre les deux univers et c’est ça qui m’a toujours motivé, justement de faire le lien entre ces deux univers-là.<br/><br />
Ça c’est un petit peu ma raison d’être au sein de l’April. Le groupe de travail Libre Association existe depuis 2007, je crois, de mémoire. C’est là qu’on peut, sur une liste mail entre autres, poser des questions sur quel logiciel libre utiliser pour son association pour faire telle action, etc. On avait aussi produit à l’époque un guide qui, justement, récapitulait sur tous les champs utiles aux associations – bureautique, dessin, etc. – tout ce qui peut servir en tant que logiciel libre aux associations. On avait travaillé avec Framasoft et ça avait été remis à jour en 2015. On essaye de donner de la matière aux associations et de faire lien.<br/><br />
Comment je suis arrivé à l’April ? J’étais déjà en milieu associatif en tant que professionnel. Je suis arrivé, en fait, par la question de l’outil parce que je travaillais dans une association qui faisait la promotion de la culture scientifique et technique auprès des jeunes, du coup la question technique, la question de l’outil était assez centrale. J’ai commencé par l’outil, d’ailleurs il me semble même qu’au départ j’avais d’abord adhéré à l’AFUL [Association Francophone des Utilisateurs de Logiciels Libres] parce que c’était l’utilisateur, c’était l’outil qui était questionné. C’est finalement dans mon cheminement que j’ai compris tout l’enjeu politique qu’il pouvait y avoir derrière la question du logiciel libre.<br />
Voilà ! J’ai résumé grosso modo mon parcours. Je ne vais peut-être pas être plus long que ça parce que je ne pense pas qu’on ait beaucoup de temps.<br/><br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Le temps file. C’était très intéressant et très clair, merci beaucoup Laurent. Ça fait écho au constat que je faisais sur la diversité des profils qui est, je pense, très caractéristique de l’April. On voit que cette diversité d’actions contribue à faire ce qu’est l’April.<br/><br />
On va rentrer un peu dans le vif du sujet en parlant justement de ces actions diverses. Je vais proposer à Marie-Odile de commencer à nous parler du groupe de travail Transcriptions qu’elle incarne, on va dire, assez littéralement. C’est un groupe de travail que tu portes, tu es de loin, de très loin, la principale la principale artisane de ce groupe de travail. Est-ce que tu peux déjà nous parler de ce que ça veut dire ? Qu’est-ce que la transcription ? Que fait ce groupe de travail et pourquoi c’est important ? S’il te plaît.<br />
<br />
<b>Marie-Odile Morandi : </b>Tout à fait. Ce que je fais est tout à fait pratique. Sur le Web il faut repérer des enregistrements audio ou des vidéos qui concernent le logiciel libre et les libertés numériques en général, les thèmes voisins aussi, et puis il suffit d’écrire tout ce qu’on entend, le plus fidèlement possible, pour obtenir un fichier texte. À ce moment-là le texte est relu, agrémenté d’une illustration et il est alors publié sur le site de l’April.<br/><br />
Pourquoi c’est intéressant de transcrire ? On obtient une meilleure indexation sur les moteurs de recherche, une amélioration de l’accessibilité pour les personnes porteuses de handicap et, en cas de besoin, on pourra retrouver ce qui a été dit et le rappeler sans trahir la parole des intervenants et des intervenantes. On note aussi que certaines personnes préfèrent lire une transcription, ce qui demande moins de temps que regarder en entier une vidéo ou écouter un podcast.<br/><br />
Depuis que l’émission <em>Libre à vous !</em> est devenue hebdomadaire, un défi est à relever toutes les semaines : transcrire l’émission. Voilà le travail du groupe Transcriptions.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>C’est très clair. Je disais que c’est principalement toi qui animes ce groupe, je te laisse la parole pour chercher à convaincre des gens de venir te rejoindre : qu’est-ce qu’ils peuvent faire ? Quels sont les besoins ? Combien de temps ça prend très concrètement ? Comment se passe une transcription ? Quels sont les besoins ?<br />
<br />
<b>Marie-Odile Morandi : </b>Effectivement, c’est moi qui porte le groupe, c’est moi qui transcris énormément, je dois dire que je consacre beaucoup de mon temps à transcrire, mais il y a tellement de choses et c’est tellement dommage qu’il n’y ait pas les textes correspondants à toutes ces vidéos, à tous ces enregistrements que je ne peux pas faire autrement. Ce matin a été publié le bilan du mois de novembre du groupe Transcriptions et c’est effectivement un beau bilan puisqu’on a réussi à transcrire ce qui correspond à 13 heures d’enregistrements audio et de vidéos. Mais je rappelle que je suis à la retraite, que mon emploi du temps hebdomadaire est très rigide, certains diraient psycho rigide, ça a toujours été comme ça, et je continue tant que mes capacités me le permettront.<br/><br />
Certes, si on était plus nombreux, ce que je souhaiterais, c’est coller à l’actualité des vidéos et des enregistrements qui traitent de nos sujets. C’est-à-dire dès qu’il y en a un qui est en ligne, transcrire, relire, publier. J’entendais la personne précédente de l’ADULLACT qui est intervenue, elle parlait d’arriver à la frugalité numérique. Effectivement c’est un thème porteur en ce moment et si on arrivait, dès que quelque chose est publié, est en ligne sur ce thème-là, pouvoir transcrire et publier la transcription sur le site de l’April.<br/><br />
J’aime beaucoup faire ce que je fais, je pense que si je n’aimais pas ça je ne le ferais pas et chacun choisit ses combats, moi c’est ce combat-là que j’ai choisi, je mets le mot « combat » entre guillemets et je continuerai à transcrire tant que je pourrai.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Combat est un beau mot, tu peux y mettre des guillemets si tu veux.<br/><br />
Quelqu’un me posait une question en préparation de l’émission, que je vais peut-être adapter à ce contexte, je ne me rappelle pas du nom du logiciel, mais que je comprends être un logiciel de traitement de voix. J’imagine que c’est un objet qui, partant d’un enregistrement audio ou vidéo, transcrirait automatiquement. Est-ce que tu utilises, il me semble que non, tu n’en utilises pas, et pourquoi, justement, tu préfères le faire à la main ?<br />
<br />
<b>Marie-Odile Morandi : </b>Je n’utilise pas de logiciel de reconnaissance de la voix ou de logiciel qui transcrive automatiquement. D’abord tous ceux qu’on m’a présentés, ce sont des logiciels propriétaires et d’autre part je trouve qu’ils ne font rien de mieux que mon fameux logiciel VLC, on a déjà reçu, comment s’appelle-t-il ?<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Jean- Baptiste Kempf ?<br />
<br />
<b>Marie-Odile Morandi : </b>On a reçu Jean-Baptiste dans l’émission. J’enregistre l’émission que je veux transcrire, je l’écoute avec VLC le plus lentement possible, je fais une première transcription avec mon logiciel LibreOffice et Grammalecte que je conseille à tout le monde, tout le monde devrait avoir installé le plugin Grammalecte sur son LibreOffice. Je transcris une première fois, j’écoute un peu plus vite et je fais des corrections puis j’écoute ensuite à vitesse normale. À ce moment-là j’envoie sur la liste Transcriptions pour la relecture et j’envoie aussi un message aux personnes qui sont intervenues et qui, en général, relisent et corrigent les parties qui sont à corriger. Quelquefois il y a des choses un petit peu trop techniques que je ne comprends pas et j’ai l’habitude, à la place, de mettre trois points d’interrogation pour que la personne retrouve les points d’interrogation et, sans perdre de temps, corrige seulement ces parties-là.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Effectivement, VLC permet de réduire la vitesse de lecture et c’est très pratique pour la transcription. Ça c’est un premier niveau effectivement de contribution, le plus important. Le fait de relire est aussi une grande aide et te fais beaucoup de temps de ce que j’entends.<br/><br />
Tu as évoqué les transcriptions pour <em>Libre à vous !</em> et je vais me servir de ça pour faire un pont vers un sujet suivant qui est l’action <em>Libre à vous !</em>, parler un petit peu des coulisses. On l’avait déjà évoqué lors de notre précédent « Au cœur de l’April (dé)confinée ». Tu animes une des chroniques. On a plusieurs chroniques régulières mensuelles. Tu animes une chronique dans laquelle tu nous présentes des transcriptions. Je vais d’ailleurs te complimenter, je sais que tu es trop modeste pour l’admettre, déjà tu as eu une grande progression depuis que tu animes cette chronique dans la qualité du contenu que tu proposes et je pense aussi que ça montre, par le travail de transcription, à quel point ça t’enrichit : ta maîtrise, ta compréhension des enjeux se ressent notamment grâce à tout le travail que tu fais. Tu fais une synthèse de différentes transcriptions, de différents textes, ce qui n’est pas une chose forcément facile. Qu’est-ce que t’apporte cette chronique ? Peux-tu nous parler de ta chronique, tout simplement ?<br />
<br />
<b>Marie-Odile Morandi : </b>Pour faire la chronique il faut déjà que je fasse un choix de ce qui me plaît et, effectivement, voir s’il y a des textes, des transcriptions qui ont déjà été faites sur un sujet voisin, équivalent, etc. Après j’essaye de faire une synthèse et de faire quelque chose qui soit le plus intéressant possible. C’est vrai que c’est un travail qui me demande beaucoup de temps, ce n’était pas mon job, je n’ai jamais été chroniqueur ou quoi que ce soit, mais c’est un travail qui enrichit beaucoup, effectivement, et j’espère que ça apporte quelque chose aux auditeurs et aux auditrices qui écoutent ces chroniques.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Je prends plaisir à les écouter à chaque fois. Je le dis sincèrement.<br/><br />
Ça c’est une des contributions. On a plusieurs chroniqueurs. Jean-Christophe Becquet présentera sa chronique « Pépites libres » après le sujet long ; là la chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » de Marie-Odile Morandi, mensuelle également. Il y a d’autres actions. Je vais passer la parole à Christian qui pourra nous parler d’une de ses passions raidement, celle des photos, c’est un des aspects importants qui fait vivre aussi ce qu’est le projet <em>Libre à vous !</em>.<br />
<br />
<b>Christian-Pierre Momon : </b>Les photos ! Oui, c’est quelque chose de très important dans une activité associative. On sait que quand il y a un évènement où il n’y a pas d’images, des fois, avec le temps qui passe, on a l’impression que l’évènement n’a pas existé ; il n’y a pas de souvenirs, il n’y a pas de force évocatrice pour faire revenir les souvenirs. Donc les photos, oui, c’est quelque chose de très important. On en faisait depuis très longtemps. Il y a 25 ans on les faisait avec des petites boîtes, parfois jetables, ou alors avec des pellicules et puis, avec le temps, les outils pour faire des photos sont devenus de plus en plus faciles, pratiques et, du coup, on a essayé de faire en sorte qu’il y ait toujours quelques photos à tous les évènements et maintenant on a une belle collection. Je vous invite à aller voir sur photos.april.org.<br/><br />
Bien sûr, avec le temps, on a mis en place à chaque fois des méthodes et des conventions pour que ça soit le plus agréable parce que tout le monde n’aime pas être pris en photo. Bien sûr, on demande d’abord aux gens s’ils ont envie d’être pris en photo et on leur demande s’ils sont d’accord pour que les photos soient diffusées sous licence libre parce que nous, à l’April, c’est notre moteur. À partir de là on a un process pour intégrer les photos parce que toutes les photos ne sont pas forcément bien ou valorisantes pour les gens qui sont dessus, donc on élimine, on fait un tri bien sûr, on ne garde que les meilleures. C’est aussi dans les évènements un moment où « la photo, la photo ! ». Ça fait de très bons souvenirs et ça montre qu’on fait beaucoup de choses. Il y a plein de gens qui participent et qui font des choses formidables.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Tout à fait. Ce que tu évoques sur la vigilance, je pense que ça montre aussi le souci de cohérence au sein de l’action de l’April. On est une association avec une éthique et cette éthique ne se limite pas purement, strictement, aux considérations logicielles.<br/><br />
Maintenant j’ai envie de me tourner vers Adrien. Pour rappel, l’April anime une émission hebdomadaire sur la radio Cause Commune et une chose qui a été importante pour nous ça a été d’être autonomes aussi rapidement que possible par rapport aux bénévoles de la radio ce qui inclus, notamment, la question de la tenue de la régie. Pendant un moment elle a d’abord porté sur ma collègue Isabella et moi-même qui sommes permanents donc plus facilement disponibles. Patrick Creusot nous a rapidement rejoints pour tenir la régie ce qui nous permet de faire un roulement plus efficace et Adrien, assez récemment, nous a contactés pour nous signifier son intérêt pour participer à cette action. Un peu mis en pause, malheureusement, par la situation de confinement, mais j’imagine que ça n’atteint pas ta motivation. Est-ce que tu peux nous dire ce qui t’a intéressé à participer à ce beau projet ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>C’est assez simple. Finalement c’est parce que j’avais quelques connaissances techniques des principes de gestion d’une régie de radio, et tout ce qui concerne l’audiovisuel en général. Je suis aussi musicien, enfin musicien !, je suis étudiant en composition électroacoustique [électro-acoustique est l'adjectif se rapportant à un instrument utilisant un circuit électrique, ici je parle de https://fr.wikipedia.org/wiki/Musique_%C3%A9lectroacoustique, note de l'orateur], ce sont des choses que je savais déjà faire et je me suis que peut-être je pouvais apporter quelque chose. Ma démarche, dans tous les projets où je vais, finalement c’est un peu ça, quand on peut apporte quelque chose, on propose. Comme j’ai vu qu’il y avait une émission de radio et que vous aviez l’air de chercher des personnes pour aider, je me suis dit tiens, je vais proposer, et vous m’avez assez rapidement envoyé un wiki que j’ai trouvé assez clair, qui était bien. D’ailleurs il y a une mise à jour que je ne suis pas allé voir, mais que j’irai voir prochainement. C’était vraiment un plaisir de pouvoir être formé par vous deux, toi et Isa, sur le fonctionnement de la régie et j’espère, peut-être, à la fin de ce confinement, pouvoir avoir mon premier direct.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Oui, on a hâte ! C’est vrai qu’on sentait que tu avais l’habitude de ces outils ; quand on te les a présentés, ça avait l’air très facile pour toi. En même temps il y avait des nouveautés, c’était assez intéressant d’avoir ton retour. C’est vrai que la documentation à l’April est quelque chose de très important. La documentation c’est important dans le logiciel libre, donc aussi dans les pratiques de l’April, notamment par rapport au partage du savoir. C’était le cas du wiki et c’est toujours bien aussi d’avoir des regards nouveaux pour voir à quel point ce qu’on écrit est accessible et clair.<br/><br />
Là on a fait un bon premier tour. On va pouvoir faire une petite pause musicale pour se reposer, pour reprendre un peu notre souffle. Nous allons écouter <em>Samba Brazil</em> toujours par Zezinho Fernandes. On se retrouve juste après. Une belle journée à l’écoute de Cause commune, la voix des possibles.<br />
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<b>Pause musicale : </b><em>Samba Brazil</em> toujours par Zezinho Fernandes.<br />
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<b>Voix off : </b><br />
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==Deuxième partie==<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous venons d’écouter <em>Samba Brazil</em> toujours par Zezinho Fernandes, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution. Vous retrouverez les références sur le site april.org. On a coupé un peu plus tôt pour gagner autant de temps que possible sur nos échanges passionnants.<br/><br />
<br />
Vous écoutez toujours l’émission <em>Libre à vous !</em> sur radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 en Île-de-France et partout ailleurs sur le site causecommune.fm.<br/><br />
Je suis Étienne Gonnu en charge des affaires publiques pour l’April et nous discutons de l’April, d’engagement militant pour les libertés informatiques avec Laurent Costy, Marie-Odile Morandi, Adrien Bourmault et Christian-Pierre Momon.<br/><br />
N’hésitez pas à participer à notre conversation en passant par le salon web dédié à l’émission. Vous allez sur le site causecommune.fm, bouton « chat ».<br />
<br />
Nous avons parlé des transcriptions, nous avons parlé un petit peu de <em>Libre à vous !</em>.<br/><br />
Lors de la présentation un projet très important, assez récent aussi, qu’est le projet Chapril a été évoqué. On en a pas mal parlé, on a présenté ce que c’est lors de l’émission du 17 novembre avec Baptiste qui nous a notamment parlé d’un service, Mobilizon.<br/><br />
Je sais qu’Adrien souhaite nous parler de son travail sur XMPP, mais je vais d’abord passer la parole à Christian, je ne sais pas si le terme chef de projet te va, tu pourras nous le dire, pour nous présenter très rapidement puisque ça a déjà été fait, mais pour se remettre les idées en place ce qu’est le Chapril, comment il s’inscrit dans le collectif CHATONS ? Qu’est-ce que CHATONS justement ? Quels sont les principaux les services, on ne va pas faire toute la liste, et comment accueille-t-on de nouvelles motivations comme Adrien, ça nous permettra de lui passer la parole ensuite justement. Christian.<br />
<br />
<b>Christian-Pierre Momon : </b>Ça marche. Animateur, on va dire animateur du groupe de travail Chapril. Le Chapril s’inscrit dans un élan collectif un peu historique. Framasoft avait lancé l’idée que plein de structures mettent en ligne des services libres pour que les gens puissent les découvrir, les utiliser et s’apercevoir qu’il y a des alternatives aux GAFAM. On s’est posé la question de savoir si on allait participer, puis on a dit oui, on s’est lancés. On a eu un nombre suffisant de bénévoles qui étaient partants pour se lancer dans l’aventure donc nous avons rejoins le Collectif CHATONS, le collectif des Hébergeurs, Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires. En 2018 on a ouvert nos premiers services et, petit à petit, on en a rajouté. Aujourd’hui on en a neuf et j’ai le grand plaisir de vous annoncer que nous en avons deux en pré-ouverture : forge.chapril.org qui est une plateforme de forge logicielle ; nous avons benevalibre.chapril.org qui est une plateforme, un service pour gérer du bénévolat valorisé pour les associations. Ces deux services sont en pré-ouverture et le troisième qui est en phase de test, mais vous pouvez déjà aller le voir, c’est mobilizon.chapril.org qui est une instance du logiciel Mobilizon qui a été évoqué, effectivement, dans l’émission du 17 novembre, qui est un logiciel de gestion d’évènements. Du coup on arrive à 12 services, ce serait long de les passer en revue. Il y a une grande diversité, il y a de la visio, il y a de l’édition collaborative, il y a des sondages de dates, il y a du partage de documents, il y a vraiment plein de choses. Je vais résumer : allez sur chapril.org, vous aurez la liste, une présentation avec des copies d’écran et tout. Vous aurez un très bon point d’entrée. C’était quoi les autres questions ?<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>C’est déjà un très bon résumé et on rappellera, bien sûr, que tous les outils évoqués seront mis en ligne sur la page des références de l’émission. Tu parlais du site web, on peut aussi rappeler un très beau soutien réalisé par le bénévole Antoine Bardelli, un bénévole graphiste de l’April, qui fait un super boulot pour l’April depuis quelques années maintenant. Je souhaite savoir : tu es contacté par des personnes qui souhaitent s’engager dans le Chapril, contribuer au Chapil, comment ces personnes sont-elles accueillies ?<br />
<br />
<b>Christian-Pierre Momon : </b>J’ai parlé des services, je vais parler de l’équipe qui est derrière, l’équipe de bénévoles, actuellement une douzaine de personnes. D’ailleurs je suis très heureux d’annoncer que très récemment, en moins d’un mois, nous avons intégré trois nouvelles personnes : bonjour Philippe, bonjour Tykayn, bonjour Néox notamment.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Néox qui est Adrien et qui est justement avec nous. <br />
<br />
<b>Christian-Pierre Momon : </b>Voilà, ça aussi c’est une très bonne nouvelle. Globalement on a un processus d’intégration qui passe par le fait de faire connaissance en visio. On aime bien rencontrer les gens mais bon !, on s’adapte. Voir les gens, les informer de comment on fonctionne, comment on est organisé techniquement et aussi humainement. Du coup on a une petite particularité, on a la notion d’animateur de service, on a la notion d’administrateur de l’infrastructure. On essaye de répartir la difficulté entre les tâches très techniques et la gestion des services proprement dit, ce qui permet aux animateurs, aux personnes qui veulent participer, d’avoir une charge de travail raisonnable, parce qu’il ne faut pas non plus que ça mange trop de temps et puis il faut avoir du plaisir à le faire, donc il faut que ça reste raisonnable. Du coup on a, comme ça, une répartition des tâches techniques. Du coup il faut informer, expliquer. Notamment j’ai fait une conférence sur les outils libres ??? qui est visible, qui explique un peu tout ça. Il y a aussi nos conventions techniques. Du coup, lors de cet échange de présentation on apprend à connaître un peu le profil de la personne, on lui expose notre façon de fonctionner, on apprend à se connaître et puis, si ça nous donne envie mutuellement, arrive la question : à quel service voudrais-tu participer ou quel nouveau service voudrais-tu voir émerger de sur le Chapril ? Nous sommes preneurs de nouveaux services, bien sûr.<br/><br />
Dans notre intégration comme on y va tout doucement, on n’a pas 40 services. Là on en a 12, ce n’est déjà pas mal, mais on souhaite en avoir plus, à condition que ça repose sur un animateur de service qui va pouvoir intégrer ça dans le rythme de sa vie d’une façon continue mais gérable. <br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Merci. On imagine bien qu’il y a des grands besoins techniques, mais si des personnes sont intéressées sans avoir un profil technique, est-ce qu’elles peuvent quand même ??? ou ce sera difficile pour elles de s’intégrer à ce projet ?<br />
<br />
<b>Christian-Pierre Momon : </b>Autant l’April n’est pas une association de techos ni un club d’informatique, on a plus de 40 % de nos adhérents qui n’ont absolument aucun rapport avec l’informatique. Pour le Chapril il y a besoin de l’aspect technique pour mettre en place les services parce que ce sont quand même des logiciels, mais, une fois que les services sont en place, il y a d’autres tâches qui ne sont absolument pas techniques, qui sont par exemple de la modération, qui sont parfois répondre aux courriels, c’est la communication, qui sont des tâches éditoriales, c’est-à-dire qu’il faut écrire de la documentation, il faut écrire de la présentation, il faut rédiger des courriels de pré-ouverture pour des services par exemple. Tout ça c’est du rédactionnel et, du coup, il n’y a absolument pas besoin d’être technique. Il y a aussi le fait de représenter le Chapril dans des évènements. Donc il y a certain nombre de tâches. Par exemple Antoine Bardelli, qui est un très grand contributeur au Chapril, nous a fait la charte graphique du site chapril.org, du coup a participé avec un autre profil que simplement un profil de techos.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Si le projet vous intéresse, si vous êtes emballé par l’éthique portée par le projet, par les CHATONS, le Chapril en particulier, n’hésitez surtout pas à contacter l’April quel que soit votre profil. On mettra les adresses de contact pour ça.<br/><br />
Tu parlais de Néox, Adrien, qui a récemment rejoint, justement, l’équipe Chapril. Qu’est-ce qui t’a motivé à rejoindre ce projet ? Tu as notamment évoqué un service en particulier qui t’intéresse.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Oui, j’ai choisi le service XMPP. Pour revenir un petit peu sur pourquoi XMPP, c’est qu’au moment où j’ai supprimé tous mes comptes des GAFAM, il fallait bien quand même trouver quelque chose pour remplacer la messagerie instantanée. Après beaucoup de recherches j’ai trouvé XMPP qui est un protocole de messagerie, qui est assez ancien, en fait si on revient dans le passé, c’est aux alentours des années 2000 que les premiers serveurs sont créés. C’est donc un service qui est âgé, mais qui a beaucoup évolué avec le temps parce qu’il est extensible. C’est une des choses qui font que XMPP est vraiment génial de mon point de vue c’est que c’est un protocole évidemment libre, extensible, qui est géré pour les textes normatifs par une organisation démocratique où chaque personne a une voix. C’est par les votes de cette organisation qu’évoluent les normes. Donc, avec le temps, évidemment XMPP est passé de petit système ressemblant beaucoup à IRC à aujourd’hui de possibles applications permettant la visioconférence, comme Jitsi, ou alors, simplement la visio de un à un avec des appels audio, ou des messages avec des images, des photos, de vidéos, comme ce qu’on peut faire sur l’application Conversations.<br/><br />
C’est pour ça que j’ai choisi en fait, en arrivant à Chapril en me disant À quoi veux-je contribuer ? XMPP, parce que c’est la chose que j’utilise tous les jours, c’est un des seuls moyens de messagerie instantanée que j’utilise. Il y avait apparemment besoin de quelqu’un pour aider Pitchoum qui gérait tout seul le service, donc je me suis proposé. Il semblait avoir besoin d’aide et je me suis dit que j’avais des compétences dans le domaine alors je pouvais les proposer.<br/><br />
Je vois une question d’Isabella qui me demande ce qu’est un protocole extensible. En fait, XMPP est un protocole qui n’est pas fixé: on peut rajouter des extensions à ce protocole. En gros, si j’ai le protocole de base, je peux lui ajouter des appendices qui font qu’on peut ajouter des fonctionnalités, de nouvelles choses, de nouvelles normes, peut-être même de nouvelles compatibilités au protocole. Ça peut être vu comme des greffons mais pas forcément parce que c’est le protocole lui-même, en général, qui s’étend et augmente dans la panoplie des fonctionnalités qu’il possède. C’est-à-dire qu’après, un client ou un serveur peut choisir d’implémenter ou non certaines des fonctionnalités qui sont présentes dans le protocole. C’est ça qui fait aussi la forte hétérogénéité du monde de XMPP, mais c’est aussi ça qui en fait la grande liberté. Beaucoup de protocoles qui ne veulent pas avoir cette hétérogénéité se retrouvent malheureusement fermés et obligent les personnes qui veulent rajouter des fonctionnalités à faire des forks. XMPP permet de faire évoluer le tout vers une direction commune grâce à la démocratie.<br/><br />
Le service XMPP à Chapril a une caractéristique importante, c’est qu’il est une des seules alternatives en France. Il y a JabberFR qui est un gros serveur français, mais c’est un des seuls. [Le service XMPP de] Chapril a été créé, grâce à l’effort de Pitchum, pour être une alternative qui soit libre, qui soit respectueuse des données privées et avec quand même suffisamment de moyens pour fonctionner. Aujourd’hui on a quelque chose comme 72 utilisateurs actifs en moyenne ce qui n’est déjà pas mal. On a plusieurs centaines de personnes inscrites. Peut-être que ça grossira, on verra. En tout cas un des premiers chantiers actuels qu’on a envisagés avec Pitchum dans la gestion de ce serveur, c’est la mise en place des appels audio et vidéo, c’est une fonctionnalité de XMPP assez récente qui pourrait permettre de rendre encore plus populaire ce service de messagerie respectueux de la vie privée.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Merci Adrien.<br />
<br />
<b>Christian-Pierre Momon : </b>Si je peux ajouter quelque chose ?<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Très rapidement alors parce qu’après j’aimerais passer la parole à Laurent.<br />
<br />
<b>Christian-Pierre Momon : </b>D’accord. Comme le fait remarquer Adrien, on peut être plusieurs pour gérer un service. Vous n’êtes pas tout seul quand vous gérez un service sur le Chapril, derrière il y a toute l’équipe infra qui est là pour vous accompagner et le reste de l’équipe qui gère les autres services aussi. On s’entraide entre nous et on peut, bien sûr, être plusieurs pour gérer ou animer un service parce que, du coup, c’est quand même plus facile et plus pérenne. Du coup neox renforce le service et c’est super.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Notion d’entraide très importante. Je parlais de comment vous contacter pour être beaucoup plus concret : vous allez sur le site april.org, vous avez un onglet « On recrute » et là vous avez toutes les informations pour contacter, rejoindre l’équipe et participer à ce très chouette projet.<br/><br />
Je disais que je voulais laisser la parole à Laurent. Christian a évoqué la pré-ouverture de Bénévalibre, un service Bénévalibre sur le Chapril. Bénévalibre est un projet important à l’April dont Laurent a été le principal artisan. Est-ce que tu veux nous parler de projet, de sa genèse ? Est-ce que tu peux nous parler de Bénévalibre ?<br />
<br />
<b>Laurent Costy : </b>Ce projet est effectivement lié à l’April, mais finalement c’est un projet qui dépasse largement l’April et qui implique un collectif dans lequel tous sont intéressés à ce que naisse ce programme. Pour expliquer ce que c’est, c’est finalement un logiciel libre qui va permettre aux associations, disons de comptabiliser, en tout cas de référencer toutes les actions bénévoles qu’elles ont en leur sein. C’est souvent une problématique associative que de devoir faire, à la fin de l’année, un bilan pour dire on a tant de bénévoles, ils ont passé tant d’heures pour l’association. Cest extrêmement important, finalement, pour donner à voir à l’extérieur ce que fait réellement l’association. Quand l’association a réussi à comptabiliser tout ça, vis-à-vis des partenaires elle est souvent plus solide et cela permet d’être plus crédible vis-à-vis des partenaires et d’obtenir potentiellement plus de financements, plus de soutiens ou d’être beaucoup plus considérée sur son territoire.<br/><br />
Ce projet a été soutenu par l’April puisque même Isabella, en tant que salariée, a consacré du temps à ce projet. Néanmoins il est né en Bourgogne-Franche-Comté, au sein d’un collectif d’associations d’éducation populaire qui avaient identifié ce besoin-là pour lequel il n’y avait pas vraiment de logiciel simplement accessible pour répondre à ce besoin-là. C’est aussi pour ça que finalement, quelque part, que le logiciel décolle, On a eu les dernières statistiques récemment : en un an on a de plus en plus d’associations qui adhèrent au système, de plus en plus d’actions de bénévolat qui y sont référencées.<br/><br />
De fait, on a associé énormément de têtes de réseaux associatives pour définir le cahier des charges et surtout, on s’est fait aider par une SCIC, une société coopérative l‘intérêt collectif qui a développé, qui avait la compétence informatique pour développer ce logiciel-là et on avait tous convenu, en amont, de mettre évidemment ça sous licence libre pour que chacun puisse le réutiliser, l’améliorer, vous connaissez les quatre libertés du logiciel libre.<br/><br />
Ce projet-là est extrêmement important et il a été pensé aussi avec la projection CHATONS pour que chacun puisse, s’il le souhaite, s’installer une instance sur son propre serveur et démultiplier encore une fois les outils pour que chacun puisse avoir les siens propres et maîtriser ses données et ses logiciels.<br/><br />
C’est quelque chose qui est extrêmement intéressant dans le montage parce que ça a fait converger, finalement, des univers qui ne se parlaient pas forcément. Ce que je disais : toujours le rapprochement par exemple des associations d’éducation populaire et les univers libristes. C’était extrêmement rigolo de voir Framasoft parler à des associations d’éducation populaire vénérables qui sont nées à la fin du 19e sicle parce que l’approche du numérique n’était pas du tout la même. Du coup c’était extrêmement enrichissant et ça a permis de donner un logiciel qui répond aux besoins de tout le monde. Évidemment des partenaires se sont associés à ça, le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté qui a aidé financièrement, la Direction départementale de la jeunesse et des sports qui soutient cette année. Il y a vraiment une convergence parce que le projet parlait vraiment à tout le monde et c’était un besoin reconnu.<br/><br />
Du coup je suis heureux d’apprendre que Bénévalibre est dans les prochains services qui seront sans doute proposés par Chapril pour les associations et je trouve ça très chouette. Il y a un site benevalibre.org, vous pouvez aller voir, vous comprendrez tout l’historique du projet et voir un peu comment ça fonctionne.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Super. Christian nous disait qu’il est en ligne. Les personnes pourront le découvrir, on mettra le lien sur la page des références de l’émission.<br/><br />
Laurent, tu parlais de l’importance pour les associations d’avoir cet outil et ça fait donc écho à ton propre parcours. Tu as aussi été porteur d’un autre projet très important au sein de l’April qui est Libre Association, parce qu’on sait que les associations sont une cible très importante pour les aider à gagner leur liberté logicielle. Est-ce que tu peux nous parler aussi de ce projet ? Je vais faire appel à ton esprit de concision, mais tu nous as déjà montré à propos Bénévalibre à quel point tu en avais un.<br />
<br />
<b>Laurent Costy : </b>Oui. De toute façon je l’ai un petit peu évoqué en introduction. L’idée c’est vraiment de faire le point entre l’univers libriste et les associations. Il y a un site qui s’appelle libeassociation.info sur lequel vous pouvez trouver des ressources, des conseils, donc je vous renvoie vers ce site. C’est vrai que tout ce travail-là depuis plus d’une dizaine d’années permet aussi d’identifier, finalement, pourquoi les associations ne sont pas plus efficaces dans leur appropriation du Libre. Récemment on a détecté à l’April un point de blocage. Par exemple Solidatech qui est une structure qui émane d’Emmaüs et puis qui, finalement, monopolise un peu le champ du numérique en France pour les associations et qui, finalement, est une espèce de façade pour entretenir les monopoles des GAFAM. Pareil, on mettra le lien sur la page de l’émission, mais je vous renvoie vers l’article qui finalement pointe bien la problématique. C’est-à-dire que les gens sont en place et, du coup, ne laissent pas la place au logiciel libre. C’est ça qu’on déplore aussi et qu’on peut détecter dans un travail de longue haleine aussi au sein de Libre Association.<br/><br />
Je vais en rester là.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>C’est parfait. Merci beaucoup Laurent. Les minutes avancent, on arrive sur la fin de notre sujet. J’aimerais laisser à chacun de vous quatre la parole une petite minute, s’il y a un truc que vous auriez souhaité dire mais qu’on n’a pas eu le temps de dire, s’il y a un coup de cœur dire. Parole libre à chacun de vous à tour de rôle. Vous pouvez juste dire merci, au revoir, bisous !<br/><br />
Marie-Odile. <br />
<br />
<b>Marie-Odile Morandi : </b>Ce que j’aime particulièrement dans ce que je fais et dans ma contribution à l’April c’est cette idée du travail en commun, en collaboration, chacun apportant sa brique et on arrive à un résultat. Par exemple le fait que l’enregistrement de l’émission soit finalisé en un beau podcast que j’attends pour faire la dernière relecture avant publication, je trouve ça motivant et à prendre en exemple.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Super. Merci.<br/><br />
Laurent Costy.<br />
<br />
<b>Laurent Costy : </b>Je me posais la question de savoir qui s’occupe des croquettes pour les chatons ?<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>C’est une bonne question. On veut des chatons bien nourris effectivement.<br/><br />
Christian, du coup à toi puisqu’on parle de chatons et de Chapril. Le mot de la fin.<br />
<br />
<b>Christian-Pierre Momon : </b>Le mot de la fin c‘est que le combat continue. On pourrait se dire bref ! des services libres et éthiques en ligne, c’est bien mais voilà !, les gens vont continuer avec leurs habitudes, etc. En fait, il faut savoir qu’il y a déjà plusieurs milliers d’utilisateurs du Chapril tous les mois. Donc ce n’est pas quelque chose d’anecdotique dans un coin qui marche pour des techos, c’est vraiment pour le grand public. Allez voir les services, testez-les, utilisez-les, découvrez-les. Rejoignez les milliers d’utilisateurs du Chapril et les centaines de milliers d’utilisateurs des services du Collectif CHATONS, chatons.org.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>chatons.org et également chapril.org. Merci beaucoup.<br/><br />
Adrien, le mot de la fin.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Je serai un petit peu plus général pour dire que le logiciel libre c’est ce qui nous redonne de l’éthique et de la liberté dans le monde du logiciel mais pas seulement. Toutes les créations de l’esprit sont touchées et c’est aussi ça que je trouve formidable. Contribuer à l’April c’est mon moyen d’agir efficacement pour le bien commun, la liberté et l’égalité. Le logiciel libre c’est d’abord un enjeu de démocratie et probablement de survie dans les décennies à venir. Peut-être que si on considérait le problème climatique qui va rendre le partage des ressources tout simplement vital, l’État serait obligé de décider de rendre obligatoire le logiciel libre.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Parfait. Je ne peux que plussoyer, comme on dit, qu’être d’accord avec ton propos très juste.<br/><br />
Mon mot de la fin, suite à cet échange en tant que permanent de l’April : rappeler à quel point l’action des bénévoles est cruciale pour l’action de l’April en général. Pouvoir travailler avec des bénévoles d’une telle qualité me rend fier de travailler à l’April et fait que chaque jour de travail je prends du plaisir à bosser à l’April. C’est grâce à toutes les contributions.<br/><br />
Un grand merci à Marie-Odile Morandi, Christian-Pierre Momon, Laurent Costy ainsi que Adrien Bourmault. Je vous souhaite une très bonne fin de journée et à bientôt.<br />
<br />
<b>Christian-Pierre Momon : </b>Belle journée.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Belle journée.<br />
<br />
<b>Marie-Odile Morandi : </b>Au revoir merci.<br />
<br />
<b>Laurent Costy : </b>Au revoir.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons faire maintenant une petite pause musicale.<br />
<br />
[Virgule sonore]<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons écouter le dernier morceau sélectionné pour nous par Éric Fraudain. Nous allons écouter <em>VoMoliendo Cafe</em> par Zezinho Fernandes. On se retrouve juste après. Une belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.<br />
<br />
<b>Voix off : </b><em>VoMoliendo Cafe</em> par Zezinho Fernandes..<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous venons d’écouter <em>VoMoliendo Cafe</em> par Zezinho Fernandes, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By. Vous retrouverez les références sur le site april.org.<br />
<br />
Vous écoutez l’émission <em>Libre à vous !</em> sur radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM en Île-de-France et partout ailleurs sur le site causecommune.fm.<br/><br />
Je suis Étienne Gonnu chargé des affaires publiques pour l’April. Nous allons passer au sujet suivant.<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==Chronique « Pépites libres » de Jean-Christophe Becquet sur La sagesse et/ou folie des foules, un jeu de simulation de Nicky Case sous licence Creative Commons Zero==<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons poursuivre avec la chronique de Jean-Christophe Becquet qui nous a déniché une nouvelle pépite libre sous la forme d’un petit jeu sur navigateur web intitulé La sagesse et/ou folie des foules.<br/><br />
Salut Jean-Christophe<br />
<br />
<b>Jean-Christophe Becquet : </b>Salut Étienne. Bonjour à tous. Bonjour à toutes.<br/><br />
La sagesse et/ou folie des foules est un jeu de simulation développé par Nicky Case en 2018. Il s'agit d'une application web. Vous pouvez donc y accéder à travers un navigateur quel que soit votre système d'exploitation.<br/><br />
En une dizaine de séquences interactives, Nicky Case nous amène à découvrir les apports de la psychologie sociale sur les phénomènes de groupe. Il montre ainsi comment les connexions qui nous relient à nos pairs vont permettre la propagation des idées les plus sages comme les plus folles. On découvre ainsi les phénomènes de contagion et leurs subtils facteurs explicatifs comme l'effet de groupe. Cela s'applique bien sûr aux réseaux sociaux mais aussi à de nombreux aspects de nos vies quotidiennes, dès lors que nous établissons des relations au sein d'un groupe de collègues ou d'amis.<br />
<br />
Nicky Case a développé plusieurs autres jeux interactifs sous licence libre comme Pour un meilleur scrutin, un guide interactif des modes de scrutin alternatifs ou encore L'Évolution de la Confiance qui traite de la théorie des jeux. Mais la liste ne s'arrête pas là et une visite sur son blog, blog.ncase.me, vous permettra de découvrir l'étendue de son travail. Je redonnerai tous les liens sur la page consacrée à l'émission, sur le site april.org<br />
<br />
Nicky Case est un développeur indépendant de jeux vidéos. Il a fait le choix de partager cette application sous la licence Creative Commons Zero. Il s'agit de la plus permissive des licences Creative Commons dont l'esprit peut se résumer par la mention « aucun droit réservé ». Nicky Case explique : « Je donne mon œuvre, mon code, les mots pour que les professeurs, mathématiciens, passionnés, activistes, et conseillers politiques puissent les utiliser comme bon leur semble ! C'est fait pour. »<br />
<br />
Je trouve aussi particulièrement exemplaire le soin qu'il met à citer méticuleusement toutes les sources de ses créations, telles que la musique, les effets sonores ou la police de caractères. Cela m'a permis de découvrir le site freesound.org qui héberge des sons dont certains sont sous licence libre. J'en ferai peut-être le sujet d'une prochaine chronique.<br/><br />
Il cite également les bibliothèques logicielles libres sur lesquelles il s'appuie.<br/><br />
Ces composants constituent en quelque sorte des briques de base réutilisables qui évitent au développeur de chaque fois réinventer la roue.<br />
<br />
La sagesse et/ou folie des foules est développé initialement en anglais. Le fait qu'il soit traduit dans plus d'une vingtaine de langues illustre, selon moi, un des effets vertueux de la licence libre. En permettant les versions modifiées, l'auteur autorise les traductions. Il suffit qu'une personne se porte volontaire et une nouvelle langue viendra s'ajouter dans les choix disponibles.<br/><br />
Aujourd'hui, une quarantaine de contributeurs ont participé au développement ou à la traduction du jeu. D'autres participent en soutenant financièrement l'auteur. Belle illustration des effets vertueux de la licence libre qui favorise la coopération pour rendre le logiciel accessible au plus grand nombre !<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Merci jean-Christophe.<br/><br />
Isa nous fait remarquer à très juste titre qu’effectivement la licence Creative Creative Zero, CC0, est la plus permissive dans la limite posée par le pays dans lequel est on est. Par exemple en France elle n’a pas de valeur légale puisqu’il est impossible de céder son droit moral ???, mais cela n’enlève bien sûr rien à la démarche et à la préservation des libertés qu’on défend.<br/><br />
En tout cas j’ai trouvé que c’est vraiment un jeu très ludique. Finalement on apprend une notion assez complexe, les liens, le fonctionnement par réseau ; je trouve que c’est une belle pépite.<br/><br />
En France, il faut continuer à citer l’auteur, exactement.<br/><br />
Merci Jean-Christophe. Je te dis au mois prochain pour ta prochaine chronique.<br />
<br />
<b>Jean-Christophe Becquet : </b>Tout à fait. Rendez-vous en 2021.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>À 2021. Salut Jean-Christophe.<br/><br />
<br />
<b>Jean-Christophe Becquet : </b>Bonne fin d’émission.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous approchons de la fin de l’émission. Nous allons terminer par quelques annonces.<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l'April et le monde du Libre==<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>La Fondation</div>Neoxhttps://wiki.april.org/index.php?title=Libre_%C3%A0_vous_!_Radio_Cause_Commune_-_Transcription_de_l%27%C3%A9mission_du_1er_d%C3%A9cembre_2020&diff=90947Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l'émission du 1er décembre 20202020-12-03T19:13:02Z<p>Neox : Modifications de mes propres tirades, deux petites erreurs d'identification d'orateur</p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Transcriptions]]<br />
<br />
'''Titre :''' Émission <em>Libre à vous !</em> diffusée mardi 1er décembre 2020 sur radio Cause Commune<br />
<br />
'''Intervenant·e·s :''' Béatrice Pradillon - Marie-Odile Morandi - Laurent Costy - Christian-Pierre Momon - Adrien Bourmault - Jean-Christophe Becquet - Étienne Gonnu - Isabella Vanni à la régie<br />
<br />
'''Lieu :''' Radio Cause Commune<br />
<br />
'''Date :''' 1er déCembre 2020<br />
<br />
'''Durée :''' 1 h 30 min<br />
<br />
'''[https://media.april.org/audio/radio-cause-commune/libre-a-vous/backups/output-2020-12-01-15h29.mp3 Écouter ou enregistrer le podcast PROVISOIRE]''' <br />
<br />
[https://www.april.org/libre-a-vous-diffusee-mardi-1er-decembre-2020-sur-radio-cause-commune Page des références utiles concernant cette émission]<br />
<br />
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]<br />
<br />
'''Illustration :'''<br />
<br />
'''NB :''' <em>transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.<br/><br />
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.</em><br />
<br />
==Transcription==<br />
<br />
<b>Voix off : </b><em>Libre à vous !</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Bonjour à toutes. Bonjour à tous.<br/><br />
« Au cœur de l’April (dé)confinée », c’est le sujet principal de l’émission du jour. Également au programme les résultats du label Territoire Numérique Libre 2020 et aussi la chronique Pépites libres de Jean-Christophe aujourd’hui sur le jeu La sagesse et/ou folie des foules.<br/><br />
Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.<br />
<br />
Vous êtes sur la radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 en Île-de-France et en DAB+ et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.<br/><br />
<br />
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de <em>Libre à vous !</em>, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Étienne Gonnu chargé de mission affaires publiques pour l’April.<br/><br />
Le site web de l’April c’est april.org, vous pouvez y trouver une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou nous poser toute question.<br />
<br />
Nous sommes mardi 1er décembre 2020, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.<br />
<br />
À la réalisation de l’émission aujourd’hui ma collègue Isabella Vanni. Bonjour Isa.<br />
<br />
<b>Bonjour Isabella : </b>Bonjour Étienne.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Si vous voulez réagir, poser une question pendant ce direct, n’hésitez pas à nous contacter. Pour ce faire vous pouvez vous connecter sur le salon web de la radio. Pour cela rendez-vous sur le site de la radio, causecommune.fm, cliquez sur « chat » et retrouvez-nous ensuite sur le salon dédié à l’émission. Vous pouvez aussi participer à nos échanges en appelant le 09 72 51 55 46, vous retrouverez le numéro sur le site de la radio.<br />
<br />
Nous vous souhaitons une excellente écoute.<br />
<br />
Nous allons passer au premier sujet.<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==Les résultats de l’édition 2020 du label Territoire Numérique Libre (TNL).==<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons commencer, comme je vous le disais, par parler des résultats du label Territoire Numérique Libre, le label TNL, édition 2020, dont la remise des prix a eu lieu ce matin, à distance bien sûr, étant donné le contexte sanitaire.<br/><br />
J’ai le plaisir de recevoir par téléphone normalement Béatrice Pradillon, responsable communication de l’Adullact . Bonjour Béatrice.<br />
<br />
<b>Béatrice Pradillon : </b>Bonjour Étienne.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Béatrice, première question très simple : est-ce que tu pourrais déjà nous rappeler ce qu’est l’Adullact et l’objet de ce label ?<br />
<br />
<b>Béatrice Pradillon : </b>Tout à fait. Déjà merci pour l’invitation. L’Adullact c’est l’Association des développeurs et utilisateurs de logiciels libres dans les administrations et collectivité territoriales, qui existe depuis 2002, donc on a 18 ans, on est majeurs cette année. Notre cœur de métier ce sont les collectivités et les services publics. On s’adresse vraiment à eux et notre activité, on va dire, c’est de conseiller les collectivités, de les aider à coordonner leurs actions en ce qui concerne le développement des logiciels libres métier.<br/><br />
Il y a quelques années on a eu l’idée toute simple, en réponse à d’autres labels existant comme les labels Ville ou Village Fleuri, Villes Internet que tout le monde connaît, et on s’est dit pourquoi ne pas créer un label qui, en fait, récompense, fait la promotion des initiatives des collectivités en faveur des logiciels libres et des licences ouvertes. Partant de là on a constitué à la fois un comité d’organisation autour de nous avec différents acteurs du Libre et des services publics, bien sûr l’Adullact, l’April, l’Aful, l’association Déclic, le cluster Naos en Nouvelle-Aquitaine [Nouvelle-Aquitaine open source] et en représentant des collectivités, la commune de Saint-Martin-d’Uriage qui était d’ailleurs partante depuis le début pour nous accompagner.<br/><br />
Depuis on a été également soutenus par d’autres structures, mais l’idée c’était de créer un label pour vraiment permettre aux collectivités à la fois d’auto-évaluer leur démarche en faveur du Libre, mais aussi de récompenser vraiment les projets libres et de les faire connaître aux autres collectivités.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Merci pour cette présentation très claire. Effectivement, comme l’as dit, l’April est membre de ce jury depuis le début on a tout de suite souhaité soutenir cette initiative. Pareil, on pense qu’il est important de faire du lien, on sait que la communication, communiquer sur les initiatives vertueuses est quelque chose d’important.<br/><br />
Là c’est le TNL 2020, ça fait depuis 2016, donc c’est la cinquième édition. Est-ce que tu peux peut-être nous rappeler comment ce label fonctionne ? Tu as parlé d’un jury. On peut dire aussi que derrière il y a un questionnaire. Est-ce que tu peux nous donner plus de détails sur comment fonctionne, tout simplement, ce label, de la candidature au résultat ?<br />
<br />
<b>Béatrice Pradillon : </b>En fait, c’est un label qui fonctionne de manière annuelle. En général on a une campagne de candidatures qui démarre un petit peu avant l’été, à la fin du printemps.<br/><br />
Les collectivités ont un formulaire en ligne qu’elles doivent renseigner. Il y a cinq grandes thématiques : la stratégie ; l’interopérabilité et l’accessibilité qu’on a mises ensemble ; les logiciels et systèmes libres pour, bien sûr, savoir ce qu’elles utilisent sur leurs ordinateurs ; la partie écosystème et communication : quelles sont, par exemple, les entreprises du numérique libre sur leur territoire, est-ce qu’il y a des <em>fab labs</em>, est-ce qu’elles forment leurs agents, est-ce qu’elles organisent des évènements autour du Libre ; et enfin, en dernier, l’ouverture des données publiques.<br/><br />
Donc les collectivités répondent à ces cinq thématiques, elles ne sont pas forcément obligées d’être compétentes sur chacune des thématiques. On a, par exemple, des collectivités qui ne font pas encore d’<em>open data</em>, mais ce n’est pas grave, ça n’empêche pas de candidater.<br/><br />
À la clôture des candidatures, tous les dossiers sont réunis, ils sont examinés par un jury composé des structures qui sont au comité d’organisation et également du Conseil national du logiciel libre. Ensuite on organise une remise des labels en fin de l’année, fin novembre début décembre, où sont décernés les labels qui sont gradés du niveau 1 au niveau 5 ; ce ne sont pas des arobases, ce sont des <em>copyleft</em>. Chaque année les collectivités peuvent renouveler leur label ou essayer de progresser, d’obtenir le niveau supérieur.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Super. Je vais rappeler rapidement pour nos auditeurs et auditrices qui ne seraient pas familiers du concept que <em>copyleft</em> c’est donc la gauche d’auteur qui s’oppose au copyright qui veut dire droit d’auteur en anglais, dans le droit anglo-saxon. En gros ça porte cette idée qu’on maintient dans l’espace commun, dans l’utilisation commune, la liberté d’utilisation sur les ressources en cause. C’est quelque chose d’assez central dans les licences libres même si toutes les licences libres ne sont pas des <em>copyleft</em>, mais on ne va pas rentrer dans ce niveau de détail.<br/><br />
Je disais en ouverture, tu as évoqué la remise des labels, elle a donc eu lieu ce matin dans des conditions particulières, peut-être que tu pourrais nous dire justement quel outil a été utilisé, parce que je pense que c’est un aspect important et ce qu’on peut dire de ces résultats de cette année, de cette édition 2020 des TNL.<br />
<br />
<b>Béatrice Pradillon : </b>J’ai oublié de préciser tout à l’heure que depuis cinq ans on a récompensé 60 collectivités en tout. C’est assez intéressant de dire qu’on commence à toucher de plus en plus de collectivités. Et cette année, effectivement avec le contexte sanitaire, on a décidé de faire ça en visioconférence. Bien sûr on a utilisé un logiciel libre, donc on a été sur une Instance BigBlueButton qu’on avait déjà utilisée au sein de l’Adullact pour notre assemblée générale qui a eu lieu en juin dernier. On l’a utilisée pour la remise des labels. Ça fonctionne très bien, comme tous les outils libres, il n’y a pas de souci. Du coup ça a permis d’avoir une autre dynamique qui était aussi intéressante. Parfois les gens sont peut-être moins timides, finalement, quand ils sont ne sont pas en vrai devant une scène mais qu’ils sont à l’oral avec un micro. Donc on a eu beaucoup d’interactions inintéressantes ce matin, c’était très intéressant.<br/><br />
Les résultats de ce label 2020. on a eu 27 candidatures cette année. C’est un tout petit moins que l’année dernière. Je pense que c’est dû à la fois au contexte sanitaire, mais aussi aux élections municipales, parce que quand on a de nouvelles équipes qui se mettent en place en quelques mois avant de participer à un label, les élus ne sont pas forcément acculturés au Libre si l’équipe a changé. Il y a aussi un travail de l’équipe technique dans la DSI de devoir sensibiliser un peu les élus à ce qui a été fait en interne et pourquoi ce label existe, etc. Ce qui fait qu’après une année d’élections on s’attend à peut-être un petit peu plus de travail de la part des DSI pour pouvoir porter de nouveau ce label.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Tout à fait.<br />
<br />
<b>Béatrice Pradillon : </b>C’est effectivement une petite difficulté durant cette année un peu particulière.<br/><br />
Au niveau des résultats 2020, sur les 27 candidats on a eu des collectivités un petit peu de tous les niveaux. On a eu deux lauréats de niveau 2, six collectivités de niveau 3, une quinzaine de niveau 4, donc on a énormément de bons élèves, des collectivités qu’on a vu progresser d’année en année et qui reviennent régulièrement pour renouveler leur label.<br/><br />
On a des collectivités comme la ville Lyon, la ville de Fontaine, la ville d’Angoulême qui sont des habitués, le département de la Gironde également. Nous avons eu enfin trois collectivités niveau 5, le niveau 5 c’est le meilleur niveau du label. Cette année y ont accédé le département de la Gironde, le GIP Recia qui est un regroupement d’intérêt public qui a une mission territoriale et qui est vraiment dévoué au Libre depuis des années, et la ville d’Arles qui, comme on le sait, est un gros contributeur au niveau des logiciels libres en France. Ces trois collectivités ont accédé au niveau 5.<br/><br />
Le jury a également décerné quatre mentions spéciales à la ville de Vandœuvre-lès-Nancy pour leur meilleure première candidature ; à la ville de Ladevèze-Rivière pour la meilleure petite collectivité, c’est une petite ville de 220 habitants qui, avec les moyens qu’on imagine, arrive à mettre en place une politique assez ambitieuse et pour nous c’est vraiment la preuve concrète que le Libre peut vraiment se développer partout, a sa place partout. On aime avoir ce genre de collectivité qui porte vraiment ce message-là.<br/><br />
On a également le meilleur projet citoyen pour la ville de Voisins-le-Bretonneux qui justement, durant le confinement, a mis en place un outil libre de visio, Jitsi, à l’intention des administrés et entreprises, ils ont également fait des formations offertes auprès de leur public pour rompre l’isolement des personnes les plus âgées durant cette période difficile. Voilà, ça leur permet aussi de faire connaître un outil libre auprès du grand public, donc vraiment chapeau à eux.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Je permets de t’interrompre avant que tu nous parles du dernier prix spécial. Nous avons reçu Christophe Boissonnade qui est délégué numérique de la ville de Voisins-le-Bretonneux la semaine dernière, dans l’émission du 24 novembre, et effectivement on sentait la passion avec laquelle il porte ces projets enfin l’engagement qu’il y met, l’importance pour lui quand il parlait d’inclusion numérique. J’invite d’ailleurs toutes les personnes à écouter ce podcast et cet échange très intéressant qui n’est pas encore disponible sur le site de l’April, mais ça ne devrait pas tarder.<br/><br />
Excuse-moi. Il y avait effectivement un quatrième prix spécial. Je te rends la parole.<br />
<br />
<b>Béatrice Pradillon : </b>Tout à fait. J’allais dire qu’un exemple comme celui de la vile de Voisins-le-Bretonneux c’est vraiment ce genre de choses qu’on a envie de mettre en avant, on a envie de mettre en lumière ce genre de projet tellement exceptionnel et qu’on pourrait tellement facilement porter dans toutes les collectivités. C’est ce genre de choses qui font la raison d’être du label, c’est très intéressant.<br/><br />
Le dernier coup de cœur du jury c’est pour la ville d’Abbeville, dans le Nord, à la fois pour la motivation exceptionnelle de leurs équipes et élus et ils ont également un projet de jardin connecté, très intéressant qui mélange en fait le label TNL et Ville et Village Fleuri. On a hâte d’en savoir plus là-dessus.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Tu évoquais ce tout petit village et ma collègue, sur le salon web de la radio, sur le salon de l’émission, précise qu’il y avait effectivement des toutes petites collectivités et c’est vrai que c’est très intéressant à voir.<br/><br />
C’est la cinquième édition. De mémoire c’est la troisième pour laquelle j’ai le plaisir de représenter l’April dans le jury, dans le comité du jury. C’est intéressant de voir le délicat exercice, on va dire, comment on fait vivre un label dans le temps et comment on le fait évoluer, etc., notamment pour intégrer des réalités en fait très éparses dans un questionnaire, ce qui n’est pas évident. C’est-à-dire à la fois pour qu’il soit juste vis-à-vis d’une toute petite collectivité, vis-à-vis de très grandes collectivités comme des départements, et faire entrer tout ça pour un label équilibré, c’est vrai que l’exercice n’est pas simple, mais en tout cas intéressant.<br/><br />
Je ne sais pas s’il y a des perspectives futures pour le label ou si tu souhaites réagir à ce commentaire.<br />
<br />
<b>Béatrice Pradillon : </b>Tout à fait. J’ai envie de dire qu’au niveau des perspectives, comme pour tous les labels, on aurait envie de toucher plus de monde, on aurait envie que davantage de collectivités sachent que ce label existe. Je pense qu’il y a vraiment beaucoup plus de collectivités, qu’on ne connaît parfois pas, qui ont des initiatives intéressantes au niveau du Libre, qui ont des stratégies mises en place et qui devraient pouvoir communiquer dessus de façon plus forte.<br/><br />
Effectivement, dans la perspective d’évolution, le formulaire de candidature du label évolue déjà chaque année. On essaie de coller au mieux à la fois aux réalités du terrain, aux enjeux du numérique, et c’est pour ça qu’en fait c’est un exercice difficile effectivement, à la fois de garder une certaine cohérence d’année en année, mais chaque année le formulaire évolue. Par exemple au départ, en 2016, la thématique accessibilité n’était pas présente dans le questionnaire, elle est arrivée un petit peu après et l’année prochaine on aimerait bien intégrer la thématique de la frugalité numérique, de l’écologie numérique, parce que je pense qu’on ne peut pas parler de numérique aujourd’hui sans parler de cet aspect-là.<br/><br />
Donc le questionnaire évolue et les collectivités vont devoir aussi faire évoluer leurs réponses pour pouvoir, par exemple, conserver le même niveau de label avec des critères qui évoluent, bien sûr.<br/><br />
La dernière petite chose, le mot de la fin, j’ai envie de dire qu’aujourd’hui on a de plus en plus de collectivités qui accèdent au niveau 5. On a l’impression, quand on accède au niveau 5, que c’est fini, on a gagné, alors qu’en fait pas du tout. Il y a encore une marge de progression au sein de ce palier et aujourd’hui, avec le comité, on réfléchit à la manière de pouvoir récompenser un jour, quand ça arrivera sur notre bureau, un dossier qui soit 100 % libre. Avoir un niveau vraiment d’excellence parce qu’arriver au niveau 5 ne veut certainement pas dire avoir terminé le travail. Il y a toujours beaucoup de choses à libérer, de solutions à adopter. Voilà. On veut montrer qu’il y a encore une marge de progression possible et que l’excellence est possible. On espère l’avoir un jour.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Ça me parait être un très beau mot de conclusion, pour avoir des vrais territoires numériquement libres avec des citoyens et des citoyennes libres sur ces territoires.<br/><br />
Grand merci d’avoir partagé ce retour avec nous, Béatrice. J’imagine que les résultats seront bientôt en ligne pour que chacun et chacune puisse les consulter.<br />
<br />
<b>Béatrice Pradillon : </b>Normalement c’est prévu demain matin, tout sort en ligne et visible.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Parfait. Merci beaucoup. Je te souhaite une très bonne fin de journée.<br />
<br />
<b>Béatrice Pradillon : </b>Merci beaucoup. Au revoir.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Au revoir. Nous avons échangé avec Béatrice Pradillon, responsable communication de l’Adullact.<br/><br />
Je vous propose à présent de faire une petite pause musicale.<br />
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[Virgule musicale] <br />
<br />
Aujourd’hui notre programmateur musical Éric Fraudain, du site auboutdifil.com, nous fait découvrir trois morceaux de Zezinho Fernandes, un artiste originaire de Panaji, la capitale de la région de Goa au sud-ouest de l’Inde. Sa musique pourtant semble bien davantage évoquer le rythme et la sonorité de la Samba brésilienne. Je vous propose pour commencer de découvrir <em>Amor Amor</em> par Zezinho Fernandes. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles. <br />
<br />
<b>Pause musicale : </b><em>Amor Amor</em> par Zezinho Fernandes.<br />
<br />
<b>Voix off : </b><br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous venons d’écouter <em>Amor Amor</em> par Zezinho Fernandes, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By, qui permet la réutilisation, la modification, la diffusion, le partage de cette musique pour toute utilisation, y compris commerciale, à condition de créditer l’artiste, le nom, la source ??? finale, d’indiquer la licence et d’indiquer si des modifications ont été effectuées. Vous retrouverez les références sur causecommune.fm, et sur april.org et vous trouverez une présentation de l’artiste sur le site auboutdufil.com.<br />
<br />
Vous écoutez toujours l’émission <em>Libre à vous !</em> sur radio Cause commune la voix de possibles, 93.1 en Île-de-France et partout ailleurs sur le site causecommune.fm. Je suis Étienne Gonnu en charge des affaires publiques pour l’April.<br />
Passons maintenant au sujet suivant.<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==« Au cœur de l'April (dé)confinée », épisode 2. Plusieurs personnes actives au sein de l'April parleront des groupes de travail, des activités de l'April, son fonctionnement. Nous parlerons également des coulisses de l'émission==<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Est-ce qu’on a tout le monde ? OK. Le but de ce sujet c’est de vous présenter un peu l’April, comme nous l’avions fait le 17 novembre, le sujet est « Au cœur de l’April (dé)confinée ». Normalement j’ai le plaisir de recevoir Laurent Costy, Marie-Odile Morandi, Adrien Bourmault, Christian-Pierre Momon pour nous parler, justement, de leur engagement à l’April et pour le Libre en général. Est-ce que vous êtes tous les quatre avec moi ?<br />
<br />
<b>Marie-Odile Morandi : </b>Oui.<br />
<br />
<b>Laurent Costy : </b>Oui<br />
<br />
<b>Christian-Pierre Momon : </b>Oui.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Adrien, est-ce que tu es là.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Oui, je suis là.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>OK. Tous les quatre, c’est parfait. Petit propos introductif peut-être pour resituer de quoi on parle. On parle de l’April qui, depuis 1996, est l’association de promotion et de défense du logiciel libre et diffuse l’esprit du Libre. L’émission <em>Libre à vous !</em> est un de nos projets, mais il en a bien d’autres. On va essayer de vous faire découvrir les coulisses de l’association, quelques actions, découvrir des personnes, ici des bénévoles, moi-même étant une personne salariée, nos actions sont complémentaires et importantes, qui nous permettent d’avoir une association vivante et active pour la promotion et la défense du logiciel libre. On va donc tenter de diffuser l’esprit de l’April.<br/><br />
Lors du premier confinement nous avions déjà réalisé deux épisodes sur ce principe. Vous pouvez d’ailleurs écouter les podcasts des émissions du 16 juin 2020 et 7 juillet 2020. Il s’agit aujourd’hui du deuxième épisode de ce deuxième confinement après l’émission du 17 novembre.<br/><br />
J’avais demandé à chacun de préparer une petite présentation en une minute, pour vous présenter et ce que vous faites à l’April. Marie-Odile.<br />
<br />
<b>Marie-Odile Morandi : </b>Bonjour à toutes et à tous. Je suis Marie-Odile Morandi. J’étais enseignante de Technologie-Collège au lycée Stendhal de Milan, qui est un des lycées français à l’étranger. Aujourd’hui je suis à la retraite. Au sein de l’April je m’occupe particulièrement du groupe Transcriptions et, à l’occasion, je relis les communiqués, les lettres d’information et les écrits divers produits par les permanents et quelquefois par des membres de l’association quand ils me le demandent.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Et on te le demande souvent. Je te remercie chaudement de ton aide avec ces relectures régulières. Merci beaucoup Marie-Odile.<br/><br />
Laurent Costy. Il redémarre, il a eu un bug. On va passer à Christian-Pierre Momon, CPM pour les intimes.<br />
<br />
<b>Christian-Pierre Momon : </b>Bonjour. Christian-Pierre Momon. Je suis développeur informatique, consultant en informatique. Je suis membre du conseil d’administration de l’April et je suis responsable du groupe Chapril.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Efficace. Super. Et Adrien Bourmault.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Je suis Adrien. J’ai 22 ans. Je suis membre associé bénévole de la <em>Free Software Foundation</em> depuis 2018, adhérent de l’April depuis juillet dernier. J’ai fait beaucoup d’actions au sein de l’association, allant de la régie de l’émission <em>Libre à vous !</em> – dans un futur pas trop lointain – à la co-animation assez récente maintenant du service XMPP du Chapril – j'espère qu’on abordera un petit peu le sujet – en passant par des petites transcriptions et traductions sporadiques et des actions diverses contre la diffusion des logiciels privateurs dans la vie de tous les jours. En dehors de ça, je fais aussi des contributions à l’application Conversation et au projet GNU.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Beaucoup de sujets à aborder, effectivement, et on pourra parler du Chapril, je sais que Christian le fera aussi avec plaisir.<br/><br />
On attend que Laurent puisse se reconnecter à la ligne. Adrien, tu dis que tu es un membre très récent de l’April, on sait que Marie-Odile et Christian sont tous les deux, comme Laurent, membres du conseil d’administration de l’April, déjà, ce que je voulais souligner, ce sont les profils différents et votre ancienneté à l’April. Il y a des profils techniques pour le coup, comme Adrien et Christian, donc une diversité qui est assez représentative, je pense, de l’April elle-même.<br/><br />
J’avais une question maintenant qu’on a déjà une première idée de qui vous êtes et d’où vous parlez, j’aimerais laisser un peu plus de temps à chacun et chacune pour nous dire pourquoi le Libre vous tient à cœur, comment vous avez rencontré l’April et pourquoi vous avez décidé de vous engager dans cette association. Marie-Odile, reprenons le même ordre.<br />
<br />
<b>Marie-Odile Morandi : </b>Entendu. En juillet 2011, l’April avait organisé un April Camp. April Camp, il y en a eu un la semaine dernière, c’est une réunion des membres, des bénévoles, des adhérents, etc., ça se déroule sur deux jours, et il y en avait eu un fin juillet 2011. En surfant sur le réseau j’ai découvert cet April Camp [j’ai pu entendre des discussions, des échanges, écouter ce qui se passait. Ce que j’entendais me plaisait et je me suis sentie motivée. D’autant plus que l’heure de la retraite allait arriver, qu’on nous dit qu’il faut préparer la transition… Vous connaîtrez ça un jour, je vous le souhaite !] Je me suis donc demandé comment je pouvais participer. Je me suis tournée vers les transcriptions, puisque, en fait, c’était la façon la plus simple pour moi, il n’y a pas besoin de compétences particulières. [J’ai commencé à relire et corriger des transcriptions, je me suis inscrite à la liste Transcriptions, vous retrouverez toutes les liens sur la page dédiée à l’émission d’aujourd’hui, et j’ai adhéré à l’association en septembre 2011. Petit à petit, j’ai commencé à faire des nouvelles transcriptions et c’était parti !, Note de l’orateur]<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>On s’entend à nouveau, c’est le principal. On ne sait pas qui a entendu quoi. Tant pis ! Ce sont les aléas du direct. Christian est-ce que tu peux parler de toi, ta rencontre avec l’April, les motivations de ton engagement pour le Libre et pourquoi tu as choisi de t’engager à l’April ?<br />
<br />
<b>Christian-Pierre Momon : </b>Ça remonte à un petit peu loin, dans les années 1980. Avant la création de l’April j’ai eu une vision de ce que pouvait apporter l’outil informatique comme bénéfice pour l’humanité. J’avais une vision de plein de choses que ça pouvait apporter. J’ai fait des études d’informatique et, à la fin de mes études, j’ai participé à la création d’une association qui s’appelait ??? et naturellement ça a été un vecteur d’échanges avec d’autres associations, d’autres personnes qui avaient la même idée, à la fin des années 1990, de faire des choses. C’est comme ça que j’ai fait des choses avec l’April à l’époque. Déjà à l’époque il y avait quelqu’un qui s’appelait Richard Stallman, qui portait un message qui était très attirant, très épanouissant. Depuis je n’ai eu d’effort que de répondre à ce message.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Parfait. Adrien, pour toi cet engagement est bien plus récent, tu nous as dit que ça date de juillet. Comment as-tu entendu parler de l’April ? Pourquoi as-tu souhaité t’y engager, sachant que tu nous disais que tu es déjà engagé pour le Libre à la <em>Free Software Foundation</em>, la Fondation pour le logiciel libre. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu de ce parcours, s’il te plaît ?<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>J’ai approché les ordinateurs très tôt dans ma vie, mais ce n’est qu’en 2016 que j’ai vraiment découvert ce qu’est que le logiciel libre en testant une distribution GNU/Linux, qui s’appelle Kali Linux. J’ai ensuite découvert l’existence du projet Debian, projet très démocratique. À la suite de ça, je me suis intéressé à l’existence de GNU et Linux et c’est à cette période que j’ai appris, notamment, les langages de programmation système, donc à la fin de mon lycée. Mais pour que je puisse, j’allais dire, m’investir vraiment dans le logiciel libre il a fallu un déclic. Ça été en mars 2018 avec l’éclatement médiatique du scandale Cambridge Analytica – Facebook était pointé du doigt au sujet des données personnelles, vous vous en rappelez sûrement – en écho aux révélations de Snowden que je n’avais pas vraiment comprises en 2013. À ce moment-là j’ai décidé de supprimer mes comptes Google, Facebook, Amazon, d’installer Debian à la place de Windows, et je me suis aperçu que je n’étais pas libre et que des programmes informatiques cherchaient à contrôler mon existence et mes choix.<br/><br />
Parallèlement à ça je suis entré à l’Université, j’ai rencontré un ami très important qui s’appelle Julian, avec lequel on a commencé un projet de système d’exploitation libre avec pour but d’apprendre et de l’utiliser aussi pédagogiquement pour nos cours particuliers, on l’a appelé OS/K [OS on Kaleid, note de l'orateur]. Au moment de le publier [sur notre dépôt, note de l'orateur], sur un coup de tête, je me suis inscrit à la FSF, et suis donc depuis membre associé de la FSF et j’ai commencé à contribuer assez périodiquement.<br/><br />
En 2020, alors que je discute avec Richard Stallman au sujet de l’application StopCovid qui présentait des problèmes de licence propriétaire, il me propose de contacter Frédéric Couchet à l’April. L’échange ne donnera pas grand-chose parce que, en fait, il n’y a pas grand-chose à faire [la situation sera résolue par l'ouverture de tickets en masse sur le dépôt de l'INRIA, note de l'orateur], mais le mal est fait. Je connais à présent l’April, à laquelle je vais adhérer en juillet 2020 et, depuis, je crois que j’ai bien envahir la sphère de l’association !<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Oui. Tu es présent et actif. On en est tous très heureux d’ailleurs. Ce qui nous fait d’ailleurs chaudement plaisir quand on t’entend parler, c’est que tu parles de GNU/Linux, de logiciel privateur, on voit déjà le souci, la rigueur de ton engagement. C’est quelque chose de très important. Les puristes que nous sommes, ce n’est pas un terme péjoratif, apprécieront largement.<br/><br />
Est-ce que nous avons Laurent avec nous ?<br />
<br />
<b>Laurent Costy : </b>Oui, je vous entends est-ce que vous m’entendez ?<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Parfaitement. Quel plaisir !<br />
<br />
<b>Laurent Costy : </b>Laurent déjà est-ce que tu peux te présenter rapidement, ce que tu fais à l’April ? Et, plus largement, nous dire globalement comment tu as rencontré l’April, ton engagement pour le Libre et pourquoi tu as souhaité t’engager dans notre association ?<br />
<br />
<b>Laurent Costy : </b>Je m’appelle Laurent Costy. Je suis membre du conseil d’administration de l’April maintenant depuis, bonne question, plusieurs années on va dire. Je dirais trois,quatre ans maintenant. Peut-être quatre, cinq, je ne sais plus vraiment.<br />
<br />
<b>Marie-Odile Morandi : </b>Plus que ça !<br />
<br />
<b>Laurent Costy : </b>Plus que ça, je ne sais plus trop. J’ai connu l’April au milieu des années 2000 on va dire. Je viens du milieu associatif en tant que professionnel, je travaille dans le milieu associatif, et c’est vrai que très tôt un de mes questionnements et, on va dire, mon dada au sein de l‘April c’est la question du lien entre les logiciels libres et les associations. Les associations en général et, plus particulièrement parce c’est mon milieu, les associations d’éducation populaire. Je suis convaincu que les valeurs défendues au sein des associations d’éducation populaire sont très convergentes avec les valeurs du logiciel libre. Pas toutes, en tout cas il y a une sphère de connexion extrêmement importante entre les deux univers et c’est ça qui m’a toujours motivé, justement de faire le lien entre ces deux univers-là.<br/><br />
Ça c’est un petit peu ma raison d’être au sein de l’April. Le groupe de travail Libre Association existe depuis 2007, je crois, de mémoire. C’est là qu’on peut, sur une liste mail entre autres, poser des questions sur quel logiciel libre utiliser pour son association pour faire telle action, etc. On avait aussi produit à l’époque un guide qui, justement, récapitulait sur tous les champs utiles aux associations – bureautique, dessin, etc. – tout ce qui peut servir en tant que logiciel libre aux associations. On avait travaillé avec Framasoft et ça avait été remis à jour en 2015. On essaye de donner de la matière aux associations et de faire lien.<br/><br />
Comment je suis arrivé à l’April ? J’étais déjà en milieu associatif en tant que professionnel. Je suis arrivé, en fait, par la question de l’outil parce que je travaillais dans une association qui faisait la promotion de la culture scientifique et technique auprès des jeunes, du coup la question technique, la question de l’outil était assez centrale. J’ai commencé par l’outil, d’ailleurs il me semble même qu’au départ j’avais d’abord adhéré à l’AFUL [Association Francophone des Utilisateurs de Logiciels Libres] parce que c’était l’utilisateur, c’était l’outil qui était questionné. C’est finalement dans mon cheminement que j’ai compris tout l’enjeu politique qu’il pouvait y avoir derrière la question du logiciel libre.<br />
Voilà ! J’ai résumé grosso modo mon parcours. Je ne vais peut-être pas être plus long que ça parce que je ne pense pas qu’on ait beaucoup de temps.<br/><br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Le temps file. C’était très intéressant et très clair, merci beaucoup Laurent. Ça fait écho au constat que je faisais sur la diversité des profils qui est, je pense, très caractéristique de l’April. On voit que cette diversité d’actions contribue à faire ce qu’est l’April.<br/><br />
On va rentrer un peu dans le vif du sujet en parlant justement de ces actions diverses. Je vais proposer à Marie-Odile de commencer à nous parler du groupe de travail Transcriptions qu’elle incarne, on va dire, assez littéralement. C’est un groupe de travail que tu portes, tu es de loin, de très loin, la principale la principale artisane de ce groupe de travail. Est-ce que tu peux déjà nous parler de ce que ça veut dire ? Qu’est-ce que la transcription ? Que fait ce groupe de travail et pourquoi c’est important ? S’il te plaît.<br />
<br />
<b>Marie-Odile Morandi : </b>Tout à fait. Ce que je fais est tout à fait pratique. Sur le Web il faut repérer des enregistrements audio ou des vidéos qui concernent le logiciel libre et les libertés numériques en général, les thèmes voisins aussi, et puis il suffit d’écrire tout ce qu’on entend, le plus fidèlement possible, pour obtenir un fichier texte. À ce moment-là le texte est relu, agrémenté d’une illustration et il est alors publié sur le site de l’April.<br/><br />
Pourquoi c’est intéressant de transcrire ? On obtient une meilleure indexation sur les moteurs de recherche, une amélioration de l’accessibilité pour les personnes porteuses de handicap et, en cas de besoin, on pourra retrouver ce qui a été dit et le rappeler sans trahir la parole des intervenants et des intervenantes. On note aussi que certaines personnes préfèrent lire une transcription, ce qui demande moins de temps que regarder en entier une vidéo ou écouter un podcast.<br/><br />
Depuis que l’émission <em>Libre à vous !</em> est devenue hebdomadaire, un défi est à relever toutes les semaines : transcrire l’émission. Voilà le travail du groupe Transcriptions.<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>C’est très clair. Je disais que c’est principalement toi qui animes ce groupe, je te laisse la parole pour chercher à convaincre des gens de venir te rejoindre : qu’est-ce qu’ils peuvent faire ? Quels sont les besoins ? Combien de temps ça prend très concrètement ? Comment se passe une transcription ? Quels sont les besoins ?<br />
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<b>Marie-Odile Morandi : </b>Effectivement, c’est moi qui porte le groupe, c’est moi qui transcris énormément, je dois dire que je consacre beaucoup de mon temps à transcrire, mais il y a tellement de choses et c’est tellement dommage qu’il n’y ait pas les textes correspondants à toutes ces vidéos, à tous ces enregistrements que je ne peux pas faire autrement. Ce matin a été publié le bilan du mois de novembre du groupe Transcriptions et c’est effectivement un beau bilan puisqu’on a réussi à transcrire ce qui correspond à 13 heures d’enregistrements audio et de vidéos. Mais je rappelle que je suis à la retraite, que mon emploi du temps hebdomadaire est très rigide, certains diraient psycho rigide, ça a toujours été comme ça, et je continue tant que mes capacités me le permettront.<br/><br />
Certes, si on était plus nombreux, ce que je souhaiterais, c’est coller à l’actualité des vidéos et des enregistrements qui traitent de nos sujets. C’est-à-dire dès qu’il y en a un qui est en ligne, transcrire, relire, publier. J’entendais la personne précédente de l’ADULLACT qui est intervenue, elle parlait d’arriver à la frugalité numérique. Effectivement c’est un thème porteur en ce moment et si on arrivait, dès que quelque chose est publié, est en ligne sur ce thème-là, pouvoir transcrire et publier la transcription sur le site de l’April.<br/><br />
J’aime beaucoup faire ce que je fais, je pense que si je n’aimais pas ça je ne le ferais pas et chacun choisit ses combats, moi c’est ce combat-là que j’ai choisi, je mets le mot « combat » entre guillemets et je continuerai à transcrire tant que je pourrai.<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Combat est un beau mot, tu peux y mettre des guillemets si tu veux.<br/><br />
Quelqu’un me posait une question en préparation de l’émission, que je vais peut-être adapter à ce contexte, je ne me rappelle pas du nom du logiciel, mais que je comprends être un logiciel de traitement de voix. J’imagine que c’est un objet qui, partant d’un enregistrement audio ou vidéo, transcrirait automatiquement. Est-ce que tu utilises, il me semble que non, tu n’en utilises pas, et pourquoi, justement, tu préfères le faire à la main ?<br />
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<b>Marie-Odile Morandi : </b>Je n’utilise pas de logiciel de reconnaissance de la voix ou de logiciel qui transcrive automatiquement. D’abord tous ceux qu’on m’a présentés, ce sont des logiciels propriétaires et d’autre part je trouve qu’ils ne font rien de mieux que mon fameux logiciel VLC, on a déjà reçu, comment s’appelle-t-il ?<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Jean- Baptiste Kempf ?<br />
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<b>Marie-Odile Morandi : </b>On a reçu Jean-Baptiste dans l’émission. J’enregistre l’émission que je veux transcrire, je l’écoute avec VLC le plus lentement possible, je fais une première transcription avec mon logiciel LibreOffice et Grammalecte que je conseille à tout le monde, tout le monde devrait avoir installé le plugin Grammalecte sur son LibreOffice. Je transcris une première fois, j’écoute un peu plus vite et je fais des corrections puis j’écoute ensuite à vitesse normale. À ce moment-là j’envoie sur la liste Transcriptions pour la relecture et j’envoie aussi un message aux personnes qui sont intervenues et qui, en général, relisent et corrigent les parties qui sont à corriger. Quelquefois il y a des choses un petit peu trop techniques que je ne comprends pas et j’ai l’habitude, à la place, de mettre trois points d’interrogation pour que la personne retrouve les points d’interrogation et, sans perdre de temps, corrige seulement ces parties-là.<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Effectivement, VLC permet de réduire la vitesse de lecture et c’est très pratique pour la transcription. Ça c’est un premier niveau effectivement de contribution, le plus important. Le fait de relire est aussi une grande aide et te fais beaucoup de temps de ce que j’entends.<br/><br />
Tu as évoqué les transcriptions pour <em>Libre à vous !</em> et je vais me servir de ça pour faire un pont vers un sujet suivant qui est l’action <em>Libre à vous !</em>, parler un petit peu des coulisses. On l’avait déjà évoqué lors de notre précédent « Au cœur de l’April (dé)confinée ». Tu animes une des chroniques. On a plusieurs chroniques régulières mensuelles. Tu animes une chronique dans laquelle tu nous présentes des transcriptions. Je vais d’ailleurs te complimenter, je sais que tu es trop modeste pour l’admettre, déjà tu as eu une grande progression depuis que tu animes cette chronique dans la qualité du contenu que tu proposes et je pense aussi que ça montre, par le travail de transcription, à quel point ça t’enrichit : ta maîtrise, ta compréhension des enjeux se ressent notamment grâce à tout le travail que tu fais. Tu fais une synthèse de différentes transcriptions, de différents textes, ce qui n’est pas une chose forcément facile. Qu’est-ce que t’apporte cette chronique ? Peux-tu nous parler de ta chronique, tout simplement ?<br />
<br />
<b>Marie-Odile Morandi : </b>Pour faire la chronique il faut déjà que je fasse un choix de ce qui me plaît et, effectivement, voir s’il y a des textes, des transcriptions qui ont déjà été faites sur un sujet voisin, équivalent, etc. Après j’essaye de faire une synthèse et de faire quelque chose qui soit le plus intéressant possible. C’est vrai que c’est un travail qui me demande beaucoup de temps, ce n’était pas mon job, je n’ai jamais été chroniqueur ou quoi que ce soit, mais c’est un travail qui enrichit beaucoup, effectivement, et j’espère que ça apporte quelque chose aux auditeurs et aux auditrices qui écoutent ces chroniques.<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Je prends plaisir à les écouter à chaque fois. Je le dis sincèrement.<br/><br />
Ça c’est une des contributions. On a plusieurs chroniqueurs. Jean-Christophe Becquet présentera sa chronique « Pépites libres » après le sujet long ; là la chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » de Marie-Odile Morandi, mensuelle également. Il y a d’autres actions. Je vais passer la parole à Christian qui pourra nous parler d’une de ses passions raidement, celle des photos, c’est un des aspects importants qui fait vivre aussi ce qu’est le projet <em>Libre à vous !</em>.<br />
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<b>Christian-Pierre Momon : </b>Les photos ! Oui, c’est quelque chose de très important dans une activité associative. On sait que quand il y a un évènement où il n’y a pas d’images, des fois, avec le temps qui passe, on a l’impression que l’évènement n’a pas existé ; il n’y a pas de souvenirs, il n’y a pas de force évocatrice pour faire revenir les souvenirs. Donc les photos, oui, c’est quelque chose de très important. On en faisait depuis très longtemps. Il y a 25 ans on les faisait avec des petites boîtes, parfois jetables, ou alors avec des pellicules et puis, avec le temps, les outils pour faire des photos sont devenus de plus en plus faciles, pratiques et, du coup, on a essayé de faire en sorte qu’il y ait toujours quelques photos à tous les évènements et maintenant on a une belle collection. Je vous invite à aller voir sur photos.april.org.<br/><br />
Bien sûr, avec le temps, on a mis en place à chaque fois des méthodes et des conventions pour que ça soit le plus agréable parce que tout le monde n’aime pas être pris en photo. Bien sûr, on demande d’abord aux gens s’ils ont envie d’être pris en photo et on leur demande s’ils sont d’accord pour que les photos soient diffusées sous licence libre parce que nous, à l’April, c’est notre moteur. À partir de là on a un process pour intégrer les photos parce que toutes les photos ne sont pas forcément bien ou valorisantes pour les gens qui sont dessus, donc on élimine, on fait un tri bien sûr, on ne garde que les meilleures. C’est aussi dans les évènements un moment où « la photo, la photo ! ». Ça fait de très bons souvenirs et ça montre qu’on fait beaucoup de choses. Il y a plein de gens qui participent et qui font des choses formidables.<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Tout à fait. Ce que tu évoques sur la vigilance, je pense que ça montre aussi le souci de cohérence au sein de l’action de l’April. On est une association avec une éthique et cette éthique ne se limite pas purement, strictement, aux considérations logicielles.<br/><br />
Maintenant j’ai envie de me tourner vers Adrien. Pour rappel, l’April anime une émission hebdomadaire sur la radio Cause Commune et une chose qui a été importante pour nous ça a été d’être autonomes aussi rapidement que possible par rapport aux bénévoles de la radio ce qui inclus, notamment, la question de la tenue de la régie. Pendant un moment elle a d’abord porté sur ma collègue Isabella et moi-même qui sommes permanents donc plus facilement disponibles. Patrick Creusot nous a rapidement rejoints pour tenir la régie ce qui nous permet de faire un roulement plus efficace et Adrien, assez récemment, nous a contactés pour nous signifier son intérêt pour participer à cette action. Un peu mis en pause, malheureusement, par la situation de confinement, mais j’imagine que ça n’atteint pas ta motivation. Est-ce que tu peux nous dire ce qui t’a intéressé à participer à ce beau projet ?<br />
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<b>Adrien Bourmault : </b>C’est assez simple. Finalement c’est parce que j’avais quelques connaissances techniques des principes de gestion d’une régie de radio, et tout ce qui concerne l’audiovisuel en général. Je suis aussi musicien, enfin musicien !, je suis étudiant en composition électroacoustique [électro-acoustique est l'adjectif se rapportant à un instrument utilisant un circuit électrique, ici je parle de https://fr.wikipedia.org/wiki/Musique_%C3%A9lectroacoustique, note de l'orateur], ce sont des choses que je savais déjà faire et je me suis que peut-être je pouvais apporter quelque chose. Ma démarche, dans tous les projets où je vais, finalement c’est un peu ça, quand on peut apporte quelque chose, on propose. Comme j’ai vu qu’il y avait une émission de radio et que vous aviez l’air de chercher des personnes pour aider, je me suis dit tiens, je vais proposer, et vous m’avez assez rapidement envoyé un wiki que j’ai trouvé assez clair, qui était bien. D’ailleurs il y a une mise à jour que je ne suis pas allé voir, mais que j’irai voir prochainement. C’était vraiment un plaisir de pouvoir être formé par vous deux, toi et Isa, sur le fonctionnement de la régie et j’espère, peut-être, à la fin de ce confinement, pouvoir avoir mon premier direct.<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Oui, on a hâte ! C’est vrai qu’on sentait que tu avais l’habitude de ces outils ; quand on te les a présentés, ça avait l’air très facile pour toi. En même temps il y avait des nouveautés, c’était assez intéressant d’avoir ton retour. C’est vrai que la documentation à l’April est quelque chose de très important. La documentation c’est important dans le logiciel libre, donc aussi dans les pratiques de l’April, notamment par rapport au partage du savoir. C’était le cas du wiki et c’est toujours bien aussi d’avoir des regards nouveaux pour voir à quel point ce qu’on écrit est accessible et clair.<br/><br />
Là on a fait un bon premier tour. On va pouvoir faire une petite pause musicale pour se reposer, pour reprendre un peu notre souffle. Nous allons écouter <em>Samba Brazil</em> toujours par Zezinho Fernandes. On se retrouve juste après. Une belle journée à l’écoute de Cause commune, la voix des possibles.<br />
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<b>Pause musicale : </b><em>Samba Brazil</em> toujours par Zezinho Fernandes.<br />
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<b>Voix off : </b><br />
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==Deuxième partie==<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous venons d’écouter <em>Samba Brazil</em> toujours par Zezinho Fernandes, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution. Vous retrouverez les références sur le site april.org. On a coupé un peu plus tôt pour gagner autant de temps que possible sur nos échanges passionnants.<br/><br />
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Vous écoutez toujours l’émission <em>Libre à vous !</em> sur radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 en Île-de-France et partout ailleurs sur le site causecommune.fm.<br/><br />
Je suis Étienne Gonnu en charge des affaires publiques pour l’April et nous discutons de l’April, d’engagement militant pour les libertés informatiques avec Laurent Costy, Marie-Odile Morandi, Adrien Bourmault et Christian-Pierre Momon.<br/><br />
N’hésitez pas à participer à notre conversation en passant par le salon web dédié à l’émission. Vous allez sur le site causecommune.fm, bouton « chat ».<br />
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Nous avons parlé des transcriptions, nous avons parlé un petit peu de <em>Libre à vous !</em>.<br/><br />
Lors de la présentation un projet très important, assez récent aussi, qu’est le projet Chapril a été évoqué. On en a pas mal parlé, on a présenté ce que c’est lors de l’émission du 17 novembre avec Baptiste qui nous a notamment parlé d’un service, Mobilizon.<br/><br />
Je sais qu’Adrien souhaite nous parler de son travail sur XMPP, mais je vais d’abord passer la parole à Christian, je ne sais pas si le terme chef de projet te va, tu pourras nous le dire, pour nous présenter très rapidement puisque ça a déjà été fait, mais pour se remettre les idées en place ce qu’est le Chapril, comment il s’inscrit dans le collectif CHATONS ? Qu’est-ce que CHATONS justement ? Quels sont les principaux les services, on ne va pas faire toute la liste, et comment accueille-t-on de nouvelles motivations comme Adrien, ça nous permettra de lui passer la parole ensuite justement. Christian.<br />
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<b>Christian-Pierre Momon : </b>Ça marche. Animateur, on va dire animateur du groupe de travail Chapril. Le Chapril s’inscrit dans un élan collectif un peu historique. Framasoft avait lancé l’idée que plein de structures mettent en ligne des services libres pour que les gens puissent les découvrir, les utiliser et s’apercevoir qu’il y a des alternatives aux GAFAM. On s’est posé la question de savoir si on allait participer, puis on a dit oui, on s’est lancés. On a eu un nombre suffisant de bénévoles qui étaient partants pour se lancer dans l’aventure donc nous avons rejoins le Collectif CHATONS, le collectif des Hébergeurs, Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires. En 2018 on a ouvert nos premiers services et, petit à petit, on en a rajouté. Aujourd’hui on en a neuf et j’ai le grand plaisir de vous annoncer que nous en avons deux en pré-ouverture : forge.chapril.org qui est une plateforme de forge logicielle ; nous avons benevalibre.chapril.org qui est une plateforme, un service pour gérer du bénévolat valorisé pour les associations. Ces deux services sont en pré-ouverture et le troisième qui est en phase de test, mais vous pouvez déjà aller le voir, c’est mobilizon.chapril.org qui est une instance du logiciel Mobilizon qui a été évoqué, effectivement, dans l’émission du 17 novembre, qui est un logiciel de gestion d’évènements. Du coup on arrive à 12 services, ce serait long de les passer en revue. Il y a une grande diversité, il y a de la visio, il y a de l’édition collaborative, il y a des sondages de dates, il y a du partage de documents, il y a vraiment plein de choses. Je vais résumer : allez sur chapril.org, vous aurez la liste, une présentation avec des copies d’écran et tout. Vous aurez un très bon point d’entrée. C’était quoi les autres questions ?<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>C’est déjà un très bon résumé et on rappellera, bien sûr, que tous les outils évoqués seront mis en ligne sur la page des références de l’émission. Tu parlais du site web, on peut aussi rappeler un très beau soutien réalisé par le bénévole Antoine Bardelli, un bénévole graphiste de l’April, qui fait un super boulot pour l’April depuis quelques années maintenant. Je souhaite savoir : tu es contacté par des personnes qui souhaitent s’engager dans le Chapril, contribuer au Chapil, comment ces personnes sont-elles accueillies ?<br />
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<b>Christian-Pierre Momon : </b>J’ai parlé des services, je vais parler de l’équipe qui est derrière, l’équipe de bénévoles, actuellement une douzaine de personnes. D’ailleurs je suis très heureux d’annoncer que très récemment, en moins d’un mois, nous avons intégré trois nouvelles personnes : bonjour Philippe, bonjour Tykayn, bonjour Néox notamment.<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Néox qui est Adrien et qui est justement avec nous. <br />
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<b>Christian-Pierre Momon : </b>Voilà, ça aussi c’est une très bonne nouvelle. Globalement on a un processus d’intégration qui passe par le fait de faire connaissance en visio. On aime bien rencontrer les gens mais bon !, on s’adapte. Voir les gens, les informer de comment on fonctionne, comment on est organisé techniquement et aussi humainement. Du coup on a une petite particularité, on a la notion d’animateur de service, on a la notion d’administrateur de l’infrastructure. On essaye de répartir la difficulté entre les tâches très techniques et la gestion des services proprement dit, ce qui permet aux animateurs, aux personnes qui veulent participer, d’avoir une charge de travail raisonnable, parce qu’il ne faut pas non plus que ça mange trop de temps et puis il faut avoir du plaisir à le faire, donc il faut que ça reste raisonnable. Du coup on a, comme ça, une répartition des tâches techniques. Du coup il faut informer, expliquer. Notamment j’ai fait une conférence sur les outils libres ??? qui est visible, qui explique un peu tout ça. Il y a aussi nos conventions techniques. Du coup, lors de cet échange de présentation on apprend à connaître un peu le profil de la personne, on lui expose notre façon de fonctionner, on apprend à se connaître et puis, si ça nous donne envie mutuellement, arrive la question : à quel service voudrais-tu participer ou quel nouveau service voudrais-tu voir émerger de sur le Chapril ? Nous sommes preneurs de nouveaux services, bien sûr.<br/><br />
Dans notre intégration comme on y va tout doucement, on n’a pas 40 services. Là on en a 12, ce n’est déjà pas mal, mais on souhaite en avoir plus, à condition que ça repose sur un animateur de service qui va pouvoir intégrer ça dans le rythme de sa vie d’une façon continue mais gérable. <br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Merci. On imagine bien qu’il y a des grands besoins techniques, mais si des personnes sont intéressées sans avoir un profil technique, est-ce qu’elles peuvent quand même ??? ou ce sera difficile pour elles de s’intégrer à ce projet ?<br />
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<b>Christian-Pierre Momon : </b>Autant l’April n’est pas une association de techos ni un club d’informatique, on a plus de 40 % de nos adhérents qui n’ont absolument aucun rapport avec l’informatique. Pour le Chapril il y a besoin de l’aspect technique pour mettre en place les services parce que ce sont quand même des logiciels, mais, une fois que les services sont en place, il y a d’autres tâches qui ne sont absolument pas techniques, qui sont par exemple de la modération, qui sont parfois répondre aux courriels, c’est la communication, qui sont des tâches éditoriales, c’est-à-dire qu’il faut écrire de la documentation, il faut écrire de la présentation, il faut rédiger des courriels de pré-ouverture pour des services par exemple. Tout ça c’est du rédactionnel et, du coup, il n’y a absolument pas besoin d’être technique. Il y a aussi le fait de représenter le Chapril dans des évènements. Donc il y a certain nombre de tâches. Par exemple Antoine Bardelli, qui est un très grand contributeur au Chapril, nous a fait la charte graphique du site chapril.org, du coup a participé avec un autre profil que simplement un profil de techos.<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Si le projet vous intéresse, si vous êtes emballé par l’éthique portée par le projet, par les CHATONS, le Chapril en particulier, n’hésitez surtout pas à contacter l’April quel que soit votre profil. On mettra les adresses de contact pour ça.<br/><br />
Tu parlais de Néox, Adrien, qui a récemment rejoint, justement, l’équipe Chapril. Qu’est-ce qui t’a motivé à rejoindre ce projet ? Tu as notamment évoqué un service en particulier qui t’intéresse.<br />
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<b>Adrien Bourmault : </b>Oui, j’ai choisi le service XMPP. Pour revenir un petit peu sur pourquoi XMPP, c’est qu’au moment où j’ai supprimé tous mes comptes des GAFAM, il fallait bien quand même trouver quelque chose pour remplacer la messagerie instantanée. Après beaucoup de recherches j’ai trouvé XMPP qui est un protocole de messagerie, qui est assez ancien, en fait si on revient dans le passé, c’est aux alentours des années 2000 que les premiers serveurs sont créés. C’est donc un service qui est âgé, mais qui a beaucoup évolué avec le temps parce qu’il est extensible. C’est une des choses qui font que XMPP est vraiment génial de mon point de vue c’est que c’est un protocole évidemment libre, extensible, qui est géré pour les textes normatifs par une organisation démocratique où chaque personne a une voix. C’est par les votes de cette organisation qu’évoluent les normes. Donc, avec le temps, évidemment XMPP est passé de petit système ressemblant beaucoup à IRC à aujourd’hui de possibles applications permettant la visioconférence, comme Jitsi, ou alors, simplement la visio de un à un avec des appels audio, ou des messages avec des images, des photos, de vidéos, comme ce qu’on peut faire sur l’application Conversations.<br/><br />
C’est pour ça que j’ai choisi en fait, en arrivant à Chapril en me disant À quoi veux-je contribuer ? XMPP, parce que c’est la chose que j’utilise tous les jours, c’est un des seuls moyens de messagerie instantanée que j’utilise. Il y avait apparemment besoin de quelqu’un pour aider Pitchoum qui gérait tout seul le service, donc je me suis proposé. Il semblait avoir besoin d’aide et je me suis dit que j’avais des compétences dans le domaine alors je pouvais les proposer.<br/><br />
Je vois une question d’Isabella qui me demande ce qu’est un protocole extensible. En fait, XMPP est un protocole qui n’est pas fixé: on peut rajouter des extensions à ce protocole. En gros, si j’ai le protocole de base, je peux lui ajouter des appendices qui font qu’on peut ajouter des fonctionnalités, de nouvelles choses, de nouvelles normes, peut-être même de nouvelles compatibilités au protocole. Ça peut être vu comme des greffons mais pas forcément parce que c’est le protocole lui-même, en général, qui s’étend et augmente dans la panoplie des fonctionnalités qu’il possède. C’est-à-dire qu’après, un client ou un serveur peut choisir d’implémenter ou non certaines des fonctionnalités qui sont présentes dans le protocole. C’est ça qui fait aussi la forte hétérogénéité du monde de XMPP, mais c’est aussi ça qui en fait la grande liberté. Beaucoup de protocoles qui ne veulent pas avoir cette hétérogénéité se retrouvent malheureusement fermés et obligent les personnes qui veulent rajouter des fonctionnalités à faire des forks. XMPP permet de faire évoluer le tout vers une direction commune grâce à la démocratie.<br/><br />
Le service XMPP à Chapril a une caractéristique importante, c’est qu’il est une des seules alternatives en France. Il y a JabberFR qui est un gros serveur français, mais c’est un des seuls. [Le service XMPP de] Chapril a été créé, grâce à l’effort de Pitchum, pour être une alternative qui soit libre, qui soit respectueuse des données privées et avec quand même suffisamment de moyens pour fonctionner. Aujourd’hui on a quelque chose comme 72 utilisateurs actifs en moyenne ce qui n’est déjà pas mal. On a plusieurs centaines de personnes inscrites. Peut-être que ça grossira, on verra. En tout cas un des premiers chantiers actuels qu’on a envisagés avec Pitchum dans la gestion de ce serveur, c’est la mise en place des appels audio et vidéo, c’est une fonctionnalité de XMPP assez récente qui pourrait permettre de rendre encore plus populaire ce service de messagerie respectueux de la vie privée.<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Merci Adrien.<br />
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<b>Christian-Pierre Momon : </b>Si je peux ajouter quelque chose ?<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Très rapidement alors parce qu’après j’aimerais passer la parole à Laurent.<br />
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<b>Christian-Pierre Momon : </b>D’accord. Comme le fait remarquer Adrien, on peut être plusieurs pour gérer un service. Vous n’êtes pas tout seul quand vous gérez un service sur le Chapril, derrière il y a toute l’équipe infra qui est là pour vous accompagner et le reste de l’équipe qui gère les autres services aussi. On s’entraide entre nous et on peut, bien sûr, être plusieurs pour gérer ou animer un service parce que, du coup, c’est quand même plus facile et plus pérenne. Du coup neox renforce le service et c’est super.<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Notion d’entraide très importante. Je parlais de comment vous contacter pour être beaucoup plus concret : vous allez sur le site april.org, vous avez un onglet « On recrute » et là vous avez toutes les informations pour contacter, rejoindre l’équipe et participer à ce très chouette projet.<br/><br />
Je disais que je voulais laisser la parole à Laurent. Christian a évoqué la pré-ouverture de Bénévalibre, un service Bénévalibre sur le Chapril. Bénévalibre est un projet important à l’April dont Laurent a été le principal artisan. Est-ce que tu veux nous parler de projet, de sa genèse ? Est-ce que tu peux nous parler de Bénévalibre ?<br />
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<b>Laurent Costy : </b>Ce projet est effectivement lié à l’April, mais finalement c’est un projet qui dépasse largement l’April et qui implique un collectif dans lequel tous sont intéressés à ce que naisse ce programme. Pour expliquer ce que c’est, c’est finalement un logiciel libre qui va permettre aux associations, disons de comptabiliser, en tout cas de référencer toutes les actions bénévoles qu’elles ont en leur sein. C’est souvent une problématique associative que de devoir faire, à la fin de l’année, un bilan pour dire on a tant de bénévoles, ils ont passé tant d’heures pour l’association. Cest extrêmement important, finalement, pour donner à voir à l’extérieur ce que fait réellement l’association. Quand l’association a réussi à comptabiliser tout ça, vis-à-vis des partenaires elle est souvent plus solide et cela permet d’être plus crédible vis-à-vis des partenaires et d’obtenir potentiellement plus de financements, plus de soutiens ou d’être beaucoup plus considérée sur son territoire.<br/><br />
Ce projet a été soutenu par l’April puisque même Isabella, en tant que salariée, a consacré du temps à ce projet. Néanmoins il est né en Bourgogne-Franche-Comté, au sein d’un collectif d’associations d’éducation populaire qui avaient identifié ce besoin-là pour lequel il n’y avait pas vraiment de logiciel simplement accessible pour répondre à ce besoin-là. C’est aussi pour ça que finalement, quelque part, que le logiciel décolle, On a eu les dernières statistiques récemment : en un an on a de plus en plus d’associations qui adhèrent au système, de plus en plus d’actions de bénévolat qui y sont référencées.<br/><br />
De fait, on a associé énormément de têtes de réseaux associatives pour définir le cahier des charges et surtout, on s’est fait aider par une SCIC, une société coopérative l‘intérêt collectif qui a développé, qui avait la compétence informatique pour développer ce logiciel-là et on avait tous convenu, en amont, de mettre évidemment ça sous licence libre pour que chacun puisse le réutiliser, l’améliorer, vous connaissez les quatre libertés du logiciel libre.<br/><br />
Ce projet-là est extrêmement important et il a été pensé aussi avec la projection CHATONS pour que chacun puisse, s’il le souhaite, s’installer une instance sur son propre serveur et démultiplier encore une fois les outils pour que chacun puisse avoir les siens propres et maîtriser ses données et ses logiciels.<br/><br />
C’est quelque chose qui est extrêmement intéressant dans le montage parce que ça a fait converger, finalement, des univers qui ne se parlaient pas forcément. Ce que je disais : toujours le rapprochement par exemple des associations d’éducation populaire et les univers libristes. C’était extrêmement rigolo de voir Framasoft parler à des associations d’éducation populaire vénérables qui sont nées à la fin du 19e sicle parce que l’approche du numérique n’était pas du tout la même. Du coup c’était extrêmement enrichissant et ça a permis de donner un logiciel qui répond aux besoins de tout le monde. Évidemment des partenaires se sont associés à ça, le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté qui a aidé financièrement, la Direction départementale de la jeunesse et des sports qui soutient cette année. Il y a vraiment une convergence parce que le projet parlait vraiment à tout le monde et c’était un besoin reconnu.<br/><br />
Du coup je suis heureux d’apprendre que Bénévalibre est dans les prochains services qui seront sans doute proposés par Chapril pour les associations et je trouve ça très chouette. Il y a un site benevalibre.org, vous pouvez aller voir, vous comprendrez tout l’historique du projet et voir un peu comment ça fonctionne.<br />
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<b>Étienne Gonnu : </b>Super. Christian nous disait qu’il est en ligne. Les personnes pourront le découvrir, on mettra le lien sur la page des références de l’émission.<br/><br />
Laurent, tu parlais de l’importance pour les associations d’avoir cet outil et ça fait donc écho à ton propre parcours. Tu as aussi été porteur d’un autre projet très important au sein de l’April qui est Libre Association, parce qu’on sait que les associations sont une cible très importante pour les aider à gagner leur liberté logicielle. Est-ce que tu peux nous parler aussi de ce projet ? Je vais faire appel à ton esprit de concision, mais tu nous as déjà montré à propos Bénévalibre à quel point tu en avais un.<br />
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<b>Laurent Costy : </b>Oui. De toute façon je l’ai un petit peu évoqué en introduction. L’idée c’est vraiment de faire le point entre l’univers libriste et les associations. Il y a un site qui s’appelle libeassociation.info sur lequel vous pouvez trouver des ressources, des conseils, donc je vous renvoie vers ce site. C’est vrai que tout ce travail-là depuis plus d’une dizaine d’années permet aussi d’identifier, finalement, pourquoi les associations ne sont pas plus efficaces dans leur appropriation du Libre. Récemment on a détecté à l’April un point de blocage. Par exemple Solidatech qui est une structure qui émane d’Emmaüs et puis qui, finalement, monopolise un peu le champ du numérique en France pour les associations et qui, finalement, est une espèce de façade pour entretenir les monopoles des GAFAM. Pareil, on mettra le lien sur la page de l’émission, mais je vous renvoie vers l’article qui finalement pointe bien la problématique. C’est-à-dire que les gens sont en place et, du coup, ne laissent pas la place au logiciel libre. C’est ça qu’on déplore aussi et qu’on peut détecter dans un travail de longue haleine aussi au sein de Libre Association.<br/><br />
Je vais en rester là.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>C’est parfait. Merci beaucoup Laurent. Les minutes avancent, on arrive sur la fin de notre sujet. J’aimerais laisser à chacun de vous quatre la parole une petite minute, s’il y a un truc que vous auriez souhaité dire mais qu’on n’a pas eu le temps de dire, s’il y a un coup de cœur dire. Parole libre à chacun de vous à tour de rôle. Vous pouvez juste dire merci, au revoir, bisous !<br/><br />
Marie-Odile. <br />
<br />
<b>Marie-Odile Morandi : </b>Ce que j’aime particulièrement dans ce que je fais et dans ma contribution à l’April c’est cette idée du travail en commun, en collaboration, chacun apportant sa brique et on arrive à un résultat. Par exemple le fait que l’enregistrement de l’émission soit finalisé en un beau podcast que j’attends pour faire la dernière relecture avant publication, je trouve ça motivant et à prendre en exemple.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Super. Merci.<br/><br />
Laurent Costy.<br />
<br />
<b>Laurent Costy : </b>Je me posais la question de savoir qui s’occupe des croquettes pour les chatons ?<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>C’est une bonne question. On veut des chatons bien nourris effectivement.<br/><br />
Christian, du coup à toi puisqu’on parle de chatons et de Chapril. Le mot de la fin.<br />
<br />
<b>Christian-Pierre Momon : </b>Le mot de la fin c‘est que le combat continue. On pourrait se dire bref ! des services libres et éthiques en ligne, c’est bien mais voilà !, les gens vont continuer avec leurs habitudes, etc. En fait, il faut savoir qu’il y a déjà plusieurs milliers d’utilisateurs du Chapril tous les mois. Donc ce n’est pas quelque chose d’anecdotique dans un coin qui marche pour des techos, c’est vraiment pour le grand public. Allez voir les services, testez-les, utilisez-les, découvrez-les. Rejoignez les milliers d’utilisateurs du Chapril et les centaines de milliers d’utilisateurs des services du Collectif CHATONS, chatons.org.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>chatons.org et également chapril.org. Merci beaucoup.<br/><br />
Adrien, le mot de la fin.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Je serai un petit peu plus général pour dire que le logiciel libre c’est ce qui nous redonne de l’éthique et de la liberté dans le monde du logiciel mais pas seulement. Toutes les créations de l’esprit sont touchées et c’est aussi ça que je trouve formidable. Contribuer à l’April c’est mon moyen d’agir efficacement pour le bien commun, la liberté et l’égalité. Le logiciel libre c’est d’abord un enjeu de démocratie et probablement de survie dans les décennies à venir. Peut-être que si on considérait le problème climatique qui va rendre le partage des ressources tout simplement vital, l’État serait obligé de décider de rendre obligatoire le logiciel libre.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Parfait. Je ne peux que plussoyer, comme on dit, qu’être d’accord avec ton propos très juste.<br/><br />
Mon mot de la fin, suite à cet échange en tant que permanent de l’April : rappeler à quel point l’action des bénévoles est cruciale pour l’action de l’April en général. Pouvoir travailler avec des bénévoles d’une telle qualité me rend fier de travailler à l’April et fait que chaque jour de travail je prends du plaisir à bosser à l’April. C’est grâce à toutes les contributions.<br/><br />
Un grand merci à Marie-Odile Morandi, Christian-Pierre Momon, Laurent Costy ainsi que Adrien Bourmault. Je vous souhaite une très bonne fin de journée et à bientôt.<br />
<br />
<b>Christian-Pierre Momon : </b>Belle journée.<br />
<br />
<b>Adrien Bourmault : </b>Belle journée.<br />
<br />
<b>Marie-Odile Morandi : </b>Au revoir merci.<br />
<br />
<b>Laurent Costy : </b>Au revoir.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons faire maintenant une petite pause musicale.<br />
<br />
[Virgule sonore]<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons écouter le dernier morceau sélectionné pour nous par Éric Fraudain. Nous allons écouter <em>VoMoliendo Cafe</em> par Zezinho Fernandes. On se retrouve juste après. Une belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.<br />
<br />
<b>Voix off : </b><em>VoMoliendo Cafe</em> par Zezinho Fernandes..<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous venons d’écouter <em>VoMoliendo Cafe</em> par Zezinho Fernandes, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By. Vous retrouverez les références sur le site april.org.<br />
<br />
Vous écoutez l’émission <em>Libre à vous !</em> sur radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM en Île-de-France et partout ailleurs sur le site causecommune.fm.<br/><br />
Je suis Étienne Gonnu chargé des affaires publiques pour l’April. Nous allons passer au sujet suivant.<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==Chronique « Pépites libres » de Jean-Christophe Becquet sur La sagesse et/ou folie des foules, un jeu de simulation de Nicky Case sous licence Creative Commons Zero==<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous allons poursuivre avec la chronique de Jean-Christophe Becquet qui nous a déniché une nouvelle pépite libre sous la forme d’un petit jeu sur navigateur web intitulé La sagesse et/ou folie des foules.<br/><br />
Salut Jean-Christophe<br />
<br />
<b>Jean-Christophe Becquet : </b>Salut Étienne. Bonjour à tous. Bonjour à toutes.<br/><br />
La sagesse et/ou folie des foules est un jeu de simulation développé par Nicky Case en 2018. Il s'agit d'une application web. Vous pouvez donc y accéder à travers un navigateur quel que soit votre système d'exploitation.<br/><br />
En une dizaine de séquences interactives, Nicky Case nous amène à découvrir les apports de la psychologie sociale sur les phénomènes de groupe. Il montre ainsi comment les connexions qui nous relient à nos pairs vont permettre la propagation des idées les plus sages comme les plus folles. On découvre ainsi les phénomènes de contagion et leurs subtils facteurs explicatifs comme l'effet de groupe. Cela s'applique bien sûr aux réseaux sociaux mais aussi à de nombreux aspects de nos vies quotidiennes, dès lors que nous établissons des relations au sein d'un groupe de collègues ou d'amis.<br />
<br />
Nicky Case a développé plusieurs autres jeux interactifs sous licence libre comme Pour un meilleur scrutin, un guide interactif des modes de scrutin alternatifs ou encore L'Évolution de la Confiance qui traite de la théorie des jeux. Mais la liste ne s'arrête pas là et une visite sur son blog, blog.ncase.me, vous permettra de découvrir l'étendue de son travail. Je redonnerai tous les liens sur la page consacrée à l'émission, sur le site april.org<br />
<br />
Nicky Case est un développeur indépendant de jeux vidéos. Il a fait le choix de partager cette application sous la licence Creative Commons Zero. Il s'agit de la plus permissive des licences Creative Commons dont l'esprit peut se résumer par la mention « aucun droit réservé ». Nicky Case explique : « Je donne mon œuvre, mon code, les mots pour que les professeurs, mathématiciens, passionnés, activistes, et conseillers politiques puissent les utiliser comme bon leur semble ! C'est fait pour. »<br />
<br />
Je trouve aussi particulièrement exemplaire le soin qu'il met à citer méticuleusement toutes les sources de ses créations, telles que la musique, les effets sonores ou la police de caractères. Cela m'a permis de découvrir le site freesound.org qui héberge des sons dont certains sont sous licence libre. J'en ferai peut-être le sujet d'une prochaine chronique.<br/><br />
Il cite également les bibliothèques logicielles libres sur lesquelles il s'appuie.<br/><br />
Ces composants constituent en quelque sorte des briques de base réutilisables qui évitent au développeur de chaque fois réinventer la roue.<br />
<br />
La sagesse et/ou folie des foules est développé initialement en anglais. Le fait qu'il soit traduit dans plus d'une vingtaine de langues illustre, selon moi, un des effets vertueux de la licence libre. En permettant les versions modifiées, l'auteur autorise les traductions. Il suffit qu'une personne se porte volontaire et une nouvelle langue viendra s'ajouter dans les choix disponibles.<br/><br />
Aujourd'hui, une quarantaine de contributeurs ont participé au développement ou à la traduction du jeu. D'autres participent en soutenant financièrement l'auteur. Belle illustration des effets vertueux de la licence libre qui favorise la coopération pour rendre le logiciel accessible au plus grand nombre !<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Merci jean-Christophe.<br/><br />
Isa nous fait remarquer à très juste titre qu’effectivement la licence Creative Creative Zero, CC0, est la plus permissive dans la limite posée par le pays dans lequel est on est. Par exemple en France elle n’a pas de valeur légale puisqu’il est impossible de céder son droit moral ???, mais cela n’enlève bien sûr rien à la démarche et à la préservation des libertés qu’on défend.<br/><br />
En tout cas j’ai trouvé que c’est vraiment un jeu très ludique. Finalement on apprend une notion assez complexe, les liens, le fonctionnement par réseau ; je trouve que c’est une belle pépite.<br/><br />
En France, il faut continuer à citer l’auteur, exactement.<br/><br />
Merci Jean-Christophe. Je te dis au mois prochain pour ta prochaine chronique.<br />
<br />
<b>Jean-Christophe Becquet : </b>Tout à fait. Rendez-vous en 2021.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>À 2021. Salut Jean-Christophe.<br/><br />
<br />
<b>Jean-Christophe Becquet : </b>Bonne fin d’émission.<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>Nous approchons de la fin de l’émission. Nous allons terminer par quelques annonces.<br />
<br />
[Virgule musicale]<br />
<br />
==Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l'April et le monde du Libre==<br />
<br />
<b>Étienne Gonnu : </b>La Fondation</div>Neoxhttps://wiki.april.org/index.php?title=Discours_de_Richard_Stallman_%C3%A0_l%27occasion_des_35_ans_de_la_FSF&diff=90727Discours de Richard Stallman à l'occasion des 35 ans de la FSF2020-11-11T15:34:59Z<p>Neox : Citation du nom entier, par principe, et le pseudo entre parenthèses</p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Transcriptions]]<br />
<br />
'''Titre :''' Intervention de Richard Stallman à l'occasion des 35 ans de la <em>Free Software Foundation</em><br />
<br />
'''Intervenant :''' Richard Matthew Stallman<br />
<br />
'''Lieu :''' <em>Free Software Foundation</em>, Boston USA<br />
<br />
'''Date :''' 9 octobre 2020<br />
<br />
'''Durée :''' 11 min 56<br />
<br />
'''[https://framatube.org/videos/watch/d4aab174-50ca-4455-bb32-ed463982e943 Visualiser la vidéo : <em>A prerecorded message from RMS by FSF founder Richard Stallman</em>]'''<br />
<br />
'''Licence de la transcription :''' [http://www.gnu.org/licenses/licenses.html#VerbatimCopying Verbatim]<br />
<br />
'''Illustration :'''<br />
<br />
'''NB :''' <em>transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.<br/><br />
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.</em> <br />
<br />
Transcrit et traduit par Adrien Bourmault (neox)<br />
<br />
==Transcription==<br />
<br />
Hello, I'm Richard Stallman. <br />
<br />
37 years ago, I launched the development of the GNU operating system. The aim was to develop a complete operating system including applications and utilities as well as the basic core, so that users would be able to do all their computing without ever running a non-free program. They would be able to do all their computing in freedom.<br/><br />
35 years ago, I launched the Free Software Foundation to raise funds to support GNU development. Of course nowadays, the Free Software Foundation does other things to support free software and the free software movement, in addition to supporting the development of GNU. <br />
<br />
37 years ago the way you did computing was by loading programs into your computer: applications, utilities, games, and so on and each of these programs was at least somewhat general purpose. So a text editor would let you add text for any use whatsoever or a file transfer program would let you transfer files to any machine for whatever purpose it might be and so all we had to develop was these general-purpose programs and people could do whatever they wanted to do.<br/><br />
Then about 30 years ago the World Wide Web began. It was some years before we had a free graphical browser. But once we did people could use all sorts of websites and what you did with the website it was you accessed information. You just looked at it or you downloaded it and you navigated around in it and once browsers could do these things, they would work with any website, but companies started pressuring to get more control over users browsers and what they did for or to the user. They converted browsers into platforms for sending a computer program to run directly for the user and these programs came straight out of someone else's website and they ran which is not a wise way to do things.<br/> <br />
Well now we have to pressure websites to please, allow everything to work if the user doesn't run JavaScript code or at least make the JavaScript code free software, so users are not running non-free software and we have to build up community practices of making modified versions or patches for you to use on the JavaScript that comes from websites. We have to pressure the websites to keep their interfaces stable so that these things don't have to be changed over and over so that users can get control over what's happening when they point their browsers websites.<br/> <br />
The next big problem in Computing came with smartphones because the companies that made them encouraged every organization to make its own app. These apps were all proprietary and the result was we can't possibly replace those millions of apps. We have to try to persuade organizations to let people connect through websites. At least that's something we can try to handle and we already know how you need to do it if we can. <br />
<br />
This year things have got worse again, covid-19 led social institutions to react by pushing people to do everything through non free apps and servers that mistreat people. I'm resisting this pressure. Absolutely 100%. I simply won't let any organization pressure me into running nonfree software: one way or another I refuse.<br/> <br />
Often I refuse by saying “I can't use that. Can we talk by phone? Is there some way I can mail you a check?” whatever it might be and I'm rather stubborn and persistent and creative in looking for ways to deal with organizations and not run non-free software. But unfortunately, there are many things. I just can't do: I can't participate in a class, I can't go to a lecture, I can't listen to a concert, I can't do quite a number of things but the most important things they'll generally offer some sort of alternative. You just have to look for one and try to invent one. However, this sort of resistance is not enough. <br />
<br />
What we want is to be able to participate in societies activities without running non-free software. This will require convincing many organizations to change, something that we have tried a little bit to do in the past but we've never succeeded on a wide scale. But now we must.<br/> <br />
The first stage is already happening. There are free programs that schools can use for their classes which replace things like Zoom or Google and Microsoft things. We need to start convincing classes to change and then convincing schools and school departments to change. Professor Sussman at MIT is teaching his classes using Jitsi. I know music teachers who were teaching their students using Jitsi some are starting to use BigBlueButton.<br/> <br />
The very beginnings have already been achieved their examples for others to follow. However, they're not entirely convenient yet. We need to make them a little more convenient but in parallel with that we need to organize: a major city public school tried using BigBlueButton for a class and was surprised that the results were very good. It was not merely as good as using Zoom. They got much better results that the children liked it better. So it would be really great if they publish the results. How we're going to convince them to publish the results that they got? I'm not completely sure, but we're just at the beginning of trying, but you see the kind of thing that we need to organize to do. <br />
<br />
In the meantime there ways you could personally resist: if a school wants you to use zoom see if the school will give you a phone number to call in with an ordinary phone to listen to the activity on zoom. In other words you can connect to a zoom presentation for audio only without running the zoom program or any other particular program. If you can get a copy of the video material or a recording of the video of the class, you could put that together with listening in the class. Ideally if you get the material in advance you could look at that while you're listening. And if you can't get it in advance, maybe you can find a friend in the class who's willing to point a camera per screen and send the video to you. And this way you can get the same results. At least it enables you not to run Zoom. And if you tell your classmates how you're avoiding running zoom and why it's important enough to you to go to this trouble, it will show them that there's something important here something that's important enough to you that you're willing to go to some trouble to avoid running these programs. You'll have a chance to tell them about ideas they haven't thought about before.<br />
Sometimes, other activities you do give you a chance to pressure others to use ethical Computing, so they can talk with you. I'm going to be giving a presentation this week, a remote presentation, using GNU Jami to communicate with the people attending. So, the people running the activity are going to communicate with me through Jami and then use other software to stream what's on the screen and that method makes it possible to use almost any communication system any free program that works for you. You can ask them to install and it will work for the presentation. When you give presentations you can say “Okay, I'll give this presentation but I don't want to do this through Zoom. Zoom is an unjust program. I don't want to be involved in treating the attendees unjustly and I don't want to be treated unjustly myself. So please use a different program when that's free.”<br />
<br />
The job we still have to do is enormous but we've already achieved an enormous amount. We have ramped up through many orders of magnitude. And now we have a couple more to do. We'll have to teach people the importance of freedom and fortunately the constantly increasing amount of computerized repression that's going on is going to help us get the point across. So let's get going. <br />
<br />
Happy hacking.<br />
<br />
===Traduction===<br />
<br />
Bonjour, je suis Richard Stallman. <br />
<br />
Il y a 37 ans, j'ai lancé le développement du système d'exploitation GNU. L'objectif était de développer un système d'exploitation complet comprenant des applications et des utilitaires ainsi que le cœur du système de base, afin que les utilisateurs puissent faire tout leur travail informatique sans jamais exécuter un programme non libre. Ils seraient ainsi capables de faire tout leur travail informatique en toute liberté.<br/><br />
Il y a 35 ans, j'ai lancé la <em>Free Software Foundation</em> [Fondation pour le logiciel libre] afin de collecter des fonds pour soutenir le développement de GNU. Bien sûr, aujourd'hui, la <em>Free Software Foundation</em> fait d'autres choses pour soutenir le logiciel libre et le mouvement du logiciel libre, en plus de soutenir le développement de GNU. <br />
<br />
Il y a 37 ans, on faisait de l'informatique en chargeant des programmes dans l'ordinateur : applications, utilitaires, jeux, etc., et chacun de ces programmes avait au moins un but assez général, chacun de ces programmes était au moins quelque peu général. Un éditeur de texte vous permettait d'ajouter du texte pour n'importe quel usage ; un programme de transfert de fichiers vous permettait de transférer des fichiers vers n'importe quelle machine, quel que soit son usage.<br/><br />
Puis, il y a environ 30 ans, le World Wide Web a vu le jour. C'était quelques années avant que nous n'ayons un navigateur graphique libre. Mais une fois que nous l'avons fait, les gens pouvaient utiliser toutes sortes de sites web et, avec le site web, ils accédaient à de l'information. Une fois que les navigateurs ont pu faire cela, ils fonctionnaient avec n'importe quel site web, mais les entreprises ont commencé à faire pression pour avoir plus de contrôle sur les navigateurs des utilisateurs et sur ce qu'ils faisaient pour ou à l'utilisateur. Elles ont converti les navigateurs en plates-formes permettant d'envoyer un programme informatique à exécuter directement pour l'utilisateur et ces programmes sont sortis directement du site web de quelqu'un d'autre et ils ont été exécutés, ce qui n'est pas une façon judicieuse de faire les choses.<br/><br />
Nous devons maintenant faire pression sur les sites web pour qu'ils laissent tout fonctionner si l'utilisateur n'exécute pas le code JavaScript ou, au moins, pour qu'ils en fassent un logiciel libre. Les utilisateurs n'exécutent donc pas de logiciels non libres et nous devons mettre en place des pratiques communautaires consistant à créer des versions modifiées ou des correctifs que vous pourrez utiliser sur le code JavaScript provenant des sites web. Nous devons faire pression sur les sites web pour qu'ils gardent leurs interfaces stables afin que ces choses ne soient pas modifiées à l'infini et que les utilisateurs puissent contrôler ce qui se passe lorsqu'ils visitent les sites web avec leur navigateur.<br />
<br />
Un nouveau problème est apparu en informatique avec les smartphones, car les sociétés qui les fabriquent ont encouragé chaque organisation à créer sa propre application. Ces applications étaient toutes propriétaires et le résultat était que nous ne pouvions pas remplacer ces millions d'applications. Nous devons essayer de persuader les organisations de laisser les gens se connecter par le biais de sites web. Au moins, c'est quelque chose que nous pouvons essayer de gérer et nous savons déjà comment vous devez le faire si nous le pouvons. <br />
<br />
Cette année, les choses ont encore empiré, la Covid-19 a amené les institutions sociales à réagir en poussant les gens à tout faire par le biais d'applications et de serveurs non libres qui maltraitent les gens. Je résiste à cette pression. Absolument à 100 %. Je ne laisserai tout simplement aucune organisation me pousser à utiliser des logiciels non libres ; d'une manière ou d'une autre, je refuse.<br/><br />
Souvent, je refuse en disant « Je ne peux pas utiliser ça. Peut-on se parler par téléphone ? » Quoi qu'il en soit, je suis plutôt têtu, persistant et créatif dans ma recherche de moyens de traiter avec les organisations et de ne pas utiliser de logiciels non libres. Malheureusement, il y a beaucoup de choses que je ne peux tout simplement pas faire : je ne peux pas participer à un cours, je ne peux pas aller à une conférence, je ne peux pas écouter un concert, je ne peux pas faire un certain nombre de choses, mais le plus important, c'est qu'ils offrent généralement une sorte d'alternative. Il suffit d'en chercher une et d'essayer d'en inventer une. Cependant, ce genre de résistance ne suffit pas.<br />
<br />
Ce que nous voulons, c'est pouvoir participer aux activités de la société sans utiliser de logiciels non libres. Il faudra pour cela convaincre de nombreuses organisations de changer, ce que nous avons un peu essayé de faire dans le passé mais que nous n'avons jamais réussi à faire à grande échelle. Mais maintenant, nous devons le faire.<br/><br />
La première étape est déjà en cours. Il existe des programmes libres que les écoles peuvent utiliser pour leurs cours et qui remplacent des choses comme Zoom ou Google et des choses de Microsoft. Nous devons commencer à convaincre les classes de changer et ensuite convaincre les écoles et les départements scolaires de changer. Le professeur Sussman, du MIT, donne ses cours en utilisant Jitsi. Je connais des professeurs de musique qui enseignent à leurs élèves en utilisant Jitsi ; certains commencent à utiliser BigBlueButton.<br/><br />
Les tout débuts ont déjà été réalisés ; ils servent d'exemple aux autres. Cependant, ils ne sont pas encore tout à fait pratiques. Nous devons les rendre un peu plus pratiques, mais, en parallèle, nous devons nous organiser : une grande école publique de la ville a essayé d'utiliser BigBlueButton pour une classe et a été surprise par les résultats. Ce n'était pas seulement aussi bon que l'utilisation de Zoom : ils ont obtenu de bien meilleurs résultats, ce que les enfants préféraient. Ce serait donc vraiment bien s'ils publiaient les résultats. Comment allons-nous les convaincre de publier les résultats qu'ils ont obtenus ? Je n'en suis pas tout à fait sûr, mais nous n'en sommes qu'au début de nos efforts, mais vous voyez le genre de chose à faire et nous devons nous organiser pour le faire.<br />
<br />
En attendant, il existe des moyens de résister personnellement : si une école veut que vous utilisiez Zoom, voyez si l'école vous donnera un numéro de téléphone à appeler avec un téléphone ordinaire pour écouter l'activité sur Zoom. En d'autres termes, vous pouvez vous connecter à une présentation Zoom pour l'audio uniquement sans avoir à lancer le programme Zoom ou tout autre programme particulier. Si vous pouvez obtenir une copie du verbatim vidéo ou un enregistrement de la vidéo de la classe, vous pouvez combiner cela avec l'écoute en classe. Idéalement, si vous obtenez le verbatim à l'avance, vous pouvez le regarder pendant que vous écoutez. Et si vous ne pouvez pas l'obtenir à l'avance, vous pouvez peut-être trouver un ami dans la classe qui est prêt à pointer une caméra sur son écran et à vous envoyer la vidéo. De cette façon, vous obtiendrez les mêmes résultats. Au moins, cela vous permet de ne pas lancer Zoom. Et si vous dites à vos camarades de classe comment vous évitez de lancer Zom et pourquoi il est important pour vous de vous donner ce mal, cela leur montrera qu'il y a quelque chose d'important ici, quelque chose qui est assez important pour vous pour que vous soyez prêt à vous donner du mal pour éviter de lancer ces programmes. Vous aurez l'occasion de leur parler d'idées auxquelles ils n'avaient pas pensé auparavant.<br/><br />
Parfois, d'autres activités que vous faites vous donnent l'occasion de faire pression sur les autres pour qu'ils utilisent l'informatique éthique, afin qu'ils puissent parler avec vous. Je vais faire une présentation cette semaine, une présentation à distance, en utilisant GNU Jami pour communiquer avec les personnes présentes. Ainsi, les personnes qui dirigent l'activité vont communiquer avec moi via Jami et ensuite utiliser d'autres logiciels pour diffuser en continu ce qui est à l'écran et cette méthode permet d'utiliser presque n'importe quel système de communication, n'importe quel programme libre qui fonctionne pour vous. Vous pouvez leur demander de l'installer et cela fonctionnera pour la présentation. Lorsque vous faites des présentations, vous pouvez dire « D'accord, je vais faire cette présentation, mais je ne veux pas la faire par le biais de Zoom. Zoom est un programme injuste. Je ne veux pas être impliqué dans le traitement injuste des participants et je ne veux pas être moi-même traité injustement. Alors, s'il vous plaît, utilisez un autre programme qui soit libre ».<br />
<br />
Le travail qu'il nous reste à faire est énorme, mais nous avons déjà accompli énormément de choses ; nous sommes passés par de nombreux ordres de grandeur ; maintenant, il nous en reste encore quelques-unes à faire. Nous devrons enseigner aux gens l'importance de la liberté et heureusement, la répression informatisée qui ne cesse de s'intensifier va nous aider à faire passer le message. Alors, allons-y. <br />
<br />
<em>Happy hacking</em>.</div>Neoxhttps://wiki.april.org/index.php?title=Fete_du_Libre_a_Ivry_2020&diff=90254Fete du Libre a Ivry 20202020-10-05T11:42:21Z<p>Neox : /* Points forts, points de vigilance */</p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Stand_historique]]<br />
<br />
===Fête du Libre à Ivry-sur-Seine===<br />
<br />
Initialement prévue en mai 2020, l’édition 2020 de la Fête du Libre à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) aura finalement lieu le '''week-end des 3 et 4 octobre 2020'''. Elle est organisée par l'[https://e2li.org/ Ecole du Logiciel Libre (E2L)]. Au programme : conférences grand public, stands d'information, exposition des panneaux de l'[https://www.expolibre.org Expolibre], présentation des projets de l'école.<br />
<br />
[https://e2li.org/FeteDuLibre.php Plus d'information sur l'événement]<br />
<br />
À cette occasion, l'April est invitée à tenir un stand.<br />
<br />
==Jours et horaires d'ouverture==<br />
<br />
* Samedi 3 octobre 2020 : de 10 h 00 à 18 h 00<br />
* Dimanche 4 octobre 2020 : de 10 h 00 à 18 h 00<br />
<br />
==Lieu==<br />
<br />
Espace Robespierre, salles 4 et 5 au 2ème étage<br />
<br>2 rue Robespierre<br />
<br>94200 Ivry-sur-Seine<br />
<br />
Voir le [https://www.openstreetmap.org/way/79149277 plan].<br />
<br />
==Accès==<br />
<br />
Métro : Ligne 7, station Mairie d’Ivry (terminus sud).<br />
<br />
==Tenir un stand==<br />
<br />
Que dois-je faire ? Comment ça se passe ? <br />
<br />
C'est très simple : il s'agit principalement d'engager la discussion avec les personnes visitant le stand pour leur présenter les principes du logiciel libre et leur présenter les différents acteurs (GULL, April ou autre, suivant les interlocuteurs).<br />
<br />
Pour nos actions récentes, vous pouvez consulter les dernières lettres d'actualité :<br />
<br />
https://www.april.org/fr/lettre-d-information-publique<br />
<br />
Nos derniers communiqués de presse :<br />
<br />
https://www.april.org/fr/communiques<br />
<br />
==Inscriptions stand April==<br />
<br />
Si vous avez des disponibilités, vous pouvez nous aider à tenir le stand April quelques heures : n'hésitez pas à vous manifester ! :-)<br />
<br/>Vous pouvez vous inscrire '''en modifiant le tableau ci-dessous''' (note : il est nécessaire d'avoir/de créer un compte April MediaWiki, différent de votre compte membre, pour modifier la page).<br />
<br />
Vous pouvez aussi envoyer un courriel à '''evenements AT april POINT org'''.<br />
<br />
{|border="1" cellpadding="10" <br />
|----------------------------- ----------<br />
!Nom<br />
!N° membre le cas échéant (*) <br />
!Samedi 3 octobre<br>matin<br>(à partir de 9h15 pour l'installation)<br />
!Samedi 3 octobre<br>après-midi<br />
!Dimanche 4 octobre<br>matin<br/><br />
!Dimanche 4 octobre<br>après-midi + démontage<br />
!Remarques<br />
|-<br />
|Denis Dordoigne<br />
|<br />
|9h15 - 10h45<br />
|non<br />
|non<br />
|non<br />
|<br />
|-<br />
|Adrien Bourmault<br />
|<br />
|oui<br />
|oui<br />
|oui<br />
|oui<br />
|Je suis disponible les 3 et 4 octobres prochains (globalement toute la journée je pense) sauf changement exceptionnel de situation sanitaire.<br />
|-<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|-<br />
|'''Total'''<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|<br />
|- <!!!!!!------- NE RIEN INSCRIRE SOUS CETTE LIGNE ------><br />
!Nom<br />
!N° membre le cas échéant (*) <br />
!Samedi 3 octobre<br>matin<br>(à partir de 9h15 pour l'installation)<br />
!Samedi 3 octobre<br>après-midi<br />
!Dimanche 4 octobre<br>matin<br/><br />
!Dimanche 4 octobre<br>après-midi + démontage<br />
!Remarques<br />
|}<br />
<br />
<br />
* Pour retrouver vos coordonnées au cas où nous ne connaîtrions pas votre pseudonyme :-)<br />
<br />
==Documents de sensibilisation==<br />
<br />
Les documents de sensibilisation et les panneaux de l'Expolibre seront remis à Adrien, qui se chargera de les apporter sur le stand.<br />
<br />
==Photos==<br />
<br />
N'hésitez pas à prendre des photos du stand April, de l'équipe bénévoles (oui, oui : on adore voir nos bénévoles en action ! :-) ) et de l'événement pour nourrir notre galerie : https://photos.april.org/<br/>Les conditions de soumission des photos sont indiquées en bas de chaque page de la galerie.<br />
<br />
==Points forts, points de vigilance ==<br />
<br />
Voir le fonctionnement sur la page [[Les Points Forts et les Points de Vigilance]]<br />
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[https://wiki.april.org/w/Fete_du_Libre_a_Ivry#Points_forts.2C_points_de_vigilance%7C| Consulter les point relatifs à l'édition 2019].<br />
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Points forts (+)<br />
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* L'espace Robespierre est bien situé : proche du métro, bien visible et proche d'un petit centre commercial et de restaurants (pratique pour le repas)<br />
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* De beaux autocollants généralibre<br />
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* Présence de l'expolibre<br />
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* Quelques de néophytes ayant lu la présence de la Fête dans le journal de la ville<br />
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Points de vigilance (-)<br />
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* Une seule personne pour installer (Denis en retard)<br />
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* Pas d'autres exposants (stand E2L généralement vide, Jardins du libre partis assez tôt)<br />
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* Pas de cahier<br />
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* Flyers enventelibre, chapril et agenda du libre absents<br />
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* il faudra se renseigner sur la taille des tables, pour prévoir une plus grande nappe (nous avions 3 tables pour une petite nappe)<br />
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* Prévoir plus de publicité : le journal de la ville et l'agenda du libre ne touchent pas assez de personne</div>Neox